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Full text of "Le Cri-cri: bibliotheque théâtrale et littéraire"

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Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


HENRI   LEFEBVRE 


LA  MODE!.. 


Monologue  en  Vers 


3i.    (reorges  'SBerr,  de  la   Comédie  française 


PARIS 

Librairie   LOUIS    ROTIER,   S;    Rue   du    Croissant 

Et  c/ic;  ions  A-.s-  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N 


LA  MODE! 


Simple  coup-d'œil  sur  le  beau  sexe 
Si  \  ariant  dans  ses  contours, 
Aujourd'hui  plat,  demain  convexe, 
El  re-plal  au  boul  de  huit  jours. 

Que  ce  soit  très  ou  point  commode, 
Que  ce  soit  affreux  OU  joli, 
Il  faut  y  passer,  car  la  Mode 
Règle  ici  jusqu'au  moindre  pli. 

Si  la  couleur  «  Vésuve  //  éclate, 
Remarquez  que  la  grand'maman 

Dont  la  mine  est  rouge  écarlate 
S'affuble  aussitôt  d'un  volcan. 

On  a  pour  talons  des  échasses, 

Ce  qui  donne  à  leurs  possesseurs 
I. 'air  gracieux  qu'ont  les  bécasses 
Fuyant  le  fusil  des  chasseurs. 

Lorsqu'au  bal  on  se  décolleté, 
La  Mode  prime  la  raison  ; 
Les  épaules  à  vive-arète 
Se  trouvent  alors  à  foison  ; 

Chaque  vieille  se  deshabille, 
Etalant  des  charmes...  fort  laids, 
Tandis  qu'à  ses  cotés  sa  fille 
Montre  des  manches  à  balais. 

L'Hiver  les  poitrines  se  bombent, 
La  platitude  est  un  défaut  ; 
Lorsque  l'Eté  vient  elles  tombent, 
Ce  maudit  coton  est  si  chaud  ! 

Et  puis  on  change  la  manière 

e  lacer  :  soit  haut,  soit  bas  ; 
On  court  chez  une  corsetière 
Remettre  en  ordre  ses  appas. 


Combien  de  nos  femmes  chétives 
Simulant  un  surcroît  de  chair. 
Ressemblent  aux  locomotives 
Remorquant  partout  leur...  tender  ! 

La  taille  parfois  est  pareille, 
Au-dessus  de  ce  faux  bourlet, 
Au  léger  fil  qui  chez  l'abeille 
Lie  abdomen  et  corselet. 

La  Nature  fait  des  prodiges 

t  si  quelques-unes  de  vous 
Par  la  base  sont...  callipyges, 
Comment  diable,  le  saurons-nous  ? 

Songez  donc  que  dans  un  autre  âge, 
Afin  d'éviter  tout  soupçon, 
Phryné  devant  l'Aréopage 
Vint  se  montrer...  sans  polisson  ! 

Mesdames,  soyez  scrupuleuses, 
N'usez  pas  d'un  traître  moyen, 

i  vos  beautés  sont  frauduleuses, 
La  Douane,  hélas  !  n'y  peut  rien  ! 

C'est  nous  tromper,  et  sur  ma  vie, 
Moi  qui  cherche  à  me  marier, 
De  vos  attraits  je  me  défie  : 
Ai-je  tort  de  me  défier  ? 

Vos  grâces  sont  incomparables, 
Mesdames,  c'est  l'essentiel  ; 
Le  Ciel  sut  vous  faire  adorables, 
Restez  ce  que  vous  fit  le  ciel  ! 

Henri  LEFEBVRE. 


sous  presse: 

Une  Ressemblance,  monologue  en  vers,  de  Henri  Brière. 
L'Epagneul,  monologue  en  vers,  de  Henri  Brière. 
Monsieur  Arsène,  monologue  en  prose,  d'ALBERT  Fox. 
Boulotte!  monologue  en  prose,  de  Marcel  Baillioï. 
Ma  Patrie,  poésie  dramatique,  de  Ch.  Picard. 
Le  Tricycle,  monologue  en  prose,  de  L.-B.  De  Rumilly, 
etc.,  etc.,  etc. 

Adresser  toutes  communications  concernant  ia  rédaction 
a  M.  Louis  ANQUETIL,  7 ,  Rue  d'Armaitié,  à  Paris. 


NOTRE   PROGRAMME 


Chers  lecteurs  el  chères  lectrices, 
Que  vous  soyez  acteurs,  actrices, 
(  >u  de  modestes  amateurs, 

$1  à  vous  tous  que  nos  auteurs 
Auront  L'intention  de  plaire 
Pour  Deux  Sons  .'  —  L'œuvre  populaire 
Vous  donnera,  les  samedis, 
1  )t  s  gués  inédits, 

Frivoles,  légers  ou  critiques  : 
Parfois  des  récits  dramatiques. 
Afin  dé  varier  les  goûts.  — 
El  nous  saurons  songer  à  vous, 
Lectrice,  dont  la  voix  réclame 
Des  pièces  foui  exprès  pour  femme, 
Car.  fuyant  l'immoralité, 
Nous  ne  cherchons  que  la  gaité. 
Si  parfois  l'a  gauloiserie 
S'en  mêle  un  peu.  je  vous  en  prie, 
Ne  nous  faites  point  de  procès. 
Rire  est  prouver  qu'on  est  Français  ; 
Riez  donc  et  daignez  nous  lire. 
—  L'un  l'autre  veuillez  vous  le  dire, 
Acteurs,  actrices,  amateurs, 

t-ce  entendu  ?  —  Merci,  Lecteurs  ! 

Le  Cri-Cri 

1..'  Gérant  :  Etstrf  G0DFR0Y. 

Les  Abonnements  au  Cri-Cri  sont  reçus  chez  : 

M.   Louis  Rotiik.  S,  rue  du  Croissant,  Paris 
M.  Lov:  il.  7.  rue  d'Armaillé,   Paris. 

Et  chez  tous  les  Libraires  et  Marchands  de  Musique  de   France 
et  de  l'Etrai 

PRIX   I>K  L'ABONNEMENT 

l'r.  5  par  an  pour  la  France 
«    8  //  les  Pays  de  l'Union  postale. 


li.  GODFBOY    62,  Rue  Thicrs,  Le  Havre. 


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Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes. 


ALBERT    FOX 


MONSIEUR  ARSÈNE 


Monologue  en  Prose 


31.    Graston   lPrika,  du   cThéâtre  des  ^Nouveautés 


PARIS 

Librairie    LOUIS    ROTIER,   S7    Rue   du    Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  3 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


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)NSIEUR   ARSÈNE 


Vous  me  croirez  si  vous  voulez,  mais  voilà  plus  de  six  ans 
que  je  cherche  à  me  rappeler  son  nom.  C'était  je  crois  Théodule. 
A  moins  pourtanl  que  ce  ne  soit  Polycarpe  ou  Arsène.  Arsène  !... 
Arsène  !...  Monsieur  Arsène  !...  Il  me  semble  bien  qu'il  s'ap- 
pelait Arsène....  Kt  cependant...  Enfin  mettons  qu'il  s'appelait 
Arsène.  11  habitait.  551,  rue  Madame,  un  petit  appartement  au  cin- 
quième d'une  maison  à  cinq  étages.  Oh  !  pas  très  cher.  Quelque 
chose  comme  six  francs  par  mois,  eau  el  gaz.  Je  l'avais  connu 
aux  temps  heureux  où  j'étais  à  l'Ecole  de  Médecine,  car  je  ne 
sais  pas  si  vous  le  savez,  mais  j'ai  fait  de  la  médecine  avant  de 
dire  le  monologue.  J'ai  quitté  l'amphithéâtre,  un  beau  matin, 
pour  une  petite  à  ne/  retrousse  que  VOUS  avez  sûrement  rencon- 
trée. 

Un  jour,  en  sortant  du  cours,  juste  au  tournant  du  boulevard, 
un  chien  passe  sous  la  roue  d'un  omnibus...  Ça  se  voit  tous  les 
jours  des  choses  comme  ça.  n'est-ce  pas  ?  On  s'arrête,  on  dit 
«  Pauvre  bête  !  „...  et  puis  on  passe.  Eh  bien!  là,  pas  du  tout. 
Un  monsieur  s'avance,  prend  le  toutou,  va  l'emporter  quand 
immédiatement  un  gardien  de  la  paix  se  présente. 

—  11  est  à  vous  l 'caniche  ? 

—  Pas  le  moins  du  monde. 

-  Pour  lorss,  qu'est-ce  que  vous  allez   en   faire?  ..  Le  neyer 

doute  ? 

Noyer  un  chien  !...  Jamais.  Monsieur...  Jamais...  Je  vais 
le  soigner,  chez  moi.  rue  Madame.  551,  au  cinquième,  six  francs 
par  mois,  eau  et  gaz...  Noyer  un  chien  !...  Butfon  l'a  dit.  Mon- 
sieur, le  chien... 

'suffisant...  Circulez  !...  En  errière,  vous  les  autre,  ! 
Il  m  allait,  à  moi.   ce  monsieur  au  chien.  Je  me  mets  à  le  sui- 
vre, je  l'accoste  à  l'entrée  de  la  rue  Galande  et  après  cinq  minu- 
te-- de  conversation  nous  étions  les  meilleurs  amis  du  monde. 

-  Je  loge  à  deux  pas.  me  dit-il.  Je  suis  poète  et  fais  des  vers 
quand  je  n'ai  plus  de  monnaie  pour  en  boire // 

Je  m'en  rappelle  très  bien  maintenant.  11   s'appelait  vraiment 
..    Et   pourtant...    Non!  Non  !  c'était   bien  Monsieur   Ar- 
sène. Depuis  ce  jour  là.  il  ne  se  passa  pas  d'après-midi,  sans  que 
j'aille  serrer  la  main  du  vieux  camarade.  On  causait,  je  lui  racon- 
les  histoires  du  quartier  et    l'aidais  parfois  à  trouver  des  ri- 

l'n  samedi,  frappant  a  sa  porte,  je  ne  reçus  aucune  réponse. 

—  Il  est  peut-être  malade,  pensai-je. 

J'allais  descendre  quand  la   concierge   vint    me   dire  que  "  le 
sieur  //  avait  déménagé  dans   la  nuit,  en   oubliant  de  payer 
son  terme.  Pauvre  Arsène  !...  Pauvre  Monsieur  Arsène  !...  J'en 
:  einé  pendant  plus  d'un  mois.  Qu'était-il  devenu  le  malheu- 
reux? Si  seulement  j'avais  su....  Tous  les  jours,  j'allais  à  la  mor- 
.  pourvoir  si  quelquefois....  Dam  !  on  ne  sait  pas.  Je  dévorais 
le-  faits-div-.  1  mmaux  et  tremblais  en  lisant  les  suicides... 

pauvre  Monsieur  Arsène!...   Lui.   si    bon,   si   doux...  Qui 
aurait  pu  croire...  Car  enfin,  on  pouvait  tout  supposer. 


Depuis  deux  ans  je  faisais  les  plus  fantaisistes  hypothèses, 
quand  je  reçois  un  matin  une  lettre  ne  contenant  que  ces  simples 
mots  : 

«  Je  m'ennuie,  venez  me  voir,  je  suis  au  Paletot  en  poil  de 
«  lapin,  boulevard  Clichy. 

«  Votre  ami  de  la  rue  Madame.» 

«  Post-Scriptnm.  —  Je  suis  devant  la  porte.  » 

Une  fameuse  trotte  pour  aller  boulevard  Clichy,  vous  savez. 

Je  pars  pourtant.  Pensez  donc!...  Revoir  Monsieur  Arsène  ! 

Je  trouve  sans  peine  les  grands  magasins  du  Paletot  en  poil  de 
lapin  ;  malheureusement,  personne  devant  la  porte. 

J'attends  quelques  instants,  puis  je  repasse  une  deuxième  fois 
devant  la  boutique,  lançant  un  petit  regard  discret  dans  l'inté- 
rieur. Enfin,  n'y  tenant  plus,  j'entre  résolument,  le  chapeau  à  la 
main  : 

—  Monsieur  Arsène,  dis-je  à  un  brave  petit  bonhomme,  en 
train  d'essayer  un  pantalon. 

—  Arsène?...  Arsène?...  Connais  pas...  Qui  qui  fait? 
Voilà  la  question,  «  Qui  qui  fait?  »  J'ignorais  absolument  ce 

que  pouvait  bien  faire  Monsieur  Arsène  dans  les  «  Vêtements 
pour  hommes  et  enfants.  „ 

—  Il  s'occupait  de  vers  autrefois,  hasardai-je. 

—  Ah!...  un  vitrier? 

—  Pardon,  Monsieur,  pardon...,  un  poëte  ! 

—  Un  poète?...  connais  pas. 

Je  sortis.  J'allais  repasser  devant  la  porte  quand,  tout-à-coup, 
ô  stupeur!  ô  miracle  !...  o  fantasmagorie  !...  Non,  tenez,  quand 
j'y  pense,  malgré  moi  ça  me  fait  froid...  Inutile  de  chercher, 
vous  ne  trouverez  pas...  Je  vis  un  mannequin  s'agiter,  lever  les 
bras,  remuer  les  jambes,  me  sauter  au  cou  en  criant  : 

—  «  Oh!  mon  ami!...  mon  bon  ami!...  oui,  reconnais-moi, 
c'est  moi...  » 

Horreur!  c'était  «  lui  !  » 

Alors,  lentement,  Monsieur  Arsène  m'expliqua  tout.  Sa  misère, 
ses  idées  noires,  ses  lugubres  résolutions,  puis  enfin  cet  emploi 
qui  lui  était  tombé  du  ciel  comme  un  suprême  salut. 

—  Oui,  mon  cher,  tous  les  matins  je  me  peins  la  figure  et  je 
m'installe  là,  à  la  porte,  tantôt  en  complet  à  22  50,  tantôt  en 
garçon  de  café  à  n  90,  tantôt  en  académicien  à  43  75,  tantôt... 
ça  dépend... 

J'étais  foudroyé. 

—  Et  ton  chien?  demandai-je. 

—  Ah!  mon  chien...  Inouï,  mon  cher;  il  est  entièrement 
rétabli.  Je  l'ai  dressé  à  donner  la  chasse  à  ses  semblables  qui 
auraient  l'intention  de  venir  faire  des  petites  polissonneries  sur 
mon  pantalon...  ;  tu  comprends,  je  ne  dois  pas  remuer. 

—  Pourtant,  comment  se  fait-il?...  Je  t'ai  demandé,  on  m'a 
répondu  :  «  Arsène,  connais  pas.  » 

—  Arsène  !...  Arsène  !  Je  ne  m'appelle  pas  Arsène,  je  m'appelle 
toujours  Célestin!...  Célestin  Duroseau,  35-1;  rue  Madame,  au 
cinquième,  six  francs  par  mois,  eau  et  gaz... 

Il  me  semblait  bien  qu'il  ne  s'appelait  pas  Arsène.  Mais  c'est 
égal,  quel  homme  que  ce  bon  Monsieur  Arsène,  pardon,  que  ce 
bon  Monsieur  Célestin  ;  car  il  me  semble  maintenant  qu'il  s'ap- 
pelait tout  de  même  Célestin. 


CH.    PICARD 


MA    PATRIE 


Tu  demandais  hier  :  «  Quelle  est  donc  ta  patr 

che-Con  I  tagne  ou  Mid<  ?  i  —  Non.  chérie. 

int  d-j  la  Franche-Comté, 
le  l'indér  I   Le  la  libe-" 

fant  de  la  vieille  Armorique 
horizons  brumeux,  au  ciel  mélancolique 
Et  je  ne  suis  p  is  le  soleil  ardent 

Midi  '  ii  parlé  tant. 

suis  enfant  d'une  trrrre  meurt- 
Pieu-  libre  et  sa  gloire  fléti 

dune  terre  où  les  fronts 
e  jour  sous  le  poids  des  affronts  ; 
Dur.  it  jamais  l'aïeul  sourire  : 

D'un  sol  où  l'on  apprend  aux  enfants  à  maudire, 
ton  nom  sacré.  France,  ton  nom  béni 

er.  moi.  fils  d'opprimés,  moi  banni  ! 
:ce  !  Alsace  !  Alsace  !  oui  c'est  toi  ma  patr 
Toi  qui  gis.  pantelante  et  de  ton  sang  rougie. 
Sous  la  serre  et  le  bec  du  vorace  vautour. 
Plus  grande  est  ta  douleur,  plus  grand  est  mon  amour  '. 
Plus  ta  souffrance  est  vive.  Alsace,  et  plus  je  t'aime. 
Plus  je  berce  en  mon  cœur  l'espérance  suprén. 
Plus  ton  front  doit  plier,  plus  je  lève  le  mien. 
Revendiquant  bien  haut  ce  titre  :  «  Alsacien 

-  ne  crains  pas,  crois-moi.  ne  crains  rien  ma  mignonne, 
Si  ma  voix  gronde  fort  et  si  mon  sang  bouillonne 
Quand  je  songe  au  pays...  On  souffre  tant  là-ba- 
Entends,  pour  te  calmer  déjà  je  parle  bas. 
Ma  voix  toujours  pour  toi  restera  caressante. 
Endors-toi  dans  mes  bras:  si  tu  veux  que  je  chante. 
Je  vais,  en  te  berçant,  modulera  mi-voix 
Un  air  que  j'entendis  au  pays  autrefois. 

-ar.t  :  Renk  GODFKOY. 


Fr.  5  par  an  pour  la  France 
«    8  »  les  Pays  de  l'Union  postale. 

Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
a  M.  Louis  AHQUETIL   7.  Rue  d'Armaillè,  à  Paris. 

B    GODFBOY    62,  Rue  Thiers.  Le  Havre. 


Tous  les  Samedis 


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*&         DIX  Centimes 


MARCEL  BAILLIOT 

(FANFARE) 


BOULOTTE! 


Monologue  en  Prose 


3t.    Pau!  -Bert,  du   "Ihéatre  de  la   Craiétê. 


PARIS 

Librairie    LOUIS   ROTIER,   8.    Rue   du    Croissant 

Et  chei  ions  les  Libraires.  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  4 


TOUS   DROITS    RESERVES. 


BOULOTTE! 


Pardon.  Mesdames,  je  ne  sais  pas  s'il  y  en  a  parmi  vous  qui 
jouissent  d"un  certain  embonpoint,  mais  dans  ce  cas  je  préfère- 
rais  VOUS  voir  VOUS  retirer,  var  j'ai  l'intention   d'être  très  sévère 

çard. 
D'ailleurs,  je  ne  pensais  tn'adresser  qu'à  un  public  d'hommes. 
les  choses  un  peu  raides  à  vous  dire,  —  mais  enfin,  puisque 
je  vois  que  vous  êtes  toutes  bien  assises,  ne  vous  dérangez  pas, 
c lierai  de  gazer. 
Quand   je   tousserai,   ce  sera  le   moment   de  vous   moucher. 
tendrissant)  Oh!  j "ai  tellement  soufferl  pendant  la  vie  de  ma 
pauvre  défunte,  que  j'ai  besoin  de  raconter  a  tous  mes  infortunes 
conjugales. 

mon  enfance  je  ne  vous  dirai  rien,  pour  l'excellente  raison 
qu'il  n'v  a  rien  à  en  dire.  Au  Lycée,  je  n'eus  que  des  succès 
modérés  :  un  prix  d'instruction  religieuse,  un  deuxième  prix  de 
gymnastique  et  un  accessit  de  sténographie.  C'était  la  méthode 
Duplové  que  l'on  employait  alors. 

Eh!  bien,  ce  sont  les  lectures  qui  m'ont  perdu!...  Je  me  mis 
à  dévorer  avec  avidité  les  fantaisies  rabelaisiennes  d'Armand 
Silvestre.  Ce  diable  d'homme,  avec  ses  descriptions  de  croupes 
rebondies  (il  tousse)  et  de  formes  opulentes,  m'avait  complète- 
ment tourné  la  tête. 

Successivement  on  me  présenta  à  plusieurs  jeunes  filles  très 
avenantes,  mais  je  refusai  toutes  ces  avances  car  je  n'avais  plus 
d'yeux  que  pour  les  grosses  femmes.  Fatale  passion  ! 

Il  fallait  pourtant  me  décider,  car  je  commençais  à  grisonner. 
A  un  bal  de  l'Hôtel-de-Ville,  dans  la  cohue  des  invités,  j'avais 
admiré  une  superbe  créature  avec  un  port  de  reine  et  des  extré- 
mités aristocratiques. 

us  savez  bien  ce  que  c'est  que  le  coup  de  foudre.  En  moins 
de  temps  qu'il  ne  m'en  faut  pour  vous  le  dire,  nous  échangions 
un  regard  chargé  d'électricité,  et  v'ian,  ça  y  était. 

Tout  en  marchant  une  polka,  je  lui  fis  part  de  mes  sentiments 
.ctueux  :  je  lui  demandai  si  son  cœur  était  libre,  et  le  len- 
demain je  me  présentai  chez  M.  Onésime  Papillaut,  mon  futur 
beau-pere. 

►oulotte,  c'est  comme  ça  que  nous  l'appelons  dans  l'intimité, 

me  dit  le  père  Papillaut,  a  dix  neuf  ans;  elle  a  reçu  une  éduca- 

parfaite  et  sait  jouer  de  l'accordéon.  Je  lui  donne  cinquante 

mille  francs  de  dot  et  il  y  a  des  espérances Ça  vous  va-t-il, 

mon  garçon  ?  Dans  ce  cas-là  faut  que  ça  marche  rondement.  » 

I  es  affaires  allèrent,  en  effet,  rondement,  car  huit  jours  après 
je  conduisais  à  l'Eglise  une  Boulotte  parée  comme  une  reine  et 
rougissante  de  bonheur. 

ie  vous  promets  que  je  n'étais  pas  volé.  Le  soir,  (il  tousse) 


quand  j'entrai  en  vainqueur  dans  le  petit  appartement  nuptial, 
je  m'aperçus  que  mon  épouse  n'était  pas  de  ces  femmes  qui,  par 
de  faux  ornements,  outragent  la  nature  et  le  bon  goût. 

Ma  chère  Boulotte  n'était  qu'une  pelote  de  graisse  avec  de 
petits  trous  pour  les  baisers,  des  fossettes  adorables  dans  les 
joues. 

Ce  fut  une  lune  de  miel  pleine  de  charmes,  mais,  vous  savez, 
une  vraie  lune,  pas  un  de  ces  quartiers  qui  suffisent  aux  gens 
blasés.  Délicieusement  ronde  et  éclatante  de  clarté,  elle  rayon- 
nait sur  mon  existence. 

Cependant  Boulotte  qui  mangeait  beaucoup  et  qui  vivait  dans 
l'indolence,  engraissait  à  vue  d'œil,  et  je  lui  fis  à  ce  sujet  quel- 
ques observations. 

—  Ma  chérie,  tu  devrais  prendre  un  peu  d'exercice  après  les 
repas,  faire  des  haltères,  quelques  parties  de  bicycle,  ou  bien,  si 
tu  veux,  nous  irons  passer  une  saison  aux  bains  de  mer. 

—  Non,  non,  mon  ami,  l'impression  de  l'eau  m'est  très  péni- 
ble et  les  violents  exercices  me  bouleversent. 

Remarquez  qu'à  cette  époque  la  fille  de  M.  Papillaut  pesait 
plus  de  cent  kilos  et  que  le  lit  conjugal  devenait  un  peu  étroit. 

Nous  fîmes  un  voyage  en  Suisse,  mais  vous  pensez  qu'il  fallut 
complètement  renoncer  aux  ascensions.  Quand  les  guides 
voyaient  ma  femme  ils  reculaient  épouvantés  et  demandaient 
des  sommes  folâtres  pour  escalader  des  pics  hauts  de  cent  mètres. 

Pas  moyen  de  se  mettre  en  colère,  Boulotte  était  d'un  carac- 
tère charmant;  elle  riait  sans  cesse  en  faisant  tressauter  son 
menton  à  triple  étage.  C'était  intolérable.  Elle  avait  encore  des 
façons  gamines  qui  n'étaient  plus  de  son  âge,  avec  des  envies 
de  sauter  à  la  corde  comme  au  pensionnat.  J'écumais  de  voir 
cette  face  placide,  et  les  sons  qu'elle  tirait,  le  soir,  de  son  accor- 
déon, m'irritaient  encore   davantage. 

Comme  par  hasard,  je  laissais  traîner  sur  tous  les  meubles 
des  réclames  de  médecins  et  de  pharmaciens  prônant  très  haut 
d'infaillibles  traitements  contre  l'obésité.  Oh!  l'Anti-Obésitas 
sauveur! 

Ma  femme  ne  lisait  même  plus,  trouvant  cela  trop  fatigant 
sans  doute  ;  son  esprit  s'épaississait  en  même  temps  que  son 
corps.  La  couche  était  profonde. 

Maudit  sois-tu,  Armand  Silvestre  ! 

Que  de  tourments,  mes  amis!...  —  J'abrégerai  pour  la  grosse 
dame  du  fond,  qui  me  lance  des  regards  foudroyants. 

Quand  Boulotte  allait  à  ia  messe  (c'est  une  habitude  dans  la 
famille),  il  lui  fallait  deux  chaises. 

Bien  souvent  les  cochers  de  fiacre  refusaient  de  nous  prendre 
en  voiture  et  nous  tournaient  en  dérision. 

—  Hé  !  dites-donc,  bourgeois,  il  en  faut  de  l'avoine  pour 
nourrir  cette  petite  mère  !... 

Nous  ne  pouvions  aller  ni  à  la  promenade,  ni  au  théâtre,  sans 
subir  quelque  nouvel  affront.  On  souriait  sur  notre  passage  et 
j'entendais  murmurer:  «  —  Quelle  mastodonte!....  —  Tiens, 
on  a  lâché  l'éléphant  du  Jardin  des  Plantes!...  —  Ohé,  le  ballon 
captif!...  —  Va  donc,  Boule-de-Suif  !...  »  et  autres  aménités  de 
ce  genre....  Je  devenais  enragé. 

Le  14  Juillet  dernier  (encore  une  idée  de  ma  femme),  nous 
sortîmes  pour  voir  les  dernières  fusées  du  feu  d'artifice  de  la 
Tour  Eiffel.  Il  faisait  très  chaud  ;  Boulotte  fondait  lentement  et 
de  grosses  gouttes  de  sueur  tombaient  à  terre  comme  de  la  pluie 


dorage.  Un  gamin,  qui  bousculait  tout  sur  sou  passage  et  qui 
lançait  dos  pétards  dans  les  jambes  des  badauds,  s'approcha  de 
nous,  et,  montrant  d'un  geste  canaille  la  poitrine  proéminente 
de  mon  épouse,  cria  : 

—  Dites  donc,  madame,  est-ce  qu'ils  s'allument  vos  ballons? 

Tout  le  monde  se  tordait  de  rire,  —  excepté  moi. 

Maintenant  Boulotte  est  morte...  Elle  avait  le  foie  gras,  paraît- 
il.  Rien  d'étonnant  à  cela...  Je  l'ai  pleurée  décemment  et  je 
porte  encore  le  deuil  ;  mais  sapristi,  c'est  un  rude  poids  de 
moins    [30  kilos   pour  moi. 

Dors  en  paix,  pauvre  Boulotte! 

était  une  femme  très  douce  mais  trop  grasse,  dépassant  de 
beaucoup  les  dimensions  ordinaires. 

Jeunes  gens,  ce  sont  les  lectures  qui  m'ont  perdu. 

Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


SOUS  PRESSE: 
Histoire  bétel  Monologue  en  prose,  de  Geo  Denis-Jean,  avec 
illustrations  de  Félix. 


EN  PREPARATION 
Boum  !  par  amour,  Monologue  en  prose,  de  H.  Brière. 
L'Escabeau,  Monologue  en  vers,  de  Flandre-Savoie. 
Le  Coupe,  Monologue  en  vers-,  de  Richard  dAntignac. 

Cinquante  MillB  Exemplaires  vendus  des  trois  premiers  nu- 
méros du  CRI-CRI  attestent  hautement  l'intérêt  et  l'opportunité 
d'une  publication  donnant,  pour  DIX  CENTIMES,  des  Mono- 
logues vendus  jusqu'alors  cinquante  centimes  et  tin  franc. 

L'Administration  est  heureuse  d'annoncer  au  public  qu'elle 
vient  de  passer  de  nombreux  et  importants  traités  avec  les  pre- 
miers maîtres  du  genre. 

Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
a  M.  Louis  ANQUETIL,  7 ,  Rue  d'Ar maillé,  à  Paris. 

ON  S'ABONNE  CHEZ  TOUS  LES  LIBRAIRES 

Fr.  5  par  an  pour  la  France. 
«    8  //  les  Pays  de  l'Union  postale. 

Dépositaire  Général  du  CRI-CRI  pour  la   Belgique: 

M.   Charles   ISTACE,    correspondant  du  Petit-Journal, 

').  Montagne  aux  Herbes  Potagères.  Bruxelles. 

Imprimerie  R.  GODI'ROY,  Bf,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


Tous  les  Samedis 


^ 


DIX  Centimes 


PAUL  HASLER 


UN 


MARIAGE  MANQUÉ 


Monologue  en  Vers 


M.   (E.   Matrat,  du  théâtre  {National  de  l'Wdéon 


PARIS 

Librairie   LOUIS   ROTIER,   8,    Rue   du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  5 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


V-k-A ..rk-«.  .-K'A  .  -0«-  .vO*.  .rk"«-  83c 

UN 

MARIAGE  MANQUÉ 


.1  mon  Ami  Frédéric  Rudolph. 

Quelle  position  perdue  ! . . . 

J'en  suis  encor  tout  suffoqué. 

J'ai  fait  une  énorme  bévue, 

Car  mon  mariage  est  manqué. 

J'avais  une  blonde  maîtresse 

Dont  j'étais  vraiment  amoureux. 

Gentiîle  Claire  ! . .    Sa  tendresse 

Me  rendait  tout  à  fait  heureux. 

Pour  annoncer  mon  mariage, 

J'avais  pris  mes  précautions; 

Et  je  pensais  que  la  plus  sage, 

Surtout  dans  ces  conditions, 

Etait  de  lui  donner  la  preuve 

Que  je  l'adorais  bien  toujours. 

J'avais  écrit  :  «  Te  voici  veuve, 

»  O  cher  objet  de  mes  amours! 

»  Console-toi  vite,  chérie; 

//  Accours  au  dernier  rendez-vous. 

//  Avant  que  je  ne  me  marie, 

»  Echangeons  quelques  baisers  doux.  » 

Dans  le  bal  masqué  d'un  théâtre 

Je  devais  aller  la  revoir; 

Je  priais  donc  cette  folâtre 

De  venir  en  domino  noir. 

Puis,  écrivant  à  ma  future. 

Je  lui  disais  :  «  Aimez-moi  bien  ! 

//  Vous  êtes,  belle  créature, 

//  De  mon  cœur,  l'ange  gardien. 

//  j'attends,  avec  impatience, 

//   Le  jour  qui  nous  réunira, 

»  Et,  j'en  suis  sûr,  la  Providence, 

>/  Matin  et  soir  nous  bénira.  •, 

Quand  ces  lettres  furent  écrites, 

De  suite,  je  les  fis  porter 

A  mes  aimables  favorites 

Que  je  m'efforçais  de  tenter. 


Le  surlendemain  soir  arrive  ; 
Je  palpite  d'émotion. 


Comme  un  soldat  sur  le  qui-vive. 

Sans  aucune  irritation, 

Dans  le  bal,  depuis  trois  quarts  d'heure, 

Je  m'ennuie  assez  fortement. 

Viendras-tu,  beauté  que  je  pleure? 

Toi,  dont  je  fus  le  tendre  amant! 

A  peine  ces  plaintes  poussées, 

J'aperçois  mon  cher  domino 

Au  loin,  soupçonneuses  pensées  ! . . . 

Victoire  ! . . .  et  je  lance  un  bravo. 

Oui,  c'est  elle,  sa  taille  fine 

Me  rappelle  des  souvenirs  ; 

Ses  mains,  d'une  beauté  divine, 

Excitent  en  moi  des  désirs. 

A  la  rencontre  de  ma  belle 

Je  m'empresse  aussitôt  d'aller, 

Tout  en  trouvant  que  la  cruelle 

Prend  du  plaisir  à  me  railler. 

Elle  détourne  un  peu  la  tète  ; 

Je  me  montre  alors  plus  pressant; 

Je  crie  :  O  chère  amie,  arrête  ! . . . 

D'un  air  câlin,  bien  caressant. 

Elle  cède,  elle  me  regarde, 

Je  lui  soupire  en  vrai  sournois  : 

Enlève  ce  loup,  il  me  tarde 

De  contempler  ton  frais  minois. 

Tout  joyeux,  je  saisis  sa  taille, 

Je  deviens  plus  aventureux, 

Quand,  tout  à  coup,  cette  canaille 

M'applique  un  soufflet  vigoureux; 

Elle  ote  son  loup,  la  mégère, 

Et  je  reconnais ô  horreur  I  !  ! 

De  Berthe,  son  affreuse  mère  ! . . . 

Avec  la  plus  folle  terreur, 

Je  la  vois  sortir,  de  sa  poche, 

Une  lettre.  J'ouvre  les  yeux. 

Pâle  comme  un  mort,  je  m'approche. 

Malédiction  ! . . .  O  grands  dieux  ! . . . 

Ah  ! . . .  la  vilaine  maladresse  ! . . . 

Ma  pauvre  Berthe  avait  reçu 

Le  mot  écrit  à  ma  maîtresse. 

Je  me  sentais  vraiment  déçu  ! 

Pour  mon  malheur,  je  suis  myope, 

Et,  dans  un  sot  égarement, 

Je  m'étais  trompé  d'enveloppe. 

Par  ce  maudit  événement, 

Je  perds  une  charmante  épouse, 

Et  la  dot  de  cent  mille  francs. 

Claire,  de  plus  en  plus  jalouse, 

M'a  lancé  son  pied  dans les  flancs. 


PRESS 

ffîsi  .    '  Monologue  es  prose,  de  Gko  Dbnis-Jran,  avec 

illustrations  d< 


VRATIOM 

Boum! par  amour,  Monologue  en  prose,  de  H.  Briêre. 
L'Escabeau,  Monologue  en  vers,  de  Flandre-Savoie. 

.  Monologue  en  vers,  de  Richard  d'Antignac. 

','    ../..'  Monologue  en  prose,  de  H.- 11.  Marcf.lla. 
Dans  le  Train.  Monologue  en  vers,  de  II.  de  Trbven. 

.n     Ki  ut  GODFROT. 

M.  Paul  Hasler,  auteur  de:  Un  Mariage  manqué,  epue  le 
Cri-Cri  publie  dans  son  numéro  d'aujourd'hui,  vient  de  faire 
paraître,  chez  l'éditeur  Li  Baiu.y  :  Récits  pour  Fillettes: 

La  Demoiselle  d'Honneur,  —  Les  Confitures,  —  La  Poupée. 
Du  même  Auteur  : 

Mésaventure  d'un  Amoureux,  Monologue  dit  par  Coquelin 
cadet,  de  la  Comédie  Française. 

.1  oenture  sur  la  Colonne  de  Juillet,  —  Un  Anglais  a  Paris,  — 
Un  Heureux  Fiancé,  Monologues  créés  par  Félix  Galipaux,  etc. 


Vient  de  paraître,  chez  A.  Ghio,  galerie  d'Orléans,  Palais- 
Roval  :  Toi  non,  Comédie  en  un  acte  et  en  vers,  par  M.  Albert 
Fox. 


l-X    1  I  UM  \  \M 


>*  ABONNE  CHEZ  T<  i 
Fr.  5  par  an  pour  la  France. 
«    8  »  les  Pays  de  l'Union  postale. 


Adresser  toutes  communications  concernant  ia  rédaction 
a  M.  Louis  ANQUETIL,  7,  Rue  d'Armaillè,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 

Dépositaire  Général  <lu  CRI-CRI  pour  la-Bi 
M.   Charles   ISTACE,    correspondant  du   Petit-Journal, 
0,  Montagne  aux  Herbes  Potagères.  Bruxelles. 

Imprimerie  R.  GODFBOY,  02,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


I 


Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


GEO  DENIS-JEAN 


HISTOIRE  BÈTE 


Monologue  en  Prose 

DIT    PAR 


31.    c6oquelin  c6adet,   de  la   c6omêdie   'Française 


PARIS 

Librairie   LOUIS   ROTIER,  8,   Rue  du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  6 


TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


HISTOIRE   BÊTE 


o  Pour  l'an-.-  Mmgttr  lea  gêna  gravit,  grave*,  gr&sôai  » 

Charles  Cêjm. 

A   Coquelin  cadet. 

i  chien  était  mon  ami.  —  Non,  je  veux  être 
exact  :  ce  chien  n'était  pas  mon  ami.  Du 
moins,  il  ne  me  l'a  jamais  avoué.  Je  serai 
strictement  juste  en  avançant  que  j'étais 
l'ami  de  ce  chien. 

Je  reprends  donc  :  j'étais  l'ami  de  ce  chien. 
Il  était  si  original!  C'était  un  vrai  type.  Vrai 
type  de  très  vieux  chien;  car  ce  chien  était 
abominablement  vieux.  Je  n'ai  pas  d'horreur 
pour  la  vieillesse  des  bétes;  et,  bien  que,  je  le  répète,  ce  chien 
fut  vieux  abominablement,  jetais  quand  même  l'ami  de  ce  très 
abominablement  vieux  chien. 

C'était  un  terre-neuve,  et  Black  était  son  nom  ! 

—  Un  bien  beau  vers!  —  de  M.  François  Coppée. 

S'il  était  très  abominablement  vieux,  il  était,  en  revanche,  très 
abominablement  maigre.  Vieux,  quoique  maigre;  maigre,  parce 
que  vieux....    Vous  me  faites  barboter.  Et  puis,  observez  que  je 
ne  suis  pas  tenu  d'être  spirituel  dans  une  histoire  bête.  Il  faut 
être  logique,  i  Je  dirais  volontiers,  pour  vous  faire  voir  combien 
il  était  maigre,  ce  très  vieux  chien,  qu'il  en  était  diaphane. 
Mais,  ça  ne  serait  pas  vrai.  —  Les  gens  qui 
parlent  de  maigreurs  diaphanes  sont  des 
imbéciles.  Je  ne  le  leur  envoie  pas  dire; 
je  le  leur  dis.  D'ailleurs,  il  lui  restait  encore 
trop  de  poils  pour  qu'on  put  voir  au  tra- 
vers de  lui.   Il   n'avait  presque  plus  d'os, 
tant  ses  os  avaient   fondu.  Ce  très  vieux 
chien  n'avait  plus  que  la  peau  et  les  poils. 

Et  puis,  je  ne  suis  pas  embarrassé  pour 
vous  en  donner  une  idée  :  —  En  Suisse,  un 
marchand  de  piolets,  d'alpinstocks  et  d'un 
tas  de  bibelots  qui,  m'a  dit  Daudet,  trou- 
vent leur  emploi  dans  les  ascensions  des 
montagnes  neigeuses,  avait  pour  enseigne 
parlante  un  morceau  de  tôle  découpé  en 
chien  du  mont  Saint-Bernard  ;  sur  chacune 
des  faces  de  cette  découpure,  un  spécia- 
liste avait  peint  une  moitié  de  chien  lon- 
gitudinale, ou,  si  vous  préférez,  une  moitié 


longitudinale  de  chien.  Ce  chien  en  tôle  vous  représente  assez 
bien  mon  ami,  le  très  vieux  chien,  qui  n'avait  pas,  je  vous  en 
réponds,  beaucoup  plus  d'épaisseur. 


C'est  l'été  passé  que  j'ai  fait  la  connaissance  de 
Black. 

La  première  fois,  que  je  l'ai  vu  (ça  se  chante,  ça, 
à  Montmartre  ,  je  le  trouvai  largement  étendu  sur 

le  flanc  gauche;  non,  sur  le  flanc  droit Au  fait, 

sur  quel  flanc  était-il  donc  étendu?  C'est  très  im- 
portant, vous  comprenez,  au  point  de  vue  de  l'exac- 
^m  titude  !  Je  crois  bien  que  c'était  sur 

le  flanc  droit.  Au  demeurant,  il 
changeait  de  flanc  tous  les  jours  ; 
probablement  parce  que  ça  l'aurait 
fatigué  d'être  perpétuellement  sur 

le  même   flanc Ce  dont  je  suis 

absolument  sûr,  c'est  que,  ce  jour- 
'à,  il  était  sur  l'un  ou  sur  l'autre 
flanc,  mais  qu'il  n'était  pas  sur  les 
deux  à  la  fois.  (Je  savais 
bien  que  j'arriverais  à 
être  exact  !  J 'y  arrive  tou- 
jours,  d'abord!) 

Il  tenait  toute  la  largeur 
Wj||       du  trottoir.   Il   faut   dire 
"ÏÏir  qu'il   était  immense;   je 

jjjl^vfl  ne  parle  pas  du  trottoir 
—  qui.  était  très  étroit; 
c'était  le  très  vieux  chien 
qui  était  immense.  —  Il 
était  de  très  grande  di- 
mension, cet  exemplaire  de  la  race  des  terre-neuve.  Réellement, 
il  encombrait;  il  obstruait.  Des  passants  grinchus  lui  donnaient 
des  coups  de  pointe  dans  le  dos.  ou  dans  le  ventre.  Ça  dépendait 
de  sa  position...  Vous  savez,  de  son  flanc  !...  Je  crois  même  qu'il 
en  recevait  parfois,  simultanément,  dans  le  dos  et  dans  le  ven- 
tre, —  parce  que,  naturellement,  dans  une  rue  —  qui  a  deux 
bouts  en  général  —  il  y  a  toujours  des  gens  qui  viennent  de  par 
ici  et  des  passants  qui  viennent  de  par-là....  Vous  croyez  peut- 
être  qu'il  se  dérangeait,  le  vieux  chien?  Ouat  !  il  ne  bronchait 
pas  plus  que  s'il  eût  été  en  tôle.  —  Alors,  on  était  obligé  de  le 
tourner.... 


éri 


Moi,  je  restais  des  heures  à  le  contempler.  J'en  faisais  cin- 
quante fois  le  tour,  en  l'appelant  de  toutes  sortes  de  noms  de 

chiens,   plus  caressants  les  uns  que  les  autres Malgré  mon 

sympathique  manège,  Black  ne  m'a  jamais  regardé.  Il  avait  tou- 
jours les  yeux  clos,  et  il  cuisait  sur  le  bitume  bouillant,  dans  le 
soleil...  Ce  vieux  chien  avait  beaucoup  vécu.  Il  était  très  fatigué 
de  sa  chienne  de  vie. 

Pendant  trois  mois,  je  le  vis  et  l'admirai  ainsi  tous  les  jours, 
de  trois  à  quatre  heures  ;  il  m'arrivait  de  m'attarder  autour  de  lui 
jusqu'à  cinq  heures...  Je  lui  parlais  de  sa  famille...  Il  ne  m'a 
jamais  répondu...  Oh!  il  était  discret!...  Un  après-midi,  je  lui 
dis   que  j'étais   amoureux  :    c'est  la   seule   fois  que  je  l'ai  vu 


remuer.  11  souleva  péniblement  une  oreille  et  la  laissa  retomber. 
J'ai  toujours  été  convaincu  qu'il  voulait  dire  :  «  T'es  bête!  » 

\  la  fin  des  fuis,  un  jour,  un  monsieur  obèse,  impatienté  de 
le  trouver  comme  un  éternel  obstacle  sur  sa  route,  lui  marcha 
sur  le  ventre  et  passa  outre,  sans  se  retourner...  Le  très  vieux 
chien  trépassa  sans  souffler.  11  était  si  abominablement  vieux  1... 
J'avais  couru  après  le  monsieur  très  obèse  et  lui  avais  dit  : 
Y,  -  savez,  c'est  pas  malin,  ce  que  VOUS  ave/  tait  là  !  »  Il  me 
adit  :  "  Qu'est-ce  qui  m'a  fichu  un  pékin  connue  ça  !  Allez. 
donc  à  vos  affaires!  Je  vais  aux  miennes!»  Et  il  était  aile  a 

En  attendant.  Black  était  crevé...  Ah!  ça  me  fit  de  la  peine!... 
Je  m'en  allai,  pensant  :  «  Ça  devait  arriver!  » 

(  'est  depuis  ce  temps-là  que  je  suis  fataliste. 
—  Un  bien  beau  vers!  —  de  moi. 


Le  Gérant-,  René  GODFROV. 


SOUS  PRESSE  ; 
CIn\  Zélie,  scène  comique  en  prose,  de  E.-H.  Marcella. 


l',.  tre   prochainement; 

Bon»!  !  par  amour,  Monologue  en  prose,  de  H.  Brière. 
L' Escabeau,  Monologue  en  vers,  de  Flandre- Savoie. 
Le  Coupé,  Monologue  en  vers,  de  Richard  d'Antignac. 
Dans  le  Train.  Monologue  en  vers,  de  H.  de  Treven. 


ON  S'ABONNE  CHEZ  TOUS  LES  LIBRAIRES 

Fr.  5  par  an  pour  la  France 
»    8  »  les  Pays  de  l'Union  postale. 


Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
â  If.  Louis  A  M  QU ET  IL,  7,  Rue  d' A  r  maillé,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  tw  sont  pas  rendus. 


Dépositaire  Général  du  CRI-CRI  pour  la  Bel^iqu^ 

M.   Charles   ISTACE,    correspondant  du  Petit-Journal. 
<).  Montagne  aux  Herbes  Potagères.  Bruxelles. 


Im|rim<-rie  R.  GODFBOY,  C,1,  Rue  Ttiiers,  Le  Harre. 


'•••":-rr..i."j^C<; 


ZSièasi*         Tous  les  Samedis 


^         DIX  Centimes 


H.   TREVEN 


DANS  LE  TRAIN 

Monologue  en  Vers 


c^Vf.    12.    3ÏÉRISSIER,  ^Du  théâtre  des   'Variétés 


PARIS 

Librairie   LOUIS   ROTIER,   8,    Rue   du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  7 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


DANS  LE  TRAIN 


Si  vous  voulez  savoir  comment 

J'ai  pu  dompter  nui  belle  mère, 
Ecoutez  cet  événement. 
Si  vous  voulez  savoir  comment. 
J'avais  «.lit  bien  étourdiment 
Le  oui  fatal  devant  le  maire... 
Bref,  écoutez,  voici  comment 
J'ai  pu  dompter  ma  belle-mere. 

J'étais  sans  relâche  espionné 
Par  belle-maman.  Quel  supplice  ! 
Pour  un  jour  j'aurais  pardonné  ; 
.l'étais  sans  relâche  espionné. 
Je  ressemblais  au  condamné 
Qui  vit  sous  l'oeil  de  la  police, 
J'étais  sans  relâche  espionné 
Par  belle-maman.  Quel  supplice  ! 

Mon  gendre-ci,  mon  gendre-là, 
Parlez  donc  —  Voulez-vous  vous  taire. 
Mon  Dieu  si  j'avais  su  cela  ! 
Mon  gendre-ci,  mon  gendre-là... 
Pleure,  ma  fille,  il  nous  vola, 
En  nous  cachant  son  caractère  ; 
Mon  gendre-ci,  mon  gendre-là, 
Parlez  donc,  voulez-vous  vous  taire  ! 

Chaque  jour  je  prenais  le  train 
Pour  les  besoins  de  mon  commerce, 
Je  pensais  être  seul  un  brin; 
Chaque  jour  je  prenais  le  train. 
Mais  en  wagon,  pour  mon  chagrin, 
Me  suivait  la  partie  adverse  : 
Chaque  jour  nous  prenions  le  train 
Pour  les  besoins  de  mon  commerce. 

Un  matin  j'étais  en  retard, 
Le  train  partit  sans  crier  gare... 
Toujours  suivi  de  mon  mouchard, 
Un  matin  j'étais  en  retard. 


Pour  tuer  le  temps,  à  l'écart, 
Je  lus  les  affiches  de  gare, 
Un  matin  j'étais  en  retard, 
Le  train  partit  sans  crier  gare. 

Ma  foi,  c'est  très-intéressant, 
Les  règlements,  il  faut  les  lire, 
J'en  lus  un  bien  étourdissant, 
Ma  foi,  c'est  très-intéressant 
Je  le  relus  en  bénissant 
Son  auteur...  je  vais  vous  le  dire, 
Ma  foi  c'est  très-intéressant 
Les  règlements,  il  faut  les  lire. 

Tous  les  chiens  pourront  voyager 
Dorénavant  avec  leur  maître, 
Si  nul  n'y  voit  gène  ou  danger, 
Tous  les  chiens  pourront  voyager. 
Enfin  je  vais  donc  me  venger  ; 
Et  voir  mon  tyran  se  soumettre  ; 
Tous  les  chiens  pourront  voyager 
Dorénavant  avec  leur  maître. 

Car  belle-mère  avait  un  chien 
Qu'elle  aimait  de  toute  son  âme, 
Caressé  !  vous  le  pensez  bien, 
Car  belle-mère  avait  un  chien 
Ne  le  quittant  jamais  pour  rien, 
Il  suivait  en  wagon  la  dame. 
Car  belle-mère  avait  un  chien 
Qu'elle  aimait  de  toute  son  âme. 

Ce  matin  là,  comme  toujours, 
Azor  escortait  sa  maîtresse. 
Je  faisais  patte  de  velours, 
Ce  matin   là,  comme  toujours. 
Mais  je  tins  un  autre  discours 
Dans  le  wagon  à  la  traîtresse. 
Ce  matin  là,  comme  toujours, 
Azor  escortait  sa  maîtresse. 

Monsieur  !  criai-je  à  l'employé, 
Ce  chien  est  rempli  de  vermine, 
Il  faut  au  fourgon  l'envoyer.... 
Monsieur  !  criai-je  à  l'employé, 
Tout  le  wagon  s'est  récrié, 
Se  grattant,  faisant  grise  mine. 
Monsieur!  criai-je  à  l'employé, 
Ce  chien  est  rempli  de  vermine. 


11  fallut  céder  malgré  tout, 

Mettre  au  fourgon  la  pauvre  bête 
Qui  hurlait  d'un  hurlement  fou* 
11  fallut  céder  malgré  tout. 
Belle  maman  s;ms  son  toutou 
Pleura,  cria,  perdit  la  tête... 

11  fallut  céder  malgré  tout, 

Mettre  au  fourgon  la  pauvre  bête. 

Belle-maman,  dis- je  le  soir. 
Ecoute/  un  peu  ma  requête  : 
11  faut  me  céder  le  pouvoir. 
Belle-maman,  dis-je  le  soir. 
l:n  échange  je  laisse  asseoir 

et  vous  sur  la  banquette, 
Belle-maman,  dis-je  le  soir, 
Ecoutez  un  peu  ma   requête. 

Elle  abdiqua...  voilà  comment 
l'ai  pu  dompter  ma  belle-mère. 
Oh  !  le  bienheureux  règlement, 
Oui.  mesdames,  voilà  comment 
Je  vis  dès  lors  tranquillement, 
Grâce  à  ce  procédé  sommaire  ; 
Oui  mesdames,  voilà  comment 
J'ai  pu  dompter  ma  belle-mère. 


Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


POUR  PARAITRE  PROCHAINEMENT  : 

Le  Chef  Je  Cuisine,  monologue  en  prose,  de  Henri  Buguet. 
Une  Ressemblance,  monologue  en  vers,  de  Henri  Brière. 
Chc{  Zélie,  monologue  en  prose,  de  E.-H.  Marcella. 
Le  Duel  à  Mostagna,  monologue  en  vers  de  Albert  Boufflet. 


\:Y.  TOUS  LES  L1BRAIR1 

Fr.  5  par  an  pour  la  France 
//    8  ?>  les  Pays  de  l'Union  postale. 

Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
à  M.  Louis  A  H  QU  ET  IL,  7,  Rue  d' A  r  maillé,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 

Dépositaire  Général  du  CRI-CRI  pour  la  Belgique  : 

M.   Charles   ISTACE,    correspondant  du  Petit-Journal, 
<).  Montagne  aux  Herbes  Potagères.  Bruxelles. 

Imprinvne  h.  GODFROY,  82,  Rue  Tliiers,  Le  Havre. 


Tous  les  Samedis 


^         DIX  Centimes 


HENRI  BRIERE 


L'INCENDIE 


Monologue  en  Prose 


31.    ^Delp terre,  des   Grands   Concerts  de   'Pari 


18. 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8,    Rue   du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


IM°  8 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


L'INCENDIE 


.1    mon  ii m i  T.  Lucas. 

Oui.  j'ai  une  femme  et  un  petit  bout  de  ruban  à  la  bouton- 
nière, la  femme  est  charmante  et  le  ruban  tricolore...  Et  tout  ça 
je  le  dois...  à  un  monologue...  Ça  vous  étonne?...  eh  bien,  c'est 
comme  ça.  Je  vous  entends  :  «  Oui,  les  monologues,  ces  petites 
machines  en  prose  ou  en  vers,  qu*on  récite  dans  un  salon  en 
s'accoudant  à  la  cheminée...  A  quoi  ça  sert-il?//  Eh  bien,  ça 
sert  à  épouser  un  ange  qui  vous  apporte  sur  ses  ailes  trois  cent 
mille  francs  de  dot...  Oui,  Monsieur,  oui,  Madame... 

En  deux  mots,  voilà  :  Je  dis  des  monologues,  et  ce  petit  talent 
de  société  m'avait  fait  inviter  chez  un  banquier;  ce  banquier 
avait  une  fille...  adorable,  et  un  coffre-fort,  en  fer,  avec  de  l'ar- 
gent dedans...  C'est  qu'il  y  a  des  banquiers  qui  ont  des  coffre- 
forts...,  seulement,  ils  sont  vides;  alors,  ils  vont  faire  un  petit 
voyage  en  Belgique. —  On  m'avait  invité  à  diner,  menu  exquis. 
Après  soirée  :  «  —  Oh  !  Monsieur,  vous  qui  dites  si  bien  les 
monologues?...  Je  me  fais  prier  un  peu.  pas  trop,  et  je  com- 
mence :  Le  Hareng  saur,  monologue...  C'était  l'histoire  étrange 
et  palpitante  d'un  hareng  saur,  suspendu  par  une  ficelle  à  un 
clou  et  se  balançant  dans  un  mouvement  de  pendule,  toujours! 

L'intérêt  allait  grandissant.  La  fille  du  banquier  m'écoutait, 
attendrie.  Evidemment  j'avais  produit  mon  petit  effet...  Tout  à 
coup,  un  domestique  se  précipite  dans  le  salon  en  criant  :  «  Au 
feu!  //  Une  fumée  intense  pénètre  dans  la  pièce  qui  s'éclaire  de 
lueurs  rouges.  Les  femmes  crient,  s'enfuient  par  toutes  les  issues. 
Les  hommes  en  font  autant...  La  fumée  s'épaissit...  Je  fuyais 
comme  les  autres,  quand  je  m'aperçois  que  j'avais  pris  un  petit 
escalier  qui  me  mène  à  une  porte  fermée...  Je  l'enfonce.  Je  me 
trouve  dans  une  chambre,  une  chambre  de  jeune  fille  évidem- 
ment. Par  une  autre  porte  entre  une  femme  affolée,  en  toi- 
lette de  bal;  c'est  la  fille  du  banquier:  « —  Monsieur!...  ma 
mère!...  avez-vous  vu  ma  mère?...  on  la  cherche  partout!... 
—  Mais  non.  Mademoiselle,  mais  non;  mais  fuyons,  il  n'est  que 
temps!...  /,  Là  dessus,  tout  craque!...  Va  te  promener...  c'est 
l'escalier  qui  dégringole.  Retraite  coupée.  La  fumée  pénètre  par 
toutes  les  issues...  nous  entoure  :  «  —  Monsieur,  nous  sommes 
perdus  !  —  Mais  non.  Mademoiselle,  pas  encore...  —  Ah  !  Mon- 
sieur !  ma  mère  !...>/  Et  patatras,  ma  jeune  fille  s'évanouit... 


Entre  nous,  je  n'étais  pas  à  la  noce.  D'un  bras  nerveux  j'enlace 
mon  évanouie  :  Vingt  ans,  adorable,  un  trésor!  Oui,  mais  j'avais 
bien  d'autres  chats  à  fouetter,  et  je  me  disais  à  part  moi  :  sapristi, 
je  voudrais  bien  m'en  aller.  —  Oui  mais...  par  où?...  Voilà. 
Décidément,  c'est  béte  les  incendies.  On  a  construit  les  escaliers 
pour  descendre  dans  la  rue,  et  la  première  chose  que  fait  le  feu, 
c'est  de  faire  descendre  les  escaliers  dans  le  sous-sol  sans  vous 
prévenir. 

La  pièce  s'emplissait  de  fumée.  Je  sentais  l'asphyxie  me 
gagner,  m'envahir,  et  je  répétais  machinalement,  bêtement: 
Le  Hareng  saur,  monologue.  Ma  cervelle  craquait;  j'avais  une 
peur...  atroce.  Je  me  disais  :  Tiens  bon,  Ernest  (je  m'appelle 
Ernest),  te  voilà  héros.  —  Héros,  c'est  très  beau  dans  les  romans, 
mais  quand  le  feu  vous  chauffe  les  côtes,  quand  tout  craque,  cré- 
pite, s'effondre...  eh  bien,  entre  nous,  on  aimerait  autant  fumer 
un  cigare  sur  l'asphalte  du  boulevard. 

Dans  un  suprême  effort  je  réunis  ce  qui  me  restait  de  volonté 
et  d'énergie.  Soutenant  d'un  bras  mon  adorée  (eh  bien,  oui,  je 
l'adorais),  de  l'autre  j'ouvre  une  fenêtre...  La  maison  flambait 
comme  un  punch...  J'étais  sur  un  balcon...  Devant  moi,  le  vide. 
Quinze  mètres  à  sauter...  Vrai,  c'était  trop  haut...  En  bas  la 
foule...  rouge...  vaguement  entrevue.  .  Une  marée  de  têtes  avec 
des  cris  :  «  Bravo  !  bravo  !  descendez  !  »  — •  Descendez,  ils  étaient 
jolis...  Eh  bien,  et  les  marches  ! 

Tout  à  coup,  v'ian  !  dans  l'œil  !...  Un  jet  de  pompe  qui  man- 
que de  me  renverser.  Aussi  intelligents  que  braves,  les  porte- 
casques.  Le  jet  avait  dissipé  la  fumée  et  fait  de  la  place  autour 
de  nous.  Je  cours  sur  le  balcon...  Je  n'étais  plus  un  homme,  mais 
un  acrobate,  un  singe,  aussi  noir  du  reste  que  ces  intéressants 
quadrupèdes!...  Comment  ai-je  fait?  Je  n'en  sais  rien.  —  Est-ce 
avec  les  dents,  les  pieds,  les  mains?  J'enjambe  et  je  me  trouve 
sur  le  balcon  de  la  maison  voisine,  qui  commençait  à  flamber 
ferme  à  son  tour.  Je  tombe  dans  les  bras  d'un  pompier  qui  avait 
pu  pénétrer  jusque  là  :  «  —  Donnez-moi  la  demoiselle  !  —  Jamais 
de  la  vie!  —  Eh  bien,  alors,  suivez-moi,  et  vivement.  »  Nous 
traversons  une  pièce,  deux  pièces,  trois  pièces.  Nous  trouvons 
un  escalier,  nous  descendons,  et,  vive  la  France  !  nous  voilà  dans 
la  rue,  le  pompier,  la  jeune  fille  et  moi...  Un  tonnerre  de  bra- 
vos... Moi,  crânement,  je  m'évanouis...  r 

Quand  je  revins  à  moi...  j'étais  dans  un  poste  de  police... 
trempé...  Devant  moi  un  homme  à  cheveux  gris,  mon  banquier, 
qui  riait,  qui  pleurait,  qui  me  triturait  les  phalanges...  Il  m'ap- 
pelait son  fils,  son  orgueil,  et  moi  je  cherchais  à  renouer  le  fil 
de  mes  idées.  Je  balbutiais  :  qu'est-ce  que  je  fais  là?  «  Le 
Hareng  saur,  monologue.  » 

Puis  un  jour  à  l'église,  blanche  et  frissonnante,  Elle  dit  :  Oui. 
Oh  !  ce  Oui  que  j'aurais  payé  de  toutes  les  brûlures  de  l'enfer, 
c'était  elle,  elle  qui  le  prononçait;  moi  j'ai  failli  faire  crouler  les 
tours  de  l'Eglise  en  disant  le  mien,  et  mon  beau-père  pleurait, 


pleurait...    c'est  étonnant  ce  que  peut  pleurer  un  banquier)  ;\ 
éteindre  tons  les  incendies  de  Paris. 

El  tout   le   monde  nous  regardait,   et  j'avais  une  femme,  une 
femme  charmante  et  ce  petit  bout  de  ruban  là  qui,  je  l'espère  ne 
motivera   pas  d'interpellation  a  la  chambre,  et  tout  ça  pour  un 
monologue...  c'est  renversant  !... 
Fausse  sorti 

Ah  oui...  j'ai  oublié...  un  détail...  la  mère  de  ma  femme...  oh! 
soyez  tranquille....  elle  était  sauvée...  il  n'y  a  pas  de  bonheur 
parfait...  J'ai  une  belle  mère  '. 

Le  GfatOt  :   Hr.Ni;  GODFROY. 

;  eu  vente  chez  tous  Les  libraires  et  marchands 
nusique  de  France  et  de  l'Etranger,  dans  les  kiosques  et  les 
bibliothèques  de  gares. 


PRINCIPAUX  DKP0SITA1RES 

LILLE. —  Librairie  lu-nr-rale,  11  et  13,  rue  de  la  Gare. 

ROUEN.—  Librairie  Langlois,  20,  rue  A.  Thiers. 

LYON. —  Librairies  Bernoux  et  Cumin,  Dizain  et  Richard,  Evrard, 
Rïeton. 

MARSEILLE  —  Librairies  Laffitte  frères,  Millaud,  Pessaillan  &  C% 
Pinet. 

BORDEAUX. —  Librairies  Chaumas,  Duthu,  Hugues,  Chollet. 

LE  HAVRE. —  Librairies  Godfroy,  Ledey,  Bourdignon,  Fournier, 
Foucber,  etc. 

NICE. —  Librairie  Appy,  36,  boulevard  du  Pont-Neuf. 

ROANNE  —  Librairie  Brun  frères. 

NIMES. —  Librairie  André  Catélan,  II,  rue  Thoumayne. 

ANGERS.—  Librairie  Ch.  Dor. 

EVREUX. —  Librairie  Eugène  Liot. 

ALENÇON. —  Librairie  Loyer-Fontaine. 

BREST. —  Librairie  Veuve  Normand. 

BRUXELLES.—  Librairie  Ch.  ISTACE,  9,  Montagne  aux 
Herbes  Potagères. 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  : 
Fr.  5  par  an  pour  la  France 
//    8  «  les  Pays  de  l'Union  postale. 

Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
à  M.  Louis  A  H  QU  ET  IL,  7 ,  Rue  û'Ar  maillé,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 


Imprimerie  R.  GODFROY,  82,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


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Tous  tes  Samedis 


&? 


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ïfr\* 


^         DIX  Centimes 


E.-H.  MARCELLA 


IEZ  ZÉLIE! 


Scène  Comique 


CREATEUR 


$ï.  ^Victor  &Ienry}  du  Théâtre  'Louit,  de  cBordeaux 


PARIS 

Librairie   SICHLER,  8,   Rue   du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  9 


TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


^fy^g^^e  ^3*L<  $&&*  lÊAaibâ  &b%<  ^ 


CHEZ  ZÉLIE! 


Une  chao  1ht.  —    La  porte  s'ouvre  brusquement  . 

Ouf!  j'y  suis;  trois  étages  après  dîner,  c'est  pyramidal,  mais 
avec  les  ailes  de  l'amour  !  je  n'ai  fait  qu'un  bond  dans  L'escalier, 
la  porte  s'est  ouverte  et....  me  voilà  chez  Zélie!  Zéliel!  il  me 

semble  que   j'aime   déjà    son    intérieur \  propos,  vous  ne  la 

conr.  as,  hein?....  Non?  ah!  tant  mieux:  Eh!  bien,  figu- 

rez-vous une  femme  capiteuse,  voluptueuse,  catapultueuse  et 
tout  ce  qui  se  termine  en  eùse,  un  ange,  un  trésor,  un  coffret 
précieux  dont  je  vais  être  la  clef.  Ah!  tenez,  j"en  suis  fou!... 

Avec  emphai 

Amour,  ta  perdis  Tro 

s   ttencteilxj  .le  pourrais  bien  être  le  quatrième. 

Mais,  pardon,  je  me  présente  :  Vicomte  d'Entrecôtes,  Anatole 
pour  les  dames,  vingt-cinq  ans,  Parisien  par  vocation,  riche,  le 
chic  et  le  chèque,  auteur  qui  ne  demande  qu'à  se  faire  connaître 
mais  qui  a  la  modestie  de  la  violette,  mon  emblème  ;  par  dessus 
tout  bon  garçon,  aimant  tout  le  monde,  la  nature,  les  fleurs,  les 
petits  oiseaux,  les  petits  chevaux,  les  femmes  aussi....  Voilà 
pourquoi  je  suis  amoureux  fou  de  Zélie.  C'est  une  histoire  : 

_urez-vous  qu'hier,  retour  du  bois,  j'avais  laissé  mon 
phaëton  à  la  Madeleine:  j'ascensionnais  pédestrement,  pro- 
saïquement l'asphalte  du  boulevard,  fumant  en  connaisseur — 
mais  oui,  je  m'y  connais,  un  Casadorés  très  sec,  —  ils  le  sont 
tous  à  la  Civette.  —  et  regardant  s'envoler  de  mes  narines  gauche 
et  dextre  les  volutes  d'une  fumée  bleuâtre,  lorsque  soudain  l'as- 
pect d'un  astre  nouveau  m'enraya  dans  l'orbite  de  ma  gravita- 
tion.... C'était  en  face  l'Américain,  une  femme  suavissime, 
Zélie.  vous  le  devinez,  arrêtée  devant  la  tente  d'un  fleuriste, 
achetait  des  violettes;  des  violettes!  mon  emblème!  O!  com- 
munauté d'idées  !  connexion  de  deux  cœurs  qui  vont  s'embraser! 

Fou  d'émotion  je  m'approche  galamment,  et  donnant  à  ma 
voix  l'inflexion  mélodieuse  d'une  harpe  éolienne  :  ".  Belle  incon- 
nue, lui  dis-je,  le  parfum  de  vos  blonds  cheveux  est  plus 
enivrant  que  celui  de  ces  fleurs.  „ 

Elle  rougit!...  ''au  public)  mais  certainement  qu'elle  a  rougi, 


vous  avez  beau  rire,  j'ai  bien  vu  à  travers  sa  voilette,  et  puis  je 
m'y  connais,  j'ai  le  flair,  oh!  un  flair!  vous  savez,  c'est  de  nais- 
sance. 

Devant  le  coloris  de  sa  pudeur,  un  éclair  sillonne  les  replis  de 
mon  cerveau  :  mais  alors,  me  dis-je,  ce  n'est  pas  une  vulgaire 
cocotte,  une  simple  universelle  !  Non,  une  femme  honnête, 
mariée  peut-être?  mon  rêve!  Alors,  passant  des  banalités  à  un 
transport  d'éloquence  fiévreuse  —  450  centigrades —  :  «  Colombe 
azurée,  lui  dis-je,  roucoulez-moi  donc  l'adresse  de  votre  pigeon- 
nier. »  «  13,  rue  de  la  Lune,  au  troisième,  Madame  Zélie  », 
gazouilla-t-elle.  Une  voix!  oh  !  une  voix!  Et  en  s'enfuyant  d'un 
pas  de  gazelle,  elle  laissa  échapper  une  fusée  d'un  rire  cristallin! 
(Au  public)  Certainement,  cristallin!  je  m'y  connais,  j'ai  le 
flair!  un  flair  inouï  ! 

Ah!  pensai-je,  le  rire  est  le  commencement  du  baiser,  et 

et  voilà  ! 

(Respirant  fortement)  Tiens,  mais  on  ne  sent  pas  précisément 
la  violette,  ici;  c'est  particulier,  ça....  Bah!  Zélie  va  me  faire 
oublier  ça  ;  je  vais  l'embrasser  sur  l'œil  gauche,  c'est  infaillible! 
Je  la  vois  déjà  :  une  taille  d'une  finesse!  un  buste  !  un  socle  ar- 
tistique soutenant  deux  hémisphères  d'ivoire  dignes  du  ciseau 

de   Praxitèle Vous  riez?  je  vous  jure  qu'elle  est  faite  au 

moule;  j'ai  bien  vu  à  travers  son  manteau,  et  puis  je  m'y  con- 
nais, j'ai  le  flair,  un  de  ces  flairs  !...  je  tiens  ça  de  papa? 

Mais,  per  Baccho  !  qu'est-ce  qu'on  sent  ici  ?  des  émanations 
pharmaceutiques?...  Après  ça,  il  y  a  peut-être  un  droguiste  dans 
la  maison....  Mais  ça  m'est  égal,  je  traverserais  deux  cent  cin- 
quante pompes  inodores  pour  arriver  à  Zélie....  Je  la  vois  déjà, 
riioulée  sous  son  drap  ;  je  sens  sa  peau  si  fine,  le  velouté  d'une 
pêche....  Mais  certainement,  je  m'y  connais....  Ah  !  j'y  mordrai 
à  cette  pêche 

(Apercevant  des  bocaux  sur  une  commode).  Tiens,  Zélie  aime 
les  cornichons,  ça  me  flatte.  (Prenant  un  bocal)....  Ciel!  un 
fœtus!  Ah!  ça,  est-ce  qu'elle  ferait  des  collections  d'histoire 
naturelle?...  ou  bien....  c'est  ça....  un  souvenir.  Après  tout, 
qu'est-ce  qui  n'a  pas  eu  un  fœtus  dans  son  existence?...  Oui, 
mais  c'est  gênant  cet  alcoolisé  qui  nous  lorgne;  on  n'est  plus 
seul  ici....  (Il  fourre  le  bocal  dans  sa  poche).  J'aime  mieux  ça.... 
(Pause;  il  chantonne  ;  apercevant  un  écriteau  et  lisant)  :  «  Con- 
sultations de  midi  à  trois  heures.»  Consultations?  miséricorde! 
mais  de  quoi?...  Ah!  j'y  suis,  une  tireuse  de  cartes  ;  au  fait,  je 
vais  consulter,  c'est  une  idée,  je  connaîtrai  ma  ligne  de  vie.... 
(Furetant  sur  la  commode).  Bon!  une  note!...  aïe!...  allons-y 
d'un  bon  mouvement,  il  faut  l'acquitter....  Pourvu  qu'elle  ne 
soit  pas  trop  forte.  (Lisant)  Tiens,  ce  n'est  pas  Zélie  qui  doit, 
je  rentre  dans  mes  fonds  :  «  Dû  à  Madame  Zélie  200  francs 
pour  accouchement  laborieux.»  Mânes  de  mes  aïeux  !  une  femme 
de  l'art!  ah!  saint  Anatole,  je  suis  perdu!...  Si  elle  allait  ren- 
trer.... Je  ne  puis  pourtant  plus  consulter....  filons....  Mon  par- 


sus?...  ah  !  je  l'ai,  sauvons-nous,  horreur!  Si  elle  allait  ren- 
trer, tableau!...    ^arrêtant  brusquement,;  très  grave  .  Eh  !  bien, 

tenez,  je  m"en  doutais,  j'ai  le  flair,  un  flair  étrange  !  Oh!  ses 
veux,  quelque  chose  Je  carabiné.)  il  y  avait  du  carabin  dans  ses 
veux.  El  ses  mains!  brrrr!!  ses  allures,  son  ne/!  j'en  ai  froid 
dans  le  dos!  Une  sage-femme!  soyons-le  plus  qu'elle  et  liions.... 
S    •:.'■  .    Un  conseil,  gratis,  vous  savez,  j'ai  le  flair....  Si 

-  rencontre/  une  femme,  —  ça  peut  arriver,  —  venez  me 
consulter  :   Vicomte  d'Entrecôtes,  rue  Mouffetard  —  il  y  a  un 

QSeur,  —  je  VOUS  dirai  ce  que  je  pense  de  votre  femme.... 
et  puis  plus  tard....  bien  plus  tard,  neuf  mois  après,  vous  pour- 
:11er  13,  rue  de  la  Lune,  au  troisième,  consulter  Madame 
Zelie.  femme  de  l'art  !  |  //  se  sauve.  ) 

l  e  Gérant  ;  B&tti  GODFROY. 

PARATION  : 

Idylle  Parisienne,  monologue  en  vers,  de  Geo  Denis-Jean. 
s       Habit,  monologue  en  prose,  de  Carolus  d'Harri  \s. 
Entre  les  Trois,  monologue  en  vers,  pour  jeune  fille,  de  H. 
Tréven. 

D  korél  monologue  en  prose,  de  E.-H.  Marcei.i.a. 
Ringois,  poëme  patriotique,  de  Léon-Louis  Berthaut. 

Les  Abonnements  au  Cri-Cri  sont  reçus  chez  : 

M.  Sichler,  8,  rue  du  Croissant,  Paris. 

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Tous  tes  Samedis 


V^ 


*Cy         DIX  Centimes 


E.-H.  MARCELLA 


CHEZ  ZÉLIE! 


Scène  Comique 


CREATEUR 


31.  "Victor  3ÏENRY,  du  «Théâtre  %ouit,  de  Bordeaux 


PARIS 

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N°  9 


TOUS   DROITS   RÉSBRYÉS. 


CHEZ  ZÉLIE! 


l'iio  chambre  à  coucher.  —  (La  porte  s'ouvre  brusquement). 

Ouf!  j'y  suis;  trois  étages  après  dîner,  c'est  pyramidal,  mais 
avec  les  ailes  de  l'amour  !  je  n'ai  fait  qu'un  bond  dans  l'escalier, 
la  porte  s'est  ouverte  et....  me  voilà  chez  Zélie!  Zéliel!  il  me 
semble  que  j'aime  déjà  son  intérieur....  A  propos,  vous  ne  la 
connaissez  pas,  hein?....  Non?  ah!  tant  mieux:  Eh!  bien,  figu- 
rez-vous une  femme  capiteuse,  voluptueuse,  catapultueuse  et 
tout  ce  qui  se  termine  en  euse,  un  ange,  un  trésor,  un  coflret 
précieux  dont  je  vais  être  la  clef.  Ah!  tenez,  j'en  suis  fou!... 

Avec  emphase) 

Amour,  tu  perdis  Troie! 

(Sentencieux)  Je  pourrais  bien  être  le  quatrième. 

Mais,  pardon,  je  me  présente  :  Vicomte  d'Entrecôtes,  Anatole 
pour  les  dames,  vingt-cinq  ans,  Parisien  par  vocation,  riche,  le. 
chic  et  le  chèque,  auteur  qui  ne  demande  qu'à  se  faire  connaître 
mais  qui  a  la  modestie  de  la  violette,  mon  emblème  ;  par  dessus 
tout  bon  garçon,  aimant  tout  le  monde,  la  nature,  les  fleurs,  les 
petits  oiseaux,  les  petits  chevaux,  les  femmes  aussi....  Voilà 
pourquoi  je  suis  amoureux  fou  de  Zélie.  C'est  une  histoire: 

Figurez-vous  qu'hier,  retour  du  bois,  j'avais  laissé  mon 
phaëton  à  la  Madeleine;  j'ascensionnais  pédestrement,  pro- 
saïquement l'asphalte  du  boulevard,  fumant  en  connaisseur.... 
mais  oui,  je  m'y  connais,  un  Casadorés  très  sec,  —  ils  le  sont 
tous  à  la  Civette,  —  et  regardant  s'envoler  de  mes  narines  gauche 
et  dextre  les  volutes  d'une  fumée  bleuâtre,  lorsque  soudain  l'as- 
pect d'un  astre  nouveau  m'enraya  dans  l'orbite  de  ma  gravita- 
tion.... C'était  en  face  l'Américain,  une  femme  suavissime, 
Zélie,  vous  le  devinez,  arrêtée  devant  la  tente  d'un  fleuriste, 
achetait  des  violettes;  des  violettes!  mon  emblème!  O!  com- 
munauté d'idées  !  connexion  de  deux  cœurs  qui  vont  s'embraser  I 

Fou  d'émotion  je  m'approche  galamment,  et  donnant  à  ma 
voix  l'inflexion  mélodieuse  d'une  harpe  éolienne  :  «  Belle  incon- 
nue, lui  dis-je,  le  parfum  de  vos  blonds  cheveux  est  plus 
enivrant  que  celui  de  ces  fleurs.  » 

Elle  rougit!...  (au  public)  mais  certainement  qu'elle  a  rougi, 


vous  avez  beau  rire,  j'ai  bien  vu  à  travers  sa  voilette,  et  puis  je 
m'y  connais,  j'ai  le  flair,  oh!  un  flair!  vous  savez,  c'est  de  nais- 
sance. 

Devant  le  coloris  de  sa  pudeur,  un  éclair  sillonne  les  replis  de 
mon  cerveau  :  mais  alors,  me  dis-je,  ce  n'est  pas  une  vulgaire 
cocotte,  une  simple  universelle  !  Non,  une  femme  honnête, 
mariée  peut-être  ?  mon  rêve  !  Alors,  passant  des  banalités  à  un 
transport  d'éloquence  fiévreuse  —  450  centigrades  —  :  «Colombe 
azurée,  lui  dis-je,  roucoulez-moi  donc  l'adresse  de  votre  pigeon- 
nier. »  «  13,  rue  de  la  Lune,  au  troisième,  Madame  Zélie  », 
gazouilla-t-elle.  Une  voix!  oh  !  une  voix!  Et  en  s'enfuyant  d'un 
pas  de  gazelle,  elle  laissa  échapper  une  fusée  d'un  rire  cristallin! 
(Au  public)  Certainement,  cristallin  !  je  m'y  connais,  j'ai  le 
flair!  un  flair  inouï  ! 

Ah!  pensai-je,  le  rire  est  le  commencement  du  baiser,  et 

et  voilà  ! 

(Respirant  fortement)  Tiens,  mais  on  ne  sent  pas  précisément 
la  violette,  ici;  c'est  particulier,  ça....  Bah!  Zélie  va  me  faire 
oublier  ça  ;  je  vais  l'embrasser  sur  l'œil  gauche,  c'est  infaillible! 
Je  la  vois  déjà  :  une  taille  d'une  finesse  !  un  buste  !  un  socle  ar- 
tistique soutenant  deux  hémisphères  d'ivoire  dignes  du  ciseau 

de  Praxitèle Vous  riez?  je  vous  jure  qu'elle  est  faite  au 

moule;  j'ai  bien  vu  à  travers  son  manteau,  et  puis  je  m'y  con- 
nais, j'ai  le  flair,  un  de  ces  flairs  !...  je  tiens  ça  de  papa  ? 

Mais,  per  Baccho  !  qu'est-ce  qu'on  sent  ici  ?  des  émanations 
pharmaceutiques?...  Après  ça,  il  y  a  peut-être  un  droguiste  dans 
la  maison....  Mais  ça  m'est  égal,  je  traverserais  deux  cent  cin- 
quante pompes  inodores  pour  arriver  à  Zélie....  Je  la  vois  déjà, 
moulée  sous  son  drap  ;  je  sens  sa  peau  si  fine,  le  velouté  d'une 
pêche....  Mais  certainement,  je  m'y  connais....  Ah  !  j'y  mordrai 
à  cette  pêche 

(Apercevant  des  bocaux  sur  une  commode).  Tiens,  Zélie  aime 
les  cornichons,  ça  me  flatte.  (Prenant  un  bocal)....  Ciel!  un 
foetus  !  Ah  !  ça,  est-ce  qu'elle  ferait  des  collections  d'histoire 
naturelle?...  ou  bien....  c'est  ça....  un  souvenir.  Après  tout, 
qu'est-ce  qui  n'a  pas  eu  un  fœtus  dans  son  existence?...  Oui, 
mais  c'est  gênant  cet  alcoolisé  qui  nous  lorgne  ;  on  n'est  plus 
seul  ici....  (Il  fourre  le  bocal  dans  sa  poche).  J'aime  mieux  ça.... 
(Pause;  il  chantonne  ;  apercevant  un  écriteau  et  lisant)  :  «  Con- 
sultations de  midi  à  trois  heures.»  Consultations?  miséricorde! 
mais  de  quoi?...  Ah!  j'y  suis,  une  tireuse  de  cartes;  au  fait,  je 
vais  consulter,  c'est  une  idée,  je  connaîtrai  ma  ligne  de  vie.... 
(Furetant  sur  la  commode).  Bon!  une  note!...  aïe!...  allons-y 
d'un  bon  mouvement,  il  faut  l'acquitter....  Pourvu  qu'elle  ne 
soit  pas  trop  forte.  (Lisant)  Tiens,  ce  n'est  pas  Zélie  qui  doit, 
je  rentre  dans  mes  fonds  :  «  Dû  à  Madame  Zélie  200  francs 
pour  accouchement  laborieux.  »  Mânes  de  mes  aïeux  !  une  femme 
de  l'art!  ah!  saint  Anatole,  je  suis  perdu!...  Si  elle  allait  ren- 
trer.... Je  ne  puis  pourtant  plus  consulter....  filons....  Mon  par- 


dessus?...  ah!  je  l'ai,  sauvons-nous,  horreur!  Si  elle  allait  ren- 
trer, tableau!...  (S'arretant  brusquement  ;  très  grave).  Eh!  bien, 
tenez,  je  m'en  doutais,  j'ai  le  tlair,  un  flair  étrange!  Oh!  ses 
yeux,  quelque  chose  de  carabiné  !  il  y  avait  du  carabin  dans  ses 
veux.  Et  ses  mains!  brrrr!!  ses  allures,  son  nez!  j'en  ai  froid 

dans  le  dos!  Une  sage-femme  1  soyons-le  plus  qu'elle  et  filons 

•:..  .  Un  conseil,  gratis,  vous  savez,  j'ai  le  flair....  Si 
vous  rencontrez  une  femme,  —  ça  peut  arriver,  —  venez  me 
consulter  :   Vicomte  d'Entrecôtes,  rue  MoutTetard  —  il  y  a  un 

ascenseur.  —  je  vous  dirai  ce  que  je  pense  de  votre  femme 

et  puis  plus  tard....  bien  plus  tard,  neuf  mois  après,  vous  pour- 
rez aller  13,  rue  de  la  Lune,  au  troisième,  consulter  Madame 
Zelie.  femme  de  l'art!  fil  se  sauve.) 

Le  Gîtant  :  Hanifc  CODFROY. 

EN  PRÉPARATION  : 

Idylle  Parisienne,  monologue  en  vers,  de  Geo  Denis-Jean. 
Son  Habit,  monologue  en  prose,  de  Carolus  d'Harrens. 
Entre  les  Trois,  monologue  en  vers,  pour  jeune  fille,  de  H. 
Tréven. 

Décoré I  monologue  en  prose,  de  E.-H.  Marcella. 
Ringois,  poëme  patriotique,  de  Léon-Louis  Berthaui. 

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d'office  le  N°  1  du  Cri-Cri,  sont  instamment  priés  d'en  adresser 
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û  M.  Louis  ANQUETIL,  7,  Rue  (TArmaiUè,  à  Paris. 

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Tous  les  Samedis 


^         DIX  Centimes 


FERNAND  BARTHELEMY 

C'EST-  LE  CHAMPAGNE 

QU'EN  EST  CAUSE 

Monologue  en  Yers 

DIT    PAR 

3t.    ^Deroudilhe,  du  ^lliêâtre   français  de  Bordeaux 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8.    Rue   du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   10 


TOUS    DROITS   RESERVES. 


>V*  .^*  .^*JL  5^C«  .  ^*  .ik-4. :.-k 

C'EST  LE  CHAMPAGNE 

QU'EN    l:M    CAU 


.1   Monsieur  L.  Deroudilhe 

Tous  les  ans.  à  la  Saint-François, 
Avec  des  amis  d'autrefois.. 
Nous  allons  célébrer  ma  fête 
Dans  un  restaurant.  Sans  façons. 
On  fait  un  dîner  de  garçons. 
Et  ma  foi...  la  noce  est  complète. 

Ce  jour-là,  ma  femme  en  courroux 
Voudrait  me  voir  sous  les  verroux. 
A  ma  sortie  elle  s'oppose... 

Et  sa  mère,  en  gonflant  la  voix, 

Me  dit  :  «  Vous  savez,  bien.  François, 

»  Ce  que  le  Champagne  vous  cause!  » 

C'est  bien  vrai,  je  ne  sais  pourquoi, 

Le  Champagne  a  raison  de  moi  ;  — 

Et  je  devrais  ne  pas  en  boire. 

Mais  une  fois  l'an,  n'est  pas  trop, 

Cela  vaut  mieux  que  du  sirop. 

Et  puis...,  un  peu  gai...  quelle  histoire  !... 

L'an  dernier,  je  l'étais...  pas  mal... 
Je  bus  d'un  bordeaux  sans  égal, 
Et  du  Champagne  à  forte  dose. 
En  sortant,  quand  je  sentis  l'air, 
Je  me  dis,  n'y  voyant  plus  clair  : 
C'est  le  Champagne  qu'en  est  cause  !... 

Mes  amis,  tous  joyeux  lurons 

Et  qui  faisaient  les  fanfarons, 

Proposèrent,  sans  plus  attendre, 

D'aller  faire  un  tour  à  Huilier: ... 

Je  trouvai  cela  singulier... 

Comme  mari...  puis  comme  gendre!... 

Enfin  j'accepte....  nous  partons, 
Bientôt  au  bal  nous  arrivons, 
De  m'amuser  je  me  propose;... 
Dans  un  quadrille  échevelé, 
Je  me  lance  en  écervelé... 
Le  Champagne  en  était  la  cause! 

Je  me  démenais  follement, 
Et  je  gambadais  tellement, 
Qu'a  la  fin.  ma  blonde  danseuse, 
Me  dit:  "Monsieur!...  arrêtez-vous! 

r  on  fait  cercle  autour  de  nous  !... 
„  Et  je  ne  suis  pas  cascadeuse  !...  // 


Bast  !...  j'avais  si  bien  commencé, 
Que  dame  !  une  fois  lancé, 
A  des  entrechats  je  m'expose, 
Risquant  une  aile  de  pigeon... 
Crac  !...  je  vais  piquer  un  plongeon 
Dont  le  Champagne  était  bien  cause  ! 

Malheureusement  j'eus  le  tort, 
En  tombant,  d'écraser  le  cor 
D'un  gros  monsieur  fort  irascible, 
Qui,  me  traitant  de  maladroit, 
M'applique  en  un  certain  endroit... 
Le  pied  qu'il  avait  si  sensible!... 

Je  me  retourne  vivement, 

Et  regarde  cet  insolent, 

Qui  si  mal  avait  pris  la  chose: 

«  Eh!  Monsieur,  lui  dis-je  soudain, 

»  Je  ne  l'ai  pas  fait  à  dessein  ! 

»  C'est  le  Champagne  qu'en  est  cause  !... 

C'était  pour  moi  jour  de  malheur, 
Car  mon  homme  était  querelleur. 
Sapristi  !...  le  rude  adversaire  !... 
Il  frappait,  ne  ménageant  rien, 
Nous  nous  battons  tant  et  si  bien, 
Qu'on  va  chercher  le  commissaire  ! 

Au  poste  il  nous  conduit  tous  deux; 

J'étais  dans  un  état  piteux;... 

Sous  l'œil  j'avais  une  ecchymose  !... 

Je  me  disais  :  «  Oh  !  quel  guignon  ! 

»  On  va  me  mettre  au  violon  !... 

»  C'est  le  Champagne  qu'en  est  cause  !  » 

Au  greffier  j'explique  mon  cas, 
Mais  bast  !...  il  ne  m'écoute  pas, 
Et  griffonne  ses  paperasses. 
Pour  soudoyer  l'un  des  gardiens, 
J'essayais  de  tous  les  moyens, 
Mais  ils  n'étaient  pas  efficaces. 

Heureusement  que  mes  amis 

Qui  ne  s'étaient  pas  endormis, 

Après  une  heure,  au  moins  de  pause, 

Vinrent  me  réclamer  en  chœur, 

Disant  au  cerbère  en  fureur  : 

«  C'est  le  Champagne  qu'en  est  cause  !... 

Enfin,  j'obtiens  ma  liberté. 

Filant  avec  rapidité, 

Je  pars  sans  demander  mon  reste, 

Sans  dire  bonjour  ni  bonsoir, 

J'attrappe  vite  le  trottoir, 

Et  me  rends  chez  moi  d'un  pas  leste. 

J'arrive,  et  monte  haletant, 

J'ouvre  la  porte  en  tâtonnant, 

Tout  est  bien  calme.  —  On  se  repose. 

Partout  je  cherche,  il  fait  si  noir.... 

Je  ne  trouve  pas  le  bougeoir, 

C'est  le  Champagne  qu'en  est  cause  ! 


Inutile,  j'ai  beau  chercher... 
Non  '....  je  ne  puis  le  dénicher. 
Alors,  .1  tâtons  je  me  couche, 
Ht  me  faufile  près  du  mur. 
Ma  femme  a  le  sommeil  très  dur. 
Je  prends  un  baiser  sur  s;i  bouphe. 

Aussitôt,  un  cri  retentit  ! 

Puis  elle  saute  en  bas  du  lit  !... 

Puis  elle  allume  !  !...  Apothéose  I  !  ! 

Je  reconnais  belle-maman. 

Qui  me  dit  d'un  ton  menaçant  : 

si  le  Champagne  qu'en  est  cause  !  ! 

Je  me  retire  tout  penaud 
Devant  un  semblable  tableau. 
Vite  ma  chambre  je  regagne. 

Ma  femme  alors,  me  dit    «  Eh  bien  '.... 

y,  Tu  ne  me  rapportes  donc  rien  ? 

„  Pas  de  gâteaux,  ni  de  Champagne  ?  // 

N'ayant  rien,  c'était  ennuyeux. 

Je  la  console...  de  mon  mieux... 

Puis  à  dormir  je   me  dispose. 

Je  veux  fermer  l'œil,  pas  moyen... 

Je  me  disais,  cré  nom  d'un  chien  !... 

C'est  le  Champagne  qu'en  est  cause  !... 

Deux  mois  après,  peut-être  trois, 
Ma  femme  un  jour  me  dit  «  François. 
De  sa  voix  si  douce  et  si  tendre, 
Baissant  les  yeux  d'un  air  discret.) 
«  Mon  ami....  j'aurais  un  secret 
"  A  te  dire...  tu  dois  comprendre  ? 

Puis  m'embrassant  elle  ajouta, 

"  Tu  vas  bientôt  être  papa 

«  D'un  joli  bébé  blanc  et  rose  !  // 

Ah  !...  parfait  !...  lui  dis-je  gaiement, 

Je  sais  d'où  nous  vient  cet  enfant  ; ... 

(Test  le  Champagne  qu'en  est  cause  !... 


Le  Gérant  :  René  G0DFR0Y. 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  : 

Fr.  5  par  an  pour  la  France 
//    8  //  les  Pays  de  l'Union  postale. 

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La  Pissotière,  monologue  réaliste,  de  Sock.  —  Prix  :  i  franc. 
Très  grand  succès. 

Adresser  toutes  communications  concernant  (a  rédaction 
à  M.  Louis  A  H  QU  ET  IL,  7,  Rue  d'ArmaiUè,  à  Paris. 

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%*,  Tous  les  Samedis 


^         DIX  Centimes 


CAROLUS  D'HARRANS 


SON  HABIT 


Monologue  en  Prose 


c51/.    Tjouis  LBuiRE,   du    Ihéâtre   français  de  Ttouen 


PARIS 

Librairie  SICHLER,  8.   Rue  du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N 


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SON   HABIT 


.1  l'ami  11  ' pour  son  Mariage. 

Bidoche  —  Félicien  Bidoche...  Vous  le  connaissez?  (Test  mon 
cousin.  Mon  cousin,  comme  ^u\  dit  à  la  mode  de  Bretagne  :  mais 
enfin,  nous  sommes  cousins.  Ça  tait  que,  Bidoche  se  mariant,  il 
y  a  huit  jours,  j'étais  de  noces.  —  car  il  a  le  culte  de  la  famille. 
Cet   excellent   Bidoche. 

Figurez-vous  qu'avant  ce  mariage-là,  je  ne  connaissais  Bidoche 
ni  d'Eve  ni  d'Adam.  11  y  a  trois  semaines,  on  frappe  à  ma  porte, 
j'ouvre,  c'était  Bidoche.   —  «  Bonjour,  cousin  !  //  Je  lui  reponds: 
«   Bonjour,   cousin  »,   par  simple   politesse.  Ça  m'intriguait  pas 
moins  qu'on  m'appelât   cousin   comme  ça.  sans   préliminaires. 
Entîn.  tout  s'explique  :  les  Bidoches  sont  allies,  par  les  femmes, 
I  ritoiiillard.  qui  sont  parents,  au  sixième  degré,  des  Callem- 
.  —  d'où  resuite  que,  lui,  Félicien  Bidoche,  et  moi,   Atha- 
nase  Callembois,  nous  sommes  cousins  à  le  dixième  puissance. 
I  clair,  comme  vous  voyez.  Là  dessus,  il  m'embrasse,  je  l'em- 
brasse,   et   il  m'emmène  dîner  chez   le  père   Denis,  dans  la  rue 
Volta    un  bon  petit  restaurant  que  je  vous  recommande,  —  c'esl 
trop  cher,  c'est  assez,  nature,  et  on  y  est  bien  chez  soi. 
Au   dessert,    je  vois   Bidoche  qui    se  compose   un   visage.  Je 
ais  qu'il  allait  porter  un  toast  à  la  cuisinière.  —  «  (.'est  pas 
tout  ça,  me  dit-il.  je  me  marie  dans  quinze  jours.  —  Ah  bah  !... 
...  -     Bêtise  ou  pas  bêtise,  faut  une  lin  et  je  convolé. 
Mais  comme  j'ai  pas  de  parent  célibataire  plus  rapproché  que 
toi.  Callembi  Si   toi   qui   seras  mon  premier  -arçon   d'hon- 

neur. —  Tope  là.  Bidoche,  je  suis  ton  homme  !  // 

Mais  une  réflexion  me  rient  :  —  «  Ah!  diable!  c'est  que.... 
faut-il  l'habit  ?  —  L'habit?...  parbleu  oui.  faut  l'habit!...  Pre- 
mier garçon  d'honneur,  voyons!...  Tu  n'es  pas.  j'espère,  sans 
avoir...  —  Oui....  non...,  oui....  Enfin,  tu  vas  tout  savoir... 
L'autre  jour...  un  besoin  d'argent...  //  Voilà  Bidoche  qui  part  de 
rire  :  —  «  Suffit!  j'ai  compris!...  l'on  sifflet...  chez  ma  tante?... 
Mais  qu'à  cela  ne  tienne!  je  te  prête  mon  vieux:  i!  est  encore 
pas  mal  frais.  Nous  sommes  de  même  taille,  il  tira  comme  un 
..  Ah  !  ne  me  refuse  pas.  Athanase.  tu  me  ferais  de  la  peine! 
Ht  puis,    tu   sais,   je  n'y   tiens  pas.  a  cet  habit.  Ainsi,  n 

comme  s'il  était  a  toi...  Eh  bien,  voilà  qui  est  dit!// 
Brave  Bidoche!...  Vous  pensez  bien  que  j'acceptai,   et  il  s'en 
retourna  tout  joyeux. 

vant- veille  de  la  cérémonie,  un  commissionnaire  m'apporta 
l'habit  retapé,  complètement  remis  à  neuf.  Bidoche  ne  s'était 
pas  trompé  —  il  m 'allait  comme  un  gant. 

La  veille,  dans  la  soirée,  Bidoche  m'arriva,  avec  sa  fiancée,  sa 
future    belle-maman  et  ma  demoiselle  d'honneur.  Pour  plaire  a 


t^ti      préparation  : 


ces  dames,  j'enfilai  l'habit...  Ah  !  mes  enfants  !  un  enthousisme  ! 
—  du  délire  !...  Bidoche  ne  se  lassait  pas  de  me  tourner,  de  me 
retourner,  de  me  faire  jouer  des  bras,  arrondir  le  dos,  et  il  finit 
par  m'embrasser  en  me  disant  :  —  «  Tu  seras  beau  comme  un 
Napoléon  !  » 

Je  me  mettais  en  devoir  de  dépasser  le  chef-d'œuvre  et,  pré- 
cieusement, je  l'étalais  sur  le  dossier  d'une  chaise,  quand  j'en- 
tendis Bidoche  qui  s'écriait:  —  «As-tu  fini  avec  tes  manières! 
C'est-y  que  t'as  peur  de  l'abîmer,  cet  habit?  Mais,  bêta,  je  t'ai 
donc  pas  dit  que  je  n'y  tiens  pas  !  »  Et  voilà  qu'il  prend  l'habit, 
et  houp  !  l'envoie  au  plafond.  La  belle-mère  et  sa  fille  se  met- 
tent de  la  partie.  L'habit  vole,  va,  vient,  monte,  retombe,  rase 
les  murs,  s'aplatit  sur  le  plancher.  Et  Bidoche  de  crier  :  —  «  Tu 
vois  bien  que  j'y  tiens  pas,  à  cet  habit  !  // 

Moi,  je  restai  baba.  Qu'auriez-vous  fait  à  ma  place  ?  —  Mais 
voilà  que  la  demoiselle  d'honneur  s'élance  à  son  tour: —  «  Ar- 
rêtez donc  !...  .Mais  vous  le  chiffonnez!  vous  allez  le  déchirer!  /• 
Et  elle  y  mettait  de  l'ardeur,  la  demoiselle  d'honneur  !  Pensez  ! 
l'habit  de  son  garçon  d'honneur  !  son  orgueil,  madame  !  —  sa 
chair  ! 

Il  finit  par  lui  rester  dans  les  mains...  Mais  dans  quel  état! 
Eripé,  souillé,  un  pan  déchiré,  trois  boutons  arrachés  !  —  Ah  ! 
farceur  de  Bidoche  !  —  Et  il  riait,  le  misérable  !  Et  elles  riaient 
aussi,  la  belle-mère  et  sa  fille  !...  Je  n'avais  pas  envie  de  rire, 
moi.  Comment  faire  avec  cette  loque  pour  tout  potage  ?  Mais  la 
demoiselle  d'honneur  —  un  ange,  mesdames  !  —  me  dit  en  rou- 
gissant beaucoup  :  —  «  Voulez-vous  que  je  l'emporte?...  Je  vous 
le  renverrai  demain  matin,  de  bonne  heure...  Il  n'y  paraîtra 
plus,  vous  verrez....  »  —  Je  l'aurais  embrassée,  la  demoiselle 
d'honneur  ! 

A  neuf  heures,  le  lendemain,  j'arrivai  en  sapin  chez  la  future. 
Toute  la  noce  était  là.  Bidoche  m'attendait  sur  le  seuil.  Il  était 
radieux,  Bidoche.  Il  cria,  dès  qu'il  m'aperçut  :  —  «  Ah!  le  voilà  ! 
Vous  allez  voir!...  N'est-ce  pas  qu'il  lui  va  bien?  On  le  dirait 
taillé  pour  lui  !  >/  —  Et  toute  la  noce  de  s'écrier  :  —  «  C'est  épa- 
tant !  »  —  Les  demoiselles  surtout  s'extasiaient  :  —  «  Adorable  ! 
adorable  !...  >/  —  On  m'entourait,  on  me  congratulait;  on  se 
bousculait,  tout  le  monde  voulait  toucher.  Je  perdais  conte- 
nance, je  devenais  gauche,  je  rougissais...  —  Oui,  mesdames, 
oui  !  moi,  Athanase  Calembois,  je  rougissais  comme  une  petite 
fille.  Et  Bidoche  qui  criait  :  —  «  N'aie  donc  pas  l'air  gêné 
comme  ça!  Fais  comme  chez  toi,  Athanase! —  Faites  comme 
chez  vous,  Monsieur  Athanase  !  »  —  répétait  toute  la  noce  en 
chœur.  Mais  vous  comprenez  que  plus  on  criait,  plus  je  me 
sentais  lâche.  —  Bidoche  me  talonnait  :  —  «  N'aie  donc  pas 
peur!  c'est  l'habit  qui  te  gène,  parce  qu'il  n'est  pas  à  toi  ?  Mais 
quand  je  te  dis  que  j'y  tiens  pas,  à  cet  habit  !  // 

Son  habit!  toujours  son  habit  !  J'aurais  voulu  le  voir  au  diable, 
son  habit!  Mais  j'avais  beau  vouloir  n'y  plus  penser —  il  me 
pesait  aux  épaules  comme  du  plomb,  son  habit! 

Je  fus  sur  le  point  de  l'ôter,  son  habit,  et  de  le  lui  jeter  au 
nez  en  lui  disant  :  —  «  Tiens,  le  voilà  ton  habit  ;  je  n'y  tiens  pas 
plus  que  toi,  à  cet  habit!  »  Mais  ça  aurait  fait  du  scandale,  et 
j'ai  horreur  du  scandale. 

Malgré  ça,  je  sentais  qu'il  ne  me  faudrait  pas  grand  chose  pour 
éclater...  Ah!  canaille  de  Bidoche  ! 


RI-GRI-3VOËL. 


A   la  mairie  et   à   l'église,  tout  se  passe  bian.  Mais,  au  dîner, 

Bidoche  revint  à  la  charge.  Au  moment  du  gigot,  il  s'éeria  :  — 

t-il  l'air  empaillé  tout  de  même,  cet  animal  d'Athanase  !  » 

—  :  je  reçus  dans  le  dos  tout   le  contenu  d'une   saucière  qu'il 
renversa  tranquillement   en  disant  :   —  «  Tu  vois  bien   qm 
tiens  pas.  à  cet  habit  !  Seras-tn  convaincu,  à  présent?  » 

...  —  "  El  vous  éclatâtes?  //  allez-vous  me  dire....  Pas  du 
tout.  J'étais  mort.  Je  restai  stupide,  voilà  t  >ut.  pendant  que 
toute  La  noce  se  pâmait  et  que.  en  bras  de  chemise,  j'attendais  le 

ir  du  malheureux  sifflet  qu»  ma  demoiselle  d'honneur  était 
allée  arroger  de  benzine. 

I  étais  résigné  désormais.  Mettez-vous  donc  un  peu  à  ma  place! 

\  dix  heures,  on  commença  les  danses.  Je  me  mis  dans  un 
coin:  je  sentais  trop  la  ben/ine.  Mais  au  moment  où  le  piano 
préludait  pour  un  lancier.  Bidoche  accourut  :  —  «  Tu  vas  me 
faire  vis-à-vis.  t'es  premier  garçon  d'honneur,. voyons,  Athanasc! 
un  peu  plus  d'énergie  que  cela,  mon  vieux  !  bais  donc  comme 
si  t'étais  dans  tes  nipes  !  »  —  Je  me  laissai  entraîner.  Jusqu'à  la 
troisième  figure,  tout  alla  bien;  mais  à  la  troisième,  voilà 
Bidoche  qui  me  rattrape//  —  «  Athanase  !  tu  m'embêtes  à  la  fin! 

—  Félicien...  —  XV  a  pas  de  Félicien  !  y  a  que  je  t'ai  prêté  un 
habit  et  que  c'est  pas  une  raison  pour  avoir  l'air  moule  comme 

..  Dites  donc,  hé  !  vous  autres,  ne  croirait-on  pas  qu'il  porte 
une  relique  ?...  Une  relique!...  Ah!  malheur!...  une  relique... 
çal  „  —  H  m'avait  pris  par  derrière  et  il  tirait,  il  tirait...  Ah  ! 
mesdames,  quelle  angoisse! 

J'essavais  de  protester  :  —  «  Mais,  Félicien,  de  grâce  !  —  Non, 
pas  de  grâce  !  En  voilà  assez  !...  Je  t'ai  dit  que  j'y  tiens  pas  à  cet 
habit.  Tu  n'as  pas  voulu  me  croire.  Eh  bien...  voilà  !!!...  // 

II  avait  tiré  plus  fort...  Oui,  mesdames,  oui  !...  et  je  m'étais 
senti  dégagé  tout  à  coup. 

Je  n'avais  plus  qu'à  me  sauver  —  ce  que  je  fis,  sous  une  bordée 
de  rires,  honteux  comme  le  renard  de  la  fable, 

Par  grand  hasard  m'étant  échappé, 
Mais  pas  franc,  car  pour  gage... 

Oui...  j'y  laissai... 

Bidoche  est  venu  me  faire  des  excuses... 

Je  les  ai  acceptées. 

Le  Gérant  :  René  GODFBOY. 


POUR  PARAITRE  PROCHAINEMENT  : 

Petit  Mari,  monologue  envers,  pour  jeune  fille,  par  M.  Albert 

HANT. 

MM.  les  Libraires  de  province  et  âe  fêtranger  qui  ont  reçu 
■     i  du  Cri-Cri.  sont  instamment  priés   d'en    adresser 
lr  >?mntant  à  M.  Godfroy.  imprimerie  du  Cri-Cri.  62,  rue  T/iiers, 
au  H  aire. 


Imprimerie  E.  GODFBOY,  6t,   Hue  Thiers,   Le  Havre. 


Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


ALBERT  TINCHANT 


PETIT  MARI 


Monologue  en  Vers 

DIT    PAR 


Mlle  Jeanne  c6hambly,  du  "Théâtre  de  la  Porte-St- Martin 


PARIS 

Librairie  SICHLER,  8.   Rue   du   Croissant 

Et  che^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   12 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


PETIT  MARI 


.1  Mlle  Jeanne  Chambly. 

On  m'a  présenté  Jack  dans  un  bal.  La  coutume 
Cherche  de  tels  endroits  pour  ces  solennités. 
Dans  ce  bombardement  de  prétendus  gantés, 
On  ne  choisit  pas  l'homme  :  on  épouse  un  costume. 

Pourquoi  régler  ainsi  comme  des  remontoirs 
Des  âmes  de  seize  ans  aux  folles  espérances  ? 
On  vous  a  fiancée  avant  les  contredanses, 
Vous  n'avez  qu'à  choisir  entre  des  habits  noirs. 

Pourtant,  s'il  est  au  monde  une  chose  légère, 
Délicate,  et  qui  veuille  un  soin  particulier, 
N'est-ce  pas  notre  cœur  tout  près  de  s'effeuiller 
Quand  d'enfant  l'on  devient  femme,  ou  d'épouse  mère  ? 

J'en  avais  tant  subi  de  fades  compliments 
Que  j'étais  contre  lui  d'avance  indisposée. 
Bertrie  et  moi  nous  jasions,  raillant,  à  la  croisée, 
Tous  ces  maris  frisés  protégés  des  mamans. 

On  n'a  pas  dix-huit  ans.  sur  sa  lèvre  fleurie 

ourire  d'enfant  qui  brave  l'avenir, 
Sans  qu'un  essaim  de  fous  s'empressent  de  venir 
Pendre  leur  silhouette  à  votre  galerie. 

Le  choix  de  mes  parents  s'était  porté  d'abord 
Sur  un  jeune  avocat  frais  sorti  des  écoles. 
C'était  moins  un  futur  qu'un  moulin  à  paroles, 
Sceptique  insuffisant  qu'on  disait  esprit  fort. 

Puis,  ce  fut  mon  cousin.  On  a  toujours  la  rage 
De  bâtir  des  romans  sur  cette  parenté  ; 
Quoique  Scribe  en  ait  dit.  je  n'ai  jamais  été 
De  celles  que  ce  titre  autorise  au  flirtage. 

Nous  avions  bien  grandi  cote  à  côte.  Longtemps 
Nos  jeux  furent  communs;  commune  la  tristesse. 
Mais  ce  n'était  pas  lui  dont  la  longue  tendresse 
Pouvait  faire  en  mon  âme  éclore  le  printemps. 


Je  n'ai  jamais  compris  qu'une  amitié  si  vraie, 
Si  grave  qu'elle  soit,  se  transforme  en  amour. 
Celle-là  veut  des  ans,  celui-ci  naît  d'un  jour. 
Et  la  première  attire  autant  que  l'autre  effraie. 

Donc  il  resta  l'ami  d'enfance,  et  l'est  encor. 
Il  eut  pour  successeur  un  brillant  militaire, 
Fort  aimable,  joli  garçon.  Pourquoi  le  taire? 
Je  m'enthousiasmai  des  épaulettes  d'or. 

J'osai  lui  témoigner  certaines  bienveillances 
Qui  le  flattèrent  fort.  La  cour  marchait  bon  train  ; 
La  demande  était  faite,  et  j'allais  sans  chagrin 
D'un  mot  légitimer  ses  chères  espérances, 

Lorsqu'un  jour  revenant  de  promener  au  bois, 
Au  seuil  d'un  grand  café,  je  l'aperçus  presque  ivre. 
Un  semblable  parti  ne  se  pouvait  poursuivre. 
Entre  nous,  j'en  pleurai  bien  fort  durant  un  mois. 

Mais  l'amour  qui  sait  tout,  hormis  ce  qu'il  devine, 
Conduisit  Jack  vers  moi  quand,  lasse  d'espérer, 
Amoureuse  d'un  vague  idéal  désiré, 
J'allais  offrir  mes  vœux  à  sainte  Catherine. 

Il  n'était  pas  beaucoup  mieux  qu'un  autre.  Très  blond, 
Un  regard  de  rêveur  à  la  fois  tendre  et  ferme. 
A  ma  vue,  il  resta  muet  comme  un  dieu  terme 
Et  les  yeux  attachés  au  tapis  du  salon. 

Berthe  le  trouva  sot  de  ne  savoir  que  dire. 
Il  perdait  contenance  à  nos  moindres  propos. 
Certes,  ce  n'était  pas  un  galant  bien  dispos, 
Et  pourtant  je  n'eus  pas  le  courage  d'en  rire. 

Car  quelque  chose  au  cœur  vaguement  m'étreignit. 
Je  demeurai  sans  voix  comme  sortant  d'un  rêve, 
Craignant  et  souhaitant  que  l'entretien  s'achève  : 
A  vous  le  confesser,  plus  confuse  que  lui. 

Il  entendit  mon  trouble  et  me  le  fit  comprendre. 
Sa  voix  avait  chanté  dans  mes  songes  souvent. 
Un  doux  organe  frais  comme  un  baiser  du  vent 
Aux  buissons,  par  un  soir  de  printemps  pur  et  tendre. 

Tout  en  lui  m'agréa.  Mes  vœux  étaient  les  siens. 
Car  l'âme  a  pour  la  femme  une  seconde  vue. 
Je  l'adorais  après  la  première  entrevue, 
L'ayant  aimé  déjà  dans  mes  rêves  anciens. 

Or,  il  est  mon  petit  mari.  Faut-il  vous  dire 
Qu'il  s'est  bien  enhardi  depuis  le  premier  jour? 
Et  non  que  je  m'en  plaigne,  il  se  montre  en  amour 
Moins  timide  parfois  que  je  ne  le  désire. 


^^{B^ûâ^^° 


ALBERT  TINCHANT.  ii  qui  le  Ministre  de  l'Instruction  Publique 

a  accordé  dernièrement  les  palmes  d'Académie,  esl  un  poëte  de  La 

bonne  école  qui  a  surtout  l'horreur  des  pessimistes,  déliquescents 

el  décadents,qui  tourmentent  avec  tant  d'acharnemenl  notre  langue 

lise. 

Secrétaire  du  Chat  Noir,  aimable  accompagnateur  de  tous  les 
chanteurs  de  bonne  volonté,  Tinchani  esl  l'âme  de  ce  joyeux  cabaret 
de  Montmartre,  célèbre  dans  Le  monde  entier. 

Deux  volumes  publiés  à  un  an  de  distance  :  Les  Sérénités  et  Les 
Fautes,  illustrés  par  les  meilleurs  artistes,  afflrmenl  Le  talent  de 
notre  ami  et  collaborateur. 


1,10   CHAT    NOIR 

Arrivé  à  sa  septième  année,  ce  journal  n'a  cessé  d'être  un  long 
éclat  de  rire.  Le  gentilhomme  Salis  de  Ohatnoirville-en-Vexin,  qui 

le  délivre  pour  la  modique  somme  de  <  3  sols  parisis  »,  a  su,  dès  le 
commencement,  grouper  autour  de  lui  tous  les  jeunes  talents  de  la 
plume,  du  pinceau  et  du  «rayon.  Longue  serait  la  liste  île  ceux  qui, 
de  là.  prenant  leur  essor,  sont  maintenant  les  premiers  dans  la 
République  des  Belles-Lettres.  Le  Chat  Noir  a  fait  école  comme  les 
Naturalistes  et  les  l lécadents,  mais  avec  beaucoup  plus  de  gaieté  et 
de  bonne  humeur. 

Alphonse  Allais,  Le  joyeux,  conteur  de  la  première  page,  le  poète 
Albert Tinchan t.  le  blond  Georges  Auriol,  Mac-Nab,  Mèusy,  Rameau, 
Lebeau,  Fanfare.  Masson,  Jouy,  et  tant  d'autres,  y  écrivent  tour  à 
tour. 

Steinlen,  Gorguet,  Fau,  Galice,  Robida,  Rivière,  Doës,  Godefroy, 
Somm,  etc.,  y  prodiguent  leur  esprit  en  d'amusants  croquis,  qui 
suffiraient  à  assurer  le  succès  de  ce  journal  unique  en  ce  genre. 

En  préparation  :  CRI-CRI-NOËL 

Le  Gérant  :  René  GODFROY. 

Principaux  Dépositaires  du  CRI-CRI    2,0<  liste)  : 

PARIS. —  Librairie  du  Conservatoire,  25,  faubourg  Poissonnière. 

BREST. —  Librairie  Frey,  52,  rue  de  Siam. 

CETTE. —  Librairie  Kelin,  -1,  rue  Nationale. 

BOURGES.  —  Librairie  Clermontel,  12,  rue  de  Paradis. 

MARSEILLE.  —  Librairie  Blancart,  17,  rue  Paradis. 

LIMOGES. —  Librairie  Veuve  Barny,  1,  place  Daupbine. 

AVIGNON. —  Librairie  Roumanille. 

NICE. —  Librairie  Visconti  &  C,B. 

LONS-LE-SAULNIER. —  Librairie  Bertrand-Rabus. 

DIEPPE. —  Librairie  H u guet,  14,  Grande-Rue. 

FECAMP. —  Librairie  Hanse  tils,  rue  Alexandre-Legros. 

Demander  chez  tous  les  Dépositaires  du  CRI-CRI  : 

La  Pi  "titre,  monologue  réaliste,  par  Sock.  —  Prix  :  1  franc. 
Depot  général  :  Librairie  Sichler,  8,  rue  du  Croissant,  Paris. 

IM.    les  Libraire:  ince  et  de  l'étranger  qui  ont   t 

i  t///  Cri-Cri.  sont  instamment  priés  d'en   adr 
xontantà  M.Godfroy,  imprimerie  du  Cri-Cri,  6a}  rue  Th, 

au  / 


Imprim'-rif;  GODFROY,  62,  Bue  Thiers,  Le  Havre. 


Tous  tes  Samedis 


°S^         DIX  Centimes 


ALBERT   BOUFFLET 


LE  DUEL  A  MASTAGNA 


Monologue  en  Vers 


51/.    31.    'Benoit,  du  théâtre  du  cPalais-(îioyal 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8.    Rue   du   Croissant 

Et  che%  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   13 


TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


LE 


DUEL  A  MASTAGNA 


A   mon  ami  Gaston  Duvereî, 

Je  vas  ichi  vous  raconta 

Le  fameux  tour  qui  m'arriva 

Le  mois  dernier  à  la  Scala, 

Tour  que,  jamais,  je  n'oubliera! 

Donc,  un  choir,  après  mon  dîna, 

—  «  Bougra  !  —  que  je  me  dis  comirT  cha  — 

Mastagna,  il  faut  t'en  alla 

Dans  un  conchert  pour  t'amuja  !  » 

La  Scala  étant  acouchta, 

D'instinct  je  me  préchipita 

Dans  chet  établichement-là, 

Pour  entendre  Paulus  chanta. 

A  l'orchestre  je  m'inchtalla, 

Mais  avant  de  m'acheoir,  Bougra! 

Je  chentis  que  je  m'accrocha 

Quelque  part  !  Bougri  de  Fouchtra  ! 

Auchi  je  fus  très  étonna 

De  voir  schur  ma  vechte,  Bougra  ! 

La  crinière  d'un  pauvre  gas 

Suspendue  à  mon  boutonnia  ! 

Ch'était,  Bougri  !  la  perruquia 

Que  mon  bouton  avait  chipa 

Schur  la  tète  d'un  garchonnia 

Achis  devant  moi,  chalopia  !... 

J'étais,  ma  foi.  très  embêta 

De  che  drôle  d'acchident-là, 

Et  tout  douchement,  j'essaya 

Le  postiche  de  décrocha. 

Tandis  que  je  détortilla 

Mon  bouton,  j'entendis,  Fouchtra  ! 

Tout  le  monde  qui  che  moqua 

Fn  regardant...  le  dépluma  !... 


lESxx    préparation 


Enfin  bientôt  tout  ch'arrangea, 
La  tignache  fut  démêla, 
Au  monchieu  je  la  redonna... 
(Étonné)  Il  la  prit  chans  me  remerchia  !... 
Honteux,  che  muffla  s'echquiva, 
Le  chilence  alors  régna, 
Et  tout  le  monde  s'echtachia 
Devant  Paulus  qui...  grimacha  ! 
Content  de  moi,  je  me  coucha, 
Mais  le  lendemain,  chalopia, 
Les  témoins  de  mon...  galapia 
Vinrent  pour  chercher  Mastagna  ! 
—  «  Ch'est  moi  !  que  je  fis  comme  cha, 
Qu'est-che  que  vous  me  désira  ?  » 
L'un  d'eux  auchitôt  m'eschpliqua 
Que  d'un  grand  duel  il  s'agicha... 
Un  duel  entre...  moi,  Mastagna, 
Et  le  bon  monchieu  dépluma 
Que  la  veille,  au  choir,  j'ava 
Fort  innochemment  décoiffa  !  !  ! 
Je  me  dis  :  «  Avant  d'acchepta, 
Mastagna,  tu  vas  conchulta 
Tous  tes  amis  les  Auvergnats, 
Pour  savoir...  s'il  faut  refuja  !  » 
On  m'affirma  que  je  deva, 
Chans  même  chourchiller,  acchepta 
Le  duel  que  l'on  me  déclara  !... 
Ah!  cha  n'était  pas  gai  !...  Bougra  !... 
Deux  jours  après  je  m'aligna, 
Auchi  pimpant  qu'un  magichtrat, 
Car  pour  lors,  j'avais  endocha 
Ma  vechte  neuve  !  chalopia  ! 
Celle  que  mon  coujin  me  donna 
Il  y  a...  vingt-chinq  ans  de  cha, 
Le  jour  de  ma  noche,  Bougra  ! 
Dedans  j'eus  du  mal  à  entra. 
Chur  le  terrain,  moi,  Mastagna, 
Je  ne  bougea,  ni  ne  trembla, 
Mais  chur  plache...  je  ramacha 
De  la  chueur,  sans  me  remua  ! 
Pour  me  battre,  j'avais,  Fouchtra  ! 
Oté  ma  vechte,  chalopia  ! 
Craignant  de  la  voir  déchira 
Chi,  par  malheur,  j'étais  percha  ! 
Puis,  ensuite,  on  nous  préjenta 
Des  épées...  longues  comme  cha  ! 
A  combattre  je  m'apprêta... 


E*  ï-GRI-]VOEL 


Jamais  je  n'eus  si  chaud  que  cha  !  (il  s'éponge) 
Choudain,  le  muffla  me  cria  : 

—  «  L'un  de  nous,  monchieu,  doit  resta 
Chur  le  terrain  où  nous  voilà  I  ^ 

Et  du  regard  il  me  toija  '.... 
Mou  echprit  alors  ch'eclaira  ; 
Vite,  ma  vechte  je  rendocha, 
Et  après,  m'étant  avancha, 
lui  ehes  tenues  je  m'eschpliqua  : 

—  «  Monchieu  !  fis-je  au  galapia, 
Puisqu'ainchi  vous  Le  déjira, 
Chur  le  terrain,  vous,  reehtera, 
Moi.  je  vous  chaîne,  et  m'en  va  !... 
A  totites  jambes  je  m'eiit'uva. 
Laichant  l'autre  tout  épata. 

Voilà  comment  clic  termina 

Mon  duel  avec  le  dépluma!...  (Fausse  sortie) 

Ai  !  permette/  que  Mastagna, 

Avant  d'quitter  la  compagna. 

Vous  avoue  che  qu'il  fit,  Bougra  ! 

Pour  plus  chipa  de  perruquia  : 

Eh  !  bé  !  depuis  son  duel,  Fouchtra  ! 

Les  boutonnias  il  chupprima  ; 

Il  ne  che  battit  plus  jama... 

Et  longtemps  encore  il  vivra  ! 

Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  : 

Fr.  5  par  an  pour  la  France 
»    8  »  les  Pays  de  l'Union  postale. 


Adresser  toutes  communications  concernant  ta  rédaction 
à  M.  Louis  A  H  QU  ET  IL,  7,  Rue  d'Ar  maillé,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 

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MM.  les  Libraires  Je  province  et  de  Vâtranger  qui  ont  reçu 
d'office  le  N°  i  du  Cri-Cri,  sont  instamment  pries  d'en  adresser 
le  montant  à  M.  Godfroy,  imprimerie  du  Cri-Cri,  62,  rue  Thiers, 
au  Havre. 

Imprimerie  GODFROY,  82,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


%r.  Tous  les  Samedis 


^         DIX  Centimes 


GEO  DENIS-JEAN 


IDYLLE  PARISIENNE 


Monologue  en  Vers 


3l.    ^élix   GrALlPAUX,  du  ^Théâtre  du   ^alais-Tioyal 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8;   Rue  du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   14 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


^^&^&£^^i 


IDYLLE   PARISIENNE 


.1   Félix  Galipaux. 

Après  la  valse,  en  vous  disant 
Je  ne  sais  plus  quelle  fadaise, 
Je  vous  trouvai  l'air  séduisant 
El  nie  sentis  tout  rempli  d'aise. 
Vers  minuit,  m'étant  enhardi, 
En  vous  quittant  je  vous  ai  dit  : 
«  Demain,  soyez  à  la  fenêtre...  ?  » 

Vous  m'avez  répondu  :  «  Peut-être.  » 

Et,  ce  demain-là,  palpitant, 

Je  suis  allé  dans  votre  rue  ; 

J'y  lis,  pendant  un  bon  instant, 

Pour  vos  beaux  yeux  le  pied  de  grue. 

—  Avant  qu'on  levât  le  rideau, 

J'eus  le  temps  d'écrire  un  rondeau  !  — 

Je  demandai  :  «  Vous  reverrai-je  ?...  » 

Vous  m'avez  répondu  :  «  Que  sais-je  ?. . .   » 

Mais,  je  revins  le  lendemain, 

(Je  m'entête  quand  je  m'entiche  !  ) 

Et  j'attendis  —  c'est  inhumain  !  — 

Le  temps  d'écrire  un  acrostiche  ! 

Alors,  je  me  suis  décidé  : 

J'ai  frappé,  puis  j'ai  demandé  : 

"  Ne  viendrez-vous  pas  sur  la  route?  » 

Vous  m'avez  répondu  :  «  J'en  doute...  » 

Ah  !  d'honneur!  vous  m'intéressiez  ! 
Peut-être. . .  Que  sais-je  ?. . .  J'en  doute. . . 
Ainsi,  dans  mon  cœur  vous  versiez 
Du  scepticisme  —  goutte  à  goutte. 
Or,  usant  d'un  beau  style,  un  jour, 
Je  vous  dis  :  "  Quand,  ma  chère  amour, 
//  A  vos  rigueurs  ferez-vous  trêve  ?. . .  » 
Vous  m'avez  répondu  :  «  J'y  rêve...  * 


Pour  le  coup,  c'était  excessif  ; 

Et,  remâchant  cette  réponse. 

Je  m'en  retournai,  tout  pensif, 

Songeant  à  part  moi  :  «  J'y  renonce  !  » 

Je  repassai  pourtant,  le  soir, 

Et  vous  dis  :  «  Allez  vous  asseoir  ! 

Je  suis  las  de  votre  système  !   » 

Vous  m'avez  répondu  :  «  Je  t'aime  ! . . .  » 

Très  justement  abasourdi 

Par  cette  brusque  volte-face, 

Tout  haletant,  je  vous  ai  dit  : 

«  Voyons,  que  faut-il  que  je  fasse 

«  Pour  vous  montrer  combien  mon  cœur 

«  Subit  votre  charme  vainqueur  ? 

«  Parlez  !  que  voulez-vous,  Thérèse  ?. . .  » 

Vous  m'avez  répondu  :  «  D'ia  braise  !  » 


MAURICE  DE  SAVOIE 


LE  TÉLÉPHONE 


Vous  croyez  que  c'est  un  progrès,  le  téléphone  :  Il  est  joli 
le  progrès.  Figurez-vous  que  l'autre  jour,  pendant  que  je  me 
rasais...  je  me  rase  moi-même;  depuis  l'histoire  de  ce  per- 
ruquier assassin,  vous  savez,  qui  avait  découpé  sa  femme  avec 
le  rasoir  d'un  client  :  ce  malheureux  homme,  dans  un  excès  de 
prudence  bien  excusable  par  le  temps  qui  court,  avait  fait  graver 
son  nom  sur  la  lame  :  Vous  voyez  l'histoire  d'ici  :  on  arrête  le 
client,  et  après  les  formalités  d'usage,  c'est-à-dire  la  prévention, 
l'instruction,  le  jugement  et  tout  le  bazar,  on  lui  fait  sa  petite 
affaire,  et  on  vend  le  rasoir  à  un  amateur,  pour  six  sous.  Moi  je 
suis  d'humeur  très  douce,  je  n'aime  pas  à  verser  le  sang:  le  mien 
surtout  :  alors  quand  j'ai  vu  cela,  je  me  suis  rasé  moi-même. 
Voyons,  franchement,  peut-on  m'en  vouloir? 

J'étais  donc  en  train  de  me  raser;  j'avais  le  visage  cou- 
vert de  mousse  parfumée,  lorsque  la  sonnette  du  téléphone  me 
fit  sursauter  —  car  j'ai  le  téléphone,  chez  moi,  depuis  huit  jours... 
Une  surprise  de  mon  propriétaire  —  je  me  précipite  sur  les  acous- 
tiques ;  une  voix  de  polichinelle  me  crie  (nasillant)  «Madame 
Follemèche,  s'il  vous  plait..»  Bah  !  ma  femme  :  qu'est  qu'on  peut 
lui  vouloir?  Madame  Follemèche,  c'est  bien  ma  femme,  puisque 


je  suis  Monsieur  Follemèche  .  .  Onuphre  Follemèche..  pour 
vous  servir,  s.i/iunt  Naturellement,  je  réponds  «voilà»  :  Cela 
n'avait  pas  d'inconvénient,  ma  femme  et  moi,  nous  avons  la  mê- 
me voix.  Mon  interlocuteur  reprend  (nasillant)  :  Madame,  si 
vous-voulez  accepter  un  coeur  qui  brûle  pour  vous  d'une  flamme 
irante,  lâchez  votre  imbécile  de  mari  (s* interrompant)  Oui  ! 
je  me  suis  laissé  dire  cela  '....  nasillant)  lâchez  votre  imbécile 
de  mari  et  partagez  mes  cinquante  mille  francs  de  rente.  Rendez- 
vous  ce  soir  au  Palais  Royal,  galerie  d'Orléans,  a  sept  heures 
moins  le  quart  :  j'aurai  des  lunettes  bleues  et  un  béret  d'Ecossais. 

Je  donne  un  coup  de  poing  dans  L'appareil,  je  m'habille, 
il  était  six  heures  et  demie)  et  je  vole  au  Palais  Royal  en  me 
disant  :  «  mais  il  me  semble  que  je  connais  cette  voix  là.  » 

Enfin  j'arrive  :  Du  premier  coup  d'oeil,  je  découvre  le  bé- 
ret écossais  et  les  lunettes  bleues.  Ali  !  mes  amis!  quel  coup  dans 
l'estomac  !  C'était  mon  propriétaire. 

Aussi,  je  vous  quitte,  car  je  suis  horriblement  pressé  pour 
le  moment...  je  déménage. 

Le  Gérant  :  Renk  GODFROY. 


Lond 

Française  .1.  1 

apton  St..  Soho 
(  .'oventry  Street.  W. 
Charlotte  Street,  fh/.roy  square 
fichborne  Street. 


rande   Lihrai: 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  : 

Fr.  5  par  an  pour  la  France. 
/»    8  »  les  Pays  de  l'Union  postale. 


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à  M.  Louis  A  H  QU ET  IL,  7,  Rue  d' A  r  maillé,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 


CRI-CRI-HOÈL ,  qui  paraîtra  le  15  Décembre,  contiendra 
DIX  Monologues  inédits  de  nos  meilleurs  auteurs. 

Le  prix  de  ce  Numéro  exceptionnel,  auquel  tous  nos  abon- 
nés auront  droit,  sera  de  Vingt-Cinq  centimes 

MM.  les  Libraires  sont  priés  d'adresser  immédiatement  leurs 
commandes  à  M.  SICHLER,  8,  rue  du  Croissant,  Paris. 


'.i braira  t  ranger  qui  ont 

1  du  Cri-Cri,  sont  instamment  pries  d'en   adre 
■t  à  M.Godfroy,  imprimerie  du  Cri-Cri,  62.  rue  TJll 


Imprimerie  GODFROY,  62,  Rue  Thiers,  Le  Havre 


■%  TSa  T& 


Tous  les  Samedis 


^ô*  DIX  Centimes 


H.   TREVEN 


VENTRE  LES  TROIS 


Monologue  en  Vers 


^Mademoiselle    TtoLLY,    du    Ihéâtre    ^Dèjazefa 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8.   Rue  du   Croissant 

Et  che%  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   16 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


ENTRE  LES  TROIS 


Je  suis  on  ne  peut  plus  perplexe, 
Il  me  faut  choisir  un  mari , 
C'est  l'usage  dans  notre  sexe 
Quand  dix-huit  printemps  l'ont  fleuri. 

Mes  parents  m'ont  dit  :  ma  mignonne, 
Nous  songeons  à  te  marier, 
Nous  ne  t'imposerons  personne  ; 
Choisis,  sans  te  faire  prier. 

Choisir!  Cela  paraît  commode, 
Mais  on  ne  prend  pas  un  époux 
Comme  le  costume  à  la  mode 
Pour  en  changer  suivant  ses  goûts. 

Va  mari  !  (Test  que  cela  dure 

Autant  et  plus  que  vous  parfois. 

On  n'en  use,  la  chose  est  sûre 

Souvent  qu'un  seul,  au  plus  deux...  trois. 

Voyons,  si  d'abord,  pour  bien  faire, 
Ce  moyen  me  paraît  très-sûr 
Je  parcourais  toute  la  terre 
Pour  trouver  mon  futur...  futur 

Mais  ce  moyen  que  nie  conseille 
Mon  cerveau  semble  par  trop  fou, 
Ce  sera  long:  je  serai  vieille 
Quand  j'aurai  fureté  partout. 

Non,  laissons  la  le  grand  voyage 
Et  ne  prenons  pas  tant  de  soin  ; 
Je  ne  voudrais  pas  d'un  sauvage, 
Alors  pourquoi  chercher  si  loin. 

Pas  de  nègre,  pas  de  peau-rouge, 
D'Esquimau  ni  de  Japonais. 
Est-il  utile  que  je  bon. 

les  autres  je  les  connais. 


Ils  se  divisent  en  trois  classes 
Suivant  leurs  cheveux  ou  leurs  teints, 
Les  blonds,  blonds  dorés,  blonds  filasses, 
Puis  les  bruns,  enfin  les  châtains. 

Il  est  bien  d'autres  différences, 
Je  le  sais,  des  petits,  des  grands... 
Ce  ne  sont  là  que  des  nuances, 
Mais  j'y  songe,  chez  mes  parents, 

Fort  bien  reçus  dans  la  famille, 
Trois  jeunes  gens,  châtain,  brun,  blond 
Viennent  et  me  trouvent  gentille. 
Le  voyage  sera  moins  long 

Puisque,  sans  sortir  de  ma  sphère, 
J'ai  là,  résumé  sous  ma  main, 
Dans  trois  types  cherchant  à  plaire 
Tous  les  maris  du  genre  humain. 

Le  blond  est  très-bien,  sa  moustache 
A  des  reflets  d'or,  ses  yeux  bleus 
Ont  un  doux  regard  qui  s'attache 
Sur  le  mien  d'un  air  langoureux. 

Le  brun  est  aussi  fort  bel  homme, 
Le  teint  chaud,  l'oeil  étincelant. 
Je  suis  très-indécise  en  somme, 
Et  puis  ce  brun  est  très-galant. 

Quant  au  troisième,  j'imagine 
Que  vous  êtes  de  mon  avis. 
Le  châtain  n'a  pas  grande  mine, 
C'est  un  type  trop  indécis. 

Donc,  laissons  le  châtain,  c'est  une 
Difficulté  de  moins  sur  trois. 
Blond  et  brun  ont  de  la  fortune 
Et  sur  ma  main  les  mêmes  droits.... 

Et  le  voilà  qui  recommence 
Mon  embarras  familier. 
Le  blond  dit  si  bien  la  romance, 
Le  brun  a  l'air  si  cavalier. 

Cherchons...  le  divorce  qu'on  prône 
Peut  me  les  donner  tous  les  deux, 
Après  le  noir  j'aurai  le  jaune.... 
Non,  divorcer  est  hasardeux  ! 


Oh  '.  quelle  idée  extravagante^ 
Oui.  c'est  lui  l'idéal  rê\  <.-. 
Plus  d'hésitation  gênante, 
Enfin  '.  enfin  '.  je  l'ai  trouvé. 

\\>ib  vous  demandez  :  lequel  est-ce  ? 
Mais  e'esl  tout  simplement,  messieurs, 
l.e  châtain  que  mon  choix  délaisse 
Et  qui  trouve  grâce  à  mes  yeux. 

Car  le  châtain  passe,  mesdames. 
Au  grand  soleil  presque  pour  blond  ; 
Le  soir  son  œil  s'emplit  de  Qammes 
Et  sous  le  lustre  du  salon 

Au  brun  fortement  il  ressemble, 
Puis,  il  est  timide  en  son  feu  ; 
Va  c'est  gentil,  que  vous  en  semble  ? 
Un  homme  qui  rougit  un  peu. 

Je  le  choisis  donc,  de  la  sorte 
Mon  bonheur  sera  des  plus  grands, 
Puisque  celui  qui  me  l'apporte 
Vaut  à  lui  seul  trois  prétendants. 


Le  Gérant  :  René  GODFROY 


Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
à  M.  Louis  ANQUETIL,  7,  Rue  d' A  r  maillé,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 

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d'office  le  N°  i  du  Cri-Cri,  sont  instamment  priés  d'en  adresser 
le  montant  à  M.  Godfroy,  imprimerie  du  Cri-Cri,  62,  rue  Thiers, 
au  Havre. 

PRIME    DU    "  CRI-CRI  " 

t  .a     Forêt    de    Fontainebleau. 

12  Splenrlides  Photo-Gravures 
(Reproductions    des    fusains   d'Allong 
Renfermées  dans  un  car/",/,  avec  titre  doré 
Valeur  réelle  fr.  50 

Fran  itre  mandat-poste  de  fr.  30  adressé  à  M.  Godfroy, 

imprimerie  «lu  CrvA  ri.  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 

Imprimerie  GODFROY,  62,  Rue  Thiers,  Le  Havre 


-&&& 


Tous  les  Samedis 


1^  DIX  Centimes 


ALBERT    TINCHANT 


LE  LIMIER  DES  FAMILLES 

Monologue  en  Vers 

DIT    PAR 

cflf.    cCoqufll\  ^adetj   de  la   côomédie   française 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8.   Rue  du   Croissant 

Et  che^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   17 


TOUS   DROITS   RESERVES. 


LE  LIMIER  DES  FAMILLES 


Un  boudoir.—  Au  milieu,  une  table,  des  fleura  el  dea  livres. 
Sur  la  droite,  an  cbiflbnuier  d'ébène. 

IN    JEUN]     HOMME 

Vous  ne  devinez  pas  pourquoi  je  suis  ici  ?  — 

Bien  simple  !  —  Et  tout  d'abord  veuillez  noter  ceci  : 

Quelques  détails  sur  moi  pour  lier  connaissance. 

J'ai  vingt  ans...  un  physique  avantageux...  je  pense, 

Et.  comme  feu  papa,  l'horreur  du  conjungo. 

Pour  le  moral,  je  suis  fils  de  ma  mère.  Ergo, 

D'un  caractère  assez  léger.  Dans  ma  jeunesse, 

Je  n'ai  guère  connu  l'attrait  d'une  caresse. 

>l..n  doux  auteur  changeait  de  femmes,  tous  les  mois 

i  j'eus  des  mamans  à  revendre;  et  je  crois 
Qu'aucune  d'elles  n'a  droit  à  ma  gratitude. 
De  bonne  heure,  j'appris  à  détester  l'étude, 
Et  j'ai  fait  dans  le  monde  un  peu  chaque  métier  : 
Employé  de  commerce,  apprenti  charcutier, 
Bureaucrate,  soldat,  dramaturge  en  disgrâce, 
Grand  comique,  trombone,  acteur.  —  Je  vous  fais  grâce 
De  cent  autres  emplois  où  le  sort  m'a  jeté. 
Et  j'échouais  toujours...  Mais  je  suis  entêté. 
Je  rêvais  la  fortune  immense,  —  le  Champagne, 
Soupers  fins  chez  Brébant,  chalet  à  la  campagne,  — 
Ces  mille  petits  riens  qui  coûtent  plus  qu'un  tout,  — 
L'argent  dans  les  tiroirs  et  le  crédit  partout,  — 
Et  de  me  voir  régner,  sans  péril  et  sans  risques, 
Sur  un  sérail  choisi  de  jeunes  odalisques. 
Tricoche  et  Cacolet  m'ont  dessillé  les  veux. 

J'ai  compris  qu'un  garçon,  flâneur,  insidieux, 

Pouvait,  comme  eux,  prétendre  à  des  rentes  gentilles. 

C'est  pourquoi  je  me  fis  le  limier  des  familles. 

Sur  sa  femme  un  mari  nourrit-il  un  soupçon  ? 

Le  limier  part  en  chasse,  et  flaire  la  maison 

Où  le  couple  adultère  abrite  son  nid  rose. 

Quelque  fils  de  maison,  pour  la  petite  Chose, 

Fait  des  dettes?  Je  rends  l'enfant  a  son  foyer. 

Un  semblable  service  est  toujours  bien  payé, 

Et  l'on  bénéficie,  en  outre,  du  mystère. 

Ici,  je  suis  venu  chercher  un  adultère. 

Une  drôle  d'histoire.  Hier  soir,  j'étais  chez  moi, 
Soupant  en  téte-à-téte  avec  Adèle.  Un  roi 


Ne  saurait  posséder  plus  charmante  maîtresse. 

Victime  d'un  époux  indigne  de  tendresse, 

Elle  s'est  dans  mes  bras  jetée  éperdument, 

Et  la  belle  jamais  ne  prendra  d'autre  amant. 

Donc  nous  jasions  d'amour,  effeuillant  des  caresses, 

Moi  couvrant  de  baisers  l'or  de  ses  blondes  tresses, 

Elle  pressant  ma  main  dans  les  siennes.  Soudain 

On  sonne.  J'hésitais  à  répondre.  Drelin  ! 

Drelin  !  Je  fais  sortir  ma  mignonne  effarée 

Et  j'ouvre...  Un  gros  monsieur  très  laid  fait  son  entrée. 

Il  me  dit  qu'on  le  trompe,  et  que  c'est  en  ces  lieux 

Que  sa  femme  a  donné  des  rendez-vous  nombreux. 

J'ai,  par  une  soubrette  habilement  séduite, 

Obtenu  ce  trousseau  de  clefs  ;  je  veux  de  suite 

Découvrir  quelque  preuve  à  produire  au  procès. 

Donc,  à  moins  d'un  hasard,  je  réponds  du  succès. 

Le  mari  s'absentant  rarement,  je  présume 
Que  le  couple  illicite  a  dû  prendre  la  plume  ; 
Et  des  lettres  d'amour  ne  s'égarent  jamais 
Que  pour  tomber  aux  mains  du  mari. 

Désormais 
Je  cesserai  d'écrire  à  ma  charmante  idole. 
L'écrit  reste,  tandis  que  le  discours  s'envole. 

(Il  ouvre  les  tiroirs  de  la  table.) 
Un  tiroir  vide...  Un  autre...  Un  autre...  Maladroit  ! 
Une  femme  n'a  pas  pour  cachette  un  endroit 
Où  le  premier  venu  puisse  atteindre  sans  peine. 
...  Et  pourtant...  M'y  voici...  Ce  chiffonnier  d'ébène 
A  des  airs  de  mystère  à  ne  pas  s'y  tromper. 
(Il  essaie  deux  ou  trois  clefs,  trouve  celle  du  meuble, 

l'ouvre,  et  en  retire  un  paquet.) 
Ah  !  ce  petit  paquet  si  bien  enveloppé 
Auquel  une  main  blanche  a  noué  ce  fil  rose, 
Ce  paquet  de  papiers  veut  dire  quelque  chose. 
Ma  foi  !  discrétion  sied  mal  à  mon  métier, 
Et  l'on  ne  gagne  rien  à  rester  à  moitié 
De  la  besogne.  —  Ouvrons.  —  La  vilaine  écriture  ! 

(Il  prend  une  lettre.) 
Déchiffrons  le  billet  pour  voir  si  d'aventure 
On  y  pourrait  trouver  des  détails  précieux. 

(Il  lit.) 
«  Madame,  c'est  un  fou,  —  car  c'est  un  amoureux,  — 
»  C'est  un  pauvre  insensé  qui  vous  écrit  ces  lignes  ! 
»  Vous  avez  dû  choisir,  parmi  d'autres  plus  dignes, 
»  Le  bienheureux  mortel  qui  trouble  votre  cœur  !  » 

(Posant  la  lettre.) 
Peste  !  Ce  n'est  pas  là  style  d'amant  vainqueur  ; 
Mais  bien  de  soupirant  à  son  premier  chapitre. 

(Il  prend  F  a  utre  lettre.) 
Voyons  l'autre. 
(Il  lit.) 

«  Ma  chère  Adèle...  » 

(S' interrompant.  ) 
Le  bélître  ! 
Est-ce  que?...  Mais  je  perds  la  tète...  Je  sais  bien 
Qu'Adèle  n'a  point  goût  à  me  tromper  en  rien. 


/.'  reprend  sa  lectnn 
'.:.  chère  Adèle,  au  jour  où  tu  daignas,  perfide! 
>/  Sur  mes  lèvres  en  feu  poser  t;i  bouche  avide, 
»  J'avais  cru  que  c'étail  pour  la  vie.  B1  déjà 
//  Je  n'ai  plus  que  ton  corps,  et  ton  âme  s'en  va 
»  Chercher  d'autres  amours.  Prends  garde]  » 

,  //  repose  la  lettre.  I 

L'écriture 
Brusque  comme  le  style.  On  touche  à  la  rupture. 
sont  là  documents  de  valeur...   Est-ce  tout? 
fouille  dans  le  metlblt  , 
Qu'aperçois-je ?  Un  album  à  portraits! 

//  /«•  prend. 

Pour  le  coup, 
Je  crois  que  le  hasard  m'est  propice. 

//  regarde  un  portrait,  lit  au  do 

"  A  ma  chère  i 

Idole! 

Il  examine.  J 

Un  officier.  —  Pas  mal  !  mine  guerrière. 
//  regarde  un  deuxième  portrait.) 
Numéro  deux!   l'n  jeune  imberbe  au  front  rêveur, 
Parfume  de  jeunesse,  et  le  printemps  au  cœur. 

regarde  un  troisième  portrait.) 
Numéro  trois!!!  l'n  vieux. —  Quelque  banquier  tout  chauve. 
Pristi  !  Quel  choix  complet  d'amants  dans  cette  alcôve  ! 
11  parait  que  la  dame  avait  le  cœur  léger 
Et  de  saintes  horreurs  pour  la  fleur  d'oranger. 

//  regarde  un  autre  portrait.) 
Le  dernier!  Qu'ai-je  vu?...  C'est  moi  !  Dieu,  l'infidèle  ! 
L'Adèle  de  ces  trois  messieurs...  c'est  mon  Adèle! 
"  Cherche  et  tu  trouveras,  »  a  dit  le  Christ.  Ma  foi, 
On  n'est  jamais  si  bien  desservi  que  par  soi. 
Mais  j'en  saurai  tirer  vengeance.  La  traîtresse! 
Ayez  donc  une  seule,  une  unique  maîtresse 
Pour  que  votre  portrait  soit  placé  le  dernier 
Derrière  un  lycéen,  un  soldat,  un  banquier. 
Je  m'enorgueillissais  de  ma  bonne  fortune  ! 
Mais  l'infâme  saura  ce  que  peut  ma  rancune, 
Ht  je  vais  de  ce  pas  révéler  à  l'époux 
Tous  ces  coups  de  canif  dans  le  contrat... 

I  //  reflet  hit.  I 

Tout  doux  ! 
A  bien  penser,  c'est  là  démarche  téméraire, 
11  ponrrait  m'en  coûter  de  poursuivre  l'affaire. 

Pourquoi  suis-je  venu  chercher  ce  deuil  ici? 

Bah  !  si  je  suis  trompé,  d'autres  le  sont  aussi  ! 

Hésitant.) 
Dois-je  oublier  ce  rêve?...  Adèle  est  si  gentille! 

ment,   en   montrant  l'album.  > 
Ma  foi.  que  le  mari  se  débrouille...  en  famille! 


Le  Gérant  .  Ri.  m'.  GOUFBOY. 


Imprimerie  GOOFBOY,  82,  Rue  Thiers,  Le  Harre 


777^,9  tes  Samedis 


\VB 


^t^        DIX  Centimes 


/^ 


NARCISSE  LEBEAU 


DEUIL  DE  COULEUR 

Monologue  en  Prose 

DIT    PAR 

31.    ^AZj   du   G-ymnase. 


PARIS 

Librairie   SI.CHLER,  ■8Î    Rue  du   Croissant 

Et  che\  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   18 


TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


DEUIL  DE  COULEUR 


.1   Albert  Tinchant, 

Charmante  fille,  bonne  pâte,  comme  on  dit,  qui  n'aurait  pas 
fait  de  mal  à  une  sangsue,  niais  ne  possédanl  qu'une  notion  très- 
approximative  des  pins  élémentaires  convenances 

Ht  pourtant,  il  n'y  a  guère  que  les  convenances  pour  rendre  la 
vie  supportable.  Figurez-vous  l'humanité  sans  convenances,  ce 
serait  désastreux  ! 

L'hiver  dernier,  son  amant  —  un  gamin  de  lettres  —  s'était 
attelé  à  une  grande  machine  en  cinq  volumes  qui  devait,  disait- 
il.  les  faire  riches  comme  Crépih. 

Depuis  six  grands  mois,  ni  l'un  ni  l'antre  n'avaient  mis  le  pied 
dehors,  réalisant  des  économies,  attendant  pour  sortir,  la  fin  de 
l'indigeste  labeur 

Elle  tachait  de  le  seconder  de  son  mieux.  A  mesure  qu'il  noir- 
cissait du  papier,  elle  reprenait  les  feuillets  un  à  un,  les  séchait 
issait  des  accents  et  de  la  ponctuation  là  où  le  besoin  s  en 
faisait  le  plus  impérieusement  sentir.  Elle  avait  une  certaine 
instruction,  ayant  été  jadis  la  maitresse  d'un  employé  aux  contri- 
butions. 

De  temps  à  autre,  il  interrompait  sa  besogne,  levait  la  tête  et 
brandissait  triomphalement  sa  plume. 

—  Sais-tu  pourquoi  je  travaille  comme  M.  Gerville-Réache ? 
sais-tu  pourquoi  je  veux  rouler  sur  l'or  ? 

—  Non. 

—  Eh  1  bien,  tout  simplement,  pour  —  au  printemps  pro- 
chain —  te  promener  par  la  ville  avec  ta  robe  rose....  tu  sais, 
ta  robe  rose  ? 

—  Oui....  je  sais...  ma  robe  rose.,  répondait-elle  en  souriant. 
Tiens,  tu  m'y  fais  penser,  je  vais  y  ajouter  un  volant. 

—  Oui,  pour  te  promener  avec  ta  robe  rose,  reprenait-il,  ta 
belle  robe  rose  qui  fait  loucher  mes  parents  ! 

A  l'idée  de  faire  loucher  ses  parents,  le  charmant  garçon  se 
tordait,  se  tordait,  tel  un  jeune  baleineau,  pendant  un  combat 
naval. 

Puis  il  reprenait  sa  besogne,  ragaillardi,  en  murmurant  : 

—  C'est  entendu,  aussitôt  mon  bouquin  fini,  la  première  fois 
que  nous  sortirons  ensemble,  tu  mettras  ta  robe  rose  ? 

—  C'est  entendu  ! 

Or.  il  arriva  ce  cpii  arrive  quelquefois  aux  présomptueux  qui 
entreprennent  de  grandes  machines  en  cinq  volumes.  Il  mourut 
d'épuisement  en  mettant  la  dernière  main  à  une  phrase  de  soi- 
xante huit  lignes  sur  laquelle  il  comptait  beaucoup.  C'était  vers 
le  terme  d'Avril,  la  nature  et  les  propriétaires  étaient  en  fête 

Elle  eut  beaucoup  de  chagrin  et  pleura  toutes  les  larmes  de 
son  pauvre  petit  corps.  C'était  donc  cela,  la  sortie  qu'il  lui 
avait  promise  ! 


Le  jour  de  l'enterrement  —  au  grand  scandale  de  la  popula- 
tion —  on  la  vit  suivre  le  convoi,  vêtue  de  sa  robe  rose,  coiffée 
d'une  capote  rose,  fleurie  de  roses  plus  roses  que  nature. 

La  jupe  écourtée,  laissait  voir  les  bas  rose-tendre,  ainsi  que 
les  souliers  à  bouffettes  de  même  nuance. 

Pendant  la  durée  du  service,  on  remarqua  beaucoup  cette  toi- 
lette, un  peu  gaie  pour  un  enterrement. 

Elle,  pleurait  toujours,  sans  souci  des  commentaires. 

La  seule  concession  qu'elle  fit,  au  moment  où  l'on  traversait 
le  Mail,  fut  d'ouvrir  une  ombrelle  verte. 

Comme  cette  histoire  se  passait  dans  un  très  petit  centre,  elle 
dut  renoncer  par  la  suite  à  se  placer  comme  n'importe  quoi  dans 
une  famille  bourgeoise. 

De  plus,  il  lui  fut  impossible  de  se  marier,  et  la  pauvre  enfant 
se  vit  obligée  de  rester,  jusqu'à  sa  mort,  demoiselle  comme 
devant. 

Le  plus  ennuyeux,  là-dedans,  c'est  qu'elle  n'avait  pas  du  tout 
la  vocation. 


FANFARE 


PHILO 


A  l'ami  E.  D'Orllauges. 

Elle  s'appelait  Philomène  avec  un  nom  propre  très-bizarre 
qu'elle  tenait  de  ses  pères  et  de  sa  mère  qui  habitaient  la  Bre- 
tagne. 

Pour  nous  c'était  Philo  tout  simplement. 

Moi  et  puis  cinq  de  mes  amis,  mais  surtout  moi,  nous  la  trou- 
vions très-gentille  Philo,  et  le  fait  est  qu'avec  son  petit  nez 
retroussé  comme  par  une  chiquenaude  d'un  sculpteur  en  go- 
guette, elle  avait  fait  une  rude  impression  sur  mon  âme  candide 
d'étudiant  en  théologie. 

Je  ne  lui  cachai  pas  que  ses  occupations  journalières  (femme 
de  brasserie)  la  conduiraient  probablement  à  la  perte  de  ses 
illusions  et  peut-être  à  celle  de  sa  virginité. 

Elle  esquissa  un  geste  si  drôle  que  je  n'insistai  pas  Ça  ressem- 
blait beaucoup  à  :  «Tiens,  monte  là-dessus,  tu  verras  Montmartre.;/ 

Nous  restâmes  bons  amis  pendant  longtemps  parce  que  j'avais 
le  bon  goût  de  ne  jamais  m'informer  de  la  couleur  des  cheveux 
de  ses  amants.  Ce  que  j'en  ai  pris  de  ces  tomates,  à  sa  brasserie  ! 

(La  tomate  en  style  boulevardier  et  même  en  style  boulevar- 
dier-extérieur  est  une  absinthe  à  la  grenadine). 

A  quelque  temps  de  là,  Philo  fit  connaissance  d'un  Moldo- Va- 
laque,  qui  fut  pris  d'un  fort  béguin  pour  elle. 

Moi  je  m'effaçai  un  peu  devant  ce  grand  diable,  tout  noir, 
qui  avait  du  poil  jusque  dans  le  nez  et  puis  je  suis  toujours 
très-poli  avec  les  étrangers  de  peur  d'amener  une  conflagration 
universelle. 

Ils  se  collèrent,  c'était,  il  m'en  souvient,  à  peu  près  à  l'époque 
où  le  général  Boulanger  ordonna  le  port  de  la  barbe  dans  l'ar- 
mée. 


Le  soir,  j'achetai  la  Revue  des  DcuX-Mondcs  et  j'en  fis  couper 
les  feuillets  à  mon  concierge,  un  homme  qui  a  fait  ses  huma- 
nités. , 

Sur  ces  entrefaites  je  lâchai  la  théologie  pour  la  Paléonto- 
logie et  je  ne  revis  Philo  que  très-rarement.  J'en  ai  VU  bien 
d'autres  femmes  de  brasserie  mais  ce  n'était  plus  cela,  tontes 
saoules  à  minuit  moins  le  quart. 

11  v  a  huit  jours,  je  prenais  une  absinthe  suisse  à  la  terrasse 
du  Madrid  je  ne  prends  plus  de  tomates  parce  qui'  ça  me  donne 
des  borborygmes  .  quand  je  vis  venirà  moi  Philo, avec  des  mu- 
guets à  son'  chapeau  et  une  serviette  sous  le  bras. 

Tu  sais,  mon  petit,  que  je   vais  entrer   dans  les   Postes  et 
graphes. 

— •  Allons-donc. 

Mais  oui,  Dimitri  le  nom  de  son  Valaque  ma  fait  pren- 
dre des  leçons  de  français  et  je  vais  passer  bientôt  mon  examen. 

"Tes  pères  et  ta  mère  seront  bien  contents. 

Certes.    Dis-donc,    toi   qui    es    bachelier,    faut-il   deux  /   à 

collidor  ? 


CHARLES  PICARD 


AU  LION  DE  BELFORT 

Cette  corde  est  usée. 
(Un  j 

Puisque  ni  sang,  ni  nerf,  ni  fibre 
Ne  bout,  ne  frémit  ni  ne  vibre 
Au  seul  nom  d'Alsace  ou  de  Rhin 
Redits  par  la  corde  d'airain; 
Puisque  cette  corde  brisée 
N'excite  plus  que  la  risée, 
Rentre  tes  griffes,  ô  Lion, 
Couvre  tes  yeux  de  ta  crinière 
Et  dors  sur  ton  socle  de  pierre! 
Que  l'Alsace,  sous  le  bâillon. 
Se  débatte  et  meure  étouffée  !... 
Sa  plainte  sourde,  par  bouffi 
Mêlée  aux  vents,  mêlée  aux  Ilots, 
Passant  les  monts,  passant  la  plaine, 
—  Chanson  monotone  et  lointaine  — 
Te  bercera  dans  ton  repos!... 

Le  Gérant  :  Rmi  OODFBOV 

MM.  les  Libraires  de  province  et  de  l'étranger  qui  ont  reçu 
d'office  le  N°  i  du  Cri-Cri.  sont  instamment  priés  d'en  adresser 
le  montant  à  M.  Godfroy,  imprimerie  du  Cri-Cri,  62,  rue  Tliiers, 
au  Havre. 


Imprimerie  GODFROY,  62,  Rue  Thiers,  Le  Havre 


s0*-**** 


.^-"c'Ih/  BJSSSSfe, 


Tous  (es  Samedis 


Q^^        DIX  Centimes 


NARCISSE  LEBEAU 


CADEAUX  DE  NOCES 


Monologue  en  Prose 


3Î.    ^oquelin  c&adet,   de  la  Comédie   'Française 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8.   Rue   du   Croissant 

Et  che^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°   19 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


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CADEAUX  DE  NOCES 


.1    Georges  Auriol. 

Il  existe  en  France  et  dans  certaines  campagnes  environnantes 
une  institution  fallacieuse  et  quasi-démodée,  connue  sous  le  nom 
de  mariage. 

Le  mariage  est  L'échange  de  deux  monosyllabes  et  le  contact 
de  deux  capitaux,  a  dit  Chamfort.  un  journaliste  qui  avait  du 
nez. 

Quand  un  père  vous  donne  sa  fille,  la  plus  élémentaire  pudeur 
lui  commande  de  vous  offrir,  comme  dédommagement,  une 
somme  d'argent  que  les  notaires  appellent  dot. 

Il  est  également  d'usage  que  les  parents  et  amis  de  la  famille 
apportent  leur  tribut  au  jeune  ménage,  sous  forme  d'objets  dis- 
parates mais  tirant  l'œil,  dits  cadeaux  de  noces,  rapport  à  la  cir- 
constance. 

C'est  contre  la  futilité,  la  niaiserie  des  cadeaux  de  noces  que 
je  veux  m'élever. 

Que  donne-t-on  généralement  aux  époux  en  fait  de  cadeaux  de 
noces?  Des  bibelots,  des  cachemires,  du  ruolz,  des  parures,  des 
bijoux,  toutes  choses  flattant  la  vanité  des  donateurs,  des  bêtises, 
quoi  ! 

Personne  ne  songe  à  les  gratifier  des  objets  de  première  né- 
cessité, des  choses  urgentes;  pas  un  ne  pense  à  leur  offrir  des 
clous,  par  exemple! 

Soyez  sincères.  Avez-vous  vu  quelquefois  offrir  des  clous  aux 
nouveaux  mariés,  le  jour  de  leur  noce? 

Avez-vous  jamais  entendu  un  père  prévoyant  dire  à  celui  qui 
lui  ravissait  sa  fille,  au  moment  douloureux  de  la  séparation  : 

—  Mon  gendre,  voici  une  boîte  à  compartiments.  Vous  trou- 
verez dedans  des  clous.-  une- paire  de  tenailles  et  un  marteau.... 
Tachez  de  rendre  Ernestine  heureuse. 

\*->n,  n'est-ce  pas?  Et  c'est  ici  qu'apparaît  le  peu  de  sens  pra- 
tique du  peuple  léger  et  vain  que  nous  sommes. 

En  effet,  le  premier  soin  de  deux  êtres,  une  fois  liés  par  le  sa- 
crement, est  de  chercher  un  appartement,  un  nid,  avec  gaz  et 
robinet  sur  la  pierre  d'évier. 

L'appartement  trouvé,  il  s'agit  d'emménager. 
Alors  le  besoin  des  clous  commence  à  se  faire  sentir. 
Ont-ils  des  tableaux?  il  devient  urgent  de  les  accrocher  à  la 
muraille. 

Le  plus  joli  Claude  Monet  perd  les  13/15  de  ses  qualités  de 
lumière  quand  on  le  laisse  dans  le  fond  d'une  malle. 

■  mment  les  accrocher,  vos  tableaux,  si  vous  n'avez  pas  de 
clous? 

Si.  par  malheur,  le  portrait  de  votre  beau-père  se  trouve  dans 
les  peintures  que  vous  possédez,  votre  situation  à  vous,  époux, 
est  tout  à  fait  critique. 


—  Comment,  Alfred,  vous  n'avez  pas  encore  pendu  papa  ? 

—  Je  vais  te  dire,  ma  chère  amie,  je  n'ai  pas  de  clous. 

—  Monstre  !  Je  savais  bien  que  papa  vous  avait  toujours  été 
antipathique  ! 

—  Je  vous  répète,  Clémentine,  qu'il  n'y  a  pas  de  ma  faute  ;  si 
j'avais  un  clou  seulement.... 

—  Pas  de  clous  !  pas  de  clous  !  sanglote  votre  épouse  ;  ah  !  vous 
ne  disiez  pas  cela  avant  notre  mariage  !  ! 

Le  soir,  belle-maman,  de  son  regard  de  lynx,  remarque  les 
yeux  rouges  de  sa  fille  et  la  scie  recommence  : 

—  On  dirait  que  tu  as  pleuré,  Clémentine.  Pourquoi? 

—  Demande  à  Alfred,  maman. 

—  Comment,  c'est  lui  ?  Et  vous  osez  venir  dîner  à  la  maison, 
le  jour  où  vous  avez  battu  n^tre  fille  ! 

Impatienté,  vous  essayez  de  vous  expliquer  : 

—  Mais  non,  je  ne  l'ai  pas  battue;  voilà  l'affaire  :  je  n'avais 
pas  de  clous 

Rarement  cette  simple  raison  suffit  à  calmer  la  famille.  Au 
contraire.  Votre  femme,  poussée  par  ses  parents,  introduit  une 
demande  en  divorce.  A  l'audience,  l'avocat  de  la  partie  adverse 
vous  trahie  dans  la  boue  :  «  Oui,  messieurs,  larmoye-t-il,  après 
deux  mois  de  mariage,  ce  misérable  lui  refusait  des  clous  !  C'est 
fini,  vous  êtes  déshonoré  !  Vous  n'avez  plus  qu'à  prendre  un  parti 
extrême  :  vous  retirer  à  la  Grande-Chartreuse,  ou  vous  porter 
pour  la  députation. 

Deux  sous  de  clous  achetés  en  temps  opportun  conjuraient  ce 
malheur.  Si  l'on  se  doutait  de  l'importance  qu'ont  les  clous,  les 
quincailliers  ne  les  délivreraient  que  sur  ordonnance. 

Maintenant  que  j'ai  fait  toucher  du  doigt,  aux  plus  incrédules, 
la  nécessité  de  posséder  des  clous  dans  un  jeune  ménage,  je  veux 
mettre  le  comble  à  ma  complaisance  en  indiquant  la  manière  de 
s'en  servir. 

Prenez  d'abord  le  clou  par  le  milieu,  c'est-à-dire  à  égale  dis- 
tance de  la  tète  et  de  la  pointe. 

La  tète  est  l'extrémité  aplatie,  et  la  pointe  l'extrémité  affilée. 

Se  bien  pénétrer  de  cette  nuance,  car  le  clou  entre  difficile- 
ment quand  on  tente  de  l'enfoncer  à  rebours. 

Appliquez  donc  la  pointe  du  .clou  contre  le  mur.  A  l'aide  d'un 
marteau,  assénez  quelques  coups  bien  d'aplomb  sur  la  tête  :  le 
clou  s'enfonce  de  lui-même. 

Quelquefois  aussi  il  tombe  de  lui-même.  C"est  que  vous  avez 
eu  l'imprudence  de  l'enfoncer  dans  une  cloison  en  plâtre. 

Alors  vous  cherchez  une  autre  cloison  qui  ne  soit  pas  en  plâtre. 

Dans  certains  appartements,  toutes  les  cloisons  sont  en  plâtre. 

Alors  vous  cherchez  un  autre  appartement. 

Il  faudrait  que  vous  fussiez  bien  déveinard  pour  que  vers  le 
cinquième  ou  sixième  immeuble,  vous  ne  trouviez  pas  à  enfon- 
cer votre  clou. 

Le  maniement  du  marteau  n'offre  rien  de  particulier. 

Pourtant,  dans  les  commencements,  on  se  tape  fréquemment 
sur  les  doigts  ;  dans  les  commencements  seulement,  parce  que 
bientôt,  l'expérience  aidant,  on  en  arrive  à  faire  tenir  le  clou  par 
sa  petite  femme. 

On  peut  dès  lors  y  aller  carrément  en  chantant  le  Père  la  Vic- 
time. 

Voilà,  en  quelques  mots,  une  méthode  simple  et  pratique  qui 
permettra    d'enfoncer  les  clous  dans  la  perfection,  au  bout  de 


Jeux  OU  trois  séances.  Des  empiriques  préconiseront  d'autres 
movens  peut-être  plus  expeditifs  :  je  doute  qu'ils  obtiennent  les 
mêmes  resul; 

Je  termine  cet  aperçu  en  prémunissant  le  public  contre  l.i 
mauvaise  qualité  de  certains  clous  assez  répandus  dans  le  com- 
merce parisien. 

Dernièrement,  j'entre  chez  un  quincaillier  et  je  demande  des 
petits  clous  pour  fixer  des  adresses  sur  une  malle. 

1  e  commis  m'enveloppe  quelque  chose  dans  du  papier  et  me 
dit  : 

—  Ça  fera  votre  affaire,  c  est  de  la  semence. 

le  réfléchis  :  11  dit  que  c'est  de  la  semence,  nous  allons  bien 
voir! 

Et  j'ai  plante  mes  clous  dans  un  coin  de  jardinet  que  je  pos- 
sède à  cote  de  la  Grenouillère. 

Eh  bien  !  le  commis  m'avait  trompé,  ils  n'ont  pas  levé. 

Pour  être  impartial,   il  faut  ajouter  que  nous  avons  eu  un  été 

ptionnel.   Tous  les  cultivateurs  que  j'ai  interrogés  à  ce  sujet 

m'ont  affirmé  que.  cette  année,  rien  n'avait  réussi,  rien  de  rien. 

Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


PRi;  >NNEMENT  : 

Fr.  5  par  an  pour  la  France. 
»    8  »  les  Pays  de  l'Union  postale. 


chez  tous   ks  Libraires.    Marchands 
et  de  Musique  de  France,  de  Belgique,  de  Suiss 

t  dans  t. 


Pour  satisfaire  aux  demandes  qui  affluent  de  toutes  parts, 
l'Administration  vient  de  procéder  à  un  nouveau  tirage  de 
Cri-Cri-Noël. 

Nous  rappelons  que  ce  Numéro  exceptionnel  comprend  15 
Monologues  ou  Poésies  de  MM.  Alphonse  Allais,  Marcel  Bailliot, 
J.  Barthélémy.  Henri  Brière,  Geo  Denis-Jean,  Henry  de  Braisne, 
Laurent  des  Aulnes,  Albert  Fox,  M.  Faust,  E.-H.  Marcella,  Raoul 
Oger.  Charles  Picard,  H.  Tréven,  etc.,  et  qu'il  est  vendu  25  cen- 
times. 

Le  N°  20  du  Cri-Cri  se  composera  de  : 
M  m  Salon,  Monologue  en  prose,  de  Fanfark. 
Balayeurs,  Fantaisie  en  vers,  de  Albert  Fox,  avec  illustrations 

;.ix. 


////  ont 
l'en   adr 
\  nie  Th. 

Imj.rim'-rie  GODFROY,  W,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


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6"  ■-.     ^i.. ..   ..  -.  •— . 


7iw.ç  tes  Samedis 


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-  \Q^  DIX  Centimes 


MARCEL   BAILLIOT  (FANFARE) 

MON  SALON 

Monologue  en  Prose 

DIT    PAR 

31.    Nerval,  du  théâtre  du   cParcJ   de  'Bruxelles, 


PARIS 

Librairie   SICHLER,  8.   Rue  du   Croissant 

Et  che^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  20 


TOUS   DROITS   RÉSERVÉS. 


><*_o  <*-'">  Mo  Mo  Mo  Mo  Mo  Mo  m_o  Mo  Mo  Mo  M^ 

jT^n  jT^  jTt^s  jT^s  jT^s  > 


MON  SALON 


Monoi  ogui   Purgatif 


.1    ///"//  ami  Arvid  Johansen. 

Tel  que  vous  me  connaissez  avec  mon  air  timide  je  suis  peut- 
être  le  type  le  plus  difficile  a  épater  île  tout  l'Angoumois,  et 
même  du  Rerrv.  Si  M.  Eiffel  a  construit  une  tour  qui  s'élève 
insolemment  dans  les  airs  c'est  évidemment  un  peu  pour  m'épa- 
ter.  mais  ça  n'a  pas  réussi.  Je  me  souviens  trop  de  la  tour  de  Ba- 
.1:  n'a  servi  qu'a  la  confusion  des  langues,  un  bien  doux 
temps  d'ailleurs,  surtout  avec  une  jolie  femme. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  Y.  Hugo,  le  grand  poète,  avec  son 
front  olympien  et  ses  rimes  clangorantes,  ne  m'a  jamais  épaté. 
•  en  somme  une  affaire  d'éducation;  quand  on  vous  prend 
tout  petit  et  qu*on  vous  disloque  l'esprit,  plus  tard,  on  arrive  à 
faire  de  véritables  sauts  périlleux  avec  la  césure  et  des  clowne- 
ries remarquables  avec  les  assonances. 

Donc,  je  le  répète,  bien  peu  de  gens  m'ont  épate  de  Pîthi- 
viers  .  Pourtant  je  dois  avouer  qu'une  chose  m'étonne  légère- 
ment, c'est  le  nombre  considérable  d'uuvres  picturales  qui  sont 
chaque  année  envoyées  au  Salon.  Statistique  effrayante.  Tout  le 
monde  fait  de  la  peinture  depuis  la  petite  aquarelle  des  jeunes 
filles  jusqu'aux  morceaux  sérieux  des  peintres  en  renom. 

le  ne  vais  pas  à  ce  propos  recommencer  l'éternelle  question 
de  savoir  si  la  peinture  à  l'huile  est  plus  difficile  que  la  peinture 
à  l'eau  et  si  la  peinture  à  l'eau  est  plus  belle  que  la  peinture  a 
l'huile.  Adhuc  sub  judice  //s  est. 

Je  constate  simplement  que  le  nombre  des  toiles  exposées  va 
toujours  en  croissant. 

Je  ne  pense  pas  d'ailleurs,  malgré  votre  fichu  caractère,  que 
vous  ayez  envie  de  me  contredire.  Chiffres  en  main  je  vous  mon- 
trerais que  vous  avez  tort. 

Alors  je  me  suis  dit  un  jour  :  Pourquoi  ne  prendrai-je  pas 
aussi  un  pinceau?  Il  y  a  tant  de  barbouilleurs  qui  arrivent  à  en 
imposer  au  public  avec  leurs  croûtes  multicolores.  Mes  connais- 
sances en  esthétique  ne  sont  pas  très-grandes  mais  avec  un  peu 
de  travail  on  arrive  toujours. 

Mon  premier  tableau  n'eût  aucun  succès.  C'était  Vouverturc 
du  porc,  d'après  des  croquis  pris  sur  nature  morte  à  l'étalage  des 
bouchers.  Pourtant  je  dois  dire  qu'il  fut  reçu  à  l'Exposition  des 
arts  Incohérents  du  Havre  en  ixx-y. 

Travailleuracharné,  chercheur  épris  de  l'art,  je  me  mis  de  nou- 
veau à  l'ouvrage  sans  me  décourager. 

Le  second  envoi  fut  fait  en  avril  [888  :  une  grande  toile  tres- 
léchée  qui  m'était  commandée  par  un  pharmacien  de  la  \ "dette 
avec  cette  légende  que  je  crus  spirituelle  : 

—   Allez-vous  à  la  selle  ? 


—  Non,  monsieur  le  major,  je  suis  dans  l'infanterie. 

Le  tableau  avait  la  prétention  de  représenter  une  salle  de  ma- 
lades à  l'Hôpital  militaire.  Dans  cette  salle  des  lits  blancs  bien 
alignés  sur  deux  rangées  et  à  la  tête  de  ces  lits  des  crachoirs, 
des  pots  de  tisane  et  des  fioles  à  potions  bardées  d'étiquettes. 

C'est  l'heure  de  la  visite.  Le  major,  suivi  de  son  aide-major, 
de  trois  infirmiers  en  tablier,  plus  une  sœur  de  St-Vincent-de- 
Paul  commence  sa  tournée.  Il  arrive  au  numéro  ioo  et  c'est  alors 
qu'il  pose  cette  question  que  vous  savez  suivie  de  cette  réponse 
que  vous  savez  également. 

Quand  on  apporta  cette  toile  de  16  devant  le  Jury  quelques- 
uns  sourirent,  d'autres  plus  consciencieux  s'approchèrent  pour 
constater  l'exactitude  des  détails  ;  bref,  après  un  examen  qui  ne 
dura  pas  moins  d'un  quart  d'heure  mon  tableau  fut  refusé  à 
l'unanimité  moins  deux  voix. 

Evidemment  c'était  une  veste,  mais  je  fus  bien  vengé  car  tous 
les  membres  du  jury  furent  purgés  d'une  façon  que  j'oserai  qua- 
lifier de  drastique. 

J'avais  peint  à  Thuile  de  ricin. 


ALBERT  FOX 


Ils  sont  là  cinq  ou  six  bons  vieux 
Crottés,  mouillés,  mélancoliques, 
Vermoulus,  cassés,  malheureux. 
Ils  sont  là,  cinq  ou  six  bons  vieux 
Bougonnant  en  mâchant  leurs  chiques 


Ils  sont  là,  cinq  ou  six  vieillards 
Aimant  à  jacasser,  a  boire 
Indolents,  impotents,  traînards, 
Ils  sont  là.  cinq  ou  six  vieillards 
Pataugeant  dans  l'eau  sale  et  noire. 


Qu*il  vente,  pleuve  ou  fasse  beau, 
Qu'il  gèle  ou  qu'il  fasse  tempête, 
L'été,  les  pieds  dans  le  ruisseau, 
Qu'il  vente,  pleuve  ou  fasse  beau, 
Ils  vont  toujours,  hochant  la  tête. 


Et  quand  vient  l'hiver,  tout  transis, 
Grelottants  sous  leurs  pauvres  nippes, 
Les  vieux  que  le  froid  a  saisis, 
Réchauffent  leurs  membres  transis 
Au  culot  brûlant  de  leurs  pipes. 


Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


LE   CRI- CRI    EST   EN    VENTE  : 

A  VERSAILLES,  Librairie  LHUILLIER,  69,  rue  de  la  Paroisse. 
A  ALGER.   Librairie  CHENIAUX-FRANYILLE. 

Imprimerie  GODFROY,  K>,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


Tous  les  Samedis 


* 


a* 


*AÛ^  DIX  Centimes 


FERNAND    BARTHELEMY 


LE  BOUILLON  DU  CAPITAINE 


Monologue  en  Vers 


31.    Wuvhard,    de    °La   S  cala. 


PARIS 

Librairie   SICHLER,  8.   Rue  du   Croissant 

Et  che^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  21 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


LE 

BOUILLON  DU  CAPITAINE 


.  I  mon  ami  Ouvrqrd. 

:  moi  ;  je  me  nomme  Sosthène.... 

Y.uii  '...  Sosthène  dit  :  Bouche-en-Cœur, 

L'ordonnance  du  capitaine 

Et  du  beau  sesque  le  vainqueur. 

Faut  que  je  \ous  conte  une  histoire 
Qui  m'est-z-arrivé  l'autre  jour 

ce  à  la  belle  Viquetoire, 
L'objet  chéri  de  mon  amour. 
D'un  capitaine  l'ordonnance 
Est  le  confident,  c'est  certain  ; 
C'est  à  lui  que,  de  préférence. 
Il  ouvre  son  cœur-z-et  sa  main. 
Donc,  avant-z-hier,  pour  une  faute 
Que  sans  doute  il  avait  commis, 
Le  capitaine,  à  propos  d'hotte, 
Pour  huit  jours  aux  arrêts  fut  mis. 
Quand  vint  le  soir,  le  capitaine 
Voyant  qu'il  ne  pouvait  sortir 
Me  dit  :  «  —  Tu  vas  aller,  Sosthène, 
"  Chez  Paméla,  la  prévenir. 
«  Tu  diras  à  cette  personne 
«  Que  je  suis  en  punition, 
"  Qu'il  faut  alors  qu'elle  te  donne 
«  De  la  volaille  et  du  bouillon.  » 
Je  me  dirige  d'un  pas  leste, 
Mon  panier  d'osier-z-à  la  main, 
Chez  Paméla....  Je  sonne....  Peste!... 
La  belle  femme  !...  cré  coquin  !  ! ... 
C'était-z-une  particuillère 
Plus  grande  qu'un  tambour-major, 
Plus  joli'  que  la  cantinière. 
Et  moins  plate  qu'un-n-hareng  saur. 
Eu  deux  mots,  j'y  conte  la  chose; 
Mais  v'ià  qu'ell'  tombe  en  pâmoison, 
Sur  un  sopha  je  la  dépose.... 
Ah  !...  cristi  !...  le  beau  nourrisson  !... 
Vit'  je  lui  dégraf  '  son  corsage 
Afin  de  lui  donner  de  l'air. 
Oh  !...  nom  dé  nom  !  !...  quel  étalage  !!!... 
Deux  montagnes  dans  le  désert!!!... 
Quand  elle  eût  repris  connaissance, 
Elle  me  dit,  la  larme  à  l'œil  : 
"  —  C'est  vous  qu'êtes  son  ordonnance?...  •/ 
C  —  Youi  !...  qu'  j'y  réponds  avec  orgueil.  // 
"  —  Alors,  attendez-moi.  Sosthène, 
c  M' dit-elle,  je  vais  sur-le-champ 
«   Préparer  pour  le  capitaine 
C  l'n  bon  bouillon  incontinent.  // 


Eu  Vente  :  CRI-CRI  NOËL 


Puis  ell'me  porte  une  avalanche 

D'assiett's  qu'ell'  four'  dans  mon  panier, 

Recouvert  a  un'  sarviette  blanche  ; 

Le  bouillon  était  le  premier. 

Je  laisse  la  Capitainesse 

Toute  entière  à  son  désespoir, 

Et  moi,  je  pars,  plein  d'allégresse 

De  ce  que  je  venais  de  voir  ; 

Lorsque  soudain,  ô  jour  de  gloire  ! 

Je  vois  assise  sur  un  banc 

La  belle  et  douce  Viquetoire 

Agrémenté'  d'un  tabier  blanc. 

J'm'approch'  d'elle  avec  mystère 

Et  le  cœur  tout  plein  d'émotion, 

Je  dépos'  doucement  par  terre, 

Mon  panier-z-avec  le  bouillon  ; 

Puis,  m'asseyant  près  de  ma  belle, 

Je  lui  dis  :  «  O  toi,  mes  amours, 

En  ce  jour  ne  sois  pas  cruelle, 

C'est  le  plus  beau  jour  de  mes  jours  !..  » 

J'étais  là,  lui  pressant  la  taille...., 

Et  dans  mes  amoureux  élans, 

J'oubliai  panier-z-et  volaille. 

Et  le  bouillon  qu'était  dedans. 

Quand  tout-à-coup,  tournant  la  tête 

Jugez  de  mon  épatement  ; 

Y-a  de  quoi-z-en  devenir  bête, 

Bête  à  manger  du  foin  vraiment  ! 

Sur  la  sarviette  délicate, 

Qui  recouvrait  le  bon  bouillon, 

Un  gros  chien  noir,  levait  la  patte 

Et  faisait  une  innondation  ! . . . 

D'un  coup  de  pied,  je  le  régale, 

Et  laissant  là  mes  beaux  discours  ; 

Avec  mon  panier  je  détale, 

Laissant  l'objet  de  mes  amours, 

Quand  j'arrive,  le  Capitaine 

Qu'est  de  bonne  composition 

Devant  la  soupière  si  pleine 

M'offre  de  boire  du  bouillon, 

Je  voulais  refuser  la  chose 

Mais  comment  faire...  pas  moyen... 
Sûr, ...  il  ne  sentait  pas  la  rose, . . . 

Et  je  pensais  toujours  au  chien 

«  En  récompense  de  ta  peine 

«  Tu  peux  le  boire  tout  entier. . . . 

«  Je  me  contenterai  Sosthène, 

«  Du  poulet  qu'est  dans  le  panier. 

«  Allons!...  qu'y  m'dit...,  mets-toi-z-à  table.» 

Aussitôt,  voila  qu'il  me  sert. . . . 

Ce  bouillon  était  détestable. . . 

Et  vous  avait  un  goût  amer  ! 

Tout  entier  il  fallut  le  boire. . . 
Mais  j'en  eus  une  indigestion, . . . 
Et  c'est  la  faute  à  Viquetoire  . . 
Si  j'ai-z-avalé  ce  bouillon. 

Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


En  Préparation  :  CRI-CRI  1er  AVRIL 


Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
à  M.  Louis  ANQUETIL,  7,  Rue  cTArmaillé,  à  Paris. 

Les  manuscrits  nr  sont  /v>-  voulus. 

Cri-Cri  publie  chaque  semaine  un    ou   plusieurs  Monolo- 
Les  21  Numéros   parus   sont  en  vente  chez   tous  les   li- 
braires et  marchands  de  musique  de  France  et  de  Belgique,  dans 
les  principales  gares  françaises  et  belges  et  dans  les  principales 
librairies  françaises  de  Londres,  Genève,  Rome,   Vienne,  etc., 

Les  personnes  habitant  une  localité  n'ayant  pas  de  librairie 
peuvent  s'abonner  pour  un  an  s:  Numéros),  en  adressant  un 
mandat-poste  de  fr.  5,  pour  la  France,  de  fr.  (S  pour  les  pays  de 
l'Union  postale,  à  M.  SICHLER,  S,  rue  du  Croissant  ou  à  M. 
ANQUETIL,  7.  rue  d'Armaillé,  à  Paris. 

LE   CRI-CRI   EST  EN    VENTE  : 

A  VERSAILLES,  à  la  Librairie  LHUILLIER,  69,  rue  de  la  Paroi 
A  TOORS.  .  ellérie. 


Socirt'''  littéraire  de  France,  fondée  en   {883,  pour  favoriser  le 
progrès  des  Lettres,  des  Arts,  des  Sciences  et  de  l'Enseignement, 
et  pour  en  combattre  l'exploitation  (Médaille  d'honneur  de  la 
ttionale  d' encouragement  au  bien). 

Siège  :  chez  le  Directeur-Fondateur,  Albert  Berrot,  à  Soissons 
(Aisne). 

Président  :  L.  Bourgaut,  de  la  Société  des  Gens  de  Lettre*,  à 
Lan<:: 

Vice-Présidente  :  H.  de  la  Ville  de  Mirmont,  professeur  de  Fa- 
culté à  Bordeaux  ;  Carolus  d'HARRANs,  de  la  Société  des  Gens  de 
lettres. 

.me  :  GERBE-REVUE,  0  fr.  50  cent,  le  numéro. 

La  Gerbe  ouvre  son  seizième  concours.  Tous  les  genres  et  sujets 
sont  admis  et  divisés  en  autant  de  sections  qu'il  y  a  lieu.  Un  seul 
sujet  est  imposé,  en  prose  et  poésie  :  Hommage  aux  héros  inconnus. 
Il  faut  envoyer  les  œuvres  a  M.  L.  Bouroaut,  à  Lan  grès,  et  le  droit 
de  concours  (1  fr.  par  manuscrit),  avec  le  nom  et  l'adresse,  à  M.  Al- 
bert lir.KKoT,  directeur  à  Soissons. 

Elle-  fait  publier  à  très  bon  marché,  en  beaux  caractères  et  chez 

surs  parisiens,  les  œuvres  qui  le  méritent.  File   se   charge 

de  faire  corriger  avec  soin,  et  à  peu  de  frais,  tout  ;s   celles   qu'on 

désire  lu  '.  ant  toutefois  la  plus  grande  fran- 

■  et  la  plus  entière  indépendance  dans  ses  appréciations. 

Imprimerie  GODFROY,  62,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


t**~^ï 


J^1888^ 


Tous  ies  Samedis 


ç^        DIX  Centimes 


GEORGES  DOCQUOIS 

(GEO   DENIS-JEAN) 


D MANDEZ  L' CRIME 

Monologue  en  Prose 

DIT    PAR 

M.    c&lovis,   de    "La   S  cala. 


PARIS 

Librairie  SICHLER,  8.   Rue  du   Croissant 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


M»  22 


TOUS    DROITS   RÉSERVÉS. 


Si 


D'MANDEZ  L'CRIME 


A    Ch.-G.  Marti,,. 

D'mandez  l'journal  V Intransigeant ï  Voir  les  premiers  détails 
et  les  épouvantab1  révélations  su1  l'crime  inouï  d'ia  rue  d'ia 
Montagne-Sainte-Geneviève  !  Demandez  V Intransigeant] ... 

Flairez,  filez,  pincez,  les  cognes  ! 
Vlà  du  coton,  hein  ?  les  mouche^  ! 
Tout'  la  sacrée  rousse  su'  les  dents  ! 

mine  dit  Joseph,  el'  machinisse  :  c'est  farce,  tout  d'mème  ! 
J'ajoute  que  c'est  rupint. 
Allez!  flairez,  filez,  pincez! 
Et  maintenant,  juges  d'ia  terre,  instruisez  ! 
Argousins,  limiers,  ohé!  larbins  d'ia  fichue  robaille,  ohé!  via 
du  coton  ! 

D'mandez  l'Intransigeant,  l'crime  inouï  d'ia  rue  d'ia  Monta- 
gne-Sainte-Geneviève !.... 

J'ai  été  trouver  Rochefort,  et  j'y  ai  dit  : 

< —  Y  a  pas  longtemps  —  pas  vrai?  —  vous  tiriez  à  20,000. 
L'brav'  général  vous  a  v'nu  voir  un  jour  et  i'  vous  a  dit  :  «  Tiens  ! 
v'ià  l'plébiscite,  prends-le  ;  je  n'te  dis  qu'ça  !  »  Vous,  malin,  vous 
n'avez  pas  craché  su'  l'plébiscite  ;  et  alors,  vot'  journal,  il  a  monté 
à  140,000  exemplaires.  Bonne  opération,  savez-vous,  M'sieu 
l'ianternier  ! 

Rochefort,  i'  m'a  répondu  : 

—  Bonne  opération. 

Alors,  moi.  j'y  ai  dit,  à  Rochefort  : 

—  L'plébiscite.  j'en  suis.  C'est  mon  opinion  ;  mais  j'viens  pas 
pour  el'  plébiscite.  Moi.  j'vous  apporte  l'crime  d'ia  rue  d'ia 
M<>ntagne-Sainte-Genevieve.  Prenez-le.  Je  n'vous  dis  qu'ça  ! 
Demain  vous  tir'rez  à  300,000! 

D'mandez  V Intransigeant .'.... 


—  "  qu'i'  m 'dit  Henri,  tu  blagues! 

—  Non.  que  j'blague  pas.  J'connais  l'bibelot.  C'est  un  copain 
qu'a  fait  l'coup,  et  y  a  des  détails  pour  vingt-cinq  numéros; 
chaqu'  fois,  la  première  page  y  passe.  Voyons!  c'est-y  ou  c'est-y 
pas  une  occase  ? ... 

—  J'dis  pas.  mais.... 

—  \  oyons!  Quand  Boulanger  i'  vous  a  apporté  l'plébiscite? 

—  Ah!  l'plébiscite,  bonne  opération  ! 

—  Eh  ben  !  voulez-vous  tirera  500,000?  Prenez  mes  détails! 

—  Vous  en  avez  beaucoup  ? 


En  Vente  :  CRI-CRI  NOËL 


—  Plein  mon  sac.  Et,  en  échange,  j'vous  d'mand'rai  pas  500 
balles  par  artic';  vous  m'iaiss'rez  seul'ment  crier  l'journal  su' 
l'boulevard. 

Rochefort,  i'  s'épate  de  rien.  Y  m'a  dit  : 

—  Tope  ! 

D'mandez  l'Intransigeant I.... 


L'meurtrier,  je  l'connais. 
C'est  moi,  Gérasime. 

J 'l'ai  pas  dit  en  toutes  lett'es  à  Rochefort,  parc'  que  —  on  n'peut 
pas  savoir —  ça  l'aurait  p't-êt'  vexé. 

Mais,  tout  d'même,  j'crois  ben  qu'i'  m'a  compris. 

Il  est  intelligent,  Rochefort. 

Moi  et  Rochefort,  ça  fait  deux  zigues  ! 

Oui,  l'meurtrier,  c'est  moi. 

Et  c'est  moi  que  j'crie  l'assassinat  su'  la  voie  publique. 

Alors,  vous  voyez  ça  ?  les  limiers.... 

Pfff  !  !  !  enfoncés,  les  limiers  ! 

D'mandez  V Intransigeant l  les  odjeux  détails  !!!... 


Eh  ben!  ça,  j'espère,  c'est  humouristique  ? 

Humouristique,  un  verbe  qu'  tout  1'  monde  i'  connaît  pas,  à 
«  La  Panthère  des  Batignolles  !  » 

Moi,  je  l'connais  ! 

C'mot  là,  i'  fait  rien  d'  l'effet,  quand  j'parl'  dans  les  métin- 
gues  ! 

D'mandez  V Intransigeant  !  Voir  son  saisissant  numéro  ! 
L'monstrueux  assassinat  d'ia  rue  d'ia  Montagne-Ste-Geneviève  !! 
Cinque  centimes!... 

Argousins,  limiers,  ohé  !  larbins  d'ia  fichue  robaille,  ohé  ! 
v'ià  du  coton  ! 

Vous  trouvez  pas  ça  rigolo  ? 


SOUS  PRESSE  : 

LE  MONOCLE,  Monologue  en   prose,   de  Colias,  dit  par 
M.  Georges  Berr,  de  la  Comédie  Française. 


Le   CRI-CRI  donne  chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES, 

un  Monologue  vendu  cinquante  centimes  ou  un  franc  chez  les 
éditeurs  spéciaux. 


Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction 
à  M.  Louis  AN  QU  ET  IL,  7,  Rue  WArmaillé,  à  Paris. 

Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 

En  Préparation:  CRI-CRI  1er  AVRIL 


LAURENT  DES  AULNES 


L'OMBRE  POUR  LA  PROIE 


Pour  Félix. 

I  Idéal  meurt  —  bulle  qui  crève  — ; 
L'âme,  à  l'ici-bas  asservie'. 

Boit,  au  lieu  du  nectar  du  rêve, 
L'aigre    piquette  de  la  vie. 

L'âpre  liqueur!  Dès  qu'on  y  goûte, 
L'œil  se  trouble,  le  front  se  plisse, 
Mais,  jusqu'à  la  dernière  goutte, 

II  faut  qu'on  vide  le  calice!... 

Pourtant,  la  boisson  tant  amère 
Semblerait  moins  avilissante, 
Si  l'ancien  goût  d'une  chimère 
Rappelait  la  chimère  absente. 

Car,  à  la  cervelle  rebelle, 
L'Illusion  ne  coûte  guère, 
Qui  rend  la  laideur  presque  belle 
Et  rend  superbe  le  vulgaire. 

Ainsi,  quand,  sous  des  cieux  sans  voiles, 

Eclosent  mes  désirs  pubères, 

Rêvant  d'enlacer  les  étoiles, 

Je  prends  la  taille  aux  réverbères.... 

Le  Gérant  :  René  GODFROY 


DÉPOSITAIRES  DU   «  CRI -CRI  >»   (Suite)  : 

BOULOGNE-SUR-MER.  —  Librairie  CHIRAUX,  rue  Faidherbe. 
ANNECY.  —  Librairie  BURNOD. 


SUISSE.  —  Agence  des  Journaux,  Charles  ALIOTH,  direct', 
5,  rue  Pécolat,  à  Genèv<\ 

BELGIQUE.  —  Librairie  Ch.  ISTaCE,  Montagne  aux  Herbes 
Potagères,  à  Bruxelles. 
—  Librairie  Ch.  DESOER,  à  Liège. 

Imprimerie  GODFKOY,  02,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


^*m%K^ 


^  Tous  les  Samedis 


\Q*  DIX  Centimes 


•    v 


1 

Jt 

31. 

COLIAS 

LE 

Georges 

MONOCLE 

Monologue  en  Prose 

DIT    PAR 

'Merr,  de  la  Comédie  française. 

PARIS 

Librairie   SICHLER,   8,    Rue   du   Croissant 


N°  23 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE,   41,   Rue    de  Seine 
Et  cheç  t°us  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


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LE  MONOCLE 


/.'  entre  en  s'efforçant  de  faire  tenir  sou  ///duo  'le  sur  son  oeil). 

Je  suis  sûr  que  vous  vous  demandez  avec  anxiété  pourquoi 
je  fais  de  vains  efforts  pour  maintenir  ce  monocle  en  équilibre. 

3  cinq  minutes,  votre  anxiété  n'aura  plus  sa  raison  d'être. 
Elle  n'aura  plus  de  raison  d'être,  parce  que  je  vais  vous  faire 
part  de  ma  situation  qui  est  des  plus  pénibles;  du  reste,  il  a  bien 
fallu  qu'elle  fut  pénible,  pour  que  je  me  permette  de  venir  ra- 
conter mes  petites  histoires  devant  une  assistance  aussi  nom- 
breuse. 

Il  y  a  quinze  jours,  en  me  levant,  zim  !  je  m'aperçus  que  j'étais 
amoureux.  J'eus  beau  me  secouer,  ouvrir  ma  fenêtre,  me  lotion- 
ner.  ça  ne  s'en  allait  pas;  j'étais  amoureux,  amoureux  de  ma 
voisine,  une  petite  veuve  adorable....  toujours  en  noir.  Ça  n  est 
très  gai,  mais  ça  lui  va  si  bien!  Un  temps.)  Avez-vous 
remarqué  comme  le  noir  va  bien  aux  veines? —  C'est  peut-être 
pour  ça  qu'il  y  en  a  d'inconsolables. 

Je  mets  donc  des  gants....  noirs,  par  délicatesse  et  je  frappe 
discrètement  à  sa  porte. 

Notre  entretien  a  été  inouï.  Inouï  !  ..  Vous  allez  voir.  «  Mon- 
sieur, m'a-t-elle  dit,  votre  demande  me  flatte,  mais  l'image  de 
mon  premier  mari  est  trop  présente  à  ma  mémoire  pour  que  je 

soie  tentée  d'en  prendre  un  second —  g.  Je.  comprends  ça, 

madame,  mais  il  suffirait  de  faire  une  exception  en  ma  faveur. 
Ça  m'a  pris  le  matin  en  me  levant...  Zim  !  j'ai  eu  beau  me  se- 
couer, ouvrir  ma  fenêtre....  //  *  Si  je  cédais,  monsieur,  ce  serait 
à  une  condition  tellement  étrange...  /,  .  1  u  public  I  Voilà  l'inouï, 
vous  allez  voir,  inouï  !  —  «  Mon  premier  mari,  continua  ma 
veuve,  s'appelait  Thémistocle.  ••  —  "  Je  ne  connais  sous  ce  nom 
qu'un  grand  général  grec  de  l'antiquité.  //  —  «  Ce  n'était  pas  lui. 
Thémistocle  m'aimait  et  je  l'aimais.  //  —  «  Passons,  madame, 
passons.  •/  —  «  Il  était  doux,  serviable;  il  ne  rentrait  jamais 
après  dix  heures.  Le  matin,  je  lui  apportais  son  chocolat  dans 
son  lit  et  il  me  disait  :  Merci  !  d'une  voix  douce.  Il  était  officier 
d'académie  et  avait  une  cicatrice  à  l'épaule.  •/  —  *  Oui,  madame, 
c'était  un  brave,  mais....  „  —  «  Et  son  monocle,  monsieur!  11 
avait  un  monocle  admirablement  campé  sur  son  œil.  Je  me  de- 
mandais toujours  comment  il  arrivait  à  ce  prodigieux  équilibre. 


En  Vente  :  CRI-CEI  NOËL 


Monsieur,  je  me  résume.  Efforcez-vous  de  ressembler  à  Thémis- 
tocle.  Prenez  son  nom,  prenez  sa  figure,  prenez  sa  physionomie 
et  que  ce  second  mariage  me  paraisse  être  la  suite  du  premier.  » 
—  «  Le  tome  deux.  —  Est-ce  que  le  monocle  est  urgent?  »  — 
«  Indispensable,  monsieur.  Tout  Thémistocle  était  là  !  />  —  (Un 
temps.)  Vous  ne  trouvez  pas  ça  inouï?...  J'ai  couru  chez  mon 
coiffeur  et  je  me  suis  fait  faire  la  tête  de  Thémistocle.  Je  pren- 
drai son  nom,  bien  qu'il  ne  soit  pas  joli  ;  dans  les  moments  d'ex- 
pansion, s'entendre  appeler  Totocle!.... 

Le  chocolat  le  matin  dans  mon  lit,  ça,  ça  n'est  pas  plus  désa- 
gréable qu'autre  chose. 

Thémistocle  lui  disait  :  Merci  !  d'une  voix  douce  ;  je  lui  dirai 
merci!  d'une  voix  douce.  (Voix  de  tête.)  Merci  !  ou  bien  (avec 
expansion.)  Ah!  merci!  J'aime  mieux:  ah!  merci  !  parce  qu'en 
disant  :  (voix  de  tête)  Merci  !  j'ai  l'air  d'annoncer  une  station. 

Comme  Thémistocle  était  officier  d'académie,  je  me  suis 
acheté  du  ruban  violet,  mais  j'attendrai  quelque  temps,  je  ne  me 
crois  pas  encore  digne  de  le  porter.  Quant  à  la  cicatrice  à 
l'épaule,  elle  ne  me  paraît  pas  indispensable  ;  quand  ma  femme 
sera  à  même  de  constater  qu'elle  n'y  est  pas,  il  sera  trop  tard 
(souriant),  il  sera  évidemment  trop  tard.  —  La  cicatrice,  le  cho- 
colat, la  décoration,  tout  ça,  c'est  très  bien....  mais  c'est  le  mo- 
nocle!... Le  monocle,  impossible  de  le  faire  tenir.  —  Après  huit 
jours  d'essais  infructueux,  j'ai  envoyé  à  mon  adorable  Pasiphaé 
—  j'ai  oublié  de  vous  dire  qu'elle  se  nomme  Pasiphaé  —  quel- 
ques vers. 

Je  ne  puis  résister  à  l'envie  bien  légitime  de  vous  les  dire.  — 
Je  les  sais  par  cœur  : 

A  une  femme  qui  m'ordonnait  de  porter  un  monocle,  bien 
que  cet  instrument  d'optique  changeât  complètement  ma  ma- 
nière de  voir  : 

QUATRAIN 

C'est  vrai,  je  suis  votre  esclave;  marquise, 

Mais  vous  abusez  de  vos  droits. 
Avec  deux  yeux  je  vous  trouvais  exquise, 
C'est  de  la  cruauté  que  m'en  ordonner  trois! 

(Il  regarde  longuement  le  publie  avee  satisfaction.)  On  fait  ce 
qu'on  peut  ! 

Elle  m'a  répondu  qu'elle  tenait  au  monocle.  S'il  tenait  autant 
qu'elle  y  tient,  ce  serait  un  rêve;  mais  si  je  n'ai  pas  l'arcade 
sourcilière  conformée  comme  celle  de  Thémistocle,  qu'y  faire? 
Chacun  a  son  arcade  ! 

..Depuis.ce  matin,  je  suis  arrivé  à  le  faire  tenir  sans  changer  ma 
physionomie.  (Il  le  met  et  fait  une  horrible  grimace.)  Quand  je 
me  tais,  il  ne  bouge  pas,  mais  dès  que  j'ouvre  la  bouche,  il 
tombe.  Teng  !  (Il  le  met  et  pousse  un  cri  rauque.)  Ah  !  !  !  (Le  mo- 
nocle tombe.)  Vous  voyez!  j'avais  vaguement  songé  à  le  coller, 
mais  alors  je  ne  pourrais  plus  le  quitter  —  il  pourrait  me  gêner. 


En  Préparation  :  CRI-CRI  1C1  AVRIL 


S  nant.  Il  y  a  des  moments  où  il  pourrait  me  gêner.... — 
D'autant  plus  qu'il  m'empêche  totalement  de  voir  clair;  si 
jamais  j'arrive  à  le  faire  tenir,  il  me  faudra  un  caniche.  |  //  le  met 
machinalement.)  Ah!  je  ne  connais  pas  l'inventeur  de  ce  verre 
solitaire....  mais  si  je  le  connaissais,  je  lui  dirais  :  «  Monsieur...  » 

v  '  que  le  monocle  tient.)  Mais  il  tient!  il  tient!...  je 

vais  faire  ma  demande!  |  //  sort  à  tâtons, 

La  Gérant  :  Kun*  OODFROY 

Mous  recommandons  tout  spécialement  à  nos  lecteurs  le  mono- 
logue que  nous  publions  aujourd  hui  :  LE  MONOCLE,  dit  par 
M.  Georges  Berr. 

M.  Georges  Berr  qui,  après  avoir  obtenu  en  1886  le  premier 

prix  de  Comédie  au  Conservatoire  National,  a  débuté  si  brillam- 
ment au  Théâtre-Français  dans  Les  Plaideurs,  est  un  des  comé- 
diens de  grand  avenir  de  notre  première  scène. 

T(>us  les  rôles  qui  lui  ouf  été  confiés  à  la  Comédie,  soit  dans  l'an- 
cien répertoire,  soit  dans  le  répertoire  moderne:  Mascarille,  des 
Précieuses,  Pierrot,  du  Baiser,  Le  Fossoyeur,  d'HAMLET,  etc.,  ont 
été  pour  lui  de  nouveaux  succès. 

Tous  ceux  qui  s'occupent  de  théâtre  savent,  du  reste,  quel  cas 
M.  Francisque  Sarcey  fait  du  jeune  artiste,  et  nous  n'ajouterons 
rien  à  sa  haute  appréciation. 

Colias,  l'auteur  du  MONOCLE,  ne  nous  en  voudra  pas  si  nous 
faisons  passer  Georges  Berr  avant  lui  ;  Colias  est  d'ailleurs  un 
auteur  charmant,  plein  de  délicatesse  et  d'esprit,  qui  ne  trouve  de 
rival  qu'en  Georges  Berr;  s'il  faut  nous  expliquer  davantage,  nous 
dirons,  comme  dans  Mademoiselle  Nitouche  :  «  Floridor,  c'est 
Célestin.  et  Célestin,  c'est  Floridor.  »  —  Hommage  donc  à  l'au- 
teur interprète. 


Le  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  Libraires.  Marchands 
de  Journaux  et  de  Musique  de  France,  de  Belgique,  de  Suisse  et 
d'Angleterre,  et  dans  toutes  les  Gares  françaises. 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  : 

Fr.  5  par  an  pour  la  France, 
//    8  >  les  Pays  de  l'Union  postale. 


/.     CRI-CRI  donne  chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES, 
un   Monologue  d'une  valeur  réelle  de  Un  Franc. 


Imprimerie  GODFROY,  KL,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


28^^         Tous  les  Samedis 

I    % 


3W,,,«f*^ 


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ï^  DIX  Centimes 


ALBERT  FOX 


SOUS  LES  POMMIERS 


POESIE 

DITE    PAR 


31.    ^OCHERIS,  de  la   Comédie   française. 


PARIS 

Librairie   SICHLER,   8;    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE,  41,   Rue    de   Seine 

Et  che%  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  25 


TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


I 


#VI 


• 


f*Mry 


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SOUS   LES  POMMIERS 


<■, 


fine 

lin. 

ut  sombre. 
tremblii  ur... 

?...  Dans  I  o 
ur. 
Dou  Di\  ins  dictain 

us  troublants  !..  Rêves  '...  Ara 
Qui  fireii  mes 

iir... 

Pour  ro  »ir, 

»urs  bru  is  la  feui 

Petits  apprennent  a  causer. 
Mais  la  Nino  t  allée, 

Chercher  d'autres  cœurs  à  bris 

Et  bien  e  rappel  I 

charmail  îlle, 

Mer  iers, 

-hantaient  a  tue-t€ 


Al.RERT  T1NCHANT 


PRÉSENTS 


-i  aujourd'hui  votre  fête, 
Mignonne  :  que  voulez-vous  ? 

Des  roses  pour  votre  tête, 
Un  baiser,  ou  des  bijoux  ? 

Il 

Les  fleurs  fraîches,  embaumées, 
Cela  sied  à  votre  front. 

Mais  les  jeunes  bien-aimées 
Si  vite  se  flétriront. 

111 

le  soir,  le  parfum  des  roses 
S'envole  au  ciel  sans  retour, 
Comme  un  essaim  d'anges  roses 
Vers  le  radieux  séjour. 

IV 

Un  baiser  ?  Votre  âme  tendre 
En  a  peut-être  eu  désir  : 
Mais  je  n'o-serais  le  prendre. 
Car  j'en  mourrais  de  plaisir. 

V 

Une  bague  d'hyménée, 
C'est  un  trop  grave  cadeau. 
Le  cœur  change  en  une  année 
Et  l'amour  devient  fardeau. 

VI 

Vous  aurez  pour  votre  fête 
Un  bracelet,  des  colliers, 
Des  perles  sur  votre  tète... 
Mon  cœur  à  vos  petits  pieds  ! 


Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


DÉPOSITAIRE  DU   "  CRI-CRI  "  EN  RUSSIE  : 
Librairie    ROUSSEAU   &   C  "'.    à    Odessa. 


/.     CRI-CRI  donne  chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES, 
un  Monologue  d'une  valeur  réelle  de  Un  Franc. 


Imprimerie  GODFHOT,  62,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


77?&ç  les  Samedis 


ïSi^ 


^        DIX  Centimes 


FERNAND  FAUTREL 


DÉCROTTEUR  PAR  AMOUR 


Monologue  en  Vers 


31.    ^Iony-ŒjAURENT,   du  (jrrand- lhéâtre  du  Zflavre 


GfhA. 


PARIS 

Librairie   J.   STRAUSS,   5.   Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE  UNIVERSELLE,  41,  Rue    de  Seine 
Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  26 


TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


DKCKOTTEUR  PAU  AMOUR 


L'autre  soir  je  rentrais  chez  moi.  Le  boulevard 

Etait  presque  désert,  il  était  déjà  tard, 

le  marchais  lentement,  j'allais  à  l'aventure; 

Une  femme  passa  pics  de  moi,  sa  tournure 

Me  parut  élégante,  et  voilà  qu'aussitôt 

Je  me  mis  à  la  suivre  ;  un  lourd  et  long  manteau, 

Lui  dessinant  la  taille,  —  une  taille  de  guêpe,  — 

l'n  chapeau  noir,  de  deuil,  avec  un  très  long  crêpe, 

Telle  était  sa  toilette.  Oh  !  les  femmes  en  noir! 

On  devine  un  chagrin,  leur  deuil  est  votre  espoir; 

C'est  doux  de  consoler  une  peine  encor  neuve, 

Et  puis  on  peut  toujours  supposer  qu'elle  est  veuve. 

Je  la  suivais,  rêveur,  et  machinalement 

Déjà  je  préparais  un  galant  compliment, 

Et  j'allais  lui  parler  quand  elle  ouvrit  sa  porte, 

Et  sans  se  retourner  la  referma  ;  de  sorte 

Que,  sans  avoir  rien  dit,  que  sans  même  la  voir, 

Je  restai  tout  confus,  debout  sur  le  trottoir. 

Oh  !  je  fus  très  froissé  par  cette  indifférence; 

Aussi  je  me  promis,  —  voyez  ma  suffisance,  — 

«  De  plaire  à  cette  femme  et  d'être  son  amant.  » 

Alors,  nouveau  Ruy-Blas,  je  pris  l'accoutrement, 

Je  pris  même  le  fonds  du  décrotteur  d'en  face; 

Moyennant  quelqu'argent  il  me  céda  sa  place. 

Et  moi,  l'homme  du  monde,  et  moi,  le  séducteur, 

Pour  cette  femme,  hélas!  je  me  fis  décrotteur  1... 

Pour  faire  connaissance,  un  vieux  commissionnaire, 

Mon  voisin  de  trottoir,  m'offrit  de  boire  un  verre, 

Et  je  dus  accepter  ;  oh  !  je  ne  fus  pas  fier. 

Cet  homme  est  mon  égal...  Fier,  je  l'étais  hier, 

Mais  aujourd'hui,  manant,  j'entends  la  populace, 

Non  sans  quelque  mépris,  qui  me  jette  à  la  face 

Ce  mot  de  «  fainéant  /•,  et  ce  cri  des  passants  : 

«  faire  un  pareil  métier,  quand  on  n'a  pas  trente  ans!  » 

Sans  paraître  écouter,  narguant  la  clientèle, 

Je  me  sens  tout  heureux,  car  je  souffre  pour  elle  ! 

Tout  soulier  qui  n'est  pas  le  sien  me  laisse  froid  ; 

Le  pied  d'un  député,  le  pied  même  d'un  roi, 

Ne  saurait  inspirer  ma  brosse  et  mon  cirage. 

Oh  !  mais  si,  quelque  jour,  après  un  temps  d'orage, 

Ma  belle  allait  venir  poser  son  pied  mignon, 

Que  de  soins  je  prendrais  pour  brosser  son  jupon, 

Que  d'ardeur  je  mettrais  à  cirer  sa  bottine; 

Comme  je  lui  dirais  tout  bas,  à  la  sourdine  : 

«  Je  vous  aime,  ma  chère,  et  je  suis  à  vos  pieds  ! 

Oh  !  tous  vos  mouvements  par  moi  sont  épiés; 

Je  me  suis  établi  droit  sous  votre  fenêtre 

Pour  vous  voir  chaque  jour,  quand  vous  daignez  paraître.» 

Ce  jour  vint.  Un  matin,  jugez  de  mon  émoi 

Quand  je  la  vis  sortir  se  dirigeant  vers  moi, 


En  Vente  CRI-CRI  NOËL 


Et  je  sentis  mes  yeux  qui  s'emplissaient  de  larmes  ; 
Mes  brosses  à  la  main,  je  me  tins  sous  les  armes. 
Elle  vint  près  de  moi  ;  troublé,  fermant  les  yeux, 
J'attendis  un  instant;  oh  !  j'étais  radieux. 
Mais  soudain  je  sentis  chanceler  ma  boutique.... 
Quand  je  rouvris  les  yeux,  ciel!  un  transatlantique 
Venait  de  s'échouer  sur  ma  planche  à  cirer  !... 
Et  c'était  là  ce  pied,  ce  pied  tant  désiré! 
Amour,  illusion,  tout  cela  n'est  qu'un  rêve, 
Heureux  à  son  début,  triste  quand  il  s'achève.... 
Jugez  de  mon  chagrin,  jugez  de  ma  douleur; 
Et  sur  son  large  pied,  laissant  tomber  un  pleur  : 
«  Pour  cirer  ce  soulier,  lui  dis-je,  non  sans  rage, 
«  J'ai  bien  peur  de  n'avoir  pas  assez  de  cirage.  » 


E.-H.  MARCELLA 


LA  TROISIÈME  LUNE 

MONO-DIALOGUE 


Un  Monsieur  en  costume  de  voyage  ;  à  la  main  une  valise  et  un  carton 
à  chapeau,  une  couverture  sous  le  bras. 

Non,  ce  n'est  pas  drôle  du  tout,  ah  !  non  ;  il  n'y  a  qu'à  moi 
qu'il  arrive  de  ces  choses  là....  se  trouver  à  deux  heures  du 
matin  sur  le  quai  d'une  gare  par  un  froid,  oh  !  un  de  ces  froids! 
brrr  !  j'en  suis  congelé  !...  et  tout  cela  à  cause  de  votre  infernale 
jalousie,  Clotilde....  Allons,  ne  vous  fâchez  pas;  allez-vous  en- 
core me  faire  une  scène?  ce  n'est  pas  le  moment Comment 

dites-vous  ?....  ah  !  mais  je  vous  jure  que  je  ne  lui  ai  rien  fait  à 
cette  dame,  mais  rien  !  C'est  seulement  sous  le  tunnel  que  son 
genou  s'est  trouvé  contre  le  mien,  par  accident;  alors  j'ai  mis 
ma  main  dessus,  toujours  par  accident,  je  croyais  que  c'était  le 
vôtre,  (doucereux)  oh!  j'ai  reconnu  mon  erreur  tout  de  suite,  il 
était  d'un  pointu  !  Il  n'y  a  encore  que  le  vôtre,  vous  savez  ! 
(A  part)  Ça  ne  prend  pas.  (Haut)  Et  puis,  après  tout,  ce  n'était 
pas  une  raison  pour  me  faire  une  scène  comme  celle-là  ;  à  peine 
le  train  arrivé  vous  sautez  sur  le  quai,  je  vous  suis,  vous  m'ac- 
cablez d'injures,  —  je  ne  sais  pas  trop  si  vous  ne  m'avez  pas 
donné  un  soufflet,  —  pendant  ce  temps-là  le  train  part  et.... 
nous  voici  ici  pour  la  nuit. 

Il  faut  en   prendre  son  parti  :  allons  à  l'hôtel comment, 

non?  c'est  le  comble!  est-ce  que  vous  avez  l'intention  de  passer 
la  nuit  sur  le  quai  ?  ce  n'est  pas  sérieux.  Je  suis  gelé,  moi  ;  vous 
avez  chaud,  vous,  c'est  possible,  la  colère  vous  échauffe,  mais 
moi,  je  suis  loin  de  la  température  des  vers  à  soie. 

Ah  !  tenez,  ce  que  nous  devons  avoir  l'air  bête  ! . . .  moi  surtout. 

J'ai  connu  bien  des  femmes....  —  quoi?  je  vous  dirais  le  con- 
traire, vous  ne  me  croiriez  pas,  —  eh!  bien,  je  n'en  ai  jamais 
connu  comme  vous  :  j'aimerais  mieux  voyager  avec  dix  valises, 


En  Préparation  :  CRI-CRI  1er  AVRIL 


cinq  cartons  à  chapeau  et  une  cage  a  serins,  qu'avec  une  seule 
femme  !...  ah  !  je  vais  finir  par  m'échauffer  à  la  tin. 

(Changeant  de  ton).  Voyons,  ma  petite  Chlo-Chlo,  allons  à 
l'hôtel  :  vous  me  bouderez,  vous  me  tournerez  le  dos,  nous 
ferons  chambre  à  part  si  vous  voulez,  j'aurai  encore  plus  chaud 
qu'ici....  ut  sur  sa  valise). 

Inflexible!..,  Qhl  le  mariage!...  D'abord,  la  lune  de  miel: 
oh  !  c'est  loin  ça.  bien  loin  ;  puis  la  lune  rousse  :  ça  y  est,  oh  ! 
en  plein \  quand  la  troisième  lune?...  Oh!  madame,  n'at- 
tende: pas  qu'il  soit  trop  tard!  (Un  silence.)  Tenez,  madame, 
savez-vous  où  nous  sommes  ici?....  Non?....  Nous  sommes  à 
Mézidon. 

Ecoutez  :  11  y  a  trois  ans,  moins  une  semaine  et  plusieurs 
heures  de  cela,  ce  jour-là  je  vous  enlevais  pour  la  première  fois 
aux  bras  de  votre  famille  en  larmes.  Belle-maman  me  disait  : 
«  Théodore,  ménagez-la  »•.  et  bon  papa,  d'une  main  me  pressant 
sur  son  cœur,  de  l'autre  renfonçant  ses  pleurs,  me  gémissait  : 
«  Monsieur,  rendez-la  heureuse,  notre  Clotilde  !...  »  Une  heure 
après,  nous  roulions  sur  Paris,  pelotonnés  dans  un  coin  de  pre- 
mière—  suspension  intérieure.  —  Ah!  quelle  douceur  de  re- 
gard !....  non,  ne  me  regardez  plus,  ce  n'est  plus  ça  du  tout.... 

Quelles  douces  paroles!....  non,  taisez-vous,  ce  n'est  plus  ça 

Et  moi.  dans  l'impatience  de  mon  amour,  je  vous  dis  :  «Clotilde, 
ne  trouvez-vous  pas  que  la  route  de  Paris  est  bien  longue?  » 
Et  comme  un  coup  de  sifflet  strident  coupait  en  deux  notre  351e 
baiser  :  «  Si  nous  descendions  »,  repris-je.  Vous  soupirâtes  un 

«  oui  />  timide  en  baissant  les  yeux C'était  Mézidon,  madame. 

\Sne  heure  après,   dans  une  modeste  chambre  d'auberge,  nous 

perdions,  moi,  mes  illusions,  vous,  votre talisman 

Avec  émotion).  Eh!  bien,  Clotilde,  cette  chambre  voulez- 
vous,  veux-tu  la  revoir?...  Veux-tu  retourner  de  trois  ans  en 
arrière?...  Oh!  tu  as  tremblé,  Clotilde,  tu  frissonnes  —  et  ce 
n'est  pas  de  froid....  au  contraire..  ..  —  Oh?  la  troisième  lune, 

la  voilà,  je  la  tiens et  il  est  encore  temps Garçon  !  un  lit 

pour  deux  ! 

Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


Rl-CRI  donne   chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES, 
un    '-  1e  d'une  valeur  réelle  de  Un  Frv 


.1  dater  de  ce  Numéro,  et  pour  répondre  aux  exigences  d'une 
vente  eu  augmentation  chaque  semaine,  le  Dépôt  Général  du 
CRI-CRI  est  transféré  à  la  Librairie  J.  STRAUSS,  5,  rue  du 
Croissant. 

MM.  les  Libraires  sont  priés  de  s'adresser  à  celte  Maison, 
chargée  de  la  vente  cou  urremment  à  la  Librairie  Universelle,  41, 
rue  de  Seine. 

/.  réassortiment  s'opérera,  comme  par  le  passé,  par  l'intermé- 
diaire de  MM.  les  Commissionnaires  .•.Hachette  &  C°,  Ch.  Delà- 
grave,  G.  Guérm  &  C",  Cm.  Gaui.on,  Groi.w  &  C",  Vye  Mellier, 
-sois,  Challamee,  Borrani,  Le  Soudier,  etc.,  etc. 

rimerle  GODFROY.  82,  Rue  Thiers,  Le  Havre 


«/MBSESi 


—.  ""••5%.., 


faw  tes  Samedis 


& 

^ 


DIX  Centimes 


ALPHONSE  ALLAIS 


LES  TEMPLIERS 


Monologue  en  Prose 


cV.    rÔOQUELlN  ^adetj   de  la  c(5omêdie   française 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   S.   Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE  UNIVERSELLE,   41,   Rue    de   Seîne 

Et  clie^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  3 


TOUS    DROITS    RÉSERVÉS. 


LES  TEMPLIERS 


A   Léon  Gandilîot. 

En  voilà  un  qui  était  un  type,  et  un  rude  type,  et  d'attaqué! 
Vingt  fois  je  l'ai  vu,  rien  qu'en  serrant  son  cheval  entre  ses 
cuisses,  arrêter  tout  l'escadron,  net. 

11  était  brigadier  à  ce  moment-là.  Un  peu  rosse  dans  le  service, 
mais  charmant,  en  ville 

Comment  diable  s'appelait-il?  Un  sacré  nom  alsacien  qui  ne 
peut  pas  me  revenir,  comme  Wurtz  ou  Schwartz...  Oui,  ça  doit 
être  ça.  Schwartz.  Du  reste,  le  nom  ne  fait  rien  à  la  chose.  Natif 
de  Neufbrisach,  pas  de  Neufbrisach  même,  mais  des  environs. 

Quel  type,  ce  Schwartz  ! 

Un  dimanche  nous  étions  en  garnison  à  Oran),  le  matin, 
Schwartz  me  dit  :  «  Qu'est-ce  que  nous  allons  faire  aujourd'hui?» 
Moi.  je  lui  réponds  :  «  Ce  que  tu  voudras,  mon  vieux  Schwartz.» 

Alors  nous  tombons  d'accord  sur  une  partie  en  mer. 

Nous  prenons  un  bateau,  souque  dur,  garçons!  et  nous  voilà 
au  large. 

Il  faisait  beau  temps,  un  peu  de  vent,  mais  beau  temps  tout 
de  même. 

Nous  filions  comme  des  dards,  heureux  de  voir  disparaître  à 
l'horizon  la  côte  d'Afrique. 

Ça  creuse,  l'aviron!  Nom  d'un  chien,  quel  déjeuner! 

Je  me  rappelle  notamment  un  certain  jambonneau  qui  fut  ra- 
tissé jusqu'à  l'indécence. 

Pendant  ce  temps-là,  nous  ne  nous  apercevions  pas  que  la 
brise  fraîchissait  et  que  la  mer  se  mettait  à  clapoter  d'une  façon 
inquiétante. 

—  Diable!  dit  Schwartz,  il  faudrait... 

Au  fait,  non,  ce  n'est  pas  Schwartz  qu'il  s'appelait. 

Il  avait  un  nom  plus  long  que  ça,  comme  qui  dirait  Schwartz- 
bach.  Va  pour  Schwartzbach  ! 

Alors  Schwartzbach  me  dit  :  «  Mon  petit,  faut  songer  à  rallier.» 

Mais  je  t'en  fiche,  de  rallier.  Le  vent  soufflait  en  tempête. 

La  voile  est  enlevée  par  une  bourrasque,  un  aviron  fiche  le 
camp,  emporté  par  une  lame.  Nous  voilà  à  la  merci  des  flots. 

Nous  gagnions  le  large  avec  une  vitesse  déplorable  et  un  caho- 
tement terrible. 

Prêts  à  tout  événement,  nous  avions  enlevé  nos  bottes  et  notre 
veste. 

La  nuit  tombait,  l'ouragan  faisait  rage. 

Ah  !  une  jolie  idée  que  nous  avions  eue  là,  d'aller  contempler 
ton  azur.  6  Méditerranée  ! 

Et  puis,  l'obscurité  arriva  complètement.  Il  n'était  pas  loin 
de  minuit. 

Tout  à  coup,  un  craquement  épouvantable.  Nous  venions  de 
toucher  terre. 


En   Vente  CRI-CRI  NOËL 


Où  étions-nous  ? 

Schwartzbach,  ou  plutôt  Schwartzbacher,  car  je  me  rappelle 
maintenant,  c'est  Schwartzbacher;  Schwartzbacher,  dis-je,  qui 
connaissait  sa  géographie  sur  le  bi  du  bout  du  doigt  (les  Alsa- 
ciens sont  très  instruits),  me  dit  : 

—  Nous  sommes  dans  l'île  de  Rhodes,  mon  vieux. 

Est-ce  que  l'administration,  entre  nous,  ne  devrait  pas  mettre 
des  plaques  indicatrices  sur  toutes  les  îles  de  la  Méditerranée, 
car  c'est  le  diable  pour  s'y  reconnaître,  quand  on  n'a  pas  l'habi- 
tude ? 

Il  faisait  noir  comme  dans  un  four.  Trempés  comme  des  sou- 
pes, nous  grimpâmes  les  rochers  de  la  falaise. 

Pas  une  lumière  à  l'horizon.  C'était  gai  ! 

Nous  allons  manquer  l'appel  de  demain  matin,  dis-je,  pour 
dire  quelque  chose. 

—  Et  même  celle  du  soir,  répondit  sombrement  Schwartz- 
bacher. 

Et  nous  marchions  dans  les  petits  ajoncs  maigres  et  dans  les 
genêts  piquants.  Nous  marchions  sans  savoir  où,  uniquement 
pour  nous  réchauffer. 

—  Ah  !  s'écria  Schwartzbacher,  j'aperçois  une  lueur,  vois-tu, 
là-bas  ? 

Je  suivis  la  direction  du  doigt  de  Schwartzbacher,  et  effecti- 
vement une  lueur  brillait,  mais  très  loin,  une  drôle  de  lueur. 

Ce  n'était  pas  une  simple  lumière  de  maison,  ce  n'étaient  pas 
des  feux  de  village,  non,  c'était  une  drôle  de  lueur. 

Et  nous  reprîmes  notre  marche,  en  l'accélérant. 

Nous  arrivâmes,  enfin. 

Sur  des  rochers  se  dressait  un  château  d'aspect  imposant,  un 
haut  château  de  pierre,  où  l'on  n'avait  pas  l'air  de  rigoler  tout 
le  temps. 

Une  des  tours  de  ce  château  servait  de  chapelle,  et  la  lueur 
que  nous  avions  aperçue  n'était  autre  que  l'éclairage  sacré  ta- 
misé par  les  hauts  vitraux  gothiques. 

Des  chants  nous  arrivaient,  des  chants  graves  et  mâles,  des 
chants  qui  vous  mettaient  des  frissons  dans  le  dos. 

—  Entrons,  fit  Schwartzbacher,  résolu. 

—  Par  où  ? 

—  Ah  !  voilà...  cherchons  une  issue. 

Schwartzbacher  disait  :  «  Cherchons  une  issue,  »  mais  il  vou- 
lait dire  :  «  Cherchons  une  entrée.  »  D'ailleurs,  comme  c'est  la 
même  chose,  je  ne  crus  pas  devoir  lui  faire  observer  son  erreur 
relative,  qui  peut-être  n'était  qu'un  lapsus  causé  par  le  froid. 

Il  y  avait  bien  des  entrées,  mais  elles  étaient  toutes  closes,  et 
pas  de  sonnettes.  Alors  c'est  comme  si  il  n'y  avait  pas  eu  d'en- 
trées. 

A  la  fin,  à  force  de  tourner  autour  du  château,  nous  décou- 
vrîmes un  petit  mur  que  nous  pûmes  escalader. 

—  Maintenant,  fit  Schwartzbacher,  cherchons  la  cuisine. 
Probablement  qu'il  n'y  avait  pas  de  cuisine  dans  l'immeuble, 

car  aucune  odeur  de  fricot  ne  vint  chatouiller  nos  narines. 

Nous  nous  promenions  par  des  couloirs  interminables  et 
enchevêtrés. 

Parfois,  une  chauve-souris  voletait  et  frôlait  nos  visages  de  sa 
sale  peluche. 

Au  détour  d'un  corridor,  les  chants  que  nô*ùs  avions  entendus, 
vinrent  frapper  nos  oreilles,  arrivant  de  tout  près. 


En  Tente  :  CRI-CRI  1er  AVRIL 


Nous  ctions  dans  une  grande  pièce  qui  devait  communiquer 
avec  la  chapelle. 

—  Je  vois  ce  que  c'est,  fit  Sehw  art/bacher,  nous  nous  trou- 
vons dans  le  château  des  Templiers. 

11  n'avait  pas  termine  ces  mots,  qu'une  immense  porte  de  fer 
s'ouvrit  toute  grande. 

Nous  fûmes  inondes  de  lumière. 

Des  hommes  étaient  là,  à  genoux,  quelques  centaines,  bardés 
de  ter.  casque  en  tète,  et  de  haute  stature. 

Ils  se  relevèrent  avec  un  long  tumulte  de  ferraille,  se  retour- 
nèrent et  nous  virent. 

Alors,  du  même  geste,  ils  firent  Sabre-main  !  et  marchèrent 
sur  nous,  la  latte  haute. 

J'aurais  bien  voulu  être  ailleurs. 

ns  se  déconcerter,  Schwartzbachermann,  —  oui,  c'est 
Schwartzbachermann,  —  retroussa  ses  manches,  se  mit  en  pos- 
ture de  défense  et  s'écria  d'une  voix  forte  : 

—  Ah  '.  nom  de  Dieu  !  messieurs  les  Templiers,  quand  vous 
série/  cent  mille...  aussi  vrai  que  je  m'appelle  Durand ! 

Ah  !  je  me  rappelle  maintenant,  c'est  Durand  qu'il  s'appelait. 
Son  père  était  tailleur  à  Aubervilliers.  Durand,  oui,  c'est  bien 
ça... 

Sacré  Durand,  va  !  Quel  type  ! 

Le  Gérant  :  René  GODFROY 

CRI-CRI  donne  chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES 

un   Monologue  d'une  valeur  réelle  de  Un  Franc.. 


SOUS  PRESSE  : 

Et  A?  dernière  neuf.'  monologue  en  prose  de  George  Auriol, 
du  Chat-Noir,  dit  par  Coq.uei.in  cadet,  de  la  Comédie-Française. 


En  Vente  chez  tous  les  Libraires  : 
Cri-Cri  I     Avril.  —  Dix  Monologues  de  MM.  George  Auriol, 
Ch.   Beaugrand,  Henri  Brière,   Marcel  Bailliot,   J.  Barthélémy, 
George  Docquois,    Carolus  d'Harrans,    Narcisse   Lebeau,   Yves 
Lerel. 

Prix  de  ce  Numéro  exceptionnel  :  25  Centimes. 


L'Administration  du  Cri-Cri  demande  des  Correspondants  non 
libraires  dans  chacune  des  villes  ci-après  désignées: 

Lyon,  Marseille,  Lille,  Bordeaux,  Toulouse,  Nantes,  Rouen,  St-Etienne, 
Brest,  Besançon,  Reims,  Angers,  Dijon.  Bourges,  Angoulême,  Clermont- 
Perrand,  Caen,  Troyes,  Nice,  St-Quentin,  Limoges,  Poitiers,  Avignon, 
Toulon.  Amiens,  Tourcoing,  Roubaix,  Versailles,  Le  Mans,  Arras  et 
Calais.  —  Bruxelles.  Anvers.  Gand,  Liège.  Genève  et  Londres. 

Écrir.;  immédiatement  à  M.  Louis  ANQUBTIL,  7,  nu;  d'Armaillé, 
à  Paris. 

Imprinvrie  QODFBOT,  62,   R'ie  Thiers,  Le  Havre. 


Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


</ 


S 


GEORGE  AURIOL 


ET  LXDERNIÈRE  NEUF! 


Monologue  en  Prose 


31.     c6oqi'ELIX   r€a(]ct,    de  la   côomédie   Française 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   8,   Rue  du   Croissant 


LIBRAIRIE  UNIVERSELLE,  41,   Rue    de   Seine 

Et  che\  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°32 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


imm^mémmmm 


ET  LA  DERNIÈRE  NEUF! 


Pans  la  famille  j'avais  toujours  entendu  parler  de  mon  on- 
cle Cuvelhard  comme  d'un  homme  extrêmement  supérieur. 

Tout  ce  qu'il  faisait  était  remarquable  ;  tout  ce  qu'il  avait  fait 
était  admirable  :  tout  ce  qu'il  ferait  serait  toujours  extraordi- 
naire. 

C'était  un  gaillard  qui  n'avait  jamais  eu  de  faiblesses,  qui  n'a- 
vait jamais  menti,  ne  s'était  jamais  trompé,  et  n'avait  jamais  co- 
ons  sur  ses  camarades;  aucun  problème  ne  l'avait 
jamais  embarrassé  :  aucune  date  historique  ne  l'avait  jamais  aban- 
donne :  jamais  on  n'avait  oui  dire  qu'il  eût  fait  une  heure  de  re- 
tenue ni  de  piquet,  et  s'il  n'était  pas  entre  à  Polytechnique,  c'est 
qu'il  avait  été  invinciblement  attiré  par  un  commerce  non  moins 
noble  que  tous  ceux  auxquels  pourront  jamais  se  livrer  les  lan- 
de Polytechnique  :  mon  oncle  Cuvelhard  était  luthier. 

Mes  parents  ne  l'ayant  pas  vu   depuis  le  jour  de  leur  mariage, 
il  v  avait  de  fortes  chances  pour  que  je  ne  le  connusse  pas.  Je  le 
ttais    amèrement,  mais  il  n'en   était   que    plus   grand  à  mes 
yeux. 

Tous  les  ans.  mon  oncle  Cuvelhard  écrivait  qu'il  viendrait 
nous  voir.  mais,  au  dernier  moment,   il  était  toujours  empêché. 

Mon  père  disait  :  «  Tu  ne  verras  pas  encore  ton  oncle  cette 
année,  gamin.  //  Et  il  ajoutait  invariablement  :  «  Pourtant,  il  ne 
tiendrait  qu'à  toi...  si  tu  avais  le  prix  d'excellence,  tu  sais  bien 
que  je  t'enverrais  faire  un  tour  à  Paris.  /• 

Mais  les  prix  d'excellence,  vous  savez  aussi  bien  que  moi 
comme  c'est  difficile  à  apprivoiser... 

11  v  avait  dans   le  bureau  de  mon  père  un  portrait  de  Poncle 
Cuvelhard  au  daguerréotype,  mais  c'était  bien  la  plus  capricieuse 
e  que  j'aie  jamais  rencontrée. 

Elle  était  perchée  au  diable,  si  bien  que  je  devais  grimper  sur 
la  table  pour  voir  mon  oncle,  et  encore  fallait-il  qu'il  fut  bien 
disposé,  car  ce  bougre  d'homme  se  dissimulait  la  plupart  du 
temps  derrière  des  reflets  sans  nombre,  et  j'en  étais  pour  mes 
frais. 

tait  un  bel  homme  —  un  fort  bel  homi  ut  : 

h  favoris  indiquant  une  âmefière.un  œil  hardi,  et  une  jolie 
touffe  de  cheveux  frisés  sur  le  haut  du  front. 

11  avait  une  grande  chaîne  de  montre  qui,  passant  par  le  col, 
faisait  un  chemin  considérable  à  travers  toutes  les  boutonnières 
d'un  beau  gilet  de  velours  à  boutons  d'or:  et  ma  parole  d'hon- 
neur, il  avait  quelque  chose  à  sa  boutonnière  ! 

Je  n'affirmerais  pas  que  ce  fut  la  croix  plutôt  que  le  ruban 
académique  ou  n'importe  quelle  autre  décoration,  mais  ce  (pie 
je  puis  dire,  c'est  qu'il  avait  quelque  chose  à  sa  boutonnière.  — 
Et  je  pense  que  cela  mérite  d'être  noté,  hein  ? 


En   Vente  CRI- CRI  NOËL 


Enfin,  c'était  un  homme  incomparable,  et  j'avais  beau  cher- 
cher dans  toute  la  ville,  je  ne  voyais  personne  qui  pût  rivaliser 
avec  lui  —  pas  même  le  premier  conseiller  de  préfecture  qui 
faisait  des  vers... 

Or,  il  arriva  qu'en  18...  j'eus  le  prix  d'excellence,  et  je  puis 
avouer  maintenant  que  je  ne  m'y  attendais  guère  ;  une  erreur, 
probablement. . . 

Ce  qui  était  dit  était  dit  ;  on  fit  ma  malle,  on  me  confia  à  un 
voyageur  de  commerce,  et  je  partis  à  Paris  pour  y  passer  les  va- 
cances de  Pâques. 

L'oncle  Cuvelhard  était  à  la  gare.  Je  le  reconnus  immédiate- 
ment, bien  qu'il  fût  un  peu  grossi.  Cela  vous  semble  drôle  ;  oui, 
bien  que  je  ne  l'eusse  jamais  vu,  je  fis  cette  remarque.  Considé- 
rablement grossi,  même. 

Il  avait  toujours  sa  grande  chaîne  d'or,  et  je  pus  voir  alors 
qu'elle  était  ornée  d'une  quantité  de  breloques  très  originales, 
au  nombre  desquelles  je  distinguai  un  petit  violon  en  or,  un 
polichinelle  articulé,  une  tète  de  mort  en  ivoire,  un  cachet 
d'onyx,  une  bague  de  femme,  un  petit  Napoléon  Ier  en  argent, 
deux  pièces  romaines,  une  dent  de  lion,  quelques  médailles  et 
divers  autres  petits  bibelots  fort  intéressants. 

Mon  oncle  Cuvelhard  demeurait  à  deux  pas  de  la  gare  .Sa 
boutique  était  imposante  ;  l'odeur  qu'on  y  respirait  tenait  de  la 
sacristie  et  du  musée. 

La  tante  Cuvelhard,  qui  était  grosse  et  rouge,  nous  attendait 
avec  impatience  :  Vite,  vite,  dit-elle  en  m'embrassant,  dépèchez- 
vous,  le  déjeuner  va  être  froid  ;  le  haricot  de  mouton,  ce  n'est 
rien  de  bon  quand  ce  n'est  pas  bouillant . . . 

Je  n'oublierai  jamais  ce  haricot  de  mouton,  il  était  exquis. 

N'étant  encore  jamais  venu  à  Paris,  —  à  propos,  vous  l'ai-je 
dit  ?  —  j'avais  une  foule  de  choses  rà  voir:  le  Jardin  des  Plantes, 
la  tour  Saint-Jacques,  les  Champs-Elysées,  la  colonne  Vendôme, 
le  bois  de  Vincennes,  les  Buttes-Chaumont,  etc. 

Mais,  chose  étrange,  chaque  fois  que  je  parlais  de  ces  endroits 
à  mon  oncle,  il  paraissait  extrêmement  étonné  :  Comment  tu  ne 
sais  pas  ?  Diable  de  province,  va  ! 

Il  affirma  ainsi  que  la  tour  Saint-Jacques  avait  été  démolie  ; 
que  le  Jardin  des  Plantes  était  un  endroit  dangereux  situé  à  une 
si  grande  distance  du  monde  honnête  qu'on  ne  pouvait  songer  à 
y  aller,  à  moins  d'être  complètement  fou,  ou  d'avoir  massacré  sa 
famille  ;  il  me  dit  également  que  la  colonne  Vendôme  n'avait 
plus  longtemps  à  vivre,  que  les  Champs-Elysées  étaient  inondés, 
que  le  bois  de  Vincennes  avait  été  détruit  par  un  incendie  épou- 
vantable, et  que  les  Buttes-Chaumont  étaient  infestées  de  bri- 
gands. 

Après  m'avoir  donné  ces  terribles  renseignements,  mon  oncle 
Cuvelhard  prenait  son  chapeau  et  m'emmenait  sous  prétexte  de 
faire  un  petit  tour;  mais  nous  avions  à  peine  fait  vingt  pas  qu'il 
entrait  dans  un  café  ;  il  se  mettait  à  jouer  aux  cartes  et  nous  res- 
tions là  jusqu'au  soir. 

Moi,  je  ne  buvais  rien,  comme  de  juste,  mais  en  revanche  je 
devinais  les  rébus. 

Lorsque  nous  revenions,  mon  oncle  me  recommandait  de  ne 
rien  dire  à  sa  femme,  et  nous  recommencions  chaque  jour  le 
même  manège. 

—  Allons,  petit,  viens  faire  un  petit  tour! 

—  Au  Jardin  des  Plantes,  mon  oncle? 


En  Vente  :  CRI-CRI  1er  AVRIL 


—  Mais  non;  tu  sais  bien  que  le  Jardin  des  Plantes  est  inonde. 

—  Et  la  tour  Saint- Jacques  ? 

—  Elle  a  été  brûlée  par  les  insurgés... 

Et  DOUS  retournions  au  café  des  Peux-Mondes. 

—  Pique!  Trèfle!  Le  Roi!  Voyez  mon  jeu;  cinq.  six.  sept, 
huit  —  et  la  dernière  neuf! 

Vous  pensez  bien  que.  lorsque  je  revins  dans  ma  famille, 
i'etais  complètement  hébété. 

Je  racontai  que  les  Champs-Elysées  n'étaient  plus  qu'un  dé- 
sert :  qu'on  assassinait  chaque  jour  plus  de  cinquante  personnes 
aux  Buttes-Chaumont  et  qu'on  se  promenait  en  bateau  en  plein 
Jardin  des  Plante 

—  Comment,  me  dit  mon  père  abasourdi,  comment,  voilà  ce 
que  tu  rapportes  après  huit  jours  de  séjour  dans  la  capitale  !  car 

-  bien  resté  huit  jours  :  mardi,  mercredi,  jeudi,  quatre,  cinq, 
six.  sept.  huit... 

—  Huit,  et  la  dernière  neufl  répondis-je. 

Pour  le  coup,  mon  père  n'y  tint  plus:  furieux,  il  me  recon- 
duisit au  collège  et  me  recommanda  au  prône,  comme  jamais 
prix  d'excellence  n'a  dû  être  recommandé,  —  certainement. 

Eh  bien!  vous  me  croirez  si  vous  voulez,  après  ce  premier 
voyage  a  Paris,  je  suis  reste  pendant  plus  de  six  mois  en  rete- 
nue: je  ne  pouvais  entendre  prononcer  le  nombre  huit  sans  ré- 
pondre immédiatement  :  et  la  dernière  neuf! 

Ça  m'a  coûté  plus  de  vingt  mille  lignes. 

—  Diable  d'oncle  Cuvelhard,  va  ! 


Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES 


/  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  Libraires,  Marchands 
de  Journaux  et  de  Musique  de  France,  de  Belgique,  de  Suisse  et 
d'Angleterre,  et  dans  toutes  les  Gares  françaises. 


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Fr.  5  par  an  pour  la  France. 
/>    8  //  les  Pays  de  l'Union  postale. 

En  Vente  chez  tous  les  Libraires  : 

Cri-Cri  I     Auril.  —  Dix  Monologues  de  MM.  George  Auriol, 
Ch.  Beaugrand,  Henri   Brière,   Marcel  Bailliot,   J.  Barthélémy, 

George  Docquois,    Carolus  d'ilarrans.    Narcisse    Lebeau,   Yves 
Lerel. 

Pri  •  Numéro  exceptionnel  :  25  Centimes. 

Imprimerie  GODFBOT,  62,  K'ie  Thiers,  Le  Havre 


SXTïiï'  fiSUn  -■■ 


Tous  les  Samedis 


v^ 


DIX  Centimes 


GEORGE  DOCQUOIS 


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DOTER  POUR  I IPI1M 


Parade  en  Prose 
CRÉÉE  par 

31.    ^ules  ^Dfroy,  des   tournées    c€^oquelin 


T 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5?   Rue  du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE,  41,   Rue    de   Seine 
Et  che^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°33 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


PLAIDOYER  POUR  ON  AUVERGNAT 


.1    Yves  Ltrel. 

(Tenue  d'avoca(  plaidant  Gesticulation  désordonnée.  Grand  effets  ili*  manches 

et  manchet 

Profondément  imbibé  —  pardon  !  imbu  —  des  principes  de 
l'honnêteté  la  plus  candide  et  la  moins  désarçonnable  ;  nourri 
et  élevé  à  la  mamelle  succulente  nudate  verttaiis  ;  trempé  dès 
mes  plus  tendres  ans  au  bain  salutaire  de  la  tempérance  et  du 
savoir-vivre  ;  jeune  encore,  mais  mûri  par  une  expérience  pré- 
coce ;  adorateur  zélé  du  bon,  du  grand,  du  beau  —  en  un  mot, 
de  l'aimable,  c'est  le  cœur  rempli  d'une  crainte  mitigée  d'espé- 
rance et  de  foi  dans  la  bonne  cause  que  je  m'approche  de  ce 
barreau  sévère,  austère,  de  ce  barreau  terrible,  imposant,  de  ce 
barreau  froid,  implacable,  où  tonnèrent  —  tour  à  tour  et  suc- 
cessivement —  les  plus  grands  représentants  de  notre  redoutable 
éloquence  judiciaire  ! 

Oui,  messieurs,  j'ose  l'avouer,  je  tremble.  Je  ne  veux  pas  dire 
par  là  que  je  faiblis  !...  Loin  de  là  !  -  L'imposante  majesté  de 
votre  sévère  et  auguste  aréopage  m'intimide  ;  voilà  tout.  Il  est 
bien  permis  à  un  jeune  avocat  d'avoir  le  trac  à  sa  première 
cause,  —  vous  le  comprendrez,  messieurs. 

Tout  ce  qui  est  est  imposant  produit  sur  nous  une  impression 
quelconque  ; 

Or,  votre  sacré  tribunal  est  imposant  ; 

Donc,  et  par  là  même,  je  suis  impressionné. 

Nonobstant  cette  timidité  —  momentanée,  je  l'espère  — ,  je 
vais  —  revêtant  la  cuirasse  de  l'invulnérable  Achille,  appelant 
à  moi  toutes  les  lumières  de  ma  raison,  et  m'appuyant  sur  la 
large  et  solide  épaule  du  bon  droit  —  je  vais,  dis-je,  aborder 
franchement,  loyalement,  noblement,  grandement,  ut  decit,  ut 
decebit,  la  cause  qui  m'appelle  ici  et  sa  défense  qui  m'y  retient. 

Bazuchon,  mon  honorable  client,  est  recommandable  sous 
tous  les  rapports.  Issu  d'une  famille  de  ces  braves  Auvergnats 
qui  se  rendent  si  utiles  chez  eux  et  ailleurs,  et  qui  sont  les  repré- 
sentants les  plus  nobles  et  les  plus  énergiques  de  la  race  —  que 
dis-je  ?  de  la  caste  intéressante  et  éminemment  philanthrope 
des  porteurs  d'eau,  —  mon  client  s'est  vu,  après  une  suite  de 
vicissitudes  qu'il  serait  oiseux  de  raconter,  de  décrire,  de  pein- 
dre et  de  narrer  ici  —  ici,  où  pas  un  moment  n'est  à  perdre  — , 
mon  client  s'est  donc  vu,  dis-je,  amené,  conduit,  jeté  par  la  for- 
tune, le  destin  et  son  étoile,  sur  un  coin  du  Pont  Marguet,  éta- 
bjissement  qui  vous  est  bien  connu,  messieurs  ! 

Là,  armé  d'une  modeste  voilure  —  à  bras,  messieurs  !  —  agré- 
ablement enjolivée  d'arabesques  blanches,  bleues  et  rouges  (ce 
qui  prouve  en  faveur  des  sentiments  de  patriotisme  démon  client, 


En   Vente  CRI- CRI  NOËL 


—  (et  qui  dit  patriote,  peut-il  dire  malhonnête  ?)  là,  dis-je,  armé 
également  d'une  bonhomie  toute  rabelaisienne  et  d'une  écumoire 
en  étain,  Bazuchon  exerçait  la  noble  et  humanitaire  profession 
de  marchand  de  frites. 

Est-il  besoin  de  dire  que  sa  friture  était  la  plus  achalandée 
du  département  ?  Non,  cela  tombe  assurément  sous  le  sens.  La 
municipalité  reconnaissante  allait  bientôt  le  couvrir  de  gloire  en 
lui  décernant  une  médaille  de  fer  blanc,  grand  module  ! 

Il  jouissait  gaîment  d'une  paix  sans  égale,  —  quand  le  hasard, 
mauvais  farceur,  —  amena  près  de  lui  Berluchon,  une  gale  !  — 
ô  douleur  !... 

Pardon  !  la  situation  tragique  de  Bazuchon  (cette  malheureuse 
victime  !)  me  fait  tomber  dans  un  lyrisme  déplacé  ici,  je  m'en 
aperçois. 

Il  y  a  deux  semaines  environ,  le  sieur  Berluchon  s'installait 
auprès  de  mon  client.  —  Etait-il  autorisé  ?  —  je  ne  sais....  tou- 
jours est-il  que,  de  prima  visu,  il  voua  à  Bazuchon  une  de  ces 
haines  que  rien  n'éteint  que  la  tombe,  que  rien  n'assouvit  que 
l'inéluctable  destin  !  !  I 

Berluchon  a  un  chien.  Quel  chien,  dieux  puissants  !  !  !  Cras- 
seux, teigneux,  hargneux  et  roux!  Un  épouvantable  barbet,  ré- 
sultat pitoyable  d'une  race  mêlée  et  abâtardie.  — Ce  chien  devait 
être  le  Jcus  ex  machina  du  drame  !  !  ! 

Bazuchon,  doué  d'un  excellent  caractère,  répondait  aux  gro- 
gnements du  barbet  par  des  dons  non  ménagés  et  fréquents  de 
quelques  bribes  de  sa  marchandise.  Le  chien,  sans  pudeur,  ava- 
lait les  frites,  mais  il  gardait  son  mauvais  œil  ! 

Poussé  par  son  maître,  homme  perfide  et  sans  principes,  il  se 
jetait  sur  les  chalands  de  mon  pauvre  et  consciencieux  client, 
et  les  éloignait  de  son  négoce  par  un  tas  de  petites  vilenies,  de 
grossières  saletés,  de  procédés  inénarrables. —  Un  beau  jour, 
Bazuchon  n'eut  plus  une  seule  pratique  ! 

Il  ne  se  plaignait  cependant  pas  et  demeurait  Vurbamis  vir 
des  Romains,  au  milieu  de  son  infortune. 

Un  jour,  pourtant,  jour  néfaste  et  dont  plus  tard  s'entretiendra 
l'Histoire  !  le  chien,  préalablement  surexcité  par  son  abominable 
propriétaire,  poussa  la  barbarie  jusqu'à  lever  la  patte  sur  le  pan- 
talon immaculé  de  mon  client  ! 

Ce  dernier  devait-il,  sous  peine  de  lâcheté  et  de  couardise, 
tolérer  pareille  ignominie  ?...  Non,  messieurs  !  il  devait,  n'est-il 
pas  vrai  ?  lancer  son  gant  au  barbet  et  lui  ordonner  de  le  porter 
à  Berluchon,  son  maître  !  !  ! 

Et  pourtant  —  ô  modération  louable  !  —  Bazuchon,  l'honnête, 
le  trop  excellent  Bazuchon  s'en  fut  trouver  son  ignoble  voisin 
et  lui  dit  poliment  : 

«  Berluchon,  ton  chien  a  piché  chur  ma  culotte  ;  prie  le  de  ne 
plus  recommencher  pareil  prochédé....  Je  chuis  pachient  ;  mais 
tout  doit  avoir  une  fin  !  » 

L'autre  lâcha  un  torrent  d'injures  —  plus  grossières  les  unes 
que  les  autres  ;  mais  Bazuchon,  l'homme  du  tact  et  des  conve- 
nances, dédaignant  d'y  répondre,  retourna  à  sa  friture. 

La  patience  a  des  termes.  Du  reste,  tout  ici-bas  a  un  terme. 
Les  loyers  ont  des  termes,  et  mon  client  les  acquittait  scrupu- 
leusement. Mais,  je  reprends  en  ces  termes  : 

Vint  un  jour  où  Bazuchon,  excédé  à  juste  titre,  s'en  fut   trou- 


En  Vente  :  CRI-CRI   Ve  AVRIL 


ver  Berluchon  :  «Je  te  préviens  honnêtement,  que  je  tuerai  Turco 

le  nom  de  cet  ignoble  barbet    ch'il  continue  à  che  livrer  à  ches 

débordements  chur  ma  culotte » 

C'était  loyal,  messieurs  ! 

Les  excès  continuant.  Ba/uchon,  moins  par  férocité  que  par 
point  d'honneur,  prit  une  resolution  extrême  et  sa  lardoire  —  et 
transperça  le  chien  de  Berluchon 

Notez  bien,  messieurs,  qu'il  eût  pu.  pour  compenser  tous  ses 
déboires,  se  livrer  sur  cet  innommable  animal  à  tous  les  excès 
permis  et  néfastes,  lui  infliger  les  tortures  les  plus  variées  !  — 
\  ni  !  il  le  tua  d'un  coup,  sans  phrases  ;  le  chien  n'eut  même 
pas  le  temps  de  souffrir  ! 

,:it  noble,  messieurs  ! 

On  impute  ce  fait  a  crime  a  mon  client  ! 

Eh  !  messieurs,  est-ce  un  crime  que  d'enlever  Bordure  de  la 
publique?  —  Kst-ce  un  crime  que  de  purger  la  terre  des 
bêtes  malfaisantes  qui  la  tuent  ?  —  Est-ce  un  crime  que  de  dé- 
barrasser les  arbres  des  hannetons  qui  les  dévorent  ?  —  Est-ce 
un  cri  nie.  pour  une  mère,  que  de  tuer  la  vermine  qui  a  élu  do- 
micile dans  les  cheveux  de  ses  chers  petits  ?  —  Est-ce  un  crime 
que  d'arracher  une  dent  mauvaise  au  patient  qui  souffre  et  se 
tord  ?  —  Est-ce  un  crime,  enfin,  que  de  délivrer  le  monde  d'un 
misérable  caniche  qui  vous  pisse  dessus,  sans  égards  pour  la 
cherté  des  étoiles  et  la  rapacité  des  repasseuses  de  tin  ??? 

Eh  quoi  !  n'est-ce  pas  bien  plutôt  une  action  louable,  un  fait 
glorieux,  une  œuvre  philanthropique  !  !  1 

Mais,  vous-mêmes,  messieurs,  vous  eussiez  pu  être  le  but  des 
incongruités  de  ce  sale  quadrupède  !  Et  alors,  quelle  atteinte  à 
la  redoutable  et  immaculable  majesté  du  Tribunal  !  !  !.. 

Bazuchon  s'est  servi  de  la  graisse  du  criminel  pour  faire  ses 
frites. 

Eh  bien  ?  Ësculape  et  Ricord  ont-ils  dit  que  la  graisse  canine 
fût  un  poison  ???  Et  qui  dit  même  que  la  graisse  en  question 
n'est  pas  supérieure  au  saindoux  et  au  graillon  qui  font  irruption 
dans  la  friture  moderne  et  l'infectionnent  ??? 

Mon  client  est  un  juste,  messieurs,  et  en  attendant  qu'on  le 
canonnise,  je  me  rasseois,  plein  de  confiance  et  persuadé  que 
votre  équité  bien  connue  prononcera  l'acquittement  pour  Ba- 
zuchon et  une  peine  pour  Berluchon. 

au  contraire,  vous  condamniez  mon  client,  alors,  il  ne  me 
resterait  plus  qu'à  prendre  le  cilice,  à  me  couvrir  de  cendres  et 
à  m'écrier.  dans  le  paroxysme  d'une  colère  sacrée  : 

Impitoyable  Dieu  !  toi  seul  as  tout  conduit  ! 

l.e  Orant  :  René  GODFROY.  ~ 

L'Administration  du  f'ei-rei  demande  des  Correspondants  non 
libraires  dana  chacune  des  villes  ci-après  désignées: 

Lyon,  Marseille,  Lille,  Bordeaux,  Toulouse,  Nantes,  Rouen,  St-Etienne, 
Brest,  Besançon,  Reims,  Angers,  Dijon.  Bourges,  Angoul^me,  Clennont- 
Ferrand,  Caen,  Troyes,  Kice,  St-Quentin,  Limoges,  P-oitiers.  Avignon, 
Toulon,  Amiens,  Tourcoing,  Roubaix,  Versailles,  Le  Mans.  Arras  et 
Calais.  —  Bruxelles.  Anvers.  Gand,  Liège,  Genève  et  Londres. 

-  ni  à  M.  Louis  Anquetil,  7,  rue  d'Arm aillé, 
à  Paj 

[mprimerie  GODFROY,  82,  Hue  Thiers,  Le  Havre 


Tous  les  Samedis 


^         DIX  Centimes 


CHARLES   PICARD 


AU  PAS!  AU  TROT!  AU  GALOP: 


POESIE 


c5U.    'Paul  3ÎOUNET,  du   ^Théâtre  ^National  de  V  C>déon 


PARIS 

Librairie   J.   STRAUSS,   5.    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE,   41,   Rue    de   Seine 
Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°36 


TOUS    DROITS    RESERVES 


DEDICACE 

.le  les  dédie  a  toi,  ma  mère, 
Cea  vers  écrits  par  un  enfant, 
A  toi  qui  dora  : 1 1 1  cimetière, 
La-bas,  sons  \o  sol  allemand. 

Il  est  vrai,  n'est-ce  pas,  ma  mère, 
Que  ili-  nos  morta  les  ossements 
Tressaillent,  quand,  près  '1''  leur  bière, 
Etésonnenl  dea  pas  allemands  '. 

Dora  'Mi  paix,  —  Je  chante,  nia  mère; 

Longtemps  encor  je  redirai 

Ces  chants  d'espoir  e1  dé  colère,... 

Jusqu'au  jour  où  l'Alsace,  fière 
D'être  française,  je  viendrai 
ser  près  de  toi,  ma  mère. 


Al  PAS!  AU  TROT!  AI'  <JAU)P 


.1    Paul  Mounet. 

Je  traversais  Neudorf  et  je  vis,  sur  le  seuil 
D'une  porte  formée  de  trois  dalles  de  pierre. 
Un  tout  petit  enfant  dans  les  bras  d'un  aïeul. 
Ils  se  chauffaient  tous  deux  au  soleil.  La  lumière, 
D'une  auréole  d'or  éclairant  le  bambin, 
Changeait  en  fils  d'argent  les  cheveux  du  grand'père. 
Or,  en  les  contemplant,  j'oubliai  mon  chemin. 
Bébé,  de  ses  bras  nus,  de  ses  mains  potelées, 

—  Tel  que  les  vieux  tableaux  nous  montrent  les  amours,  - 
Caressant  le  vieillard,  faisait  un  long  discours. 

Par  ses  lèvres  d'enfant,  vaguement  épelées, 

Les  phrases  ressemblaient  à  des  chansons  d'oiseaux.. 

—  Le  chant  qui  sort  des  nids  monte  aussi  des  berceaux  — . 
Cependant,  le  vieillard  faisait  la  sourde  oreille, 

L'œil  égaré,  sans  doute  en  quelque  vision 

Lointaine,  ne  voyant  ni  la  lèvre  vermeille. 

Xi  l'œil  bleu  de  l'enfant  lui  dire  :  «  Attention  !  •/ 

Bébé  bouda  d'abord,  un  doigt  rose  en  sa  bouche, 

Et.  comme  ce  moyen  ne  réussissait  pas. 

Bébé,  soudain,  se  prit,  avec  un  air  farouche, 

A  frapper  le  rêveur  de  ses  deux  petits  bras. 


En  Vente  CRI-CRI  NOËL 


Argument  inutile,  hélas  !  vaine  furie  ! 
Grand'père  prolongeait  sa  vague  rêverie... 
L'enfant  ne  connaissait  certes  pas  «ses  auteurs» 
Fabulistes,  rhéteurs,  poètes,  orateurs 
Dont  s'enorgueillit  Rome  et  se  vante  l'Attique. 
Alliant,  cependant,  la  ruse  au  pathétique, 
L'habileté  d'Esope  à  l'art  deCicéron, 
Bébé  trouva  des  pleurs  comme  péroraison. 
Ce  fut  un  vrai  déluge,  un  nuage  qui  crève 
Un  jour  d'été...  L'aïeul  dut  sortir  de  son  rêve. 
Avec  des  soins  de  mère  il  prit,  sur  ses  genoux, 
Le  bambin  oublieux  de  sa  fureur  passée 
Et  le  fit  chevaucher.  Et,  d'une  voix  cassée, 
Le  grand'père  chanta  sur  un  rythme  très  doux  : 

Au  pas  !  au  pas  ! 

Ne  pleure  pas  ! 

Que  ta  main  frêle, 

Dans  ma  main  grêle, 

S'appuie,  enfant  ! 

Clopin-clopant 
D'une  allure  étrange 
Nous  allons,  cher  ange, 
Toi,  loin  du  berceau, 
Moi,  vers  le  tombeau, 

La  marche  lente 

Et  chancelante, 

Au  pas  !  au  pas  ! 

Au  trot  !  au  trot  ! 

Entends  le  flot 

Qui  gronde  et  passe 

Plainte  ou  menace 

Dans  le  lointain,... 

Entends  le  Rhin  ! 
Las  !  comme  son  onde 
Tout  fuit  en  ce  monde  : 
Rêve  d'avenir 
Se  fait  souvenir 

Et  la  mort  même 

S'avance  blême 

Au  trot  !  au  trot  ! 

Hop  !  au  galop  ! 

Je  ne  sais  trop 

Si  ton  grand'père 

Un  jour,  sous  terre, 

Dormant,  là-bas, 

N'entendra  pas, 
Sur  l'herbe  foulée, 
Passer  la  mêlée, 
Cavaliers,  canons, 
Fourgons  et  caissons 

De  la  Revanche, 

En  avalanche, 

Hop  !  au  galop  ! 


En  Vente  :  CRI-CRI  1er  AVRIL 


ENFANTS  ET  GltAND'MÈRE 


.1    Madame  D. 

its  vermeils,  corolles  écloses 
Ont  menu-  éclat,  mêmes  couleurs. 
1  es  petits  enfants  sont  îles  (leurs 
Frères  des  lis  et  sieurs  des  ruses. 

Les  petits  enfants  ont  des  \  eux 
Faits  d'un  rayon  et  d'un  sourire, 
Sans  un  recoin  mystérieux 
Où  grand'mère  ne  puisse  lire... 

Souvent    moineaux    francs  et  pinsons 
Se  battent  du  bec  et  des  ailes: 
Les  enfants  ont  mêmes  ebansons, 
Parfois  aussi  mêmes  querelles... 

Malgré  ce  bruit,  malgré  ces  voix, 
Grand'mère,  les  paupières  closes, 
Revoit  ses  rêves  d'autrefois 
Alors  qu'elle  était  sœur  des  roses. 


Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


Notre  collaborateur  et  ami,  Marcel  Bailliot  met  la  dernière 
main  à  un  recueil  de  nouvelles  et  ballades,  titre  :  Les  Fanfares 
du  Cœur,  qui  doit  paraître  le  //m/s  prochain  à  la  librairie  Dentu. 

Le  nom  Je  Marée!  Bailliot  est  bien  connu  du  public  intelligent 
et  lettré,  qui  accueillera  avec  empressement  l'apparition  du  livre 
du  sympathique  écrivain. 


Le   CRI-CRI  donne  chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES, 
un    '  ue  d'une  valeur  réelle  de  Un  Fr\^ 


L'Administration  du   Cri-Cri  demande  des  Correspondants  non 
dans  chacune  des  villes  ci-après  design 

Lyon,  Marseille,  Lille,  Bordeaux,  Toulouse.  Nantes,  Rouen.  St-Etienne. 
Brest.  Besançon,  Reims,  Angers.  Dijon,  Bourges,  Angouliime,  Clermont- 
Ferrand,  Caen,  Troyes,  Nice.  St-Quentin.   Limoges.   Poitiers,  Avignon. 
Toulon.  Amiens,  Tourcoing,  Roubaix ,  Versailles,   Le  Mans.  Arm* 
Cariais.  —  Bruxelles.  Anvers.  Garni.  Liège,  Genève  et  Londres. 

Écrire  immédiat  M.  Louis  Anqubtil,  7,  rue  d'Armaillé, 

à  Paris. 

Imprimerie  OODFBOY,  62,  Hue  Thiers,  Le  Havre. 


Tous  les  Samedis 


^ 


DIX  Centimes 


/ 


LOUIS  BOGEY 


'ONDE  PURE 

Monologue  en  Vers 

DIT   PAR 

M.   §■.    ^De  "Kernel,  des  "Bouffes-Parisiens 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,   Rue  du   Croissant 


LIBRAIRIE  UNIVERSELLE,  41,  Rue   de  Seine 

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N°37 


TOUS    DROITS    RESERVES 


L  ONDE  PURE 


Pas  fatigué  du  tout,  vrai  !...  je  vous  remercie. 

J'ai  fait  un  bon  voyage...  oh!  d'abord,  l'Helvétie, 

Ça  me  connaît  :  je  suis  membre  du  Club  alpin. 

J'aime  à  gravir  les  monts  où  verdit  le  sapin, 

A  fouler,  d'un  pied  sûr,  l'alpe  à  la  cime  blanche, 

A  suer  sang  et  eau  pour  atteindre  au  rocher 

Où  l'aigle  audacieux  va  gratis  se  nicher. 

Où  chaque  fois  on  laisse,  à  l'instar  de  Saussure, 

Quelque  chose  de  soi  :  très  souvent  sa  chaussure, 

Et  plus  souvent  encor  le  fond  d'un  pantalon... 

—  On  glisse  à  fond  perdu  !  —  Délices  qu'un  salon 

N     saurait  vous  offrir,  j'en  ai  la  certitude, 

On  ne  peut  trouver  ça  qu'à  certaine  altitude... 

Mais  ce  n'est  pas  tout  ça. 

Vous  pouvez  m'écouter 
Une  minute?...  Alors  laissez-moi  vous  conter 
Un  incident  bizarre,  une  aventure  étrange 
Dont  le  dénoûment  est  garanti  sans  mélange. 

Il  est  midi.  —  Je  viens  d'escalader  d'un  coup 

Douze  cents  mètres,  et,  si  ce  n'est  pas  beaucoup, 

Ça  m'a  donné,  du  moins,  la  plus  belle  fringale 

Du  monde,  et,  par-dessus,  une  soif  sans  égale 

Que  vous  —  trop  casaniers  !  —  ne  connaîtrez  jamais. 

Aussi,  près  d'un  ruisseau,  qui,   des  plus  hauts  sommets, 

Dévale  bondissant  en  mille  cascatelles, 

De  mon  sac  bien  garni  je  défais  les  bretelles, 

Et  m'asseyant,  fourbu,  sur  un  maigre  gazon 

D'où  je  puis  contempler  un  splendide  horizon, 

Je  mange  le  veau  froid  qu'en  deux  temps  je  déballe. 

Pour  étancher  ma  soif  je  remplis  ma  timbale 

D'une  onde  que  le  ciel  me  procure  sans  frais, 

Et  je  bois,  et  je  bois,  et  je  bois  à  longs  traits 

En  pensant  : 

—  «  C'est  une  eau  si  nature  et  si  claire, 
C  Que  nul  vin  ne  pourrait  autant  qu'elle  me  plaire  ! 
v  Une  eau  comme  jamais  n'en  boiront,  c'est  certain, 
"  Les  rois  mêmes,  dans  le  plus  somptueux  festin  ! 

e  eau  qui  rougirait  d'être  de  la  famille 
i  De  celle  où,  pour  nos  maux,  le  microbe  fourmille 


En  Vente  CRI- CRI  NOËL 


imiuujiih  «»mii»« 


«  En  dépit  des  efforts  du  système  Pasteur  ! 

«  Une  eau  qui  sut  rester  ce  que  le  Créateur 

«  La  fit  au  premier  jour,  longtemps  avant  que  l'homme 

«  Eût  mis  partout  son  sceau...  pas  frelatée,  en  somme  !  » 

Pastoral  déjeûner,  tel  que  dans  tout  Paris 

On  n'en  trouve  pas...  même  en  y  mettant  le  prix  ! 

C'est  idéal  ! 

Après  avoir  cassé  ma  croûte, 
Ragaillardi,  fringant,  je  me  remets  en  route. 
A  peine  ai-je  quitté  le  lieu  de  mon  repas, 
Que  je  vois  un  chalet  se  dresser  à  deux  pas 
Plus  haut.  —  C'est  un  hôtel,  une  moderne  auberge 
Où,  tout  l'été  durant,  un  gâte-sauce  héberge 
De  longs  Anglais  «spleeneux»  qu'il  écorche  à  plaisir. 

—  Ainsi  qu'une  araignée  ayant  pu  se  saisir 
D'une  mouche,  il  s'attache  à  sa  naïve  proie.  — 
Que  voulez-vous  !  en  Suisse  et  de  même  en  Savoie, 
Aimez-vous  les  hôtels?  on  en  a  mis  partout. 
Quant  à  moi,  je  les  fuis...  oh  !  maintenant  surtout  ! 
Rien  que  d'y  repenser,  je  sais  ce  que  j'éprouve... 

Quand  j'arrive  au  chalet,   qu'est-ce  donc  que  je  trouve? 
Je  vois  un  gars  laver —  dans  ce  même  ruisseau 
Où  je  viens  à  l'instant  de  lamper  un  coup  d'eau  — 
Tout  ce  que  cet  hôtel  a  de...  comment  vous  dire? 
Mon  Dieu  !  vous  savez  bien,  car  ça  vous  fait  sourire... 
Aidez-moi  donc...  voyez  à  quoi  j'ensuis  réduit... 
Il  lave  les...  qu'on  met...  dans  les  tables  de  nuit  !... 
J'en  vois,  de  ces...  objets,  au  moins  une  trentaine 
Alignés  au  soleil...  Aussi  je  dis  :  «  Fontaine, 
«  Je  ne  boirai  plus  de  ton  eau  !  »  —  J'aimerais  mieux 

—  Sacrifice  inouï  !  —  me  gorger  de  vin  vieux  ! 


L'Administration  du  Cri-Cri  demande  des  Correspondants  non 
libraires  dans  chacune  des  villes  ci-après  désignées  : 

Lyon,  Marseille,  Lille,  Bordeaux,  Toulouse,  Nantes,  Rouen,  St-Etienne, 
Brest,  Besançon,  Reims,  Angers,  Dijon,  Bourges,  Angoulême,  Clermont- 
Ferrand,  Caen,  Troyes,  Nice,  St-Quentin,  Limoges,  Poitiers,  Avignon, 
Toulon,  Amiens,  Tourcoing,  Roubaix,  Versailles,  Le  Mans,  Arras  et 
Calais.  —  Bruxelles,  Anvers,  Gand,  Liège,  Genève  et  Londres. 

Écrire  immédiatement  à  M.  Louis  Anquetil,  7,  rue  d'Armaillé, 
à  Paris. 


LE   «  GRI-GBI  »  EST  EN  VENTE  : 

à  St-Etienne,  Librairie  Chevalier; 

à  Nancy,  Librairie  Balland  ; 

à  Clermond-Ferrand,  Librairie  Saint-Germain; 

à  Amiens,  Librairie  Vion  ; 

à  Chalon-sur-Saône,  Librairie  L.  Petit. 


En  Vente  :  CRI-CRI  1er  AVRIL 


ALBERT  T1NCHANT 


SENTIERS 


.1   Louis  Denise. 

Là-bas,  dans  l'étroite  ravine. 
Entre  denx  touffes  d'églantier, 

Plein  de  mousse  et  de  fleurs,  chemine 
l'n  sentier. 

Ombreux,  car  les  grandes  ramures, 
Cachant  des  nids  sous  leurs  arceaux, 
Frissonnent  le  soir  aux  murmures 
Des  ruisseaux. 

Étroit,  car  les  petites  filles. 
Le  matin,  dans  leur  blanc  jupon, 
N'y  passent  pas  sous  les  charmilles 
Deux  de  front. 

A  l'entrée,  une  roche  sombre 
Que  le  lichen  couvre  à  demi, 
Repose,  comme  un  chien  dans  l'ombre 
Endormi. 

Par  là  s'en  vont  les  chèvres  blanches. 
Vers  les  prés,  au  son  argentin 
De  leurs  clochettes,  sous  les  branches, 
Le  matin. 

Par  là,  dans  les  nuits  étoilées, 
Errent  des  couples  enlacés, 
Berçant  leurs  idylles  voilées 
De  baisers. 

Quand  l'aurore  quitte  sa  couche. 
Là  passe  le  cerf  aux  abois, 
Fuyant  le  hallali  farouche, 
Dans  les  bois. 

Comme  eux,  j'aimais  ta  solitude, 
Petit  sentier,  tu  le  sais  bien  ; 
Et  de  toi  mon  cœur,  dans  l'étude, 
Se  souvient. 


Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


SOUS  PRESSE: 
Deux  Erreurs,  monologue  en  prose,  de  Raoul  Oger. 
Une  Envie,  monologue  en  prose,  de  E.-H.  Marcella. 

Imprimerie  GODFROY,  82,  Rue  Thiers,  Le  Havre. 


NUMERO    EXCEPTIONNEL 


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14  JUILLET 


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PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5.    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE,  41,   Rue    de   Seine 
Et  chc{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  45 


TOUS    DROITS    RESERVES. 


1789-1889 


LES  AÏEUX 

0  France  des  aïeux!  pays  vaillant,  fournaise 

i  □  travail  dans  la  cuve  qui  bout, 

1  ève-toî  dans  ta  force,  à  nation  française  ; 

L'heure  où  tes  aïeux  géants  étaient  debout. 

Lève-toi,  car  le  Monde  aujourd'hui  te  contemple, 

O  ma  France  !  et  l'Histoire,  ainsi  qu'un  grand  témoin. 

Te  regarde,  Vestale  à  la  porte  du  Temple, 

Où  brûle  encor  le  feu  dont  toi  seule  as  pris  soin. 

Tu  la  gardes  toujours,  la  rayonnante  flamme 
Que  ta  main  attisait,  avivant  la  clarté  ; 
Et  le  monde  sait  bien  que  la  France  est  une  âme 
Et  que  sur  son  autel  brûle  la  Liberté  ! 

France  !  pays  du  vin!  pays  de  la  lumière, 
Pays  de  l'art  superbe,  au  front  tout  radieux, 
Toi  qui  bois  du  Soleil  et  non  pas  de  la  bière, 
O  ma  France,  debout  !  Saluons  les  aïeux  ! 

LA  RÉVOLUTION 

Le  Roi  !  Messieurs  !  —  Alors  le  Clergé,  la  Noblesse 
Et  puis  le  Tiers-Etat  se  levaient  —  Il  parut. 
Peut-être  il  était  bon  ;  mais  c'était  la  faiblesse. 
Par  l'orage  emporté,  le  trône  disparut  ! 

Car  vous  l'aviez  sapé,  Rabelais  et  Voltaire, 
Jean-Jacque-.  D'Alembert,  Diderot,  les  vaillants, 
Répétant  à  la  France  et  disant  à  la  terre 
Le  cri  qui  vient  d'en  bas,  des  humbles,  des  souffrants  ! 


Quand  on  les  vit  passer,  ceux  du  Tiers,  à  Versailles, 
On  comprit  qu'il  naissait  tout  un  siècle  nouveau. 
Ils  étaient  tout  en  noir,  et,  dominant  leurs  tailles, 
me  un  lion  puissant  se  dressait  Mirabeau  ! 

Sa  voix  grondait,  tonnait  ainsi  qu'un  grand  orage. 
Et  les  trônes  tremblaient  aux  roulements  profonds, 
Et  les  rois  se  disaient,  la  pâleur  au  visage, 
«  Quel  est  donc  tout  ce  bruit  que  les  tonnerres  font?  " 

Ce  bruit,  c'était  la  France  !  —  Elle  éveillait  la  foudre 
Qui  frappe  les  sommets,  châteaux  ou  bien  clochers  ; 
Et  l'on  sentait  partout  comme  une  odeur  de  poudre, 
Les  roulements  allaient  de  rocjiers  en  rochers  ! 


—  3  — 


Tout  marcha  vite  alors.  Tout  croulait.  —  Les  décombres 
Servaient  de  piédestal  à  ces  géants  nouveaux. 
Il  naissait  des  tribuns  qui  sortaient  de  ces  ombres; 
Dans  les  nuages  noirs  il  flottait  des  drapeaux  ! 

Les  éclairs  de  l'acier  étoilaient  ces  fournaises  ; 
Du  sol  qui  s'entrouvrait  il  sortait  des  soldats  ; 
Et,  dans  leur  large  vol,  les  fauves  Marseillaises  ' 
Chantaient,  en  tournoyant  au-dessus  des  combats  ! 

Ce  fut  Valmy,  Fleurus.  Arcole,  enfin  nos  gloires  ; 
Ce  fut  le  fer  vainqueur,  sauvant  la  Liberté, 
La  gerbe  faite  avec  des  moissons  de  Victoires  ; 
La  France  était  debout  dans  sa  mâle  fierté! 


TRAVAIL 

Après  cent  ans  passés,  voici  la  République 
Forte  comme  autrefois  ;  mais  les  temps  sont  changés, 
Et  la  France,  aujourd'hui,  porte  dans  sa  tunique 
Le  rameau  d'olivier  qu'elle  offre  aux  étrangers. 

Lumineuse  et  superbe,  elle  ouvre  la  frontière 
A  tout  ce  qui  produit,  à  l'Art  resplendissant, 
Et  dit  à  tous  :  «  Venez,  car  je  suis  la  lumière 
Et  je  suis  le  soleil,  toujours  éblouissant  ! 

Venez,  car  si  je  fus  la  blessée  héroïque, 
Si  mon  regard  voilé  va  de  Metz  à  Belfort, 
Je  suis  le  grand  pays,  la  grande  République, 
Accueillant  tout  travail,  accueillant  tout  effort, 

Car  cent  ans  m'ont  légué  la  devise  immortelle  ; 
Par  les  sillons  je  vais  semant  la  liberté. 
Aux  peuples  conviés  à  la  fête  nouvelle 
Je  dis  ce  mot  sublime  et  doux  :  Fraternité  ! 

Moi  qu'on  voyait  jadis  le  front  dans  les  tempêtes, 

Défiant  tous  les  rois  avec  leurs  bataillons, 

De  la  Paix  aujourd'hui  j'inaugure  les  fêtes, 

Aux  peuples,  mes  voisins,  ma  voix  dit:  Travaillons  ! 

Travaillons  pour  la  Paix  !  et,  si  venait  la  Guerre, 
Sans  redouter  la  dent  qui  déchire  et  qui  mord, 
La  France  des  combats,  la  France  de  naguère, 
Chasserait  dans  la  nuit  ce  fantôme  de  mort  ! 

Car  j'ai  pour  mission  et  j'ai  pour  but  suprême 
De  jeter  par  le  Monde  et  Progrès  et  Clarté, 
Je  suis  la  Nation  qui  laboure  et  qui  sème, 
Je  suis  Celle  qui  veut  nourrir  l'Humanité  !  » 


H.   Brière. 


4  — 


AMBITIONS 


\  ERS    A.DO!  ESCENTS 


Pour  //.   De  Révelac. 

1  es  jeunes  n'ont  pas  tons  de  paisibles  visées. 

J'en  s.iis  dont  les  ambitions  < 

Rêvent  le  prompt  éclair  des  lames  aiguisées 

El  la  mitraille  ouvrant  d'homicides  sillons. 

Ivres  d'un  récit  de  bataille, 
Puérils  de  se  croire  aux  siècles  merveilleux, 
Ils  ne  trouvent  pas  lourde  à  leur  âge  et  leur  taille 

I.a  témérité  des  aïeux. 

En  vain,  mignons  conteurs  de  sylvestres  féeries, 

Les  .nais  oiseaux  peuvent  chanter, 
Eux  regrettent  le  temps  mort  des  chevaleries 
Et  cherchent  les  moyens  de  le  ressusciter. 

Epouvantant  les  cœurs  de  glace, 
Ils  seront  des  guerriers  au  courage  fatal. 
Ils  seront  des  guerriers  dès  qu'ils  auront  pris  place 

Parmi  les  hommes  de  métal. 

Oh!  les  grands  cavaliers  flamboyants  et  superbes 

En  leur  impétueuse  ardeur. 
Dont  ces  héros  prochains,  héros  encore  imberbes, 
Essaieront  d'égaler  l'éclat  et  la  splendeur. 

Oh!  si  quelque  grande  victoire 
Les  rangeait,  par  la  voix  des  générations. 
Parmi  ceux  dont  les  noms  illuminent  l'histoire 

Et  qu'honorent  les  nations  !... 

Frémissant  au  tumulte  épars  des  sonneries. 

Cherchant  l'ennemi  du  regard. 
S'ils  devenaient  des  chefs  de  troupes  aguerries 
Ou  les  sous-lieutenants  qui  portent  l'étendard, 

L'existence  serait  la  mise 
En  scène  de  leur  songe  et  de  leurs  visions, 
Le  décor  de  la  gloire  a  leur  âme  promise 

Par  les  belles  illusions. 

En  attendant  l'instant  des  mâles  épopées, 

Ces  espoirs  peuplent  leurs  sommeils 
De  rêves  scintillants  de  sabres  et  d'ép< 
Ou  s'allument  des  feux  et  brillent  des  soleils... 

Moi.  dédaigneux  des  aventures. 
Fol  amant  des  beautés,  qui  m'auront  inspiré. 
Je  rêve  simplement  d'être,  ô  Miennes  futures, 

Votre  adorateur  adoré. 

Laurent  des  Aulnes. 


—  5  — 


QUATORZE  JUILLET 


VOIX  DE  FRANCE 

Salut,  ô  Liberté  !  soleil  dont  nos  aïeux 
Acclamèrent  jadis  le  lever  radieux, 
Quand  tes  rayons  chassant  les  voiles  et  les  ombres 
Eclairèrent  soudain  ruines  et  décombres 
Fumantes  d'un  passé  désormais  odieux 

Tout  homme  sait  ton  nom  que  tout  enfant  épelle. 
Quand  tu  parus,  ce  fut  somme  une  aube  nouvelle 
Dans  les  cieux  de  lueurs  ardentes  sillonnés  — 
Et  les  peuples  prostrés,  et  les  rois  couronnés 
Frémirent  secoués  par  la  même  étincelle. 

On  entendit  alors  Fais  du  trône  royal 
Craquer  lugubrement  en  France,  et  tout  vassal, 
Tout  serf,  sentant  un  cœur  battre  dans  sa  poitrine, 
Comprit  qu'il  était  homme  et  de  même  origine 
Que  son  seigneur  et  maitre  et  se  fit  son  égal. 

Quand  tu  parus  ce  fut  la  fin  des  vils  servages. 
En  vain  depuis  le  Ciel  s'est  empli  de  nuages, 
De  poudre,  de  fumée  et  de  reflets  de  sang. 
Toujours,  ô  Liberté,  soleil  éblouissant, 
Tu  surgis,  dissipant  d'un  rayon  les  orages. 

C'est  pourquoi  nous,  les  fils  de  la  plèbe  et  des  preux, 
Ayant  même  pensée  et  formant  mêmes  vœux, 
Oublieux  en  ce  jour  des  rancunes  stériles, 
Nous  acclamons  ton  nom  par  les  champs,  par  les  villes, 
O  Liberté  chantée  hier  par  nos  aïeux. 


II. 


VOIX  D'ALSACE 


Or,  c'est  fête  pour  vous  ce  soir,  frères  de  France, 
Partout  dans  vos  cités  une  clameur  immense 

Va  saluer  la  fin  du  jour; 
Partout  se  déploiera  le  drapeau  tricolore, 
Partout  résonneront  et  le  clairon  sonore 

Et  les  roulements  du  tambour. 


—  6  — 


!  es  feuilles  et  les  fleurs  jonchent  partout  les  rues 
•rment  un  tapis  aux  foules  accourues, 
France,  pour  acclamer  ton  nom. 
Au  chant  que  l'on  chantait  dans  un  âge  héroïque, 
Chant  devenu  pour  vous  l'hymme  patriotique. 
Se  mêle  la  voix  du  canon. 

Ton  nom  fera  frémir  et  s'incliner  la  l'on  le. 
Comme  l'on  voit  monter  et  s'abaisser  la  houle 

Que  soulève  le  vent  du  soir. 
Et  ce  nom,  sur  tout  dôme  ou  fronton  d'édifice, 
Resplendira  dans  l'ombre  et  les  feux  d'artifice 

L'inscriront  au  fond  du  ciel  noir. 

Et  nous,  prêtant  l'oreille  à  la  rumeur  lointaine, 
Inquiets  nous  disons:  «  à  l'Alsace-Lorraine 

Donneront-ils  un  souvenir? 
Penseront-ils  à  nous  au  miliea  de  leur  fête, 
A  nous  qui.  rejetés  loin  d'eux  par  la  tempête, 

Ne  songeons  qu'à  nous  réunir?  // 

Au  milieu  des  transports  de  leur  gaîté  bruyante 
Penseront-ils  à  nous,  dont  la  chaîne  pesante 

S'accroit  chaque  jour  d'un  anneau. 
Penseront-ils  à  nous  qui  souffrons  en  silence, 
A  nous  qui  murmurons  tout  bas  ce  nom  de  France 

Qu'ils  proclament  là-bas  si  haut  ! 

Charles  Picard. 


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«  —  7  — 

Adresser  toutes  communications  concernant  la  rédaction, 
à  M.  Louis  ANQUETIL,  56,  rue  de  Verneuil,  Paris. 


Les  Manuscrits  ne  sont  pas  rendus. 


Le   CRI-CRI  donne  chaque  semaine,    pour  DIX  CENTIMES, 
un   Monologue  d'une  valeur  réelle  de  Un  Franc. 


L'Administration  du  CRI- CRI  demande  à  Paris  des  Ven- 
deurs pendant  la  période  de  l'Exposition.  —  Conditions  excep- 
tionnelles.— Ecrire  immédiatement,  avec  timbre  pour  réponse, 
à  M.  René  GODFROY,  imprimerie  du  CRI-CRI,  62,  rue  Thiers, 
au  HAVRE. 


PRIME    DU    "  CRI-CRI 


25  Morceaux  de  Musique  pour  piano,  grand  format,  édition  de 
luxe  du  Ménestrel  :  Beethoven,  Mozart,  Weber,  Bach,  Chopin, 
Haydn,  Rossini,  Schubert,  Field,  Hœndel,  Schumann,  Bocche- 
rini,  Mendelssohn,  Martini,  Gluck,  etc. 

Valeur  réelle  de  Cent  Francs;  expédiés  franco  à  domicile 
contre  mandat-poste  de  Cinq  Francs,  adressé  à  M.  Godfroy, 
imprimeur  du  Cri-Cri,  62,  rue  Thiers,  Havre. 


PRINCIPAUX    COLLABORATEURS 


MM.  Alphonse  ALLAIS.  —  George  AURIOL.  —  Marcel  BAIL- 
LIOT.—  F.  BARTHÉLÉMY.—  Louis  BOGEY.  —  Albert 
BOUFFLET.  —  Henri  BRIÈRE.  —  L.  L.  BERTHAUT.  — 
Ch.  BEAUGRAND.  —  P.  COQUELIN.  —  COLIAS.  — 
CARLO.  —  P.  COTTARD.  —  CAROLUS  D'HARRANS. 
—  Henry  DE  BRAISNE.  —  George  DOCQUOTS.  — 
Laurent  DES  AULNES.  —  EBRAB.  —  F.  FAUTREL.  — 
•  Albert  FOX.  —  M.  FAUST.  -  Paul  HASLER.  —  Nar- 
cisse LEBEAU.  —  Henri  LEFEBYRE.  —  Yves  LEREL.  — 
Emmanuel  LAMBERT.  —  E.  H.  MARCELLA.  —  Georges 
MENTELÉ.  —  Pierre  NARZAIS.  —  Raoul  OGER.  — 
Charles  PICARD.  —  Henri  PIQUET.  -  MAURICE  DE 
SAVOIE.  —  H.  TRÉVEN.  —  Albert  TINCHANT. 


Le  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  Libraires,  Marchands 
de  Journaux  et  de  Musique  de  France,  de  Belgique,  de  Suisse  et 
d'Angleterre,  et  il.ins  toutes  Les  Gares  françaises. 


PRINCIPAUX  DEPOSITAIRES 

PARIS.  —  Librairie  J.  Strauss,  5,  rue  du  Croissant. 

»  Librairie  Universelle,  41,  rue  de  Seine. 

»  Librairie  Sauvaitre,  72.  boulevard  Haussmann. 

»  Librairie  du  Conservatoire,  25,  faubourg  Poissonnière. 

»  Comptoir  de  Musique,  V.  Durdilly  et  C",  11  M»i  b'1  Hausmann. 

MARSEILLE.  —  Librairies  Blancart,  Lafflte,  Milhaud,  Pessailhan, 
Pinot. 
LYON.  —  Librairies  Bernoux  et  Cumin,  Dizain,  Evrard,  Melon. 
BORDEAUX.  —  Librairies  Chaumas,  Duthu,  Hiigues,  Chollet. 
ROUEN.  —  Librairie  Langlois. 

LE  HAVRE.  —  Librairies  Godfroy,  Tenaillon,  Bourdignon,  Four- 
aier,  Foucher,  Junca,  etc. 
LILLE.  —  Librairie  Lebigot  Frères  (Librairie  Générale). 
NICE.  —  Librairies  Appy,  Visconti  &  Cto. 
ANGERS.  —  Librairie  Ch.  Dor. 
BOURGES.  —  i  ibrairie  Clermontel. 
AMIENS.  —  Librairie  Vion. 
NIMES.  —  Librairie  Catélan. 
EVREUX.  —  Librairie  Eugène  Liot. 
ALENÇON.  —  Librairie  Loyer-Fontaine. 
BREST.  —  Librairies  Frey,  Veuve  Normand. 
CETTE.  —  Librairie  Kelin. 
LIMOGES.  —  Librairie  Veuve  Btfray. 
AGEN.  —  Librairie  Arthur  Touron. 
AVIGNON.  —  Librairie  Roumanille. 
LONS-LE-SAULNIER.  —  Librairie  Bertrand-Rabus. 
ROANNE.  —  Librairie  Brun  frères. 
DIEPPE.  —  Librairie  Huguet. 
FÉCAMP.  —  Librairie  Banse  nls. 
VERSAILLES.  —  Librairie  Lhuillier. 
ALGER.  —  Librairie  Cheniaux-Franville. 
TOURS.  —  Librairie  Péricat. 
BOULOGNE-SUR-MER.  —  Librairie  Chiraux. 
ANNECY.  —  Librairie  Burnod. 


BRUSLELXiEfS».  —  Librairie  Ch.  Istace,  9,  Montagne  aux 
Herbi  -    res. 

LIEGE.  —  Librairie  Ch.  Desoer. 

GENÈVE.  —  Charles  Allioth,  5,  rue  Pécolat. 

—  Librairie  Théâtrale  Le  (loyer,  8,  pi.  du  Gd-Mezel. 

l.OMkRi:^  —  Librairie  Française  J.  Dematteo. 

..  Soho; 

■  ■!■■.  St.,  W.  ; 
Charlotte  St.,  Kit/.roy  square; 
ir>,  Tichborn 

ODESSA.  —  Librairie  Georges  Rousseau,  rue  Richelieu,  6. 

Le  '.  '.-.'•     Usa  .  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Tbien,  Le  Havre. 


îitStok 


77ws  les  Samedis 


DIX  Centimes 


SOMMAIRE 


Félix  Galipaiix.  —  SUR  LE  P0\T 

Fantaisie  rimée,  dite  par  Saint-Germain,  du  Gymnase 

François  Coppéc,  —  DANS  LA  RUE 
Jacques  Normand.  —  L'ARTISTE 


PARIS 

Librairie   J.   STRAUSS,   5,    Rue    du    Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE,   41,   Rue    de   Seine 
Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  58 


Par  ttaité  passé  avec  la  Société  des  Lettres,  le  Cri-Cri  est  autorisé 

:\  publier  des  Monologues,  Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  F.  Coppée,  Guy  de  Mau- 
passant,  Th.  de  Banville.  Jacques  Normand.  Eug.  Chavette,  Galipaux,  Ch.  Leroy,  etc. 


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SUR  LK  POX 


Je  suis  tout  simplement  un  affreux    misérable, 

Un  être  sans  pudeur,  un  altéré  de  s; 

Un  monsieur  dénué  de  vertu,  très  capable 

1  rass  issine  r  le  soir  le  paisible  passant. 

Et  voulez-vous  savoir  pourquoi  je  suis  cel  homme, 

Ce  triste  va-nu-pieds,  infâme  propre  à  rien  ? 

Je  m'en  vais  vous  le  dire,  oh!  c'est  très  simple  en  somme. 

Je  viens  avec  bonheur  de  voir  noyer  un  chien. 

Oui.  je  vous  vois  bondir,  ô cœurs  par  trop  sensibles 

Pour  lesquels  une  puce  est  objet  à  garder, 

Ht  mon  acte  innocent,  pour  vous,  gens  irascibles, 

Est  un  assassinat,  dites-vous  sans  tarder. 

sez-moi,  c'est  bon!  ajoute/  la  malice 
Qu'étant  très  fort  nageur,  le  chien  était  sauvé  : 
Mais,  doux  membres  de  la  Société   protectrice... 

[ue  vous  salirez   tout  mon  cœur  sera  lavé. 

lit  un  jour  de  mai.  parmi  temps  adorable. 
1     soleil,  cher  poète,  illuminant  le  cœur, 
Donnait  aux  promeneurs  un  aspect  frais,  aimable, 
Aux  promeneuses  un  petit  chic  séducteur. 

îais,  nez  au  vent,  sur  le  vieux  Pont-au-Change, 
Quand  je  vis  seul  et  triste  un  ange  aux  blonds  cheveux 
Qui,  sur  le  parapet  accoudé,  l'air  étrange, 
Regardait  fixement  et  les  larmes  aux  yeux. 

ant  voir  devant  moi  quelque  suicidisside, 
Une  enfant  malheureuse  ayant  assez  souffert. 
Je  m'approche  et  lui  dis  :  «Ta  vie  est  donc  aride. 
«  Que  tu  veux  en  finir  avec  cet  autre  enfer  ? /, 

—  (  'est  Bismark...  mon  bon  chien...  <|iii  se  noie...  Ah  !  dit-elle. 
Si  quelqu'un  le  sauvait...  cher  toutou,  lui  si  beau... 

Elle  n'acheva  pas,  je  sentis  l'étincelle... 

Et  d'un  bond,  d'un  seul  bond,  je  me  plongeai  dans  l'eau  ! 

J'en  sortis  ruisselant  mais  en  tenant  la  bute. 

Elle  était  enrhumée  avec  le  pouls  très  bref, 

Moi,  je  toussais  aussi...  j'avais  mal  à  la  tête... 

La  Seine  ayant  gardé  mon  humble  couvre-chef, 

—  eBadabe,  alors  lui  dis-je,  oici  l'abi  de  l'obe  ; 
"  I!  est  un  heu  bouille,  bais  il  est  sauf  et  sain. 

"  Boulez-bous  be  bermettre...  Ah  !   faucheux,  on  me  nobe, 
lier  brendre  du  chien  des  nouvelles  debain  ?// 

—  Oui.  dit  en  rougissant,  cette  chaste  petite, 
Mettant  décidément  le  comble  a  mon  bonheur. 
I      lendemain  matin,  je  lui   rendis  visite 

Et  j'y  restai  huit  mois,  en  tout  bien...  sans  honneur. 


Notre  offre  de  Spécimens-Primes  a  remporté  le  plus  vif  succès;  nous  avons 
reçu  maine  242  nouvelles  demandes.  Plusieurs  personnes  ayant  omis 

d'indiquer  leur  adresse,  nous  les  prions  instamment  de  nous  renseigner  au 
plus  vite  :  elle-  seront  sen  i  toui  du  courrier. 


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expédie  franco  h  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  direcl  sur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


Ce  fut  pendant  trois  mois  félicité  parfaite... 

Un  beau  ciel  sans  nuage,  un  horizon  vermeil. 

J'avais  rencontré  là  quiétude  complète... 

Bref,  à  celui  d'un  roi  mon   sort  était  pareil  ! 

Trois  mois  et  rien  de  plus  !  car  changeant  de  tactique, 

D'archange  ma  compagne,  hélas!  devint  démon. 

C'était  à  chaque  instant  un  combat  homérique 

Que  j'avais  à  subir  avec  ce  vil  crampon, 

Léocadie  était  assommante,  ennuyeuse, 

Une  mouche  enragée,  insecte  lancinant 

Que  j'aurais  voulu  voir  pour  qu'elle  fût  heureuse 

Avec  un  vieux  grincheux  ençor  plus  bassinant. 

Mon  Dieu,  j'aurais  souffert  son  humeur  détestable, 

Et  j'eusse  supporté  l'horrible  statu  quo, 

Si  je  n'avais  trouvé  dans  un  tiroir  de  table 

L'écarlate  pompomd'un  effronté  schako! 

Aussi  le  vingt-un  mars,  par  un  temps  adorable, 

Alors  que  le  soleil  illuminait  les  cœurs... 

J'ai  lâché  carrément  cet  être  méprisable 

Dont  le  souvenir  seul  me  donne  des  rancœurs! 

Je  vivais  seul  depuis,  seul  par  intermittence, 

(Réfléchissant) 
Heureux  comme  un  poisson...  comme  un  poisson  dans  feau, 
Fier  de  ma  liberté,  de  mon  indépendance. 
Je  trouvais  tout  charmant,  tout  bien,  tout  bon,  tout  beau... 
Lorsque,  passant  hier  sur  le  vieux  Pont-au-Change, 
Fumant  avec  joie  un   londrès  délicieux. 
J'aperçus  devant  moi  mon  idéal,  un  an 
Dont  l'œil  clair  et  limpide  eut  fait  pâlir   les  deux  ! 
Sa  taille  était  charmante  et  souple  et  gracieuse. 
Son  petit  nez  en  l'air  était  signé  :  Gré  vin, 
Sa  gentille  personne  en  tout  harmonieuse 
Me  faisait  murmurer  :  «  Ah  !  ce  serait  divin  ! 
«Car  avec  celle-ci,  la  dispute  est  bannie, 
Elle  doit  être  douce  et  fidèle  à  sa  foi. 
«  Déesse  des  amours,  ô  sois  trois  fois  bénie 
«  Si  tu  fais  que  l'heureux,  le  veinard,  ce  soit  moi  !  » 

—  Mais  vous  pleurez,  lui  dis-je,  oh!  les  vilaines  larmes! 
Quel  est  donc  le  motif  de  ce  méchant  chagrin  ? 
Parlez.  Je  calmerai,  mignonne,  vos  alarmes, 

S'il  s'agit  d'un  butor,  je  rouerai  le  coquin. 

—  Merci,  monsieur,  dit-elle,  oh!  la  chose  est  moins  grave; 
Si  je  pleure  c'est  de  voir  se  noyer  mon  chien 

Qui  tombe  à  l'instant  même...  Ah!  si  quelqu'un  de  brave... 

—  Comment,  c'est  pour  cela  !  mais,  voyons,  ce  n'est  rien. 

Et  j'allais  enjamber  le  parapet  de  pierre 

Lorsque  dans  mon  esprit,  ô  spectre  de  Banco, 

Je  revis  tout  à  coup  Léocadie  entière  : 

Ses  soupçons,  son  tapage  et  surtout  le  schako  ! 

Non,  la  vie  assommante  est  à  jamais  finie. 

Et  m'adressant  au  chien  que  je  voulais  sauver, 

Je  lui  crie  avec  rage  et  d'un  ton  d'ironie  : 

—  Oh  !  toi,  mon  vieux  Bismarck,  tu  sais,  tu  peux  crever  ! 


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ABONNEMENTS   AU   CRI-CRI: 
F.  5  par  An  pour  la  France.  —  F.  8  pour  les  pays  de  l'Union  postale. 


Le  Cri-Cri  prépare  un  Numéro  exceptionnel  consacré  exclusivement  a  un  jeune  poète 
de  seize  t,  Laurent  des  Aulnes,  appelé,  croyons-nous,  à  un  très  l>el  avenu-  litté- 
raire. —  Nos  lecteurs  nous  sauront  gré  <lo  leur  faire  connaître  un  talent  extraordinalre- 
ment  précoce,  servi  pur  une  érudition  déjà  savante  et  profonde. 


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FRANÇOIS  COPPEE 


DANS  LA  RUE 


A  Jules  Bonnassies. 


I  es  deux  petites  sont  en  deuil, 

Et  la  plus  grande  —  c'est  la  mère  — 

A  conduit  l'autre  jusqu'au  seuil 

Qui    mène  à  l'école  primaire. 

Elle  inspecte,  dans  le  panier, 
Les  tartines  de  confiture, 
Et  jette  un  coup  d'œil  au  dernier 
I  »   \  oir  du  cahier  d'écriture. 

Puis,  comme  c'est  un  matin  froid 

Où  l'eau  gèle  dans  la  rigole, 

Et  comme  il  faut  que  l'enfant  soit 

En  ^  tat  d'entrer  à  l'école, 

Ecartant  le  vieux  châle  noir 

Dont  la  petite  s'emmitouffle, 

L'aînée  alors  tire  un  mouchoir, 

Lui  prend  le  nez  et  lui  dit  :  —  Souffle. 


JACQUES  NORMAND 


L'ARTISTE 

A  N.  de  Swetchinsky. 

Va  !  marche  droit  au  but,  dit  la  Raison  glacée, 
Sans  détourner  la  tête  et  sans  ouvrir  ton  cœur  : 
La  gloire  est  à  ce  prix,  et  toute  autre  pensée 
Est  un  vol  fait  à  l'Art,  ton  maître  et  ton  vainqueur. 

Aime,  dit  la  nature,  aime!  Bientôt  passée, 
L'existence  pour  toi  n'aura  point  de  douceur 
Si  par  un  peu  d'amour  elle  n'est  traversée  ; 
Aime,  souffre  :  à  ce  prix,  enfant,  est  le  bonheur. 

La  gloire  ou  le  bonheur?  —  O  Nature.  6  ma  mère  ! 

Dans  ce  doute  cruel  où  je  me  désespère. 

Ta  voix,  ta  grande  voix  peut  seule  m'émouvoir  ; 

Dût  périr  une  gloire  incertaine  et  qui  passe, 
Homme,  je  veux  soufTrir  et  voir  la  vie  en  face  : 
Or  vivre  sans  aimer,  c'est  regarder  sans  voir. 

'.dfroy.  —  Imprimerie  OODFROY,  82,   rue  Thiers,  Le  Havre. 


Adresser  toutes  communications  concernant   ta   tléflaolton   et   V.idmi- 

ninlralion  du  "  Cri-Cri  à  M.  René  GODFROY,  directeur-gérant,  rue  Thiers,  62, 
au  Havre.  —  Les  Annonces  au  "  Cri-Cri"  sont  reçues  Agence  BLAVETTE,  9,  fau- 
bourg Montmartre,  à  Paris. 


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SOMMAIRE 

Alhert  Fox  :  OU  EST  LE  BOX  DIEU  ? 

Monologue  en  vers,  dit  par  M.  Filix  GALIPAUX,  du  Théâtre  de  la  Renaissance. 


m  de  Braisnc:  DÉCEMBRE  A  FOXTUVEBLEUJ 
Léon  Lecontc  :  LE  LIVRET  D'UN  TERRITORIAL 
—  SOMMEIL  INTERROMPU 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   S,    Rue    du   Croissant 


LIBRAIRIE  UNIVERSELLE,   41,  Rue    de  Seine 
Et  cJre{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  61 


/  I  '-<>■!.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  d.-*  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  il>'  François  <  ■  s  di  Mai  passant,  Th.  db  Ban- 
vili.1  .  A              S              •.  Jacques  Normand,  Eugène  Chavette,  Ch.  Leroy,  Lemei 

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Quand  le  bon  Dieu  créa  Le  monde, 
El  qu'il  eut  jeté  Les  humains 
Sur  la  pauvre  machine  ronde, 
11  se  dit  :  «  Lavons-nous  Les  mains, 

»  Voici  l'homme,  voici  la  femme, 
//  Mon  travail  est  à  peu  près  t'ait, 
»  Comme  personne  ne  réclame. 

>/  Que  chacun  parait  satisfait, 

„  Arrêtons-nous.  /•  Alors,  à  l'ombre 
D'un  arbre  immense  qu'il  planta, 
Contemplant  les  peuples  sans  nombre, 
Notre  créateur  s'arrêta. 

Devant  lui  —  terrible  cohue  — 
Des  gens  passaient  et  par  leur  ris 
Ebranlaient  la  céleste  nue. 
Qui  jamais  n'ouït  tant  de  cris. 

Le  bon  Dieu  trouvait  tout  t;trange 
Et  s'étonnait  de  ses  travaux  : 
Des  femmes  à  la  tête  d'ange, 
Comme  on  en  voit  dans  les  vitraux, 

Des  hommes  imposants,  superbes, 
L'œil  en  feu,  graves,  résolus, 
S'avançaient  par  les  hautes  herbes 
Qu'ils  écartaient  de  leurs  bras  nus. 

—  C'est  beau,  mais  c'est  bien  monotone, 

Se  dit  tout-à-coup  le  bon  Dieu, 

"  Cette  uniformité  détone, 

//  Modifions  notre  œuvre,  au  lieu 

//  D'êtres  parfaits  et  magnifiques, 
»  Jetons  en  grande  quantité. 
//  Les  défauts  moraux  et  physiques 
//  Dont  souffrira  L'humanité.  /• 

Il  dit  et  l'on  vit  sur  la  terre 
Surgir  tout-à-coup  des  docteurs, 
I)      renverseurs  oe  ministère, 
Des  ouvreuses,  des  inventeurs 

De  pastilles  contre  le  rhume, 

badauds  et  des  pick-pockets, 
Des  comédiens,  des  gens  de  plume, 
Des  amateurs  de  perroquets. 


Adresser  toutes  communications   concernant   In  ilêilnriion  el  l'/itltni- 

nigfratioH  du  "  Cri-Cri"  à  M.  René  GODFROY,  directeur-gérant,  rue  Thiers,  62, 
au  Havre.  —  Les  Annonces  au  "  Cri-Cri  "  sont  reçues  Agence  BLAVETTE,  9,  fau- 
bourg Montmartre,  à  Paris. 


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expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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Et  —  le  plus  beau  des  épilogues,  — 
Pour  assommer  ceux  qui  restaient, 
Des  fabricants  de  monologues, 
Et  ceux  qui  les  interprétaient. 

On  vit  des  gros,  des  gras,  des  maigres, 
Des  estropiés,  des  bossus, 
Des  rouges,  des  blancs  et  des  nègres, 
Des  pauvres  gueux  et  des  cossus. 

Oh  !  mais  alors,  ce  fut  terrible, 
Dieu,  lui-même,  en  fut  alarmé, 
L'existence  devint  horrible 
Dans  ce  monde  ainsi  transformé. 

C'était  mal,  ce  fut  pis  encore, 
L'univers  fut  affreux  à  voir, 
Depuis  le  soir  jusqu'à  l'aurore, 
Depuis  l'aurore  jusqu'au  soir, 

Des  gens,  l'esprit  à  la  tempête, 

Se  querellaient,  jurant  très  fort, 

Pestant  et  criant  à  tue-tête  : 

—  «  Assez  !...  De  grâce  !...  Un  autre  sort  !  » 

Tout  ce  monde  pleurant  ensemble, 
Se  lamentant,  le  jour,  la  nuit, 
Sous  la  voûte  des  cieux  qui  tremble, 
Vous  entendez  d'ici  le  bruit  ! 

Dieu  cria  :  «  Grâce  !...  Mes  oreilles  ! 
»  Avez-vous  fini  de  gémir  ? 
»  Voilà  bientôt  plus  de  cinq  veilles, 
»  Par  le  bruit,  je  n'ai  pu  dormir, 

»  Taisez-vous  donc  !  »  —  Peine  inutile.  — 
«  Soit,  se  dit  le  bon  Dieu,  changeons 
»  Sans  plus  tarder  de  domicile, 
»  N'hésitons  pas,  déménageons  !  » 

On  a  dit  souvent  sur  la  terre, 
Et  chacun  répète  ici-bas, 
Sans  approfondir  le  mystère, 
Que  le  Bon  Dieu  n'existe  pas. 

C'est  une  erreur,  je  vous  le  jure, 
Sans  nous  prévenir,  un  matin, 
Il  est  venu,  la  chose  est  sûre, 
Fixer  de  chacun  le  destin, 

Donner  à  chacun  son  ouvrage, 
Mais  quand  tout  fut  bien  réparti, 
On  a  fait  un  si  grand  tapage.... 
Que  voulez-vous? Il  est  parti. 


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ABONNEMENTS   AU   CRI-CRI: 
F.  5  par  An  pour  la  France.  —  F.  8  pour  les  pays  de  l'Union  postale. 


Mo  -  recommandés  parus  dans  Le  Cri-Cri  : 

Paulussonnerie.  de  A.  H.vnck  (N°  48).  —  Réhabilitation,  lie  RAOUL  Oger  (N°  46). 

—  Le   Virus,  de  loris  BoeEl   iV  43).  —  L'Enfant,   de  P.  COTTXdU  (N°  41).  — 

L'Epouse  de  Fifrelin.  de    Km  m.  LAMBERT  (N°  39), —  Le  premier  Régiment,  de  Fa 

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HENRY  DE  BRAISNE 


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DÉCEMBRE  A  FONTAINEBLEAU 


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.1   André  Theuriet, 

Au  seuil  de  la  foret,  sous  les  hêtres,  les  rocs 

Qui  moutonnent,  voici  que  dort  la  Mare  aux  Fées, 

rumeurs  du  chaos  paraissent  étouffées, 
Le  bois  D'est  plus  trente  par  d'invisibles  socs. 

Sur  le  branchage  grêle,  à  petits  coups,  sans  chocs, 

plantes  de  cristal  soudain  se  sont  greffées  ; 
Les  collines  de  blancs  bonnets  se  sont  coiffées 
Et  les  vieux  baliveaux  ont  revêtu  leur  frocs. 

Tandis  que  le  vallon  se  pare,  dans  la  brume, 
Pour  réchauffer  ses  doigts,  une  fillette  allume 
Un  paquet  d'arbrisseaux  dont  s'embaume  l'éther. 

Elle  a  fait  son  fagot  —  misère  !  il  faut  bien  vivre  !  — 
Et.  le  nez  dans  la  flamme,  ignore  que  l'hiver 
Accroche  au  bout  des  lais  des  aigrettes  de  givre. 


LEON  LECONTE 


LE  LIVRET  D'UN  TERRITORIAL 

TRIOLET 


Ma  cervelle  aux  livres  livrée 
Ignorait  ce  qu'est  un  livret... 
Elle  savait  ce  qu'un  livre  est, 
Ma  cervelle  aux  livres  livrée  ! 
Et  ce  qu'on  nomme  une  livrée, 
Et  ce  qu'on  appelle  l'ivraie.... 
Ma  cervelle  aux  livres  livrée 
Ignorait  ce  qu'est  un  livret  ! 


SOMMEIL  INTERROMPU 


lu  schah  de  Perse  ronflait  fort... 

femme  vient  et...  l'embête.  — 
Le  schah  lui  fait  couper  la  tetc. 

N'éveillez  pas  le  schah  qui  dort  ! 


ODFROY.  —  Imprimerie  GÔDFROY,   62,   rue  Thiers,  Le  Havre. 


PUBLICATION     REC<  )  \1  M  A  N  DE  E  : 
Rouen-Théâtre,  journal  hebdomadaire  illosti   -  L5  a  nt.  le  numéro.  —  Principaux 

quois,  Albert  Lambert,  Fernand  Mazade, 
ili,   Charneuve,   Richard  Christian,    Rictus,   Le 

Aulnes,  etc..  etc.  — 

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Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


SOMMAIRE 


F.  Barthélémy  :  ON  DEMANDE  ll\  COUIUNDITAIRE 

Monologue  en  vers,  dit  par  M   PRADIÉ,  du  Théâtre  des  Nouveautés. 


Charles  Leroy  :  LA  JAMBE  DE  BOIS 


Monologue  en  prose. 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,   Rue    du   Croissant 


LIBRAIRIE  UNIVERSELLE,  41,   Rue    de  Seine 

Et  cheç  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  63 


1  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues \  '.elles,  oii-..  de  François  Coipék,  Gi  \  de  Mai  passant,  Th.  de  l'.w- 
vu.i .  -  Su  \  i  m  va  .  ,1  \«  quks  Noam  \M>.  li  ai  m  Chavi  ptb,  i'm.  Leroy,  Lemer»  ier 

Ni  Galipaux,  Albert  Millaub,  Coquelin,  Alphonsi   Allais,  etc.,  etc. 


FERNAND   BA^RTHÊLEMÏ 


ON  DEMANDE  UN  COMMANDITAIRE 


.1    mon  ami  Pradié. 

A  me  voir,  dirait-on  que  je  suis  un  génie?... 

l"n  phénix  ?...  un  héros  ?  ..  un  homme  de  valeur  ?... 

Que  ma  mémoire  un  jour  partout  sera  bénie  ?... 

El  qu'en  m'acclamera  bientôt  comme  un  sauveur  ?... 

Et  pourtant,  c'est  ainsi.  Parmi  les  découvertes, 
La  meilleure  souvent    c'est  un  fait  reconnu), 
Ne  vaut  rien.  Eh  bien  !  moi,  j'en  ai  fait  une  certes, 
Et  qui  va  resplendir,  d'un  éclat  inconnu  !... 

cle  a  pourtant  vu  beaucoup  de  noms  illustres, 
Hugo,  Sarah,  Pasteur,  et  plus  d'un  immortel  ; 
Paulus  et  le  Mitron,  qui  font  pâlir  les  lustres. 
Les  pastilles  Brachat.  et  même  Gëraudel  !!... 

Eh  bien  !  tous  ces  savants,  ces  acteurs,  ces  poètes, 
Tous  ces  renoms  surfaits,  bientôt  ne  vaudront  rien  ; 
A  moi  tous  les  honneurs  !...  à  moi.  toutes  les  l'êtes  !... 
Tous  ces  grands  noms  seront  écrasés  par  le  mien  !... 

Par  ces  temps,  ils  ont  tous,  au  moins  une  statue  ; 
Ainsi,  vous  pouvez  voir,  tous  les  jours,  tel  ou  tel, 
En  bronze,  en  marbre,  en  zinc,...  mais  tous  sont  sur  la  rue, 
Tandis  qu'on  me  mettra  moi,...  sur  la  tour  Eiffel  !!... 

Vous  vous  demandez  bien  quelle  est  cette  merveille  ?... 
Oui   da  !...  vous  voudriez  connaître  mes  secrets  ?... 
Pour  vous  plaire  pourtant,  dans  le  creux  de  l'oreille, 
Je  vais  vous  l'expliquer si  vous  êtes  discrets. 

Voici  :  Mon  but.  Messieurs,  est  je  crois  très  louable, 
.le  veux  rendre  service  a  tout  le  genre  humain, 
En   le  débarrassant  du  nombre  formidable, 
De  gens  qui  sont  toujours  à  barrer  le  chemin. 

Oui.  mais  il  me  faudrait,  pour  lancer  cette  affaire. 
Beaucoup,  beaucoup  d'argent,...  un  chiffre  colossal  !  .. 
Si  parmi  vous  je  trouve  un  bon  commanditaire, 
Je  réponds  d'un  succès,  alors  pyramidal  !!... 

Le  merveilleux  produit,  dont  j'ai  seul  la  recette, 
A  la  forme  et  le  goût  d'un  succulent  bonbon, 
A  base  d'arsenic,  de  sucre,   d'anisette. 
De  nitro-glvcérine  et  de  fulmi-coton  ! 

IJas  besoin  d'avoir  peur,  de  crime  point  de  trace, 
L'efiet  ne  se  produit  qu'à   la  digestion... 
Vous  donnez  un  bonbon  à  qui  vous  embarrasse, 
Et  trois  heures  après...  il  fait  explosion  !... 


Adresser  toutes  communications   concernant   la  tlrtlartion   el   l\tifmi- 

ntMlriiliutt  du  "  Cri-Cri  "  h  M.  Ren<i  GODFROY,  directeur-gérant,  rue  Thiers,  62. 
au  Havre.  —  Les  Annonces  au  "  Cri-Cri''  sont  reçues  Agence  BLAVETTE,  9,  fau- 
bourg Montmartre,  a  Paris. 


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Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  GôDFROY,  directeur,  62,  rue  Tbiers,  au  Havre. 


Puis,  ce  sera  très  gai  de  voir,  je  vous  assure. 
Une  dame,  un  monsieur,  dans  un  riche  salon. 
Dissertant  gravement  ou  musique,  ou  peinture, 
Eclater  tout-à-coup  et  voler  au  plafond  !... 

Si  l'un  de  vous,  trouvant  la  vie  insupportable. 
Veut  se  faire  sauter  par  hasard  le  caisson  ?... 
Qu'il  prenne  mon  bonbon,  il  est  plus  agréable 
Que  le  feu,  l'eau,  le  fer,  même  la  pendaison  !... 

Votre  femme  vous  trompe  avec  votre  ami  Jules, 

Au  lieu  de  les  tuer,  pour  laver  votre  honneur... 

Offrez-leur  galamment  une  de  mes  pilules, 

Et  vous  pourrez  les  voir,  tous  deux  sauter  en  chœur  !... 

Le  président  voulant  changer  de  ministère. 
Usera  maintenant  de  ce  moyen,  c'est  clair. 
Au  cours  d'une  séance  ultra-parlementaire. 
Il  pourra  voir  voler...  ses  ministre...  en  l'air  !... 

Eh  bien  !...  que  dites-vous,  des  pauvres  locataires, 
Qui  donnent  tant  d'argent  pour  avoir  un  fover  ?... 
Avant  peu,  j'en  suis  sur.  plus  de  propriétaires. 
Les  gens  ne  paieront  plus  qu'en  bonbons  leur  loyer  !... 

Et  les  ouvereriers,  ces  parfaits  démocrates. 

Qui  donnent  aux  borgeois  la  sueur  de  leur  front  ?... 

Et  les  saute-ruisseaux  ?...  les  clercs  ?  les  bureaucrates  ?... 

Il  ne  restera  plus,  bientôt,  un  seul  patron  !... 

Et  celui  qui  d'un  oncle  attend  un  héritage, 

Quand  l'oncle  ne  veut  pas  dévisser  son  billard  ?... 

On  lui  donne  un  bonbon...  un  seul...  pas  davantage, 

Et  l'on  évite  ainsi  les  frais  d'un  corbillard  !... 

Ah  !...  c'est  que  voyez-vous,  je  suis  humanitaire, 

Tous  au  même  niveau,  c'est  la  suprême  loi, 

Je  donne  mon  fameux  bonbon  égalitaire, 

A  tous  ceux  qui  voudraient  être  plus  haut  que  moi. 

Mais  ce  qui  me  vaudra  les  plus  riches  affaires, 

Les  plus  brillants  succès,  le  plus  bel  avenir, 

C'est  la  destruction  des  tendres  belles-mères. 

Que  les  gendres  sans  cœur  ne  peuvent  pas  souffrir  !... 

Eh  bien,  qu'en  dites-vous,  je  crois  que  mon  système 

Est  vraiment  merveilleux  et  vaut  son  pesant...  d'or  ?... 

...Vous  sauterez  aussi car  pour  un  qui  vous  aime, 

Vingt  jaloux  pour  le  moins  désirent  votre  mort  !... 
Voyons  !...  qui  donc  sera  l'heureux  commanditaire  ?... 
Par  mon  moyen  le  monde  étant  détruit  un  jour.... 
....  Quand  nous  ne  serons  plus  que  tous  deux  sur  la  terre... 
Je  le  ferai  sauter...  le  bonhomme,  à  son  tour  !  !... 

PUBLICATION     RECOMMANDEE 
Sous  le  titre  de  Florilège  Normand,    paraîtra,   le   15  novembre,  une 
anthologie  spéciale  appelée  U  un  grand  succès  auprès  des  délicats  et  des  lettrés. 

Dans  ce  volume,  avec  deux  préfaces  :  Dédicace,  du  poète  Fernand  Mazade,  et 
Dialogue  des  Fleurs,  de  Carolus  d'Harrans,  entreront  des  poèmes,  contes  et 
nouvelles  de:  Alphonse  Karr,  J.  Ilichepin,  (l.  Vicaire,  Jean  Lorrain,  H.  de 
Braisne,  Fernand  Mazade,  Laurent  des  Aulnes,  Carolus  d'Harrans,  J.  Suzanny, 
Albert  Lambert,  Ebrab,  Catulle  Blée,  Albert  Fox,  Marcel  Bailliot,  Comte  de 
Sarran-d'AUard,  etc. 

La  plupart  des  collaborateurs  de  Florilège  Normand  sont  de  nos  amis.  — 
Nous  prédisons  à  leur  recueil  la  plus  douce  des  destinées. 


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F.  5  par  An  pour  la  France.  —  F.  8  pour  les  pays  de  l'Union  postale. 


Mo\  -  recommandés  parus  dans  Le  Cri-Cri  : 

Paulussonnerie.  de  A.  BA.NCB  i\'"  t^ï.  —  Réhabilitation,  ila  R.vour.  OOSR  (N°  46). 
—  Le  Virus,  de  Loi  is  BoOfiï  (N"  13).  —  L'Enfant.  de  !'.  COTTARD  <N°  41).  — 
L'Epouse  de  Fifrelin.  de  I'.mm.  LaMBURI  (N°  39). —  Le  premier  Régiment,  de  FJ 
Fautrel  i  Y'  38).  —  Une  Envie,  de  E.-H.  MàRCELLA  |N"  38). 


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CHARLES   LEROY 


LA  JAMBE  DE  MOIS 


L'invalide  à  la  tête  de  bois,  c't'une  f...  blague  comme  tout  un 
chacun  il  n'en  ignore,  mais  c'qui  n'esl  p.is  une  farce,  c'est  les 
invalides  qui  ont  des  jambes  en  même  métal. 

Pour  lors,  j'en  ai  connu  un  pauvre  b...  qui  avait  un  pied  à 
terre,  et  l'autre  qui  était  reste  en  Crimée. 

1  'gour'nemenl  lui  avait  fait  la  politesse  d'une  jambe  de  bois 
pour  préconiser  d'reconnaissance  envers  ce  vieux  serviteur  et  la 
croix. 

S'tait  r'tiré  dans  <a  famille  avec  sa  pension.  Vu  la  chose  d'un 
coup  d'sabre  dont  il  s'était  profusionné  en  sï...  d'vant  moi  pour 
m 'éviter  d'un  atout,  j' lui  rendais  visite  de  temps  en  temps,  et 
un  jour,  je  l'trouve  en  train  d'fréquenter  d'un  bain  d'pieds  dont 
il  avait  submergé  idem  sa  jambe  de  bois. 

—  S'crongnieugnieu  '.  jlui  propage,  c'que  vous  intentionne- 
riez  d'ramollir  vot'e  bib'lot  ? 

—  Non.  mon  colonel,  qui  m'transpose,  c'est  pour  à  seule  fin 
d'calmer  les  démangeaisons  qu'j'ai  dans  l'mollet. 

—  D'vot'e  jambe  de  bois  ! 

—  Oui,  mon  colonel. 

—  Çà,  s'crongnieugnieu,  c'que  vous  vous  gondolez  d'fantaisie 
et  autres,  en  m'f...  l'propagement  d'çui-ci  ? 

—  Mais  pas  du  tout,  mon  colonel,  je  vous  assure... 

—  N...  deD...  faites-moi  donc  voir  vot'e  sacré  machin. 
Pour  lors  j'examine,  et  qu'est-ce  que  j'vois  ?   c'te  n...  de  D... 

d'jambe  de  bois  était  pleine  de  pucerons  et  d'asticots  ;  les  bains 
de  pieds  en  effet  troublaient  ces  bêtes  et  l'invalide  restait  tran- 
quille pendant  quéque  temps,  s'ment  au  bout  d'huit  jours,  ça  le 
r'démangeait  d'récidive. 

Quand  j'ai  vu  ça,  j'y  ai  f...  sa  jambe  de  bois  au  feu  et  j'y  en 
ai  fait  faire  une  autre,  mais  c'pauv'e  b...  n'a  décidément  pas 
d'ehance  :  sa  nouvelle  jambe  était  en  bois  vert,  elle  bourgeonne, 
et  l'n...  de  D...  d'méd'cin  craint  un  érésvpèle. 

Aussi  j'ai  bien  envie  d'iui  faire  faire  une  jambe  de  bois  en 
tôle,  c'que  vous  en  dit 


et  ami,  Henri  Lefebvre,  auteur  de  ha  Mode,  monologue 
paru  dam   Le  V  1  du  Cri-Cri,  vient  de  remporter  un  très  grand  succès 
Judith  chez  Holopherne,  scène  tragique  créée  pur  M""  Segoud-Weber,  d# 


•  ■n  vente,  h  TOURS,  à  la  Librairie  Hoisski.ikk, 

^0,   rue   National''. 

nt      Rf.nl  GoDBSOT.  —  Imprimerie  GODFROY,  02,   rue  Thiers,  Le  Havre. 


Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,' Le  Cri-Cri 
expédie  franco  a  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressé!  à  M.  René  Godfboy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


Tous  les  Samedis 


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FERNAND    MAZADE 


DE  SABLE  ET  D'OR 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5.    Rue    du    Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE,   41,   Rue    de   Seine 

Et  che{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  65 


L>-  Cri-Cri,  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logaes,  Poésies.  Nouvelles,  etc.,  île  Frakçois  Coi'PÉK,  Oui  de  Maupassant,  Th.  de  Ban- 
ville, Armand  Silvkstrr,  Jacques  Normand,  1  uqjknb  Chavbttb,  Ch.  Leroy,  Lemercibr 

QaUPAUX,   ALBERT  Mll.l  \ll\  COQUELIN,   ALPHONSE  Ail. aïs,   Ole,  etc. 


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FERNAND    MAZADE 


DE  SABLE  ET  D'OR 


ARIETTE   POUR   ARABELLE 


Je  ne  connais  point,  rieuse  Arabelle, 
De  poing  plus  joli  que  ton  joli  poing 
A  demi  noyé  parmi  la  dentelle:  — 
De  bras  plus  dodu,  d'épaule  plus  belle, 
Je  ne  connais  point. 

S'il  est  ici-bas,  quelque  part  au  monde, 
In  mollet  d'enfant  mieux  pris  sous  son  bas, 
l'n  mollet   ayant  la  courbe  plus  ronde, 
Je  l'ignore  encore,  Arabelle  blonde, 
S'il  est  ici-bas. 

Le  referait-on,    pelote  de  neige, 
Ton  ventre  aussi  fin  que  le  fin  coton  ? 
Plus  blanc  que  les  ciels  blancs  de  la  Norvège, 
A  fossette,  en  fleur,  reluisant,  que  sais-je! 
Le  referait-on  ? 

Et  tes  petits   pieds,  distique  de  grâce, 
Sur  quel  chérubin  sont-ils  copiés  ? 
Pour  tout  compliment,  veux-tu  que  j'embrasse, 
Mon  tendre  oiselet,  tes  jambes  de  race 
Et  tes  petits  pieds  ? 

Que  ces  ongles-là  sont  cintrés  et  roses  ! 
N'est-ce  point  un  dieu  qui  les  cisela 
Dans  des  liserons,  des  muguets,  des  roses  ? 
Les  dieux  peuvent  seuls  d'aussi  frêles  choses 
Que  ces  ongles-là  ! 

Comme  un  col  d'oiseau,  d'une  pure  ligne, 
Le  tien  sort  aussi   d'un  divin  ciseau  : 
Il  est  souple,  droit  comme  un  cep  de  vigne  : 
Il  est  velouté  comme  un  col  de  cygne, 
Comme  un  col  d'oiseau. 

Douillet  et  nerveux,  il  plonge  en  la  soie 
De  ta  collerette  et  sous  tes  cheveux, 
cou  qui  sourit,  se  plisse  de  joie, 
Dodeline  un  peu,  s'éclaire,  blanchoie, 
Douillet  et  nerveux. 


Adresser  toutes  communications   concernant   fa  Mtéilaoïion  et  Vsidtni- 

ninlrulion  du  "  Cri-Cri  "  à  M.  René  GODFROY,  directeur-gérant,  rue  Thiers,  62, 
au  Havre.  —  Les  Annonces  au  "  Cri-Cri"  sont  reçues  Agence  BLAVETTE,  9,  fau- 
bourg Montmartre,  à  Paris. 


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Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre.. 


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Ton  menton  a  l'air  de  quelque  azerole 
De  forme  charmante  et  de  teint  très  clair. 

—  Ne  me  raille  pas  pour  cette  parole  ; 
Ne  te  moque  pas,  Arabeile  folle, 

Ton  menton  à  l'air! 

C'est  une  chanson  !  j'ai  ta  bouche  à  dire, 
Où  cent  philtres  doux  n'ont  qu'un  échanson  : 
Tes  lèvres  de  miel,   ta  langue  de  myrrhe, 
Et  tes  dents  de  lys  sonore  !  Ton  rire, 
C'est  une  chanson. 

Où  s'envole-t-il,  les  ailes  gonflées, 
Ton  nez  adorable  et  bien  puéril  ? 
Comme  un  ver  luisant  des  nuits  constellées, 
Va-t-il  se  rouler  par  les  giroflées, 
Ou  s'envole-t-il  ? 

Des  yeux  !  —  Les  plus  chers  ont  le  charme  étrange 
La  largeur  des  tiens  et  leurs  reflets  verts  ; 
Mais,  ce  qu'ils  n'ont  pas  c'est  la  double  frange 
De  cils  lumineux  qui  te  fait  l'archange 
Des  yeux  les  plus  chers. 

Parenthèse  d'or,  non  close,  la  flamme 
De  tes  sourcils  purs,  qu'attend-elle  encor? 
Tels,  toujours  de  vierge  et  déjà  de  femme, 
Ils  peuvent  répondre  à  qui  dit  :  «  Ton  âme? 
—  Parenthèse  d'or  !  » 

Comme  un  ruisselet  recouvert  de  glace, 
Ton  front  est  uni,  mon  tendre  oiselet  ! 
Et  c'est  le  chemin  où  ta  toison  passe 
Quand  ses  flots  vermeils  coulent  sur  ta  face 
Comme   un  ruisselet. 

Je  n'ai  pas  fini.  Dans  ta  chevelure, 
Les  Songes  pimpants  ont  bâti  leur  nid 
Avec  de  la  paille  et  de  la  guipure. 

—  Ne  t'agace  pas  :  chercheur  d'aventure, 

Je  n'ai  pas  fini  ! 

Je  voudrais  savoir  le  mot  de  ton  rêve  : 
Quel  est  l'horizon  que  tu  peux  bien  voir? 
Si  c'est  un  vallon,  si  c'est  une  grève, 
Et  quel  est  aussi  l'aigle  qui  t'enlève? 
Je  voudrais  savoir, 

Lorsque  tu  t'endors,  la  figure  inerte, 
Si  ton  esprit  fuit  avec  les  condors 
Par  le  champ  lointain  de  l'étoile  verte. 
La  lune  à  tes  yeux  serait-elle  ouverte 
Lorsque  tu  t'endors  ? 

Mais  enseigne-nous  dans  quelle  contrée 
Va  se  promener  ton  bonheur  jaloux  ? 
Et  quelle  est,  —  quelle  est  la  source  sacrée 
Où  se  rafraîchit  ta  lèvre  altérée  ? 


Mais 


enseigne-nous 


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ABONNEMENTS   AU   CRI-CRI: 
F.  5  par  An  pour  la  France.  —  F.  8  pour  les  pays  de  l'Union  postale. 


dogues  et  Po  h  parus  dans  Le  Cri-Cri  : 

Paulussonnerie.  de  A.  Range  i\"  W).  —  Réhabilitation,  de  Raoul  Oger  (N°  46). 

—  Le  Virus,  de  Loris  BOGBY  (V  13).  —  L'Enfant,   de  P,  CoTTÀRD  (N°  41).  — 

L'Epouse  de  Fifrelin.  de    Kmm.  LAMBERT  |N"  39). —  Le  premier  Régiment,  de  Fd 

Fautrei    \     8).—  Une  Envie,  de  E.-H.  MXRCBLLA  (  \'°  38), 


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I. "enfant  saurait-il  les  grandeurs  profondes? 
Son  esprit  voyant,  son  esprit  subtil 
A-t-il  le  secret  des  ciels  et  des  ondes? 

.:>>.     Vabelle.  Ô  blonde  des  blondes! 
L'enfant  saurait- il  ? 

Dieu  t"a-t-il  parlé  de  notre  fortune. 
De  tel  monde  étrange  et  bleu  de  Schellej  . 
Où  l'odeur,  la  joie  et  le  clair  de  lune 
Seraient  une  chose  et  \\\-w  seraient  qu'une? 
Dieu  t'a-t-il  parle 

D'Eternellement  et  de  son  mystère, 
Si  nous  sommes  terme  ou  commencement? 
—  Et.  quand  nous  mourons,  en  fuyant  la  terre, 
L'âme  devient-elle  une  tributaire 

D'Eternellement  ? 


LE  COR 


N'écoute  point  cet  homme,  ô  toi  simplement  femme  1 

Quoi  qu'il  dise,  il  n'est  pas  qui  t'aimera.  Son  âme 

Domine  ta  magie;  au  ciel  orienté, 

Son  cœur  est  calme  et  plein  comme  l'éternité. 

Ne  l'écoute  jamais  le  passant  grave  et  pâle,  — 

Prophétique  fantôme,  ombre  seigneuriale, 

Etre  échappé  d'un  cycle  étrange  et  fermé,  —  qui. 

Epée  et  cor  d'ivoire,  erre,  cueillant  le  gui 

Mvstique  et  s'il,  parfois,  lève  sa   main  charmante, 

Sonne  sans  s'arrêter  le  nom  de  son  amante. 

—  11  est  celui  qui  rêve,  en  unique  souci 

De  sa  chimère!  auguste  ainsi,  précaire  ainsi 

Que  tel  roi  fabuleux  de  Thulé  qui,  sans  doute 

Tendre,  à  coup  sur  vaincu,  n'avait,  dans  sa  déroute, 

Emporté  que  sa  belle  et  qu'une  coupe  d'or. 

Même,  plus  souverain,  même,  moins  riche  encor, 

Lui  marche,  les  yeux  clos,  dans  les  roses  du  songe, 

Veuf  à  toujours  !  —  et  sa  chanson  est  un  mensonge. 

Et,  vois-tu  !  ce  mensonge,  il  le  voulut  de  tous 

En  même  temps  le  plus  cruel  et  le  plus  doux, 

Et  que  son  cor.  écho  de  noblesse  infinie, 

Fût  moins  ensanglanté  d'amour  que  de  génie. 

Le  CRI-CRI  est  en  vente,  dans  toute  la  région  du  Sud -Ouest, 
chez  les  dépositaires  de  la  "  Petite-Gironde." 

Sur  tous  les  Pianos  : 

MARCHE  DE  FRANÇOIS  Lr,  par  PU.  Simon  ;  eouverture  illustrée, 
par  Steinlen.  —  Franco,  contre  mandat-poste  de  fr  ï,  adressé  a 
M.  H  me  Thiers,  au  Ha 

;<oy.  —  Imprimerie  GODFROY,  82,  me  Thiers.  Le  Havre. 


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Tous  les  Samedis 


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H.-C.    PETIT 

(PANGLOSS) 


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UVEoix    Squelette 

Sur    lst    Mort 

Le    Garçon    d'-A.na.i>lxltli.éâ,tr,e 

T  iitanies 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,   Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE,   41,   Rue    de   Seine 

Et  che\  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


N°  67 


'-<     .  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues N     relies,  etc.,  de  Frano  I     i   di    Mai  passant,  Th.  de  Ban- 

SlLVKSTRJt,  JaivI'is  NORMAND,  IY.i'm    ChaVBTTB,  Ch.  LbROT,  Ll  MERCIER 
\  R  i    Mil  i  M  D,   COQI  BLIN,   Al  PHONSE   Al  l  aïs,   etc.,  6tC 


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H.-C.  PETIT 


AUX  MACCHABÉES 


Une  lueur  jaunâtre 
1  >i  scend   des  soupiraux, 
Semble  jouer,  folâtre, 
Devant  tous  ces  Egaux. 

Luttant  dans  les  ténèbres, 
1  es  rayons  du  soleil 
Semblent  narguer,  funèbres, 
Les  Morts  dans  leur  sommeil. 

Sur  la  table  de  pierre 
Ofi  les  a  disposes  : 
Pas  même  au  cimetière 

Ils  ne  sont  déposés. 

Comme  tout  misérable, 
Eux.  ils  ne  peuvent  pas 
Se  pourrir  dans  le  sable, 
Servir  aux  vers  d'appâts. 

Ils  attendent,  tranquilles, 
Qu'un  pâle  carabin 
Vienne  sur  leurs  guenilles 
Etudier  le  chemin 

D'un  nerf  ou  d'une  artère. 
Puis  on    les  laisse  enfin, 
Bons  à  jeter  en  bière  : 
Tel  est  tout  leur  destin. 


MON  SQUELETTE 


Au  plafond  suspendu 
Ainsi  qu'un  vrai    pendu 
La  housse  de  lustrine 
Qui  lui  ceint  la    poitrine, 
Voilant  sa  nudité. 
Feint  en  l'obscurité 


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Adresser  toutes  communications  concernant  la  Mtrtlartlon  et  VAdtmi- 
nistruliott  du  "  Cri-Cri  "  à  M.  René  GODFROY,  directeur-gérant,  rue  Thiers,  62. 
au  Havre.  —  Les  Annonces  au  "  Cri-Cri"  sont  reçues  Agence  BLAVETTE,  9,  fau- 
bourg Montmartre,  à  Paris. 

Le    Cni-dti  «  Kt  en  vente  î»ii  Comptoir  Ciénéral  «le  *HiHiq« 


Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Tbiers,  au  Havre. 


Légère  de  la  chambre 
Un  linceul  noir.  Un  membre 
Sous  l'étoffe  esquissé 
Par  un  ferme  plissé 
Berce  comme  un  pendule 
Son  ossature.  Hercule 
Sans  muscle  et  sans  cerveau, 
Ce  déchu  sans  caveau 
Figé  dans  son  squelette 
Semble  un  anachorète 
Battant  dans  l'Infini 
La  mesure  du   Défini. 


SUR  LA  MORT 


O  Mort,  hideuse  impasse  où   tout  être  qui  vit 

Se  butte  tôt  ou  tard  !  Précipice  insondable 

Où  l'on  voit  tout  rouler,  depuis  l'enfant  qui  rit 

Jusqu'au  vieillard  tremblant!  O  gouffre  insatiable 

Que  nous  côtoyons  tous,  où  la  Fatalité, 

L'amante  du  Néant,  nous  guide  et  nous  entraîne  ! 

Quand,   implacable  Mort,  dans  ta  voracité, 

De  cadavres,  de  pleurs  gavée  et  toute  pleine, 

Poseras-tu  ta  faux  avec  ton  noir  manteau  ! 

Quand  pourrons-nous  connaître  et  comprendre  la  cause 

De  cette  loi  du  sort  qui  veut  que  le  tombeau 

Soit  l'ultime  demeure  où  tout  chacun  repose  ? 

Si  seulement  encore  on  savait  les   secrets 

Des  tombes  silencieuses  ! 

Mais  les  Morts  sont  muets, 
Mais  la  Mort  est  muette,  et  dans  les   fosses  creuses 
Eux  aussi  les  vers  sont  discrets. 


LE  GARÇON  D'AMPHITHÉÂTRE 


A  toute  heure  de  la  journée 
Cet  homme  est  là  parmi  des  corps  : 
C'est  lui  qui  garde  la  fournée 
Qui  git  dans  la  Salle  des  Morts. 

Quand  l'autopsie  est  achevée, 
Du  Macchabée  empli  de  son 
Il  recoud  la  peau  crevée, 
En  fredonnant  une  chanson. 

Il  drape,  habille,  grime,  coiffe 
Ceux  qui  sont  classés  :  «  Reconnus.  » 
Aux  femmes  il  pose  une  coiffe 
Et  cache  avec  art  les  seins  nus. 


ABONNEMENTS   AU   CRI-CRI: 
F.  5  par  An  pour  la  France.  —  F.  8  pour  les  pays  de  l'Union  postale. 


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SUR    TOUS    LES    PIANOS: 

Marche  de  François  T1,  par  Pu.  Simon  :  couverture  illustrée  oar  Stkinlen.  — 
ontre  mandat-poste  de  tv.  2,  adressé  .;i  M.  Reni    Godfroy,  62,  rue  Thiera,  au 
Havre. 


Aux  hommes  c'est  un  «coup  d'épongé 
Qu'il  leur  passe  sur  le  museau  //  : 
Pour  voiler  le  cou  qui  s'allonge. 

Il  remonte  un  peu  le  sarrau. 

A  celui-ci,  la  mentonnière; 

Pour  cette  autre  un  foulard  tout  blanc. 
—   Tout  ça  ressort  bien  dans  la  bière. 
Et  ça  se  t'ait  pour  de  l'argent. 

Si  ce  n'était  l'amphithéâtre 
Ht  l'odeur  acre  du  phénol, 
On  se  croirait  dans  un  théâtre 
Ou  dans  quelque  hideux  guignol. 

L'homme  est  un  ouvrier  honnête, 
Aimant  sa  femme  et  ses  enfants, 
Qui.  lorsque  sa  besogne  est  faite, 
Eu  ville  va  poser  des...  dents. 


LITANIES 


Quand  ma  dépouille,  pourriture 
Sur  qui  les  vers  s'escrimeront, 
Reposera  dans  la  sciure, 
Les  Femmes  encore  aimeront. 

Quand  ma  guenille,  en  son  suaire, 
Ne  suera  plus  par  les  labeurs, 
Les  Femmes  qui  seront  sur  terre 
Tortureront  encor  les  cœurs. 

Alors  que  ma  pierre  tombale, 
Souvenir  d'héritiers  pieux, 
Lisse  comme  toute  autre  dalle, 
N'aura  plus  l'inscription   d'adieux  ; 

Alors  que  la  pluie  et  l'orage 
Auront  rayé  mon  nom  du  grès, 
Et  que  mon  corps  pour  tout  ombrage 
N'aura  qu'une  reine  des  prés  ; 

Comme  jadis,  en  cette  époque 
La  Femme  soufflera  l'Amour, 
Et  pour  y  frotter  sa  défroque 
L'Homme  encor  lui  fera  la  cour. 


t  .   Rlnl  GODFKOT.  —  Imprimerie  GODFBOT,  62,   rue  Thiers,   Le  Havre. 


POUR     PARAITRE    LE    l>l     DÉCEMBRE: 

GRI-GRI-NOEL  1889.—  DIX  Monologue»  et  Poésie»  de  François  Coppée,  Guy  de 
-,  Théodore  de  Banville,  que-.  Normand,  Lemercier  de 

iie,  Louis  Ratiabonne  Lai        Félix  Ctalipaux  et  Paul  Harel.  —  Prix  de  ce 

ro  exceptionnel,  25  centimes. 


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Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


SOMMAIRE 


MARIE-LOUISE   NERON 
INFLUENCÉ    PAR  SA.   BEIiliE-lfïÈRE 

Monologue  en  Prose 


Albert  Fox  :  MISANTHROPIE 
ii-on  Lccoute  :  PLAINTE  IV  AJIfll:  R 


PARIS 
Librairie  J.   STRAUSS,   5,    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  !        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue  de   Seine,   4L  \  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  che%  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


Le  Cri-C   '.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  il<>  François  Coi'PÊb,  Gutî  de  Mai  passant,  Th.  de  Bak- 
■  lnd   Silvkst&b,  Jacques  Normand,  Bu déni  Chavettb,  Ch.  Leroy,  Lembrcibr 

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MARIH-LOl'lSH   NKRON 


[NFLDENZE  PAR  SA  BËLLE-MKRE 


—  Eh  bien  !  cuii.  mes  amis,  je  viens  d'être  influenzé.  —  In- 
fluenzé ça  n'est  rien,  n'est-ce  p;is,  la  mode  est  là.  —  M;tis  être 
influenzé  par  s;i  belle-mère,  coquin  de  sorti  c'est  être  influenzé 

deux  t'ois.  —  Vous  pense/,  comme  moi.  n'est-ce  pas?  11  n'en  est 
peut-être  pas  un  parmi  vous  qui  n'ait  une  belle-mère  à  vendre, 
car  je  ne  sais  pas  pourquoi  ces  femmes-là  ont  fait  le  vœu  de 
vivre  longtemps;  probablement  pour  faire  gagner  le  ciel  à  leur 
gendre  ! 

Moi.  pour  ma  part,  j'en  ai  une  soignée,  croyez-m'en  sur  parole 
—  une  vraie  tête  de  croquemitaine  !  —  11  y  a  (in  an  que  je  suis 
marié.  J'ai  épousé  une  femme  charmante,  elle  sortait  de  pension. 
Je  me  disais  :  voilà  bien  mon  affaire  —  une  cire  molle,  je  pétri- 
rai va  à  mon  idée,  je  lui  donnerai  mes  goûts,  mes  habitudes;  je 
me  ferai  un  intérieur  à  dégoûter  un  célibataire  de  rester  céliba- 
taire. 

Ah!  bien  oui...  j'avais  compté  sans  la  mère!...  —  Non,  mais 
voyez-vous,  cette  femme  là,  c'est  un  dégel  !...  Elle  est  toujours 
là  comme  mon  ombre.  —  Suis-je  un  instant  seul  avec  ma 
femme  il  y  a  des  moments,  que  diable,  où  on  a  besoin  d'être 
seul  avec  sa  femme  .  —  L'autre  jour,  par  exemple,  à  la  suite  d'une 
petite  discussion,  j'étais  en  train  de  faire  ma  paix,  un  bon  baiser 
et  tout  était  fini.  —  Eh  bien,  pas  du  tout.  —  On  frappe.  —  En- 
trez. —  Ciel!  ma  bêlle-mere  !  ça  ne  pouvait  être  qu'elle).  — 
scènes-là  se  recommencent  dix  fois  par  jour;  je  ne  peux 
rien  faire,  rien  dire,  sans  voir  apparaître  sa  tête  de  Méduse.  Ah  ! 
mes  amis,  le  mariage  dans  ces  conditions-là  est  un  bagne:  le 
ire  est  un  forçat  et  tire  un  fameux  boulet,  —  sa  belle-mère  ! 

Mais  je  reviens  à  ma  maladie....  Il  y  a  huit  jours,  j'allais 
me  coucher. —  Monsieur,  crie  la  domestique,  votre  belle-mère 
est  bien  mal;  vite,  dépêchez-vous,  elle  vous  attend.  —  Moi,  je 
crois  que  c'était  pour  mourir.  —  Diable  !  je  me  dis,  faut  pas  La 
faire  languir!  —  Ma  femme  a  une  attaque  de  nerfs —  bien  en- 
tendu, elle  ne  pouvait  pas  faire  autrement.  —  Je  me  rhabille. 
—  Qu'est-ce  qu'elle  a  donc,  dis-je  à  la  bonne  ?  —  Ah  !  Monsieur, 
pour  le  nom.  je  ne  peux  pas  vous  le  redire,  je  n'avais  jamais  en- 
tendu des  mots  si  biscornus  ;  mais  c'est  cette  maladie,  vous  savez 
bien,  dont  on  parle  tan  t.  mémo  que  sans  le  respect  que  je  vous  porte, 


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BLAVETTE,  '■>■  faubourg  Montmartre,  &  i 

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Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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elle  prend  les  chevaux  aussi,  maintenant.  —  Ah  I  très  bien  ;  j'au- 
rais dû  m'en  douter  ;  une  femme  comme  ma  belle-mère  ne  pou- 
vait que  se  mettre  à  la  mode.  —  Enfin,  nous  voilà  prêts,  ma 
femme  et  moi,  nous  partons,  nous  arrivons  ;  ma  belle-mère  était 
couchée,  geignant  à  nous  étourdir;  mais  je  constatai  qu'elle 
avait  encore  l'oeil  bon  ;  elle  me  regardait  avec  son  air  méchant 
et  mauvais  —  un  air  de  jeune  hyène  —  et  elle  allait  m'adresser 
quelques-unes  de  ces  paroles  aigre-douces  dont  elle  a  le  mono- 
pole, mais  je  l'avais  devinée,  et  à  son  grand  désappointement  je 
lui  tirai  ma  révérence,  lui  laissant  sa  fille  pour  la  soigner. 

Je  rentre  chez  moi,  mais,  hélas!  pincé!...  et  pincé  à  cause 
d'elle...  Je  parie  qu'elle  n'avait  pris  la  maladie  que  pour  me  la 
céder.  Dieu  !  quelle  chance  si  je  puis  jamais  la  lui  rétrocéder; 
mais  là,  une  bonne,  une  de  ces  infiuenza  qui  vous  nettoient  pro- 
prement et  en  peu  de  jours. 

Enfin,  pour  moi,  j'en  ai  été  quitte  moyennant  quelques  dro- 
gues et  la  visite  de  quelques  charlatans  en  renom.  Bref,  mon 
infiuenza  s'est  passée  —  totalement  passée,  —  j'en  suis  fort  aise. 
C'est  que  ma  belle-mère  n'est  pas  passée  —  du  tout,  elle,  — 
oh!  mais,  pas  du  tout. —  Tenez,  je  l'entends  qui  m'appelle... 
Oui,  oui,  c'est  bien  elle...  Pas  moyen  de  s'y  méprendre,  allez  — 
une  voix  de  crécelle  antique  ! 

Sur  ce,  bonsoir;  je  vais  reprendre  mon  boulet  !...  Si  jamais  je 
l'égaré  et  que  quelqu'un  parmi  vous  le  retrouve,  ne  le  rapportez 
pas,  car  il  n'y  aura  pas  de  récompense. 


ALBERT  FOX 


MISANTHROPIE 


Ne  voir  et  n'adorer  qu'un  seul  être  :  une  femme  ; 
N'avoir  qu'un  cœur,  son  cœur,  et  qu'une  âme,  son  âme  ; 
Vivre  éternellement  enlacés,  éperdus  ; 
Se  griser  de  baisers  ou  volés  ou  rendus  ; 
Brûler  du  même  amour,  souffrir  des  mêmes  fièvres  ; 
Et  les  yeux  sur  les  yeux,  les  lèvres  sur  les  lèvres, 
Poursuivre  son  chemin  sans  regrets,  sans  douleurs, 
Sans  larmes,  sans  sanglots,  sans  soucis  et  sans  pleurs. 
Oh  !  vaine  illusion.  Rêve  insensé  !  Chimère  ! 
Qui  rend  le  noir  plus  noir,  la  douleur  plus  amère, 
Qui  retire  à  nos  cœurs  les  lueurs  de  l'Espoir. 
L'Amour  est  une  fleur  qu'un  souffle  fait  éclore, 
O  dieux  !  pourquoi  la  faire  entr'ouvrir  à  l'aurore 
Et  venir  la  faucher  le  soir. 


l*e  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

lHOV\i;»U;\T*  :  France,  fr.  5  —  Union   l'ostule,  fr.  8. 


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Le  Cri-Cri  traite,  ?»  des         Httons  tionnelles,  avec  | MM.  les  Directeurs  de 

Théâtres,  de  Concerts,  de  Sociétés  lyriques,  <'ir..  désireux  de  foire  vendre  dans  les  salles 
de  spectacles  les  monologues  el  poésies  publiés  dans  notre  journal. 

Ecrire  h  M.  R  loy,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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LEON  LECONTE 


PLAINTE  D'AMOUR 


11  murmurait  tout  bas,  ravi  d'être  auprès  d'elle, 
Entourant  doucement  sa  taille  de  son  bras  : 
%  —  Hier,  j'étais  à  t'attendre,  au  rendez-vous  fidèle, 
Méchante!...  Et  la  nuit  vint,  mais  toi  tu  ne  vins  pas  ! 

"  Mille  astres  scintillants  du  ciel  perçaient  les  voiles. 
Pensif,  les  yeux   perdus  dans  les  splendeurs  des  eieux. 
Je  rencontrais  partout  le  regard  des  étoiles, 
Nulle  part  ton  regard  profond  et  gracieux. 

%  J  "entendais  accourir  les  rafales  puissantes, 
Courbant  l'herbe  des  prés  et  les  arbres  des  bois  ; 
Et  parmi  les  éclats  de  ces  voix  mugissantes 
Vainement  je  cherchais  ton  amoureuse  voix. 

«  Je  sentais  sur  mon  front  pâle  et  brûlant  de  fièvre 
Le  froid  baiser  du  vent  tristement  se  poser; 
Et,  seul  et  morne,  en  vain  j'implorai  pour  ma  lèvre 
Le  contact  enivrant  de  ton  ardent  baiser... 

«  J'ai  vu  champs  et  sentiers  comme  mon  âme  vides  ; 
J'ai  vu,  comme  mes  sens,  les  rameaux  agités  ; 
J'ai  vu  courir  dans  l'air  des  nuages  livides, 
Et,  comme  mon  esprit,  sombres  et  tourmentés  ; 

«  J'ai  vu,  tourbillonnant  sous  la  bise  inclémente, 
Les  feuilles  fuir  —  ainsi  que  mon  espoir,  hélas! 
Et  l'ombre  emplir  le  ciel  et  mon  cœur!  » 

Son  amante 
Sourit  et  dit  :  «  —  As-tu...  vu  la  lune,  mon  gas?» 


/>  Cri-Ci.  dont  le  succès  grandit  chaque  jour,  est  très  Bensible  à  la  sympathie 
qu'il  rencontre  dans  la  presse  de  Paris  et  de  province.  Il  remercie  tous  les 
journaux  qui  ont  tiien  voulu  annoncer  el  recommander  sa  publication,  et  tout 
particulièrement  ses  confrères  «le  Pari*:  Le  Réveil  du  Quartier,  La  Plume, 
L'Avenir  des  Concert*,  Le  Progrés  Artistique;  «le  faille: 
Le  Révt  il  du  Nord  :  «le  Toulouse  :  La  Renie  Théâtrale,  La  Marseillaise  ; 
«le  Lyon  :  Lyon-Arti  te;  «le  Marseille  :  /..  Bavard;  «le  Rordeaux  :  La 
«lu  Havre:  le  journal  Le  Havre,  \<-  Courrier,  le  Journal 
du  Havre,  la  H  tique*   La  Cloche;  de  Rouen:  Rouen-Artiste;  de 

«Thartrei»  :  ?Écho  de  Montpellier,  le  Moniteur  Judiciaire  ;  «le  Tonnerre  : 
L'A  pi  «l'Aiisnon  :  La  Caravane;  «le  Troyes:  L"  Lune  Troyenne;  «le 
Foix  :  t  Avenir;  «le  Viehy  :  le  Journal  de  Yichy\  «l'Arra*:  l'Avenir;  de 
Viliefranctie  :  l'Indépendant  :  4e  Castellatiae  :  la  Sentinelle  des  Alpes; 
de  Digne  :  /'/•.'<  ho  :  «!«'  l>tnparic  :  le  Jour, "il  du  Médoc  :  «le  Cognac  :  la 
•  «i»'  Matâtes i  te  Rappel,  la  République;  «le  RouileriN  :  Vin* 
dépendant  :  dMhheville  :  le  Progr»  :  de  F«'>«-.anip:  le  Journal  de  Fécamp; 
de  .\aiiiur  :      i   LutU  :  «le  iMllehonne  :  le  Lillebonnais,  etc., 

Le  titrant      Bsmi  GoDFROY.  —  Imprimerie  GODFROY,  02,   me  Thiers,  Le  Havre. 


ochainement  : 

Poèmes  Nationaux,  de  Léon  Berthaui  :  ouvrage  recommandé  à  tons  les  patriote*. 
Diurne,  édition  de  luxe,  prix  :  3  fr.  —  Adresser  mandai  à  M.  René  Ôodfroy,  02, 

rue  Thiers,  le  H 


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Tous  les  Samedis 


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LEON-L.   BERTHAUT 


POÈMES  NATIONAUX 


>es     Affres     d'iiix     Roi 

Bouvines 
-A.tx     Vercingétorix 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue  de  Seine,   41  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  che{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°  74 


7.r-  Cri-Cri.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  dos  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  François  Coppéb,  Gtrs  Dto  Mai  tassant,  Tu.  he  Ban- 
ville, ArKAND  Su  vi  si  hk.  J«eQtTBS  Normanp.  KrflÈNK  CHaVKTTE,  Cb.  Leroy,  I.kmkrcikr 
PI  Nel'VILLE,  Galitaux,  ALBBRT  Mim  IUD,  COQÙl  I  in,  Ai  PHONSK  Allais,  etc.,  etc. 


LES  AFFRES  D'UN  ROI 


.1    Sitllv-PriiJJioDirHC. 

Blême,  les  yeux  hagards,  la  sueur  a  la  face, 
Clotaire  l'assassin  gémît  lugubrement; 
Il  frappe  la  muraille  et  sa  main  maigre  efface 
L'ombre  qui   devant  lui  revient  obstinément. 

Le  prince,  furieux  et  grelottant,  halète, 
S(  -  grands  ongles  de   fauve  enfoncés  dans  le  mur, 
Ainsi  qu'en  expirant  dans  son  antre,  la  bête, 
Pour  l'éternel  sommeil,  creuse  son  lit  futur. 

Les  quatre  successeurs  de  ce  royal  cadavre 

Sont  là.  Pas  un  ne  bouge  ;  ils  ont  des  cœurs  de  roc  ; 

Mais  ce  monstre  est  leur  père  ;  un  saint  remords  les  navre; 

Leur  ambition  gît,  un  moment,  sous  le  choc. 

Clotaire  les  implore  en  sa  folle  épouvante  ; 
Les  ayant  vus  cloués  au  sol  par  la  terreur, 
Hanté  des  châtiments  que  l'agonie  invente, 
Il  croit  les  voir  sourire  et  frissonne  d'horreur. 

Il  hurle  :  «  Brûlez-les!  brûlez  ces  fils  rebelles  ! 
«  Je  suis  Roi  ;  je  suis  maitre  :  obéissez  !  brûlez  ! 
C  Aux  cendres  nous  ferons  funérailles  si  belles 
€  Que  les  peuples  croiront  nos  yeux  inconsolés.  » 

A  cet  ordre,  jeté  par  saccades  rapides, 
Gontran,  le  moins  haï,  s'avance  vers  le  Roi  : 
Clotaire  se  retourne  ;  il  tend  ses  bras  stupides, 
Mais  le  fils  se  dérobe  en  un  geste  d'effroi. 

Délaissant  le  vieillard  qui  leur  donna  la  vie, 
Et  dont  le  cri  suprême  est  encore  puissant, 
Tremblants  sous  le  pouvoir  que  chacun  d'eux  envie, 
Les  rois  sortent,  maudits  par  cet  homme  de  sang. 

Alors,  abandonné  de  tous,  le  vieux  Clotaire, 
Dont  le  bras  impuni  demeure  audacieux, 
Vaincu  dans  son  orgueil  de  prince  de  la  terre, 
Râle,  en  montrant  les  poings  à  l'Inconnu  des  Cieux. 


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AliO.WKHEXTS  :  France,  fr.  S   —   1  nion   Fowtalc,  fr.   8. 


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Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


BOUVINES 


A  Louis  Joly. 

O  victoire  des  miens,  salut  !  Salut,  réveil 

Des  fraternités  saintes  ! 
Salut,  ducs  et  manants,  vous  dont  ce  soir  vermeil 

A  béni  les  étreintes  ! 

Voici  donc  tous  tes  fils,  ô  France,  rassemblés 

Sous  la  même  oriflamme  ; 
Ces  nouveaux  bataillons,  par  la  gloire  appelés, 

N'ont  qu'une  âme  :  ton  âme. 

Le  sang  des  vilains  vaut  le  sang  des  chevaliers, 

La  pique  vaut  le  heaume  ; 
Tu  pourras  fièrement  dénombrer  par  milliers 

Les  braves  du  royaume. 

Les  humbles  ont  sué  la  sueur  des  héros 

Sur  la  glèbe  féconde  ; 
Et  les  siècles  feront  naître  de  ces  marauds 
L'épouvante  du  Monde. 

Salut,  roi  !  salut,  ducs,  salut,  ô  mes  aïeux, 

Qu'un  noble  amour  nivelle  ! 
Je  vois  de  vos  tombeaux  s'élever  vers  les  cieux 

Une  étoile  nouvelle  : 

L'Univers  étonné,  proclamant  ses  splendeurs, 

Tressaille  d'espérance. 
J'aperçois  l'Avenir,  vague  en  ses  profondeurs, 

L'œil  levé  vers  la  France  ! 


AU  VERCINGETORIX 


A  Eugène  Longuet. 

Tes  frères,  ces  vaillants,  avaient  jeté  les  armes, 

Blasphémé  les  aïeux; 
Pas  un  croyant  n'osait  dans  tout  le  peuple  en  larmes 

Au  ciel  lever  les  yeux  ! 

«  Teute  est  sourd,  disaient-ils  ;  à  quoi  bon,  la  prière  ? 

«  A  quoi  bon,  les  combats? 
«  L'Ancêtre  n'entend  plus,  là-haut,  dans  sa  lumière, 

Ceux  qui  souffrent  en  bas.  » 

Le  druide  criait,  en  son  langage  austère  : 

«  Femmes,  n'enfantez  plus  ; 
«  Hommes,  ne  jetez  pas  de  semence  à  la  terre 

«  Qui  nourrit  des  vaincus  !  » 


K.e  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

AlîO\\i:il  EN TS  :  Fiance,  fr.  5  —  Union  Postule,  fr.  8. 


'  faire  atuvre  patriotique  que  de  souscrire  aux.  Poèmes  Nationaux,  de 
\-L.  Ber.tha.ut.  —  Adresser  mandat-poste  de  iV.  3  à  M.  René  Godfrot, 
ne  Thiers,  au  Havre. 


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Alors,  comme  affaissés  en  leur  désespérance, 

Femmes,  soldats,  vieillards, 
Tremblaient  de  dévouer  à  la  dernière  chance 
1  es  derniers  étendards. 

Comme,  sanglant  encor,  César  allait  paraître, 

Fort  de  récents  exploits. 
Tu  ranimas  les  deeurs  ;  tu  leur  parlas  en  maître 
Digne  des  fiers  Gaulois. 

A  l'âge  OÙ  le  Consul  n'était  qu'un  roi  d'orgie. 

Pâle,  aux  membres  tremblants, 
Tu  levas,  d'une  main,  l'arme  lourde  et  rougie 
Des  chefs  aux  cheveux  blancs. 

Dans  la  lutte  accablé,  pour  la  rendre  féconde, 

Tu  mourus  en  martyr  ; 
Tu  vis,  à  ton  aspect,  César,  tyran  du  Monde, 

Se  troubler  et  pâlir. 

Gloire  à  toi,  dans  ton  âme  et  dans  ta  chair  meurtrie. 

Auprès  du  Dieu  Vivant! 
Car  de  ton  noble  exemple  et  de  ta  cendre  au  vent 

\  germé  la  Patrie. 


Les  (rois  poésies  que  nous  publions  aujourd'hui  sont  extraites  des  Poèmes 
"in. c  de  Léon-L  Berthaut,  ouvrage  en  préparation  et  que  nous  comptons 
livrer  au  public  dans  le  courant  de  Février. 

Rappelons  q:.e  notre  dévoué  collaborateur  est  déjà  connu  par  la  publication 
de  Veillées  d'Armes,  ouvrage  récompensé  le  i  Juin  dernier  par  la  médaille 
d'honneur  de  la  Société  Nationale  d'Encouragement  au  lli>>ii  et  que  M.  Ber- 
thaut  a  obtenu  une  troisième  place,  une  seconde  et  douze  fois  la  première 
sur  les  quinze  grands  concours  auxquels  il  a  pris  part  depuis  dix-huit  mois. 

Au  dernier  concours  de  V Académie  Lamartine,  le  jeune  poète,  qui  luttait 
dans  sept  sections  pour  les  grands  prix,  en  a  obtenu  six  premiers  et  un 
second. 

C'est  dans  ce  tournoi,  surveillé  par  un  jury  d'une  compétence  exception- 
nelle, que  l'appréciation  suivante  a  été  donnée  des  Poèmes  Nationaux  : 

«  On  sent  vivre,  dans  l'œuvre  de  M.  Berthaut,  une  âme  de  poète  et  de  Fran- 
«  rais.  L'auteur  chante  les  gloires  de  la  Patrie,  depuis  Vercingétorix  jusqu'à 
o  dos  jours.  Sincère,  large  et  hardie,  l'œuvre  du  poète  a  toute  la  mâle  énergie 
«  d'un  en  jeté  dans  la  tempête.  Vision,  Ambiorix,  Ii<s  Qdllice,  Bouvines, 
«  Jean."  d'Arc,  Bout  autant  de  pièces  où  l'on  sent  le  cœur  battre  et  le  sang 
«  courir.  Ce  livre  est  un  cordial;  cette  gorgée  de  liqueur  forte  vous  retrempe 
*  et  vous  guérit.  Dans  la  Plainte  des  Drapeaux,  ce  n'est  pas  de  la  poésie, 
c  c'est   le  roulement  d'une  charge  de  cuirassiers. 

«  Beaucoup  de  poètes  ont  tenté  l'épopée  des  angoisses  nationales,  mais  au>  un 
«  n'y  a  mis  plus  de  nerfs,  de  cœur,  de  muscle. 

«   Toutes  nos  félicitations  à  M.  Léon-L.  Berthaut.    Note  :  20  sur  20.  » 

ri,  qui  s'est  imposé  la  tâche  ardue  d'ouvrir  aux  jeunes  et  aux  vail- 
lants de  la  littérature    la    porte   du  succès   Bi    impitoyablement    gardée  par  les 
grands  prêtres  de  l'édition,  est  certain  de  faire   œuvre  artistique  en  se  char- 
le  la  publicatioi  itionaux 

js  sommes    convaincus  que  nos  leoeurs  voudront  sanctionner  et  encou- 
re    tentative  et  récompenser  les  efforts  du   patriote   et  poète    Léon 
Berthaut. 


.   GoDTOOY.  —  Imprimerie  GODFBOY,  62,   rue  Tliiers,  Le   Havre. 


t.  —  Noi  amit  Marcel  Bailliot  [Fanfare    el  Henri 
Piquet  ont  obtenu  deux  n  •  i  concours"  organisé  par  le  «  Cercle  de  la 

»  :  le  premier,  pour  une  nouvelle,  La  Soin';  le  second, 
œ  comédie  en   un  acte,  /• 


70tfs  les  Samedis 


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X  Centimes 


FERNAND   BARTHELEMY 


LE  FILAGE 

Monologue  Marseillais 

DIT    PAR 

£M.cPbadié,  du    Théâtre  des   Nouveautés. 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5?    Rue    du    Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Ce 

41,    Rue  de   Seine,   -4L  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°  76 


Le  Cri-c>i.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  dos  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  1  i  dj  Mai  passant,  Th.  of  Ban- 
ville, Ari  lk  Siltestre,  Jacques  Normand,  Eugèni  Cbavbtte,  Ch.  Leroy,  Lembrcibr 
db  Xelvilif.  G.mii'.u'x.  Albert  bIillaud.  Coquelin,  Alphonse  Allais,  etc.,  etc. 


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LE    FILAGE 


Vous  me  croirez  si  vous  voulez, 

Mais  ze  suis  de  Marseille. 

Un  bien  zoli  pays  allez  !... 
Faut  le  voir...  Ze  vous   le  conseille. 
(    est  plus  beau   que  Paris,  d'abord  ; 
Malgré  tout  ce  qu'on    peut  en  dire, 

que  les  parisiens  y-z-ont  un  port  ?... 
Avec  leur  Seine,  ils  me  font  rire  !.. 
Y-z-ont  des  monuments  c'est  bien  certain 
Devant  lesquels  ze  me  découvre; 
L'Odéon,  Saint  Thomas  d'Aquin. 
1  e  l.ut/embourg  et  puis  le  Louvre, 
1  es   Invalides.  l<  )péra, 
Le  Palais-Royal,  la  Concorde, 

I  a   Madelaine   eteetera   ... 

C'est  zoli,  ...  ça  ze  vous  l'accorde... 

Notre-Dame  —   le  Panthéon 

Et  l'Hôpital  Larriboisière 

st  zoli...  Je  ne  dis  pas  non 

Mais  ils  n'ont  pas  de  cannebière  !!... 
Et  puis,  voulez-vous  le  savoir?  ...  à  Paris 
Té  !..  la  seule  sose  qui  me  convienne  ?... 

Entre  nous....  là...  ze  vous  le  dis... 
Eh  bien!...  pour  moi.  n'ya  que  la  parisienne  ! 

Elles  ont  un  cic  épatant 

Pour  se  retrousser,  les  mâtines, 

Et  vous  font  voir  en  soulevant 
Leur  zupe...  un  peu  plus  haut  que  leurs  bottines. 
Aussi....  moi....  que  voulez-vous....  quand  ze  vois, 

Le  bas  d'une  zambe  de  femme,... 

Ze  ne  me  connais  plus,...  ze  crois 

Que  tout  mon  corps  il  est  en  flamme  !... 
Tenez,...  z'étais  à  Paris  l'autre  zour, 

II  pleuvait,  ne  sasantque  faire, 
Ze  m'en  vais  faire  un  petit  tour. 
Tranquillement  pour  me  distraire; 
Quant  une  pitzoune,...  un  bizou... 

de  moi  passe,  et  se  perd  dans  la  foule, 

En  faisant  voir  zusqu'au  zenou 

Un  zoli  molet  fait  au  moule!... 

Ah  bagasse  !...  quand  ze  vois  ça  !... 

Ze  me  dis  faut  que  ze  la  file 

Pour  contempler  ce  molet-là  !... 
s  d'elle  alors,  bientôt  ze  me  faufile... 

Elle  prend  la  ru'  Ricelieu. 

La  ru'"  Saint-Marc,  la  ru'Yivienne, 
Coupe  le  Palais-Royal  au  milieu... 
Moi  ze  Biais  touzours  ma  parisienne. 
Aux  magasins  du  Louvre,  ze  la  suis... 


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La  Pissotière,  monologue  réaliste  de  Sock,  illustré  par  l'auteur,  obtient  toujours 
le  plus  vif  succès  dans  les  réunions  intimes.  —  Pour  se  procurer  cet  éclat  de  rire,  il  suflit 
d'adresser  un  franc  en  timbres  ou  mandat  à  M.  Mené  Godfroy,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


Elle  entre,  z'entre  derrière  elle; 

Elle  acète  un  tas  de  produits, 

Des  cornissons,...  de  la  dentelle; 

De  l'eau  de  Cologne,...  un  sapeau,... 

Un  clysopompe...  un  tas  de  soses... 

Une  lampe...  un  porte-manteau... 

Et  douze  paires  de  bas  roses  ! 
Enfin  elle  sort...  Retrousse  encore  son  zupon, 

Troun  de  laire  !  il  pleuvait  averse  ! 

Pour  mieux  voir  son  molet  fripon, 

De  l'autre  côté  ze  traverse. 

Qu'elle  était  mignonne,  corbleu  ! 

En  trottinant  comme  une  bice  !... 

Sous  mon  riflard,  la  tète  en  feu 

Ze  la  suivais  comme  un  canice. 

Elle  fait  un  tas  de  détours, 

Passe  un  pont  ;  tourne  à  droite,  à  gauce, 

Encore  à  droite.,    puis  touzours,... 
Ze  me  dis,...  pourtant...  faut  que  ze  Tapproce  ! 

Enfin,  après  avoir  marcé 

Plus  de  deux  heures  derrière  elle, 

Ze  vois  qu'elle  entre  au  Bon  Marcé  !... 

Ah  !  pristi  !...  Z'entre  avec  ma'belle  !... 

Elle  fait  dans  cette  maison, 

Bagasse  !  Encore  un  tas  d'emplettes 

Un  sandelier,...  du  saucisson 
Des  gants,  ...  des  moussoirs...  des  boîtes  complètes. 
Elle  aurait  ze  crois  dévalisé  tout 

Sans  se  faire  la  moindre  bile... 

Ze  la  suivais  touzours  partout  ; 

Elle  s'en  va...  Ze  la  refile  !... 

Elle  marce  vite,...  ze  cours.... 
Mais  bon  !..  voilà  qu'au  détour  d'une  rue, 

Comme  il  pleuvait  touzours,    touzours, 

Tout  à  coup  ze  la  perds  de  vue. 
Ze  vais,  ...  Ze  viens,  ...  Ze  tourne   plusieurs  fois 

Sans  l'apercevoir,  troun  de  laire  !.. 
Lorsque  dans  un  magasin  ze  la  vois  !... 

Ah  !  bagasse  !...  c'est  mon   affaire  !... 
Que  ze  me  dis....  pas  besoin  de  réflécir, 
Té  !  c'est  zustement  une  crémerie, 

Ze  vais  la  faire  rafraicir,  ... 

Ze  connais  la  galanterie. 

Z'ouvre  la  porte  carrément, 

La  tête  en  feu,    les  yeux  en  flammes... 

Quand  la  marzande,  poliment 
Me  dit  :  «  Ici,  c'est  le  côté  des  dames, 

Pour  les  hommes....  la  porte  au  fond.  » 
Z'aurais  bien  dû  me  douter  de    la  sose, 

Car  ça  ne  sentait  pas  très  bon, 
La  crémerie  était  un  Watcr-Closc  !... 

Sans  dire  un  mot,  de  là  ze  sors 

Tout  déconfit,...    l'oreille  basse, 

Attendant,  inondé  dehors 

Que  ma  belle  nymphe  repasse. 

A  la  fin,  ze  la    vois  sortir 

Carrément,  ze   m'approce  d'elle,  .. 


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et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

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Dans  le  but  de  faipé  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  a  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
peste  adressés  à  kl.  René*  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thders,  au  Havrk. 


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«  Que  pourrais-ee  bien  vous  offrir?... 

«  O  ma  divine  tourterelle  !.. 

«  Depuis  quatre    bernes  /e  vous  suis, 

"    Trempe  .'usqu'aux  os  par  les  omles. 

«  l'oinme  un  barbet  crotté  le  suis, 

"  Pour  admirer  vos  zambes  rondes  !..  » 

l:t  sans  faire  aucune  façon, 

Elle  accepte  le  tête   à  tète 

Pu n  petit  dîner  de  garçon, 

Dans  un  cabinet  ces  Vacette. 

Ze  tais  apporter  du    melon.... 
Quand,  tout  a  coup,    ma  sarmante  voisine 
Me  dit  :  «  Mais....  t'es  de  Marseille,  mon  bon  ?... 

"  A  ton  accent  ze  le  devine  !... 

«  Eh  !  bagasse nous  sommes  pays  !... 

"  Moi  /e  suis  de  la  Cannebière  !.. 

"  En  plein  Marseille  ze  te  dis  ! 

"  Et  troun  de  laire.  zen  suis  lîère  !!  » 

Ah  !  pécaïre!  mes  cers  amis  !... 

<  lest  moi  qui  la  trouve  mauvaise!... 

Venir  de  Marseille  à  Paris 

Pour  titer  une  Marseillaise  !!!... 
C'est  fort  !...  Mais  ce  qui  me   console  un  peu, 
C'est  qu'à    Paris,  celles  qui   font  merveille 

Pour  se  retrousser,  té  !   parbleu  !.. 
Ce  sont  les  parisiennes  de  Marseille  !!! 

ASSOCIATION    UNIVERSELLE 
Concours  de  l'Académie  des  Palmiers 

EXTRAITS   DES  STATUTS 

Aux.  XIX.  —  U Association  universelle  met  à  la  disposition  de 
V Académie  des  Palmiers,  sa  commission  littéraire  et  artistique, 
une  somme  d'argent  et  un  certain  nombre  de  médailles,  destinées 
à  être  données  en  prix,  applicables  indifféremment  à  la  Poésie,  à 
la  Prose,  à  la  Musique,  à  la  Sculpture,  à  la  Peinture,  aux  Scien- 
ces diverses,  et  aux   personnes  qui  ont,  bien    mérité  de  l'humanité. 

Art.  XX.  —  En  vertu  de  cette  délégation,  Y  Académie  des  Pal- 
miers  organise  deux  concours  par  an,  —  un  tous  les  six  mois,  — 
gratuits  pour  les  sociétaires,  afin  de  provoquer  unenoble  émulation 
et  pour  mettre  en  lumière  les  talents  et  en  relief  les  actions  louables. 

ART.  XXI.  —  Le  premier,  dit  concours  Simple,  se  clôt  le  30  avril; 
cond,  dit  grand  concours  annuel,  le  31  Décembre.  Ces  termes 
-ont  de  rigueur. 

Tout  le  monde  ^eut  prendre  part  au  premier  et  au  second  de  ces 
concours,  ou  à  tous  Les  deux  successivement.  Pour  plus  amples 
renseignements,  demander  V Annuaire  1889-90,  envoyé  franco  con- 
tre  1  tV.  20  'Mi  timbres-poste,  adressés  au  Secrétariat  général,  5,  rue 
Carnot,  Courbevoie-Paris  (France). 


Non-  apprenons  la  fondation  d'une  nouvelle  Agence  destinée  à 
rendre  de  grands  services  à  Paris  qui  pense,  écrit,  travaille,  in- 
vente, etc.,  entln  au  tout  Paris  qui  s'intéresse  à  ce  qui  s'imprime 
chaque  jour  dans  tous  les  journaux,  du  monde.  —  Le  Courrier  de 
la  Presse,  19,  Boulevard  Montmartre,  A.  GALLOIS,  Directeur,  com- 
munique les  extraits  de  tous  les  Journaux  sur  n'importe  quel  sujet. 

rant  :  René  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


L'Administration  'Ju  Cri-Cri   prie  in  tamment  MM.  les  Abonnés  en  retard  peut  le 

tentent  an  mandat-poste  de  fr.  5  à  M. 


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René 


Tous  les  Samedis 


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SOMMAIRE 


Marc  Anfossi.  —  SCIE   MAJEURE 

Montée  par  Coquelin  cadet,  de  la  Comédie-Française 

François  Goppée.   -  UN   ÉVANGILE 
Albert  Fox.  —   AVRIL 


PARIS 
Librairie  J.   STRAUSS,   5,   Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,   41  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°  77 


Lf  Cri-Cri.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  François  Coppék,  Qxn  de  Maupassant,  Th.  db  Ban- 
yillb,  -  .  Jacques  Normand,  Eugène  Chavbtte,  Ch.  Leroy,  Lrmercibr 

DB   NBUn  U  \.   Ai  mur  Mm  10D,  CoQUBLIN,   A.LPHONSB  Allais,  etc.,  etO. 


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MARC    ANFOSSI 


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SCIE  MAJEURE 


Elle  allait  rendre  son  ouvrage  ; 
Moi  je  la  suivais  bêtement. 
Comme  ça,  sans  savoir  comment, 

Ni  pourquoi,  ce  jour,  justement, 
Elle  allait  rendre  son  ouvrage. 

Elle  avait  à   peu  près  cet  âge 
Où,  terminant  l'apprentissage, 
On  peut  sortir  impunément, 
Ht  le  nez  en  l'air,  carrément 
Par  un  soleil  éblouissant, 
Elle  allait  rendre  son  ouvrage. 

Si  vous  aviez  vu  son  visage  ! 
C'était  radieux  et  charmant, 
Jolie  à  dévorer,  vraiment, 
Et  comme  moi,  probablement, 
Vous  l'auriez  suivie  en  flânant 
Jusqu'à  l'endroit  où,  gentiment, 
Elle  allait  rendre  son  ouvrage. 

Elle  traversa  le  passage 
Du  Saumon,    lit  énormément 
De  chemin,  (on  trotte  à  cet  âge)  ; 
J'étais  essoufflé,  tout  en  nage, 
Et   j'attendais  l'heureux  moment 
Où,  mettant  terme  à  mon  tourment, 
Dans  un  grand  établissement 
Elle  allait  rendre  son  ouvrage. 

Patatras!  Un  encombrement 
De  voitures.  Moi,  prudemment, 
Je  restai  là,  tranquille  et  sage... 

vient  vite  un  écrasement) 
Elle  avait  filé  presten 
Et  je  la  cherchai  vainement 
De  sorte  que,  fatalement. 
Je  n'ai  jamais  su  ni  comment, 
Ni  pourquoi,  ni  dans  quel  moment 
Et  dans  quel  arrondissement 
Elle  allait  rendre  son  ouvrage. 


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OODFROY,  dir  '•    rue  Thiers,  62,  au    Bavre.  —  Le«  An- 

nonce,                                                   BLAVETTE,  9,  faubourg  Montmartre,  a  Paris. 
ABOWlilIKVTS  :  l'f r.  fr.  5  —  Union  Pomtale,  fr.   8. 


Le  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  dépositaires  du 
Progrès  Artistique. 


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FRANÇOIS  COPPEE 


UN  ÉVANGILE 


En  ce  temps-là  Jésus,  seul  avec  Pierre,  errait 
Sur  la  rive  du  lac,  près  de  Génésareth, 
A  l'heure  où  le  brûlant  soleil  de  midi  plane, 
Quand  ils  virent,  devant  une  pauvre  cabane, 
La  veuve  d'un  pêcheur,  en  longs  voiles  de  deuil, 
Qui  s'était  tristement  assise  sur  le  seuil, 
Retenant  dans  ses  yeux  la  larme  qui  les  mouille, 
Pour  bercer  son  enfant  et  filer  sa  quenouille. 
Non  loin  d'elle,  cachés  par  des  figuiers  touffus, 
Le  maitre  et  son  ami  voyaient  sans  être  vus. 

Soudain  un  de  ces  vieux,  dont  le  tombeau  s'apprête, 

Un  mendiant,  portant  un  vase  sur  sa  tète, 

Vint  à  passer,  et  dit  à  celle  qui  filait  : 

«  Femme,  je  dois  porter  ce  vase  plein  de  lait 

Chez  un  homme  logé  dans  le  prochain  village, 

Mais,  tu  le  vois,  je  suis  faible  et  brisé  par  l'âge. 

Les  maisons  sont  encore  à  plus  de  mille  pas 

Et  je  sens  bien  que,  seul,  je  n'accomplirai  pas 

Ce  travail,  que  l'on  doit  me  payer  une  obole.  » 

La  femme  se  leva  sans  dire  une  parole, 
Laissa,  sans  hésiter,  sa  quenouille  de  lin 
Et  le  berceau  d'osier  où  pleurait  l'orphelin, 
Prit  le  vase,  et  s'en  fut  avec  le  misérable. 

Et  Pierre  dit  : 

«  Il  faut  se  montrer  secourable, 
Maître  !  mais  cette  femme  a  bien  peu  de  raison 
D'abandonner  ainsi  son  fils  et  sa  maison 
Pour  le   premier  venu  qui  s'en  va  sur  la  route. 
A  ce  vieux  mendiant,  non  loin  d'ici,  sans  doute 
Quelque  passant  eût  pris  son  vase,  et  l'eût  porté.  » 

Maisjésus  répondit  à  Pierre  : 

«  En  vérité, 
Quand  un  pauvre  a  pitié  d'un  plus  pauvre,  mon  Père 
Veille  sur  sa  demeure  et  veut  qu'elle  prospère. 
Cette  femme  a  bien  fait  de  partir  sans  surseoir.  » 

Quand  il  eut  dit  ces  mots,  le  Seigneur  vint  s'asseoir 

Sur  le  vieux  banc  de  bois,  devant  la  pauvre  hutte  ; 

De  ses  divines  mains,  pendant  une  minute, 

Il  fila  la  quenouille  et  berça  le  petit  ; 

Puis,  se  levant,  il  fit  signe  à  Pierre,  et  partit. 

Et,  quand  elle  revint  à  son  logis,  la  veuve, 
A  qui  de  sa  bonté  Dieu  donnait  cette  preuve, 
Trouva —  sans  deviner  jamais  par  quel  ami  — 
Sa  quenouille  filée  et  son  fils  endormi. 


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Eie  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

AItO\.\ElïEVr*  :  France,  fr.  5  —  Union  Postale,  fr.  8. 


Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  a  titre  île  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adresses  a  M.  René  Godfrot,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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ALBERT  FOX 


AVRIL 


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Le  printemps  a  mis  du  rose  à  la  rose. 

De  l'or  dans  les  blés,  des  nids  ;uix  buissons, 

l'n  rayon  vermeil  dans  Pâme  morose 

le  printemps  a  mis  du  rose  à  la   rose, 

Des  parfums  troublants  dans  la  fleur  éclose, 
Au  cœur  des  amants  de  folles  chansons. 

Toinon.  ce  matin,  m'a  semble  si   belle. 

grands  veux  troubles  m'ont  semblé  si  noirs, 
Avec  son  coquet  bonnet  de  dentelle, 
Toinon,  ce  matin,  m'a  semblé  si  belle, 

je  suis  allé  vers  mon  infidèle 
Avec  tout  l'amour  de  nos  premiers  soirs. 

Reviens  au  pays,  Toinon.  c'est  la  fête, 

ur  plein  de  soleil,  mains  pleines  de  fleurs, 
Tu  retrouveras  ton  pauvre  poète. 
Reviens  au  pays,  Toinon  c'est  la  fête, 
Pour  toi  j'ai  toujours  des  rimes  en  tête, 
Un  baiser  brûlant  sèche  bien  des  pleurs. 

Je  veux  croire  encore  à  l'ivresse  étrange, 
A  mes  visions  de  blonds  séraphins 
Aux  cieux  constellés,  au  bleu  sans  mélange  ; 
Je  veux  croire  encore  au  pays  étrange 
Où  pour  les  humains  l'amour  est  un  ange 
Qui  ne  vend  jamais  ses  regards  divins. 

Car  l'Avril  a  mis  du  rose  à  la  rose, 

De  l'or  dans  les  blés,  des  nids  aux  buissons, 

In  rayon  vermeil  dans  l'âme  morose; 

Oui  l'Avril  a  mis  du  rose  à  la  rose, 

Des  parfums  troublants  dans  la  fleur  éclose, 

Au  cœur  des  amants  de  folles  chansons. 


PRIMES    DU    "  CRI-CRI  " 

La  Pissotière,   monologue  réaliste    de   Sock,   illustré   par   l'auteur.    — 

Prix  :  1  fr. 

L'Anglaise,  monologue  en  ver»,  'le  Henri  Lepbbvbe,  illustré  par  Albert 

.rt,  de   rOdéon,  créé   par  Georoes  Bbrr,  'le  la  Comédie  Française.  — 

Prix  :  30  centimes. 

Un  Jour  de  Fête,  monoloj  .  de  Albert  F\>x,  illustré  par  Félix, 

Prisa,  des  Variétés.  —  Prix  :  30  centimes. 
Envoi    franco    contre    timbres-poste    ou    mandat   a   l'adresse    de    M.   René 
Godfrov,  62,  rue    Thiers,  au  Havre. 

Le  Gérant  :  René  Godfrov.  —  Imprimerie  GODFBOY,  62,  rue  Thier».  Le  Havre. 


L.e  i'ri-1'ri  est   en   vente  dam   toutes  les  bibliothèques  des  gares. 
Service  de  la  maison  Hachette  et  Ce. 


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Concours  de  Chansons,  Sonnets,  Monologues    Dessin  et  Musique.  —  Magnifiques  Prix. 


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Tous  les  Samedis 


IX  Centimes 


H.  PASSERIEU  &  F.  GALIPAUX 


SUR  LES  MAINS 


Monologue  en  Prose 


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PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Ce 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  «les  Mono- 
logues Nouvelles,  etc.,  de  François  Coipék.  Gin   de  Maupassant,  Tbt.  os  IUn- 

V1LI  V,    A.HMAND     SlLVKSTRK,   JACQUES   NORMAND,    EOGÈNE   ClUVI   III  .   Cm.   I.KuoY,   LeHBRCIER 

i»k  Xei/vh.i  f.  Qaupacx,  Aihkkt  Mui.Mi'.  Coqi  min.  Alphonse  Allais,  etc.,  etc. 


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H.  PASSERIEZ    &   F.  GALIPAUX 

SUR  LES  MAINS 


.le  ne    peux  pas!    Non,  ma  parole je  ne    peux  pas...  et...  si 

vous  saviez  tout  ce  que  j'ai  fait  pour  y  parvenir!  Mais  je  ne 
peux  pas...  et  le  ne  pourrai  jamais  ! 

Voici  :  J'ai  vingt-six  ans.  On  ne  le  croirait  pas,  n'est-ce  pas  ? 
F.h  bien  !  c'est  comme  ça.  j'ai  vingt-six  ans  et  j'ai  déjà  songé"  à 
Phy  menée...  la  tante  à  Jules...  vous  savez  bien  le  grand  Jules... 
Je  le  rencontre  un  jour,  il  me  dit  :  «  Veux-tu  voir  un  essaim  de 
jolies  temmes  ?  „  Moi.  quand  on  me  parle  de  jolies  femmes,  on 
me  tient  tout  de  suite.  Je  réponds  "  Oui  //  —  Entendu,  j'irai 
te  prendre  ce  soir  à  neuf  heures. 

A  neuf  heures  précises,  la  porte  s'ouvrait...  Ce  n'était  pas  lui., 
c'était  quelqu'un  qui  se  trompait...  mais  à  dix...  très  exactement.. 
Jules  arrive,  et  quelques  instants  après  nous  étions  chez  la  com- 
lesse  de  San c ta  Matrimonia,  femme  exquise,  cette  comtesse... 
elle  vous  reçoit  ! 

Jules  avait  dit  vrai.  Il  y  avait  là  tout  un  stock  de  beautés  : 
des  brunes,  des  blondes,  des  jaunes,  des  rousses  ;  pour  tous  les 
goûts,  quoi  !  Jules  me  souffle  :  «  Hein  !  si  l'on  voulait  se  ma- 
rier... quel  choix  '.'....  „  Ah  !  que  m'avait-il  dit  ?  Je  ne  pensais 
plus  qu'à  ça  !  Chaque  fois  que  je  passais  devant  une  glace,  je 
me  regardais  en  disant  :  «  Hé  !  hé  !  pourquoi  pas  ?  »  Je  me  sen- 
tais capable  de  faire  le  bonheur  d'une  femme. 

Onze  heures  sonnaient,  quand  je  l'aperçus,  elle,  l'idéal,  celle 
que  mon  âme  avait  tant  de  fois  rêvée..  Pan...  un  grand  coup... 
là...  ça  y  était...  Un  mois  après,  je  me  faisais  présenter...  Jules 
m'avait  prévenu...  «  Tu  sais,  pas  celle-là  '.  —  Pourquoi  ?  — 
Belle-mère  fantasque,  excentrique.  // 

Durestetout  autre  avertissement  eut  été  superflu...  jetais 
pincé...  et  quand  je  le  suis,  moi...  eh  bien  !  je  le  suis. 

I  obtins  mes  grandes  entrées  chez  mon  idole...  elle  s'appelait 
Gilda.  mon  idole...  joli  nom.  hein  ?  pas  commun  surtout. 

Je  plaisais  à  tout  le  monde.  Le  concierge  avait  daigné  me  trouver 
distingué,  la  cuisinière,  bien  bâti,  et  la  femme  de  chambre,  gé- 
néreux... Alors  je  me  risquai  à  faire  la  demande...  on  débattit 
les  conditions...  j'acceptais  tout...  lorsque  ma  belle-mère  vou- 
lut me  parler  en    particulier. 

Une  fois  dans  le  petit  salon.  M  "  Mentaleau  prit  la  parole  en 
ces  termes  : 

—  Monsieur,  ma  fille  vous  appartient,  c'est    un  ange  ! 

—  Je  le  sais.  Madame. 

—  Elle  vous  appartient...  mais  à  une  condition. 

—  Je  l'accepte  d'avance. 


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nonce* !  L\\  ETTE,  '■'.  faubourg  Montmartre,  .'i  Paris. 

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Le  Cri-Cri  fait  des  conditions  très  avantageuses  h  MM.  les  Libraires,  Marchands  de 
Musiqu*  et  de  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Cûefs  d'Or- 
phéons et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messes et  de  Fêtes  de  Charité,  eic,  etc.,  désireux  de  s'occuper  de  h  vente  de  cette 
publication.  —  Ecrire  a  M.  Rei'é  Uodkroy,  6-2,  rue  Thiers,  au    Havre. 


—  Ah  !  je  le  vois,  vous  aimez   mon  enfant... 

—  Et  je  la  rendrai  heureuse...  Parlez,   Madame. 

—  C'est  que  c'est  difficile  à  dire. 

—  N'ayez  aucune  crainte,  je  suis  décidé  à  tout. 

—  J'ai  peur  de  vous  paraître  ridicule. 

—  Ridicule  !  une  belle  mère  !! 

J'avoue  que  ce  préambule  m'avait  donné  le  trac. 

—  Eh  bien  !  Monsieur,  pour  devenir  mon  gendre,  il  faut  que., 
vous  me  prouviez  que...  vous  savez  marcher  sur  les  mains. 

—  Sur  les  mains  !!! 

—  Oui,  sur  les  mains,  comme  ça...  la...  (geste). 

—  En  voilà  une  idée  !!!! 

—  Ma  fille  n'appartiendra  qu'à  l'homme  qui  pourra  marcher 
sur  les  mains. 

—  Mais  je  ne  suis  pas  clown,  Madame. 

—  Apprenez. 

Ah  !  Jules  avait  raison  :  «  Belle-mère  fantasque,  excentrique.  » 
Ce  jour-là  je  partis  furieux  et  voulais  tout  abandonner...  mais  le 
souvenir  de  Gilda  me  poursuivait.  Vivre  sans  elle,  impossible! 
j'étais  pincé...  et  quand  je  le  suis...  du  reste  je  vous  l'ai  déjà  dit... 
Je  me  résignai  donc  à  faire  ce  que  l'one  xigeait  de  mon  amour... 
le  difficile  était  de  trouver  un  professeur...  discret...  un  homme 
du  monde...  seulement  il  n'aurait  pas  su  m'enseigner  ! 

Je  m'enfermai  chez  moi  et  j'essayai. 

J'allais  près  du  mur,  je  mettais  les  mains  par  terre  en  levant 
les  jambes  :  «  Une  !  deux  !  »  Le  premier  jour  je  cassai  un  verre 
d'eau,  une  lampe  et  trois  porcelaines  de  Sèvres  ;  le  lendemain, 
je  crevai  un  tableau  de  famille  ;  et  le  troisième  jour,  je  glisse  et 
tombe  sur  le  nez  après  avoir  renversé  la  table...  Mes  fournis- 
seurs enchantés  prétendent  que  j'engraisse.  «  Monsieur  doit  faire 
beaucoup  d'exercice ,  nous  ne  saurions  trop  engager  Mon- 
sieur à  persévérer.  »  Et  je  persévère,  parbleu  ;  ça  me  coûte 
cher,  mais  je  persévère. 

Tenez,  avant-hier,  j'avais  oublié  de  m'enfermer...,  je  venais 
de  commencer  mon  petit  exercice...,  jetais  contre  le  mur,  la 
tète  en  bas...,  les  jambes  en  l'air...;  j'allais  lâcher  mon  appui 
pour  essayer  de  marcher,  quand,  tout-à-coup,  la  porte  s'ouvre, 
et  j'aperçois  devant  moi  mon  notaire  et  deux  dames  de  notre 
connaissance.  On  avait  frappé,  je  n'avais  rien  entendu...  et  on 
avait  pris  les  mots  que  je  criais  pour  m'exciter  :  "  Hop  là  !  hop 
là,  allez  !  »  pour  une  invitation  à  entrer.  —  «  Tiens,  qu'est-ce 
que  vous  faites  donc  là  ?  »  me  dit  le    notaire.  » 

J'étais  tellement  saisi  que  je  n'avais  pas  bougé. 

—  Moi  ?  je...    cherche  une  épingle  ! 

Les  deux  visiteuses  s'étouffaient,  j'étais  tout  rouge. 

C'est  à  la  suite  de  cette  scène  que   j'ai    résolu    d'en  finir...  Je 

vois  que  je  ne  pourrai  jamais c'est  ce  que  je  viens  d'écrire  à 

mon  atroce  belle  mère  ( montrant  une  Ictrc).  «  O  Gilda,  reine  de 
»  mes  pensées,  étoile  de  mon  âme  !...  Puisse-tu  rencontrer  un 
»  plus  vaillant  que  moi  qui  pourra  courir  à  ta  conquête,  sur  les 
»  mains...  Sur  les  mains!...  »  Allons  jeter  ma  lettre  fou  frappe) . 
Tiens  on  a  frappé  ?  Qui  ça  peut-il  être  ?  (à  la  porte)  Tjn  billet 
pour  moi  ?  Vite,  ouvrons...  c'est  de  la  mère  de  Gilda...,  la 
réponse  à  ma  lettre...  Que  je  suis  bête...,  elle  n'est  pas  encore  par- 
tie... C'est  l'émotion,  f Lisant)  «  Cher  monsieur,  votre  notaire  à  qui 


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et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

AltOWKMEYTS  :  France,  fr.  5  —  Union   H'ostule,  fr.  8. 


Dan?  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
lie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent.  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre, 


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//  j'ai  demande  des  renseignements  sur  vous.  nTa  raconte  l'his- 
»  toire  de  votre  petite  promenade  sur  les  mains...,  j'ai  bien  ri.. 

i  plaisanterie   a  assez    dure...  Je  voulais  vous   éprouver..., 

»:  mais  je  ne  croyais  pas  que  vous  iriez  si  loin Venez  survos 

//  pieds,  nous  signerons  quand  vous  voudrez.  Une  plaisanterie  ! 
Ah  bien!...  elle  est  vertecelle  là  '.  Comment,  je  consacre  mon 
temps  le  plus  précieux  à  des  études  elow  uesques,  je  casse  tout 
chez  moi,  et  cela  pour  rien  I  C'était  une  plaisanterie  !  Belle- 
maman.  VOUS  me  la  paierez...  Au  l'ait,  j'aurais  dû  m'en  douter... 

la,  ma  Gilda,  tu  m'es  rendue  !  J'éprouve  le  besoin  de  pincer 
un  petit...  il  esquisse  un  pas  comique).  Non.  je  n'ai  pas  le  temps 
Cette  lettre  est  inutileà  présent  //  la  déchire).  Allons  retrouver 
ma  fiancée...,  lui  peindre  mon  bonheur.  Pourvu  que  sa  mère  ne 
lui  ait  pas  raconte  l'histoire  du  notaire...  Hxcusez-moi  si  je  vous 
quitte  si  vite,  maisjesuis  pressé...  Vous  comprenez,  n'est-ce 
pas  ?  Je  n'oublie  rien...  Ah  !  si...  faisant  signe  au  public  d'ap.- 
.    dir    Sur  les  mains. 


Principaux  Collaborateurs  du  CRI-CRI  : 

MM.  François  Coppée,  Alph.  Daudet,  Guy  de  Maupassant,  Paul 
Bourget,  Th.  de  Banville,  André  Tlieuriet,  Jacques  Normand,  Henri 
de  Bornier,  Armand  Silvestre,  Lemercier  de  Neuville,  Coquelin, 
Eug.  Chavette,  F.  Galipaux,  Louis  Etatisbonne,  Edm.  Thiaudière, 
Rameau,  Mélandri,  Paul  Harel,  Colias,  II.  de  Braisne,  A.  de 
Launay,  Marc  Anfossi,  A.  Allais,  F.  Mazadej  A.  Tiiu-hani,  G,  Auriol, 
Marcel  Bailliot,  Narcisse  Lebeau,  Georges  Docquois,  11.  Lefebv.re, 
F.  Barthélémy,  Laurent  des  Aulnes,  Alberl  Fox.,  H.  Brière,  11.  Pic- 
quet,  F.  Fautrel,  P.  Cottard,  II.  C.  Petit,  H.  Trèven,  Léon  Berthaut, 
P.  Hasler,  Ch.  Picard,  Ch.  Beaugrand,  Jean-Bernard,  Louis  Bogey, 
IL  Passerieu,  A.  Boufflet,  K.  Ogflpj  etc.,  etc., 


-  ius  le  titre  Après  le  Pnneli,  l'éditeur  FerReyrol,  49,  rue  de 

Seine,  réunit  à  son  tour  une  série  .le  nouvelles  publiées  par  notre 
collaborateur  Henri  de  Braisne  dans  le  supplément  littéraire  des 
journaux  quotidiens.  Henry  de  Braisne,  Pauteur  de  Dédaignée  et 
de  Sur  l'Estrélle,  retrouvera  cette  fois  encore,  nous  en  sommes  cer- 
tain- li   l'a  signalé  à  la  critique  parisienne. 

D'ailleu  nouvelles  diffèrent  'les   autres    publications  du 

même  genre  parues  depuis  quelques  années,  en  ce  qu'elles  décè- 
lent visiblement  le  poète  et  l'auteur  dramatique.  Chacune  d'elles 
m   drame,  une  comédie,  un  poème  en  raccourci. 

Et  de  très  nombreux,  lecteurs  ont  déjà  pu  juger  delà  valeur  de 

ces  récite,  puisque  les  nouvelles  qui  composent  Apre»  l«*  IMmcli 

ont  eu  les  honneurs  de  l'illustration    à  Paria  el  de  la  traduction  ;'t 

l'étranger,  après  avoir  été    lues  dans  ['Evénement,  la  Paix,  le  Bon 

,V Indépendance  belge,  la  Jeune  France, Vin- 

■  i  littéraire, la  Chronique  moderne,  la  Plume,  le  Cri-Cri, 

Le  Gérant  :  René  Godfkoy.  —  Imprimerie  GODFfiÔY,  62,  rue  Thiers.  Le  HaTre. 


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/     CRI-CRI  :  Influenzé  par  -a  Belle-Mère,  de  Marie- 
Il  -  :.    \    : .         Le  Pliage.  de  F.  Barthélémy  (N«  70).  -  Scie  Majeure,  de  Marc  Anfossi  (77). 

—  Bor.imt:it  de  Somnambule    de  1  élix  Galipaux    N"  ~U    —  La  Jambe  de  Bois,  de  Ch.  Leroy  (N»6;î). 

—  Ou  est  le  bon  Dieu,  de  Albert  Fox  Mon  Suicide,  de  George»  Docq) 


Tous  les  Samedis 


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LEON   XANROF 


CHANSONS  SANS  GÈNE 


Très-Bien 

La      Devanture 

Concurrence 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5f    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COxMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    4L  \  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Et  che%  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


J.f  Cri-Cri.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues .  Nouvelles,  etc.,  de  François  Coi-pék,  Gm  di  M  au  passant,  Th.  de  Ban- 
villk,  Armand  Silykstrk,  Jai  -m>.  Eugène  CàAVÉTtB,  Ch.  Leroy,  LSMBRCtBR 

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S  is  le  litre  :  Chansons  sans  gène,  le  spirituel  autour  des  Chansons 
Parisiennes,   Léo      \<  paraître  un  vwume  des  plus  inté- 

ts  et  dos  |»lus  originaux. 

Grâce  à  l'amabilité  bien  connue  dn  sympathique  éditeur  Ondet,  nous  sommes 
heureux  d'offrir  a  nos  lecteurs  quelques  extraits  îles  Chansons  sans  §éne- 

\  tre  cadre  restreint  nous  prive  de  les  faire  profiter,  autanl  que  non-.  |.- 
voudrions,  de  l'excellente  occasion  qui  nous  est  offerte;  aussi  les  engageona- 
dous  a  m1  procurer  ce  volume,  délicieusemenl  illustré  par  T.  St-Maurice,  Capy, 
Grûn,  De  Thoren,  Cain,  etc.,  et  agrémenté  d'une  musique  «  fin  de  siècle.  » 

La    Ballade  du   Vitriolé,   VHôtel  du   N'  .'•',    VEncombretnmt,  les  Quatre 
tideamus,  autant  d'éclats  de  rire  I  autan I  de  fantaisies  pecom-> 
mandées  aux  «  joyeulx  iliillcs. 


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TRÈS-BIEN 


Vous  engageant  à  la  poursuite. 

Sa  nuque  avait  des  tons  rosés, 

Elle  marchait  presque  aussi  vite 

Que  des  intérêts  composés. 

Elle  était  idéale,  exquise, 

A  droite,  question  d'maintien, 

Elle  penchait  comme  la  tour  de  Pise. 

—  A  part  ça.  elle  était  très-bien, 

Très  bien. 

Elle  avait  des  yeux  très-étranges 
Pas  pareils,  malheureusement  : 

L'un  dans  le  ciel  cherchant  les  anges 
L'autre  baissé  timidement. 
Oh  !  l'œil  droit,  troublant  et  sévère, 
Et  fixe,  comme  un  œil  de  chien... 
J'ai  su,  depuis,  qu'il  est  en  verre  ; 

—  A  part  ça,  elle  était  très  bien, 

Très  bien. 

Son  organe  était  mal',  —  mais  tendre; 
Quant  à  l'esprit,  elle  avait  dû 
Je  suis  sur,  en  avoir  à  vendre, 

—  Mais,  sans  doute,  elP  Pavait  vendu. 
Elle  était  pas  mal  étoffée; 

Avec  un  ballon  connu'  le  sien 

I'n'  lui  manquait  plus  d'être  truffée 

—  A  part  ça.  elle  était  très  bien, 

Très  bien. 

Quoiquell'  parlât  avec  emphase 

On  eût  tiré  facilement, 

])   s  cuirs  qu'ell'  taisait  dans  un'  phrase 

De  quoi  chausser  un  régiment; 

Quand  elle  causait  à  sa  bonne, 

A  propos  d'tout  —  et  mém'  de  rien  — 

Elle  lui  citait  du  Cambronne... 

—  A  part  ça,  elle  était  très  bien, 

Très  bien. 


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Le  Cri-Cri  fait  des  conditions  très  avantageuses  à  MM.  les  Libraires,  Marchands  de 
Musique  et  de  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Chefs  d'Or- 
phéons et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messet  et  de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,  désireux  de  s'occuper  de  la  vente  de  cette 
publication.  —  Ecrire  à  M.  René  Sodfroy,  62,  ni'-  Thiers,  au  Havre. 


LA  DEVANTURE 


Un  jour,  un  petit  commerçant. 
Dont  T  commerce  était  florissant, 

Pour  sa  boutique  avait  fait  fair' 
Un'  devanture  en  fer. 
Comm'y'avait  plus  les  volets  d'bois, 
On  allait  mettr'  l'autr'  devanture, 
Lorsque  passa  par  aventure, 
Un  agent  soucieux  des  lois. 

11  dit:  «  J*  dress'  contravention  ; 

Faut  un'  autorisation.  » 

Le  commerçant  fut,  pour  l'avoir, 

Chez  l'commissair'  le  soir. 
L'commissaire'  dit  :  «  Ça  n'me  r'gard'  pas, 
Quand  il  s'agit  d'une  devanture, 
Faut  un  ord'  de  la  Préfecture  ; 
J'  vous  engage  à  y' aller  d'  ce  pas.  » 

Le  commerçant,  l'iend'main  matin, 
S'étant  mis  sur  son  trente-et-un, 
A  la  Préfectur'  se  rendit, 
Sur  le  coup  de  Midi. 
On  lui  dit:  «  Ça  n'nous  r'garde  pas; 
Quand  il  s'agit  d'un'  devanture, 
C'est  F  Mair'  qui  donn'  sa  signature  ; 
A  la  Mairie  allez  d'ee  pas.  » 

Le  commerçant,  l'iend'main  matin, 
S'étant  mis  sur  son  trente-et-un, 
Chez  Monsieur  le  Mair'  se  rendit, 

Sur  le  coup  de  midi. 
Le  Mair'  dit:  «  Ça  n'me  r'garde  pas  ; 
Quand  il  s'agit  d'un'  devanture 
C'est  question  d'architecture  ; 
A  la  voirie  allez  d'ee  pas.  » 

Le  commerçant,  l'iend'main  matin, 
S'étant  mis  sur  son  trente-et-un, 
Chez  l'Agent-voyer  se  rendit, 

Sur  le  coup  de  midi. 
L'Agent  dit  :  «  Ça  n'me  regarde  pas, 
Quand  il  s'agit  d'un'  devanture, 
La  police  a  la  procédure  ; 
Chez  l'Commissaire  allez  d'ee  pas.  » 

L'homm',  perplexe,  rentra  chez  lui, 
Mais  des  voleurs,  pendant  la  nuit, 
L'fir'nt  passer  de  vie  à  trépas  : 
Ça  l'tira  d'embarras. 


E.e  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

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Dans  le  but  do  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  <le  Prime,  Le  Cri-Cri 
lie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  Rend  Godfrot,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  H.wuk. 


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CONCURRENCE 


Dans  un'  ru"  peu  passagère, 
l'n  épicier  qui  faisait 
Péniblement  s»  »n  affaire, 
Triste  et  seul  s'abrutissait  : 
1'    -  d'une  idé'  saugrenue, 
l'n  autre  épicier,  un  soir, 
Ouvrit,  dans  la  même  rue. 
Sa  boutiqu'  sur  haut'  trottoir. 

Pour  ret'nir  sa  clientèle. 
[/premier,  —  qu'était  un  malin.  — 

ment'  sa  boutique  d'une  aile 
Et  la  fait  r'peindr'  le  lend'main. 

md  —  jeune  et  plein  d'audace,  — 
Fait  poser  immédiat  nient, 
l'n'  belle  marquise  et  un'  glace, 
Afin  d'attirer  1  client. 

Apres  s'etr'  creusé  la  tète 
L'premier,  —  qu'était  un  malin.  — 
Ouvrit,  ça  n'était  pas  bête, 
l'n  comptoir  de  marchand  d'vin. 

ond  —  jeune  et  plein  d'audace,  — 
Adjoignit  à  son  métier. 
Gomme  il  avait  un  peu  d'place 
l'n  p'tit  fonds  de  charcutier. 

Voulant  triompher  quand  même 
V  premier,  —  qu'était  un  malin,  — 
Exposa,  changeant  de  système 
De  beaux  jambons  d'outre-Rhin. 
L'second,  —  jeune  et  plein  d'audace  — 
Fit  annoncer  sur-le-champ 
Des  bouteill's  de  biér'  d'Alsace, 
Dans  un  langage  touchant. 

Jurant  de  ne  pas  se  rendre, 

1."  premier,  —  qu'était  un  malin,  — 

-te.  se  mit  à  vendre. 
Du  vin  feint  qu'il  disait  tin. 

cond,  —  jeune  et  plein  d'audace,  - 
Offrit  des  liqueurs  pour  rien 
se  disant  :  «  Sur  la  masse 
Je  m'rattrap'rai  toujours  bien.  » 

A  c"  commerce  fantastique 

1   premier,  —  qu'était  un  malin,  — 

I  fermé  boutique. 
Fit  faillite  un  beau  matin. 
I     -cond.  — jeune  et  plein  d'audace,  — 
D's  -    ommanditair's  pleuré 
S'enfuit,  et,  par  coutumace, 
En  banqu'rout'  fut  déclaré. 


..  —  Imprimerie  GODFROT,  82,   TUM  Thiers.  Le  Havre. 


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Tous  les  Samedis 


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ALBERT  FOX 


NOIR 

Portrait.  —    Noyé.  —    Croque-morts 
Minstrels.  —    Guillotine. 


PARIS 

Librairie   J.   STRAUSS,   5,    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  C 

41,    Rue  de   Seine,    4L  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


1  ■•  Cri-Cri,  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc..  de  François  C  ■  \  de  Mai  passant,  Th.  de  Ban- 
ville,                 S    vustrk,  Jai                    kNB,  EuoÈNi   Chavktte,  Ch.  Leroy,  Lbhbrcibr 

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POHTltAIT 


Dix-sept  ans.  Le  regard  hypocrite  el  farouche, 
Pâle,  les  veux  cernés,  maigre,  l'air  souffreteux 

D'un  enfant  sans  pain,  la  cigarette  à  la  bouche- 
Autour  du  COU,  sans  soin,  un  foulard  loqueteux. 
Sur  ses  cheveux  crasseux,  très  longs,  une  casquette 
Qui  rend  plus  insolenl  encor  son  air  moqueur 
se  aux  tempes  tomber  un  gros  accroche-cœur  : 
la  rouflaquette. 

D'où  vient-il?  De  la  rue.  Où  va-t-il  ?  A  la  rue. 
La  rue  est  son  berceau,   la  rue  es1  sa  maison  ; 
Toute  sa  vie   est  là.  Sans  jamais  l'avoir  vue, 
Sa  mère  est  morte  un  jour,  parait-il,  en   prison, 
Quant  à  sonpère,  un  «r  zig  /,  bien  connu  dans  Grenelle 
Où  des  rôdeurs  de  nuits  il  était  le  plus  fort, 
Voilà  bientôt  six  ans  que  là-bas  il  est  mort, 
A  la  N(  iu\  elle. 

Lui,  l'enfant,  le  perdu,  au  hasard  par  le  monde, 
Portant  ses  pas  errants,  bon.   méchant,  tour  à  tour, 
Il  poursuit,  paria,  sa  course  vagabonde, 
Sans  remords,  sans  regrets,  en  attendant  le  jour 
Où,  cheveux  ras,  devant  la  veuve  qui  le  guette. 
Pour  la  dernière  fois  il  viendra  voir  Deibler, 
A  l'aube,  un  beau  matin,  près  de  la  porte  en  fer 
De  la  Roquette. 


NOYÉ 


Il  s'en  va,  le  corps,  en  dérive, 
Glauque,  au  hasard,  au  gré  des  eaux, 
Et  sur  lui  quelquefois  arrive 
Une  bande  de  gros  oiseaux. 
Sous  les  becs  durs,  la  peau  bleuie 
S'ouvre,  hideuse,  et  met  du  sang 
Sur  cette  chair  flasque,  sans  vie, 
Que  le  flot  amer  en  passant 
Lave  de  sa  blanche  salive, 
Laissant  bientôt  à  nu  les  OS... 

Il  s'en  va,  le  corps,  en  dérive, 
Glauque,  au  hasard,  au  gré  des  eaux. 


Adresser  U  '  1»  Rt'd ••««•< ion  «■<  V  tilminiiitration  du 

■  !  ii  M.  Kr.M.  OODFROY,  dir«  ers,  62,  au    Bavre.  —  Les  An- 

nonces au  Cri-Cri  wi.  BLAVETTE,  9,  faubourg  Montmartre,  a  Paris. 

AliONMYIIAIS  :  France,  fr.  5  —  Union  l*ONtale,  fr.  8. 


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Musique  et  de  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Chefs  d'Or- 
phéons et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messes et  de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,  désireux  dé  s'occuper  de  la  vente  de  cette 
publication.  —  Ecrire  à  M.  René  Godfroy,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


Couvert  d'algues,  gluant  squelette, 

Avec  deux  grands  trous  dans  les  yeux... 

(La  mer  fait  ainsi  la  toilette 

Des  désespérés  .et  des  gueux 

Qui  lui  demandent  un  asile, 

Un  soir  de  misère,  en  tremblant.) 

Au  flot  capricieux  docile, 

11  va  toujours,  le  corps  tout  blanc... 

Qui  tua?  Faim  ?  Amour?  Roulette? 

Qu'importe!  Il  va,  mystérieux, 

Couvert  d'algues,  gluant  squelette, 

Avec  deux  grands  trous  dans  les  yeux. 


CROQUE-MORTS 


Blanchis,  râpés,  graisseux,  cassés, 
Le  fardeau  pliant  leurs  épaules, 
Les  croque-morts  moulus,  brisés, 
Blanchis,  râpés,  graisseux,  cassés, 
Marchent  à  pas  lents  sous  les  saules. 

Dans  les  arbres  crient  les  corbeaux, 
Troublant  le  silence  champêtre, 
Ils  errent  parmi  les  tombeaux  ; 
Dans  les  arbres  crient  les  corbeaux, 
Pater  Noster  chante  le  prêtre. 

Amen!  Et  tout  est  terminé. 
La  pleureuse  éteint  la  bougie  ; 
Par  le  chemin  tout  raviné, 
S'en  vont  contents,  tout  terminé, 
Les  vieux  à  la  trogne  rougie. 

Alors,  pour  s'amuser  un  brin, 
Mêlant  leur  frac  noir  à  la  blouse, 
Au  cabaret  le  plus  voisin, 
Les  gueux  pour  s'amuser  un  brin, 
Vont  siroter  un  «  litre  à  douze  ». 


MINSTRELS 


Noirs,  hideux,  barbouillés  de  suie, 
Par  les  beaux  ou  les  mauvais  jours, 
Bravant  ou  la  neige  ou  la  pluie, 
Noirs,  hideux,  barbouillés  de  suie, 
Les  vieux  minstrels  chantent  toujours. 

Sous  les  reflets  glauques  et  pâles 
Des  lampes  du  pub  enfumé, 
Où,  bruyants,  femelles  et  mâles, 
Sous  des  reflets  glauques  et  pâles, 
Boivent  le  wiskey  tant  aimé, 


lie  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

ABONNElIEVrS  :  France,  fr.  5  —  Union   Postule,  fr.  8. 


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lie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbra- 
sses à  M.  René  Godproy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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On  les  voit,  dansant  une  gigue, 
Pinçant  les  cordes  du  benjo, 
Chanter,  heureux,  gais,  sans  fatigue, 
Et  tout  en  dansant  une  gigue: 
"  Give  a  penny,  give,  oldféllo*  » 

Puis  quand  tout  s'éteint  et  que  l'ombre 
Envahit  tout,  brisés,  tremblants. 

Courbés  SOUS  leurs  peines  sans  nombre. 

ignenl  leurs  bouges  dans  l'ombre 
i  '.eux  minstrels  aux  cheveux  blancs. 


GUILLOTINE 


Sur  les  grands  murs  de  la  Roquette, 

rée  et  coquette, 
s     détache  dans  le  jour  gris. 
1    -bas,  là  bas.  comme  la  houle, 
Hideuse,  grouillante,   la  foule 
Pi  »usse  des  cris. 

On  chante  aussi.  N'est-ce  point  fête  ? 
On  vient  voir  tomber  une  tête, 
Grimaçante,  sous  le  couteau... 
Elle  est  prête,  elle  attend,  la  veuve, 
Voici  la  sciure  toute  neuve, 

Les  seaux  pleins  d'eau. 

Porte  ;  armes  ! ...  Voici  l'escorte 
S'avançant  sous  la  grande  porte, 
Lentement  sur  le  pavé  gras... 
La  veuve,  farouche  et  rapace, 
Saisit  sa  victime  et  l'enlace 
Entre  ses  bras. 

Clic  !  Floc  !...  Clac  !...  La  vie  et   la  tombe. 
Un  bruit  sourd  :  c'est  le  corps    qui  tombe  ; 
Un  filet  de  sang  qui  jaillit  ; 
Un  mort  qu'on  jette  dans  sa  bière, 
Un  prêtre  immobile,  en  prière, 
Qui  le  bénit. 

Tout  est  fini...  La  nuit  s'achève. 
Timidement  l'astre  se  lève, 
Plaquant  d'or  feuilles  et   rameaux. 
Le  sang  noirci  se  coagule... 
On  entend,  comme  au  crépuscule, 
h  g  chants  d'oiseaux. 

PRIMES   DU    "  CRI-CRI  " 

Le  Baiser  Marseillais,   monologue  de  Jeah    Bernard,   édition  de  luxe, 

L'Anglaise,    monologue  de  Henri    Lepebvre,    illustré    par   Amjkrt  Lam- 

...  l'Odton. 
Un  Jour  de  Fête,  monologue  de  Albert  Fox,  illustré  par  Peux. 
Chaque  monologua",  ru  lieu  de  In  franc,  franco  contre  30  centimes  en  timbres- 
poste  M.  Rsn£  Godproy,  82,  rue  Thiers,  au  Havre. 

Le  Garant  :  René  Godproy.  —  Imprimerie  GODFROY,  02,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


Mon  ;.i    POÉSIES  de  ALBERT  FOX,  pnbliêfl  dans  le  CRI-CRI: 

Monsieur  Arsène  (N-  3).  —  Noël  de  bonnes  gens  i\"  15).  —  Balayeurs  j(N°  20). 
Sous  les  Pommiers  (N"  25).  —  Un  Soir  d'Août  <\"  42).  —  Misanthropie  (N°  73). 
Avril  fN°77). 


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Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


CHARLES  BEAUGRAND 


MORS  ET  VITA 


MM.  ALBERT  LAMBERT,  de  la  Comédie-Française  et  de  l'Odéon. 


MARS.  -  OCTOBRE.  -  RIMES  MUSICALES 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5.    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE 

PAUL  COMBES 

41,    Rue   de   Seine,    41 


COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 
V.  DURDILLY  &  Cie 

1 1  bis,  Boulevard   Haussmann 


Et  cheç  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


i-Cri.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  François  Coppék,  Gui  db  Maupassant,  Th.  de  Ban- 
Yttju  Silvkstrk,  Jacques  Normand,  Eooèni   Chavettb,  Ch.  Leroy,  Lkmbrcier 

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CHARLES   BEAICKAND 


MORS  ET  VITA 


C'était  pendant  la  guerre  el  non  loin  d'Abbeville. 

Cherchant  vers  le  sud-ouest  une  rouie  facile, 

1  ennemi  lentement  traversait  le  marais. 

\    -  vaillants  franc  s- tireurs  s'embusquèrent  tout  près, 

Essayant,  niais  en  vain,  d'occuper  le  passage. 

Nous  eûmes,  tout  d'abord,  un  léger  avantage, 
Et  les  uhlans  n'ont  pu  nous  passer  sur  le  corps. 

iir,  on  s'arrêta,  pour  enterrer  les  morts. 
On  entendait  encore  au  loin  la  fusillade, 
Cependant,  ça  tombait  moins  dru. 

Mon  camarade 
Un  sergent,  médaillé  quand  on  prit  Puebla), 
Me  rassurait,  disant  qu'après  tout,  c'était  là 
Une  simple  escarmouche  ;  il  en  avait  vu  d'autres. 
«  Eh  !  mon  Dieu,  laissez-les  tirer,  ces  bons  apôtres!... 
c  On  n'en  meurt  pas...  et  puis,  l'on  se  doit  à  l'Etat...  » 

Un  boulet  vint,  brutal,  qui  le  décapita. 

Le  corps  frémit  un  peu,  puis,  devint  immobile. 

La  tète  quelque  temps  suivit  le  projectile, 

Et  retomba  sanglante  au  milieu  des  roseaux.    • 

Deux  ans  se  sont  passés  depuis,  et  les  oiseaux 

Chantent  dans  le  marais  où  reposent  nos  frères. 

La  violette  alterne  avec  les  primevères 

Pour  égayer  ce  champ  des  morts.  Deux  roitelets 

Vont,  en  se  poursuivant,  comme  deux  feux  follets, 

Chercher,  dans  les  roseaux,  un  endroit  solitaire. 

In  nid  se  cache  mieux  sur  l'eau  que  sur  la  terre. 

Tout-à-coup,  l'un  des  deux  s'arrête;  il  vient  de  voir 

Juste  au-dessus  de  l'eau  qui  se  détache  en  noir, 

Un  objet  blanc,  tout  rond,  et  d'as]  cet  fantastique. 

I    s  oisillons,  saisis  d'une  folle  panique, 

Fuient  et  s'en  vont  au  loin,  bien  vite  se  cachant! 

.  .  .   L'objet  ne  bouge.  .  .  "Il  n'est  peut-être  pas  méchant!  » 

Pensent  les  roitelets,  race  fort  curieuse. 

Puis,  s'approchant,  on  vit  que  la  sphère  était  creuse. 
Très  bravement,  le  mâle  entra.  Cette  maison 
Lui  parut  confortable  ;  or,  c'était  la  saison 
Où  les  petits  oiseaux  se  mettent  en  ménage. 


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Adresser  toutes  communications  concernant  1»  Réduction  «■!  lMdmiiii«tr:ition  du 
ri  a  M.  Etêni  OODFROY,  '•    rue  Thiers,  6?,  au    Havre.  —  Les  Ao- 

BLAVETTE,  9,  faubourg  Montmartre,  à  Paris. 

Ai:(>>M  tll.MS  :  France,  fr.  5  —  Union   l'oMale,  fr.  8. 


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Le  Cri-Cri  fait  des  conditions  très  avantageuses  à  MM.  les  Libraires,  Marchands  de 
Musique  et  de  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Chefs  d'Or- 
phéons et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messes et  de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,  désireux  de  s'occuper  de  la  vente  de  cette 
publication.  —  Ecrire  à  M.  René  Godfroy,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


L'un  entré,  l'autre  en  fit  autant,  avec  courage  ; 
Puis  le  couple  un  moment  parut  se  concerter. 
Bientôt  l'accord  se  fit,  et  chacun  d'apporter 
Du  duvet,  de  la  laine,  avec  beaucoup  de  mousse. 
Lorsque  la  couche  enfin  leur  parait  assez  douce, 
Le  plus  petit  s'installe,  et  de  longtemps  ne  sort.... 

Car  la  vie  a  germé  dans  la  tète  du  mort  ; 

Le  crâne  ouvert  devient  berceau  ;  le  grand  mystère, 

Le  mystère  d'amour  s'accomplit  où  naguère 

Un  brave  avait  trouvé  des  roseaux  pour  cercueil  ! 

La  nature  jamais  ne  porte  notre  deuil, 

Elle  est  toujours  féconde,  elle  est  toujours  la  même. 

Et  souvent  quand  on  quitte,  après  l'adieu  suprême, 
Une  tombe,  et  que  seul  on  va,  le  cœur  navré, 

Un  oiseau  vient,  qui  chante  où  nous  avons  pleuré. 


MARS 


Mois  hybride,  douteux,  bâtard, 
Mois  embrumé  que  rien  ne  dore, 
Qui  n'es  plus  l'hiver,  c'est  trop  tard  ; 
Et  n'es  pas  le  printemps  encore  ! 

Mois  où  les  arbres  nus  et  laids. 
Les  vieux  chênes  et  les  grands  ormes, 
Secs  comme  manches  à  balais, 
Esquissent  des  bourgeons  informes. 

Mois  encor  dur  au  malheureux, 
Qui,  sans  feu,  dans  son  lit  frissonne, 
Tandis  que,  vieillard  catharreux, 
L'hiver  épuisé  s'époumonne  ! 

Les  jours  sont  courts,  tôt  vient  le  soir, 
Ce  n'est  pas  la  saison  nouvelle  ; 
Mais,  le  matin,  suprême  espoir, 
On  peut  se  lever  sans  chandelle  ! 

Et,  là-bas  sous  le  firmament, 
Songeant  à  leurs  amours  futures, 
Les  chats  s'en  vont,  languissamment, 
Méditer...  le  long  des  toitures. 

Tout  au  sommet  de  l'arbre  noir. 
Ou  dans  le  trou  de  la  muraille, 
L'oiseau  futine,  dans  l'espoir 
D'un  petit  coin  pour  sa  marmaille, 

Salut,  Mars,  heureux  précurseur 
Du  bon  soleil  ;  toi  qui  peut-être 
Viens  annoncer,  d'un  air  boudeur, 
Que  «  le  roi  Printemps  »  va  paraître  ! 


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et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

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OCTOBRE 


11  vient  lentement.  l'Octobre  aux  tons  roux, 
Qui  des  mois  d'été  sonne  L'agonie  ; 
Octobre  où,  souvent,  du  soleil  jaloux 
A  peine  l'on  voil  La  face  embrume. 

On  >e  donne  eneor  quelques  rendez-vous  : 

si  des  amoureux  la  douce  manie. 
i  Peut-être,    à  demain  !  demain...  pourrons-nous 

Fro  -  -  nos  pas  la  feuille  jaunie  ?  „ 

N    -  bons  paysans  aux  nez  rubiconds 
Murmurent  entre  eux  :  «  Nos  vins  seront  bons, 
t  —  Si  rien,  toutefois,  ne  les  en  empêche.  » 

El  l'on  voit,  espoir  de  nos  vignerons, 

Pour  remplir  les  fûts  aux  gros  ventres  ronds, 

Tout  Le  Long  des  quais...  des  bois  de  campéche. 


RIMES  MUSICALES 


Pour  moi,  faire  des  vers  est  un  pesant  far  do 

On  craint  d'être  trop  sec,  ou  bien  trop  manié  ré 

Ce  travail  fùt-il  fait  pour  plaire  à  quelqu'a  mt 

Car  s'élever  au  ciel  me  semble  un  peu  trop  fa 

Et  puis,  on  risque  fort  de  tomber  sur  le  sol 

Et  rien  n'est  dangereux  comme  ces  chûtes  la 
Ça  ne  vient  pas  tout  seul,  les  vers;  quant  à  ceux  si 

Veuillez  les  agréer,  je  vous  en  fais  ca  do 


Notre  collaborateur,  M.  Çn.  Bba.UQCU.ND,  vi(jnt  de  faire  représenter  Vln- 
fluenza,  comédie-vaudeville  en  un  acte. —  Le  grand  succès  obtenu  par  cette 
pièce,  succès  constaté  par  toute  la  presse  parisienne,  fait  qu'elle  est  déjà  de- 
mandée un  peu  partout,  même  a  l'étranger,  pour  les  théâtres,  et.  surtout  les 
casinos,  dans  les  stations  balnéaires,  dans  les  villes  d'eaux.  Ce  sera  assurément 
un  de*  -  ki  de  1  année.  D'autre  part,  la  simplicité  de  la  mise  en  scène 

e  charmante  comédie  de  salon. 

La  brochure  de  l'Influenza,  ornée  d'une  belle  couverture  en  couleur,  de 
Félix,  se  vend  au  prix  de  1  franc,  à  Paris,  chez  Tresse  et  Stock,  libraires-édi- 
teurs. 8,  9,  16,  11.  galerie  da  Théâtre-Français  ;  au  Havre,  chez  René  Godfrov, 
directeur  du  Cr  rue  ïhiers,  et  dans  les  principales  librairies. 


PRIMES   DU    "  CRI-CRI  " 

Histoire  de  France,  de  Mit  belbt,  19  volumes  in-8»,  fr.  45  au  lieu   de 
123  50. 

Histoire  de  la  Révolution   Française,  de  Michelet,  9  vol.  in-8°, 
fr.  20  au  lieu  de  03. 

contre    mandat-poste    adressé    à   M.    René  G-ODFROY,  Directeur  du 
1?,  rue  Thiers,  au  Havre. 

Le  Garant  :  René  Godfrov.  —  Imprimerie  GODFROY,  92,   rue  Thiers.  Le  Havre. 


E     CRI-CRI     Influenzé  par  'a  Belle-Hère,  fie  Marie- 
Le  Filage,  de   P.  Barthélémy  (H*  70).  -   Scie  Majeure,  de  Marc  Anfossi  (77). 

—  Boniment  de  Somnambnle,  de  Félix  Galipaxu    N"  7i    —  La  Jambe  de  Bois  de  Oh.  Leroy  (N 

-  Où  est  le  bon  Dieu,  de  Albert  Fox  (!*•  61).  -  Ion  Suicide,  de  Georges  Docquois  (N»  35;. 


Tous  les  Samedis 


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Librairie  J.   STRAUSS,   5,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  !        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Ce 

41,    Rue   de   Seine,    4L  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  chez  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


Lé  Cri-Cri,  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  François  Coi'PBb,  Gi  ->   de  Mai  passant,  Th.  de  Ban- 

VILLV.    A   l)    lD        SlLVKSTRB,   .' \.  s        -    \        HAND,   EuGÈNl    ChAVETTE,   Ch.   LEROY,  LeMBRCIBR 

de  Nfl'vili  b,  Qau   lux,  Albert  Millaui  n  .  Ai  phonse  Ai  i  us,  etc.,  etc. 


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Soleil,  troubleur  des  longé  dodos. 
Descends  traverser  ces  rideaux. 

Vois  :  N  i  ni  rêve  sur  Le  dos. 

Lutinant  les  rieurs  de  la  perse, 

Sur  son   beau  corps  à  la  rein  erse. 
Vite,  répands  ta  blonde  averse. 

Bon.  Ninette  a  rouverl  les  yeux, 
Car  j'entends  ce  refrain  joyeux  : 
"  Qu'il  fait  doux  au  bois  dcBaycux...  » 

Et  la  chatte  blanche   s'étire 

Avec  un  air  qui  semble  dire  : 

"  Mon  cœur  n'a  pas  ce  qu'il  désire.  » 

Pourléchant  son  ventre  replet. 
Elle  pense  à  la  boite  au  lait 
Que  va  monter  le  pipelet. 

Allons.  t<  »ute  la  mais*  innée, 
Chatte  et  femme,  sa  sœur  aînée, 

Debout  !  car  l'aubade  est  sonnée. 

I  -  moineaux  chantent  sur  le  toit 
De  leur  petit  bec  plein  d'émoi  : 

«  Pouvons-nous  déjeuner  sans  toi  ?  » 

ELLE  s'est  mise  à  la  fenêtre 
Par  où  se  répand  et  pénètre 
L'astre  du  jour  qui  vient  de  naître, 

Et  donne,  en  jouant  avec  eux. 
Son  pain  aux  petits  partageux 
Picorant  jusqu'en  ses  cheveux  ! 

Mais  pendant  que  Nini  babille, 
Son  réveil-matin  l'émoustille  ; 

II  est  grand  temps  qu'elle  s'habille. 

De  la  poudre  sur  un  pompon, 
De  la  dentelle  à  son  jupon. 
Quelque  nœud  de  ruban  fripon, 

Et  voilà  l'enfant  si  bien  mise, 
Qu'elle  frétille  en  sa  chemise, 
Savourant  l'ivresse  promise 

D'aller  gambader  dans  les  bois 
Pour  mettre  les  bons  villageois 
Et  leurs  cerisiers  aux  abois. 

A  présent,  pimpante,  attifée, 
I  )e  son  joli  chapeau  coiffée, 
On  peut  voir  la  mignonne  fée 

Trousser  un  peu  ses  blan<  ous  » 

P     hé  charmant  toujours  absous 
Ht  mettre  un  bouquet  de  deux  sous... 


\,\  ant  la  Réduction  et  l'Administration  du 

fJODFROY,  '.    rue  Thiers,  62,  au   Havre.  —  Les  An- 

nonce* au  <  BLAVETTE,  9,  faubourg  Montmartre,  a  P 

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Musique  et  de  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Cnefs  d'Or- 
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Le  frais  bouquet  de  violettes, 
Ornement  des  humbles  toilettes, 
Au  beau  milieu  de  ses  bouffettes. 

«  —  S'offrir  le  luxe  d'un  sapin  ? 
C'est  trop  cher.  D'un  pied  galopin, 
Partons,  comme  un  petit  rapin.  » 

En  haut  il  fait  bleu.  Mais  la  pluie 
Que  le   soleil  tardif  essuie 
Rend  les  pavés  couleur  de  suie. 

On  se  croirait  à  Birmingham. 
Un  balayeur,  affreux  quidam, 
Peint  des  tableaux  de  macadam. 

Sans  une  tache  a  ses  bottines, 
Nini  lorgne  ses  mousselines 
Et  se  sourit  dans  les  vitrines. 

Tout  est  parfait  du  haut  en  bas. 
Le  diable  lui  souffle  bien  bas 
De  montrer  l'éclat  de  ses  bas. 

Un  vent,  moins  d'été  que  d'automne, 
Précurseur  de  l'éclair  qui  tonne, 
S'élève,  murmure  et  chantonne 

Comme  un  plaintif  accordéon, 
Mais,  pour  éviter  l'ondée,  on 
Prend  l'omnibus  de  l'Odéon  ! 

Voici,  tout  fumants  sous  la  brise, 
Trois  percherons  à  robe  grise, 
Et  d'assaut  la  voiture  est  prise. 

—  «  Psitt  !   psitt  !  Arrêtez,  s'il  vous  plaît?  » 

Le  conducteur  grincheux  et  laid 

Dit  d'un  ton  bourru  :   «  C'est  complet  » 

Du  véhicule  qui  décampe 
Nini  glisse,  lâchant  la  rampe, 
Sur  les  pavés  à  la  détrempe  ! 
Une  neigeuse  vision 
De  dentelle  a  profusion, 
Puis  un  cri  de  confusion, 
Et  la  mignonnette  s'étale, 
Suivant  la  ligne  horizontale, 
Tandis  que  son  rêve  détale, 
Emporté  par  monts  et  par  vaux, 
Sur  l'aile  des  fringants  chevaux, 
Au-devant  des  bourgeons  nouveaux. 
Se  relever,  le  rouge  aux  joues, 
Patauger  à  travers  les  boues, 
Dans  l'éclaboussement  des  roues, 
Ce  n'est  pas  tout  encore.  Il  faut 
Subir  le  concierge,  et  très  haut 
Monter...  ainsi  qu'à  Téchafaud, 
Jusqu'au  fameux  cintième étage, 
But  de  ce  douloureux  voyage, 
Où  Nini  fond  en  pleurs  de  rage. 


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Le  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

AUO.\\i:ili;.\  I '.M  :  France,  fr.  5  —  Union  Postule,  fr.  8. 


AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  a  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  a  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  a  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  vue  Thiers,  au  Havre. 


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Joli  vaisseau  si  bien  paré 
Dont  le  guignon  s'est  emparé, 
Te  vi  lilà  tout  désemparé  ! 

Un  à  un  tu  cargues  tes  voiles, 
res  pavillons  de  blanches  toiles. 
Tisses  de  lins  rayons  d'étoiles, 

Un  à  un  tombent  les  rubans 
Don!  ienl  tes  tiers  haubans 

En  proie  aux  destins,  noirs  forbans  ! 

«  Arrachons  l'aimable  défroque, 

—  Jusqu'au  corset,  piteuse  coque, 
Dure  prison  où  L'on  suffoque  ! 

Maintenant  que  tout  est  fini. 
Puisque  l'on  peut  dire  n-i-ni. 
Mettons-nous  à  l'aise.  „  —  Ht  Xini 

Paraît,  blanche,  splendide  et  nue 
<     mine  une  Hébé  descieux  venue 
Sur  l'éclair  fourchu  de  la  nue. 

—  «  Hélas!    pense-t-elle)  IL  m'attend. 
S'IL  allait  m'en  vouloir,  pourtant?  » 

lu   do  couples  s'en   vont  chantant  ! 

Les  poings  sur  ses  veux,  accroupie, 
Triste  Magdeleine,  elle  expie- 
Son  ivresse  tôt  déguerpie. 

De  soleil  un  rayon  gourmand 
Mord  sa  nuque  comme  un  amant, 
Chaque  larme  est  un  diamant 

Qui  tremble  au  bord  de  sa  paupière, 
Tombe  et  s'éparpille  en  poussière 
Dans  le  réveil  delà  lumière. 

A  l'horizon  mal  éclairci 
Le  soleil  reluit,  jaune  ainsi 
Qu'une  large  fleur  de  souci. 

Blottie  en  un  recoin  plein  d'ombre, 
Ninette  voit  d'un  regard  sombre 
Grimacer  des  lutins  sans  nombre 

Qui  sautillent  dans  les  rayons 
Comme  un  grand  vol  de  papillons 
Mêlant  leurs  narquois  tourbillons  ; 

Tirant  des  langues  non  pareilles, 

Parés  de  cerises  vermeilles, 

A  cheval  sur  leurs  deux  oreilles  ! 

Oh  !  combien  les  printemps  moqueurs, 

Malgré  les  renouveaux  vainqueurs, 
Nous  réservent  de  crève-cœurs  !... 

Pauvre  Nini,  les  giboulées 
Au  creux   du  ciel  amoncelées 
Ne  sont  que  des  larmes  gelées. 

rut  :  Rln-l  GoDYBOY.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,   rue  Thiers,  Le  Havre. 


/     CRI-CRI     Influenzé  par  ?a  Belle-Mère,  'le  Marie- 
75).  —  Le  Filage,  de  F.  Barthélémy  'N*  70;.  -  Scie  Majeure,  de  Marc  Anfossl  (77). 

—  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipanx   N"  7.V.  —  La  Jambe  de  Bois,  de  Ch.  Leroy  (N«  83). 

-  Billet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand    N-  71,   -  Mon  Suicide,  de  Georges  Docquoii  (N°  35). 


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DIX  Centimes 


JEAN    RAMEAU 


SENSATION  D'ÉTÉ 

EN  PASSANT 

LE  CHEF-D'ŒUVRE  DE  DIEU 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue  de  Seine,    41  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Et  che%  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


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Le  Cri-Cri,  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  François  Coppék,  Gui  de  Maupassant,  Th.  de  Ban- 
vili.k.  Armand   Siltkstkb,  Jacques  Normand,  Kn.iM  Chavbtts,  <"h.  Leroy,  Lbm-broibr 

DE   NBUTILLB,   QaUPAOZ,   ALBERT  MlLLAUD,  COQUBLIN,   ALPHONSE   An.ws,   etc.,  OU". 


SENSATION  1VKTÉ 


Des  seins,  dos  seins,  encor  des  seins,    partoul  des  seins  ! 
Des  seins  ronds,  des  seins  lourds,  d'énormes  seins  de  femme, 
Pendus  .m  haut  des  corps  comme  de  gros  raisins 
Dont  la  pulpe  charnue  et  savoureuse  affame  ! 

Des  seins  '.    à  l'infini,  des  seins  !    des  seins  mouvants  ! 
Un  grand  moutonnemenl  de  seins  drus  qui  m'effare. 
Un  océan  de  seins  dont  les  flots  énervants 
Se  brisent  sur  mon  torse  ainsi  que  sur  un  phare  ! 

Des  seins  '.  oh  !   je  ne  vois  que  des  seins,  .que  des  seins  ! 
J'en  vois  partout,  j'en  sens  partout,  j'en  prends,  j'en  tàte  ; 
Tout  en  est  :  les  gazons  en  semblent  des  coussins. 
Et  l'air  blond  que  je  bois  en  semble  être   une  pâte. 

Et  j'en  ai  plein  mon  cou.  mes  narines,  mes  yeux  ; 
Et  tout  ce  que  j'entends  de  chansons  sans  pareilles 
Me  vient,  non  des  oiseaux  qui  chantent  dans  les  deux, 
Mais  de  deux  seins  rosés  entrant  dans  mes  oreilles. 

Je  marche  dans  desseins!    Quand  le  soleil  parait, 

Je  crois  voir  ruisseler  sur  moi  des  seins  en  tranches, 

Et  je  suis  comme  un  arbre  immense  qui  verrait 

S\  mvrir  au  lieu  de  fleurs  de  grands  seins  sur  ses  branches  ! 

Tout  est  seins  :   il  en  passe,  en  l'azur,  en  l'air  chaud, 
On  en  trouve  des  bouts  dans  les  fleurs  purpurines, 
Et  tous  ces  mamelons  nuageux  sont,  là-haut, 
De  grands  seins  déformes,  ô  dieux,  sous  vos  poitrines. 

Tout  est  seins  :  le  soleil  est  un  sein  enflammé, 
La  terre  est  un  sein  rond  aplati  sur  ses  pôles, 
Et  cette  bonne  vie  où  je  nage,  pâmé, 
Doit  être  un  sein  géant  fondant  sur  mes  épaules. 

Vivent  les  seins  !  les  seins   sont  seuls  grands,  seuls  sacrés  ! 
Bouches,  fronts,  lèvres,  yeux,  tout  ment,  tout  est  infâme  ! 
Tout  est  l'œuvre  infernal  des  démons  conjurés  ; 
Dieu  n'a  fait  que  les  seins  dans  le  corps  de  la  femme  ! 

O  seins,  lumineux  seins,  béatifiques  seins, 
O  rougeurs  de  cerise,  6  blancheurs  de  carrares, 
O  vous  qui  dans  nos  lianes  ébranlez  des  tocsins, 
O  vous  qui  dans  nos  chairs  éveillez  des  fanfares, 

Vous  qui  faites  surgir  des  astres  dans  nos  yeux, 
Vous  qui  faites,  parfois,  trouver  douce  la  vie, 
O  seins,   soyez  loués  !  et,  sous  l'azur  joyeux  : 
Qu'en  chœur  tout  vous  exalte  et  tout  vous  glorifie  ! 


munication  la  Béd»etion  et  l'Administration  du 

•i  .'i  M.  Rkms  OODFROY,  directeur-garant,    rue  Thiers,  6?,  au    Havre.  —  Les  An- 
nonces au  Cri-f.ri  sont  reçues  Agi     ■   1  I    lVETTE,  :»,  faubourg  Montmartre,  h  Pa 

\liO\M  lll.N  I  S  :  France,  fr.  5  —   Union   l'ofttale,  fr.   8. 


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Le  Cri-Cri  fait  des  conditions  très  avantageuses  h  MM.  les  Libraires,  Marchands  de 
Musique  et  de  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Cnefs  d'Or- 
phéons et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messes et  de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,  désireux  de  s'occuper  de  la  vente  de  cette 
publication.  —  Ecrire  a  M.  René  Godfroy,  (>-2,  rue  Thiers,  au  Havre. 


Et  que  pour  vous,  ô  seins,  dévotieusement, 

Je  délaisse  les  bois,  les  nids,  les  cieux,  les  roses  ; 

S'éteignent  les  soleils  au  fond  du  firmament. 

Si  brillent  deux  seins  nus  devant  mes  yeux  moroses. 

Et  soit  hué  mon  nom,  et  soient  mes  vers  maudits, 
Et  me  geigne  le  corps,  et  me  sanglote  l'âme, 
Que  je  tombe  en  enfer  :  j'aurai  le  paradis 
S'il  me  reste  deux  seins  pour  mes  lèvres  de  flamme. 

Et  sèche  mon  cerveau  sous  mon  crâne  enchanté, 
Et  qu'à  la  fin  je  meure,   inconnu,  pauvre  et  blême, 
Pourvu  que  mon  front  las  dorme  l'éternité 
Entre  les  seins  bénis  d'une  femme  qui  m'aime. 


EN  PASSANT 


Le  ciel  était  en  joie,  on  y  sentait  des  anges, 
On  croyait  voir  flotter  des  coins  de  paradis  ; 
On  rencontrait  des  fleurs,  on  oyait  des  mésanges, 
Et  des  chansons  d'amour  montaient  des  bois  tiédis. 

Et,  comme  je  passais,  je  vis  une  chaumine, 

Un  champ,  un  bœuf,  et  puis  une  fille  :  un  tendron. 

Le  toît  :  gris  ;  le  champ  :  vert  ;  le  bœuf:  roux  ;  la  gamine 

Avec  deux  rayons  bleus  d'étoile  dans  le  front. 

Et  le  chaume  fumait.  Et  le  champ  d'un  vert  tendre 
Exhalait  un  parfum  de  roses  vers  les  cieux. 
Et,  levant  son  museau,  le  bœuf  semblait  m'attendre. 
Et  la  pastoure  ouvrait  sur  moi  ses  deux  grands  yeux. 

Et  chaume,  champ  et  bœuf  disaient  :  «  O  toi  qui  passes, 
Viens  !  Nous  avons  la  paix  pour  ton  cœur  abattu.  » 
Et,  de  ses  yeux  d'aurore  éclairant  les  espaces, 
La  vierge  me  disait:  «  Moi,  j'ai  l'amour.  Viens-tu?  » 

La  paix  !  l'amour  !...  Adieu,  chaume,  champ,  bœuf  et  roses  ! 
Adieu,  vous,  grands  yeux  bleus  pleins  de  vagues  regrets  ! 
Je  passe,  et,  jamais  plus,  je  ne  vous  verrai,  choses  ! 
Je  passe...  Oh  !  si  j'avais  le  temps,  je  pleurerais  ! 


LE  CHEF-D'ŒUVRE  DE  DIEU 


Quand  il  eut  tout  créé:  cieux  clairs,  oiseaux  siffleurs, 
Arbres  chantants,  soleils  rieurs,  dolentes  ondes, 
Quand,  du  bout  de  son  doigt,  il  eut  brodé  les  fleurs, 
Et  du  bout  de  son  pied  donné  le  branle  aux  mondes, 


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et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

AKOWlîllEXT*  :  France,  fr.  5  —  Union   Postule,  fr.  8. 


AVIS   IMPORTANT 
Dan?  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy.  directeur.  62.  pue  Thiers.  au  Havre. 


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Dieu  tit  l'Homme  et,    voulant   lui  montrer  l'univers, 
chétive  main  dans  sa  main  grandiose, 

Puis  l'emmena,  par  les  champs  blonds,  par  les  bois  verts, 
Comme  un  grand  aïeul  doux  menant  un  enfant  rose. 

Or,  l'Homme  vit  soudain,  dans  le  matin  joyeux, 
Des  roses  au  calice  étincelant  de  gouttes, 
Oh  !  si  chères  au  coeur  !  Oh!  si  chères  aux  veux 
Qu'on  eût  voulu  mourir  en  les  embrassant  tontes  ! 

«  Oh!  comme  c'est  joli  !  »  dit-il,   joignant  les  mains. 
Et,  t.mibant  à  genoux,  comme  un  enfant  qui  n'ose, 
L'Homme,  pour  s'embaumer  le  long  desnoirs  chemins, 
Mit  ses  doigts  dans  les  fleurs  et  cueillit  une  rose. 

Puis  Dieu  l'emmena  loin,  parmi  des  monts  géants, 
Et  lui  montra  la  neige,  à  leurs  pies  fantastiques. 
Si  blanche!  que  les  veux  se  dilataient,  béants. 
Comme  ivres  de  Lumière  et  de  splendeurs  mystiques. 

«  Oh  !  comme  c'est  joli  !  //  dit  l'Homme  radieux. 
Et,  voyant  s'écrouler  une  grande  avalanche, 
Pour  s'égayer  en  route  et  se  charmer  les  veux, 
11  prit  sur  la  montagne  un  peu  de  neige  blanche. 

Et  puis.   Dieu  l'emmenant  dans  le  ciel,  tout  d'un  trait, 
Lui  montra  des  vols  blonds  d'étoiles  immortelles. 
Si  douces  !  qu'ici-bas,  toujours,  l'âme  voudrait 
Vertigineusement  prendre  l'essor  vers  elles! 

"  Oh  !  comme  c'est  joli  !  »  dit-il,  les  bras  tendus. 

Et.  pour  illuminer  ses  nuits  aux  sombres  voiles, 

1  'Homme,  enlevé  sur  Dieu,   par  grands  bonds  éperdus, 

Escalada  le  ciel  et  lui  prit  deux  étoiles. 

Or.  comme  il  était  las  d'avoir  tant  cheminé, 
L'Homme,  qui  revenait  vers  la  terre  morose, 
S'endormit  dans  un   pli  de  Pazur  satiné, 
Ayant  à  ses  cotés  étoiles,  neige  et  rose. 

Et  le  bon  Dieu  voulant  que  l'Homme,  à  son  réveil, 
Vit  en  un  seul  objet  ces  choses  mirifiques  : 

_-.•  aux  pures  blancheurs,  rose  à  l'éclat  vermeil, 
Etoiles  aux  rayons  doux  et  béatifiques; 

Voulant  qu'il  fut  heureux,  voulant  qu'il  fût  joyeux, 
Voulant  qu'il  n'eut  plus  rien  à  désirer  au  monde, 
Qu'il  ne  regrettât  plus  les  anges  et  les  cieux, 
Mais  qu'jl  vécût  vibrant  dans  l'extase  profonde, 

Dieu  prit  étoiles,  neige  et  rose  en  ses  doigts  saints, 
Et.  rêvant  un  chef-d'œuvre  avec  cet  amalgame, 
Fit  de  la  rose  un    front,  de  la  neige  deux  seins, 
toiles  deux  yeux,  et  du  tout  une   Femme. 


Le  Garant  :  René  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  02,   rue  Thiers.  Le  Havre. 


\    lire  :  Les  Originaux  à  Vichy.  —  Le  Mariage  de  La  Petite  Providence,  de 
Louis  Petitbon,  deux  \  librairie  <1<;  la  Maison  Dhntu. 

it  en  vente  chez  le  hibliopole  Lkon  Vanieu,  [9,  quai  Saint- 


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CHARLES  LEROY 


LE  SPLEEN 


Marc  Aufossi.  —  SCIE  MINEURE 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   S.   Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE  UNIVERSELLE  j        COMPTOIR. GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  C» 

41,    Rue  de   Seine,   41  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Et  chez  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


L»  Cri-Cri,  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  <li>s  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc.,  de  François  Co   pêe,  Gin  db  Mm  passant,  Th.  de  Ban- 
No   \;\m>.  Eugène  Chavbttb,  Cr.  Lbroy,  Lemercibr 

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LE  SPLEEN 


Yès,  Sir.  \As.  je  avai  devenou  triste  considérable  ! 

Je  souis  très  malhérouse  de  toute  ce  qu'il  mè  dévient  arriver  ; 
je  paouvai  jémai  faire  comme  toute  le  monde,  aussi  je  crois  que 
je  avai  plousse  qu'a  devenir  mort  ! 

Toute  petite,  je  étais  pas  très  adroit,  c'est  une  malheur,    niais 

comme  ça.  Si  je  caourais,  jefésais  toujours  taomber    des 

petites  garçons;  si  je  jouais  à  la  toupie,  mon  ficelle,  il    devenait 

soi  mal  arrangée,  jecroa,  bref,  mon  toupie,  il  tombait  taoujours 

sur  le  visège  d'une  petite  gamarate. 

Aoh  !  je  avais  vraiment  pas  du  chance  ! 

Plusse  tard,  jène  haomme,  mon  kieur  il  devient  possession 
d'une  miss  jaolie  d'une  manière  considèrèble. 

Pour  commencer  relations,  je  souis  cette  perfète  damesselle, 
et  je  aperçois  il  allait  soi  à  l'église. 

Je  caourre  rèpidement  devante  ;  j'entre  ;  je  retire  mon  chè- 
peau,  et  planté  devant  bénitier,  je  attends  cette  joune  fille  pour 
lui  offrir  eau  bénite. 

Il  entre!  Traoublé  dans  mon  dédans,  je  perds  mon  pauvre  tête: 
je  trempe  mon  chèpeau  dans  eau  bénite,  et  pour  avoir  cette 
grande  bonheur  de  offrir  moa-même  cette  chaose,  je  prends  soi 
dépécher,  et  quand  le  damesselle,  il  s'avance,  je  lui  crevé  un  œil 
avec  mon  doigt. 

Aoh  !  je  avais  vraiment  pas  de  chance  ! 

Oune  autre  jour,  plousse  tard,  je  dinais  chez  mon  fiancée,  et 
pouis  on  m'a  mis  à  le  porte  ;  voilà  porquoi  : 

Le  diner  il  s'avait  devenou  fini  te.  On  disait  des  chaoses  très 
remerquèbles. 

Moa  aussi,  je  disais  des  choses  très  remerquèbles. 

J'avais  devenou  penché  dessusse  mon  tchèse. 

—  Aoh  !  devenez  attention,  il  me  dit  mèdème  mère,  cette 
parquette  il  est  ciré  et  vous  aller  devenir  tomber. 

—  Nao  !  je  dis  ;  tombe  jèmais,  et  je  continoue  mon  remerquè- 
ble  chose  que  je  avais  commencé. 

Tout  d'un  coup,  mon  tchèse  il  glisse  !  Alors  pour  me  soi  re- 
tenir, je  mè  rètreppe  à  le  nappe  ;  mais  je  tombe  tout  même,  en 
emportant  le  nappe  et  la  toute  vaisselle,  candélabres,  fiers,  etc, 
qui  se  trouvait  dessus,  et  je  casse  toute  cette  méchine. 

Traoublé,  ému.  une  traoublé   il  mè  prend  et  je  laisse  échapper 


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NE  GODFROY,  direcleur-rtrant,    rue  Thiers,  62,  au    Havre.  —  Les  An- 
nonce BLAVETTE,  9,  faubourg  Montmartre,  a  Paris. 
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Le  Cri-Cri  fait  des  conditions  très  avantageuses  a  MM.  les  Libraires,  Marchands  de 
Musique  et  de  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Cliefs  d'Or- 
phéons et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messes et  de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,  désireux  de  s'occuper  de  la  vente  de  cette 
publication.  —  Ecrire  à  M.  René  Godfroy,  G2,  rue  Thiers,  au  Havre. 


une  chaose  très....  vilaine,  que  toute  le  monde  il  en  a  dit  : 
schoking  ! 

Oh  !  je  avais  vraiment  pas  du  chance  ! 

Oune  autre  jaour,  un  de  mes  émis  il  achète  oune  très  joalie 
pendoule  paorcelaine  de  Sexe. 

C'était  un  chose  very  remerquèble,  rare,  très  chère,  mégnifi- 
que  ;  il  était  heureuse  baocoup  de  son  équisichonne.. 

Aoh  !  je  dis,  c'est  une  chaose  edmirèble  ;  permettez  je  ré- 
garde. 

Je  prends  cette  pendoule  ;  je  la  tourne,  je  la  retourne,  et  au 
moment  de  la  replacer,  je  fais  elle  tomber  sur  marbre  du  che- 
minée de  ma  ami. 

Aoh  !  il  était  en  tout  pleine  petites  bouts  ! 

Je  avais  vraiment  pas  du  chance  ! 

Por  faire  corne  toute  mes  concitoyens  du  beau  pays  de  l'An- 
gleterre, je  me  mérie,  et  jouste,  mon  dème  il  avait  pas  toujours 
idée  comme  pareille  de  moa. 

Alors  je  souis  obligé  toujours  lui  donner  des  calottes  ;  c'est 
dommège,...  parce  que  mè  fatigue. 

Aoh  !  que  je  avais  donc  pas  de    chance  ! 

Dernièremente,  une  pauvre  messie  il  est  renversé  par  oune  fia- 
cre ;  il  avait  toute  plein  mal  à  son  guibolle. 

Alors,  comme  j'ai  oune  grande  bon  kieur,  et  puis  oune  autre 
aussi  messie,  nous  prenons  cette  pauvre  bonhomme  pour  trans- 
porter lui  chez  messie  le  phermècien. 

L'autre,  il  avait  pris  le  vieux  par  jambes,  et  môa  je  le  tenais 
par  son  tête. 

Je  aperçois  pas  le  troattoar,  je  cogne  soi-même  ;  pour  pas  tom- 
ber, je  lâche  cette  bonhomme  et  lui  casse  son  tête  sur  le   pavé  ! 

Aoh  !  que  je  avais  donc  pas  du  chance  ! 

C'est  comme  le  semaine  qu'il  est  finite  :  on  arrangeait  oune 
maison  ;  des  peintres,  ilsfesaient  tomber  des  petites  gouttes  de 
caouleur  sur  toute  le  monde.  Je  vois  cette  chose  désagréable  et 
un  dème  vieux  qu'il  allait  recevoir  de  cette  machine  surson  tête  ; 
pour  éviter  lui  cette  grande  contrariété,  je  le  prends  par  son 
bras  de  vieille  dème,  je  tire,  et  sans  vaouloir  lui  causer  le  plus 
petite  déségrèment,  je  fais  tomber  lui  lefigoure  dans  le  crotte. 

Aoh  !  je  suis  vraiment  pas  une  messie  qu'il  a  de  la  chance  ! 

Aoh  !  tenez  voilà  qu'il  est  encore  une  chaose  bien  ennoyouse 
à  me  soi  rappeler  : 

Oune  fois,  oune  ami  de  moa  il  avait  oune  douel  avec  oune  au- 
tre gentleman.  Je  étais  témoin  de  mon  ami.  On  se  battait  à  la 
pistolette. 

En  remettant  la  pistolette  chargea  mon  ami,  je  ne  sais  com- 
ment je  fais  mon  compte  ;  je  crois  lui  donner  un  bon  paignée 
de  main  ;  je  serre,  quoi  ?  le  détente,  sans  doute.  Bref,  je  le 
tue  ! 

Mais  c'est  qu'on  m'a  dit  un  tas  de  sottises  encore  ! 


S»  Ci.» 


l.e  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

AKOWHUEVr*  :  France,  fr.  5  —  Union   B'ostiile,  fr.  g. 


AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  'le  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Frime,  Le  Cri- 
lie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  a  M.  René  GoDFROY,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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Avouez  que  je  n'ai  vraiment  pas  du  chance  '. 

A  ùté  du  existence,  et  je  voudrais  bien  deve- 

nir mort  :  mais  j'ose  même  plous  essayer  souicider  môa,  car  il 
m'errive  des  chaoses  comme  personne  il  arrive. 

Ainsi  tenez,  hier,  je  prépare  oune  verre  d'eau  sucré   avec    poi- 

dans  le  chai  - 
Lédèra  qu'il  fait  mon  ménège    pendant  que   mon 

dème  et  le  bonne  ils  sont  devenus  partis  à  le  campègne  :  il  croa 
oune  bonne  chaose,  il  avale  cette  verre  d'eau,  et    c'est    lui 
qu'il  s'empoisonne  à  mon  pièce. 

vraiment  bien  indélicat  de  la  part  de  cette  dème  1 
Aussi   je  souis  très    contrarie,   car    l'existence    il  est   vraiment 
mnoyeuse quand  on  a  si  peu  de  chance  :  comment    voulez- 
vous  que  je  aie  pas  le  spleen  !  '. ... 


MARC  ÀNFOSS1 


SCIE  MINEURE 


La  Chine  est  un  pays  à  thé,  chacun  sait  s-a. 

Du  thé  la  fleur  est  bleue,  en  clochette  et  bien  belle  '. 

La  perle  du  canton,  la  jeune  Kin-Kr-Na, 

Le  long  du  fleuve  Jaune,  en  sa  svelte  nacelle, 

Cueille  la  fleur  d'azur  sous  les  brindilles  d'or 

is  légers  l'oiseau  prend  son  essor. 
Tandis  que.  l'air  pensif,  penchés  sur  des  problèmes 
Insondables  qui  font  les  cœurs  froids,  les  fronts  blêmes, 
Les  mandarins  lettrés  cherchent  où  l'âme  va... 
La  Chine  est  un  pays  athée,  —  on  sait  cela  ! 

*     * 

Pontoise  est  le  pays  des  veaux  par  excellence, 
On  les  voit  aux  marchés  affluer  par  milliers. 
Leurs  beuglements  plaintifs  réveillent  l'assistance 
Qui  dans  la  froide  église  et  sous  les  hauts  piliers 
Ecoute  vaguement  l'orgue  à  large  cadence  ; 
Pontoise  est  le  pays  dévot  par  excellence. 

a   i.uti: 
Chc;  P.  MONNERAT,  Éditeur,  4S,  rue  de  Lille,  Paris: 

SONNETS 

De  Charles  FUSTER 

Un  volume  de  luxe,  imprimé  en  rouge  et  noir  sur  papier  fort 
teinté.  —  Prix  :  3  l'r.  (par  mandat-postal  ou  en  timbi 

Le  Gérant     Rlnê  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  82,   nie  Thiers,  Le  Havre. 


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Louis  Pbtitbow,  >k-ux  grandi  Si  librairie  «le  la  Mai-un  DBNTU. 


t  en  vente  chez  le  bibliopolu  Léon  Vanter,  19.  quai  Saint- 


Tous  les  Samedis 


,^^         DIX  Centimes 


C.  TREBLA 


UN  CAS  PRESSANT 

Monologue  en  Vers 


Yves  Lerel.  —  PAUL  VERLANE 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   6,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  j        COMPTOIR. GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.»DURDILLY  &  C* 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 


.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues, Poésies,  Nouvelles,  etc..  de  François  Coppbk,  Qm  \  de  Maupassant,  Th.  i>k  Ban- 
vilu.  -  ,  Jacques  Normand,  Eugèm  Chavbttk,  Ch.  Lbroy,  LembrciBr 

i>k  Ne"vh m  ,  Qaxipaux,  Albert  Mili  m  i  n,  Alpronsk  An  aïs,  etc.,  etc. 


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UN  CAS  PRESSANT 


Dieu  vous  garde  de  la  colique, 
A  pied,  en  voiture,  à  cheval  ! 
De  tout  désordre  stomachique 
Dieu  vous  garde  surtout  au  bail 

0  l'effroyable  rem  immée 

Que  peut  valoir  un  cas  pressant! 

1  e  commandant  du  corps  d'année 
Donnait  un  bal  resplendissant; 
Parmi   la  foule  éblouissante 

Des  beautés  de  la  garnison, 
L'une  surtout  est  ravissante  : 
(  )'es1  la   tille  de  la  mais.  .n. 
Tous  les  veux  sont  fixés  sur  elle  ; 
A  grand  peine,  sur  son  carnet 
Je  m'inscris...  A  la  Pastourelle, 
Je  débitais  le  chapelet 
De  ces  mille  riens,  que  souligne 
Un  soupir,  un  tendre  regard  : 
Elle  m'econtait.  quoique  indigne. 
Quand  soudain  je  deviens  blafard. 
A  mes  transports  elégiaques 
Succède  un  silence  de  mort  ; 
Des  tortures  démoniaques, 
Couvant  de  tribord  à  bâbord, 
M'ebranleiit  jusqu'à  fond  de  cale. 
Une  attaque...  deux!  Je  tiens  bon  : 
A  la  troisième,  je  détale... 
Laissant,  rouge  comme  charbon. 
Ma  danseuse  loin  de  sa  chaise. 

Je  traverse  plusieurs  salons; 

O  Dieu  !  que  la  route  me  pèse! 

Et  pour  comble,  sur  mes  talons 

Je  sens  Contran  qui  me  harcèle. 

"  —  Fais-tu  vis-à-vis?  //  "  —  Oui,  suis-moi  !   » 

J'avais  la  main  sur  ma  bretelle  : 

Il  devine  mon  désarroi 

Et  m'abandonne  au  vestiaire. 

«  —  Garçon,  voulez- vous m'indiquer?...  ~ 

«  —  Le  buffet  ?  //  —  «   Non...  tout  le  contraire.  // 
"  —  Monsieur,  je  vais  vous  expliquer  : 
"   En  bas,  deuxième  porte  à  gauche, 


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noncée au  <     -  BLÀ>  ETTE,  '■>,  faubourg  Montmartre,  à  Paris. 

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phéons    et  de  Sociétés  musicales,   Administrateurs  de  journaux,   Organisateurs   de  Ker 
messes   et   de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,   désireux    de    s'occupet  de  la  vente  de  cetti 
publication.  —  Ecrire  à  M.  Roue  Qodfroy,  B2,  rue  Thiers,  au  Havre. 


«  Vous  enfilez  le  corridor, 

«  Le  water-closet  est  tout  proche  // 

«  —  Merci  !   »  —  Sera-t-il  temps  encor! 

Quatre  à  quatre  je  dégringole 

Les  marches.  Dans  l'obscurité 

Des  couloirs,  je  perds  la  boussole 

Et  reste  désoriente... 

Je  pousse  au  hasard  une  porte; 

Me  voilà  seul  et  sans  témoin. 

Où  suis-je  donc  ?  Bah  !  Que  m'importe  ! 

A  tâtons  je  trouve  un  bon  coin. 

Mais  un  remue-ménage  étrange 

Me  redresse  sur  mes  jarrets  : 

C'est  l'écurie...  et  je  dérange 

Les  chevaux  surpris,  inquiets. 

Qui  m'effleurent  de  leurs  ruades. 

Je  me  rajuste  vivement  ; 

Fuyant  ces  mauvais  camarades, 

Je  vois  la  fin  de  mon  tourment 

Dans  une  cour  hospitalière. 

Sauvé  !  —   Maintenant  du  papier  ! 
Pas  un  brin!  De  quelque  manière 
Il  faut  pourtant  s'ingénier. 
Hélas  !  hélas!  le  papier  manque, 
On  ne  saurait  penser  à  tout  ! 
Emploierai-je  un  billet  de  banque  ? 
C'est  un  papier  fort  à  mon  goût. 
Mais  un  peu  cher.  Dans  ma  détresse, 
En  explorant  mon  calepin, 
Je  découvre...  ah!  je  le  confesse, 
Un  simple  carré  de  vélin. 
Pantagruel,  en  l'occurence, 
Préférait  un  duvet  d'oison  ; 
Mais  il  avait  le  choix,  je  pense, 
Quand  il  fit  la  comparaison. 

De  ma  fuite  précipitée 
J'avais  hâte  de  m'excuser 
Près  de  la  belle  Dorothée, 
De  quel  conte  sus-je  abuser 
Son  oreille  aristocratique  ? 
Comment  pus-je  reconquérir 
Mon  auréole  poétique? 
Je  vous  le  laisse  à  découvrir... 


En  traversant  la  cour  du  poste, 

Le  lendemain,  le  Général 

Met  le  nez  sur  morV  holocauste  : 

«  Sergent,  quel  est  donc  l'animal 

«  Qui  s'est  permis..?  »  —  «  Permis  !  personne, 

«  Général.  »  —  «  Pour  quelle  raison 

«  Est-ce  donc  que  l'on  m'empoisonne? 

«  Vous  aurez  deux  jours  de  prison.  » 


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et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

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Dans  Le  but  de  faire  connaître  sa  publication  el  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri 
expédie  franco  à  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Goofroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havrk. 


rgent  part  l'oreille  basse  : 
Mais,  flairant  le  corps  du  délit, 
11  se  saisit  avec  audace 
De  mon  vélin  fatal,  et  lit  : 
«  1  e  général  de  Trois-Etoiles 
*  A  Phonneur  d'im  îter  au  bal 
«  Monsieur  le  baron  Guy  de  Noiles.  » 

11  court,  triomphant  :   «  Général, 
w  Je  tiens  l.i  clef  de  ce  mystère, 
«  li  m.  in  nom  doit-être  biffé  : 
»  Prèsde  l'enfant-trouvé,  le  père 
.     \  mis  sa  carte...  et  paraphé.  » 


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5.1-2 


YVES  I  1K11 


PAUL  VERLAINE 


Toi,  sur  qui  le  bourgeois  hurle  ton  cri  d'orfraie, 
Je  t'aime  en  ton  obscure  songe,  en  ta  bonne  foi 
Cynique,  en  ta  subtile  et  très  navrante  loi  : 
Car  tu  n'es  pas  celui  qui  dans  le  banal  fraie. 

Ton  génie  fier  et  rare,  et  dont  le«  goût  >/  s'effraie, 
Ainsi  qu'un  vin  cher,  metteur  d'esprits  en  émoi, 
Poison  peut-être,  mais  sensationnel,  dans  moi 
bouille,  comme  un  seul  diamant  la  vitre  raie. 

Tout  minime,  je  sens  que  grand  mon  coeur  assez 
Tient  de  pitié  pour  tous  les  cœurs  longtemps  lassés 
Quand  le  destin  mauvais  fait  leur  ardeur  rompue, 

Je  prêterais  mon  aide  à  leurs  pâles  efforts. 

.  tu  peux  combattre  seul,  âme  trapue, 
Puissant  parmi  les  puissants,  fort  parmi  les  forts. 


AVIS   AUX   POÈTES 
Se  méfier  de  l'Académie  Clémence  Isaure  et  de  l'Alliance  Littéraire, 

-  deux...  académies,  qui  ne  Boni  compoa  '■••-  que  d'un  seul  indi- 
vidu. '  qu'une  fumisterie  et  une  ridicule  exploitation  litté- 
raire. 

El]  incours,  el  les  lauréats  son!   obligés  d'avoir 

recours  à  l'intervention  judiciaire  pour  obtenir  leurs  prix. 


rut:  Hesl  GODTROT.  —  Imprimerie  GODFROY,  02,   rue  Thiers,  Le  Havre. 


\   lire  :  Les  Originaux  à  Vichy.  —  Le  Mariage  de  La  Petite  Providence,  de 
[boh,  'l'.-ux  grandi  le  librairie  de  la  Maison  Dbntu. 

rite  chez  le  bibliopole  LÉow  Vamier,  10,  quai  Saint- 


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Tous  les  Samedis 


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tf^  DIX  Centimes. 


PARIS 
Librairie   J.    STRAUSS,    5.    Rue    du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  COMPTOIR. GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  C'e 

41,    Rue   de   Seine,    41  i  11  bis,  Boulevard    Haussmann 

Et  che\  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 
M0   QA 


Le  Cri-Cri.  le  meilleur  marché  des  journaux  littéraires,  publie  des  Mono- 
logues.   Poé8Îe8,  Nouvelles.  etC,   «le    FRANÇOIS   COI'PÉB,   (M'Y    1>K    Mai  [PASSANT,  Th.    1>k   BaN- 

viLi.K,  Armand   Silvkstrk,  Jacques  Normand,  Kugknï  Cravbttk,  Ch.  Le  ko  y,  Lemercibr 

M   NbOTILLB,  OaUPAOZ,  A.LBBRT  MlLLAUD,  (\>o'  11  in.   AlPRONSB  ALLAIS,  ele.,  eie. 


~  ~    - 


C.  TRÉB1  A 


LE  PARDESSUS  l)(!  COLONEL 


1 .1  baronne  de  Follebi  ise 
1 1  ier  au  soir  nous  régala  : 
Vins  capiteux  et  table  exquise, 
Sexe  Facile,  un  \  ra i  gala. 
Quelle  société  choisie  '. 
l'n  sénateur,  un  magistrat. 

—  Passez-leur  cette  fantaisie  : 
Ils  lurent  que  c'est  un  extra!   — 
Deux  ceuveres.  trois   poètes. 
Cinq  marcheuses  de  1  Opéra, 
Leur  professeur  de  pirouettes. 
Un  colonel,  et  cœtera. 

Libres  propos,  gai  té  charmante  ; 
On  s'égara  sur  maint  sujet 
Dont  la  morale  s'épouvante, 
Mais  qui  plait  au  corps  de  ballet. 
Luis  on  joua  suivant  l'usage  : 
Etais- je  donc  gris  comme  \\n  page? 
Ne  sais,  mais  de  ce  Paradis. 
Quand  je  sortis.  Lame  en  délire, 
Je  n'emportais  pas  un  radis... 

—  11  devait  bien  m 'arriver  pire!  — 
Espérant  un  cadeau  princier. 
D'abord  la  soubrette  m'accoste. 

Et  je  lui  donne....  un  timbre-poste  : 
Marton  me  traite  d'épicier. 

Plût  à  Dieu  qu'au  début  d'une  ingrate  carrière, 
J'eusse  pris  cet  état,  parmi  tous  estimé, 
Borne  mon  horizon  aux  pastilles  Rozière 
Et  rêvé  de  fromage  et  de  hareng  fumé  ! 
J'aurais  de  mes  bons  mots  égayé  la  pratique  ; 
Puis,  le  soir,  volets  clos,  mon  devoir  accompli, 
J'aurais  fait  un  loto  dans  l'arrière  boutique... 
Et,  sans  nie  réveiller,  j'aurais  gagné  mon  lit  ! 

Voilà  vivre! tandis  que  d'un  monde  interlope 

Je  sors,  le  gousset  vide,  à  l'heure  où  chacun  dort  ! 
Et  je  crève  de  froid  sous  la  mince  enveloppe 
D'un  pardessus  râpé  !  !  J'ai  mérite  mon  sort, 
Et  me  voilà  réduit  a  battre  la  semelle. 
A  chercher  la  chaleur  dans  mes  pochés.  —  Holà  ! 
Qu'y  trouve-je  ?  Un  trousseau  de  clefs,  une  jumelle, 
Une  pipe,  un  briquet,  jusqu'à  du  chocolat. 
Tous  objets  étrangers  a  ma  propre  personne, 
Quand  elle  n'a  pas  bu  !  Le  bien  vient  en  buvant: 
C'est  l'effet  du  Clicquotou  du  Moulin-à-vent... 
Non  !  je  suis  un  fripon,  que  le  Ciel  me  pardonne  ! 
Je  les  aurai  volés...  j'ai  le  vin  criminel  '. 
Est-ce  tout?  Un  ruban  rouge  à  ma  boutonnière  ! 
Je  suis  perdu  !...  Sauvé  !!  C'est  un  trait  de  lumière  : 
Le  pardessus  du  colonel  ! 

n'ai  plus  ma  clef...  la  porte  est  close 


la  Iti'di  ciioii  rt  l'Administration  do 

ROY,  direcieur-g^rant,    rue  Thiers,  6?,  au    Havre.  —  Les  An- 
nonces au  '  1  LAVE1TE,  9,  faubourg  Montmartre,  .'i  Paris. 

AlïOWKHKVr*  :  France,  fr.  B  —  Union   l»o«fale,  fr.  8. 


Le  Cri-Cri  fait  des  conditions  très  avantageuses  h  MM.  les  Libraires,  Marchands  de 
Musique  et  Je  Journaux,  Directeurs  et  Régisseurs  de  Théâtres  et  de  Concerts,  Cnef's  d'Or- 
phéons et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messes et  de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,  désireux  de  s'occuper  de  la  vente  de  cette 
publication.  —   Ecrire  à  M.  René  Godfroy,  62,  rue  Thiers,  au   Havre. 


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Impitoyablement,  chez  moi,  passé  minuit. 
Si  j'avais  de  l'argent,  je  verrais  tout  en  rose 
Et  pourrais  à  l'hôtel  endormir  mon  ennui... 
Parbleu  !  du  colonel,  tout  près  de  ce  Passage, 
Je  connais  la  maison  ;  je  ne  sais  pas  l'étage, 
Mais  j'essaierai  les  clefs...  c'est  au  petit  bonheur. 
Je  me  suis  cru  fripon  :  je  deviens  crocheteur  ! 

M'y  voici.  —  Doucement,  de  la  porte  cochère 

Entr'ouvrons  le  vantail.  Peut-être  le  Cerbère 

De  ces  lieux  inconnus  a  le  sommeil  léger... 

L'aventure  a  du  louche,  évitons  le  danger. 

Tout  d'abord  l'entresol.  —  (Test  pour  un  militaire 

Garçon,  le  vrai  logis...  Cette  clef  doit  ouvrir; 

Voyons:  Cric!  crac!  cric!  crac!  Non,  elle  n'ouvre  guère... 

Mais  on  vient:  cachons-nous.  «  Est-ce  toi,  Casimir?  » 

—  Silence.  —  Une  voix  douce  et  tremblante  murmure  : 
«  Je  me  trompe,  c'est  Paul.  »  —  «  Madame,  c'est  Henri  ! 
«  Et  l'on  devrait  savoir  le  nom  de  son  mari  !  » 

Après  cette  apostrophe  —  entre  nous  un  peu  dure. 
Je  m'esquive  au  premier.  —  Corridors  très  ornés  ; 
A  droite,  un  écriteau:  «  Seul  système  inodore, 
Breveté  ».  —  Passons-vite,  et  bouchons-nous  le  nez. 
Voyons  à  gauche...  Hélas  !  je  n'y  suis  pas  encore, 
Et  l'éveil  est  donné  dans  cet  appartement... 
On  cause:  «  Va  donc  voir  ce  que  c'est,  Hégésippe  !  » 

—  «  Y  songes-tu,  Zoé  ?  Tu  sais  que  j'ai  la  grippe  ; 
«  Ce  serait  vouloir  prendre  un  refroidissement.  » 

—  «  Il  s'agit  bien  de  chaud  et  de  froid,  malepeste! 
«  Arme  tes  pistolets  !  »  —  «  Je  ferais  un  malheur  : 

«  Je  suis  trop  vif.  »  —  «  Poltron,  tu  trembles!  Eh  bien,  reste: 
«  Moi,  j'y  vais...  Qui  va  là  ?  »  —  «  Madame,  le  facteur  ; 
«  Vous  avez,  parait-il,  fait  un  gros  héritage...  » 
Et  ses  remerciements  me  suivent  à  l'étage. 

Le  colonel,  je  crois,  n'est  pas  encore  couché  : 

Je  vois  une  lueur...  Espérance  suprême! 

Frappons.  —  Ah  !  le  voici  !  Non...  quelle  face  blême 

De  savant  !  C'est  un  x  à  monter  en  cachet. 

«  Qui  vient  troubler  ainsi  mon  ardente  recherche  ? 

«  Que  voulez- vous,  monsieur?  »  —  «  Ah  !  tendez-moi  la 

[perche! 
«  Je  cherche  un  colonel.  »  —  «  Et  moi...  des  cosinus: 
«  Nos  deux  gibiers  n'ont  pas  même  gite.  Au  surplus, 
«  Voyez  en  face.  »  —  Eh  mais!  il  a  le  mot  pour  rire, 
Ce  bonze  ;  et  j'aurais  pu  plus  mal  être  reçu. 

Une  porte  me  reste,  et  je  serais  déçu 

Si  la  clef  n'allait  pas...  Elle  ouvre...  je  respire  ! 

Et  je  vais  voir  la  fin  de  ce  steeple  enragé  ! 

«  Colonel  ?  Colonel  ?  >,  —  «  lia  déménagé  : 

«  Etes-vous  son  brosseur,  son  major,  sa  maîtresse? 

«  Brigand,  coupe-jarret,  écume  du  faubourg! 

«  Au  secours  !  Au  voleur  !  !  »  —  Et  d'une  main  traîtresse 

On  me  lance  une  lampe  avec  des  cris  de  sourd. 

Couvert  d'huile,  ahuri,  je  descends  quatre  à  quatre, 
Fuvant  ce  lieu  maudit,  cette  maison  marâtre... 


lie  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

AIIOV\EHE\  I  H  :   Fiance,  IV.  5  —  Union   E'ostile,   fr.  8. 


AVIS   IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sn  publication  el  à  titre  île  Prime,  Lr  Cri-Cri 
expédie  f  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 

poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


Mais  toul  ses  habitants  sont  sur  pied  '.  Je  reçois 

1  encrier  du  savant,  les  bottes  du  bourgeois, 

Divers  échantillons  du...  système  inodore, 

Un  îlot  d'opoponax,  —  ce  parfum  que  j'abhorre!  — 

Un  bouquet  qui  jadis  dut  sentir  le  lilas, 

De  la  poudre  de  ri/  et  du  lait  Mamillas  .. 

Et  lorsque  j'espérais  ^-ans  plus  franchir  la  porte, 

I  e  concierge  m'y  guette  avec  une  cohorte 

1\-  bonnes,  de  laquais,  à  la  hâte  assemblés, 

l;t  le  balai  sur  moi  pleut  à  coups  redoublés  ! 

.le  me  sauve,  empesté3  vers  la  Samaritaine. 

Pans  ma  baignoire,  enfin,  j'ai  pu  reprendre  haleine  ; 

Je  renouvelle  l'eau  pour  me  désennuyer, 

Car  je  n'en  puis  sortir...  ne  pouvant  pas  payer. 


\",.i  -  numéro  d'une  nouvelle  publication  :  Ih  Norman- 

die-Artiste, hebdomadaire,  n'  <•  <!<•  h  fusion  de  h  Plage    Normande  el  du 
.  directeur:  M.  Carolus  d'Harrans.  Ce   numéro,  des  plus  àt- 
ne  des  articles,  poésies  el  contes,  de    MM.  Alphonse   Boubert, 
Paul  x  nn  es,    \!'"':i  Lambkrt    de  l'Odéon  .  Catulle  Blée,  Ebrab,  Augustin 
Danii  :    el   I.     Boni  lant  —  et,  ii  l'occasion  de  la   représentation   donnée  le  15 
il,  au   rhéàtre-des-ArU  de    Rouen,  en   l'honneui  de  Pierre  Corneille,  par 
M.    Albert    Lambert,    un  beau    portrait,  s'gné  E.   de  Bergevin,  de  l'excellent 
artiste.    Signalons  aussi   un  très   original    titre-frontispice,  dessiné  par  M.  E. 
M 
Envoi  du  numéro  spécimen  coutre  demande  accompagnée  de  15  cent,  adres- 
M    Carolus  d'Harrans,  a  FECAMP    Seine-Inférieure.) 

7  Ir.  pour    li    Seine-Inf"  et  les  dép.    limitr.  ;  H  tV.  pour   les 
lépartements;  10  fr.  p'>m-  l'étranger.  —  Le  numéro  :  10  centimes. 


BON  lli:  I1  III  Mi 


CRI-CRI 


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bien  personnelle,  nous  avons 
l'honneur  de  leur  offrir  gratis  un  splendide  portrail 
peinl  ii  l'huile  pur  un  artiste  de  Paris,  honoré  de  plu- 
sieurs médailles:  (M.  Dugardin,  84,  Faubourg  Saint- 
Honoré  . 

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Henri  LE  VERDIER,  Jo\  rue  de  La  Tour  d'Auvergne, 
ii  Paris  en  y  joignant  une  photographie  el  «mi  indi- 
quanl  la  couleur  du  teint,  il>'>  cheveux,  des  yeux  et 
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tous  frais  de  port) 

La  prime  sera  envoyée  dans  le  délai  nécessaire  d'un 
mois  on  six  semaines. 


Sous  ce  titre  :  La  Fin  d'une  Race,  un  nouveau  roman  d'HENRY  de  Braisnb, 
vient    de  paraître  chez  l'éditeur  Ferreyroi  .   19.  rue  de   Seine,  —  Cesl  l'his- 
toire troublante  d'une  femme  perverse,  ferment  de  corruption  eu  ce  siècle  finis- 
;  u  î  poursuit  de  sa  haine  une  jeune  personne  au  cœur  pur,  dernier  enfant, 
,!<■  lignée. 
L'auteur,  que  !»■»  lecteurs  de  DédaigDée    retrouveront  avec  plaisir,  donne 
la  une  note  réaliste  du  plus  dramatique  effet    Une  hardiesse  peu  commune  dans 
la  peinture  des  nombreux  tableaux  qui  composent  ce  compact  volume,  el   aussi 
une  grande  délicatesse  de  sentiment  dan-    le  récit  des  malheurs   I"  l'opprimée, 
pmemeul  attachant.  Les  personnages  effrayent  parfois, 
-  vivent,  ils  sont  humains,  ilssonl  vrais. 
ime  dans  le  roman  précédent, mai*  avec  beaucoup  plus  de  \;i<ru  ur,  le  der- 
nier chapitre  amène  une  conclusion  irait. <•  île  maii.  de  main-e  •  i   -  .n  intérêt 
eur. 

Le  'J-rant  :   René  GODrROY.  —  Imprimerie  QOD1  ROY,   82,   rue  Thiers.  Le  Havre. 


Le  CRI-CRI  >■  t  <■"  vente  à  Montiinban 

Librairie  VERNET,  rue  Fraîche. 

>         LAFORGUE,  rue  de  la  République. 
Victorike  BIAU,  allée  MortarieU. 


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Tous  les  Samedis 


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\§^         DIX  Centime 


MARCEL  BAILLIOT 

fFANPARt;) 


LA   VERTE 


HUGUES  DELORME 


LÀ  CHANSON  DU  CUL-DE-JATTE 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5.    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR. GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue  de  Seine,    41  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  chez  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°  95 


»&  i-uc    uc? 


D       1UU1UUUA      illlClOUCO,     } 

logrut  -  Nouvelles,  etc..  «le  1  ,    de  Ma  u  passant,  Th.  i>k  BAN- 

VILLE. ArMaN'.i     SlLVI  >M>.   KUOÈNK  CllAVHTl  .   Cil.  L.BROY,   LbMBRCIKR 

l'K  NEfvni.l-.  QaUPAUX,  Al.liKur  MlI.l.Al  i  .    Alphonsi     \;     118, 


MARCEL  BAILLIOT 


LA  VERTE 


.1   Vami  Sock. 


1. 


.1  la  canli  ttade).  Si  on  boirait  la  dernière?  Une  verte  à  l'as. 

boum  '. 

Tes  vraiment  chouette,  la  dame,  t'es  pas  comme  les  autres. 
ils  ont  dit  que  j'étais  loufoque. 

Cré  matin,  fait-y  soit'!  Un  enfant  de  six  mois  en  périrait.  // 
tape  sur  son  gousset)  Aie  pas  peur,  y  a  de  la  bonne  braise  là 
dedans,  des  belles  thunes  avec  un  bonhomme  couronné. 

Yeux-tu  des  vers?  Pour  le  sentiment,  ça  me  connaît: 

Nous  avions  vingt  francs, 

tait  le  printemps, 
J'étais  amoureux 

De  tes  jolis  yeux  bleus. 

Sentimentalement)  Je  chanterai  ton  amusante  trompette,  tes 
grands  calots  et  ta  tignasse  blonde  de  Marie-Madeleine  pendant 
le  pèche...  Je  suis  artisse  aujourd'hui,  et  j'ai  du  luysard  plein  le 
palpitant...  En  veux-tu  du  soleil?...  C'est  bon.  la  vie  !  On  cueille 
des  femmes,  on  embrasse  des  fleurs,  et  dans  le  peignasson  on 
fait  dodo  avec  des  rêves  qui  ne  finissent  qu'au  matin. 

C'est  pas  rupin  de  la  part  des  camaros.  Ils  m'avaient  dit  que 
c'était  l'hiver  et  qu'au  nez  des  sergots  pendaient  des  glaçons,  et 
au  lieu  de  cela,  du  bon  printemps  qui  m'a  saoulé  et  des  feuilles 
vertes  à  tous  les  arbres. 

Pour  sûr,  c'est  avec  ça  qu'on  fait  l'absinthe...  Dites  donc,  les 
aminches,  si  on  boirait  la  dernière?...  Encore  une  verte...  Oh! 
c'est  rigolo. 

II. 

Attention.  François,  voilà  du  sesque!...  Elle  est  rien  mouche, 
la  largue  ! 

Te  vlà.  Marie-Gothon  ?...  Va-t-en,  gouapeuse  !  tu  viens  te 
fout'  de  mezig. 

Oh!  ce  que  je  l'ai  gobée,  celle-là!...  Ça  ne  fichait  rien  dans 
un  atelier  de  Menilmuche.  et  j'y  ai  payé  bombance,  comme  à 
une  de  la  haute...  Il  a  fallu  turbiner  pour  tortorer;  mais  elle 
était  si  gironde  que  j'aurais  pour  elle  refroidi  un  minisse  ou 
dégringolé  un  pante  au  nez  de  la  rousse. 


Ad.r'  l:i  Mtû»«ittmm  ri  I'  iilminist  ration  du 

'  '    : 
nonces  au  '  BLAVETTE,  9,  Montmartn 

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Le  CRI-CRI  est  en  vente,  à  ALGER,  à  la  Librairie  A.  (ÎAItBI,  place  du  Gouvernement  (sous  la  Régence) 


phéons  et  de  Sociétés  musicales,  Administrateurs  de  journaux,  Organisateurs  de  Ker- 
messes et  de  Fêtes  de  Charité,  etc.,  etc.,  désireux  de  s'occuper  de  la  vente  de  cette 
publication.  —  Ecrire  à  M.  René  Godproy,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 

Y  faisait  bon  alors  à  rentirïer  au  pucicr. 

Malheur!  elle  a  pris  un  mac  !...  N'en  faut  pas  de  gonzesse  ! 

Sûr,  je  perds  la  boule...  Maria  est  crapsée  à  l'hosto  en  gueu- 
lant des  chansons  de  bastringue. 

Mille  tonnerres!  faut  que  j'aie  la  pépie  pour  avoir  soif  comme 
ça...  Si  on  boirait  la  dernière?  une  bonne  verte;  c'est  de  la 
choquette,  ça. 

III. 

Ah  çà,  ont-i  fini  de  m'rluquer,  ces  pantes-là  ?  I  se  payent  ma 
fiole,  avec  leurs  airs  de  niquedouilles...  Va  y  avoir  du  pétard!... 
Qui  qui  jaspinent?...  J'suis  p't-étr'  pas  assez  frusquiné  pour  eux  ; 
mon  culbutant  effiloqué,  et  mes  godillots  qui  font  la  risette,  ça 
les  défrise,  ces  gonciers-là...  C'est-y  pas  bon  pour  licher  un  cin- 
tième? 

Ça  va  chauffer...  J'vas  leur  démolir  la  cafetière!...  Peuvent-i 
pas  laisser  boire  en  paix  les  pauv's  bougres?...  Gare  lesguiboles, 
vous  autres. 

La  frousse  les  prend,  i  s'carapatent...  Nib  de  cœur  sous  le 
mamelon,  et  ça  fait  les  mariolles...  Mince  alors  !  c'est  p't-êtr" 
de  la  magistrature. 

Hé  !  la  p'tite  mère,  si  on  boirait  la  dernière?  Une  verte,  nom 
de  nom  ! 

IV. 

Zut!  Pus  de  soleil,  pus  de  galette  et  pus  un  mègot...  Y  va 
lansquiner...  J'en  veux  pus  de  la  vie  !...  Place  aux  autres,  puis- 
qu'y  a  pus  de  chance  que  pour  les  loupeurs  et  les  clampins... 
J'veux  pas  être  dos,  et  c'est  tannant  de  masser  ! 

Va,  tu  seras  pas  pleuré  par  ton  concierge...  Le  garno  est  vide, 
et  les  copains  sont  trop  rosses  ;  pas  un  qui  t'aboulerait  une  roue 
de  derrière  pour  briffer...  Les  salauds,  i  ont  débauché  ma  mar- 
quise et  m'ont  appelé  poivrot...  Faudrait-i  pas  se  faire  mendigot 
à  cetf  heure,  et  finir  à  Pélago  ? 

Ceusses  qu'ont  des  guimbardes  et  de  la  flanelle,  ah  !  oui,  la 
vie  est  bath  ;  mais  pour  ceusses  qu'ont  pas  d'iimace,  pour  les 
va-t-à  pieds,  l'hiver,  c'est  dégueulas  ! 

Adieu  les  bistros...  Si  on  boirait  la  dernière?  et  pis  en  route 
pour  l'éternité...  Patronne,  une  verrée  d'espérance,  une  double 
verte,  et  sans  sucre,  nom  de  Dieu  ! 


Avec  l'autorisation  de  l'auteur,  notre  collaborateur  M.  Georges Docquois  vient 
de  tirer  un  important  acte  en  prose  d'un  des  contes  les  plus  saisissants  publiés 
à  l'Echo  de  Paris  par  M.  Jean  Reibrach. 

MEL1E  sera  lue  très  prochainement  au  Théâtre-Libre. 

Vient  de  paraître  :  FEUILLES  MORTES,  de  Victor  Compas,  très  beau 
volume  prose  et  vers.  Prix  :  3  fr.,  chez  l'auteur,  à  Moncy-St-Pierre  (Ardâmes), 
ou  à  Paris,  aux  bureaux  des  Annales  Gauloises,  17,  rue  du  Commandeur. 


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lie  Cri-Cri  est  en  vente  chez  tous  les  libraires,  marchands  de  journaux 
et  de  musique,  et  dans  les  bibliothèques  de  gares. 

ABONNEMENTS  :  France,  fr.  5  —  Union  Postule,  fr.  8. 


chez  les  Correspondants  de  cette  Agence  de  Publications  Populaires,  dans  toutes  les  villes  d'Algérie. 


Avia    iiuruniAni 
Dans  le  but.  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Primo,  Le  Cri-Cri 
lie  franco  a  domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres- 
poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havru. 


HUGUES  DELORME. 


LA  CHANSON  1)1'  CUL-DE-JATTE 


Ohé  c'est  moi  que  j'suis  l'cul-d'-jatte, 

1  avorton,  l'ignoble  raté. 

1  entement,  je  m'décarapate 

1  e  long  du  trottoir  asphalte. 

D'autr'  viv'nt  en  faisant  des  pirouettes. 

—  Députés  ou  maîtres  d'balfet  — 

("loue  sur  ma  boite  à   roulettes, 

Je  m 'traîne  à  la  fore'  du  poignet...     / 

UN. 

Madam',  monsieur,  dans  mon  gob'let, 

Jetez  un  p'tit  SOU,  s'il  VOUS   plait. 
Trou  —  la —  laire—  la — la — Ion — lé, 
D'vant  l'autel  de  la  bonn    vierge, 
r  vous  jTrai  brûler  un  cierge, 
Et  Saint-Joseph  nous  bénira 
Trou — Ion — la. 

-  II   - 

Mais  tout'  cuit'  foule  aristocrate 
Rapid'ment  poursuit  son  ch'min, 
Sans  s'préoccuper  du  cul-d'-jatte 
Qui,  suppliant,  lui  tend  la  main  : 
Tous  ces  êtres-là  qu'est  ingambes, 
C'est  ventru,  repu,  c'est  cossu  ! 
Cré  nom.  si  j'avais  des  jambes, 

[ue  j'ieur...  mettrais  mon  pied  dans  Ydosl 

-  III  - 

Ce  que  j'esquinte  d'fonds  d'culottes, 

Non,  voyez-vous,  c'est  épatant. 

Mais  du  moins  j'peux  m'mettre  en  ribotte  ; 

Je  m'traîn'  toujours  en  zigzaguant. 

Sous  ses  jupons  mon  œil  s'égare 

Quand  une  bell'  femm'  vient  à  passer 

Et  j'ai  pas  besoin  de  m'baisser, 

Pour  ramasser  les  bouts  d'eigare. 

-  IV  - 

J'posséde  un"  gonzess'  très-mari  oie 

Qui  s'est  amourraché  d'mon  tronc. 

L'matin,  ell'  m'wagonne  en  carriole 

Et  l'soir  m'  remporte  à  la  maison. 

EU'  m'fl  m'  fois  des  calottes, 

Histoir'  d'entret'nir  l'amitié, 

Car  c'est  ell'  qui  port1  les  culol 

Et  c'est  moi  que  j'suis  sa  moitié  !.. 

ODTROY.  —  Imprimerie  GODFROY,  02,  nie  Thlers,  Le  Havre. 


Le  CRI-CRI  ■  à  MLont&utmn 

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LA  HALLE  AUX  BAISERS 

Monologue  en  Vers 
Dit  par  Mlle  REICHENBERG,  de  la  Comédie-Française. 


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r   0\L  -41,    Rue   de   Seine,    41 


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teur, 62,  rue  Thiers,  an  Havut. 


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LA  HALLE  AUX  BAISERS 

Monologue  en  vers,  dit  par  Mlle  REICHENBERG,  de  la  Comédie  Française 


1  'Enfant-Dieu  qui  préside  aux  tendres  rendez-vous 
Prenant  ma  main,  médit:  «  Madame,  voulez-vous 

Venir  visiter  mon  royaume  ? 
—  Partons!  >,  Et  nous  voici  dévorant  les  chemins, 
Rapides,    pour  parler  la  langue  îles  humains,) 

Comme  des  chevaux  d'Hippodrome  ! 

Laissant  bien  loin  de  nous  la  grand'ville,  Paris, 
Nous  volions,  escortés  parles  Jeux  et  les  Ris 
1  es  pleurs  aussi...  prêts  à  s'épandre; 

.Il  ^entais  que  mon  coeur  battait,  en  désarroi, 
Alors  que  suspendue  au  bras  du  Joli  Roi, 
J'entrai  dans  le  pays  du  Tendre... 

«  Regarde!  Dit  Eros.  C'est  la  Halle  aux  baisers. 
<<  Lorsqu'on  sent  des  désirs  l'un  par  l'autre  aiguisés, 

«  On  y  vient.  J'ai  pour  chaque  peine 
"  Un  baiser  spécial  plus  doux  que  le  velours, 
«  Caressant  et  léger,  fine  (leur  des  mamours. 

«  Tu  vois?  ma  demeure  en  est  pleine... 

«  Or,  va.  tourne,  reviens  et  circule  à  loisir. 

«  Grapille.  chippe,  prends:  c'est  à  toi  de  choisir. 

«  Tu  peux  piller  mes  étalages! 
«  Reine  pour  tout  un  jour,  à  toi  l'avide  essaim, 
«    Avec  leurs  aiguillons s'ébattant  sur  ton  sein. 

«   Des  caresses  folles  ou  sages.  » 

<  A  toi  le  bec  béant  qu'aux  jours  du  renouveau 
"  La  colombe  amoureuse  offre  à  son  tourtereau, 

«  Le  doux  bacio  d'Italie, 

<  Le  kiss  anglais,  si  long  qu'on  meurt  en  le  donnant, 
«  Et  celui  que  ravit  l'insecte  bourdonnant 

"  A  la  rose  de  Mai  jolie  !  » 


-'  '      :' .  h'  •sonnet,   de  Louis    Booei  :    ih-iihn,  d'Albert  Tin- 

t.  —  N'  H    i  <   ■•■efc«lr,        '  .  N*  29,  Le  f  Icare  de  n élit*,  de  Georges  Mentelé;  Kinçol»,  de 

—   "  un-Mil  i      IVIIL  f *•*»».  —  N"  31,  I.»  Templier*,  cTAlphonse  Allais.  —  N 

I  (   la  «Jcrnlért-  nrnf.  —  l*l:ii«lo) <  r  iiour  un  Auvergnat,  de  Georges  D0CQUOI8. 

—  N       ',-  (ii  m'f&i   arrivé   ea   iramwa;,  de  Carolua  d'HARRANS.  -    N    35,  «ion  Muicldc,  de  G*''  Docquois. 


Monologues  et  Poésies  parut  dans  Le  Cri-Cri  :  X"  50,  Plaidoyer  «ntic  njugal  de  Carolus  cI'Harrans 
—  X°  51,  Lo  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  X"  52,  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53  le 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  Le  Troniboune,  de  Charles  Leroy.  —  \°  55,  l>es  Pierrot*  de 
Hélandri.  —  N»  56,  victime  d'an  lupin,  d'Eugène  Cravette.  —  V  57,  Ounc  Jaolie  Histoare,  de  Charles 
Leroy  ;  E.e  Vieux  Soulier,  de  François  Coppée.  —  \-  58,  Sur  le  Pont,,  de  Félix  GalipaUX. 


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Soudain,  il  disparut.  —  Où  diriger  mes  pas? 
Hélas!  Je  crus  aller  au  devant  du  trépas  : 
Sifflant    comme  un  nœud  de  vipères, 
Je  vis,  dragons-gardiens  du  seuil  éblouissant. 
Le  baiser  de  Judas,  horrible,  se  dressant, 
Et  le  baiser  des  belles-mères. 

J'eus  peur  !  Il  en  venait,  par  les  quatre  chemins, 
De  toutes  les  couleurs:  solennels  baise-mains 

Des  galantins  faisant  la  roue, 
Baisers  d'amour  vendus,  honteux  d'un  tel  affront, 
Baisers  d'ami,  baisers  de  prêtre,  sur  le  front, 

Baisers  de  frère,  sur  la  joue... 

Celui  que  la  promise  accorde  au  fiancé, 

—  Un  baiser  de  blanc  et  d'azur  nuancé, 

Couleur  de  ciel  et  de  nuages, 
M'apparut,  évoquant  à  mes  yeux  attendris 
Les  serments  emportés  par  les  ans  défleuris, 

Doux  rêves  passés...  vains  mirages! 

A  côté,  j'admirai,  teint  d'un  rose  éclatant 
Le  baiser  alangui,  fiévreux,  inquiétant, 

Qui  s'attarde,  revient,  lutine, 
Quand,  parmi  les  muguets,  étoiles  des  près  verts, 

Musette  en  folâtrant  découvre  le  revers 

De  sa  robe  de  mousseline. 

Et,  tout  auprès,  je  vis  les  baisers  empourprés, 
Plus  rouges  que  les  plis  des  étendards  sacrés 

Ou  que  la  robe  des  cerises  ; 
Plus  rouges  que  la  mer  aux  baisers  du  soleil; 
Plus  rouges  que  la  rose  ouvrant  son  cœur  vermeil, 

Pâmée  aux  caresses  des  brises  ! 

Or,  comme  je  frôlais  leurs  doux  nids  apaisés, 
Voilà  que  j'ameutai  ces  essaims  de  baisers, 

—  Vrai  réveil  d'oiseaux  à  l'aurore  !  — 

Et,  me  couvrant  partout  avec  de  jolis  bruits 
D'un  vol  audacieux,  tous  ces  croqueurs  de  fruits 
Semblaient  crier  :  «  Encore,  encore  !  » 

Espérant  échapper,  je  courus  me  blottir 
En  un  coin  de  l'Azur,  où  venaient  retentir 

De  vieux  airs  enfantins  et  mièvres... 
O  surprise,  o  bonheur!...  J'étais  chez  les  bébés  : 
Leurs  gros  baisers,  offerts  et  jamais  dérobés, 

Tout  joyeux  me  sautaient  aux  lèvres. 


Monologues  et   Poésies   parus    dans   Le  Cri-Cri  :  N 
Baiser  Marseillais 
fa  nts,  de 
Accents 
N°  74,  Poèmes  nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N 


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N°  70,  i.e 


larseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  nillel  île  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En. 
Jean  Rameau.  —  N»  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  »uo  téléphonique;  Itallitde  drs 
circonflexes,    de  Mac-Xab.  —  X»  73,  Influenzé    par   sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise    Néron     — 


),  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux. 


!ri-Cri  :  —  N*  8!\  >.e  Spleea,  de  Charles  Leroy.   —  V  90,  Lettre 
d"uti  Mobile  ureton.  «le  François  Coppéb.  —   X   91,  l'n  t'au  pressant,  de  C.  Trebla;    Paul  Verlaine,  de 

\,,    ..  —    \       .     (uniment  on  i»e  ilt-fult   il'un    4a«la>re  encombrant,  de  Raoul  OoBR.    —   N°  98,  1-e» 

pàii-N  Ée  »at»le,  de  Jacques  N    imand  :  i.«  vlellleese  «le  Corneille,  de  Théophile  Gautier. 


—  «  C'est  .'i  toi  de  choisir.  »  —  avait  «.lit  Cupidon, 
Mon  choix  est  fait.  Messieurs,  je  demande  pardon 

Pour  la  tin  de  cette  équipée, 
Mais,  de  tous  les  baisers,  certes,  le  plus  charmant, 
C'est  celui  que  bébé  garde  pour  sa  maman, 

Et  puis...  celui  de  sa  poupée. 


IWll    HARE1 


LE  VIEUX  POMMIKR 


Au  docteur  Henry  Hennart, 

I  e  pommier  décrépit  se  penche  vers  le  sol, 

Sous  le  fardeau  des  fruits   et  le  poids  des  années  ; 

II  prodigue  son  ombre  aux  frêles  graminées 

ouvre  le  fossé  d'un  large  parasol. 

1  es  oiseaux  picoreurs,  arrêtés  dans  leur  vol, 
L'emplissent  de  tapage  aux  claires  matinées; 
Concert  et  gazouillis  de  notes  mutinées, 
Où  chaque  moineau-franc  se  croit  un  rossignol. 

Mousses  d'argent,  pierrots,  pomme  d'or  et  mésanges, 
Vie,  abondance,  espoir,  amour,  joyeux  mélanges  ! 
Dans  ton  écrasement,  pommier,  ne  te  plains  pas. 

L'honneur  est  assez  grand,  si  la  charge  est  trop  forte. 
J'entends  le  vent  d'aval  qui  murmure  tout  bas: 
Courage,  vieux  lutteur,  la  vigne  est  bientôt  morte  ! 


Soiis  presse:  Ballade  n'en  Pastille»  Maeblnel,  de  «leorpres  Docyuois. 


BIIMlEPIIIME 


CRI-CRI 


PORTRAIT 


NOTRE   PRIME   GRATUITE 

Ii  lireui  d'adresser  a  tous  dos  lecteurs  un  témoi- 
gnage de  sympathie  bien  personnelle,  nous  avons 
"honneur  de  leur  offrir  gratis  un  îplendide  portrait 
peinl  ;i  l'huile  par  un  artiste  de  Paris,  honoré  de  plu- 
sieurs médailles:  M.  Dugardin,  84,  Faubourg  Saint- 
Honoi 

Il  suffit  d'adr r  le    bon   de  prime  ci-contre  a  M. 

Henri  LE  VERDIER,  16,  rue  de  La  Tour  d'Auvergne, 
.'i  1jaili-.  en  y  joignant  une  photographie  et  en  indi- 
quant la  couleur  du  teint,  des  cheveux,    des  y< 
.lu  vêtement    Joindre  1  U-.  50  en  timbres-poste  pour 
tous  frais  de  port). 

La  prime  seraenvoyée  dans  le  délai  nécessaire  d'un 
mois  ou  sii  semaines.  —  La  Photographie  n'est  pas  rendue. 


DFKOT.  —  Imprimerie  GODFBOY,  02,  rue  Thiers.  Le  Havre. 


VIENT    DE    P  Al:  A  ll'l  I  E3  : 

LE  POTACHE.  ers  de  11  Henri  Lbebbvre  ;  expédie  franco,  contre 

i  ,  au  Havre. 


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Tous  les  Samedis 


DIX  Centime» 


MARC  ANFOSSI 


PASCALINE 

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Monologue  en  Vers 


P.   COTTARD:  Précaution  utile.  —  L'Apéritif. 


PARIS 

Librairie   J.   STRAUSS,   8,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cte 

41,    Hue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard    Haussmann 

Et  cke{   tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    100 


AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  e1  a  titre  île  Pri 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  ai 
tour.  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


me,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
ressés  à  M.  Kené  Godfroy,  direc- 


MARC  ANFOSS1 


PASGALINE,  LA  FEMME  AU  NEZ  CREUX 


l    Coquclin  cadet. 


Ah!  n'épousez  jamais,  messieurs, 
Une  femme  avant  le  nez  creux! 

Elle  était  jeune,  elle  était  belle, 
L'amour  brillait  dans  sa  prunelle, 
El  le  soir  <>ù.  dans  un  ra< iui 
Chez  les  Prunier  de  Racahout, 
Je  \  is  l'aimable  créature, 
S<  >n  image  coquette  el  \  ure 
S'installa  dans  mon  cœur  comblé 
Comme,  dans  un  hôtel  meublé, 
K  gne  un  major  de  table  «.l  hôte. 

Trois  mois  après.  la  tète  haute. 
Je  traînais  cet  ange  charmant 
Devant  l'adjoint.  Voilà  comment 
Depuis  près  d'un  an.  de  ma  flamme, 
Pascaline,  aujourd'hui  ma  femme. 
A  c»  luronne  tous  les  rayons. 
(."tM  ainsi  que  nous  nous  croyons 
Fats,  a  l'abri  de  l'incendie, 
Et  puis,  crac,  Cupido  mais  lie. 
Ah!  n'épousez  jamais,  messieurs. 
Une  femme  ayant  le  nez  creux! 

D'abord,  j'adorai  Pascaline. 
Elle  était  d'une  humeur  câline 
Et  me  donnait   toujours  raison. 
Mais  quand  s'incline  à  l'horizon 
La  lune  de  miel  maigrissante, 
La  paix  s'envole,  et  la  tourmente 
Fouette  l'océan  conjugal. 
Or  c'est  affreux,  presque  immoral. 
Ma  femme,  cet  être  angi  lique, 
S'occupe,  hélas:  de  politique, 
Réclame  ses  droits  d'électeur. 
Voudrait  qu'on  nommât  sénateur 
Ou  député  la  fille  cl  I 
Et  devant  ce  dada,  ce  rêve, 

inti  je  reste  coi. 
Je  la  croyais  candide,  moi  ! 
Oui.  je  l'estimais  in<  apable 

■  ner  cartes  sur  table, 

le  contre  et  le  pour. 

Ouiche  !  Je  la  surpris  un  jour 

hant  féroce m 
N'allez  pas  croire  que  j 

!  Hier,  quand  je  suis  entré 
Elle  potassait  un  Littré; 


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i  «•  Sfiiiiict.   de  I  :    l.à-Baa,   d'Alberl  Tin- 

i  c-  îidini.i  h  .  le  I  Icare  <!<■  Bébé.  Mentei.é;  ltlng;ol»,  de 

-    '  imiiti  i      tlllL  IftM.  -  1  l.ea  Templier*,  d'Alpin 

ii  I  i  <■  ii'uf.  -  3,  Plaidoyer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  Docguois. 

.  m'est   arri%«-   eu   (ranima]  Mon  Suicide, 


c.« 


Enfin  j'ai  peur  qu'elle  devienne 
Bientôt  a-ca-dé-mi-cien-ne. 

Ah!  n'épousez  jamais,  messieurs, 

Une  femme  ayant  le  nez  creux  ! 

Ce  n'est  pas  tout.  J'ai,  quelquefois, 

Le  soir,  en  revenant  du  bois, 

L'habitude,  —  fort  innocente,  — 

D'allerfaire  un  trente  et  quarante 

Au  club.  Je  ne  suis  pas  joueur. 

Non  point  !   —  Jouer  me  t'ait  horreur. 

Mais,  je...  taquine  un  brin  la  chance. 

Eh  bien,  c'est  affreux  quand  j'v  pense. 

Mon  épouse  adorée  a  su 

Que  je...  jouais.  A  mon  insu, 

Elle  a  découvert  ma  cachette 

Et  hier,  sans  tambour  ni  trompette. 

M'a  fait  une  scène  en  trois  points, 

Menaçant  de  ses  mignons  poings 

Ma  très  respectable  personne 

De  confisquer  —  Dieu  lui  pardonne  — 

Pour  ses  pauvres  mes  fonds  secrets. 

Je  le  dis  sans  fard:  J'enrageais  ! 

Dame,  il  te  croyait  si  crédule 

Pascaline,  ton  Théodule  ! 

Ah!  n'épousez  jamais,  messieurs, 

Une  femme  ayant  le  nez  creux  ! 

J'abrège.  Elle  devine  tout, 
Et  met  son  joli  nez  partout. 
Suis-je  aimable  auprès  d'une  femme, 
Je  lis  dans  ses  regards  de  flamme 
Qu'il  faut  rester  juste  h  ce  cran. 
Mon  costume  est-il  un  peu  «  v'ian  » 
Sa  petite  voix  me  module 
Un  :   «  Soyez  correct,  Théodule  !  » 
M'eloignant  d'un  monde  troppschut; 
Yeux-je  protester?  Un  doux  «  chut!  » 
Dit  avec  le  doigt  sur  la  bouche, 
Et  j'abdique  ! 

O  sainte  Nitouche  ! 
Patronne  des  anges  naïfs. 
Ils  ne  sont  pas  forgés  les  ifs 
Où  je  te  brûlerai  des  cierges  !... 

Les  voilà,  ces  divines  vierges, 
Ces  amours  aux  longs  cils  baissés. 
Etudiant  leurs  fiancés, 
Qui  sous  leurs  pas  se  précipitent, 
Adroitement  elles  évitent 
De  se  montrer  comme  elles  sont. 
Et  l'hymen  bâclé,  le  poisson 
Pris,  les  sirènes  nous  enferment 
Dans  leurs  chaos  roses,  et  ferment 
La  porte  à  toute  liberté. 
Printemps,  automne,  hiver,  été, 
Il  faut  les  traîner  dans  le  monde. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri:  N' 69,  Les  l'runcs,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  Le 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  asillit  «le  l'aire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la.  Demoiselle  chauve:  »uo  téléphonique;  Uallade  «les 
Acccnlg  circonflexes,  de  Mac-Nab. —  X"  7;J,  Bnlluenz»'*  par  sa  Belle-Mère,, de  Marie-Louise  Néron.  — 
X"~J,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N"  lô,  Uo'uimcnt  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux. 


—  \    vi.  i.e  Bpleea(  de  Charles]LvnoY.   —  N*  9 >,  Lettre 
d'un  HoMIe   Hn-tnn  .  —  N    91,  l  »»  «':»«  prrs<iiiiii,    i     Ci  TaàaLA.;    l»««I  Verlaine. 

—    \        ..    t  oui  m  nil   on    RC  ilefuit    il'un    laduiic   eiicoiiihrit  n  t ,   dfl   Etaoul  HiiEll.    —   N"   93,   l.i'tt 

l'àtt-s  ëc  ».inle,  de  Jacq     -  N     «and  ;  •••»  vieillesse  <!<■  t '•r«©Ule,   '     rhéophile  Gautiba. 


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Tyrans  aux  veux  Mous,  leur  faconde 
S  affirme  au  grand  jour.  Elles  ont 

IVs  principes,  «.les  plans,  et  font 
Qiuisi  métier  de  philosophes, 
Et,  froufroutant  dans  les  étoiles 

î,  ces  d  ius  forcenés 
\      is  mènent  p.ir  le  bout  du  ne/. 
Telle  est.  je  le  dis  sans  scrupule, 
iline  pour  Théodule. 

.1  vec  un  gros  soupir' 

Théodule?  C'esÇmoi,  parbleu! 

-  aline,  au  regard  de  feu, 
Une  femme,  t  ne  J'ordonne,  un  Maître, 
Qui  sait  fort  bien  m 'envoyer  paître; 
Gracieusement,  poliment,  soit. 
Mais  me  mène  à  l'œil  comme  au  doigt, 
A\  ec  son  petit  air  novice. 
Oh  !  la  femme  '.  '.. 

Il  éternue  . 

Dieu  vous  bénisse. 

Après  ////  petit  temps  . 

Ah  !  n'épousez  jamais,  messieurs, 
Une  femme  ayant  le  nez  creux  ! 

P.  COTTARD 


Fables  à  toute  vapeur 

L'APÉRITIF 

L'appétit  pour  un  goinfre  est  le  meilleur  des  biens. 
Sur  ses  capacités  un  goinfre  ayant  des  craintes, 
Pour  s'ouvrir  l'appétit  but  au  moins  vingt  absinthes. 

moralité  : 
Qui  veut  la  faim  veut  les  moyens. 


PRÉCAUTION    UTTLE 

La  vertu  de  Madame  est  une  sûreté 

Pour  le  mari  qui  part.  Sur  la  blonde  ou  la  brune 

Un  bijou  qu'à  Cluny  l'on  voit  est  adapté. 

morali: 
Deux  sûretés  valent  mieux  qu'une. 

PRIME    DU   "  CRI-CRI  " 

Les  Glaneuses,  de  Millet,  sptendîdfl  reproduction  artistique  en  dix 

coul*-  /       '■'  -  —  1  '    -  mandat-posta  de  fr.  2.50 

!  •  •  J.   rue  'J  iiier-5,  au   Havre. 

••«.lin.*  *\ut ionuoi,  de  Léon  BERTHAUT. —  '-i  fr., 
.  rue  dn  Ci  ■  •  •      •  ParU. 

Le  Garant  :   René  Godproy.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,   nie  Thiera.  Le  Havre. 


linibrea-poste  adr a  M.  René  Qodfrot,  c>2,  rue  Thiera, 

au  ft  _■-  M.  Henri  IJ.FI.IjVKK  : 

I.'%n<lai«e,  monologue,  illm  bert  Lambert,  de  l'Odeon,  dit  ;  -  Berr,  de  la  Comédie- 

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Tiwœ  tes  Samedis 


^X*         DIX  Centimes 


CHARLES   FROMENTIN 


ADULTÈRE!... 


HENRI  BRIÈRE.  —  La  Puce  et  la  Locomotive 
FERDINAND  DUCHÊNE.   —  Saturnale 


PARIS 
Librairie  J.   STRAUSS,   5.    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  !         COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

4.1,    Hue   de   Seine,    -41  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Et  che{  tous  les   Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    103 


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domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  direc- 
teur, 62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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CHAR1  ES    FROMENTIN 


ADULTÈRK 


Vous  connaissez  certainement  Aristide  C...,  mon  ami  C..., 
l'auteur  dramatique.  Je  ne  donne  pas  son  nom  en  entier, 
pour  ne  pas  lui  faire  de  tort  au  théâtre, 

Aristide  et  moi  sommes  très  lies,  étanl  à  peu  prés  du  même 
âge;  —  nous  n'avons  que  huit  ans  de  différence.  De  plus,  nous 
sommes  camarades  de  classe,  ayant  l'ait  nus  études  dans  le  même 
collège.  —  11  en  était  même   serti  avant  que  je  n'y  sois  entré. 

Il  vient  J'en  arriver  une  bien  bonne  à  ce  cher  (  ourréjon  !  — 
'    Allons   b«m!  j'ai  dit  son  nom  !  mais  ça  ne  fait  rien.    Courréjon, 
en  qualité  d'auteur  dramatique,  a  écrit  beaucoup  de  vaudevilles 
qu'il  n'a  jamais  fait  jouer.  —  11  a  peur  du  publie  '.  —  Vous  com- 
prenez :  un  original  ! 

est  du  moins  Oscar  Camarquois,  un  de  nos  amis  communs, 
un  Méridional  et  de  Marseille  encore,  mon  bon  !  —  qui  vient 
de  me  la  conter  sous  le  sceau  du  plus  grand  secret. 

Je  vais  donc  vous  faire  ce  récit,  —  entre  nous. 

Au  fait,  tant  pis!  Ça  apprendra  à  Courréjon  à  narrer  ses  mésa- 
ventures conjugales  à  Camarquois,  bavard  comme  une  pie  et 
célibataire  endurci,  au  lieu  de  me  les  confier  à  moi,  célibataire, 
idem,  mais  qui  n'ai  nullement  envie  de  m 'endurcir  dans  mon 
célibat,  et  qui,  de  plus,  suis  la  discrétion  en  personne. 

J'aurais  bien  laisse  la  parole  a  Camarquois  qui  vous  aurait  dit 
la  chose  avec  un  inimitable  asserit.  Mais  allez  donc  débrouiller 
la  vérité  historique  au  milieu  de  l'amoncellement  des  troun  de 
l'air,  des  bêcaïre,  des  téva't,  et  autres  exclamations  du  dialecte 
méridional  ! 

A  défaut  d'accent,  je  conte  d'ailleurs,  avec  infiniment  plus  de 
charme  que  lui. 

donc,   apprenez   que   Courréjon    est    marié    à   une    pel 
femme   charmante  et  point    trop    coquette,    dont  il  a  un  enfant 
de  quatre  ans.  le  petit  Victor,    Totor,  comme  on  l'appelle  fami- 
lièrement. 

Se  rendant,  il  v  a  quelques  jours,  à  son  Ministère,  situé  place 
Beauveau,  je  ne  donne  pas  le  nom  du  Ministère,  vous  pourriez 
y  rencontrer  mon  ami,  —  et  passant,  au  retour  d'une  course, 
sous  les  fenêtres  de  son  appartement  qui  se  trouve  à  l'entresol, 
Aristide  aperçut,  par  l'entrebâillement  des  rideaux,  sa  femme, 
debout   devant  une  glace,  et.  gentiment  avec  des  gestes  mutins, 

-  ivant...  un  casque  de  cuirassier! 

A  cette  \ue.  le  sang  de  Courréjon  ne  fait  qu'un  tour  dans  ses 
artères. 

Il  eut  une  envie  folle  de  se  précipiter  dans  l'escalier  et  de 
tomber  comme  une  bombe  chez  lui  entre  l'épouse  coupable  et... 
le  cuirassier,  car  il  s'était  dit  judicieusement:  pas  de  casque 
sans  militaire. 

Mais,  la  réflexion  venant,  Courréjon  recouvra  vite  son  sang- 
froid,  l'n  cuirassier  pensa-t-il  dans  son  for  intérieur,  ça  doit 
avoir  cinq  pieds  six  pouces,  et  un  sabre... 

Les  misérables!  il  les  tuerait  !...  plus  tard.  Sa  vengeance  dif- 
férée n'en  serait   que  plus  éclatante...  Et  puis,  il  n'avait  que  dix 


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!7,  i  é  Sonnet,  de  Louis  Bogky;  i.îi-itas,  d'Albert  Tin- 
i<    •»!  t.  ii »-  li  i  «•  <  Icare   de  Héhé,  de  Gei  Hlnçol»,  de 

—  Mil-util       %\mi    i*MI.  -     \    31,  le»  Templier»,  d  ''A  lais.  —  N1 

n  l.i  deralère  tniif.  Plaidoyer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  Docquois. 

—    N  «    .    iii'i  s'    nrrito    «-n    (rnnmaj  I  d'HARRANS.  —   N*  35,   Won   Suicide,  !'   • 


Monologues  et  Poésies  parus  dans  I.i:.. Cri-Cri  :  N°  50,  Plaidoyer  .«nticenj 
—  N°  51.  l.e  Jouet   Allemand,  d'Henri    Piquet.  —  N°  52,  On    Dansera,  de  Ja 


%iiticc>iijiig-jil,  de  Carolus  d'il  u;rans. 
acques  Normand.  —  X"  53,  i.e 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  l.e  i  nimbonnc,  de  Charles  Leroy.  —  N°  55,  Les  Pfenois,  de 
Melandri.  —  N"  5f>,  victime  d'un  lupin,  d'Eugèue  Chavettb.  —  N°  57,  Ounc  Jfaolle  Histoare,  de  Charles 
Leroy  :  l^e  Vieux  Soulier,  de  François  Coppée.  —  Ns  58,  Sur  le  Pont,  de  Félix  Galipaux. 


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minutes  pour  se  rendre  à  son  bureau...  il  était  en  retard...  Et 
quittant  des  yeux  sa  femme  qui  continuait  devant  la  glace  son 
manège  exaspérant,  il  prit  sa  course  dans  la  direction  de  la  place 
Beauveau.  —  Vn  original,   vous  ai-je  dit! 

Rentré  chez  lui,  le  soir,  Aristide  fouilla  minutieusement  les 
tiroirs  pour  y  découvrir  un  indice  accusateur  quelconque:  let- 
tre, photographie,  bouton  de  col  ou  de  manchette,  etc.  Peine 
perdue. 

Au  diner,  il  put  à  peinemanger.  Eugénie,  elle,  —  c'est  le  pré- 
nom de  la  douce  moitié  d'Aristide,  —  avait  conservé  le  calme 
et  la  sérénité  de  l'innocence,  l'hypocrite!  Elle  s'enquit  avec  une 
sollicitude  vraie  ou  feinte  de  ce  qui  avait  pu  troubler  son  mari. 
Il  répondit  évasiment. 

La  nuit,  ce  pauvre  Courréjon  eut  des  cauchemars,  un  long  sa- 
bre, surmonté  d'un  casque,  dansait,  dans  son  imagination  malade 
une  sarabande  effrénée.  Puis,  il  voyait  les  formes  vagues,  indé- 
cises, mais  terrifiantes  d'un  cuirassier,  porteur  d'une  moustache 
aux  croesénormes  et  ayant  au  coté  un  sabre  gigantesque.  Brrr  ! 

Cela  dura  huit  jours.  Aristide  eut  beau  observer  sa  femme, 
épier  ses  démarches,  il  ne  découvrit  rien.  11  surveilla  les  lettres 
adressées  personnellement  à  Eugénie  ;  toutes  étaient  d'une  écri- 
ture connue  de  lui  ;  pas  une  ne  portait  le  timbre  d'un  bureau  de 
poste  à  proximité  d'une  caserne;  on  étaitau  moment  des  manœu- 
vres d'automne.  Il  parla  avec  affectation  de  l'exactitude  des  opé- 
rations, de  la  précision  des  mouvements,  des  charges  brillantes 
de  la  cavalerie...  Pas  la  plus  petite  rougeur  ne  montait  aux  joues 
de  l'impassible  Eugénie,  c'était  désespérant! 

Cent  fois,  il  fut  sur  le  point  d'interroger  ouvertement,  de  pres- 
ser, d'éclater 

—  Il  n'osait  pas,  il  avait  peur,  l'animal  !  observa  Camarquois 
qui  me  narrait  l'aventure,  et  qui,  renversé  dans  un  fauteuil, 
était  secoué  par  un  rire  inextinguible  et  se  frottait  les  côtes. 

Un  matin  que  Courréjon,  ayant  passé  une  plus  mauvaise  nuit 
que  de  coutume,  finissait  de  s'habiller  et  se  disposait  à  se  ren- 
dre à  son  bureau,  Eugénie,  entrant  dans  la  chambre,  lui  dit  : 

—  Tu  sais,  mon  ami,  c'est  aujourd'hui  l'anniversaire  de  la 
naissance  de  Totor.  Je  lui  ai  acheté  quelque  chose  à  moi  seule. 
Tu  verras  comme  il  est  gentil  !  Tu  ne  m'en  veux  pas,  j'espère? 
j'ai  tenu  à  t'en  réserver  la  surprise. 

Au  même  instant,  des  pas  se  firent  entendre  dans  la  pièce  con- 
tiguë,  accompagnés  d'un  bruit  de  fer  assez  semblable  au  clique- 
tis d'un  sabre  traînant  sur  le  parquet. 

Plus  de  doute,  le  cuirassier  !  —  A  cette  heure  matinale  !  pen- 
sa Aristide,   —  me  braver  ainsi  en  face  ! 

Courréjon  pâlit  —  de  colère,  pensez  vous  ;  —  non,  de  peur.  — 
un  original!  —  Il  jeta  un  coup  d'œil  rapide  et  anxieux  sur  la  fe- 
nêtre grande  ouverte,  comme  pour  mesurer  la  distance  qui  le 
séparait  du  pavé. 

Soudain,  la  porte  s'ouvrit  et  le  cuirassier  parut.  Ce  n'était  pas 
le  cavalier  de  cinq  pieds  six  pouces  imaginé  par  Aristide.  La 
réalité  le  réduisait  à  des  proportions  plus  ordinaires;  nullement 
troublé  à  la  vue  du  mari  trompé,  il  retroussait,  d'un  coup  de 
pouce  vainqueur^  les  crocs  d'une  moustache...  absente. 

Le  cuirassier?  —  c'était  Totor. 

Tableau. 

Camarquois  s'était  tu,  —  c'était  beau  ! 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  l.e 
Boiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  Uuo  téléphonique;  Ballade  des 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  — N"  73,  Inllucnzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  NÉRON.  — 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux. 


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J'attendais  l.i  morale. 

Voyanl  qu'elle  ne  venait  pas,  j'interrogeai  : 

—  Aristide  a  fait  à  sa  femme  l'histoire  de  ses  soupçons  injus- 
tifiés 

—  Pas  si  bête,  troun'  del'air  !  exclama  le   Marseillais. 
Moi,  j'ajoutai,  en  à  parte: 

—  Un  original  fieffé,  quoi  ! 


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HENRI    BRU  RE 


LA  PUCE   ET  LA   LOCOMOTIVE 


"   Une  puce  était  sur  un  mil  ; 

Accourt  une  loc< >motive.  " 

«   Hors  du  chemin,  bête  chétive  * 

Hurle  le  noir épouvantail. 

Alors,  riant  comme  une  folle, 

La  p  <■!.   —   lestement 

Sous  le  rail  passe,    et  puis  gaiement 

"  —  Eh  va  donc  !  grosse  casserole  !  >/ 

La  morale  de  ce  récit 

C'est  qu'il  est  bon  d'être  petit. 


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FERDINAND  DUCHENE 


SATURNALE 


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Petit  page  du  mardi  gras 

Que  je  promenais  à  mon  bras, 

Plus  digne  que  monsieur  le  maire, 

J'ai  retrouvé  le  lendemain 

Un  gant  trop  petit  pour  ma  main 

Enlacé  d'une  jarretière. 

Et  c'est,  je  crois,  dans  mon  réduit 
Que  vous  arrachiez  une  nuit 
Les  crochets  de  votre  costume 
Et  je  vous  ai  vu,  ce  soir-là. 
Dans  la  toilette  de  gala 
Où  la  mère  Eve  prit  un  rhume, 

Le  père  Adam  s'en  fit  damner. 

Mais  l'homme  sait  trop  pardonner 

Pour  que  la  femme  ait  rien  à  craindre... 

Mais  si  j'allais  être  jaloux, 

Petit  page,  que  diriez-vous  ? 

Sauriez  vous  m'aimer  ou  me  plaindre? 

Qu'importe  ?  Laissons  tout  cela. 

Si  l'amour  a  passé  par  la. 

C'est  un  Monsieur  qui  sait  se  taire; 

ns  pas  de  i 'agacer. 
Mais....  quand  voudrez  vous  me  laisser 
Rattacher  votre  jarretière. 


y.  —  Imprimerie  GODFROY,  82,   me  Thiers,  Le  Havre. 


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;     : :  LEFEBVRE : 

1/  %  n  ■_-  i:ii<»e,  monologue,  illustré  j>iir  Albert  Lambert,  de  l'Odeon,  dit  pai  Berr,  de  la 

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11,.,  i.in.  -   biblique.  i  3©  centimes. 


Tous  (es  Samedis 


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RAOUL  OGER 


LA  NOCE  A  POPINARD 


JEAN  D'INGOUVILLE  :  Blessure. 


PARIS 

Librairie   J.   STRAUSS,   5.    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

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Et  che%  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

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AVIS    IMPORTANT 
Dan?  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  île  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  adressés  a  M.  René  Gôdfroy, dïrec* 
teur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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RAOU    OGER 


LA  NOCE  A  l'Ol'IXAM) 


.  I  //  brigadier  M irvillr 

Y  a  des  gensses  qui  sont  confiants,  el  y  a  des  gensses  qui  sonl 

pas  confiants!...  Moi!    j  "  suis  dans  Les  ceusses  qui  le  sont  1...  j' 

-  tout  c'qu'on  me  raconte!...  Quéque  fois^  c'est  des  blagues... 

mais  ça  m"  fait  rien  !...  j' me  fâche  jamais!...  j'ai  un  d'eescarac- 

comme  on  n'en  trouve  pus  maintenant!... 

Tnez  !  coûtez  bien  mon  raisonnement...  j' suppose  qu'uu  co-, 
pain,  v  m' raconte  quéque  chose...  Eh  !  ben,  dans  le  fin  fond  d1 
moi-même,  j'me  dis:  «  C'est  p'tèl  ben  une  blague...  mais  c'est 
p*  têt  ben  vrai  !  Et  alors  j1  coupe  dans  Y  pont  !  El  puis,  quand  les 
autres,  y  s' gondolent,  j' leurs  y  dis  pas...  c'que  vous  pourriez 
leurs  v  dire  !...  j'  leurs-Y  dis  :  «  Paye/  donc  une  çhopine  pour  la 
peine  !...  Et  y  paient  une  chopine...  Ça  m'  fait  quéque  fois  dans 
les  trente  à  quarante  chopines  à  la  fin  d'ia  journée  —  j'eomp- 
te  pas  les  intermèdes. 

Atissi  tous  les  matins  j'  me  répète  avec  sagesse  —  «  mon  vieux 
Timoléon  —  sois  toujours  confiant  !  parce  que  vois-tu...  la  con- 
fiance... y  a  qu'  ça  !... 

Ainsi,  t'nez,  pisque  j'suis  là,  j'vas  vous  dégoiser  ma  dernière 
aventure... 

Avant-hier  au  soir,  v'ià  mon  copain  Cornulet  qui  frappe  à  la 
porte  cochère  de  mon  appartement...  aux  carrières  d'Amérique. 

—  Eh!  Timoléon  —  ? 
.1'  lui  demande  alors. 

—  Quéque  tu  Yeux  Cornulet? 

—  Descends  un  peu  s'pèce  de  proprio... 
J'  descends. 

—  J'viens  d' la  part  de  Popinard,  t'inviter  à  sa  noce  qu'a  lieu 
demain  !... 

—  Bah  !  Popi... 

—  Oui.  ma  vieille!  Popinard  y  s' marie!...  c'est  son  affaire, 
pas  Yrai  ?  Ça  n'nous  z'arregarde  pas!...  seulement  y  nous  imite, 
et  comme  c'est  un  bon  zigue.  on  peut  pas  y  faire  l'injure  de  r'fu- 
ser!  Aussi  demain  à  onze  heures  trouve-toi  au  restaurant  de 
La   Guenon  sans  queue,  nous  t'y  rejoindrons!... 

—  La  d'sus  v'ià   mon  Cornulet  qui  s' tire  des  ripatons!... 

L'  lend'main  à  cinq  heures  j'étais  d'bout  !  —  «  Sacré  Popinard 
—  que  j'me  disais  —  y  s' marie  comme  ça  sans  crier  gare  !  C'est 
égal!  c'est  tout  d'  même  rupin  d' sa  part  d'avoir  lieuse  à  moi  ! 
i  mon  vieux,  c'que  j'  vais  boire  à  ta  santé  !... 

Après  avoir  cherché  des  chaussettes  sans  en  trouver,  j'  passe 
mes  escarpins  les  pins  sérieux,  mon  grimpant  V  plus  inodore, 
mon  habit  le  moins  taché  —  j'enfile  les  gants  de  fil  de  ma  belle 


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Louis   Booeî  ;    Là-Bai,  d'Alberl  Tin- 


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CHANT  l<     llniu-lu.ir.     :•     (         'II:1..    N     2$      I  «•    «i«iirc    de   IH'-llÔ,   (le  Ge<  II'.;    Kinçoi*.   <lc 

-  i  ni-4  ni  «  •  ifBIL  i**o.  —  N«  81,  i.ea  Templlera,  cf  Alphonse  Allais.  --  N«  38, 

VA  la  dernière  mui,  -  Plaid* jer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  l> 

<  .i  m'<-hi    urriw   on    tramway,  de  Carolus  d'HARRAMS.  —   Y  35,  Mon  Suicide,  de  ô*u  D-'cyuois. 


—  V  51,  Le  Jouet    Allemand,  d'Henri    Piquet.  —  N°  .V2.  On    Danscrn,  de  Jacques  Normand.  —  V  53.  i.e 

B.'....     nlnn       r\a      To/»mio?       Hnr>ui«i>  Vu     ".I         ■    ..      >■  _ ,. 1,        nv._l  i  ?       »•/>     -r         .     _  .  i 


—  .\     ji,   m.v  «uui-i     niirniuiiii,  uuenri    rigutr.  —  n-  o»,   vu    uanNurn,   de   Jacques   CNOR 
Vou  nire,  de  Jacques   Normand.  —  N°  54,  Le    i  ronibonne,    de    Charles    Leroy.  —  X"  55, 
Mëlandri.  —  N°  56,  Victime  «l'un  Lupin,  d'Eugèue  Chavettb.  —  N°  57,  Oune  «faolie   Hic 
Leroy  ;  l>e  Vieux  Soulier,  de  François  Coppée. —  N8  58,  Sur  le  Pont,  de  Félix  GalipaUX 


Les    Pierrots,  de 
stoare,   de  Charles 


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mère,  j' descends  dans  la  rue,  et  j' pèche  un  chapeau  presque  neuf 
dans  la  hotte  d'un  chiffonnier  qui  passait. 

Puis,  pour  pas  être  en  retard,  j'  me  dirige  en  chantonnant, 
vers  La  Guenon  sans  \ueue —  un  espèce  ed'  zinc  champêtre  à 
trois  lieues  de  Paris. 

—  «  Wavez  pas  vu  passer  la  noce  àPopinard  ?  —  que  j'de- 
mandais  à  tout  le  monde  sur  ma  route... 

—  Popinard  !  —  qui  s'est  marié  c'  matin  sans  crier  gare  !... 
J't'en  fiche!  ces  indigènes  là  connaissaient  seulement  pas  Po- 
pinard ! 

Enfin,  su'  V  coup  d'dix  heures  j'entre  à  La  Guenon  sans  queue! 
Y  avait  encore  personne. 

—  Z'avez  pas  vu  m'sieu  Popinard....  d'ia  rue  Popincourt  ?  — 

—  Non!  qui  m' dit  1' patron  —  un  nommé  Tisonneau,  si  j'ai 
bonne  mémoire  —  mais  y'n'va  probablement  pas  tarder,  — 
prenez  donc  quéque  chose  en  attendant  ?... 

—  C'est  Popinard  qui  paiera  —  que  j' pense —  et  j' commande 
un  «  asticot  d'  cercueil  !  —  »  Via  Y  patron  qui  croyait  que  j'  me 
payais  sa  poire! 

Enfin  j'y  fais  comprendre  qu'  j'avais  voulu  dire  «  un  verre  de 
bière»...  Là  d'sus  le  v'ia  qui  s'tord,  qui  m' tape  su  l'ventre,  et 
qui  trinque  avec  moi  !  Maisnous  avions  fini  d'trinquer,  et  la  no- 
ce à  Popinard  n'arrivait  pas  —  et  nous  r'commençions  les  tour- 
nées—  toujours  à  son  compte. 

Enfin  j'dis  au  patron  —  «  Ben!  voyons  !  v'zètes  là  qu'  vous 
vous  épatez  pas..  1'  dîner  va  prendre  au  fond  ! 

—  Quel  dîner? 

—  Ben  !  Y  dîner  d'ia  noce  à  Popinard,  c' vieux  frère  qui  s"a 
marié  c'  matin  sans  crier  gare  ! 

—  Sacré  blagueur  —  qui  dit  — j'attends  pas  d' noce  aujour- 
d'hui !... 

—  Hein  !  V'  zattendez  pas  Popinard  ? 

—  Ben  sur  que  non  —  qu'il  fait  dans  sa  candeur  naïve  — 
qu'  j'attends  pas  vof  Popinard  ! 

—  Sacré  nom  d'une  chopine  !  que  j'  m'écrie,  y  s'a  fichu  d'moi, 
alors!...  Ben!  elle  est  bonne,  celle-là!  Ah!  sacré  rossard  de 
Popinard,  va  !...  Ça  m'étonnait  aussi  qui  s'soit  marié  sans  crier 
gare  !  Eh  ben,  mon  vieux  patron,  j'me  trotte  ! 

—  De  quoi  ?  de  quoi  ?...  et  la  dépense  ?... 

—  Pisque  j'vous  dis  qu'  c'est  Popinard  qui  paie! 

—  J'ie  connais  pas,  c'  Popinard  là  !  qui  m'  répond  furieux. 

—  V  zètes  pas  dans  les  gensses  qui  sont  confiants,  à  c'qui 
parait  !..  C'est  pas  comme  moi  !  j'suis  dans  les  ceusses  qui  Psont  ! 
Enfin,  ça  n'me  r'garde  pas!...  Mais  j'ai  pas  un  malheureux  rond 
dans  ma  caisse  ! 

—  J'vas  vous  faire  coffrer,  alors  ! 

Là-dessus  il  envoie  chercher  les  gendarmes  qui  z'arrivent. 

—  «  Mon  brigadier,  que  j'ieurs  y  dis,  je  r'fuse  pas  d'payer  ! 
seulement,  c'est  Popinard  qu'est  l'caissier  ;  m'nez-moi  chez  Po- 
pinard, y  paiera  tout  de  suite!  pa'c'qui  s'a  fichu  d'moi  !... 

—  «  Eh  !  ben,  —  qu'il  interrompt  —  s'il  s'a  fichu  d'vous,  y 
nous  paiera  ben  une  chopine  aussi  !  » 

Et  vlà  qu' nous  trinquons  comme  une  paire  d'amis  et  qu'il 
envoie  chercher  une  carriole  pour  aller  chez  Popinard...  C'que 
j'me  gondolais  dans  c'f équipage  !...  Quand  Popinard  m'a  vu,  y 
s'a  mis  à  rigoler  !  Seulement  y  riait  jaune,  pa'c'qu'il  y  avait  pour 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  Le 
Baiser  Marseillais,  de  Jeau  Bernard.  —  N°  71,  Billet  «le  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  Ballade  des 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  nationaux,  de  Léon-L.  Berïhaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux. 


!  i   Cri-Cri  :  —  V  B9,  f.e  Spleesj|  de  CharlesJLEROY.   —  \°  90,  Lettre 
d'un  Mobile  iirotou  .  —   \    91,  i n  Cas  pressant,  de  C.  Trebla;    i»aul  Verlaine,  de 

t  oiuiiii'iic  <ui  no  «le  fuit  «l'un   <'ailii>i'«>  oneombrsut,  de  Raoul  Ooer.   —  N"  93,  i.es 
i»àif««  de  «able,  de  Jacques  N    iman    ;  ■<■  vieillesse  «le  t'orneiiu».  de  Théophile  GaOtier, 


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dix-neuf  francs  quatre-vingt-quinze  de  consommations  à  payer! 
Y  fs.iit  même  une  sale  tète;  mais  comme  le  brigadier  en  fsait 


Oh  :  nous  nous  som- 
langoureusement  c'te 


une  aussi,  il  s'est  exécuté  tout  d'même... 
mes  quittés  bons  amis!    J'y    ai    inoculé 
e  dans  l'oreille  : 

i  n  autre  aurait  pu  s'en  fâcher  ; 
Moi,  j'puis  ben  te  ['confesser, 
Ça  m'a  l'ait...  ça  m'a  fait... 
m'a  Tait  rigoler  ! 

El  v  m'a  promis  qu'  la  prochaine  fois  qui  s'marieniit,  y  m'invi- 
terait... Miner  de  noce,  mes  amis!  mince  de  noce  ! 


JEAN  D'INGOUVILLE 


CHANTS  D'AVRIL 


BLESSURE 


Dans  le  sentier  couvert  nous  marchions  tous  les  deux, 

Elle  calme  et  rêvant,  doucement  entraînée 

Par  mon  bras  qui  tremblait,  moi  la  tête  inclinée 

Sur  les  Ilots  éclatants  de  l*or  de  ses  cheveux. 

Mes  baisers  indiscrets,  sur  sa  joue  et  son  cou, 
Se  succédaient  pressés,  troublant  seuls  en  cadence 
Du  bois  calme  et  désert  le  bienveillant  silence. 
Une  senteur  d'amour  venait  on  ne  sait  d'où. 

Tout  son  corps  frissonnait.  La  voix  mal  assurée 
Et  m  "arrêtant  soudain  :  Mon  Alice  adorée 
M'aimes-tu  ?  dis-le  moi,  lutin  capricieux. 

Une  blanche  lueur  jaillit  de  sa  prunelle, 

Comme  lasse  et  distraite  elle  leva  ses  yeux 

Et  de  sa  voix  d'enfant  :  Je  n'aime  rien,  dit-elle. 


lil  du  volume  Chants  d'Avril,  que  nuire  collaborateur  Jean  d'Inow* 
ville  vient  <)>•  faire  paraître. 

•  d'Avril  est  expédié  contre  fr.  2  »»  en  timbres  ou  mandat-poste  à 
t'adresse  d<  11.  J.  Strauss,  libraire,  5,  rue  du  Croissant,  è  Paris,  ou  de  M.  René 
ur  du  Cri-Cri,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


En  vente  dan*  les  bureaux  du  (  ri-Cri,  62,  vvfi  Thiers,  au  Havre. 
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Pour  nos  frères  de  là-bas,  aux  incendiés  d>    l:l  (ruadeloiyge  et  de 
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Le  Oérant  .  BbmM  Godfrov.  —  Imprimerie  OODFROY,  <V2,  ras  Thiers,  Le  Havre. 


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juvrapes  suivants  de  M.  Bbhbj  LEPEBVRE  : 

I/%nglai»e,  monologue,  illustré  par  Albert  Lambert,  <l<-  l'Odéon,  'lit  par  Georges  Berr,  de  la  Comédie-FraO- 
ller^em,         ie  biblique,  cr<-ee  par  M**  Af.'.ir,  <\>-  la  Coi  :  30  centimes. 


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ACHILLE   MELANDRI 


LES  SOULIERS  VIDES 


Monologue  en  Vers 


<ft£iie  c11eichenberg,  de  la  c€>omédie-cFrançaise. 


PARIS 

Librairie   J.    STRAUSS,    5.    Rue    du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  (        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    4L  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Et  che{  tous  les   Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°   105  m 


AVIS    IMPORTANT 

Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  e1  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  k 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  adressés  à  M.  René  Godfroy,  direc- 
teur, 62,  rue  Thîers,  au  Haykk. 

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LES  SOULIERS  V1DKS 


Monologue  dit  par  Mlle  REICHëNBERG.  de  h  Comédie-Française. 


(  )r,  c'était  la  Noël  dont  le  jour  se  Levait, 

Et  l'Aurore  sachant  qu'il  faisait  froid,  avait 

Par  crainte  des  frimas,  pour  se  moquer  des  brises. 

Caché  ses  doigts  rosés  sous  des  mitaines  grises. 

Dans  la  chambrette,  claire  aux  reflets  du  matin, 

Près  d'une  cheminée  où  la  huche  s'éteint, 

Soigneusement  places  à  côté  l'un  de  l'autre. 

Sur  le  dos  très  velu  d'un  tapis  qui  se  vautre, 

Attendent  deux  souliers  ornés  de  nœuds  vermeils. 

Cendrillon  à  sept  ans  en  avait  de  pareils, 

Car  ils  sont  si  petits  que  c'est  invraisemblable  ! 

Sans  bruit,  la  veille,  à  l'heure  où  le  mart  hand  de  sable, 

Avec  l'ombre  du  soir  approchant  à  pas  lents 

Fait  clignoter  les  yeux  des  bébés  somnolents, 

Avant  de  se  coucher,  Suzanne,  demi-nue 

Lesmit-là,  de  Noël  espérant  la  venue... 

Puis,  elle  s'endormit  sous  ses  légers  rideaux 

Pour  y  rêver  bonbons,  colifichets,  cadeaux!... 

L'alcove  parfumée  où  la  belle  repo 

De  songes  voltigeants  contient  un  essaim  rose. 

Tout  à  coup,  la  pendule  au  tic-tac  chuchoteur 

S'éveille  la  première,  et  frappe  avec  lenteur 

Sept  fois  de  son  marteau  sur  le  timbre  sonore. 

L'enfant  r 'ouvre  à  ce  bruit  des  cils  bien    lourds  encore 

Et  compte  sur  ses  doigts  le  nombre  de  ses  ans, 

—  Car  depuis  quelques  jours.  Suzanne  a  sept  printemps! 

Du  lit  sur  le  parquet  la  dormeuse  se  glisse, 

Puis  sans  s'embarrasser  de  la  moindre  pelis 

Vite,  vers  le  tapis,  presse  son  pas  menu. 


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«  ic  i-4  ni  i      witn.  i*»>o.  —  N«  31,  l.cn  Templier*,  cTAIphonse  Allais.  —  N«  32, 
it  la  di  inlirc  n<  uf.  —    N    33,  Plaidoyer  pour  an  Auvergnat,  de  Geo 

—  \  <  :i   m-VM    arrivé   < m   tramway,  de  Carolua  «I'Haur/.  lion  Muicltle,  de  G*"  ■ 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Li:..Cri-Cui  :  X°  50,  Plaidoyer    tnticcnju^al,  de  Carolus  (J'Harrans 
—  N°  51,  i-e  Jouet   Allemand,  d'Henri    Piquet.  —  \°  5î,  On   Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  V  53    l.e 
Fan  Rire,  de  Jacques   Normand.  —  V  54,  Le  Troniboaae,    de    ('Unies    Leroy.  —  X°  55,  Les    PFerrots    de 
Hélandri.  —  N»  50,  victime  duii  l.upin,  d'Eugèue  Chavettb.  —  N«  ".T.  Onne  Jaolle  Hisioarc    de  Charlea 
Leroy  ;  l.e  Vieux  Soulier,  de  François  Coppée.  —  N8  58,  «ur  le  Punt,  de  Félix  Galipaox. 


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*v.A2 


—  «  Ah!  comme  c'est  gentil,  Noël,  d'être  venu 

«  Par  ce  grand  froid,  pendant  qu'au  lit  on  se  dorlotte 
«  Verser  dans  mes  souliers  les  trésors  de  ta  hotte!  » 

La  mignonne  en  riant  écarquille  les  yeux, 

Et,  par  un  mouvement  des  plus  audacieux, 

Dépassant  tout  à  fait  la  licence  permise, 

A  deux  mains,  elle  tend  d'avance  sa  chemise, 

Pour  recevoir  les  dons  du  passant  de  minuit. 

Frêle  château  de  carte  !  Un  souffle  t'a  détruit  ! 

L'enfant  avec  stupeur  ferme  ses  mains  avides. 

Quelle  déception  !  Les  deux  souliers  sont  vides  ! 

Ils  bayent  au  plafond  dans  un  appel  muet. 

Ces  patins  si  jolis,  faits  pour  le  menuet 

Que  dansent  les  esprits,  la  nuit,  au  bal  des  fées. 

Alors,  croisant  les  bras,  Suzanne,  par  bouffées 
Laisse  ainsi  s'exhaler  son  terrible  courroux: 

—  «  Moi  qui  vous  appelais  avec  des  noms  si  doux, 

«  Moi  qui  craignais  pour  vous  le  froid  quand  minuit  sonne, 

«  Allez,  Monsieur  Noël,  je  sais  une  personne 

«  Qui  de  vos  coryzas  fort  bien  se  moquera. 

«  Vous  êtes  un  méchant,  un  monstre,  un  scélérat! 

«  Lorsqu'elle  reposait  confiante,  endormie, 

«  Vous  avez  oublié  votre  petite  amie 

«  Dont  la  voix  vous  priait  d'un  ton  toujours  câlin. 

«  Savez-vous  que  c'est  mal,  horrible  et  très  vilain  ?... 

.«  N'avoir  rien  apporté...  pas  un  sucre  de  pomme  ! 

«  Allez,  Monsieur  Noël,  puisqu'ainsi  l'on  vous  nomme, 

«  Je  vous  reprends  mon  cœur,  et  moi  qui  vous  aimais, 

«  Je  ne  veux  plus  penser  à  vous,  jamais,  jamais  !  » 

(Elle  pleure). 

—  «  ...  Pas  un  sac  de  bonbons,  pas  un  livre,  une  image  ! 
«  Eh  !  puisque  tu  le  veux,  faisons  mauvais  ménage. 

«  Tu  savais  bien,  pourtant,  que  ma  poupée  en  deuil 
«  A  perdu  son  chignon,  et  qu'il  lui  manque  un  œil. 
«  J'espérais  à  sa  place  un  beau  polichinelle...  » 

Mais  une  voix  d'en  haut  lui  dit  : 

—  «  Mademoiselle, 
«  Ne  frappez  pas  ainsi  du  pied,  car  c'est  fort  laid. 
«  Veuillez,  tranquillement  m'écouter,  s'il  vous  plaît. 
«  Avant  de  demander  que  l'on  vous  récompense, 
«  Avez-vous  regardé  dans  votre  conscience  ? 
«  Je  vois,  non  loin  d'ici  le  plus  parfait  tyran 
«  Qui  jamais  ait  régné  sur  un  cœur  de  maman. 


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Monologues  et   Poésies  partis    dans  Le  Cri-Cri  :  X°  09,  Les  Prunes,    d'Alphonse   Daudet.  N»  70,  I,e 

Bniser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  «le  faire  part,  de  Jacques  Normand';  Jeux   d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  X"  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve  ;   Duo  téléphonique  ;  Ballade  des 

Accents    circonflexes,    de  Mac-Xab.  —  X»  73,  Inllucnzé    par    sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise    Néron.    

N°  .4,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  —  Xu  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Gaupaux. 


h  :   —  N    B9,  Le  Spleoa,  de  CharlesILuROY.    —  X»  90,  Lettre 
d'un  Mobile    llrrlon.  de  Fra»n  .    —    \    91,  I»  «'a*  pressant,  de  C.  Tiu'.m.v;    Paul   Verlnlnt»,  de 

«oiuuK'iii  on  m  déffMI  «l'un  Cadavre  eacombrant,  de  Raoul  Oo-br.   —  X"  98,  1.1*8 
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«  11  apprend  ses  leçons  de  façon  pitoyable 

El  dans  la  «  Nursery  *  chaque  unir  t'ait  le  diable. 
*  lisait  taire  enrager  tout  te  monde  à  souhait 
bien  que  l'autre  soir  on  lui  donna  le  fouet 
«  Pour  avoir  de  colère  éborgné  sa  poupée. 

VOUS  le  nom   de  Cette  dissipée?  » 

Alors,  baissant  le  ne/  sou»  sa  blonde  toison, 

1.  enfant,  le  rouge  au  front,  répondit  :   «  c'est  Su/on!  // 

A  cet  aveu  la  voix  devint  une  caresse. 

—  «  Allez,  dit-elle,  allez,  petite  pécheresse 

:re  crime  est  bien  grand    Usera  pardonné. 
dépit  du  chagrin  que  vons  m'avez  donné  . 

r  vous  .?;•(•{  beaucoup  aimé...  les  confitures  !  // 

T<uit  se  tut. 

Et  Suzanne,  au  tapis  de  fourrures 
S'en  fut  tout  droit,  pour  mettre  en  ses  petits  souliers 
l'n  objet  merveilleux,  tel  que  cent  joailliers, 
Tel  qu'un  roi  n'en  pourrait  offrir  à  ceux  qu'il  aime  : 
La  blonde  enfant  les  prit  —  et  s'y  mit  elle-même! 
Puis,  les  ayant  lacés,  le  cœur  encor  bien  gros, 
Elle  lit  resonner  ses  pas  sur  les  carreaux, 
Courant  sans  plus  tarder  faire  amende  honorable. 
O  bonheur!  O  délire!  Est-ce  un  songe  admirable? 
Sur  le  lit  des  parents  s'étalent  des  joujoux 
A  rendre,  sans  mentir  plus  d'un  prince  jaloux  : 
Gâteaux,  bonbons  exquis,  sucre  de  pomme,  oranges!... 
Suzanne  jette  un  cri  :  C'est  le  banquet  des  anges  ! 
Maman  les  yeux  fermés  semble  dire  :  «  Voilà 
«  Tout  ce  qu'il  faut  pour  faire  un  goûter  de  gala.  » 

Avec  un  long  baiser  son  enfant  la  réveille, 

Et  d'un  ton  sérieux  lui  murmure  à  l'oreille  : 

—  "  Mère,  c'est  singulier,  mais  à  ce  que  je  crois, 

"  Noël  pour  me  gronder  avait  pris  votre  voix. 

«   Le  bon  Dieu  qui  nous  aime,  alors  qu'il  se  courrouce, 

c  Prend  la  voix  des  mamans  pour  qu'elle  soit  plus  douce  !  » 


En  »en(e  dans  les  bureaux  du  Cri^Cri,  62,  nie  Thiers,  au  Havre. 
Franco  contre  1">  centimes  en  timbres-po 

Pour  nos  frères  de  là-bas,  aux  incendiés  dt    la  Guadeloupe  et  dé 

Ut   Martinique,   de  .'khan   Sarrazin,   | te  de  Montmartre,   illustrations  de 

du  Cfutt-A 

Le  Oéraat  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


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Merjem,  sc^ne  biblique,  cr^f-e  y»a;  :  30  cent 

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Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


CAROLUS  D'HARRANS 


LES  SEIZE  ANS  DE  BÉBÉ 

Monologue  en  Vers 

DIT   PAR 

Mademoiselle  Su  {an  ne  DU J ERSE,  du   Théâtre  de  Cluny. 


François  Coppée.  —  OCTOBRE 
Marc  Anfossi.  —  TROIS  BAISERS 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5.    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Ce 

41,    Rue   de   Seine,   41  \  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  che{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

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AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  île  Prime,  Le  Ori-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  coin,  en  timbres-poste  adressera  M.  René  Godfro y, direc- 
teur, tf"-\  rue  Thiers,  au  H.wki:. 

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CAROl  US   D'HARRANS 


LES  SEIZE  AXS  DR  BEBE 


.1  Mademoiselle  BerthcJ... 

L'autre  jour  un  monsieur,  un  vieil  ami  de  père, 
Que  je  n'ai  vu  jamais,  avant,  à  la  maison... 

—  11  est  très  comme  il  faut.  Ce  doit  être  un  notaire  !... 
11  a  bien  quarante  ans  —  et  l'air,  ma  foi  !   très  bon. 
Papa  l'aime  beaucoup:  c'esl  un  ami  d'enfance 
Qui  —  si  j'ai  bien  compris — avait  subitement, 
Un  matin,  parait-il.  dû  partir  loin  de  France  — 
Longtemps  axant  que  père  éûl  épousé  maman... 
Papa  l'appelle  George...  11  a  îles  cheveux  gris  — 
grisonnants  plutôt  —  une  forte  moustache. 
Un  peu  moins  grise  —  oh!  bien  moins!...  Aux  (Etats-Unis 
11  est  demeure  vingt  ans  au  moins  —  qu'on   le  sache  !... 
J'aurais  voulu  que  vous  vissiez  combien  papa 
Etait  content  de  son  retour...  — 

Bref  !  monsieur  George, 
Dès  qu'il  me  vit,  se  mit  soudain  à  crier: 

«  Ah! 
La  belle  enfant  !  // 

N'allez  pas  croire  que  je  forge 
Un  conte?...  11  a  dit  ça  comme  je  vous  le  dis... 
Même  que,  je  crois  bien,  en  l'écoutant  le  dire, 
Je  me  pris  à  baisser  les  yeux  —  et  je  rougis... 
Et  que  père  partit  d'un  grand  éclat  de  rire 
Qui  plus  en  cor  me  lit  rougir. 

Mais  aussitôt, 
Monsieur  George  : 

"  Et  comment,  dit-il,  s'appelle-t-elle  ?.. 
J'imagine,  mon  cher.  —  ou  je  serais  un  sot,  — 
Que  seul  un  joli  nom  convient  à  cette  belle...  /• 

rit.encor  plus.  Moi  je  rougis  plus  fort. 
—  Et  pourtant    entre  nous  .  bien  que  toute  confuse, 
lis  hdn  de  penser  qu'il  eut  tout-à-fait  tort 

»n  compliment,  monsieur  George,  et  j'excuse 
papa  d'avoir  ri...   Ne  pensez-vous  pas 
Qu'il  ne  pouvait  pas  faire  autrement  que  de  rire, 
Tant  il  était  content,  mon  cher  petit  papa, 
Qu'on  me  trouvât  jolie  assez  pour  qu'on  m'admire?  — 

Bref!  apr*s  avoir  ri,  père  se  décidant 
A  lui  répondre  dit  : 

«  C'est  Bébé  qu'on  la  nomme.  » 

Monsie  son  tour,  montra  toutes  ses  dents, 

Tant  il  rit  fort.  Mais  moi.  rouge  comme  une  pomme  : 
c  Non.  ce  n'est  pas  ainsi  !...  Non.  ce  n'est  plus  Bébé,  » 
M'écriai-je  aussitôt.  «  qu'il  faut  que  l'on  m'appelle!... 
:ie  veux  plus  ce  nom  !...  Sachez  qu'avant  l'été 
chain.  j'aurai  seize  ans....  je  serai  demoiselle!...* 


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^  ii.iiiiii      t\mi.  1699.  —   N»  31,  l.e»  Templier*,  cTAIphonse  Allais.  —  N°  8a 

ii  |a  iernlèr*  meut,  -  Plnldejer  ponr  an  Auvergnat»  de  Georgi     Doi 

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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  50,  Plaidoyer  Anticenjugal,  de  Carolus  u'Harrans. 
—  N°  51,  l.c  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  X"  5-2.  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  l.e 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  l.e  '■  ronibonne,  de  Charles  Leroy.  —  X°  55,  Lea  pJerrots,  de 
MÉLANDRI.  —  N*  56,  Victime  «l'un  lupin,  d'Eugôue  ÇJhavettr.  —  \"  57,  Ounc  Jaolie  Mistoare.  de  Charles 
Leroy  ;  E*e  Vieux  Soulier,  de  François  Coppée.  —  N8  58,  Sur  le  l'ont,  de  Félix  Qajjskûx. 


Et  là-dessus,  je  me  sauvai  dans  le  jardin. 
Les  laissant  interdits...' 

—  Or,  la  leçon  fut  bonne, 
Car,  depuis  ce  jour-là,  je  m'aperçois  enfin 
Que,  petit  à  petit,  tout  le  monde  abandonne 
L'habitude  de  dire,  en  me  parlant  :  Bébé... 
On  me  traite  beaucoup  moins  en  petite  fille. 
Depuis  huit  jours  on  a  —  du  tout  au  tout  —  changé 
A  mon  égard.. 
En  robe  longu< 


A  mon  égard...  De  plus,  mère  veut  qu'on  m'habille 
et  c'est  décidé... 

Vous  voyez 
Qu'il  est  bon  quelquefois  qu'une  femme  se  montre 
Et  lutte  pour  son  droit!... 

Ah  !  méchants!...  vous  riez!... 
Vous  ne  voulez  donc  pas  —  si  bien  qu'on  vous  démontre  — 
Me  prendre  au  sérieux?... 

Avant  qu'il  soit  longtemps 
Il  vous  faudra  quand  même  arriver  à  me  croire, 
Puisque  (vous  m'entendez?)  pas  plus  tard  qu'au  printemps 
Dernier,  j'avais  seize  ans,  bien  sonnés...  C'est  notoire  ! 
Maman  peut  vous  le  dire  —  et  peut  vous  assurer 
Que  pour  l'heure  on  travaille  à  rallonger  mes  jupes!... 
—  Et,  si  je  ne  me  trompe...,  on  va  me  marier  !... 
Prochainement,  peut-être...  et  vous  serez  bien  dupes!... 

Je  pourrai  vous  nommer  bientôt  mon  fiancé. 
Vous  ne  rirez  plus,  en  apprenant  la  nouvelle, 
Et,  forcément,  vous  me  direz  :  Mademoiselle! 

....  Lui  seul  aura  le  droit  de  m 'appeler  Bébé  ! 


F.  COPPEE 


OCTOBRE 


Avant  que  le  froid  glace  les  ruisseaux 
Et  voile  le  ciel  de  vapeurs  moroses, 
Ecoute  chanter  les  derniers  oiseaux, 
Regarde  fleurir  les  dernières  roses. 

Octobre  permet  un  moment  encor 
Que  dans  leur  éclat  les  choses  demeurent  ; 
Son  couchant  de  pourpre  et  ses  arbres  d'or 
Ont  le  charme  pur  des  beautés  qui  meurent. 

Tu  sais  que  cela  ne  peut  pas  durer, 

Mon  cœur  !  mais,  malgré  la  saison  plaintive, 

Un  moment  encor  tâche  d'espérer 

Et  saisis  du  moins  l'heure  fugitive. 

Bâtis  en  Espagne  un  dernier  château, 
Oubliant  l'hiver,  qui  frappe  à  nos  portes 
Et  vient  balayer  de  son  dur  râteau 
Les  espoirs  brisés  et  les  feuilles  mortes. 


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Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  «le  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve  ;  »uo  téléphonique  ;  Ballade  dos 
Accents  circonflexes*  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
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V.'.-Pui  :  —  V  89,  i-c  Spleen,  de  Charles  Leroy.    —  X"  90,  i-cttre 
d'un  Mobile    Breton.  !'.  inçois  CoPPEK.    —    V   91,  In  t'a*  pressant,  de  C.  TrÉBLA.  ;    l»aul   Verlaine,   de 

Y\    -  -.   toiiiiiient  on  kc  défait  «l'un    «a «la vie  eiieoiiitiraut.  de  Raoul  OoER.    —  N°  93,  Les 

t»ate»  île  -able.  de  Jacques  Normand  :  i.a  vieillesse  lie  (Corneille,  de  Théophile  Gautier! 


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MARC    ANFOSS1 


TROIS    BAISERS 


.  I  Madame  Blanche  A  ... 
Oh  !  de  ces  trois  baisers  mon  âme  es.1  encor  pleine. 
1  e  premier  fut  Léger...  je  le  sentis  à  peine  ; 
De  s.i  bouche  brûlante,  effleurant  les  frisons 
De  mon  cou,  Léopold,  un  peu  loin  des  maisons. 
v    nhardit  ce  jour-là  jusqu'à  dire  :  Je  t'aime  ! 
tait  au  mois  d'avril.  De  son  verl  diadème 
Le  printemps  radieux  enserrait  les  coteaux, 
Et  le  charme  vainqueur  des  amoureux  propos 
Nous  lit.  sans  le  savoir,  faire  plus  de  trois  lieues... 

0  mon  premier  baiser  d'amour!  Des  voûtes  bleues 
Tu  dus  venir,  avec  le  renouveau  vermeil, 

Car  tu  mis  dans  mon  cœur  des  morceaux  de  soleil  ! 
nd...  Ou  désir  n'avions-nous  pas  les  fièvres? 

1  e  second  mit  sa  lèvre  en  feu  contre  mes  lèvres... 

le  celle  d'entre  vous  qui  n'a  jamais  péché 
M'écrase...  Léopold,  pâle,  sur  moi  penché, 
Versait  de  son  désir  respectueux  et  tendre 
L'effluve  dans  mon  àme,  et  je  croyais  entendre, 
Dans  les  rameaux  tremblants  que  rougissait  l'été, 
Dans  les  bois,  dans  les  eaux,  l'hommage  à  ma  beauté, 
Qui,  comme  un  hymne  saint,  un  doux  chant  d'allégresse, 
Rafraîchissait  mon  cœur  palpitant  de  tendresse, 
ht.  sous  les  clairs  rayons  du  plus  beau  de  mes  jours, 
J'entrais  dans  le  palais  lumineux  des  amours. 
Le  troisième  baiser...  O  pauvres  que  nous  sommes! 
Humanité  tremblante  et  lâche!  Troupeau  d'hommes! 
Rougirons-nous  toujours  des  aveux  les  plus  purs? 
Dans  notre  fange  il  est  d'indicibles  azurs, 
Des  instants  de  bonheur,  diamants  dans  la  vase, 
De  divins  hydromels  adoucissant  le  vase 
Amer  où  nous  buvons  chaque  jour,  ô  stupeur, 
Le  fiel  de  la  misère  et  le  fiel  de  la  peur  ; 
Et  quand  l'amour  vainqueur  vient  éclairer  ces  ombres 
Nousl'entrainons,  tremblants,  dans  les  profondeurs  sombres; 
V  us  cachons  notre  joie,  et  comme  un  fauve  vil, 
Nous  étouffons,  sous  un  lourd  argument  subtil, 
Notre  chant  d'allégresse  :  Il  faut  des  convenances  ; 
Ne  soyons  pas  «  risqués  >/  ;  usons  de  réticences... 

(Un  temps.) 
Et.  soumise  à  l'usage,  et  n'osant  pas...  oser, 
Je  garde  pour  demain  mon  troisième  baiser. 
Sachez  bien,  cependant,  messieurs,  et  vous  mesdames, 
Que  je  n'ai  peint  ici  que  de  légales  flammes, 
Et  que  le  Léopold,  cet  amoureux  chéri, 
Auteur  des  trois  baisers,  est  monsieur  mon  mari. 

Monologut  Le  Cri-Cri:  X"  loi,  l,e*  Aïeule*, 

pbs.  —  V  102,  ■-..'»  Majorité  île  Hurle,  de  C.  Trébla.  — 

Xe    1"  .    Adulli-re:  -..mi-.mi.s.  — ■  N"    104,   la   Rface  à  l*opinard, 

—    '      105,   ■-«*&  boulier»  vlileM,  de  Melandrj.  —  N'  106, 

Ma  Tante  Kupli raete,  de    '  d'AuRJAC.  —  .V  107,   l-fe  Rawtaqiiouère, 

vk.  —  N»  108,  Petite  Paoucette.  de  Charles  Leroy.  — 

.V  109,  Où  c'eei  tout  hleu  :  de  Jules  Leooi  s. 


t  :   René  GODFROT.  —  Imprimerie  GODFEOY,   82,   rue  Ttiiers.  Le  Havre. 


'  RI  eipédie  franco,  contre  leur  montant  en  timbres-poste  adressé  à  M.  René  Godproy,  G2,  rue  Tliiers, 
au  Barre,  les  ouvrages  suivant»  de  M.  Henri  LEFEBVRB-: 

I/\nj|ai»e,  monologue,  illustré  par  Albert  Lamb  Idéon,  'lit  par  Georges  Berr,  de  la  Comédie-KrAD- 

:io  nés. 

■eryeaij         e  biblique,  créée  par  M-*  Agar,  A*  la  Comédie-Française;  30  centimes. 
I^e  Potache,  monologue  a-prop<  :  25  centin 


Tous  les  Samedis 


iÇ^^         DIX  Centimes 


LUCIEN  CARDOZE 


L'A! 


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Dit  par  M.  Emile  PETIT,  du  Théâtre  des  Nouveautés 


LA    PERRUCHE 


CHARLES  FUSTER.  —   L'Assassin. 


PARIS 
Librairie  J.   STRAUSS,   5.    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Ce 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  che\  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

1M°    112 


AVIS   IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  e1  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  adressés  à  M.  René  Gopfroy,  direc- 
teur. 68,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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I  r.  [EN  CARDOZE 


L'AMOUR  DES  VILLES 

L'AMOUR  DES  CHAMPS 


Un  beau  jour  l'Amour  des  Villes 

[nvita  L'Amour  di  s  Champs. 

A\  ec  des  façons  civile--. 
gayer  de  leurs  chants. 

Un  boudoir  d'or  et  de  s,  lie 
Abrita  les  deux  ;imants  : 
Lille  et  garçon,  tout  en  joie. 
Se  croyaient  loin  des  tourments. 

Ils  avaient  tout  :  du  Champagne, 
Des  canapés  de  sultans. 
Des  cigarettes  d'Espagne.... 

Et  deux  âmes  de  vingt  ans. 

De  lourds  tapis  pour  s'étendre, 
Leurs  lèvres  pour  un  baiser.... 
Des  cous  bien  blancs  pour  s'y  pendre, 
Leur  amour  pour  tout  oser. 

Bien  qu'en  ceci,  le  caprice 
Fût  le  plus  fort  aliment. 
On  s'embrassait  autrement 
Que  par  baisers  de  nourrice.... 

Ne  s'inquiétant  de  rien  : 
Dans  notre  duo  céleste. 
Passez,  si  la  chose  est  leste) 
Ma  foi,  l'on  se  trouvait  bien. 

Mais,  tout-à-coup,  ô  surprise  ! 
La  sonnette  retentit.... 
Voilà  que  de  terreur  prise, 
L'Amour  des  Villes  sentit 

Que  son  cœur,  sous  la  batiste, 
Battait  fort  et  se  troublait.... 
Ainsi  prise  à  l'improviste. 
La  pauvre  fille  tremblait. 

L'Amour  des  Champs,  plus  robuste, 
Un  gas  à  qui  ces  ébats 
A.  ait,  comme  il  était  juste, 
Donné  le  goût  des  combats, 

teste  avec  assurance 
Et  veut  mettre  le  holà. 
Nourrissant  cette  espérance 
Qu'on  ne  s'en  tiendrait  pas  la. 


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_   '      '       iiii-iKii      »\iiii    i*M».  —  N    31,  I  cm  Templier»,  d'Alphonse  Allai  .  —  N»  « 

i  i  la  .i.ri.ifr.-  n«nf.  —  1  l»laldojer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  Docqo« 

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L'Amour  des  Villes  remise, 
A  la  fin  se  rassurant, 
A  son  compagnon,  soumise, 
Offre  des  baisers,  qu'il  prend. 

Ils  retrouvent,  de  la  sorte, 
Leur  gaité  qui  va  croissant  : 
Lorsque,  par  malheur,  la  porte 
Reçoit  un  coup  menaçant. 

Nouveau  trouble  en  ce  ménage  ! 
Alors,  notre  amant  des  Champs, 
Pâle,  furieux,  en  nage, 
Roule  de  grands  yeux  méchants. 

Quant  à  la  Ville,  pâmée, 
Elle  s'étale;  et  l'amant, 
La  voyant  inanimée, 
Pense  que  c'est  le  moment 

D'abandonner  la  partie. 
Fatigué  de  ces  cahots, 
Il  s'en  va  vers  la  sortie, 
Et,  reprenant  ses  sabots  : 

«  Je  quitte,  dit-il,  la  cage 
«  Où  l'on  est  si  tourmenté, 
«  Et  je  retourne  au  village, 
«  Aux  champs,  à  la  liberté....  » 

Puis,  s'arrachant  à  l'angoisse, 
Il  fuit  d'un  pas  allongé, 
En  pensant  aux  blés  qu'on  froisse, 
Sans  que  l'on  soit  dérangé.... 


LA   PERRUCHE 


J'achetai  pour  Marie  une  perruche  verte; 

On  baptisa  Nina  la  bête  aux  ailes  d'or, 

Et  comme  elle  était  sage  on  tint  la  cage  ouverte.  — 

J'avais  un  perroquet  du  nom  de  Floridor. 

Lorsque  Marie  et  moi,  dans  le  muet  langage 
Qu'ont  les  regards  perdus,  nous  rêvions  sans  souci, 
Floridor  et  Nina  s'en  allaient  dans  leur  cage... 
Baissait-on  les  rideaux,  ils  se  cachaient  aussi. 

Parfois  notre  horizon  se  chargeait  d'un  nuage, 
Et  chacun  sur  sa  chaise  on  restait  isolé  ; 
Les  amours  des  oiseaux  étant  à  notre  image, 
On  se  boudait  aussi  dans  le  ménage  ailé. 

Quand  venait  le  dimanche,  endossant  nos  costumes 
Les  plus  frais,  nous  allions  en  quête  de  gazon, 
Alors  les  deux  oiseaux  se  nettoyaient  les  plumes 
Et  passaient  leur  dimanche  au  toit  de  la  maison. 


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Ferroi*,  de 

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35 


Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  NT0  G9,  Les  Prunes,  d' Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  I-e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Bemoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  Ballade  de» 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  — N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  I»oèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux. 


loques  et  Poésies  p  i  :  —  V  R9,  i.e  itpleea,  de  Charles  Leroy.   —  N«  00,  Lettre 

d'un  »lt.l>il»'   llr.-ton.    .     Pr   'içois  CoPPl  B.  —  N    91,  Va  «  :»«  prMNanl,  de  C.  TrÉBLA  ;    Paul  Verlaine,  de 

(omiui-iil  on   »•»'  «It'falt   d'un    «nila>io   l'iirombrnul,  de  Raoul  OOER.    —   X"  93,   !.»•• 

Pâtés  *e  «aille.  es  N  ■"  Tlellleeae  de  Coraellle,  de  Théophile  Gautier. 


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Enfin,  dans  notre  nid.  la  vie  était  pareille: 
1  es  hôtes  partageaient  la  diète  et  1"  festin. 
-  bienfaisant  OU  la  pénible  veille, 
ne.  helas.  je  partis  pour  la  guerre,  \w\  matin. 

Que  me  faisaient  à  moi  les  destins  de  la  guerre 
Et  les  honneurs  re^us  aux  combats  hasardeux? 
Ma  >eule  ambition  était  d'avoir  sur  terre 

l'n  1.  grand  pour  qu'on  pût  tenir  deux. 

Pourtanl  je  dus  partir;  aussi  triste  qu'un  saule, 
J'embrassai  mon  amie.  et.  le  cœur  mal  fermé, 

Je  pleurai...  Floridor  me  sauta  sur  l'épaule, 

Ht  nous  fuîmes  tons  deux  d'où  nous  avions  aimé. 

l.a  douleur  qui  suivit  la  fin  de  notre  idylle 
but  brève  chez  Marie:  il  arriva  qu'un  s,>ir 
bile  prit  sa  volée  au  jardin  de  Mabille. 

lans  le  flot  mondain   noya  son  desespoir. 

-  lorsque,  le  matin,  pale  encorde  la  veille, 
Au  nid  que  je  quittais  elle  fut  de  retour. 
Un  cri  plaintif  et  lent  vint  frapper  son  oreille, 
Cri  mêle  de  regret,  de  tendresse  et  d'amour. 

C'était  notre  perruche.  Elle  exhalait  près  d'elle, 
Loin  de  son  Floridor.  son  plus  suprême  accent  ; 
Tandis  que  sa  maitresse  oubliait,  infidèle. 
Elle  se  souvenait  et  mourait  pour  l'absent... 


CHARLES  FUSTER 


L'ASSASSIN 


Le  meurtrier  hideux,  et  qu'on  croit  juste  et  saint, 
Sent  parfois,  quand  tout  dort  sous  la  nuit  attristée, 
Je  ne  sais  quel  frisson  d'angoisse  épouvantée 
Lui  déchirer  le  cœur  et  lui  mordre  le  sein. 

A  l'heure  ténébreuse  où  gémit  le  tocsin, 
11  revoit,  chaque  soir,  la  place  ensanglantée 
Où,  le  poignard  au  flanc,  la  victime  est  restée 
Tandis  que  dans  la  nuit  s'enfuyait  l'assassin. 

Je  songe  à  ce  poignard  que  j'ai  mis  dans  ton  came, 
O  toi  qui  m'aimas  trop,  6  douloureuse  femme! 
Et  les  mots  que  j'ai  dits  me  font  mal  chaque  soir. 

Ht.  comme  l'assassin  appelle  sa  victime, 

Le  cri  de  mon  remords,  errant  dans  le  ciel  noir, 

Cherche  éternellement  quelque  pardon  sublime. 


Le  Garant  :   Renl  Godfrov.  —  Imprimerie  OODFROT,  62,   nu  Thiers.  Le  Havre. 


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M.  René  Gôdfroy,  <>^,  rue  'J'hiers, 
au  y  M.  IIkm;i  LEFEBVRE: 

1/  *  n  ■  laine,  monologue,  il  lui  ilberl  Lambert,  de  l'OcJéon,  'lit  par  Georges.  Berr,  de  la  Comédie-Frane 

■eryeai.  scène  bibliqu*-.  '  Agar,  <b-  la  Comédie-Française;  30  centimes. 

i.    Potacbe.  ie  k-proir  25  ceotû 


Tous  (es  Samedis 


DIX  Centimes 


PONTSEVREZ 


LES  PETITS  COINS 


POESIE 


Dite  par  M.  Félix  GALIPAUX,  du  Théâtre  du  Palais-Royal. 


PHIL1D0R  DUGUIPON.  —  Trois  sous  ï  (lutte  intime). 


PARIS 
Librairie  J.   STRAUSS,   S,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  !        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Ce 

41,    Rue   de   Seine,    41  I  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  che\  tous,   les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    I  14 


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Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  adressés  à  M.  René  GonFROT, direc- 
teur, 62,  rue  Thiers,  au  Havke. 


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LES  PETITS  COINS 


A    W.  ,S'////r  Prud'homme 

Le  meilleur  endroit  de  la  terre 

Propre  à  receler  le  mystère 

Des  rougeurs  qu'effraie  un  témoin. 

Chacun  de  nous,  folâtre  ou  sage, 

A  son  heure  en  a  fait  usage. 

Et  qu'est-ce  donc? —  Un  petit  coin. 

Vous  avez  carde  souvenance 

Des  premiers  pèches  de  L'enfance, 
Si  mignons  et  déjà  si  loin? 
Quel  dur  effet  quand  notre  mère 
Nous  disait  d'une  voix  sévère  : 
Fi,  le  vilain  !  allez  au  coin  ! 

C'est  étrange  ce  qu'on  éprouve! 
Pour  moi  chaque  fois  je  retrouve 
Deux  ou  trois  souvenirs  au  moins 
Dans  ces  petits  coins  remplis  d'ombre  ; 
Et  que  je  sois  joyeux  ou  sombre, 
J'aime  toujours  les  petits  coins. 

Ma  première  mésaventure 
Fut  pour  un  pot  de  confiture 
Que  maman  gardait  avec  soin. 
Je  m'en  barbouillai  chaque  joue; 
Quel  présage  !  c'était,  j'avoue, 
De  la  confiture  de  coing. 

On  me  fit  faire  pénitence  ! 
J'essayai  de  la  résistance  : 
Rébellion  est  un  besoin. 
Grand-père  prit  un  air  farouche  ; 
Sur  le  devant  grondait  sa  bouche, 
Mais  elle  riait  sur  le  coin. 

Plus  tard  je  fus  mis  au  collège, 
Et  comme  le  sommeil  allège 
Le  poids  du  docte  baragouin. 
Pour  mieux  dormir  pendant  la  classe 
Nous  disputions  la  bonne  place  : 
C'était  encor  le  petit  coin. 

Puis,  venu  le  temps  des  vacances, 

Nous  emportions  nos  pétulances 
Aux  champs  et  roulions  dans  le  foin. 
Le  gros  chien  était  de  la  fête; 
Mais  philosophe  ou  vieux  poète 
N'avait  plus  droit  au  moindre  coin. 


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Kingoln,  de 


7,  i.c  ••■■et,  de  Loui«   Booey;   iù-iihn, 
i«    Mouchoir,  in.  N»  29,  l.c  «igure   «l«-  Bébé,  Mimi.i.i' 

—   '  (rmhii      »  in  il.  •**»».  —  N    31,  l.e«  Templier*,  <f  Alphonse  Allais.  —  N°  32, 

ii  I  , ,.  meml,  Aorjol.   —  PlftMtjer  pear  nn  AaTergoat,  i 

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Monologues  et  Poésies  parus  clans  Le  Cri-Cri  :  X0  50,  Plaidoyer  Anticonjugal,  de  Carolus  cTH-arraks. 
—  N°  51.  I.e  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  N°  52,  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  X°  53,  l.c 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  X°  54,  ■>«  Jronibonnc,  de  Charles  Leroy.  —  N°  55,  tes  Pierrots,  de 
Mélandri.  —  N*  56,  Victime  d'un  Lupin  d'Eugeue  Chavettb.  —  X"  57,  Ounc  Jaolle  Histoare.  de  Charles 
Leroy  ;  l>e  Vieux  Soulier»  de  François  CoPPÉE.  —  X8  58,  Nur  le  l'ont,  de  Félix  Galipaux. 


A  quinze  ans  j'eus  une  cousine! 
Le  frais  minois,  l'humeur  mutine, 
La  taille  comme  les  deux  poings  ! 
Nous  nous  aimions  ;  et  ma  Fanchette, 
Pour  nous  embrasser  en  cachette 
Trouvait  partout  des  petits  coins. 

Ici-bas  tout  bonheur  s'achète  ; 
J'étais  trop  pauvre.  Ma  Fanchette 
Partit  un  jour  bien  loin,  bien  loin. 
On  me  dit  :  «  Elle  est  mariée  ». 
Moi,  je  m'en  fus,  Pâme  broyée, 
Pleurer  seul  dans  un  petit  coin. 

A  mon  tour  j'épouse  une  femme  ! 
Blanche  est  sa  main,  noire  son  âme. 
Nous  étions  à  peine  conjoints 
Que  j'eus  lieu  de  le  reconnaître  : 
De  nous  deux  c'est  elle  le  maître  ! 
Moi,  je  m'efface  dans  les  coins. 

Privé  du  bonheur  domestique 
Je  tombai  dans  la  politique  ; 
On  m'y  traita  comme  un  bédouin. 
Au  nom  d'un  comité  solide 

Je  suis  élu  ! L'on  m'invalide  ! 

Et  je  retourne  dans  mon  coin. 

Au  moins,  pensais-je,  les  affaires 
Pour  moi  devront  être  prospères  : 
A-t-on  malechance  en  tous  points  ? 
J'engage  toute  ma  fortune  ; 
Mon  banquier  saute  dans  la  lune 
Et  je  le  cherche  aux  quatre  coins. 

Jeunes  amours  couleur  de  rose, 

Billets  en  vers,  billets  en  prose 

Exhalant  l'odeur  du  benjoin  ; 

Chers  portraits  de  blonde  ou  de  brune, 

Rêves  de  gloire  et  de  fortune, 

Le  tout  fané  gît  en  un  coin. 

A  grands  pas  accourt  la  vieillesse, 
Plus  lourd  fardeau,  pire  faiblesse  ; 
On  s'ennuie  à  tout  ce  tintouin. 
Mais  quand  mon  humeur  se  fait  noire 
J'ouvre  sans  bruit  ma  vieille  armoire 
Où  dort  le  flacon  du  bon  coin. 

Dieu  sait  quand  devra  sonner  l'heure 
Où  je  quitterai  ma  demeure, 
Tête  en  arrière  et  les  pieds  joints  : 
Je  l'attends  avec  confiance, 
Bien  certain  que  la  Providence 
Nous  garde  au  ciel  des  petits  coins. 

Mais  quoique  deviennent  nos  âmes, 

Mes  bons  messieurs,  mes  belles  dames, 

Rien  vaudra-t-il  ce  temps  si  loin 

Où  sous  l'œil  de  polichinelle 

Rit  la  semonce  maternelle  : 

«  Vilain  enfant,  allez  au  coin  ». 


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Monologues  et  Poésies  pamis  dans  Le  Cri-Cri  :  X°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  X°  70,  Im 
Baiser  «arseillaia,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Itillel  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  l»emoisel!e  chauve;  Duo  téléphonique;  Ballade  des 
Accents  circonflexes»  de  Mac-Nab.  — N°  73,  Inlluenzt*  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  l'oènies  nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  —  N»  75,  nomment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux. 


.Joçues  et  Poésies  parus  dans  l.i:  Cri-Crj  :  —  N*  89,  Le  «ploen,  de  (  harlos  Leroy.  — 
Jtmm  Mobile  Breton,  de  François  Coppj  <  ,  —  X  91,  l  "  VmM  prenant,  de  C.  Thkw.a  ;  Paul 
Y  ;  .  .  _  \>  oo_  commtMii  on  ««.*  défait  ii'un  CaUlarre  cm-ombrnnt,  de  Raoul  Oobr. 
PAi.-s  de  lahto,  ■♦•  vlelllaaaa  <•«'  Corneille.  >K-  Théorie  Gautier. 


N"  90,  Lettre 
Verlaine,  de 
—  N°  98,  !.«'» 


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■>•(•>•  :  7r0f5  >''//>■  rfans  la  main  gauche  et  une  lettre  dans 
Li  main  droite  I, 

-i  aujourd'hui  la  fin  du  mois, 
L'argenl  manque,  et  de  ses  victimes 
J'en'  suis  une.  car  je  me  \  ois 
A  la  tête  de  quinze  centimes  ; 

De  trois  sous.  Un  gros,  un  petit  ! 
tte  faible  somme 

Qu'il  faut  contenter  l'appétit 

l-'i  rester  toujours  honnête  homme. 

Ce  billet!...  dois-je  l'affranchir? 
Quand  furieux  mon  corps  réclame 
Certain  chalet  pour  réfléchir... 
Qui  l'emporte,  le  corps  ou  l'âme  ? 

Voici  le  rendez-vous  donné  ; 
Voici  les  lieux  de  délivrance  ; 
Il  faut  souffrir  comme  un  damné 
Ou  laisser  l'amour  en  souffrance. 

Dois-je  pour  plaire  aux  gens  décents 
Perdre  la  perle  des  amies? 
Ah  !  si  ce  n'était  les  passants, 
Je  ferais...  des  économies. 

Mais  ce  scandale  sans  pareil 

Ne  peut  s'accomplir  qu'à  la  brune, 

Car  l'imbécile  de  soleil 

N'est  pas  galant  avec...  la  lune. 

Si  je  me  faisais  ramasser 
Par  la  trop  pudique  police, 
Il  ne  me  faudrait  plus  penser 
Ce  soir  à  mon  charmant  délice. 

Si  j'envoyais  ce  billet  doux 

Sans  timbre,  la  belle  revêche 

Ne  viendrait  pas  au  rendez-vous 

D'un  homme  à  ce  point  dans  la  dèche. 

Entre  l'amour  et  le  devoir, 

La  lutte  n'est  plus  supportable, 

Je  pâlis,  je  cesse  de  voir, 

Tout  tourne...  c'est  épouvantable... 

Tant  pis  pour  toi,  beau  Cupidon, 
Mais  le  corps  commandant  en  maitre, 
j'obéis...  —  Ciel  !...  trop  tard  !...  —  Pardon, 
Les  trois  sous  étaient  pour  la  lettre. 


ls  c .    i  .   LILLE,  a  la  Librairie  Générale, 

Gh.  Tallandier  «Se  Gaujac,  11  et  13,  rue  de  la  Gare. 


Le  Garant  :  René  GODVftOT.  —  Imprimerie  QODFROY,  C,2,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


I  ->éfJie  /"'  timbres-p  B  M.  René  Godfkoy, 

au  H  .uvrages  suivant»  de  M.  Hknki  LEFEBVRE  : 

1/ \n»l  ai-p,  monologue,  illustre  par  Albert  Lambert,  de  l'Odéon,  dit  par  Georges  Berr,  de  la 

30  mes. 

■<  •><  n..        :e  biblique,  créée  par  M»«  Agar,  de  la  Comédie-Française;  30  centimes. 


Tous  les  Samedis 


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<ft^  DIX  Centimes 


LOUIS   BOURGAUT 


LA  MONTRE 


Monologue  en  Prose 


FRANÇOIS   COPPÉE.  —   Menuet. 


PARIS 

Librairie   J.   STRAUSS.    S.    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  \        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard    Haussmann 

Et  che{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    126 


AVIS    IMFCRTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  a  titre  lie  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R. 
directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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LA  MONTRE 


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,  Un  voyageur,  une  valise  à  chaque  main,  l'air  pressé:  il  jette 
les  veux  au  four  Je  lui  . —  Pas  d'horloge  ici  !  II  dépose  nue  valise 
et  cherche  dans  son  gousset). —  Sapristi  !  j'ai  oublie  ma  montre... 
Je  l'ai  probablement  laissée  à  l'hôtel,  sur  la  table  de  nuit.  .  j'étais 
pressé  de  m'hahiller,  j'avais  peur  de  manquer  le  train,  — je  l'ai 
manque  tout  de  même  I  —  J'avais  cependant  recommandé  au 
m  de  m 'éveiller  :  ils  sont  tous  les  mêmes,  ces  garçons,  d'une 
titude  et  d'une  politesse!.,  celui-là  surtout...  J'ai  dû  lui  pa- 
raître suspect.  Songe/  donc  :  jetais  arrive  à  l'hôtel  à  onze  heures 
du  soir  et  je  devais  repartir  à  cinq  heures  trente  du  matin.... 
-  quatre  heures,  je  ronflais  si  fort  que  je  me  suis  reveillé.... 
C'était  trop  tôt...  je  me  rendormis...  Oui.  c'est  le  tort  que  j'ai 
eu.  car  le  garçon  n'est  venu  m'appeler  qu'à  cinq  heures  vingt. 
J'étais  furieux,  je...  j'étais  furieux!  Je  lui  criai:  —  '•'Animal! 
vous  croyez  doue  qu'on  dort  comme  les  chiens,  tout  habillé  !  •/ 
—  <  Dame.  îepond-il,  j'entendais  du  bruit  dans  la  chambre  de 
M  usieur,  je  croyais  Meusieur  déjà  levé...  »  —  «  Animal!  vous 
n'entendiez  pas  que  Meusieur  ronflait?»  —  Cet  insolent!  La 
conclusion,  c'est  que  j'ai  manqué  le  premier  train  et  que  je  vais 
de  ce  pas  essayer  de  prendre  le  suivant,  huit  heures  quarante. 
Je  ne  crois  pas  être  en  retard  cette  fois...  Dix  minutes  pour  faire 
le  chemin,  cinq  pour  mon  billet  et  mes  bagages,  et  j'ai  encore 
au  moins...  mouvement  pour  tirer  la  montre).  Sapristi  !  j'ai 
oublié  ma  montre  ! 

Animal  de  garçon  !  11  faut  que  je  retourne  sur  mes  pas  et  je 
vais  encore  manquer  le  tiain  de  huit  heures  quarante...  Animal 
de...!  Je  vais  retourner,  quoi  !  il  n'y  a  pas  autre  chose  à  faire,  si 
je  veux  la  retrouver.  (Il  reprend  la  valise'.  Animal  de...!  Ce 
n'est  pas  qu'elle  soit  d'une  grande  valeur;  on  me  l'a  vendue 
pour  de  l'or,  j'ai  été  volé,  mais  j'y  tiens...  dans  le  médaillon,  il 
y  a  le  portrait  de  ma  belle-mère.  Puis  enfin,  je  ne  veux  pas  que 

.arçon  profite  de  cette  montre...  D'ailleurs,  il  ne  saurait  pas 
s'en  servir,  car  elle  retarde  régulièrement  de  dix  minutes  par 
jour.  Moi  je  le  sais...  je  tiens  compte  de  la  différence.  A  six 
heures  du  matin  elle  est  de  cinq  minutes,  ]  arce  que  c'est  le  soir 
à  six  heures  que  je  remonte  habituellement  ma  montre.  A  midi, 
la  différence  est  de  sept  minutes  trente  secondes,  à  deux  heures 
de  huit  minutes  et  vingt  secondes...  et  ainsi  de  suite...  Ce  n'est 
pas  difficile,  vous  voyez,  mais  il  faut  le  savoir...  Ainsi  tenez, 
par  exemple,  il  est  à  présent...  //  dépose  de  nouveau  la  valt 
terr  te  la  main  à  son  goi  apristi  !  j'ai  oublié  ma 

montre  !...    Vous   me   faites  causer  et...  C'est  pourtant  rare  que 


.  :  N"  27,  l.c  Sonnet,    d<    [.oui      Hooki  ;    i.ù-iium,   d'Alberl  Tin 

i  ,    v.  ■(  I  f.ir.         (  .   '     29,  ii'  «  itjure  de  liéhé,  Mkntelk;  Hlnçol»,  d 

_    '  «  iti-4  iti  i"  a\  nu.  •**»«.  —  V  31,  i  «•«  lcn>|ilier»,  d'Aljdi  m  e  Allais.  —  N°  3i 

i  i  |«   d,  ,  ,,i.  i.    ,,<  ur.  .    —    N"  33,  Plaldoj«T  pour  un  Auvergnat,  de  George     DocqOOJI 

(       i..\  h     iiiii»i     in    1  rumviBj,  de  Carolus  d'HARRAN.s.  -   .V  •';•'),  «on  Kuiclilc,  de  G':"  D'-CQUOif 


Mki.andri.  —  N'  56,  Victime  «l'un  lapin,  d  Hugèue  Lilwettk.  —  N"  37,  Ouiie  Jaolle  mis 
Leroy  ;  1-e  Vieux  Soulier,  de  François  Coi-pée.  —  N8  58,  Sur  le  l'ont,  de  Félix  Galipaux. 


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cela  m'arrive,  et  sans  ce  garçon  idiot...  D'ailleurs  vous  avez  dû 
remarquer  que  la  montre  ne  s'oublie  pas  comme  le  porte-mon- 
naie. Vous  emmenez  des  amis  au  café,  vous  poussez  à  la  con- 
sommation avec  l'air  épanoui  d'un  homme  qui  régale...  Lorsque 
vient  le  moment  de  régler,  vous  portez  la  main  au  gousset  et 
vous  changez  brusquement  de  visage  :  Crédié  !  j'ai  changé  de 
gilet  ce  matin  et  j'ai  laissé...  —  Mais  nous  sommes  là,  disent  les 
amis,  ne  vous  tourmentez  pas...  Alors  vous  les  laissez  payer.  — 
Mais  une  montre,  il  n'y  a  pas  de  raison...  excepté  dans  la  crainte 
des  voleurs...  C'est  ce  qui  m'est  arrivé  un  jour.  (Il  dépose  d  terre 
Vautre  valise)...  Je  traversais  un  bois  par  une  nuit  sombre,  noire 
et  obscure...  Brrr!  Tout  à  coup  deux  gaillards  de  mauvaise  mine 
m'arrêtent  :  «  La  bourse  ou  la  vie  !...  »  Je  revenais  de  la  fête,  il 
me  restait  juste  douze  sous,  en  gros  sous...  ça  faisait  du  volume  ; 
je  leur  donne  ma  bourse....  —  «  Maintenant,  votre  montre  ?...  » 
—  «Ma...  hein?  vous  dites...  ma  montre?...  Attendez...  Ah! 
sapristi,  je  l'ai  oubliée!...  »  —  C'était  vrai,  je  l'avais  laissée  à 
réparer  chez  un  horloger...  C'est  depuis  ça  qu'elle  retarde  !... 

C'est  drôle  comme  on  s'habitue  à  cet  objet.  On  arrive  à  ne 
plus  pouvoir  s'en  passer.  Elle  est  là,  dans  le  gousset,  on  sent  que 
l'on  n'est  pas  seul.  La  montre,  c'est  la  compagne,  l'amie  de 
l'homme...  et  de  la  femme,  la  plus  belle  conquête  du  genre 
humain!...  La  montre,  cela  sert  de  prétexte  aux  amateurs  de 
clinquant...  Lorsque  vous  arrivez  après  l'heure  à  un  rendez-vous, 
vous  avez  soin  de  reculer  l'aiguille  et  de  dire  que  c'est  votre 
montre  qui  vous  a  trompé...  Quand  vous  avez  des  invités,  des 
amis,  ceux  qui  ont  l'habitude  de  rester  le  plus  longtemps  possi- 
ble, vous  réglez  votre  montre  de  façon  à  ce  qu'elle  marque 
minuit  à  onze  heures.  Par  politesse  on  n'ose  pas  vous  contredire, 
et  vous  êtes  bientôt  libre.  La  grisette  qui  désire  vous  accaparer 
commence  par  vous  demander  l'heure...  en  attendant  qu'elle 
vous  demande  la  montre...  Vous  êtes  en  chemin  de  fer,  si  votre 
compagne  de  voyage  est  jolie  et  qu'elle  ait  perdu...  la  clef  de 
sa  montre  —  cela  peut  arriver  —  vous  lui  offrez  galamment  la 
vôtre...  Le  troupier  qui  se  rend  à  son  poste,  —  le  troupier  gé- 
néralement n'a  pas  de  montre  —  vous  arrête  :  —  «  Pardon, 
Monsieur,  voudriez-vous  avoir  l'obligeance  de  me  dire  quelle 
heure  il  est?»  —  «  Volontiers,  mon  ami,  il  est...  »  (Mouvement 
pour  tirer  la  montre).  Sapristi!  j'ai  oublié  ma  montre...  et  le 
train  va  partir...  Pardon,  je  cours!  (Il  reprend  ses  valises,  fait 
deux  pas,  puis  s'arrête  de  nouveau,  remettant  une  valise  à  ferre). 
—  Ah  !  mais  j'y  pense,  la  voilà  !...  la  voilà  !  Elle  était  dans  l'autre 
poche...  (Il  rit).  J'étais  tout  embrouillé  ce  matin...  La  voilà... 
avec  le  portrait  de  ma  belle-mère...  (Il  regarde  l'heure.  Avec 
dépit)  :  —  Huit  heures  quarante.  Sacrédié  !  mille  breloques  ! 
Mon  train  est  parti...  (Il  reprend  ses  valises  et  s'enfuit  précipi- 
tamment). 

(Reproduction   interdite  aux  journaux  qui  n'ont  pas  traité  avec   la  Société 
des  Gens  de  Lettres). 


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Les  deux  premières  années  du  CRI-CRI,  soit  104  numéros,  sont  expé- 
diées franco  contre  mandat-poste  de  fr.  8  »»  à  l'adresse  de  M.  René 
GODFROY,  62,  rue  Thiers.  —  Le  Havre. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri:  N°  69,  Les  l'runes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  Le 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  «illet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Oemoiselle  chauve;  Duo  téléphonique  ;  Ballade  des 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  — N°  73,  Inilnenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  l»oèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Soinnainbulc,  de  Félix  Galipaux 


ilomuto  rt  Poésie*  parus  da  is  Le  Cai-Cîkl  :  —  X"  B9",  »-«*  «pioen,  de"  Châties  Leroy.   —  N°  00,  Lettre 
«l'un  MoMIe  iirrion,  de  François  Coppéb.  —   V  91,  t'n  fa*  pressant,  de  C.  Trkbl.v  ;    i*nnl  Verlaliw,  de 
.  —  X*  98,  (onimt'iii  on  m  «lé  fait  il'un    Cadavre  encombrant,  de  Raoul  Ookr.   —  N°  98,  les 
Hàif«*  «le  ««blé,  de  Jacques  Nor.ha.nd  ;  i.e  Soulier  de  t'ornellle.  de  Théophile  Gautier. 


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Marquise,  vous  souvenez-vous 
Pu  menuet  que  nous  dansâmes  ? 
11  était  discret,  noble  el  doux, 
Comme  l'a*ccord  de  nos  deux  âmes. 

Aux  bocages  le  chalumeau 
A  ces  notes  pures  et  lentes  ; 
l       .lit  un  air  du  grand  Rameau, 
Un  vieil  air  des  Indes  galantes. 

Triomphante,  vous  surpreniez 

Tous  les  rieurs  et  tous  les  hommages, 

-  votre  robe  à  grands  paniers, 
Dans  votre  robe  à  grands  ramages. 

Vous  leviez,  de  vos  doigts  gantés, 
Et  selon  la  cadence  douce, 
Votre  jupe  des  deux  côtés 
Prise  entre  l'index  et  le  pouce. 

Plus  d'une  belle,  à  Trianon, 
Enviait,  parmi  vos  émules, 
Le  manège  exquis  et  mignon 
De  vos  deux  petits  pieds  à  mules  ; 

Et,  distraite  par  le  bonheur 
De  leur  causer  cette  souffrance, 
A  la  reprise  en  la  mineur 
Vous  manquâtes  la  révérence. 


Pour  s'abonner  au  Cri-Cri,  il  su  Ait,  «l'adresser  fr.  5  en  timbres- 
poste-  u  .M.  René  Godfroy,  02,  rue  Thiers,  au  Havre.  —  On  recevra 
par  retour  du  courrier  les  nm  105  et  suivants  commençant  la  troi- 

]<:  notre  publication. 


Dépositaire  général  du  CRI-CRI  pour  la  Haute-Garonne  : 

Au  Chansonnier  Populaire.  —  F.  LACLAU,  éditeur  de  musique, 
2-.  rue  Lafayette,  à  Toulouse. 


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N"   101,  l.f»  Aïeule*,  de  François  Coppée.  —   X°  102, 
I.a    Majorité   ie   ■•^«•i  -    '      103,   Adultère!  de  Ch.   I  .  —  \«  104,  la  Noce  à 

l'»i>ii  ai  il.    le  Baonl  Ooe».  —  N'  105,  1  e»  Meulf  ers  vides,  mu.  —  N»  106,  Ma  Tante  Euphrasle, 

I  .    |'ii>f:if|ii>  «,«r«,  de  Théodore  De  Grave.—  N«  108,  Petite  Paoueette,  'le 
.  _  N'-    i         t»u   r»e«i  lent  Mru  l   de   Jule     Lkgocx.  —  N°  1 10,  |,e»  seize  nnn  «le  Itébé, 
—  N'  111,  Mont.!*  ur  !«•  Muire,  de  Poktsevi 


Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


OCTAVE  PHADELS 


LES  DESSERTS  GAULOIS 


LES  BIENHEUREUX  S'ENNUIENT  ï 
UN  ÉLECTEUR 

La  Grenouille  qui  voulait  faire  elle  grosse  comme  le  Bœuf 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,   Rue   du   Croissant 

LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.JDURDILLYtfk  C" 

41,    Rue  de   Seine,   41  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Et  cheç  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    131 


AVIS    IMPORTANT 

Dan?  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Primo,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  a  M.  R.  Godkroy^ 
directeur,  62,  rue  Thiera,  au  Havre. 


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'\o  Pradkls  fient  il<>  publier  à  la  librairie  Marpo'n  et  Flammarion  un 
nouveau  recueil  d<>  contes  et  monologues  joyeux.  I«ea  frfeMèrti  gaulois 
forment  la  deuxième  série  «le  Pour  dire  entre  hommes,  <l"in  l'énorme  soccea 
ne  liait  que  s'accentuer  dejour  en  jour.  Rien  de  plus  amusant  aue  ces  nouveaux 
récitai  iioni  quelques-uns  :  Au  bureau  des  naiis  s,  Les  Bienheureux  s'en- 
nuient, N  ' .'  Lé  sifflet,  fonl  déjà  la  joie  des  banquets  Artistiques  st 
lit!.'!-  ris.  Les  illustrations  de  G  Fpaiponi  soulignent  spirituellement 
le  ce  livre  de  desserl  |>:n-  excellence.  Gr&oe  a  l'obligeance  des 
éditeurs,  nous  publions  aujourd'hui  trois  extrait*  des  lleiravta  gaulois  : 
nos  lecteurs  nous  sauront  gré  de  cette  primeur. 


5 


II 

1i: 


LES  BIENHEUREUX  S'ENNUIENT 

Saint  Antoin*.  d'austère  me  moire, 
d'son  cochon  dans  Y  Paradis, 
Bâille  à  s'décrocher  la  mâchoire 

I  ;  s  autr's  jeux  étant  interdits), 
Et  parfois,  l'ex-anachorète 
Murmure  :  «  Ah  !  c'est  rien  folichon! 

«  C"  que  j'm'embéte  ici,  c'que  j'm'embêtel  » 
"  —  j'te  conseilT  de  t'plaindr",  //  dit  l'cochon. 

"   Aie  au  moins  la  pudeur  de  t'taire, 

La  seul'  victime,  ici,  c'est  moi, 

Qui  t'ai  cru,  lorsque  sur  la  terre 

Tu  m'enjôlais  avec  ta  Foi. 

En  t'suivant  dans  la  solitude, 

J'ai  gagné  l'ciel  du  ratichon... 

Ben,  c'est  gai,  la  béatitude  1 

Qu'  c'est  vilain  d1  tromper  un  cochon  ! 

.1'  t'aimais,  malgré  la  différence, 

J'étais  beau,  jeune  et  distingué; 

Toi,  tu  sentais  déjà  l'vieux  rance... 

Tu  r'misais.  étant  fatigué. 

J'étais  ros',  toi,  jaun'  comme  un  cierge  : 

T'avais  fait  un'  vi'  d'  patachon  ! 

Mais  moi,  tu  1'  sais  bien,  j'étais  vierge... 

Et  c'est  très  rar'  chez  un  cochon. 

Oh  !  les  p'tit's  femm's  qui  dans  notr'  grotte, 
V'naient  nous  tenter,  sans  falbala  ! 
Quand  j'pens'  que  pour  suivr'  ta  marotte 
Nous  rations  ces  occasions-là! 
Toi.  c'était  pas  malin  d'étr'  sage, 
Rien  n'  te  montait  plus  l'bourrichon  ; 
Mais  moi...  moi  dans  la  fleur  de  l'âge... 
Dame!  on  n'est  pas  d'bois,  quoiqu'  cochon. 

Quelle  existenc"!  des  r'pas  très  vagues... 

lue  pas  d'sommeil...  pas  d'amour; 
Et  1'  diabl'  qui  nous  faisait  des  blagues! 

II  m'en  a  fait  un'  drôle,  un  jour: 
N"a-t-il  pas  mis  l'feu.  sans  vergogne, 
A  ma  p  tit' queue  en  tir'-bouchon  !... 
S'il  t'avait  fait  la  mém'  besogne 

Ali!  j'aurais  bien  ri,  foi  d'cochonl 

Malgré  tout  ça,  j'prenais  patience. 
Je  m 'disais,  après  les  tourments, 
Un'  fois  au  ciel,  ayons  confiance, 
Y'  aura  d'jolis  dédommag'ments. 


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i   li-Cri:  N"  :-'~.  «  «•  l«BDet,  de  Louis   Booev;   i.a-isa»,  d'Albert  Tin- 

1-.  i.r  ■•■efcetr,        '  '•«•  *  itï,,r«  «•«'  Bébé,  de  Georges  Mentelé;  Hing-ol*,  de 

_   '  ■"  i      iviui.  IN»»».  —  N    31,  •  •«•»  Templier»,  d'Alphonse  Allai.-.  —  N°  32, 

ici;,  —  S"  33,  Plaidoyer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  DocQUOIft 

«  h  m'cai   arrivé   eu   (ranma;,  de  Carolus  d'HARRANS.  —  N°  35,  Mon  Nnicldc,  de  G«"  DncyuoiS. 


l.e  Vieux  Soulier,  de  François  Coi'PÉi 


Carolus  cI'Harrans. 
Normand.  —  X°  53,  i.e 
Les    pferrots,  de 
_isloare,  de  Charte* 
Ne  58,  Sur  le  Pont,  de  Félix  Gaupaux. 


Va  t'  fair1  fich'  !  ma  seul'  compagnie 
C'est  l'chien  d'saint  Roch...  autr'  cornichon  ! 
Il  m'  fait  des  avanc's,  il  s'ennuie. 
Mais  j'ai  des  moeurs,  moi,  le  cochon. 

Ecoute  !  va  trouver  Dieu,  l'père, 

Sois  éloquent,  dis-lui  mon  cas. 

Que  j'en  ai  plein  1'  dos  et  qu' j'espère 

Qu'il  va  m'iaisser  r'tourner  en  bas. 

Fais-lui  bien  comprendre  qu'en  somme, 

C'est  la  justic'  que  nous  cherchons, 

Et  qu'  si  l'ciel  peut  conv'nir  à  l'homme 

La  terre  est  fait'  pour  les  cochons. 

UN    ÉLECTEUR 

J'  suis  anarchiss'-possibilisse... 

J'  sais  pas  c'  que  ça  veut  dir'...  c'  que  j'  sais 

C'est  qu'  du  moment  qu'on  est  français 

Y  faut  qu'on  sof  quequ'  chose  en  issè. 
J'dis  qu'y  faut  des  réfbrm's.  Malheur! 
El'  peupe  est  pas  un'  bête  de  somme, 

Et  j'soutiens  qu'un  homme'  vaut  un  homme  !... 
Du  moment  qu'on  est  électeur. 

Via  mon  programm'  :  d'abord,  j' supprime 
Les  rentiers...  c'est  des  propr'  à  rien. 
Non  mais,  y  trouvaient  ça  très  bien 
D'engraisser  pendant  qu'  nous  on  trime 

Y  n'ont  donc  pas  assez  d'  not'  sueur 
D'puis  des  anné's  qu'y  s'en  régalent! 

J'  vous  frai  voir  qu'  tous  les  homm's  y  s'valent. 
Du  moment  qu'on  est  électeur. 

J'  veux  la  liberté  du  commerce  : 
Pus  d'  négociants  !...  d'  gens  établis... 
Oust!  n'en  faut  plus...  mais  j'  rétablis 
L'  métier  que  Y  bon  zigue  il  exerce. 
Est-c'  qui  fait  du  mal  el'  bonn'teur? 

Y  conspir'  pas  contr'  la  patrie  ? 

On  peut  vivr'  d'  sa  petite  industrie... 
Du  moment  qu'on  est  électeur. 

Pus  d'municipaux  !...  d'  sergents  d'  ville  !... 

Y  nous  ont  assez  embêtés. 

Pus  d'  président  !...  pus  d'  députés  ! 
C'est  nous  qu'aura  la  list'  civile. 
A  quoi  qu'ça  sert,  un  sénateur? 
Ça  fait  des  lois  !...  ça  tir'  la  flème. 
Chacun  doit  fair'  la  loi  lui-même 
Du  moment  qu'on  est  électeur. 

Les  rich's  ?  mais  c'est  tous  d'  la  canaille  ! 
Pendant  qu'on  s'esquinte  aux  turbins 
Ça  s'  fris'  les  ch'veux,  ça  prend  des  bains, 
Ça  s'  bourr'  de  gigots  et  d'  volaille  ! 
J'  t'en  fich'rai,  moi,  des  bains  d'odeur 
Avec  des  frictions  à  la  rose  ! 
Chacun  doit  ètr'  sal'  la  même  chose... 
Du  moment  qu'on  est  électeur. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  I^e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  ltillel  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballado  de  la  Demoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  Ballade  des 
Accents  circonflexes»  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  NÉRON.  — 
N°  74,  Poèmes  nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


:,-s  parus  :  —  V  B9,  i.e  «pleen,  de  Charles  Leroy.   —  N"  90,  Lettre 

d'un  Mobile  Breton,  de  François  Copp£b.   —   N*  91,  l'n  Ou  pressant,  de  C.  Trêbla;    Paul  Verlaine,  de 
Yves  .  —  V  92,  Conimon»  on  «e  «léfalt  «l'on    «ndnvre  encombrant,  de  Raoul  Ooer.    —  N°  93,  Les 

l»àn  s  <!«■  ««blé,  de  Jaoqu  ■  «'   •ertslItMf  «le  Corneille,  de  Théophile  Gautier. 


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Tranquill's,  nu  chaud,  dans  leurs  demeures 

Y  reclam'nt  pour  T  pauvre  ouvérier 
Huit  heur's  ae  travail  meurtrier  ! 

/  que  Rotschild  travaill1  huit  heures? 
Ben  alors  !...  Faut  que  ['travailleur 

jn'sa  santé  par  la  balade... 

n'a  pas  V  droit  de  s'rendre  malade... 
Pu  moment  qu'en  est  électeur. 

Huit  heur's  I  alors  faudrait  qu'on  s'  tue? 
Moi,  j*  m'en  fiche  un  peu,  si'  vous  plaît 
travaill'  que  1'  quatorze  juillet  : 
>u'  des  bancs  pour  voir  la  r'vue... 
Et  ça,  parc'  que  j'ai  trop  bon  cœur. 

Y  a  si  peu  d'emplois,  toi  d'Adophe  1 
Que  j'  m'elïac'...  faut  être  philantrofe... 
Du  moment  qu'on  est  électeur. 

1-,-A.    GRE3VOXJIT  «T  .E 

Qui    voulait    faire    elle   grosse    comme    le    Bœuf 

-  nouille  il  voyait  un  jour  oun  bœuf  splendide, 

Et  qui  faisait  beaucoup  des  embarras 
Parce  que  il  était  très  gras. 
Ça  fâchait  le  grenouille.   «  Aoh  !  vous  étiez  stioupide 

»  Yô  faisiez  le  malin,  mossié  le  bœuf! 

//  Moa  que  je  souis  petite  comme  un  œuf 

»  Si  je  volais,  je  serais  aussi  grosse.  » 
Le  bœuf  il  rigolait  dans  son  barbe  aussitôt... 
11  haussait  son  épaule...  pouis  il  disait  tout  haut  : 

«  Il  est  folle  cett'  petit'  gosse  !  !  !  » 
Ça  fâchait  encor  plious  le  grenouille.  A  l'instant 
Il  gonflait  son  dedans...  en  soufflant...  en  poussant... 
«  Je  suis  gros  comme  vô  ?»  —  «  No  !!!  »  dit  le  bœuf  moqueuse. 
c  Maintenant?  •/  —  «  Pas  encor  !  »  Le  petit  malheureuse 
Il  faisait  peine  à  voir,  tant  il  gonflait  loui  fort. 
«  J'y  suis  ?»  —  c  Nô  !  pas  encor  ».  —  «Je  serai  tout  de  souite.  » 
Mais  le  peau  de  son  ventre  il  était  trop  petite 
Et  boum  !  il  éclata  !...    Le  grenouille  était  mort! 

Moralité  de  mossié  La  Fontaine 

L'ambicheune  il  faisait  tourner  les  têtes. 

Le  monde  est  plein  de  grenouilles  très  bêtes  ! 

Moralité  Je  moa,  bôconp  plious  jaolie. 

Le  Français  il  voudrait  être  spiritouel   comme  le    Anglais... 
mais  ce  était  impossible...  il  pôvait  fouiller  loui. 

VIENT  DE  PARAITRE  : 

Les  Desserts  gauloi»  :  35   monologues,  contes,  etc.,  par  Octave  Pradels. 

Un  volume  in-18,  ill  •.  Frai  pont.    Edité   par  Marpon  et  Flammarion. 

En  vent*   chez  Franco  contre   3  fr.  50  <-n  mandat-poste,  à 

l'adresse  de  M.  1  y,  directeur  du  <  ri-('rij'>2,  rue  Thiers,  Havre. 

Le  N*  132  du   Cri-Cri  sera   exclasiretnent  consacré  a    Aristide  Bruant,  du 
Mirliton,  le  le  Montmartre. 

Le  Gérant  :  Renl  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFBOY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


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Tous  les  Samedis 


DIX  Centime» 


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HEUREUX    —    J  A.  I-i  O  XJ"  3C 


FANTAISIE    TRISTE 


PARIS 
Librairie  J.   STRAUSS,   5,   Rue   du   Croissant 

LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cle 

41,    Rue   de   Seine,   41  H  bis,  Boulevard   Haussmann 

Z<7  c#£{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    132 


AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  a  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R.  Uodfroy, 
directeur,  82,  rue  Thiers,  au  Haykk. 


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DA\S   I.A.   ftl'l-:.  Chansons  el   MonologttM  par  Aristide 

BRUANT  :  A  Saint-Lazare  A  la  Villette  A  Montpernasse.  A  Mont* 
ronge.  Amoureux.  Gréviste.  Lézard.  Bonne  année.  Fantaisie  triste. 
Coquette,  etc.,  etc.  Dessins  de  Steinlen.  Prix  :  Sir  50.  in  volume 
in -18  Chez  tous  1rs  Libraires  et  chez  l'auteur,  au  cabaret  du 
Mirliton,  8-4,  boulevard  Rochechouart,  Paris 


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C'est  de  dla  prison  que  j 't'écris, 

Mon  pauv1  Polvte, 
Hier  je  n'sais  pas  c'qui  m'a  pris, 

A  la  visite  : 
C'est  des  maladi's  qui  s'voicnt  pas 

Quand  ça  s'dcclare, 
N'empêch'  qu'aujourd'hui  j 'suis  dans  Ptas, 

A  Saint-Lazare  ! 

Mais  pendant  c'temps-là,  toi, vieux  chien, 

Quéq'tu  vas  faire  ? 
Je  n'peux  t'envoyer  rien  de  rien, 

C'est  la  misère. 
Ici,  tout  l'monde  est  décavé, 

La  braise  est  rare  ; 
Faut  trois  mois  pour  faire  un  linvé, 

A  Saint-Lazare. 

Vrai,  d'te  savoir  comm'  ça,  sans  l'sou, 

Je  m 'fais  un 'bile  ! 
T'es  capabP  de  faire  un  sal'  coup, 

J'suis  pas  tranquille. 
T'as  trop  d'fierté  pour  ramasser 

Des  bouts  d'eigare, 
Pendant  tout  l'temps  que  j'vas  passer, 

A  Saint- Lazare. 

Va  t'en  trouver  la  grand'  Nana, 

Dis  que  j 'la  prie 
D'casquer  pour  moi.  j'y  rendrai  ça 

A  ma  sortie. 
Surtout,  n'y  fais  pas  d'boniments, 

Pendant  qu'je  m'marre 
Et  que  j'bois  des  médicaments, 

A  Saint- Lazare. 

Et  puis,  mon  p'tit  loup,  bois  pas  trop, 

Tu  sais  qu'tes  teigne, 
Et  quand  t'as  un  p'tit  coup  de  sirop 

Tu  fous  la  beigne  ; 
Si  tu  t'faisais  coffrer,  un  soir, 

Dans  un'  bagarre, 
Ya  pus  personne  qui  viendrait  m  Voir, 

A  Saint  Lazare. 


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'      -Cri:  N"  27,  l.e  Bonnet,   de  Louis    Booey  ;    i,o-IImm,   d'Alberl  Tin- 
i.c-  ■•■chair,  ••<•  «içare  «le  iiélié,  <!<•  Georges  Mf;ntelé  ;   Minço!*,  de 

—  "  »  hi-i  ni  i««  AVBIE,  »**«.  —  V  31,  t.em  Templier*,  d'Alphonse  Allais.  —  N"  *m 

I  t  J:i  <i<  r.iir  r<    n< uT.  —   V  33,  r»lal»lnjer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges   I' 

•    .   m'eil    arrivé   en    tram-waj,  de  Carolua  d'HxRRANB.  —  X"  35,  Mon  Suicide,  de  G*M  D'cyuois. 


Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  50,  Plaidoyer  Antieonjugal,  de  Carolus  cTHarrans. 
—  N°  51.  Le  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  N°  52,  On  Uansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  Le 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  I.o  i  rombonne,  de  Charles  Leroy.  —  N°  55,  Les  Pierrots,  de 
Mélandri.  —  N*  56,  Victime  d'un  Lapin,  d'Eugène  Cuavette.  —  Nu  57,  Oune  Jaolle  Uistoare.  de  Charles 
Leroy  ;  Ke  Vieux  Soulier,  de  François  Coppée.  —  N8  58,  Sur  le  Pont,  de  Félix  Galipaux. 


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J 'finis  ma  lettre  en  t'embrassant, 

Adieu,  mon  homme, 
Malgré  qu'tu  soy'pas  caressant, 

Ah  !  j't'ador'  comme 
J'adorais  Thon  Dieu,  comm'  papa, 

Quand  j'étais  p'tite, 
Et  qu'j'allais  communier,  à 

Saint'-Marguerite. 


FANTAISIE    TRISTE 


I'  bruinait...  l'temps  était  gris, 
On  n'voyait  pas  l'ciel...  l'atmosphère 
Semblant  suer  au-d'ssus  d'  Paris, 
Tombait  en  bué'  su'  la  terre. 

1' soufflait  quéqu'  chose...  on  n'sait  d'où 
C'était  ni  du  vent,  ni  d'ia  bise, 
Ça  glissait  entre  l'col  et  l'cou 
Et  ça  glaçait  sous  not'  chemise. 

Nous  marchions  d'vant  nous,  dans  l'brouillard, 
On  distinguait  des  gens  maussades. 
Nous,  nous  suivions  un  corbillard 
Emportant  l'un  d'nos  camarades. 

Bon  Dieu  !  qu'ça  faisait  froid  dans  l'dos  ! 
Et  pis  c'est  qu'on  n'allait  pas  vite  ; 
La  moell'  se  figeait  dans  les  os. 
Ça  puait  l'rhume  et  la  bronchite. 

Dans  l'air  y'avait  pas  un  moineau, 
Pas  un  pinson,  pas  un'  colombe, 
Le  long  des  pierr'  i'  coulait  d'I'eau, 
Et  ces  pierr's-là...  c'était  sa  tombe. 

Et  je  m'disaisj  pensant  à  lui 
Qu'  j'avais  vu  rire  au  mois  d'Septembre  : 
Bon  Dieu!  qu'il  aura  froid  c'tte  nuit  ! 
C'est  triste  d'mourir  en  Décembre. 

J'ai  toujours  aimé  l'bourguignon, 
F  m'sourit  chaqu'  fois  qu'i.  s'allume  ; 
J'voudrais  pas  avoir  le  guignon 
D'm'en  aller  par  un  jour  de  brume. 

Quand  on  s'est  connu  l'teint' vermeil,1 
Riant,  chantant,  vidant  son  verre, 
On  aim'  ben  un  rayon  d'soleil... 
Le  jour  oùsqu'on  vous  porte  en  terre. 


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Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  «le  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Ramjeau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  »no  téléphonique}  Ballade  «le* 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N»  73,  Inllucnzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  —  N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


Monologue*  et  Poésies  parus  da  u  I.k  ('ri-Cri  :  —  N*  89,  I-e  «spleen,  de  Charles  Leroy.  —  N°  90,  Lettre 
d'un  Mobile  Breton,  de  François  COPPBB.  —  N"  91,  In  Cm  prrimanl,  de  C.  Trébla;  Paul  Verlaine,  de 
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HEUREUX 

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Fait  rien  froid...  j'ai  La  gueule  en  feu... 

=       f^ 

El  les  deux  arpions  à  la  glace, 

-  s 

El  l'blair1  qui  couT  comme  eun'  Wallace... 

^ 

S'rail  ben  temps  Que  j'me  chauffe  un  peu. 

■*        g 

Jvas  'core  alier  ;iv'mi'  Trudaine 

>»        ~ 

Oùsque  la  Comparai'  des  Maux, 

Pour  remplacer  celles  dla  Seine, 

: 

l'ait  poser  des  nouveaux  tuvaux. 

«■  1  — 

—     '    «   —    T 

1  'gardien  des  travaux  fait  du  rif 

i       i 

A  ménuit...  et  comme  il  est  zigue, 

•             s 

l'iaiss'  toujours  chauffer  mézigue, 

«7  ■      -  » 

Et  rôtir  mon  morceau  d'iartif. 

?  _  .  »  " 

Presque  tbut's  les  nuits,  c'est  ma  rente, 

Moi  l'gouap'  pas  à  la  faridon, 

■        =  ^ 

J'ai  m'  ben  m'chautfer  la  peau  du  vente 

Quand  ej'n'ai  rien  d'euit  dans  l'bidon. 

^      ; 

C'est  d'jà  rupin,  mais  c'est  pas  tout  : 

\\\    S 

Ya  les  tuvaux  oùsque  l'on  couche, 

1  i<2  *j 

Pour  pas  s'enrhumer,  on  les  bouche 

So'êf 

En  pendant  un  sac  à  chaque  bout; 

i  "_y. 

Fait  chaud  là-d'dans  comme  dans  eun'  cave, 

'i  '"  ^  - 

Et  quand  on  y  est  bâché...  Barca! 

—  ^  - 

Mon  vieux  salaud,  mine'  qu'on  l'entrave; 

'-     •  *  = 

On  s'ièv'rait  pas  pour  faire  caca. 

"B     ><    m    '"      - 

Et  pis,  doucett'ment,  on  s'endort, 

On  fait  sa  carne,  on  fait  sa  sorgue, 

—    -  x    *    r 

On  ronfle,  on  fait  son  tuyau  d'orgue 

■  '*     1     O    . 

Et  l'tuyau  ronfle  encor'  pus  fort... 

■J  ~      '     —  — 

Alors,  on  sent  comme  eun'  caresse, 

P  S  fc  3  5 

On  s'allong'  comm'  dans  un  bon  pieu... 

-  -  £  « 
"  ^  =  -    h 
-^  -  -"  Z  s 

Et  l'on  rév'  qu'on  est  à  la  messe 

Où  qu\  dans  l'temps,  on  priait  l'bon  Dieu. 

*  -  **      - 

JALOUX 

Polyt'  c'est  un  copain  à  moi  : 

St]  1          ■* 

Un  chouette,  un  zigard,  un  vieux  frère, 

Mais  i'  chahut'  ma  ménagère, 

5  SE 

Et  par  moment,  ça  m'fout  un  froid. 

|  £  X  h  Z 

~-      44 

C'est  pas  qu'  j'ay'  l'cœur  à  la  tendresse, 
Mais  j'suis  jaloux.  Vous  comprenez  : 

'-  C  > 

i   ~  v  —  ^ 

Ej'veux  pas  qu'on  r'trouss'  ma  gonzesse, 

~   ■   s  0  ~ 

v'ià  pourquoi  qu'j'ai  Polyt'  dans  l'nez. 

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Le  Gérant  :  René  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 

—  1  £. » 


tes  et   Poésies    .  Le   Cbi-Cbi  :   V   101,   l.e*  Aïeule»,  de  François  Coppée.  —   X°  102, 

■ajvnté  de  Marie,    de  C.  TbEbla.  —  V   103,   Adultère!  de  Ch.  Fromentin.  —  _N»  104,  l-a  !\«>ee  à 
Po 

de 


pinard,    .-    EU  0  il  OoER.  —  N1  105,  Les  Kouliem  vldea,  de  Méi.andri.  —  N»  106,  Ma  Tante  EuphruMie, 

—  N*  107,  1-e  pa»l:inmiiièrr,  de  Théodore  De  Grave.—  N»  108,  Petite  Paoueetle,  de 

.  _  ;  •  Ou  r'eni  tout  1>1«  u  !   de   Jules    Leooux.  —  N°  110,   l.ea  seize  arn.  de  Bébé,  de 

ma_^__X*-ILL  Honsicur  !<•  Maire,  de  ru.M.^hVRKZ. 


Tous  les  Samedis 


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FRANÇOIS       OOFFÉE 
(de  l'académie  française) 

L'ASILE    DE    NUIT 


POESIE    DITE    PAR 


31.    c€>oquelin  aîné,    de  la   Comédie-Française 


CLAM  —  Pour  une  Camarade  morte 


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PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  (        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard   Haussmann 

Zîï  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    135 


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domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R.  Godfroy, 
directeur,  62,  rue  Thiers.  au  Haykr. 


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FRANÇOIS  COPPÉE 


L'ASILE  DE  NUIT 

Uï>  soir.  —  ce  souvenir  me  donné  le  frisson,  — 
Un  ami  m'a  conduit  dans  la   triste  maison 

recueille,  à  Paris,  les  femmes  sans  asile. 
1  a  porte  est  grande  ouverte  et  l'accès  est  facile. 
Disant  un  Dom,  montrant  quelque  papier  qu'elle  a, 
Toute  errante  de  nuit  peut  venir  frapper  là; 
On  l'interrogera  seulement  pour  la  forme. 

>upe  est  chaude;  un  lit  est  prêt  pour  qu'elle  y  dorme; 
L'hôtesse  qui  la  fait  asseoir  au  coin  du  feu, 
Respectant  son  silence,  attendra  son  aveu. 
Car  on  veut  ignorer,  en  lui  rendant  service, 

n  nom  est   misère  ou  si  son  nom  est  vice, 
Et.  dans  ce  lieu,  devant  tous  les  malheurs  humains, 
On  sait  fermer  les  yeux  autant  qu'ouvrir  les  mains. 

l'ai  vu.   J'ai  pénètre  dans  la  salle  commune 

Où.  muettes,  le  dos  courbé  par  l'infortune, 

Leur  morne  front  chargé  de  pensers  absorbants, 

Les  femmes  attendaient,  assises  sur  des  bancs. 

Que  de  chagrins  poignants,  que  d'angoisses  profondes, 

Torturent  dans  le  cœur  ces  pauvres  vagabondes, 

Dont  plusieurs  même,  avec  un  doux  geste  honteux, 

Etreignant  un  petit  enfant,  quelquefois  deux! 

On  m'a  dit  ce  qu'étaient  ces  pauvres  délaissées  : 

Ouvrières  sans  pain,  domestiques  chassées, 

Et  les  femmes  qu'un  jour  le  mari  laisse  là. 

Et  les  vieilles  que  l'âge  accable,  et  celles-là 

Dont  la   misère  est  triste  entre  les  plus  amères  : 

Les  victimes  d'amour,  hélas!  les  filles  mères, 

Qui,  songeant  à  l'enfant  resté  dans  l'hôpital, 

Soutiennent  de  la  main  le  sein  qui  leur  fait  mal. 

J'ai  vu  cela.  J'ai  vu  ces  pauvresses  livides 

Manger  la  soupe  avec  des  sifflements  avides, 

Puis,  lourdes  de  fatigue  et  d'un  pas  affaibli, 

Monter  vers  ce  dortoir,  tous  les  soirs  si  rempli. 

Mon  regard  les  suivait,  et,  pour  leur  nuit  trop  brève, 

Je  n'ai  pas  souhaité  l'illusion  du  rêve, 

—  Au  matin,  leur  malheur  en  eut  été  plus   fort  !  — 

Mais  un  sommeil  profond  et  semblable  à  la  mort. 

dormir,  c'est  l'instant  de  calme  dans  l'orage  ; 
Dormir,  c'est  le  repos  d'où  renaît  le  courage, 
Ou  c'est  l'oubli,  du  moins,  pour  qui  n'a  plus  d'espoir. 
Vous  souffrirez  demain,  femmes,  donnez,  ce  soirl 

Oh  !  naguère,  combien  d'existences  fatales 
Erraient  sur  le  pavé  maudit  des  capitales, 
Sans  jamais  s'arrêter  un  instant  pour  dormir  ! 
Car  la  loi,  cette  loi  dure  à  faire  frémir, 


:  N«  27,  i.e  Nontiot,  de  Louis   Booey;   i.à-iia»,  d'Albert  Tin- 

i  <•  ■••ebefi  :  lin.  \"  2".  I.e  «  igure  de  Héhé,  de  Georges  Mentklé  ;   Hlnçol»,  de 

—  «  hi-i  ni  i      tvmi,  i**f>.  —  K»  31,  !.<■«  Templier*,  «l'Alphonse  Allais.  —  A"  32, 

l  t  1;«  «itrntère  neuf,  iol.   —   N"  39i  Plaidoyer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  Docquois. 

i   i  m'e»"    arriw-   «-n    (ram«uj,  de  CaroiifS  d'HARRAN   •  —  V  35,  Mon  Muicldc,  de  G*"  1>'>c.' 


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Défend  que  sous  le  ciel  de  Dieu  le  pauvre  dorme. 

Triste  femme  égarée  en  ce  Paris  énorme, 

Qui  sors  de  l'hôpital,  ton  mal  étant  fini) 

Et  qui  n'as  pas  d'argent  pour  sonner  au  garni, 

Il  est  minuit.  Va-t'en  par  le  désert  des  rues  ! 

Sous  le  gaz  qui  te  suit  de  ses  lumières  crues, 

Spectre  rasant  les  murs  et  qui  gémis  tout  bas, 

Marche  droit  devant  toi,  marche  en  pressant  le  pas  ! 

C'est  l'hiver,  et  tes  pleurs  se  glacent  sur  ta  joue. 

Marche  dans  le  brouillard  et  marche  dans  la  boue  ! 

Marche  jusqu'au  soleil  levant,  jusqu'à  demain, 

Malheureuse  !  et  surtout  ne  prends  pas  le  chemin 

Qui  mène  aux  ponts  où  l'eau,  murmurant  contre  l'arche, 

T'offrirait  son  lit  froid  et  mortel...  Marche  !  marche  ! 

Ce  supplice  n'est  plus.  L'errante  qu'on  poursuit 

Peut  frapper  désormais  à  l'Asile  de  nuit  ; 

Ce  refuge  est  ouvert  à  la  bête  traquée, 

Et  l'hospitalité,  sans  même  être  invoquée, 

L'attend  là  pour  un  jour,  pour  deux,  pour  trois,  enfin 

Pour  le  temps  de  trouver  du  travail  ou  du  pain. 

Mais  la  misère  est  grande  et  Paris  est  immense  ; 

Et,  malgré  bien  des  dons,   cette  œuvre  qui  commence 

N'a  qu'un  pauvre  logis,  au  faubourg,  dans  un  coin  , 

Là-bas,  et  le  malheur  doit  y  venir  de  loin. 

Abrégez  son  chemin,  fondez  un  autre  asile, 

Heureux  du  monde,  à  qui  le  bien  est  si  facile  ! 

Donnez  !  Une  maison  nouvelle  s'ouvrira. 

Femme  qui  revenez,  le  soir,  de  l'Opéra, 

Au  bercement  léger  d'une  bonne  voiture, 

Songez  qu'à  la  même  heure  une  autre  créature 

Ne  peut  aller  trouver,  la  force,  lui  manquant, 

Tout  au  bout  de  Paris,  le  bois  d'un  lit  de  camp  ! 

Songez,  quand  vous  irez,  tout  émue  et  joyeuse, 

Dans  la  petite  chambre  où  tremble  une  veilleuse, 

Réveiller  d'un  baiser  votre  enfant  étonné, 

Que  l'autre,  dans  ses  bras  porte  son  nouveau-né, 

Et  que,  se  laissant  choir  sur  un  banc,  par  trop  lasse, 

Jetant  un  œil  navré  sur  l'omnibus  qui  passe, 

Elle  ne  peut  gagner  la  maison  du  faubourg  ; 

Car  la  route  est  trop  longue  et  l'enfant  est  trop  lourd  ! 

Oh  !  si  chacun  faisait  tout  ce  qu'il  pourrait  faire  !... 

Un  jour,  sur  ce  vieux  seuil  connu  de  la  misère, 

Une  femme  parut,  de  qui  la  pauvreté 

Semblait  s'adresser  là  pour  l'hospitalité  ; 

On  allait  faire  entrer  la  visiteuse  pâle, 

Quand  celle-ci,  tirant  de  dessous  son  vieux  châle 

Des  vêtements  d'enfant  arrangés  avec  soin. 

Dit  : 

«  Mon  petit  est  mort  et  n'en  a  plus  besoin... 
Ce  souvenir  m'est  cher,  mais  il  est  inutile  ; 
Partagez  ces  effets  aux  bébés  de  l'asile... 

Car  mon  ange  aime  mieux,  —  mon  cœur  du  moins  le  croit,  — 
Que  d'autres  aient  bien  chaud,  pendant  qu'il  a  si  froid  !  » 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  Le 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  do  faire  part,  de  Jacques  Normand  •  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N"  72,  Ballade  de  la  Bemoiselie  chauve;  Duo  téléphonique  J  Ballade  de» 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
V  74,  Poèmes  nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  —  N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


Monoîoqufs  t:  .!  :  —  V  tfO,  I.e  Spleen,  de  Charles  Lkroy.   —  N°  90,  Lettre 

d'un  Mobile  Breton,  Je  François  CoPPBR.   —   X"  91,  l'n  Oa*  prouvant,  de  C.  Trébla.  ;    Paul  Verlaine,  de 
x  .;  ! _.  —   \#  90,  Comuienl  on  ne  défait  «l'un    Cadavre  encombrant,  de  Raoul  Ooer.    —  N°  5)3,  Les 

P&téa  de  sable,  de  Jacques  Normano  :  i.»*  Soulier  de  Corneille,  de  Théophile  Gautier. 


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Ê*z! 


Noble  femme  apportant  le  denier  dé  La  veuve, 
■Mère  qui  te  souviens  d'autrui  dans  ton  épreuve, 
Grande  .une  où  la  douleur  exalte  ehcor  l'amour, 

bénie!.,.  Ht  vous  tous,  riches,  puissants  du  jour, 
Vous  qui  pouvez  donner,    ô  vous  à  qui  s'adresse 
Cet  exemple  de  simple  et  sublime  tendresse, 
Au  nom  des  pleurs  émus  que  vous  ave/  versés, 
Ne  laites  pas  moins  qu'elle  et  VOUS  ferez  assez! 


VERS  DU  PITRE  CLAM 

POUR   UNE   CAMARADE   MORTE 

Elle  est  morte  la  cabotine 

Sans  avoir  essuyé  son  blanc. 

A  la  bouche  une  cavatiue. 

Son  bouquet  de  fleurs  sur  le  liane. 

Dans  sa  caravane  on  la  garde 
Entre  un  cierge  et  des  litres  bus  ; 
Sa  mère  l'habille  et  la  farde 

unie  elle  l'a  fait  pour  ses  débuts. 

Elle  attend  qu'on  lève  la  trappe 

Et  qu'on  frappe  au  rideau  trois  coups... 

Elle  attend Hélas  !  on  les  frappe, 

Mais  c'est  sur  des  têtes  de  clous. 

>RIMES  DU  "CRI-CRI" 

Expédiées  franco  dans  toute  la  France  contre  leur  montant  en 
mandat-poste  à  l'adresse  de  M.  René  Godfroy,  62,  rue  Thicrs, 
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L Algérie,  de  Gaffareî,  un  magnifique  volume  in-40,  illustré 
de  4  chromolithographies,  3  cartes  en  couleurs  et  plus  de  200 
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Dictionnaire  de  l'Art,  de  la  Curiosité  et  du  Bibelot,  d'Er- 
nest Bosc.  702  gravures,  4  chromos.  Reliure  d'amateur. 

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Napoléon  I  et  SOn  temps,  de  Roger  Peyre.  431  gravures, 
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(La  suite  au  prochain  numéro.) 


Le  Gérant  :  René  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


Cri-Cri:   V    101,  l\e»  Aïeuli**,  de   François  Coppee.  —   \°  102 

I,a    Majorité  de  Marie,    de  C  Trébla.  —   '  Adultère!  de  Ch.  Fromentin.'—  N»  104,  l.a  !Voc4  ; 

Popii.:iiil,  —  Les  S«.uli«T»  vldu,  de  Mi  —   N*  106,  Ma  Tante  Eupbraal* 

—    !  ".    I.«-  ltn»l:i»ni<ni«r<-,    de    I  VE. —  N*   108,    l'etltc    I*aon<-«'t (e,  <1 

.  —  Ou  c'est  tout  Uea  !   de   Jb  s.  —  N'  110,  Les  seize  au»  de  Uébé,  d 

.  —  N'  111.   Monsieur  le  llaire.  fli  )./.. 


Tous  les  Samedis 


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MARC  ANFOSSI 


DUO  CONJUGAL 


PARIS 

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Et  che{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

ÎM°    154 


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domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  II.  Godfroy, 
directeur,  62,  rue  Thiers.  au  HAVRB. 


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MARC    ANFOSS1 


DUO    CONJUGAL 


A  Charles  Leroy. 

MADAME  .i   MONSIEUR  entrent  brusquement, 
poursuivant  une  discussion  commencée. 

MONSIEUR 

Eh  bien,  soit  !  JV  consens,  madame.  C'eàt  Infâme. 
Apres  trois  mois  d'hymen,  de  me  laisser  sans  femme; 

Mais  puisque,  comme  moi,  vous  avez  constaté 
Que  ce  cœur,  qui  battait  si  fort,  s'est  arrête. 

Que  nos  tempéraments,  d'humeur  incompatible, 
Nous  ont  fait  désormais  l'existence  impossible, 

J'accepte  carrément  la  séparation. 

Oh!  je  n'éprouve,  allez,  aucune  émotion. 
Je  suis  fort.  Et  je  vais  recouvrer,  sans  colère, 
La  douce  liberté  qui  me  fut  toujours  chère. 

MADAMI 

Mais  je  bénis  le  ciel,  monsieur,  de  la  gaité 

Qu'il  inspire  à  ce  cœur  que  mon  cœur  a  quitté  ! 

Il  m'a  fallu  trois  mois  supporter  vos  caprices, 

Et.  comme  une  âme  en  proie  à  d'obscurs  maléfices, 

Sans  cesse  vous  dire  :  Oui  !  lorsque  je  pensais  :  Non  ! 

Aliéner  mes  goûts,  ma  volonté,  mon  nom  ; 

Me  faire  esclave,  ilote  ;  obéir  à  la  lettre 

A  cl-  tyran,  qui,  dès  l'abord,  semblait  promettre 

1 1    tre  agréable,  tendre,  aimant,  plein  de  douceur, 

Et  qui,  je  vous  le  dis,  ne  fut  qu'un  oppresseur. 

Oppresseur,  je  maintiens  le  mot.  L'on  m'a  nommée 

Chez  madame  Poulard,  une  pauvre  opprimée. 

MONSIEUR 

Ah  !  madame  Poulard  !  Parlons-en  !  Un  fagot, 
Dont  le  faible  mari,  plus  laid  qu'un  vieux  magot, 
Obéit  lâchement  à  des  désirs  grotesques  ; 
Femme  mise  en  couleur  qui  fait  songer  aux  fresques, 
Beauté  qui  se  déteint  —  désespoir  des  danseurs  — 
Qui  de  rouge  et  de  blanc  émaille  ses  valseurs  ; 
Oh  !  madame  Poulard  ! 

(Il  s  esclaffe.) 

madame,  avec  un  sentiment  comique. 

Monsieur,  elle  est  aimée  ! 
Certes,  je  vous  l'accorde,  elle  n'est  point  aimée 
Ni  péri...  Mais  on  l'aime  ! 

(Comiquement. 

Amour  !  aveugle-né  ! 
Heureux,  6  Cupidon  '.  le  mortel  fortuné 
Qui  se  sent  pénétré  de  tes  philtres  aimables. 


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:  V  27,  ■„»•  Sonnet]   de  Louis   Bogey    Là-Ban,  d'Alberl  Tin- 

lourlifijr.         '  29,  l.e  «  i{*»r*?  «!«■  Bébé,  de  Georges  Mentelé  ;  Hlinjol»,  de 

«  iti-<  ki  i      %%kii.  •**».  —  Y  31,  i  «■*  Templlerii,  d'Alphonse  Allais.  —  .V  M, 

f.  lOL.    —    N"  33,  l'Ialilojer  pour  un  Auvergnat,  de  George.-,  I  ou 

arrivé   m    1ram«»j,  cU    '  ans.  —  V  35,  Mon  Muicldc,  de  G*"  '  "'CyuoiS. 


Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N«  50,  Plaidoyer  «ntlconjugal,  de  Carolus  (THarrans 
—  i\  51,  le  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  N»  52,  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53  le" 
Fou  Blre,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  1-e  Trombone,  de  Charles  Leroy.  —  Ne  55,  Les  Pferrois  de 
Melandri.  —  N°  56,  Victime  d'un  lapin,  d'Kugèue  Chavettk.  -  N°  57,  OuncJaolle  Histoare  de  Charles 
Leroy  ;  lie  Vieux  Soulier,  de  François  Coi-pée.  —  \'°  58,  Mur  le  Pont,  de  Félix  Galipaux. 


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MONSIEUR 

Vous  m'avez  envoyé,  madame,  à  tous  les  diables  ; 

Je  ne  prétendais  point  passer  pour  Adonis, 

Mais  vos  brûlants  transports  furent  vite  finis. 

Trop  vite,  hélas  !  Mon  Dieu,  ce  n'est  point  un  reproche, 

Mais  on  a  tort,  parfois,  d'acheter  chat  en  poche  ; 

On  devrait  soupeser  et  disséquer  à  fond 

Ces  serments  creux,  neiges  qu'un  rayon  d'avril  fond. 

MADAME 

A  qui  la  faute,  ingrat  ?  Suis-je  donc  si  coupable  ? 
Vous  avez  une  humeur  terrible,  abominable, 
Un  caractère  aigu,  si  plein  d'entêtement 
Que  vouloir  vous  plier  par  un  raisonnement 
C'est  faire,  à  parler  franc  et  sans  colère  aucune, 
La  conversion  d'un  habitant  de  la  lune. 

MONSIEUR 

L'homme  est  le  protecteur  de  sa  faible  moitié, 
Madame  ;  —  et  si  cet  arbre  un  peu  trop  s'est  plié, 
Il  risque  fort,  a  dit  un  grand  naturaliste, 
De  se  voir  détailler  en  bûches,  et  c'est  triste. 

MADAME 

Mais  nous  n'exigeons  point  de  bassesses,  d'aveux, 
Ni  qu'un  âpre  remords  décime  vos  cheveux  ; 
Nous  voulons  plus  d'amour,  plus  de  galanterie. 
Soyez  les  maîtres,  mais  que  la  bouche  sourie  ; 
Sans  que  nous  le  sachions,  imposez-nous  vos  lois, 
Mais  ne  maltraitez  pas  une  épouse  aux  abois. 
La  femme  a  tant  besoin  de  bonté,  de  tendresse... 

MONSIEUR 

Vous  le  savez,  cruelle,  au  fond  de  la  rudesse 
Que,  je  dois  l'avouer,  nous  montrons  par  bon  ton, 
Nous  dissimulons  tous  des  douceurs  de  mouton. 
C'est  un  genre,  un  orgueil,  que  ces  cris  qu'on  profère, 
Mais  à  vos  pieds  déjà  la  victime  est  a  terre. 

MADAME 

A  nos  pieds,  ô  cruel  !  Est-ce  bien  vrai  ?  Faut-il 
A  cet  aveu  trompeur  rattacher  votre  fil  ? 
Ne  suis-je  pas  trop  bonne  ?  ai-je  pas  tort  ?... 


MONSIEUR 


Cher  ange 


(A  part.) 

De  me  rouer  de  coups  le  désir  me  démange. 
Avoir  fait  de  la  peine  à  cet  objet  charmant  ! 

(Haut.) 

Je  deviendrai  si  doux  qu'un  confiseur  dormant 
Au  sein  de  la  praline  et  des  sucres  en  pile, 
N'offrira  pas  au  ciel  de  tableau  plus  tranquille. 
Et  j'allais  vous  quitter  !  vous,  dont  le  tendre  cœur. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet  —  N»  TU  1-e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N»  71,  ttillet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand":  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N"  i2,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  Buo  téléphonlnue  ;  Ballade  de» 
Acçcnls  circonflexes,  de  Mac-Nab.  -  N«  73,  Inlluenzé  par  sa  Bclle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  - 
A0  14,  Poèmes  Nationaux,  de  Leon-L.  Berthaut.  —  N"  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


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d'un  Mobile  Breton,  de  François  CoPPRR.  —  X*  91,  In  Vu*  preNwanl,  de  C.  Tr&BLA  ;  Paul  Verlaine,  de 
\\  s  LkrBL.  —  X*  92,  Comment  on  me  défait  d'un  Cadavre  encombrant,  de  Raoul  Oqsr.  —  X°  98,  l.ea 
Mtéa  de  Huble,  de  Jacques  Normand  :  l«e  Sosller  de  Corneille,  de  Théophile  Qàutibr, 


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madame,  virant  de  bord. 

Quoi  !  vous  m'eussiez  vraiment  abandonnée?  Horreur! 

Pour  un  pareil  motif,  pour  un  débat  l'utile. 

Vous  m'auriez  délaissée,  ô  trompeur,  tourbe,  argile 

Dont  l'enfer  a  pétri  ses  dénions  les  plus  noirs  ! 

Mes  t'r.iis  matins  ont  l'ait  place  à  d'horribles  soirs. 

Depuis  qu'à  ce  Satan  j'unis  ma  destinée, 

Sous  quelle  étoile  éteinte,  Ô  destin,  suis-je  née? 

Adieu,  monsieur!  Je  vais  chez  maman,  loin  d'ici. 


MONSIEUR 


Ma  stupide  vertu  m'a  vraiment  réussi. 
Foin  de  ma  ridicule  et  plate  obéissance  ! 
Du  cote  de  la  barbe  est  la  toute-puissance. 
Montrons-le. 

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-i  assL/.  madame,  me  railler. 
Songez-y  bien.  Si  vous  vouliez  me  gouailler. 
Vous  auriez  pu  choisir  un  moyen  moins  acerbe. 
Sous  mon  pied  indulgent  vous  avez,  coupé  l'herbe. 
Je  me  révolte  et  suis  le  maître  !... 

MADAMl 

Paix  !  Tout  doux  ! 
Monsieur  ne  devait  plus  connaître  le  courroux. 
Serment  d'ivrogne.  Allons,  n'avez-vous  pas  la  preuve, 
En  mon  sourire,  que  ce  n'était  qu'une  épreuve  ? 

MONSIEUR 

Cher  trésor  ! 

madame,  au  public 

Jusqu'au  jour  du  dernier  jugement, 
Charbonnier  sera  noir,  meunier  restera  blanc, 
Et  mari  sera  dur  et  jaloux  à  l'extrême. 

(A  monsieur.) 

Allons  !  ne  prenez  point  ces  mines  de  carême, 
Vous  le  savez  trop  bien,  mon  âme  a  désarmé... 
Douteriez-vous,  ingrat,  que  vous  êtes  aimé? 
Vite,  à  genoux,  monsieur. 

monsieur,  à  genoux 

Ah  !  que  c'est  bon,  les  femmes  ! 

madame,  au  public 

Jusqu'au  prochain  orage  ;  est-il  pas  vrai,  mesdames? 

(Rideau.) 


Les  deux  premières  années  du  CRI-CRI,  soit  104  numéros,  sont  expé- 
diées franco  contre  mandat-poste  de  fr.  8  >»  à  l'adresse  de  M.  René 
GODFROY,  62,  rue  Thiers.  —  Le  Havre. 

Le  Gérant  :   René  Oodproy.  —  Imprimerie  GODFROY,   82,  Itw  Thiers,  Le  Havre. 


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I.a    MmJ^rHt  tic  Marie,  —  N1    103,   A«Iii1i«'t«'  !  de  Ch.  Fromentin.—  N°  104,  l>a  IVoce  à 

Popiii.oil.      ■  Raoul  Ogbr.  —  N'  105,  Les  •onlier*  \l«l«>«,  de  Mélandri.—  N*  106,  Ha  Tante  Euphraale, 
—  i  «-  Itu>i;niiMni«i  i  ,  dore  De  Grave. —  N*  108,  Petite  Paoucette,  «le 

Cha:  .  —  N*    W9,  On  c'esi  tout  bleu  :   de   Jules    Legoux.  —  N°  J10,   I^e»  seize  aim  «le  Ilélié,  de 

Carolus  rTHA&aaira.  —  N*  111,  Monsieur  le  Blaire,  de  Pomhlvkez. 


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FRÉDÉRIC  KERNEVEZ 


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N°    155 


AVIS    IMPORTANT 
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domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  fiançais  adresses  a  M.  R.  Godfroy, 
directeur.  62,  rue  Thiers,  au  Havre, 


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LA     CACHETTE 


Elle  S'est  décidée  à  Sortir  aujourd'hui, 

Et,  plus  morne  qu'avant,  elle  revienl  sans  lui. 

Tant  qu'il  n'aura  pas  bu  l'argent  de  la  semaine 

11  ne  rentrera  pas.  à  moins  qu'on  ne  remmène. 

Voilà  pourtant  trois  jours  qu'il  s'amuse,  et  trois  jours 

Que  la  femme  au  logis  pleure,  attendant  toujours, 

Avant  faim,  accroupie  auprès  de  l'àtre  vide, 

Berçant  sur  ses  genoux  son  nourrisson  livide. 

Elle  ferme  la  porte,  et  reste  là  sans  voix, 

Accotée  au  chambranle,  épiant  si  parfois 

Elle  entendra  le  pas  lourd  dans  l'escalier  sombre. 

Un  triste  crépuscule  emplit  la  pièce  d'ombre... 

C'est  fini  pour  ce  soir.  Il  ne  rentrera  pas  ! 

—  Résignée,  elle  va,  sans  bruit,  à  petits  pas, 

Vers  l'alcôve,  où,  fiévreux,  sur  la  pâle  couchette, 

Dort  l'enfant  maladif.  C'est  là  qu'est  la  cachette, 

Le  peu  d'argent  gardé  pour  le  médicament. 

Mais  quoi,  plus  rien,  et  le  lit  est  défait  !  Comment  ? 

Sans  un  mot,  elle  court  droit  à  la  cheminée, 

Prend  un  flambeau,  l'allume,  et,  reste  consternée, 

Car,  cet  éclair  rapide  a  suffi  ! 

Par  ce  froid, 
Pendant  qu'elle  guettait  dans  la  rue,  en  émoi, 
Collant  son  œil  hagard  à  chaque  devanture, 
Il  est  revenu  seul,  et  sous  la  couverture. 
Il  a  trouvé  l'argent,  hélas  ! 

Il  est  venu, 
Découvrir  sur  ce  lit  glacé  cet  enfant  nu, 
Pour  voler  quelques  sous  et  poursuivre  la  noce  ! 
Et.  qu'importe,  après  tout,  à  ce  buveur  féroce 
Consumé  par  l'alcool,  chez  qui  le  sentiment 
De  père  est  mort,  après  la  tendresse  d'amant, 
Que  cet  être  chétif  sous  la  terre  repose  ! 

Oh  !  que  l'ivrognerie  est  une  sombre  chose  ! 


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■  ï  punis  i-  :  S"  27,  I-e  Soaaet,   de  Louia   Booey     I>ù-iiun,  d'Albert  Tin- 

chant.  —  N#  28,  Le  ««nnli'iir.  29,  Le  t  ijjtn«"  «i«-  Hébé,  de  Georges  Mentelé;  iiiinjol*,  de 

:  rthal't.  —  N«  •'      «  ui-i  ici  i      i«itn.  i*<»»o.  —  V  31,  Lca  Templiers,  d  Alphonse  Allais.  —  V  M, 
i  «  lii  dernier?  n<  uf,  •  moi..   —   N*  33,  Plaidoyer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  DocQUOlL 

—  N*  '.:',.   Cm   m'r»t    arrivé   en   traniwaj,  de  Carolus  d'HARRANS.  -   N*  '■'>'>,  mon  Muiclde,  de  G*"  !■>  ' 


—  N°  51,  Le  Jouet  Allemand,  d  Henri  Piquet.  —  N°  5-2,  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  5:J,  l.e 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  l>o  Trombone,  de  Charles  Leroy.  —  N°  55,  l.e*  l'Ierrom,  d» 
Mélandri.  —  N°  56,  Victime  irun  l.apin,  d'Eugèue  Ciiayi-.ttk.  —  Nu  bl,  OuiicJaolle  Histoare.  de  Charles 
Leroy  ;  l\.e  Vieux  Soulier,  de  François  CoppÉb.  —  N°  56,  Nur  le  l'ont,  de  Félix  Gaupaux. 

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DIEU 


.1   Madame  Letorey. 

Le  flot  combat  le  roc  qui  veut  le  retenir, 
Mais  caresse  la  plage  au  soleil  irrisée 
Sans  jamais  dépasser  la  limite  imposée, 
Et  la  plage  sourit,  voyant  le  flot  venir. 

L'éclair  heurte  le  mont  qu'il  ne  peut  désunir, 
Mais  l'aube,  tout  à  coup,  à  l'orient  posée 
Fait  fondre  le  glacier  qui  se  change  en  rosée 
Et  qui  monte  vers  l'aube  en  n'osant  la  ternir  ! 

Amour  universel  embrasant  toutes  choses, 
O  sublimes  effets  dus  à  de  tendres  causes, 
Lois  surprenant  l'esprit  par  leur  sérénité  ! 

Malgré  le  sombre  doute  issu  d'une  imposture, 
Eternel  créateur,  Dieu  vit  dans  la  nature, 
Et  j'adore  à  genoux  cette  grande  Clarté  ! 


PETITS  SONNETS  PARISIENS 


L'HEURE   DE    L'ABSINTHE 

Le  Cabotin  s'assied,  baillant,  la  mine  lasse, 
Il  contemple  l'absinthe  et  le  flacon  de  glace 
Que  l'on  vient  de  poser,  brusquement,  devant  lui. 
Enfin,  il  se  décide  et  verse  avec  ennui... 

Tous  les  jours,  il  revient,  morne,  à  la  même  place, 
La  barbe  inculte,  avec  une  épaisse  tignasse 
Tombant  sur  le  collet  du  veston  qui  reluit, 
Et  tous  les  jours,  il  boit  son  absinthe  sans  bruit. 

Il  songe  à  ses  succès  dans  la  ville  lointaine. 

Il  avait  la  voix  chaude  et  l'allure  hautaine 

Des  gens  qui  sentent  l'or  leur  tenir  dans  la  main. 

A  présent  que  la  dèche  a  remplacé  la  veine, 

Son  allure  est  timide  et  sa  voix  incertaine  : 

«  Garçon,  dit-il,  comptez,  je  paierai  çà  demain  !  » 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  l^e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Hillel  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve  ;  Duo  téléphonique  ;  Ballade  des 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inllucnzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


•logues  et  Poésies  p  1  t   Cri-Cri  :  —  X*  89,  Le  «pleen,  de  Charles  Leroy.   — 

l'un  vioblie  iiretou,  de  François  Coppéb.  —  X*  91,  l'n  vu»  presnent,  de  C.  Trbbla;   Paul 


N°  90,  retire 

-    .v  .m,  ■  n  m*  prcNxuni,  ae  o.   irebla.;    ■*»ui  Verlaine,  de 

y,,  -    V  98,  «oiuiiiout  on  *e  «léfnlt  d'un    Cadavre  encombrant,  de  Raoul  Ooer..    —  N°  98,  l.e» 

paies  tle  .*uble,  de  Jacques  Normand;  i.e  Soulier  «le  Corneille*  de  Théophile  Gautier. 


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CHIEN  ERRANT 

Maigre,  comme  une  haridelle, 

Il  est  famélique  et  peureux, 
Sa  patte,  touille  la  «  poubelle  » 
Qu  interroge  son  nez  fiévreux. 

s, iS  CÔteS  et  son  ventre  ereu\ 
Semblent  un  profil  de  gazelle, 

11  a  des  pleurs  sous  sa  prunelle, 
El  ilu  sang  sur  son  poil  terreux  ! 

Dans  la  rue.  il  rampe  en  silence, 
Car  la  fourrière  et  la  potence 
Sont  là.  guettant  sa  pauvreté, 

11  souffre,  sans  bruit,  la  morsure 
Du  chien  que  la  patente  assure, 
Lui,  sert"  de  L'animalité  !.. 

AVANT    LE    DÉJEUNER 

Le  petit  employé,  sa  serviette  à  la  main. 

Ayant  pris  à  sa  femme  un  baiser  sur  la  joue, 
Arpente  le  faubourg,  sans  muser  en  chemin, 
Le  pantalon  troussé,  soigneux,  craignant  la  boue. 

Madame  à  la  laïque  a  conduit  son  gamin. 
L'époux  bûche,  la  femme  est  seule,  l'enfant  joue. 
L'amant  rentre  :  «  C'est  fort  !  je  t'attendais  demain  !  » 
—  «  Vaut-il  pas  mieux  de  suite?  »  Un  rire  la  secoue  : 

«  Mais,  le  lit  n'est  pas  fait,  polisson,  c'est  coquet  !  »  — 
Quelques  voisins  sournois  blaguent  chez  le  troquet, 
Puis,  causent  politique  en  vidant  leur  canette. 

L'heure  du  déjeuner  sonne,  et,  sur  le  fourneau, 

L'employé,  radieux,  flaire  le  godiveau 

Qui  mijotte,  embaumant  cet  intérieur  honnête  ! 

NOS  PETITES  OUVRIÈRES 

Deux  à  deux,  nez  au  vent,  trottant  à  qui  mieux  mieux, 
Troussant  leur  jupe  avec  la  même  chatterie, 
Une  rose  d'un  sou,  dans  leur  gorge,  fleurie, 
Et.  fixant  les  naïfs  éblouis,  dans  les  yeux. 

Elles  vont,  agaçant  les  jeunes  et  les  vieux. 

Un  babil  enfantin  emplit  la  crémerie, 

Où,  le  croissant,  tout  chaud,  au  lait  pur  se  marie  ; 

Déjeuner  impromptu,  frugal,  délicieux. 

—  c  Voici  Jeanne,  bonjour!  — «  Qui  vient  là  ?  —  C'est  Hermance. 
c   Elle  épouse  un  rentier.  —  «  A-t-elle  de  la  chance  !  » 

—  «  C'est  selon,  ces  gens  là  sont  bien  trop  éhontés  !  » 

O  petite  ouvrière,  alerte  et  travailleuse, 

Pour  nous  faire  oublier  l'étiquette  orgueilleuse, 

Que  toujours  ton  franc  rire  emplisse  nos  cités  ! 

Le  Gérant:   René  Godproy.  —  Imprimerie  GODFBOY,   62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


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FRANÇOIS        OOIPFEIE 


L'A  NNIV  E  RSAIRE 


STKOPHES    DITES    PAR 


31.    31  o  un  et -Sully,    à    la   c(5omédie-  française 

En  présence  de   Victor  Hugo,  le  26  Février  1882 


CAMILLE  LEGRAND.  -  Les  Cheveux.  -  Sonnet  romantique 

AIMFOSSI. —  Opinions  d'Oiseaux.  -  A  propos  de  pieds.  -  Au  dessert 


PARIS 

Librairie   J.    STRAUSS,    5.    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    4  1  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  cheç  tous  le's  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    156 


.AVIS    IMFOF.TAKT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  el  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  tfmbres-poste  français  adressés  a  M.  R. 
directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havkk. 


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FRANÇOIS  COPPÉE 


L'ANNIVERSAIRE 


Un  chêne  est  vieux.  Pourtant,  dans  ses  fortes  ramures, 
Jamais  plus  de  doux  nids,  plus  de  divins  murmures 

N'ont  chante  sous  le  noir  couvert  : 
Et  jamais,  quand  le  vent  de  floréal  se  lève, 

-  bourgeons  dores  n'a  monté  plus  de  sève  : 

Plus  il  vieillit,  plus  il  est  vert. 

Un  aigle  est  vieux.  Jamais,  s'élançant  de  son  aire, 
11  n'a  plus  bravement  volé  vers  le  tonnerre, 

Dans  l'air  d'orage  lourd  et  chaud  ; 
Et  jamais  le  grand  coup  de  ses  ailes  sublimes 
Ne  l'a  mieux  emporté  par  delà  les  abîmes; 

Plus  il  vieillit,  plus  il  va  haut. 

Le  soleil  est  très  vieux.   Pourtant,   sa   lace  ardente 
N'a  jamais  mieux  verse  la  chaleur  fécondante 

Aux  fleurs,  aux  fruits,  à  la  moisson  ; 
Jamais  plus  doucement,  dans  l'exil  où  nous  sommes, 
Ce  sourire  de  Dieu  n'a  brillé  sur  les  hommes  ; 

Plus  il  vieillit,  plus  il  est  bon. 

Il  est  très  vieux  aussi,  le  bien-aimé  Poète, 

De  qui  nous  célébrons  par  de  longs  cris  de  fête 

Les  quatre-vingts  ans  aujourd'hui. 
C'est  lui  qui,  dans  un  mot  d'éloquence  suprême, 
Nous  disait  :  «  Je  naquis  avec  ce  siècle  même, 

Et  je  continue  avec  lui.  » 

Mais,  quand  elle  permet  qu'un  tel  poète  naisse, 
La  nature  lui  donne  un  trésor  de  jeunesse. 

L'aïeul  au  jeune  homme  est  pareil  : 
Et  l'Esprit  devant  qui  tous  les  autres  pâlissent, 
Superbe,  ne  vieillit  pas  plus  que  ne  vieillissent 

Le  chêne,  l'aigle  et  le  soleil. 

Oh  :  longtemps,  très  longtemps,  à  cet  anniversaire, 
h       ■  •   toi,  courbant  tous,  ô  grand  vieillard  sincère, 

N'.,s  fronts,  d'émotion  tremblants, 
Laisse-nous  voir  encor,  plus  nobles  chaque  année, 
Parmi  les  lauriers  verts  dont  ta  tête  est  ornée, 

Briller  tes  jeunes  cheveux  blancs  ! 


Le  Cri-Cri  publi»  ochainemenl   R  de  Fran- 

la  Comédie-Française  par  M.  Got,  doyen    de«  sociél 
a  l'occasion  de  l'anniversaire  <le  la  mort  de   Victor  Hugo. 


i  -£Ri  :  V  27,  |„e  Sonnet,  de  Louis  Looey  l.u-llnM,  d'Albert  TlN- 
i  <■  ■•aefcoir,  d<  '  .'  elin.  X"  2'\  •  c  <  ijf««r»-  de  iiéhé.  fie  Georges  Mlntklk;  HiiiçoU,  de 
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«  .i   m'csi    arriw    en    lram«a),  de  Carolus  d'HARRANS.  -   N°  35,  Mon  Suicide,  de  ()<■■"  D-cyuoiS. 


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Monologues  et  Poésies  partis  dans  Le  Cri-Cri  :  X°  50,  Plaidoyer   .«nticonjuçal,  de  Carolus  (I'FIarrans. 

X°  51,  Le  Jouet    Allemand,  d'Henri    Piquet.  —  N°  52,  On    Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  l.e 

Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  Le  Trombone,  de  Charles  Leroy.  —  N°  55,  Le*  Pferrol»,  de 
Ûélandri.  —  N°  56,  Victime  d'un  Lapin,  d'Eugèue  Ghavettk.  —  N°  57,  OuucJaolle  Histoare.  de  Charles 
Leroy  ;  I^e  Vlenx  Soulier,  de  François  Coppée.  —  N°  58,  sur  le  Pont,  de  Félix  Galipaox. 


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CAMILLE    LEGRAXD 


LES  CHEVEUX 


Les  cheveux  épars  dans  le  vent 

Ont  l'air  de  ces  lianes  folles, 

A  la  brise  sèche  vêlant... 

Que  j'aime  vos  torsades  molles, 

Lourds  cheveux  noirs  baisés  souvent! 

Cheveux  blonds,  je  m'en  vais,  rêvant 
A  vos  mystiques  auréoles  ; 
Mon  œil  s'extasie  en  buvant 
Les  cheveux. 

Je  voudrais  mordre  l'or  mouvant 
Qui  roule  en  vos  vivants  Pactoles. 
Je  me  grise  quand  tu  raccoles, 
O  !  vent,  leur  parfum  énervant, 
Tiède  et  subtil,  en  soulevant 
Les  cheveux. 


SONNET    ROMANTIQUE 

A  Jules  Bernard. 

J'ai  porté  les  cheveux  très  longs  ;  j'ai  fait  des  vers 
Que  je  clamais  le  soir,  en  roulant  des  yeux  caves, 
Dans  de  vagues  sous-sols  emplis  de  fumeurs  graves  ; 
Et,  sans  feu,  j'ai  subi  d'effroyables  hivers. 

J'ai  souvent  emprunté  sous  des  motifs  divers 

Et  rarement  rendu  ;  j'ai  vécu  sans  entraves. 

—  Chauves  marchands  de  vins  et  logeuses  suaves, 

Oh  !  combien  m'avez-vous  regardé  de  travers  ! 

J'ai  fait  de  grands  détours  pour  éviter  des  rues 
Où  j'étais  trop  connu... 

Mes  fièvres  disparues 
M'ont  laissé  seul.  J'ai  peur  et  j'en  voudrais  finir  : 

Je  rêve  la  maison  patriarcale  et  sainte, 

Le  home  où  l'on  attend  sans  terreur  l'avenir, 

Et  la  femme  en  peignoir  qui... 

—  Garçon,  une  absinthe  !. 


Le  succès  de  notre  journal  grandissant  de  semaine  en  semaine  et  nous  obli- 
geant à  grouper  nos  différents  services,  l'Administration  et  l'imprimerie  du 
Cri-Cri  seront,  le  mois  prochain,  réunies  à  la  Rédaction  installée  a  Paris 
depuis  longtemps  déjà.  A  cette  occasion,  diverses  améliorations  relatives  au 
format,  au  nombre  de  pages,  k  la  couverture,  etc.,  seront  réalisées  et  nous 
permettront  de  prendre  la  place  légitime  due  a  un  organe  exclusivement  artis- 
tique, ami  du  beau  seul  et  adversaire  des  coteries  pseudo-littéraires. 

Nos  lecteurs  peuvent  donc  compter  sur  une  quatrième  année  d'innovation 
et  de  progrès  qui  les  récompensera  de  leur  attachement  sympathique  à  notre 
publication. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri:  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  r.e 
Boiser  «iarseîllai«,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  itillet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Bemoiselle  chauve;  Duo  téléphonique  j  Ballude  des 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  NÉRON.  — • 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  —  N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


V  89,  t.e  Spleen,  de  Charles  Leroy.   —  N°  90,  Lettre 

d'un  lloblle  Breton,  de  François  CoPPÊE.    —    X    91,  In  t'a*  pressant,  .]<■  C.  TrÉBLA. ;    Haul   Verlaine,  de 

.   —    X»  92,   Connut' lit   ou   ■«  défait    il'ini    «a«la>re   iiiconiliiaiil,  >k>   Raouj  OOBR.    —   X'  93,   1-e» 

Pau-»,  iio  »nble,  de  Jacques  Normand  ;  l*e  Boulier  »ie  Corneille,  <1<'  Théophile  Qautibr. 


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MARC    ANFOSS1 


OPINIONS    D'OISEAUX 

matin,  revenanl  du  bal 
Où  chantait  l'orchestre  sonore, 
Je  me  suis  mis  au  lit  à  l'aurore... 
1  e  pinson  m'a  dit  :  —  Tu  fais  mal. 

Pour  travailler  comme  un  vieux  chien 
\  mon  œuvre,  —  peut-être  un  leurre,  — 
Je  me  suis  levé  de  bonne  heure... 
le  moineau  m'a  dit  :  —  Tu  fais  bien. 

Et,  pour  voir  s'ouvrir  les  grands  veux 
De  ma  maîtresse  douce  et  belle. 
Je  me  suis  recouché  près  d'elle... 
1  e  merle  m'a  dit  :  —  Tu  fais  mieux. 


A   PROPOS   DE...   PIEDS 

Au   nombre   des  hideurs  qu'apporte 
1  e  noir  janvier  martyrisant. 
J'ai  subi,  je  crois,  la  plus  forte 
L'hiver  dernier  en  déjeunant. 

Exhalant  leur  douce  fumée 
Devant  moi.   deux  beaux  pieds  truffés 
Lâchaient  leur  senteur  embaumée 
Près  de  deux  litres  décoiffés. 

Ici  commence  mon  supplice, 

Et  je  proclame  avec  vigueur 

Que  de  Montmartre  à  Saint-Sulpice 

On  n'avait  vu  telle  rigueur  : 

Au  milieu  des  maux  qui  pullulent 
JFécoppais  d'un  des  mieux  troussés  : 
7:7;-/  devant  deux  pieds  qui  brûlent 
Lorsque  /Ou  a  les  siens  glacés. 

AU  DESSERT 

Elle  était  ronde  et  fraiche  ;  //  était  vieux  et  rance, 
Dégageant  un  parfum  redoutable  et  mauvais. 
Nous  venions  de  manger  un  canard  aux  navets 
Tous  réunis  à  table  en  un  jour  de  bombance.) 

Elle  était  empourprée,  et  blanche  était  sa  peau  ; 
Vous  l'eussiez  admirée,  appétissante  et  belle... 
Lui,  sans  honte  et  sans  fard,  s'était  placé  près  d'^V/c, 
Et  son  être  tremblait  comme  un  vieil  oripeau. 

Des  femmes  ô  miracle  '.   Elle  fit  la  conquête  ; 
Lui,  du  clan  masculin  fut  goûté  sans  effort. 

Elle,   c'était.   —  lectrice,  —  une  pomme  reinette  ; 
Lui,  —  lecteur,  —  un  morceau  très  mûr  de  roquefort. 

•t  :   Rf.NK  Oodfrov.  —  Imprimerie  GODFROY,   62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


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—  X'   11  J.    ÏHinsicur  !«•  llHirc, 


lous  tes  Samedis 


^         DIX  Centimes 


GERMAIN  PICARD 


LA  SOCIÉTÉ  LITTÉRAIRE  ET  ARTISTIQUE 

I>e  CïdropIiïle-aux-Ooctes 

FRANÇOIS  COPPÉE 

RÉSURRECTION 

Strophes  dites  à  la  Comédie-Française,  le  22  mai  1886,  par  M.  Got,  doyen  des  Sociétaires, 
à  l'occasion  du  premier  anniversaire  de  la  mort  de  Victor  Hugo 


PARIS 
Librairie   J.    STRAUSS,    5.    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  j         G OMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  chei  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    157 


AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  a  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adresses  à  M.  R.  Godfroy, 
directeur,  6:?,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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GERMAIN    PICARD 


LA  SOCIÉTÉ  LITTÉRAIRE  ET  ARTISTIQUE 

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£/«  jeune  homme  en  habit  no/r.  pantalon  noir,  gilet  blanc  et 

.;/(■  blanche.   Cheveux  blonds    frisés,   moustache  naissante, 

teint  rosé.  Monocle  à  l'a  il  droit  et  claque  sous  le  bras  gauche.) 

Mon  cœur  nage  dans  la  joie,  le  suis  fier  et  j'ai  raison  de  l'être. 
Je  viens  d'être  élu  secrétaire  de  la  S<>,  iété  littéraire  et  artistique 
de  Cidrophile-aux-doctcs.  —  Vous  ne  connaissez  pas  cette  ville? 
—  Non.  —  Cela  ne  m'étonne  pas.  Elle  porte  sur  la  carte  un  nom 
vulgaire,  très  vulgaire,  indigne  d'une  ville  savante  el  lettrée. 
.  Cidrophile  est  savante  et  lettrée.  Nous  en  avons  rougi  et 
nous  l'axons  change.  Désormais,  vous  pourrez  lire  dans  tous  les 
dictionnaires  : 

Qidrobhile-aux-doctes,  chef-lieu  de  canton  du  département 
des  Trots-Rivières ,  2.00.»  habitants.  Excellent  cidre.  Eglise  nor- 
mande. Château  Pompadour.  Bureau  de  bienfaisance.  Société 
littéraire  et  artistique. 

«  Une  Société  littéraire  dans  une  ville  de  2.000  habitants!  » 
dites-vous. 

Oui  messieurs,  comme  à   Paris,  à  Rouen,  à  Lons-le-Saulnier. 
Et  quelle  Société.  Plus  d'une  capitale  s'en    ferait  honneur.  Vous 
allez  me  comprendre. 
monocle  tombe  I 

Maudit  Monocle  ! 
//  le  met  sur  l'œil  gauche  et  place  sou   claque  sous  le  bras 
droit. 

Notre  Société  compte  quinze  membres,  tous  plus  distingués 
les  uns  que  les  autres. 

Le  président  de  droit  est  M.  le  Maire,  un  homme  comme  on 
n'en  voit  pas  ailleurs,  très  gros,  très  riche  et  très  imposant.  Il 
parle  peu,  il  ne  fait  rien,  il  laisse  M.  l'Adjoint  gouverner  les  af- 
faires de  la  mairie,  mais  il  reçoit  tous  les  quinze  jours  ses  con- 
frères à  dîner  et  collectionne  les  timbres-poste  et  les  jarretières. 
Quelle  collection  !  Bone  Deus  !  15,000  timbres-poste  et  6,000 
jarretières.  Entre  autres  pièces  rarissimes,  il  montre  avec  orgueil 
un  timbre-poste  zoulou,  un  timbre  à  l'effigie  de  Henri  IV  et  la 
jarretière  que  la  comtesse  de  Salisbury  laissa  tomber  au  bal  de  la 
cour.  Honni  soit  qui  mal  y  pense  ! 

Vous  souriez  ?  Vous  avez  tort.  Je  lésai  vus,  dis-je  vus,  de  mes 
■  res  yeux  vus,  ce  qui  s'appelle  vus,  comme  a  dit  je   ne  sais 
quelle  ganache  classique. 
i  monot  le  totnpe. 

Maudit  monocle  ! 
Il  le  place  sur  l'œil  droit   et  met  son  claque   sous  le   bras 
gaiti 

Le  vice-président.  M.  Bonafoy.  est  un   pédagogue  de  la    nou- 
velle école.  Il  supprime  la  grammaire  vieux  jeu  et  réduit  l'ortho- 
he  à  sa  plus  simple  expression.  Plus  de  mots  écrits,  plus  de 
bes,  plus  de  points  ni  de   virgules.   C'est    très  ingénieux.    Il 
vous  faut  trente  quatre  lettres  pour  écrire  une  phrase  :  «  Cet  été 
j'ai  eu  des  idées,  oh  !  des  idées  osées,  »  par  exemple.  Eh  bien  ! 


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:  N°  27,  !..«■  Hoiiiu'»,    de  Louis    Bogey     l.à-tinM,    d'Albert  Tin- 
chant.  —  N*  -2-.  Le  Maaehelr,         '         min.  N*  29,  l.c  «  içare  «le  llélic,  de  Georges  Mentklé  ;   Minçol»,  de 
.  —  ;•'".  4  il  i  -  «  m  i      tutu.  !•»*.».  —   N    31,  Le»  Templhrri»,  cTAlphonse  Allais.  —  \°  32, 
ii  lu  drrnKri'  meut,  Plaidoyer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  I)oi;guois. 

—  K«  <■>   m'fhi    arrivé'    «-n    tramway,  de  Carolua  d'HARRANS.  —   N*  35,  Mon   Mufelde,  de  G**'  D'HJQi 


suivant  le  nouveau  système,  il  n'en  faut  plus  que  quatorze  : 
CETGUD1DODIDOZ  Vous  voyez  quelle  économie  de  temps, 
d'encre  et  de  papier  pour  les  particuliers,  et  quelle  économie 
d'argent  pour  l'Etat,  qui  pourra  supprimer  les  trois  quarts  des 
écoles.  Heureux  enfants  de  l'avenir  pour  qui  l'étude  ne  sera  plus 
aride,  vous  bénirez  la  mémoire  de  M.  Bonafoy. 

M.  de  Hautefaçon  est  un  archéologue  de  premier  ordre.  Il  a 
découvert  les  ruines  d'un  village  lacustre  sur  la  colline  qui  nous 
protège  contre  le  Vent  du  nord,  et  a  écrit  à  ce  sujet  trois  grosses 
brochures  qui  seront  imprimées  l'an  prochain.  Son  salon  est  un 
musée  dans  lequel  on  voit,  entre  autres  curiosités  authentiques  : 
la  quenouille  de  la  reine  Berthe,  la  pantoufle  de  Cendrillon, 
l'anneau  de  Mélusine,  le  poignard  de  Rollon  et  la  rondache  de 
don  Quichotte. 

(Son  monocle  tombe.) 

Maudit  monocle  ! 

(Il  le  remet  sur  l'œil  gauche  et  place  son  claque  sous  le  bras 
droit.) 

Le  comte  de  Calville  est  un  pomologue  étonnant.  Son  jardi- 
nier a  crée  une  pomme  nouvelle  :  la  Paulina  Calvilla.  On  ne 
peut  la  manger,  mais  elle  est  superbe  et  pèse  7S0  grammes.  Il 
cherche  en  ce  moment  la  pomme  bleue,  qu'il  espère  obtenir 
d'une  greffe  savante.  Trois  cents  pommes  de  diverses  espèces, 
conservées  dans  l'alcool,  sont  rangées  autour  du  cabinet  de 
M.  le  comte,  qui  sait  les  noms  et  connaît  la  provenance  et  les 
qualités  de  chacune  d'entre  elles. 

Phébus  Lechantre  est  le  poète  de  la  Société.  Il  n'a  rien  fait 
imprimer  encore,  mais  il  a  trois  volumes  de  poésies  manus- 
crites, et  révolutionnera  le  monde  littéraire  quand  il  daignera 
les  publier.  Plus  de  rimes,  plus  de  coupe  ni  de  mesure  vieil- 
lottes. Les  mots  sont  réunis  d'après  certaines  affinités  et  suivant 
leurs  couleurs,  car  les  mots  et  même  les  syllabes  ont  des  cou- 
leurs, et  la  poésie  de  l'avenir  sera  une  mosaïque.  Le  sens  ?  Cher- 
chez-le. Vous  perdrez  votre  temps,  si  vous  n'êtes  pas  initiés. 
Mais,  si  vous  êtes  initiés,  quelles  voluptés  !  Nous  sommes  tous 
initiés  à  Cidrophile. 

Hercule  Gaillard,  redoutable  polémiste,  est  le  rédacteur  en 
chef  de  Y  Accord-Parfait,  journal  qui  parait  quelquefois  et  dans 
lequel  il  fait  l'éloge  de  ses  confrères  et  vante  les  diners  de  M.  le 
Maire,  mais  traite  comme  ils  le  méritent  l'Institut  et  la  Sorbonne. 

(Son  monocle  tombe.) 

Maudit  monocle. 

(Il  le  replace  sur  l'œil  droit  et  place  son  claque  sous  le  bras 
gauche. 

La  Société  littéraire  et  artistique  de  Cidrophile-aux-doctes, 
compte,  en  outre,  un  mathématicien  de  première  force,  le  per- 
cepteur du  canton  ;  un  botaniste,  M.  Persil,  pharmacien,  qui  a 
composé  trois  herbiers  ;  un  anatomiste.  le  docteur  Fauve,  qui 
dissèque  de  temps  en  temps  des  lapins;  un  entomologiste, 
maître  Doucet,  huissier,  qui,  tous  les  dimanches,  chasse  les  pa- 
pillons, et  quatre  artistes  :  un  photographe,  un  marbrier-sculp- 
teur, un  géomètre-architecte  et  l'organiste  de  la  paroisse. 

Enfin,  votre  serviteur,  clerc  de  notaire  et  jurisconsulte,  est  le 
plus  jeune  des  membres  de  la  Société,  et  lui  fera  sans  doute 
honneur. 

(Son  monocle  tombe.) 

Maudit  monocle  ! 


eri'ols,  de 

de  Charles 

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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  l,es  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  I^e 
Baiser  UarseillaiN,  de  Jean  Bernard.  —  N"  71,  llillet  do  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ualladt»  de  la  Demoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  Uallade  de» 
Accents  circonflexes*  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Ucilc-.tlère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  t'cèmes  nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Uouinient  de  Somnambule,  de  Félix  GalipaUX 


Le  Cri-Cri  :  —  V  S;),  i.e  *pleen,  de  Charles  Lkroy.    —  N°  90,  Lettre 
d"un  Mobile  lirclon,  de  Franc  —    Y  91,  l'n  Ctta  prc^uiit,  de  C.  TrÉBLa;    l'aul  Verlaine,  de 

.  —   »  99,  ComnitMii  on  *e  «léTait  d'un    Cadavre  encoinbraiit,  de  Raoul  Ookr.    —  N°  93,  l,e» 
P&téa  do  »able.  de  Jacques  N\m;m\\i>:   l.e    Wouller  do  l'orueille,  de  Théophile  (tUTIKu. 


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//  A-  met  sur  /'</■//  gauche  et  place  le  claque  sous  son  bras 

là  je  vous  disais  que  Cidrophile-aux-Doctes  était  une 
ville  savante  et  lettrée, exagérais-je?  Assurément  non.  Ne  dois-je 
pas  être  lier  de  ma  récente  élection?  Vraiment  si.  Et  vous  êtes 
ae  cet  :i\  is.  n'est-ce  p 

monocle  tombe.    Maudit  monocle  !  Excit. 

FRANÇOIS  COPP^E 

RÉSURRECTION 


Quand  dans  le  deuil  du  monde  et  de  la  France  entière 
Le  corbillard  du  pauvre  allait  au  Panthéon, 
A  travers  le  drap  noir  et  le  bois  de  la  bière 
la  foule  croyait  voir  transparaître  un  rayon. 

Vainement  on  voulait  chasser  cette  démence, 
Songeant  que  le  Poète,  à  la  tombe  porté, 
Avait  à  l'Univers  légué  s. m  œuvre  immense 
Et  qu'il  s  \  survivrait  pour  l'immortalité  ! 

Non  '.  vous  le  sombre  drap,  l'àme  d'angoisse  atteinte, 
Toujours  on  croyait  voir,  comme  un  espoir  secret, 
Ync  flamme  d'amour  qui  n'était  pas  éteinte, 
l'n  foyer  d'idéal  qui  se  rallumerait. 

Tu  ne  te  trompais  pas,  ô  Peuple  !  Le  Génie 
Faisait  dans  ce  cercueil  resplendir  sa  clarté  ! 
Le  Maitre  n'est  pas  mort,  l'œuvre  n'est  pas  finie. 
Miracle  !  il  ressuscite  !  il  est  ressuscité  ! 

Il  veillait  seulement  sous  la  voûte  glacée, 
Ainsi  que  Barberousse  au  fond  du  souterrain; 
Pour  nous  livrer  encor  sa  sublime  pensée, 
Son  caveau  va  s'ouvrir  avec  un  bruit  d'airain. 

Le  Poète  endormi  sous  les  apothéoses 
Longtemps  nous  donnera  des  poèmes  nouveaux. 
De  son  tombeau  sacré  sort  un  parfum  de  roses  ; 
De  son  cercueil  béni  s'envolent  des  oiseaux. 

Peuple  qu'il  aima  tant,  viens  !  puisqu'il  te  convie, 
Admirer  le  grand  mort  à  son  premier  réveil, 

oir.  de  son  sépulcre,  encor  si  plein  de  vie, 
L'Œuvre  surgir  ainsi  qu'un  lever  de  soleil  ! 

Le  journal  grandissant  de  semaine  en   ■■  noua  obli- 

ces,  l' Administration    et    l'imprimerie   du 
Cri-Cri  ■  •  prochain,   réunies  B  la    R<  daction  installi 

Lsîon,  diverses  améliorations   relatives   au 
.    seront   réalisées  et   dous 
Ire  la  place  légitime  due  a  un  organe  exclusivement  .n-t  i-,- 
tique,  ami  du  ix'.'ni  seul  et  es  pseudo-littéraires. 

mi  une  quatrième  année  d'innovation 
de  leur  attachement   sympathique  a  notre 
publie 

Le  G'-rant  :   REMS*  GoDFROT.  —  Imprimerie  GODFROY,   B2,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


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l.«-s  Aïeule»,  'I"   François  Coppée.  —  \°  U'2, 
I.a    Majorité   «1  r-    Jlm-i»-,  '  ,%«lnll«-r«' !   de  Ch.    I  .  —  N'°   104,   ■>:■  \'nre  à 

Popiioird,    le!  —  I  •  s  S<  uliii  h  \iit«-.  —  N*  106,  Mn  Tante  EuphraalCf 

i  «    Iu.i;ii|ihmm,        Ib^odore  De  Grave. —  V  108,  Petite  Paoncette,  de 
.  —  ;  On  <  V*t  i<iut  lil<  ii  :  -    *      I!    .   Lea  seize  hiih  de  Bébé,  de 

Caro  —  N'  111,  Monsieur  le  llaire,  d< 


îous  les  Samedis 


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FERNAND  BARTHELEMY 


UN  GRÈVEUX 


A  LA  TRIBUNE 


Monologue  en  Vers 


31.    cPlessis,   des   Concerts  de   'Paris 


PAUL  MARROT.  -  Sentinelles,  Veillez  ! 
FRANÇOIS  COPPÉE.  -  Statue  d'Homme  d'État 


PARIS 

Librairie  J.   STRAUSS,   5,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  che\  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    158 


AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  &  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  a  M.  K.  Godfroy, 
directeur.  68,  rue  Thiers.  au  HAVRE. 

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FERNAND  BARTHÉ1  l-MY 


UN  GRÈVEUX  A  LA  TMBTNB 


Debout,  derrière  une  /.?/>/<•  —    Les  '    marquent  les  coûts  de 
poing  qu'il  devra  donner  sur  la  table,  poui  rendre  son  discours 

plus  expressif. 

1 

(  )it<  >yens  • 
J 'viens  pas  ici  l'faire  à  la  pose! 
Comm1  pourrail  l'faire  un  orateur, 
J'viens  au  contrair'  défend'  la  cause 
De  1"<  Hiverner  !...  du  travailleur!* 
On  nous  exploite  !...  on  nous  pressure  !* 
On  nous  fait  suer,  non  de  d'ia  ! 

Sang  et  eau  !* Ça  pass'  la  m 'sûre  ! 

Va  pas  moyen*  qu1  ça  dur'  comm'  çà  ! 

11 

Faut  s 'révolter!*...  faut  s"mett'  en  grève!* 
Les  ouverriers  c'est  des  amis  ! 

Y  faut  lutter  sans  paix  ni  trêve  !.... 

Faut  pu  d'patrons  '.'....  c'est  des  en  mis  !... 

V  s'engraiss'raient  à  ne  rien  fou. . .aire  ?.. 
Tandis  que  l'peup'  y  travaill'ra  ?.. 
Nous  en  avons  assez  d'misère  !... 

Va  pas  moyen*  qu1  çà  dur'  comm1  çà  ! 

111 

Ainsi,  t'nez,  moi.  sans  êtr'  un  aigle, 

J'gagn'  encor'  mes  six  francs  par  jour, 

Mais  j'trouv'  toujours,  quand  l'sing'  me  règle, 

Qu*  pour  payer  mes  dett'  c'est  trop  court  ! 

Quand  à  la  turn'  le  soir  je  rentre, 

Et  que  les  mioch'  y  m'eri'  papa. 

Nous  avons  faim  !...  on  s'serr'  le  ventre  !... 

Va  pas  moyen*  qu'  çà  dur'  comm'  çà  ! 

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six  francs,  qu'  peut-on  bien  faire  ?... 

Rien  ! ainsi  t'nez...  tous  les  matins, 

Faut  aller  boire  a  trois  sous  l'verre, 
Un1  tournée  avec  les  copains  ! 

.  est  quèqu'  fois,  sans  qu'çà  paraisse, 

Dix...  et  quand  on  a  pas  l'rond...  v'Ià 

On  n'peut  pas  rend'  un'  politesse 

Va  pas  moyen*  qu'  çà  dur'  comm'  ça  ! 


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■  N°  27,  !.■«•  Nnnnot,   <!.'  Louis   Booey    I^(i-iihn,   d'Albert  Tin- 

i  «•  ^loiirlmir.  S      Le  «ififure  «!«•  Bébé,  de  Georges  Mentelé  ;  itinçol*»,  de 

—  '  «  ni-«  m  i  •  %«■(■!,  IS09.  —  N«  31,  •,«•«  Templiers,  d'Alphonse  Allais.  —  N«  32, 

il  In  tferalère  neuf  —  Plaidoyer  iiimr  un  %nv<r^iuii,  de  G  >cquOH. 

<  ii   m'est    urrhe    «  n    framvtai  |         jus  d'HARRANS.  —  N'J  35,  .Mon  Suicide,  de  G«M  D'-cguois. 


Monologues  et  Poésies  j>arv s  dans  Le  Cri-Cri  :  N*  50,  Plaidoyer  %nticonJugal,  de  Carolus  d'ILvRRANS. 
—  N°  51,  Le  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  N°  52,  On  Danscru,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  l.e 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  l.e  Trombone,  de  Charles  Leroy.  — N°  55,  Les  Pferrots,  de 
Méi.andki.  —  N°  56,  victime  d'un  l.upin,  d'Eugèûe  Ciiavettk.  —  Nu  r>7,  Ouiie  Jaolle  Hisloare.  de  Charles 
Leroy  ;  "Le  Vieux  Soulier»  de  François  CoppÉe.  —  N°  58,  »»r  le  l'ont,  de  Félix  Galipaux. 

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V 

A  dix  heur'  faut  boir'  un'  tournée... 
A  midi,  ben  !...  on  va  dej'ner... 
Comme  il  fait  soif,  dans  la  journée, 
Faut  encore  aller  se  rincer  ! 
A  trent'  sous  l'tour,...  dam'...  çà  va  vite... 
Et  l'soir,  presqif  tout  a  passé  là  !... 
Ya  que  l'patron  qu'a  pas  sa  cuite  !... 
Ya  pas  moyen*  qu'  çà  dur'  connu'  çà  ! 

VI 

Aussi,  ya  pas  !*...  faut  qu'  tout  çà  change  !* 

Faut  d 'm  a  rider  une  augmentation  !* 

Faut  que  l'pauv'  ouverrier  y  mange  !* 

Qu'on  écout'  nos  r'vendications  !* 

Pour  les  ceuss'  qui  voudront  pas,...  peau  d'balle  V 

Avec  c'qu'on  gagn'  çà  n'suffit  pas!*... 

Ya  just'  de  quoi  s'rincer  la  dalle  ! 

Ya  pas  moyen  qu'  çà  dur'  comm'  çà  !!... 


PAUL  MARROT 


SENTINELLES,   VEILLEZ 


—  Debout,  l'arme  au  bras,  sentinelle, 

Au  Nord  que  vois-tu  ? 
Jette  au  loin  les  yeux,  sentinelle, 
Lève  ton  képi  rabattu. 
Au  Nord,  est-ce  un  bivouac  qui  fume, 
Sous  les  cieux  bas,  aux  tons  rouilles  ? 

—  Je  ne  vois  que  de  la  brume. 

—  Sentinelles,  veillez  ! 

—  Sentinelle  à  la  guêtre  blanche, 

Au  Sud  que  vois-tu  ? 

—  Je  vois,  dans  la  lumière  blanche, 
Le  sol  par  les  vagues  battu  ; 

Puis,  souriante  d'espérance, 

Surgir  des  flots  ensoleillés, 

Là  bas,  cette  nouvelle  France... 

—  Sentinelles,  veillez  ! 

—  Sentinelle  en  capote  bleue, 

A  l'Ouest  que  vois-tu  ? 

—  Je  vois  la  robe  immense  et  bleue 
Dont  l'Océan  est  revêtu. 

Sur  l'écume  qui  le  dentelle, 

Nos  grands  vaisseaux  appareillés, 

Et  nos  marins,  race  immortelle  ! 

—  Sentinelles,  veillez  ! 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  l,es  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  f^e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  tlo  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  llallade  des 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  —  N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


Jfo  \ologttes  et  Poésie*  i  -i  :  —  N*  89,  Le  Spleen,  de  Charles  Leroy 

d'un  Mobile  ilreton,  de  François  CoppBe.   —    X*  91,  I'ii  CM  prcsiimi,  de  G.  Trbbla;    Paul  Verlaine,  de 

.  —   N«  9-',  foramcnl  «>n  M  «lefult  «l'un    Cadavre  oiicomliraiit,  de."  Raoul  Ooek.. 
Pâtée  rie  subie,  de  Jacques  N  irmand  ;  l«e  Soaller  «ii*  «.  «unoiiie.  de  rhéophile  Gtautibr, 


N»  00,    l.i'tlro 
rlaine 
N°  93,  i.ea 


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—  Sentinelle  en  pantalon  rouge, 

A  l'Est  que  vois-tu  ? 

—  Je  vois  un  gros  nuage  rouge, 
Vapeur  du  sang  qui  s'esl  perdu. 

1  éclair  y  trace,  en  formes  nettes, 
déchirant  ses  lianes  brouillés, 
De  grands  zigzags  de  bayonnettes, 

Sentinelles.  \  eille/  ! 
(Chansons  <!<•  France.  —  Musique  de  Fragerolle.) 

FRANÇOIS  COPPÉE 

STATUE  D'HOMME  D'ÉTAT 


le.  m  F 


fcmZe 


lit  un  bavard  de  talent  très  mince  ; 
Et,  pendant  trente  ans,  il  avait  été 
Fameux  à  Paris,  grand  homme  en  province, 
Ministre  deux  fois,  toujours  députe. 

Traite  déminent  et  de  sympathique, 
11  avait  trahi  deux  ou  trois  serments, 
Ainsi  qu'il  convient  dans  la  politique... 
Bref,  e'etait  l'honneur  de  nos  parlements. 

Il  mourut.  Sa  ville  —  elle  était  très  fière 
D'avoir  enfante  ee  contemporain  !  — 
Dès  qu'il  fut  enfin  muet  dans  la  bière, 
Le  fit  sans  tarder  revivre  en  airain. 

J'ai  vu  sa  statue.  Elle  est  sur  la  place 
Où  se  tient  aussi  le  marché  couvert. 
C'est  bien  l'orateur;  son  geste  menace, 
Et  sa  redingote  est  en  bronze  vert. 

Mais  les  bons  ruraux,  vile  multitude, 
Vendant  les  produits  du  pays  natal, 
Sans  y  voir  malice  et  par  habitude, 
Laissent  leurs  baudets  près  du  piédestal  ; 

Et,  tous  les  lundis,  quand  les  paysannes 
Sous  les  piliers  noirs  viennent  se  ranger, 
Le  tribun  d'airain  harangue  des  ânes... 
Et  ça  ne  doit  pas  beaucoup  le  changer. 

Sur  ianos:  Ouverture  symphonique  en  la  mineur  de  M.  Henri 

Wooixbtt.  —  Rédaction  pour  piano  a  quatre  mains.  —  Prix  :  Fr.  15. 

Le  luccèi  de  unir.-  journal  grandissant  de  semaine  en  semaine  et  nous  obli- 

différenti  l'Administration   et   l'imprimerie   du 

Cri-Cri  k      it,    le    mois  prochain,   réunies  .:i  la    Rédaction  installée  ii  Paris 

ision,  diverses  améliorations  relatives  au 
format,   ;nj  non  couverture,  etc.,    seront  réalisées  et  nous 

permi  prendre  là  pince  légitime  due  a  un  organe  exclusivement  artis- 

tique, ami  du  beau  seul  et  des  coteries  pseudo-littéraires. 

dote  compter  sur  une  quatrième  année  d'innovation 
de  leur  attachement    sympathique  a  notre 

publication. 

Le  Gérant  :   René  Godfrov.  —  Imprimerie  GODFEOY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


K     pî.  Q. 


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!.:«    Hajerité 
Popinard,  de 

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V    101,  I..PH  Aïeule*,  de    François  Coppée.  —   \°   102, 

«le   Marie,  —   V    103,    ,%«liillèr«' !   de  Ch.   Fromentin.  —  V   104,  La  \'<>ee  à 

—  1  I  es  ••«lierai  vides,  de  Méj.andrj.—  .V  106,  Ha  Tante  EupiiniNle, 

■-.■_.  —  V  107,  i  «-  Bb»i;m|ii(ii('ic,    le  Théodore  De  Gravb. —  N*  108,  Petite  Paoueette,  de 

—  N»   i        Ou  ('<*i  i«.ut  t>I*-»i  !   de  .Iules   Leooux.  —  N°  110.  i\ea  seize  an*  «le  Iléhé,  de 

11,  Monsieur  le  Moire, 


Tous  les  Samedis 


*V*         DIX  Centimes 


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UN    GREVEUX  ! 

Monologue  en  Vers 

DIT    PAR 

"  £M.      'Plessis,      des     Concerts      de     Paris 


P.  COTTARD.  -  Mendiants!  -  Pitié! 
FRANÇOIS  C3PPÉE.   -  L'Incorrigible 


PARIS 
Librairie  J.    STRAUSS,   5,    Rue   du   Croissant 


LIBRAIRIE   UNIVERSELLE  j        COMPTOIR. GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    41  11  bis,  Boulevard  Haussmana 

Et  che{  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    161 


AVIS    IMPORTANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  a  titre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  a  M.  R.  Godfroy, 
directeur,  62,  rue  Thiers,  au  HAVRE. 


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FERX.WP  BARTHÉ1  EMY 


UN    GRÈVEUX! 


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Ya  pas  à  dire...  y  faul  qu'on  crève  '. ... 
Ya  pas  moyen  de  s'mett'en  grève  '■... 
J'sais  pas  si  c'esl  qu'ils  sont  poltrons. 
Mais  y  d'vienn'  très  chics  les  patrons  1 

iccord1  tout  c'qu'on  leur  demande,... 
Et  L'mien  surtout....  j'vous  ['recommande. 
Travail,  salaire,  etesetera... 
11  accord'  tout,  ce  bonhomm'  là  ! 

Il 

Y'I.'i  :  Nous  somm'  six  cents  à  l'usine. 
Pendant  douze  heur'  faul  qu'on  turbine  ! 
Nous  n'voulons  plus  qu'huit  heur  par  jour, 
Et  vingl  sous  d'plus, ...  aut'roent  bonjour  1 
Alors  ['patron,  d'un  air  très  grave, 
A  dit  au  délégué  :  «  Mon  brave, 
»  J'accept'  tes  conditions...  top'  là  ! 

—  11  a  raison,  ce  bonhomm'  là  !  — 

111 

»   Mais,  si  j'dois  accepter  les  tiennes, 

»    Faut  aussi  accepter  les  miennes. 

»  Au  lieu  d'eent  sous,  j  donn'rai  six  francs... 

»  Mais  j'veux  qu'on  travaille  en  gants  blancs! 

»  J'veux  avoir  une  usin'  modèle. 

»  J'y  mets  le  prix,  j'fais  pas  l'rebelle,... 

>/  A  six  francs...  on  peut  s'payer  çà  ?... 

—  Il  a  raison,  ce  bonhomm1  là  !  — 

IV 

„  J'veux  qu'  l'ouvrier,  mieux  que  l'dimanche, 
//   Aye  l'habit  noir,  la  cravat'  blanche,... 
»  Et  pour  log'ment.  s'il  est  bien  mis, 
//  J'veux  pas  qu'il  soy'  dans  un  taudis  !... 
»  J'veux  pas  qu'  su'  l'zinc,  il  boive  un  verre, 
>/  Quand  on  gagn'  six  francs,  on  peut  faire, 
»  Sa  parti'  en  buvant  l'moka... 

—  Il  a  raison,  ce  bonhomm'  là  !  — 

V 

»  C'est  entendu  :  j'veux  plus  de  blouse, 
>/  Huit  heur'  par  jour  au  lieu  de  douze, 
»   J'accorde  tout...  même  au  surplus. 

va  prend'  deux  cents  hommes  de  plus!... 
//   Faut  toujours  que  ['travail  se  fasse... 

natr"  heur'  de  moins,  faut  qu'ça  s'remplace. 
//  J'peux  pas  seul  fair"  marcher  tout  çà  ?... 

—  lia  raison,  ce  bonhomm'  là  !  — 


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I  ■' .  Le  *m»ium'C,  de  Louis   Booey    La-Bn*,  d'Albert  Tm* 

chant.  —  N«  38,  f.e  Mouchoir.  '■    '/'>.  Le  linre  «!«■  Bébé)  de  Georg<     Mentele;  Minçoi»,  de 

,  —  N*80,  4  •*!-«  ki  i      %  «  ii  il.  «*•*»».  —  Y  31,  Le*  Templiers,  cTAIpbonse  Allais.  —  N«  32, 

i  i  la  dernière  neuf,  Plaidai  er  pour  un  Auvergnat,  de  George*  Docquoib. 

—    .*         ,     <  ii  m'est   arriw-    em    tramway,  de  Carolua  d'HAHRANS.  —  N"  35,  Mon  Muiclde,  de  G*M  Dr>co.uois. 


Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  50,  Plaidoyer  .«nllconjugal,  de  Carolus  cTIIarrans. 
—  N°  51,  l.e  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  N°  5-2,  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  l.e 
Fou  nire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  l.e  i  ronibone ,  de  Charles  Leroy.  — N°  55,  Le«  PFerrots,  de 
Mélandki.  —  N°  56,  Victime  «l'un  Lapin,  d'Eugène  Chavettb.  —  N"  57,  Ounc  Jaolle  uistoare.  de  Charles 
Leroy  ;  JLe  vieux  Soulier,  de  François  Coppée.  —  N°  ,")S,  Sur  le  l'ont,  île  Félix  Campaux. 


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VI 

»  Comm' je  sais  compter,  j'imagine, 

»  Qu'avant  six  mois,  j'ferm'rai  l'usine, 

»  Peut-ètr'  qu'alors,  vous  s'rez  contents, 

»  Su'  l'pavé,  vous  s'rez   plus  d'huit  cents  !... 

»  Vous  cri  rez  la  faim,  la  misère-  !... 

»  Vous  r'tourn'rez  p'tétr'  bêcher  la  terre, 

»  Qu'est  en  grèv".  parc'  qu'ell'  manqu'  de  bras  !, 

—  Il  a  raison,  ce  bonhomm'  là  !  — 

VII 

»  Allons!...  voyons  !...  répondez  vite... 
»  J'ai  besoin  d'ètr'  fixé  de  suite... 
»  Moi,  j'accept'  vos  conditions, 
»  Voulez-vous  d'mes  propositions?...  » 

—  Tout  l'mond'  se  r'gard'...  on  s'examine,  — 
Plutôt  que  d'voir  fermer  l'usine 

Tous,  on  s'dit  :  Bah  !...  restons  comm'  ça  ! 

—  Il  a  raison,  ce  bonhomm'  là  !  — 


P.  COTTARD 


MENDIANTS  ! 


Elle  mendie  avec  l'enfant  déguenillé, 

La  pauvre  vieille  !  Elle  a  pourtant  bien  travaillé  ! 

Et  pour  donner  du  pain  à  toute  la  famille, 

Tant  qu'elle  a  pu  le  faire  elle  a  tiré  l'aiguille, 

Si  bien  qu'à  ce  métier  ses  yeux  se  sont  usés. 

Elle  ne  resta  pas  pour  ça  les  bras  croisés  : 

Elle  lava  du  linge,  et  plus  d'une  journée 

Passée  à  son  baquet  fut  sans  nuit  dans  l'année. 

Elle  voudrait  laver  encore  et  ne  peut  plus, 

Car  depuis  longtemps  l'eau  fit  ses  membres  perclus. 

Il  faut  pourtant  manger  tout  de  même  ;  les  bouches, 

Sinon  des  vieux,  du  moins  des  enfants,  sont  farouches. 

De  quelle  faute  Dieu  voulut-il  la  punir? 

Jeune,  elle  dut  attendre  un  meilleur  avenir  ; 

La  misère,  bien  sûr,  dut  se  tromper  de  porte. 

Elle  avait  la  beauté  du  peuple,  douce  et  forte  ; 

Le  travail  apportait  l'aisance  à  la  maison  ; 

Mais  la  mort  vint  bientôt  assombrir  l'horizon  ; 

Son  homme  qui  l'aimait,  la  sachant  bonne  et  sage, 

La  laissa  veuve  avec  trois  enfants  en  bas  âge, 

Une  fille  et  deux  fils  ;  la  fille  a  mal  tourné  ; 

Des  deux  fils,  étant  veuve,  elle  exempta  l'aîné, 

Un  grand  gars  paresseux  qui  s'amuse,  un  ivrogne 

Vaillant  au  cabaret  et  lâche  à  la  besogne. 

C'est  elle  qui  nourrit  encore  ce  vaurien 

Qui,  s'il  ne  la  battait,  ne  ferait  jamais  rien. 

Le  cadet,  par  bonheur,  ne  lui  ressemblait  guère  ; 

C'était  un  bon  sujet  ;  il  est  mort  à  la  guerre, 

Loin  du  Pays. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  L-e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  »uo  téléphonique}  Ballade  de» 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  — N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  IVationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


t*j  tt  Poésies  ;  1k  Cri-Cri  :  —  N*  89,  l.c  Spleea,  de  Charles  Leroy.   —  NT°  00,  Lettre 

«luu  Mobile  llreton,  de  François  CoPPBR.   —    N*  91,  In  tau  pressant,  de  C.  Trbbla. ;    Paul  Verlaine,  de 
.  —  N*  93,  Comment  on  ne  ilôfuit   d'un    Cariant)  encombrant,  de  Raoul  Ouer.    —  X'  93,  l<e» 
Fatos  île  .«table,  de  Jacques  Normand  ;  l«e  Soaller  île  Corneille,  de  ["héophile  Gautikb» 


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1  'énfahl  qu'elle  tient  par  la  main. 
Elle  ne  pouvait  pas  le  laisser  au  chemin  : 

le  fils  de  sa  fille,  à  tout  jamais  perdue, 
Qui  lui  fut  enlevée  et  qui  lui  fut  rendue 

Deshoni  rée  et  mère,  et  qu'un  lâche  abandon 
Fît  mourir  de  douleur  en  demandant  pardon. 

ducteur  est  riche,  or,  on  le  considère  : 

11  est  homme  de  bien,  d'ailleurs,  car  il  adhère 
Au\  programmes  du  grand  parti  conservateur  ; 

11  détend  la  famille,  et  d'un  air  protecteur, 
Montant  dans  sa  voiture  OÙ  juste  et  lier  il  trône, 

Dans  la  main  de  L'enfant  laisse  tomber  L'aumône. 


PITIÉ  ! 


hafaud  est  dressé  place  île  la  Roquette. 
On  fait  dans  la  prison  la  funèbre  toilette, 
l'n  grave  magistrat  a  dit  au  condamne 
Que  l'heure  de  penser  a  mourir  a  sonné, 
Et  puis  le  laisse  seul  avec  un  bon  vieux  prêtre, 
Qui  l'absout  et  L'exhorte  à  vouloir  comparaître 
Devant  le  dernier  juge  avec  le  repentir. 
Pour  le  lieu  du  supplice  on  s'apprête  à  partir. 
Dehors,  riant,  hurlant,  gronde  un  flot  populaire, 
Et  le  patient  voit  le  fer  triangulaire. 
Soutenu  par  le  prêtre,  il  marche  plein  d'effroi, 
Glace  par  l'épouvante  et  glacé  par  le  froid, 
Car  pour  le  condamné  l'échafaud  est  un  pôle. 

Et  le   bourreau   lui  met  son   manteau   sur   l'épaule. 
FRANÇOIS  COPPÉE 

L'INCORRIGIBLE 

Lorsque,  vaincu  d'un  seul  regard,  je  t'ai  suivie, 
Plus  d'un  m'a  dit  :  —  «  Encore  ?  A  quarante  ans  passés  !  » 
Soit.  J'ai  des  cheveux  gris  aux  tempes,  je  le  sais  ; 
Mais  ma  soif  de  tendresse  est  loin  d'être  assouvie. 

Celui-là  qui  me  blâme,  au  fond  du  coeur  m'envie. 
Non  !  je  n'ai  pas  assez  vécu,  souffert  assez, 
Et  je  vaux  mieux  que  vous,  jeunes  vieillards  glacés, 
Et  l'amour  est  la  grande  affaire  de  la  vie  ! 

n  !  je  ne  deviendrai  jamais  pareil  à  vous, 
Dont  quelques  chaudes  nuits  font  de  calmes  époux, 
Et  qui  n'aimez  qu'un  temps,  comme  on  jette  sa  gourme. 

Regardons-les  passer,  ma  mie,  et  plaignons-les, 
Ces  couples  sans  désirs,  qui  traînent  leurs  boulets, 
Ainsi  que  des  forçats  sous  le  bâton  du  chiourme  ! 

Le  Gérant  :  René  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


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FRANÇOIS  COPPEE 

LE    BATEAU-MOUCHE 


FERNAND  BARTHÉLÉMY.  -  Le  Bureau  du  Greffe 
P.  GOTTARD.  —  L'ami  de  l'homme 


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PARIS 


Librairie   J.    STRAUSS,    5,    Rue    du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  !         COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de   Seine,    41  11   bis,  Boulevard  Haussmann 

Et  cheç  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    162 


AVIS    IKFCETAXT 
Dans  le  but  de  (aire  connaître  sa  publication  et  à  titre  île  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  Cent,  en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R.  Godfroy, 
directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 

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FRANÇOIS  COPPÉE 


LE  BATEAU-MOUCHE 


On  court  bien  loin,  bien  loin,  chercher  des  paysages 
Avec  des  pins  brises  sur  des  torrents  sauvages 
Et  des  paquets  de  mer  tordus  sur  des  récifs  ; 

Mais  le  Parisien,  dédaigneux  dès  poncifs, 

Pour  voir  des  eoins  charmants  et  des  tableaux  intimes, 

intente  d'aller,  pour  ses  quinze  centimes, 
A  bord  d'un  bateau-mouche  alerte  et  matinal; 

Du  viaduc  d'Auteuil  au  pont  National  : 

Spectacle  intéressant  plus  qu'on  ne  s'imagine  ! 
Bercé  par  le  hoquet  rythmé  de  la  machine, 

Auquel,  parfois.  l'écho  tics  rivages  répond, 

Le  flâneur  fume  et  rêve  en  marchant  sur  le  pont. 

Là.  du  monde  amusant  survient  à  chaque  escale  : 

•  l'ouvrier  lisant  la  feuille  radicale 
Que  rédige  pour  lui  Rochefort  ou  Naquet  ; 

si  le  bourgeois  de  Londres,  armé  d'un  Cook's  ticket, 
Et  traînant  après  lui  trois  miss  en  robe  courte  ; 

tronnet  portant  sur  sa  tête  une  tourte; 
1      -ros  homme  en  sueur  qui  s'assied  et  dit  :  «  Ouf!  » 
Et  la  pâle  grisette  en  mince  waterproof, 
Avec  -es  jolis  yeux  et  son  teint  de  chlorose. 

Allez  là  par  un  temps  voilé  de  brume  rose, 

Par  un  matin  d'octobre  ou  d'avril,  voulez-vous? 

Faites-moi  le  trajet  complet,  pour  vos  trois  sous  ! 

Et  puis.  —  j'aime  à  vous  croire  une  âme  délicate;,  — 

Autour  des  bains  Vigier  ou  prés  de  la  frégate, 

Dites-moi  franchement  si  vous  n'avez  pas  vu 

Des  vrais  motifs  à  peindre  et  d'un  charme  imprévu, 

Emergeant  du  brouillard  que  le  soleil  dissipe, 

Où  le  père  Corot  aurait  fumé  sa  pipe. 

Pour  moi,  qui  de  Paris  fais  mes  seules  amours, 
J'accomplis  ce  voyage  au  moins  tous  les  huit  jours. 
J'en  connais  tous  les  coins  par  cœur  ;  je  me  rappelle 

bien  la  flèche  d'or  de  la  Sainte-Chapelle, 
Par  un  matin  d'hiver  anime  le  tableau  ; 
J'ai  noté  le  fracas  impétueux  de  l'eau 
Quand,  cédant  à  l'effort  du  bateau-mouche  en  marche, 
Elle  va  se  briser  sous  les  ponts,  contre  l'arche. 
De  tous  ces  riens  charmants  je  ne  suis  jamais  las. 
J'ai  pour  ami,  devant  le  port  Saint-Nicolas, 
Un  vieil  arbre  isolé  qui  montre  ses  racines. 
Puis,  quand  j'ai  bien  a  rdé  mes  voisines 

Qui  du  Petit  Journal  lisent  le  feuilleton. 
Je  descends,  à  travers  la  foule  d'un  ponton 
Qui  ferait  le  bonheur  des  impressionnistes; 
Et,  tout  le  long  des  quais  où  sont  les  bouquinistes, 
Le  cerveau  tout  grisé  de  tant  d'aspects  divers, 
le  rentre  en  feuilletant  les  volumes  de  vers. 


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—  N°  51,  Le  Jouet  Allcmuiiu,  d'Henri  Piquet.  —  N*  52,  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N  53, 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  Le  i  romboiie  .  de  Charles  Leroy.  —  N°  55,  Les  Vlerrots,  de 
Mélandri.'—  N°  56,  Victime  d'un  Lapin,  d'Eugène  Chavettk.  —  N°  57,  Oune  Jaolle  Histoare,  de  Charles 
Leroy  ;  Le  Vieux  Soulier»  de  François  Coppée.  —  N°  58,  Sur  le  Pont,  de  Félix  Galipaux. 


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FERNAND  BARTHELEMY 


LE  BUREAU  DU  GREFFE 


.1  mon  Ami  Charles  Mitou. 

Savez-vous  où  se  trouve,  au  Tribunal,  le  Greffe? 

Je  vais  vous  l'indiquer.  —  Ah  !  je  le  connais  bien, 

Car,  j'y  suis  tout  exprès  venu  de  Saint-Estèphe, 

Et  je  ne  voudrais  pas  vous  voir  courir  pour  rien, 

Or,  j'avais  l'autre  jour,  pour  un  mince  héritage, 

Au  Palais,  des  papiers  à  faire  estampiller. 

Je  demande  le  Greffe  ;  on  me  dit  :  «  —  à  l'étage 

Au-dessus,  porte  à  droite,  en  haut  de  l'escalier.  » 

Je  monte  ;  arrivé  là,  je  vois,  sur  la  banquette, 

Un  jeune  huissier,  assis,  dévorant  un  journal. 

«  —  Pardon,  dis-je  tout  bas  au  liseur  de  gazette, 

«  Le  Greffe,  s'il  vous  plait?...  greffe  du  Tribunal?  » 

Et,  sans  quitter  des  yeux  le  papier  qu'il  dévore, 

«  —  Premier  couloir  à  gauche,  escalier  dans  le  fond, 

«  Puis  un  grand  corridor,  tournez  à  gauche  encore, 

«  A  droite  un  pas-perdu,  le  Greffe  est  au  second.  » 

Par  ces  renseignements,  mon  acte  dans  la  poche, 

Je  gravis  l'escalier,  j'enfile  le  couloir. 

Je  trouve  un  pas-perdu,  je  tourne  à  droite,  à  gauche, 

Je  vais  droit  devant  moi,  sans  rien  apercevoir. 

Je  reviens  sur  mes  pas,  je  tourne  encore  à  droite, 

Et,  pour  me  renseigner,  pas  le  plus  petit  chat. 

Je  trouve  un  corridor,  vivement  je  l'emboite. 

Sans  avoir  même  vu  le  nez  d'un  avocat. 

Je  me  disais,  enfin,  j'arriverai  peut-être, 

A  force  de  chercher,  par  trouver  le  bureau  ! 

Mais  dans  tous  ces  détours,  à  la  fin  je  m'empêtre, 

Sans  indication sans  le  moindre  écriteau  ! 

Déjà  je  commençais  à  perdre  de  ma  morgue, 

Quand,  au  fond  d'un  couloir,  à  mes  yeux  apparaît 

Un  huissier,  mais  un  vieux,  qui  ronflait  comme  un  orgue  ! 

Je  marche  droit  à  lui  :  «  —  Le  Greffe  s'il  vous  plait  ?  » 

Mais  il  ne  répond  pas.  De  plus  près,  je  lui  crie, 

Lui  frappant  sur  l'épaule  et  d'un  ton  suppliant  : 

«  Monsieur  !  Monsieur  !  Monsieur  !  le  Greffe,  je  vous  prie  !  » 

Il  ouvre  enfin  les  yeux  et  s'étire  en  baillant  ! 

«  —    Monsieur,  lui  dis-je  encore,  indiquez-moi  de  grâce 

«  Le  cabinet  du  Greffe  ?  »  Et,  sans  plus  s'émouvoir  : 

«  —  Le  Greffe  ?...  porte  à  gauche  et  corridor  en  face, 

«  Cinquième  porte  au  fond,  à  droite  du  couloir.  » 

Alors,  fidèlement  je  suis  l'itinéraire 

Qu'il  vient  de  m'indiquer.  Cette  fois  j'ai  compris, 

Cinquième  porte  au  fond.  C'est  facile,  j'espère. 

Mais  au  bout  du  couloir,  me  voilà  fort  surpris  ! 

Trois  portes  devant  moi  ;  la  première  est  à  gauche, 

La  seconde  est  à  droite,  et  la  troisième  au  fond  ! 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  l'runes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  L.e 
__Jser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Hillet  de  fi.ire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N»  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  Ballude  des 
Accents  circonflexes»  de  Mac-Nab.  —  N"  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poènies  nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  —  N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


«a  <rt  Poésie»  parus  da  w  I.k  Cri-Cri  :  —  X"  89,  i.e  Spleen,  de  Charles  Leroy.   —  N»  90,  Lettre 
d'un  ■•Mie  Uroton,  de  François  CoPPÉ*.   —    N*  91,  In  Ou*  pre«*«nnt,  do  C.  Trkhi.a  ;    ■■nul  Verlaine,  de 
...  —  N*  92,  (ommtMii  on  ne  «1  *'•  f i» 1 1  d'un    (ailanc  encombrant,  de  Raoul  Ookr.    —  Xe'  93,  !.*»• 
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De  laquelle  faut-il,  enfin,  que  je  m'approche? 
Je  frappe  à  tout  hasard...  personne  ne  répond! 

On  ne  me  répond  pas  non  plus  à  l'autre  porte. 

Je  trouvais  le  temps  long,  surtout  étant  à  jeun  ! 

Et  j'en  axais  assez  de  courir  de  la  sorte. 

M.;  foi,  je  trappe  en  face...  on  répond  :  ..  Y  a  quelqu'un  ! 

Ha  '.  pourtant  !..  j'ai  trouvé  !..  mais  ça  n'est  pas  sans  peine! 

Et,  tenant  mes  papiers,  j'approche  vivement. 

Mais  quand  je  mets  la  main,  pour  ouvrir,  sur  le  pêne, 

Ou  dedans  on  me  dit  :  «  —  Attende/  un  moment.  » 

Attendre  de  nom  eau  nYt.ut  pas  mon  affaire, 

Puisque  j'avais  trouvé  le  bureau  du  Greffier. 

trouvre  un  peu  la  porte,  et.  sans  plus  de  mystère, 
Aussi  toi  je  lui  dis.  lui  tendant  le  papier  : 
«  —  Tenez.  Monsieur,  voilà  des  papiers  de  famille, 
«  Vite,  je  suis  pi  mme  vous  pouvez  voir, 

"  Tache/  donc  d'apposer  de  suite  l'estampille, 

:  je  repasserai  pour  les  prendre  ce  soir.  » 


Quand  je  revins  le  soir,  à  vous  dire,  je  n'ose, 
En  quel  état  piteux  mon  acte  se  trouva  ! 
Ceci  vous  prouve  hélas  !  qu'il  faut  en  toute  chose, 
Avoir  beaucoup  de  flair,  et  sentir  où  l'on  va  !... 


P.  COTTARD 


L'AMI   DE  L'HOMME 


Le  chien  est  l'ami  de  l'homme,  un  toutou 
Auquel  chacun  fait  souvent  des  caresses, 
Mal  viré  pourrait  vous  tomber  aux  fesses. 

Moralité  : 
Il  est  bon  d'avoir  des  amis  partout. 


Le  succès  de  notre  journal  grandissant  de  semaine  en  semaine  et  nous  obli- 
difierents    services,  l'Administration    et   l'imprimerie    du 
(Cri-Cri  seront,    le  mois  prochain,  réunies  a  la   Rédaction  installée  à  Paris 
depuis  longtemps  déjà.    A  cette  occasion,   diverses  améliorations    relatives    au 
forrn  bre  de  pages,  .'i  la  couverture,  etc.,    seront   réalisées  et  nous 

permettront  de  prendre  la  place  légitime  duc  ;i  un  organe  exclusivement  artis- 
tique, ami  du  beau  seul  et  ido-littéraires. 

c  compter  sur  une  quatrième  année  d'innovation 
de  leur  attachement   Bympathiqne  à  notre 
publie 

Le  Gérant  :   René  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Thiers.  Le  Havre. 


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'  N°  101,  Le*  Aïeule»,  de   François  Coppée.   —    X"  102, 

In     llnjorii»'-  *e  Marte,  V   1"::,   Adultère!  de  Ch.   I  .  —  V  104,  La   (Voce  à 

i».,  p  ii,.-ir«i.  —  '  Les  •onllers  rldea,  de  Mélandri.—  N*  106,  Hn  Tante  Eupbraale, 

-  ii-  Ra»taenonèrr,  .1.-  Théodore  De  Grave. —  N*  108,  Petite  Paoueette,  de 

.  _  V   109,  Ou  c'est  «oui  hlcu  :    de  -  110,   Le»  «elie  an»  «le  Bébé,  de 

Carolui  d'HAP.RANS.  —  N*  111,  Monsieur  le  Maire,    . 


Tous  les  Samedis 


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%^         DIX  Centimes 


MAHC  ANFOSSI 

GÀRIBALDI 

LÉON  L.  BERTflAUr.  —  Les  Lamaneurs 

PARIS 

Librairie   J.    STRAU35,    S,    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE   UNIV2RSELLE  j        COMPTOIR  GENERAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de    Seine,    41  11  bis,  Boulevard  Haussmana 

Et  che{  tous  les  Libraires,   Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    163 


AVIS   IXFOBTAKt 
Dans  le  luit  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titré  iîé  PrTnïë",  Le  Cri-Cri  expédia  franco  h 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbre1!— poste  fiançais  adressés  a  M.  K.  GodfroyJ 
directeur,  62,  rue  Thiers,  au  Havre. 


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MARC  A.NFOSS1 


GARIBALDI 


Son  existence  fut  une  immense  épopée. 
Pour  secourir  le  faible  il  tirait  son  ép< 

Qui.  rayonnante,  —  au  grand  soleil,  — 
::t.  —  6  1  iberté  !  —  sa  pointe  jusqu'aux  astres. 
11  courait,  noble  et  fier,  au  devant  des  désastres, 
leur  opposant  son  front  vermeil. 

lit  un  de  ces  preux,  Rolands  aux  fortes  tailles 
Dont  le  génie  ardent  cherchait  dans  les  batailles 

I  a  lumière  et  la  \  érité. 

Doux  émancipateur  dès  sombres  prolétaires, 
11  chassait  d'un  regard  les  plats  autoritaires 
Comme  un  vil  troupeau  détesté. 

lit  le  chevalier  sans  peur  et  sans  reproche 
I. 'homme  franc,  au  regard  de  flammes  dont  l'approche 

Fait  fuir  dans  leurs  antres  les  Rois  ; 
Le  précurseur  de  la  République  d'Europe, 

Un  de  ceux  dont  la  voix  séduit,  charme,  enveloppe 
Et  dicte  de  divines  lois. 

Audacieux  soldat,  chef  aimé  de  la  foule. 

—  Aux  heures  de  doute  où  l'enthousiasme  croule 

Le  fantastique  général 
Dédaignait,  fier  et  grand,  l'or  et  les  récompenses, 
-  honneurs  et  les  croix.  —  dorures  et  faïences 

Restes  d'un  temps  louche  et  vénal. 

Pontife  à  surplis  rouge,  à  la  Libre  Pensée 
11  élevait  son  âme,  et  la  gent  convulsée 

Des  moines  retors  et  pervers 
S'éparpillait  au  vent  de  son  manteau  de  gloire 
Comme,  sous  le  simoun,  dans  les  plaines  de  moire 

Volé  le  sable  des  déserts. 

Garibaldi  !  Ton  nom  appartient  à  l'Histoire, 
Au  livre  d'or  superbe  où  fleurit  la  mémoire 

Du  martyr  et  du  bienfaiteur  ! 
Paix  à  toi.  doux  ami  de  l'humanité  sombre. 
Va  !  nous  irons  chercher  du  courage  à  ton  ombre 

Pour  chasser  le  bonze  menteur. 

Va  !  Nous  nous  souviendrons  de  tes  luttes  épiques; 
Tu  seras  le  drapeau  des  fortes  Républiques, 
Le  palladium,  le  salut  ! 
-  fils,  en  écoutant  redire  tes  faits  d'armes, 
Banniront,  courageux,  les  indignes  alarmes 
Et  poursuivront  leur  noble  but. 

L'aïeul  racontera  la  guerre  de  Sicile. 

Il  dira,  transporté,  que  vous  n'étiez  que  mille. 

II  dira  Xaples,  Caprera  ; 


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'  N"  27,  !-.«•  Noimet,    <l<-  Lotlia    BoOEY     l.a-lla*,   d'Albert  Tin- 

i<    vcniiirir.  i  i  iv.  N"2'.  I.c  I  ijjare  de  iiéhé,  de  Georges  Mentelé;  H.ins;«l»»,  de 

.  —  •  i  ni-i  »i  i      \»iui.  i*m».  —  V  81,  ••«•*  Templier»,  cf Alphonse  Allais.  —  N°  32, 

i  t  I»  fermière  ment,  Auriol.   —  l'iaiilojer  pour  un  Auvergnat,  de  Georges  Docyuois. 

—   ?  «  .,    m'ct.i    «irriw    in    lr«ii.««j,  <;<    Carolus  iI'Hahp.a.ns.  —  .V  35,  Mon  Suicide,  de  G*"  I>"cyi;ois. 


Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  50,  Plaidoyer  «ntlconjugal,  lie  Carolus  (THarrans. 
—  N°  51,  l.o  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  N°  qî,  On  Baniero,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  ■•• 
Fou  Rire,  de  Jacques  Normand.  —  N°  54,  i.e  Irumbone,  de  Charles  Leroy.  —  N°  5">,  i,es  Pierrots,  de 
RJéi.andui.  —  N°  56,  Victime  d'un  lapin,  d'Eugèue  Chavettk.  —  N°  57,  Oune  Jnolle  Histoare.  de  Charles 
Leroy  ;  l,e  Vieux  Soulier,  de  François  CoppÉE.  —  N°  58,  ftur  le  Font,  de  Félix  Galipaux. 


Dijon,  où  de  tes  mains  recevant  l'accolade, 
La  France  t'accueillit,  moderne  Miltiade 
Comme  un  enfant  qui  l'illustra. 

Tu  fus  le  porte-voix,  l'étendard  et  la  flamme. 
Tu  donnas  ton  épée  et  tu  donnas  ton  âme 

Apôtre  des  rebellions. 
Glorieux  d'écraser  les  tyrans  au  cœur  lâche, 
Tu  passais,  pénétré  de  ta  sublime  tâche, 

Frère  des  généreux  lions. 

Les  hommes  opprimés,  traînant  leurs  lourdes  chaînes, 
Disaient  au  ciel  d'airain  leurs  douleurs  et  leurs  haines, 

Hagards,  de  misères  épuisés... 
Ils  tenaient  dans  leurs  bras  flétris  leurs  enfants  frêles. 
On  entendait  alors,  au  milieu  d'un  bruit  d'ailes, 

Le  choc  que  font  les  fers  brisés. 

Dors  !  que  le  doux  laurier  ombrage  ta  statue. 
Dors,  sublime  géant,  qui  lis  une  battue 

Des  préjugés  et  des  erreurs... 
Dors  du  sommeil  vivant  de  ta  gloire  immortelle. 
Dors  !  Les  rayonnements  de  chaque  aube  nouvelle 

Confondront  tes  noirs  détracteurs. 

Oui,  dors,  grand  citoyen  de  toute  terre  libre, 
Dont  la  mission  fut  de  mettre  l'équilibre 

Au  sein  des  peuples  agités  ; 
Messager  du  destin,  prêtre  de  l'espérance 
Instrument  que  le  ciel,  pour  calmer  la  souffrance, 

Forge  en  ses  profondes  clartés. 

Repos,  paix  à  cette  urne  immense,  vénérable, 
Qui  contiendra  ta  cendre  à  jamais  redoutable 

Pour  les  hommes  noirs  et  maudits. 
Paix  à  ton  souvenir  !  Honneur  à  ta  mémoire  ! 
Ton  nom  se  traduira  :  Courage,  Force,  Gloire 

Et  haine  aux  oppresseurs  bandits. 

Dors  sous  Taccacia  fleuri  de  grappes  blanches, 
La  brise  frémira,  douce,  parmi  les  branches 

Et  dans  l'arbre  sacré,  par  le  printemps  tiédi, 
Le  rossignol  des  bois,  chantre  de  la  Nature, 
Dans  son  langage  d'or  qui  roucoule  et  murmure, 

Dira  ton  nom,  Garibaldi  ! 

LÉON  L.  BERTHAUT 


LES    LAMANEURS 


A    Yann  Nibor,  en  souvenir  de  son  succès 
aux  fêtes  de  la  Somme,  en  1891. 

«  Ça  beugle  au  nord-nord-ouest  !...  le  sloop  ne  tiendra  pas  !  » 
Et,  sombre,  un  loup  de  mer,  qui  faisait  les  cent  pas 
Sur  le  môle,  indiquait  une  barque  de  pêche 
En  détresse... 

Il  reprit  :  «  Si  l'on  ne  se  dépêche, 
»  Ils  sont  fichus,  malgré  la  Vierge  et  tous  les  saints  !  » 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  Le 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  itillet  de  fuire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  Ballade  des 
Accents  circonflexes*  de  Mac-Nab.  — N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  do  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


logues  et  Lb  Cri-Cri  :  —  N*  89,  i.e  Spleen,  de  Charles  Leroy.  —  N°  90,  Lettre 

d'un  MoMIe  ureton.  d<>  François  Coppi       —   N    91,  Va  Cm  preanaat,  de  C.  Trbbla;   Paul  Verlaine,  de 
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Mais,  calmes  a  leur  poste,  héroïques  et  sains 
Pu  corps  comme  de  lame,  on/c  lamaneurs,  onze 
Dont  les  cœurs  étaient  d'or  sons  leur  couche  de  bronze, 
Attendaient  gravement  l'heure  du  grand  devoir... 

Tout  à  coup,  sousTeffort  de  la  rame,  on  peut  voir 
Leur  tout  petit  bateau  qui  vers  la  mer  s'élance  : 
\  terre,  il  s'étail  fait  comme  un  pieux  silence, 

l-'t.  malgré  la  clameur  îles  vagues  et  le  bruit 
Des  gros  nuages  noirs  qui  ramenaient  la  nuit, 

sans    doute   entendait    les  cœurs    battre    en    prière... 

Au  loin,  le  pauvre  sloop  talonnait  de  l'arrière, 
Echoué  sur  un  banc  :  il  taisait  îles  signaux 

in  mât,  agite  par  tous  les  chocs  des  eaux. 
Semblait  un  bras  sinistre  appelant  à  son  aide... 
Ah  !  c'était  rude  à  voir,  je  vous  jure  !... 

Mais  rai  de 
•uple  quand  il  faut,  le  canot  sauveteur 
File  comme  une  Sèche,  arrive  à  la  hauteur 
Du  sloop  et   jette   l'ancre  ! 

On  sentit  dans  la  foule 
Passer  avec  la  joie  un  mouvement  de  houle. 
Or.   le  vieux  loup  de  mer  dit   :  «  Tout  ca,  c'est  bien;   mais 
»    l.a  gueuse  hurle  encore  et  l'on  ne  sait  jamais 
land  elle  se  taira  !   // 

Trois  quarts  d'heure  passèrent  : 
Le  sloop  dériva  :  vite,  après  lui  s'élancèrent 
Les  sauveteurs... 

Ce  fut,  contre  flot,  contre  vent, 
Le  drame  qui  se  joue,  hélas  !  par  trop  souvent; 
Loin  des  yeux  attendris,  sur  la  glauque  étendue, 
Scène  immense  où  la  voix  nu  peut  être  entendue 
Que  du  Maître,  impassible  en  son  éternité  !... 

Pour  mieux  suivre  de  près  le  navire  emporté, 
Les  autres,  bravement,  avaient  mis  à  la  voile... 
Cela  lit  leur  malheur,  ce  méchant  bout  de  toile  : 
L'n  coup  de  vent  les  prit,  les  jeta  sur  bâbord 
Et  roula  cette  barque  ainsi  qu'un  être  mort. 
Quand  elle  se  dressa  parmi  la  mer  livide, 
Uo  cri  d'horreur  partit  de  nos  poitrines   : 

«  Vide  !  » 
...   Et,  tous,  nous  regardions,  effarés,  les  guetteurs  ! 

Laisserait-on  partir  de  nouveaux  sauveteurs? 
l'ne  équipe  était  là...  mais  la  sale-tempête 
Soufflait  toujours  la   mort  au   creux   de    sa   trompette... 
•ait  fou  de  partir  !... 

Oh  !  les  sublimes  fous  ! 
Les  hommes  du  canot  soudain  baissèrent  tous 
Le  front  sur  l'aviron  pour  forcer  le  miracle... 

Alors,   nous  les   terriens,   devant  ce    fier  spectacle, 
Nous  comprimes,  émus  dans  l'âme   et  dans  la  chair, 
Que  le  cœur  des  marins  est  grand  comme  la  mer. 

Le  0>  rar.t      &Bl£  GODFROY.  —  Imprimerie  GODFEOY,  f',2,  ru<;  Thiers,  Le  Havre. 


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I>a     ■■Jorliî    «''•    ■■rl«»  Ailnllère  !    de  Ch.   ProMRNTIN.  —  N*   101,   li»   A'oee  . 

|»n  p  iioinl .  —  *  M  •©«liera  vldea,  de  MSLANDRI. —  N*  106,  .Un  Tante  EnpIir.-iMit- 

ii    Rattannenerr,  de  Théodore  De  Grave.—  N*  108,  l»etlto  l»aou<<M«\  d 
.  —   '  Où   c'rhi  lniit   lijfii  :    de   Juli      I  BOOi   ..  —  X     110.   Le»  seize  anx  de  Ui'hi';,  'I 

—  N*  111,  Monsieur  le  Maire,  i./.. 


Tous  les  Samedis 


<X^         DIX  Centime» 


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UN    MALIN 


FRANÇOIS   GOPPÉE. 


Le  bon  lendemain 


PARIS 
Librairie   J.    STRAUSS,    5,    Rue   du    Croissant 


LIBRAIRIE    UNIVERSELLE  !         COMPTOIR  GÉNÉRAL  DE  MUSIQUE 

PAUL  COMBES  V.  DURDILLY  &  Cie 

41,    Rue   de    Seine,    41  11   bis,  Boulevard  Haussmaan 

Et  che^  tous  les  Libraires,  Marchands  de  Musique  et  de  Journaux 

N°    164 


AVIS    IIV'FC ETANT 

Dan?  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  titre  lie  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbiep-poste  français  adresses  h  M.  R.  Godfkoy, 
directeur,  62,  rue  Thiers.  au  Havre, 


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MARC  ANFOSS1 


UN     MALIN 


Alors  Pitronchardin,  après  avoir  frotté  une  allumette  el   allu- 
mé ni  ^  cigares, —  car  Pitronchardin  ne  fume  pas,  — commença 
dans  un  langage  imagé  comme  la  ville  d'Epinal  la  profession  de 
suivante  : 

—  «  Oui,  certainement,  je  suis  un  veinard  de  la  plus  belle 
cnu.  C'est  indéniable.  Mais  aussi,  j'ai  fait  des  études  approfon- 
dies sur  la  matière.  On  m'appelle  un  malin...  Adroit,  tout  au 
plus.  Mettons  savant  si  vous  voulez.  Car  tout  est  là  :  savoir.  11 
faut  savoir  mener   les   femmes. 

«  Moi,  je  sais. 


"  J'en  fais  ce  que  je  veux,  des  femmes.  Dans  les  choses  les  plus 
banales,  toujours  ma  volonté  s'aflirme.  Tenez  :  ma  femme  vou- 
lait aller  voir  jouer  un  gros  vilain  drame  :  Les  brigands  dans 
V 'armoire  à  glace.  Vous  croyez  que  j'ai  refusé?  Point,  j'ai  pris 
un  biais.  Allons-y!  ai-je  dit  à  Rosalindine.  Et  nous  y  sommes 
allés.  Cela  vous  stupéfie,  hein  ?  mais  vous  allez  voir.  Le  drame 
s'emmanche;  à  chaque  tartine  noire,  je  riais.  —  en  dedans,  — 
soulignant  les  sombres  effets  par  des  esclaffements...  intérieur*. 
Je  me  figurais  que  j'étais  au  Palais-Royal.  Ht  quand  Rosalindine, 
en  rentrant.  —  au  débotté.  —  m'a  dit,  toute  tremblante  :  «Etait-ce 
empoignant,  dis,  Oscardivore  ?  J'en  ai  la  chair  de  poule  !»  je 
lui  ai  répondu,  —  par  galanterie  :  «  Bobonne,  j'en  ai  encore  le 
frisson  !  //  Mais,  in  petto,  je  me  faisais  une  de  ces  bosses...  La 
□  a  été  polie,  mais  ferme.  Il  faut  savoir  mener  les  femmes, 
que  diable  ! 


Rosalindine,  — je  le  dis  sans  peur,  mais  non  sans  reproche, 
—  passe  sa  vie  entière  au  Très  bon  marché.  Eh  bien,  le  croiriez- 
vous  ?  «'."est  assurément  de  l'étourderie,  il  ne  lui  est  jamais  venu 
à  l'idée  de  me  rapporter  une  cravate,  des  bretelles,  que  viis-je! 
Devant  ce  farouche  abandon  des  menus  ornements  de  ma  per- 
sonne, je  n'ai  pas  sourcillé.  —  par  galanterie  ;  —  seulement 
voici  :  j'ai  pris  carrément  une  ("rbaine  et  suis  allé  l'autre  matin 
acheter  :  cols  excentriques,  cravates  en  ruolz,  gants  de  pi  au  de 
bouc,  etc.,  etc.  Et  j'ai  tout  mis  sur  moi...  avec  affectation...  bien 
en  évidence.  Voilà  huit  jours  que  j'exhibe  tout  ça.  Je  tousse 
même  avec  acuité  pour  que  Rosalindine  me  remarque.   Elle  ne 


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'         '  :    '         ~     Le   ■•■■el]    de  Louis    BoOEY     l.à-ltiiM,    d'Albert  Tin- 

chant.  —  K*  28,  i  i    v<  i.  :.'      i  «•  «iean-  «i*-  iiclK',  <  1  *  -  Georgi     .Mi-,  mu';  Hinçoln,  de 

.  —   '     :       <  r  r-«  ni  i      %*mi.  i**o.  —  .V  :n.  I.e«  Templier»,  cTAljjhoi                    —  X"  32, 

i  i  lu  ii<                     i  '.                                     -  i- l.ii«l«i> «  r  penr  «n  Aincrfuni,  de  Georges  Doa 

—  !             t       !.•<•.     Miiu    m    irmivu)  '            -   d'HA&BAM  ■  —  .V  35,  .lion  Suicide,  de  G*M  J)'«cyuQis. 


■  le 
ries 


s'est  encore  aperçue  de  rien,  c'est  vrai,  mais  quand  elle  verra  le 
truc,  quelle  leçon  !  quel  exemple  !  Moi,  d'abord,  je  suis  inflexi- 
ble. C'est  comme  ça.  11  faut  savoir  mener  les  femmes  ! 


«  Dimanche,  —  le  jour  du  Seigneur,  —  mous  avons  à  déjeu- 
ner tous  les  dimanches  mon  oncle  le  vétérinaire),  après  une  dis- 
cussion assez  intime,  dans  laquelle  ma  moitié  voulait  me  prou- 
ver qu'elle  avait  raison,  —  je  n'ai  rien  ajouté  sur  son  dernier 
argument.  J'ai  même  dit  comme  elle  (par  galanterie).  Mais  je 
me  suis  écrié  en  moi-même,  très  haut  :  «  Ah  !  si  je  n'avais  pas 
peur  d'une  scène,  j'en  aurais  encore  à  dire  de  dures.  »  Vous 
voyez  qu'à  bien  prendre  j'ai  eu  le  dernier  mot.  Ce  n'est  pas  plus 
terrible  que  ça  ;  seulement  tout  le  secret  est  là  :  savoir,  —  car- 
rément,  —  mener  les  femmes  ! 


«  Une  fois,  j'avais  projeté  de  passer  la  soirée,  seul,  entre 
quatre  yeux,  avec  Rosalindine.  Au  déjeuner,  aux  huitres,  comme 
j'allais  lui  ouvrir  mon  cœur  :  —  «  Nous  avons  ce  soir  à  diner 
mon  petit  cousin  de  Falaise  »,  me  dit-elle. 

«  Ah  !  lui  dis-je  en  rongeant  mon  licou,  j'en  suis  vraiment 
bien  aise  !  (Falaise,  bien  aise.  C'est  de  naissance.  J'en  ai  un  vo- 
lume de  vers  édité  :  Migraines  et  Odontalgies.  Un  volume  : 
3  fr.  50  chez  Lebraillard  ;  1  fr.  75  à  FOdéon  ;  25  centimes  sur  les 
quais.)  Le  soir  venu,  et  le  cousin  aussi,  même  tactique.  Nous 
buvons,  causons,  mangeons,  je  suis  gai  toute  la  soirée,  ah  mais 
gai...  (par  galanterie.)  —  Seulement,  je  m'enfonce  près  d'une 
heure  dans  un  journal  infâme.  Puis  sur  ma  figure  on  lit  un  mé- 
contentement apoplectique...  et  social  !  Enfin,  comme  je  suis 
un  crâne  et  qu'une  fois  lancé  je  ne  connais  plus  d'obstacles,  je 
file  brutalement,  à  dix  heures,  les  laissant  à  leurs  remords.  Ils 
ont  bien  vu  le  coup,  allez  !  —  A  une  heure  du  matin,  quand  je 
suis  rentré  du  cercle,  Rosalindine  a  été  pour  moi  l'ange  des 
anges.  Il  faut  savoir  mener  les  femmes  ! 


«  Aussi,  notre  union  est  une  ivresse  perpétuelle,  un  beau  fixe 
permanent.  Si  Rosalindine  se  doutait  que  je  suis  le  maître,  tout 
serait  perdu.  C'est  pour  cela  que,  —  par  frime,  —  j'obéis  ponc- 
tuellement à  ses  désirs  les  plus  microbiques.  Je  ne  puis  pas  dire  : 
«  J'obéis  »,  sans  rire  aux  larmes  par  tous  les  joints.  J'imite 
l'obéissance,  comme  Fusier  les  Ramollots,  comprenez-vous  ? 
Jamais  je  ne  me  départirai  de  ce  procédé,  et  cela  par  rouerie... 
et  par  galanterie.  Faites  comme  moi,  jouez  ce  jeu,  il  est  très 
amusant...  Mais,  pour  y  exceller,  il  faut  savoir  mener  les 
femmes.  On  est  alors  un  malin.  Voilà.  » 

Ainsi  parla  Oscardivore  Pitronchardin. 

Nous  lui  fîmes  nos  compliments  et  rallumer  d'autres  cigares 
pour  nous,  car  Pitronchardin  ne  fume  pas. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  Les  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  I^e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  Duo  téléphonique;  Ballade  des 
Accents  circonflexes»  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Gaupaux 


loques  et  Poéttfi*  paru*  dans  Lb  Ceu-Cri  :  —  N*  89,  l.o  «pleen,  de  Charles  Leroy.   —  N°  90,  Lettre 
l'un  Mobile  iirotou.  de  François  Coppés.  —  \"  91,  l'n  t'a»*  pressant,  de  C.  Tiuchi.a  ;    Paul  Verlaine,  de 
'    roinment  on  ne  tlôfnlt  d'un    («ilarrc  encombrant,  de  Raoul  Ooeu..    —  N°  93,  l.ea 


d'un 

. .  —  N 
Pâtes  de  »uble,  de  Jacques  Nor.MA.ND  ;   l.e   Soulier  de  Corneille,  de  l'heuphile  Gautier. 


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FRANÇOIS  COPPÉE 


LE    BON    LENDEMAIN 


J'ai,  de  façon  presque  incongrue, 

Bâillé  dans  le  inonde,  hier  soir... 

Ma  petite  amie,  allons  voir 

Les  humbles  passants  dans  la  rue. 

I  e  musc  est  un  alïreux  parfum  ; 
On  m'a  dit  trop  de  platitudes.., 
Dans  le  faubourg  aux  odeurs  rudes, 
Ecoutons  les  gens  du  commun. 

J'ai  vu  des  messieurs  pleins  de  morgue 
là  des  dames  raides  d'empois... 
Vois  donc,  sur  les  chevaux  de  bois, 
Tourner  le  peuple  au  son  de  l'orgue  ! 

J'ai  fait  un  diner  trop  truffé, 
Qu'encore  aujourd'hui  je  digère... 
Vivent  nos  dînettes,  ma  chère, 
Où  je  bois,  assis,  mon  café  ! 

Un  bas-bleu,  sorte  de  girafe, 
M'accabla  de  pédants  discours... 
Ecris-moi  souvent,  mes  amours, 
J'aime  tes  fautes  d'orthographe  ! 

Quand  j'ai  pu  m 'enfuir,  plein  de  thé, 

II  était  une  heure  et  demie... 
Couchons-nous,  ma  petite  amie, 
Comme  les  oiseaux  en  été. 

Là-bas  une  coquette  obèse 
Croit  que  j'aspire  à  ses  faveurs... 
Ma  svelte  blonde  aux  yeux  rêveurs, 
Donne  ta  bouche  qu'on  la  baise  ! 


Le  succès  de  notre  journal  grandissant  de  semaine  en  semaine  et  nous  obli- 
différents   services,  l'Administration    et  l'imprimerie   du 
Cri-Cri  seront,    le   moia  prochain,  réuni''-  a  la    Rédaction  installée  à  Paris 
depuis  longtemps  déjà.    A  ision,  diverses  améliorations   relatives  au 

format,   au  nombre  de  pages,  ■■>  la  couverture,  etc.,    seront    réalisées  et  nous 
permettront  de  prendre  la  time  due  a  un  organe  exclusivement  artis- 

tique, ami  du  beau  seul  et  des  coteries  pseudo-littéraires. 

lecteurs penvent  donc  compter  sur  une  quatrième  année  d'innovation 
et  de  sur  attachement  sympathique  à  notre 

publica 

Le  Qéraat  :  René  Godfroy.  —  Imprimerie  GODFROY,  62,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


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loques  ef  v-'    101,  !.«**  Aïeule»,  de   François  Coppée,  —   \°  102, 

I.a    Majorité  «le  Marie,  —  N'   103,   Adultère!  de  Ch.  Fromentin.—  N°  101,  l,si  Noce  à 

I»o pin.i i  il .  —  Les  Moallers  vidée,  de  Mélandri. —  N*  106,  Un  Tuntc  Euphr;iNii>, 

de   .  Le  Btuiaejaoaèrr,  de  TVn«  \ve. —  N*  108,  Petite  l'aoucctte,  de 

.  —  N*   109,  Où  c'en»  tout  lilf-u  !   de   Jules    Leooux.  —  N°  110.   Eies  seize  bdn  «le  Itélit-,  di 

V*    111        >■«*••.!*■•••-    !..     Il.im.      ,1..    I',,v  !.. 


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Tous  les  Samedis 


tfS^*      DIX  Centimes 


ETIENNE  DUCHET 




TRE    TEMPS.. 


MORALITÉ 


MARC  ANFOSSI.  —  Saboulotte.  -  A  une  mal  bâtie 


ARIS 


REDACTION  &  ADMINISTRATION 
11,    R.ue   d'Hauteville 

RENÉ    GODFROY,    ÉDITEUR 


DEPOT     GENERAL 

5,  Rue  du  Croissant 

LIBRAIRIE    J.   STRAUSS 


Abonnements  :  France,  Fr.  5.  —  Étranger,  Fr.  8 


N°    165 


AVIS    INFCETAXT 
Dans  le  hut  de  faire  connaître  sa  publication  et  à  tinv  île  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  *5  cent,  en  tinibrcp-poste  français  adresses  a  M.  II.  Godfroy, 

directeur,  11.  rue  d'Hauteville,  à  Paris. 


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ETIENNE    DUCRST 


AUTRE   TEMPS 


Moralité 


Durant  l'hiver,  au  coin  de  l'àtrc, 

■ .  assis  bien  chaudement. 
Nous  formions  un  groupe  folâtre 
Près  du  fauteuil  à  ejand  maman. 
Bonne  vieille,  que  Dieu  repose  !... 
Tandis  que  le  tison  flambait 
Elle  chassait  l'ennui  morose, 
Et,  tout  en  filant,  nous  disait  : 

—  «  Aux  récits  de  votre  grand* mène 
Puisque  vous  souriez,  enfants, 

Je  vais  évoquer,  pour  vous  plaire, 

Les  souvenirs  de  mon  vieux  Temps  !...  » 

—  «  En  ce  temps-là,  le  pauvre  hère 
Avait  l'esprit  peu  déluré  : 

Nos  rêves  ne  dépassaient  guère 

La  lisière  de  notre  pré... 

Chez  nous,  la  joie  était  complète, 

Pourvu  qu'en  somme  nous  eussions 

La  poule  au  pot  les  jours  de  iète... 

Puis,  du  travail  et  des  chansons... 

L'argent  manquait...  mais,  en  revanche, 

A  l'abri  des  remords  cuisants, 

La  probité,  l'amitié  franche. 

Valaient  de  l'or  dans  mon  vieux  Temps!...  » 

—  «  Quand  venait  la  moisson  nouvelle, 
La  tête  et  le  cœur  tout  en  feu, 

Filles  et  garçons,  pêle-mêle. 

Fauchaient  les  épis  du  bon  Dieu  ! 

Puis,  le  soir,  autour  de  la  gerbe, 

On  dansait...  et,  si,  par  moment, 

Un  petit  pied  glissait  sur  l'herbe... 

C'était  toujours...  honnêtement... 

Les  faux  pas  de  nos  jeunes  filles 

Etaient  alors  sans  accidents  :  ... 

Comme  on  riait  sous  les  charmilles  !... 

Comme  on  s'aimait  dans  ce  bon  Temps  !...» 

—  "  Le  décorum  et  la  décence 
De  nos  plaisirs  réglaient  l'essor, 
Et  l'on  gardait  son  innocence 

Comme  un  parfum,  comme  un  trésor!... 
A  l'âge  ou  tout  se  décolore, 
ervant  un  cœur  ingénu, 
Plus  d'un  vieillard  pouvait  encore 
Aspirer  au  prix  de  vertu... 


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t»  et  Poésies  pari'*  dan*  I      I        '       :  V  27,  Le  Koniiot,   de  Louia    Booety     Là-Ba»,  d'Albert  Tin- 
chant.  —  »  28,  i.c  Wonchf.ii.  elih.  »  29,  le  <  iR«ire  d>  limité,  d<-  Georges  Mimi-.i.k;  Biniçol*,  de 
;,At.T.  —  N«  80,  «  ki-«  m  i'r  a»«ii.  •  **•«.  —  N    81,  i  «■<*  Wewpller»,  «TAlphonse  Allais.  —  N'°  32, 
l  i  lu  fi<  rnlère  neuf,  —         33,  Plaid*) er  pour  un  Aux- remit,  de  Georges  Docyuois. 
—  N»  34     «  ;.   m'en   arrivé   tn   ir«n««}.  de  Carolus  <iTlAi:j<Aï-.«.  —  N"  35,  Mon  Kuiclde,  de  G""  D-^CQUOl». 


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On  voyait  encore,  au  village, 
Des  rosières  de  soixante  ans... 
Mais,  aujourd'hui,  forçant  sa  cage, 
L'oiseau  s'envole  avant  le  Temps  !  » 

—  «  Hélas  !  a  toutes  les  médailles 
Il  est  un  revers  ici-bas  :... 

J'ai  vu,  dans  le  parc  de  Versailles, 

Le  vice  prendre  ses  ébats... 

Nos  rois  chassaient  à  la  Vilaine... 

J'ai  vu,  sans  rime  ni  raison, 

Nos  grands  seigneurs  tondre  la  laine 

Sur  le  dos  du  pauvre  mouton. 

Nous  avions  nos  torts  —  c'est  notoire 

Mais,  le  cœur  français,  mes  enfants, 

Pour  la  gaîté,  l'honneur,  la  gloire, 

A  tressailli  dans  tous  les  Temps  !...  » 

—  «  J'arrive  au  bout  de  ma  carrière, 
Mais,  vous,  fillettes  et  garçons, 

Ah  !  de  votre  bonne  grand'mère 
Retenez  les  douces  leçons  : 
Au  printemps  la  fleur  est  éclose  ; 
Dieu  vous  garde  plus  d'un  beau  jour.. 
Quand  vient  l'hiver...  adieu  la  rose  !.. 
Joyeux  lutins,  à  votre  tour, 
Profitez  de  votre  jeunesse. 
Plus  tard,  à  vos  petits  enfants, 
Vous  redirez,  dans  la  vieillesse, 
Les  souvenirs  de  votre  Temps  !...   » 


MARC  ANFOSSI 


SABOULOTTE 


C'était  en  pleins  champs  (rien  des  basiliques), 
Me  grisant  de  thym  et  de  serpolet, 
Sous  le  soleil  d'or  je  flânais  seulet, 
Oubliant  Paris,  ce  nid  de  phtisiques. 

Passe  un  ange  au  rouge  et  frais  cotillon, 
De  fleurs  et  de  fruits  tenant  une  gerbe... 


L'Administration  du  Cri-Gri  étudie  diverses  améliorations  qui  seront  réa- 
lisées à  partir  du  1er  Janvier  prochain. 

Pour  s'abonner  au  Cri-Cri,  il  suffit  d'envoyer  un  mandat-poste  de  fr.  5, 
pour  la  France,  et  de  Fr.  8,  pour  l'étranger,  à  M.  René  Godfroy,  directeur- 
gérant,  11,  rue  d'Hauteville,  à  Paris. 

En  vente  aux  bureaux  du  Cri-Cri  :  Fantaisie-Masurka,  de  Louis  Tes- 
sier,  édition  de  luxe.  Franco  contre  Fr.  2,  en  timbres-poste  ou  mandat. 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  i-.es  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  I>e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  Billet  «le  luire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Benioiselle  chauve;  Buo  téléphonique!  Ballade  des 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inllucnzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N°  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Gaupaux 


■  loques  et  Poésies  paru*  dans  Lb  Cri-Cr!  :  —  N"  80,  l.e  «pleen,  de  Charles  Leroy.    —  N»  90,  Lettre 
d'un  Mobile  Breton,  de  François  Coppbb.  —   N'  91,  m  ©»e  prévaut,  de  C.  Trébla  ;  ^»»«l  Verialiie,_  që 


,     _  x»  99,  Connue m  on  M  «lofait  d'aa    «a:la>ie  encombrant,  de  Raoul  Ookr. 
ràtéa  Ée  ««blé",  de  Jaoquee  Normand  :  Le  Soaltor  «e  OwaeHIe»  de  rhéophtle  Gautier. 


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Son  jarret  d'acier  imprimait  dans  l'herbe 
1  es  traces  d'un  pied  à  la  Cendrillon. 

Sur  ses  reins  charmants  s'appuie  une  hotte... 

Alors,  enflammé  par  le  Dieu  mignon  : 

—  Enfant,  s'il  vous  plaît,  quel  esl  votre  nom  ! 

l'Ile,  souriant,  me  dit  :  —  Saboulotte. 


l 'an  qui  vint  après,  aux  Champs-Elysées, 
J'avais  oublié  ça,  quand  j'aperçus 
Dans  un  groupe  infect  aux  Faces  usées 
Formé  de  petits  veaux  et  d'ex-vertus, 

Ma  petite  fée.  —  Elle  était  pâlotte  ; 

S.>n  jaune  chignon  poignardait  les  cieux... 

El  comme,  ahuri,  j'ouvrais  de  grands  veux. 
Elle  me  cria  :  —  Tu  sais,  ça  boulotte  !... 


A    UNE    MAL   BATIE 


O  femme  vraiment  mal  fichue, 
A  l'air  gauche,  au  torse  noueux, 
Jamais  un  sculpteur  amoureux 
Ne  te  prendra  pour  sa  statue  ! 


Praxitèle  se  fût  tordu 
De  rire  en  reluquant  tes  formes. 
Comme  un  vieux  cierge  mal  fondu, 
Tu  montres  des  contours  difformes. 


Anguleuse,  tes  os  font  «  zut  » 
L'autre  à  l'un,  comme  à  cache-cache, 
Et  de  l'orteil,  à  l'occiput, 
Tu  fus  taillée  à  coups  de  hache. 


Le  Gérant  :  René  GODFROY. 


Pour  paraître  prochainement  : 

Paris-Piano,  bibliothèque  musicale  bi-mensuelle,  publiant  dans  chaque 
fascicule  : 

Deux  morceaux  de  piano,  absolument  inédits,  dûs  aux  maîtres  du 
genre,  publiés  avec  grand  luxe  el  possédant  chacun  leur  couverture 
spéciale  permettant  de  les  enlever  de  l'enveloppe  du  fascicule. 

—  i;M  porl  Pti8tique    contemporaine.  —  Une 
revue  critique  de  la  quinzaine  musicale  et  théâtrale.  —  Une  revue   des  livres. 

—  i  courrier   de    la    mole.  —    In   bulletin    financier.    —  Des    primes    artis- 
tiques, etc.,  etc.  —  Prix  de  l'abonnement  d'un  an  :  IV.  20. 

Nota.  —  Let  rai  de  piano  constituant  l'ensemble  de  l'abonnement 

■.  250  de  musique  a  prix  marqués. 

Imprimerie  du  Cri-Cri  et  du  Paris-Piano,   11,  tuc  d'Hautcville,  Paris. 


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N'    101,  1.«-n  AiViile*,  de  François  Coppéb.  —   N°   102, 
1  -,     Majorité  <>«■  .^Ifiri.-.  .   Adnllèrel  de  Ch.  Fromkntin.  —  N°  101,  l.a  Moce  à 

-i0  ,i,  —  N'  106,  l.es  Sonliera  vidée,  de  Mélakdri.  —  N0  106,  Hu  Tante  Buphrerie, 

—    '."..   le  Ita»t:i<jii<HM'r<-,   de  Théodore    Dl     G       m..—  N*   108,    Petite    PaoïieeKe,  de 
_  ;  -  lin   «-Vt,!  tout  bleu  :   (le   Juléfl    Leoooz.  —  N°  110.   I^e»  seize  an«  «le   Clébé,  de 

—  N«  111,  Monsieur  le  Maire,  de  PoMTSErRBZ. 


Tous  les  Samedis 


^         DIX  Centimes 


CHARLES  BEAUGHAND 


LE    MINERAI 

DIT    PAR 

31.    JACQUES    'Fi:n:)UX,    "Lauréat   du   Conservatoire 


ALTÉRY  &  DURANT.  —  Coïncidence 
JACQUES  NORMAND.  -  Le  Cerf-volant 


PARIS 


REDACTION  &  ADMINÎ3T  R  ATI  3  M 
11,    Rue   d'HauteviUe 

RENÉ    GODFROY,    ÉDITEUR 


DEPOT      GENERAL 

5,  Rue  du  Croissant 

LIBRAIRIE    J.   STRAUSS 


Aùoniidmjnîs  :  Fran:3,  Fr.  5.  —  Étran^jr,  Fr.    8 


N°    166 


AVIS    HVFCF.TANT 
Dans  le  but  de  faire  connaître  sa  publication  et  a  titre  île  Prime,  le  Cri-Cri  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timr-i es-poste  fiatu-nis  adressés  à  M.  H.  (ïodfroy, 
directeur,  11,  rue  d'Hauteville,  à  Paris. 


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LE    MINERAI 


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Je  voulais  pour  vous,  petite  cousine. 
Quelque  souvenir,  et  peut-être  encor 
Je  le  chercherais,  si.  dans  ma  vitrine, 
Je  n'eusse  aperçu  du  minerai  d'or. 

st  un  bloc  laiteux  de  quartz  blanc  et  rose. 

Et,  l'irradiant  de  laines  couleurs. 
Dans  ses  veines  court  ce  métal,  la  cause 
De  tant  de  forfaits,  de  tant  de  splendeurs  ! 

D'où  vient-il.  ce  bloc?  vient-il  d'Arménie, 
Encore  imprégné  du  ciel  d'orient, 
Ou,  bien  loin,  du  fond  de  la  Sibérie 
Immense,  où  partout  la  neige  s'étend  ? 

Est-il  Australien,  de  Java,  de  Chine, 
Ou  bien  du  Japon,  pays  des  mousmés 
Et  des  lotus  bleus  :  peut-être  la  mine 
Est-elle  en  A  fric]  ne  aux  cieux  enflammés. 

Peut-être,  vient-il  de  ces  grands  empires 
Que  prit  l'Angleterre  aux  peuples  Hindous, 
Pays  des  Bouddhas  aux  vagues  sourires, 
Des  Bouddhas  ventrus,  aux  longs  yeux  si  doux! 

Vient-il  de  la  Perse  ou  bien  de  Golconde, 
De  Californie,  ou  du  Labrador, 
Vient-il  de  l'ancien  ou  du  nouveau  monde? 
Que  ne  parles-tu,  petit  morceau  d'or! 

Tu  ne  seras  pas  l'ornement  du  prêtre  ; 

Ton  métal  eût  été.  peut-être, 

Ou  le  calice  ou  l'ostensoir. 
Le  manteau  qu'on  porte,  au  chant  des  cantiques, 

Quand  s  élève  aux  voûtes  éthiques 
souffle  bleu  de  l'encensoir  ! 

Tu  ne  seras  pas  la  bague  enlacée, 
L'anneau,  ce  lien  charmant  des  amours, 
Que  pale,  à  son  doigt  met  la  fiancée, 
En  disant  :  «  je  suis  à  lui,  pour  toujours  !  » 

Tu  ne  seras  pas  la  pièce  qui  roule, 

Indiflérente,  dans  la  foule 

Et  des  justes  et  des  méchants, 
Que  le  sang,  parfois,  a  marqué  de  rouge, 

Quittant  le  palais  pour  le  bouge, 
souverains  pour  les  manants  ! 

petit  bloc  d'or,  si  l'on  te  confine 
discrètement,  un  peu  loin  des  yeux, 
Parmi  les  bijoux  dans  une  vitrine, 
Va,  ne  te  plains  pas,  car  cela  vaut  mieux  ! 


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Lc  Motiel  '  ;'  i  <■  «  »K«ir«-  de  Bébé,  de  Georges  Mentelé;  Hinçol»,  de 

■lit      un  il    i»mi.  —  N    31,  ■**•  Templier»,  d\AJphon8e  Allais.  —  N»  82, 
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i    'rsi    arrivé   «-n    fruiivi ij  ^Nv._    V ':;.',,  Mon  Huielde, 


Monologues  et  Poésies  parut  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  50,  Plaidoyer  *ntlcenjugal,  de  Carolus  (TITarrans. 
—  N°  51,  l.e  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piqçet.  —  N°  52,  On  Hanitcra,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  l.e 
Fou  Blre,  de  Jacques  Normand.  —  V  54,  l.e  '»  romboiic ,  de  Charles  Leroy.  —  N°  55,  l>e«  Pierrots,  de 
Mélandri.  —  N°  56,  Victime  d'un  lapin  d'Eugèue  Chavettk.  —  X'J  57,  Ounc  Jaolle  Uistoare.  de  Charles 
Leroy  ;  l.e  Vieux  Soulier,  de  François  CoPPÉE.  —  V  58,  »ur  le  Pont,  de  Félix  Galipaux. 


Car  si  tu  ne  peux  calmer  la  misère 
En  consolant  qui  désespère 
Et  qui  pleure  sans  feu  ni  lieu  ; 

Tu  ne  peux,  métal  de  l'ignominie, 
Vendre  à  l'étranger  la  patrie, 
Et,  Judas,  vendre  aussi  ton  Dieu  ! 

C'est  un  bloc  laiteux  de  quartz  blanc  et  rose, 
Et,  l'irradiant  de  fauves  couleurs, 
Dans  ses  veines  court  ce  métal,  la  cause 
De  tant  de  forfaits,  de  tant  de  splendeurs  ! 


ALTERY  et  DURANT 


COÏNCIDENCE 


Voici  :  L'on  a  jugé  l'affaire 

Hier  devant  le  tribunal. 

Un  flagrant  délit  d'adultère  ! 

Le  fait  parait  d'abord  banal. 

Mais  non...  prètez-moi  bien  l'oreille, 

Surtout  n'en  perdez  pas  un  mot, 

Vous  verrez  que  chose  pareille 

Ne  peut  arriver  de  sitôt  : 

Un  jeune   homme  avait  pour  maîtresse 

Une  blonde  belle  à  croquer  ; 

Il  l'adorait  avec  tendresse, 

Rien  jusque-là  de  singulier! 

Notre  belle  était  mariée 

Et  n'avait,  certes  pas  le  droit 

—  Etant  à  son  mari,  liée  — 
De  le  tromper  ainsi,  ma  foi  ! 

La  chose  était  pourtant  !  Que  faire  ? 

Cela  durait  depuis  longtemps. 

Voilà  qu'un  beau  soir,  cré  tonnerre, 

Tout  finit.  Fâcheux  contre  temps  ! 

Notre  amoureux  voulant  se  rendre 

Chez  sa  blonde  vers  les  minuit, 

Eut  l'idée  en  sortant  de  prendre 

Un  fiacre  à  deux  pas  de  chez  lui, 

Bientôt  à  l'adresse  indiquée 

La  voiture  le  déposa. 

Mais  voyez  la  tête  intriguée 

Du  cocher,  qui  demeurait  là  ! 

Ce  dernier  depuis  trois  quarts  d'heure 

Attendait  sans  trop  murmurer; 

Se  trouvant  devant  sa  demeure, 

Pensa  bien  faire  d'y  monter. 

Il  avait  soif,  il  voulait  boire. 

En  arrivant  sur  le  palier 

—  C'est  là,  le  drôle  de  l'histoire  — 
Il  entend  soudain  soupirer  ! 
Ouvrant  subitement  la  porte 

Il  se  trouve,  oh  fatalité  ! 

—  Celle-ci,  cré  nom,  est  trop  forte  — 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  N°  69,  i^es  Prunes,  d'Alphonse  Daudet.  —  N°  70,  f^e 
Baiser  Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N°  71,  llîllet  de  faire  part,  de  Jacques  Normand  ;  Jeux  d'En- 
fants, de  Jean  Rameau.  —  N°  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve;  »uo  téléphonique;  Ballade  de* 
Accents  circonflexes,  de  Mac-Nab.  —  N°  73,  Inlluenzé  par  sa  Belle-Mère,  de  Marie-Louise  Néron.  — 
N°  74,  Poèmes  Nationaux,  de  Léon-L.  Berthaut.  — N"  75,  Boniment  de  Somnambule,  de  Félix  Galipaux 


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de  Charles  Lerov.    —  N°  90,  Lettre 
>rliiln«',  de 
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\\  ec  son  client  nez  à  nez. 
Oh  !  coïncidence  bizarre  ! 
11  avait  dans  son  logement 
—   I  a  chose  est  certainement  rare 
Conduit,  de  sa  femme  Pâmant  tf! 


i  VCQUES  NORM  \\h 


LE    CERF-VOLANT 


Bien  au-dessus  de  la  mer  bleue. 

Dans  le  ciel  clair, 
De  son  interminable  queue, 
Balayant  l'air, 
mine  un  gros  corps  s.ms  cervelle 
Cabriolant, 
gite  au  bout  d'une  ficelle 

I  e  cerf- volant. 

Majestueusement  cocasse, 
r< 'Ut  galonné, 

Au  beau  milieu  de  sa  carcasse 

II  est  orné 

D'un  grand  soleil  où  l*or  ruisselle 

Etincelant, 
Et  que  vient  trouer  la  ficelle 

Du  cerf-volant. 

Le  grand  oiseau  fantasque  et  bête, 

Du  fil  léger 
Veut,  par  maint  et  maint  coup  de  tête, 

Se  dégager  : 
Mais  une  force  Vensorcèle, 

I  e  turbulent... 
C'est  l'enfant  qui  tient  la  ficelle 

Du  cerf-volant. 

Ainsi,  dans  ce  monde  où  nous  sommes, 
■  m bien  souvent 
•  Nous  voit-on  rester,  pauvres  hommes, 
Bas  dans  le  vent  ! 
Le  grand  ciel  libre  nous  appelle, 

Affriolant... 
Mais  une  main  tient  la  ficelle 
Du  cerf-volant. 

En  vain  le  vent  léger  nous  pousse 

Bien  loin,  là-bas  : 
La  main  qui  nous  tient,  ferme  et  douce, 

s  : 
Car  cette  main  mignonne  est  celle 

Du  dieu  galant, 
L'Amour,  —  qui  tire  la  ficelle 

Du  cerf-volant  ! 

rant  :  René  GODFROY. 
Imprimerie  d  •  du  Paris-Piano,   11,  r  i j le.  Paris. 


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—  !>«•  %»«ller«  vldea,  -  ;   5,  Ha  Tante  Buphraèle, 

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4e  année 


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DIX  Centimes 


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ARISTIDE  BRUANT 

DU  MIRLITON 


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LES  VRAIS  DOS.  -  CASSEUR   DE   GUEULES 
BELLEVILLE-MÉNILMONTANT 

Marc  ANFOSSI  :  Sans  Toi,  Sans  Elles,  Sans  Eux  ! 


PARIS 


RÉDACTION  &  ADMINISTRATION 

n,  rme  d'Hem/te -cille 
RENÉ  GODFROY,  ÉDITEUR 


DEPOT  GENERAL 

S,  rtie  d/u.  Croissant 
LIBRAIRIE   J.    STRAUSS 


Abonnements  :  France,  Fr.  5.  —  Étranger.  Fr.  8 
N°  167 


AVIS  IMPORTANT 
mnaîlre  sa  publication  el  à  Litre  do    Prime     te  Cri-Cri  expédié  franco  à 
domicil    i»i\  Numéros  assortis  contre  15  cent    en  ttynbres-poste  français  adressés  à  M.  k.^oukuoYi 
Leur,  il.  rue d'Hauteville, à  Paris. 


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jj 'événement  littéraire  de  la  semaine  est    l'ad- 
mission, à   la   Société    des    Grens3    de   jueitres?;    du 
cabaretier-pi  ète  ARISTIDE  1  »KM'.\XT,  présenté  par 
i    ('  oppi  <•  et    lascar9  3Iéténter*, 

Le  Cri— Cri  publie,   dans  le  présent    numéro, 
trois  pièces  (/c  cet  artiste  (t   fîn-de-sièçle  >>. 


LES  VRAIS  DOS 


Ça  s'appelT  des  genss'  à  son  aise, 
Mais  c'est  pas  eux  qu'est  les  malins  ; 
Si  c'est  toujour'  eux  qu'a  la  braise, 
C'est  toujour'  eux  qui  s'ra  les  daims. 

I's  sont  frusques  avec  des  p'iures 
Qu'on  leur-z-y  fait  esprès  pour  eux, 
L'hiver  i's  s'  coll'nt  dans  des  fourrures... 
Dame  !  y  a  pas  qu1  nous  qu'est  des  frileux. 

Quand  ça  jou',  qu'  ça  gagne  ou  qu'  ça  perde, 
Ça  s'en  fout...  et  ça  fait  un  foin  !... 
Leux  gonzess's  aussi  fait  sa  merde, 
Ah  !  si  j'en  t'nais  eun'  dan'  un  coin!... 

Ma  gosse,  à  moi,  c'est  eun'  gironde, 
Mais  a'eran'  pas  comm'  ces  femm's-là, 
D'ailleurs  faut  qu'a'  parle  à  tout  1'  monde 
Pisque  c'est  Y  métier  qui  veut  ça. 

Quand  on  n'est  pas  braiseux  d'  naissance, 
Pour  viv'  faut  ben  truquer  un  peu... 
Ces  gonc's-là,  c'en  a  t'i'  d'  la  chance, 
Ça  mange  et  ça  boit  quand  ça  veut. 

Et  pis  ça  nous  appell'  les  dos... 

Ah  !  nom  de  Dieu  !  j'suis  pas  bégueule  ! 

Mais  si'y  avait  pas  tant  d'sergots 

Mine'  !  que  j'  leur-z-y  cass'rais  la  gueule  ! 


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Le  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  N  »  63,  *    N    v    lt.s  pierrots, 

Normand.  -  N"  54,  Le  Trombone,  de  Charles  ,jP-'1,''||isUl.u.r,  de    Charles 
Lapin,  d'Eugène  Chavette.  -  N»  57,  Ounc  JaolU 
Çoppée.  —  S"  58,  Sur  le  Pont.  .1 
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M   „.....„   _  N»  53,  Le  Fou  Kire,  m»m  i- > 

*  Méiahdm.  -  N»  50,  Victime  .l'un 
Le   Vieux  Soulier,  de  I     m  >, 


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CASSEURS  DE  GUEULES 

Ps  ont  la  gueule  et  la  vi'dures 
Cbux  qu'on  appell'  les  princ's  du  sang, 
Pourtant,  paraît  qu'on  prend  des  m  sures 
Pour  les  expulser.  Bon  Dieu  !  d'sang- 
Dieu  !...  Des  m'snr's....  j'en  connais  qu'eun 
Pour  nous  débarrasser  d'  tout  ça: 
Pfaut  leur-z-y  casser  la  gueule.. 
Y  a  qu'un  vrai  moyen...  c  est  çui-la 

C'est  comm'  les  curés:  Des  Jean-fesse, 
Un  tas  d'elients  qui  loutent  rien 
Que  d'iieherdu  pive  à  la  messe  ; 
Ça  vaut  pas  les  quat'  fers  d'un  chien. 
I's  ont  beau  fair'  les  bons  apôtres, 
Faut  leur  caSSerla  gueu'e  aussi. 
Pis  faut  casser  la  gu.eule  aux  autres, 
Si  ya  besoin  d'  quéqu'uû.»-  m   voici  . 

J'tap'rai  dans  l'tas  d'  ceux  qu'a  pas  d'  blouse, 

J'cass'  rai  la  gueule  aux  proprios, 

A  tous  les  gens  qu'a  d'ia  galtouze 

Qu'il  a  gagné' dans  des  agios. 

D'abord,  moi,  j'ai  pas  1'  rond,  j'suis  meule, 

Aussi,  rich's,  nobl's  eq  caetera, 

I'faut  leur-z-y   casser  la  gueule.... 

Et  pis  après....  on  partag'ra! 


seule 


BELLEVILLE-MÉNILMONTANT 

Papa  c'était  un  lapin 

Qui  s'app'lait  J.-B.  Chopin 

El  qu'avait  son  domicile, 

ABell'ville; 
L/soir,  avec  sa  p'tit'  famille, 
I'  s'balladait,  en  chantant, 
Des  hauteurs  de  la  Courtille, 

A  Ménilmontant. 

I'  buvait  si  peu  qu'un  soir 
On  l'ar'trouvé  su'  l'trottoir, 
Il'tait  crevé  ben  tranquille, 

A  Bell'ville, 
On  l'a  mis  dans  d'ia  terr'  glaise, 
Pour  un  prix  exorbitant, 
Tout  en  haut  du  Pèr'-Lachaise, 

A  Ménilmontant. 

Depis,  c'est  moi  qu'est  l'sout'neur 
Naturel  à  ma  p'tit'  sœur, 
Qu'est  l'ami'  d'ia  p'tit'  Cécile, 

ABell'ville, 
Qu'est  soûl'  nu'  par  son  grand  frère, 
Qui  s'appelle  Eloi  Constant, 
Qu'a  jamais  connu  son  père, 

A  Ménilmontant. 


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K&mevu.     -     N»    72,     Ballade    de     la    Demoiselle    chauve  ;    Duo    J61*^""1^  N^"    _   v  7i,  Poèm«« 
Sreonflêxes,  de  Mac-Nab.  -  N"  73,  Influeuzé  par   sa   Belle-Mere,  A*M$™^°™"™™°*- 
Nationaux,  ds  Léoi^-L.  Berthact.  -  N'  70,  Boniment  de  Somnambule,  de  Feux  Gapïpaux. 


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N         Le  Spleen,  i          ;  Leroy.  —  N*  90,  Lettre  d'un  Mobile. 

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Comment  on  se  détail  d*on    Cadavre   encombrant,         Raoul  Oger.         N*   98,   Les  Pâtés    «le  ».ai>i«->,  de 
v                Le  soulier  de  Corneille,  (      rhéophile  Gautier. 


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Ma  sœur  est  avec  Eloi, 

Dont  la  sœur  est  avec  moi, 

1. 's  >ir.  su'  l'boul'vard;  ej'la  r'tile 

A  Bell'ville; 
Comm'  ça  jjgagn1  pas  mal  de  braise, 
Mou  beau-frère  en  gagne  autant, 
Pisqu'i  r'fîl'  ma  sœur  Tnérèse, 
A  Ménilmontant. 

L'Dimanche,  au  lieu  d'travailler, 
J'mont1  les  môm'  au  poulailler, 
Voir  jouer  l'drame  ou  ['vaudeville, 
A  Bell'ville; 

Le   soir,  on  tait  ses  épates, 
On  étal1  son  culbutant 
Mine'  des  genoux  et  larg'  des   pattes, 
A  Ménilmontant. 

C'est  comm'  ça  qu' c'est  V  vrai  moyen 
1)'  dev'nir  un  bon  citoyen  : 
On  grandit,  sahss'fair  débile, 

A  Bell'ville; 
On  cr1  :  Viv'  l'Indépendance  ! 
On  a  l'cœur  bath  et  content, 
lu  l'on  nag',  dans  l'abondance, 
A  Ménilmontant. 


SANS  TOI.  SANS  ELLES,  SANS  EUX! 

(l'KTITS    VERS    POLR     ROMANCES.) 

La  bise  pleure,  et  le  temps  est  morose. 
La  truie  a  pris  un  refuge.  Elle  voit 
Qu'on  ne  peut  mettre  au  monde  un  cochon  rose 
Sans  toit  (bis) 

Elle  vont  fuir,  nos  chères  hirondelles, 
Elles  vont  fuir,  et  ne  reviendront  pas 
Au  proche  avril,  des  torrides  climats, 
Sans  ailes  (bis). 

Les  cuisiniers,  à  raison,  font  leur  tête. 
Ils  savent  bien,  les  rusés  maîtres-qneux, 
Que  l'on  ne  peut  éditer  d'omelette 
Sans  œufs  (bis). 

Marc  ANFOSSI. 


POUR    PARAITRE    PROCHAINEMENT 
Paris-Piano,    bibliothèque  musicale   bi- mensuelle,  publiant 
ions  chaque  numéro  : 

Deux  morceaux  Je  piano,  absolument  inédits,  dus  aux  maî- 
tres du  genre,  imprimés  avec  grand  luxe,  et  possédant  chacun 

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VELOPPE  DU  FASCICULE. 

Un  portrait  à  la  plume  d'une  célébrité  artistique  contempo- 
raine. —  Une  revue  critique  de  la  quinzaine  musicale  et  théâ- 
trale. —  Une  revue  des  livres.  —  Un  courrier  de  la  mode.  — 
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asique  à  pris  marqués.  


(iu  ,  i  L/9 Gérant  :  R.  Gonraot 


l.    Cri-Chi:  M    101,  Les  Aïeules,  Coppée.  V  102,  La  Majorité  de 

Vdultèrel  x    >"'     La    Noce  a    Poplnard,  de    Ri Ooeh.  - 

iii    ners  rides,  >'"    '•"",'    Euphrasie,  10!     i.e 

Petite  Paoncette,       i  Lekoy.  —   N*   109,  Où    e'esl    tout 

Lea  seize  ans  ■  !«•  Bébé,  Iahkans.  —  N*  111,  Monsieur  !«•  Maire,  de 


P.    1-I.IC|MO!l<    !<• 

Mes  : 


4e  année 


Samedis 


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HENRY  DE  BRAISNE 

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DANS  LA  PRAIRIE  -  L'AMOUR  A  LA  FONTAINE 

BERGÈRE  WATTEAU  -  POUR  LE  PLAISIR 

LES  FRÈRES  D'ICARE  -  LA  MER 


PARIS 


RÉDACTION  &  ADMINISTRATION 

11,  rue  d'Hautes  j.lle 
RENÉ  GODFROY,  ÉDITEUR 


DÉPÔT  GÉNÉRAL 

S,  rue  du  Croissant 
LIBRAIRIE   J.    STRAUSS 


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N°  168 


AVIS  IMPORTANT 
Dans  le  lui  défaire   connaître  sa  publication  et  à  Litre  do    Prime,    Le   Cri-Cri  expédie   franco  à 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  t5oenl    en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R.Godfrot, 
directeur,  il,  rue d'HautrvilIe, è  Paris, 


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DANS  LA  PRAIRIE 


ige  a  parfumé  les  prés  verts  «.le  là  Glaise  ; 
Je  marche  dans  une  herbe  aux  naïves  couleurs, 
Mes  pieds  se  s«>ni  mouilles  à  côtoyer  la  glaise, 
lu  j'aspire  à  longs  Ilots  Je  suaves  odeurs. 

Le  ir.eiilot  s'essaie  à  nie  livrer   passage. 
Et  tandis  que,  hâtifs,  les  effluves  du  vent 
Versent  de  la  Iraieheur  sur  le  clair  paysage, 
Les  mains  lourdes  de  fleurs  je  m'avance  en  rêvant. 

L'aurore  caressante  emplit  de  paix  joyeuse 
Le  vallon,  qui  sourit  au  retour  du  soleil, 
IV  puis  le  peuplier  à  la  feuille  soyeuse, 
Jusqu'au  saule  noueux  dont  le  tronc  est  vermeil. 

Pressé  de  saluer  le  réveil  de  la  plaine, 
L'oiseau  forme  ses  chants  des  songes  de  sa  nuit, 
L'insecte  mordoré  sort  de  la  marjolaine. 
Le  voile  du  matin  se  déchire  sans  bruit. 

J'allais  surprendre  au  bord  de  l'étroite  rivière. 
Lue  lîlle  jolie,  au  sein  ferme,  aux  doux  yeux, 
A  qui,  la  veille  au  soir,  dans  notre  chénevière, 
J'avais,  en  soupirant,  bégayé  mes  adieux. 

Elle  m'avait  juré  fidélité  profonde, 
El  je  la  savais  franche  ainsi  qu'un  ange  au  ciel. 
Pour  ma  lèvre  novice,  il  n'était  pas  au  monde 
De  fruit  plus  velouté  que  sa  bouche  de  miel. 

Timide,  j'approchais  de  la  baie  odorante 

sa  pudeur  aimait  à  tremper  ses  pieds  blancs  : 
Je  crovais  bien  en  pleurs  retrouver  l'ignorante, 
Et  j'avais  préparé  des  discours  consolants. 

Ah!  que  j'eusse  mieux  fait  d'éviter  la  prairie! 
Sous  les  veux  de  ma  mie,  et  lui  jetant  de  l'eau, 

eait,  nu  comme  Adam,  un  gars  de  métairie. 

•  vos  sœurs  n'auraient  pas  voulu  pour  pastoureau!. 

A  la  ville,  au  village,  où  rencontrer  la  femme 

ible  de  garder  le  respect  de  son  lit. 
Qui,  dans  sa  lovauté,  n'empêche  pas  notre  .une 

ivourer  les  Heurs  que  noire  main  choisit? 

IL    :  ,   di    BRAISNE 


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Le  Sonnet,  i           i             Là-Bas,  'l'Ail 

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AVRIL  IJSït!».       S         Les  Templiers,  \      •    Et  la  de 

Plaidoyer  pour   un  Aaverynat,  Ça    m 


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Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri  :  X»  50,  Plaidoyer  Aaticonjugal,  de   Quotas «^ïï£J  • 

No  52,  on  Dansera,  de  Jacques  Normand.  -  V  53,  Le  Fou  Ri re,  i^ 

I  |  ROy   -  X»  55,  Les  Pierrots,  de  Mélandri.  -  N»  56,  \  ictin  <    »  un 

apiu,  d'Eugène  Chavette.  -  N-  57,  Oune  Jaolie   Histoare,  do    Charles  Lbboi  :  Le  Vieux  Soulier,  de  Fra 

opi'i.i:.  —  X<>  f>8,  Sur  le  Pont,  de  Félix  G.w.ii'ux.  ^^^^^_^_ 


e  Jouet   Allemand,  d'Henri  Piquet, 
qbuand.  —  X»  'A,  Le  Trombone,  do  I 


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L'AMOUR   AJLA  FONTAINE 

Sous  le  ciel  jaunissant  d'un  très  doux  soir  d'automne, 
Loin  des  cailloux  rugueux  du  grand  ehemin  durci, 
Sur  l'herbe,  au  pied  de  l'orme  au  feuillage  roussi, 
Tandis  que  l'eau  de  source  en  long  ruisseau  chantonne, 

Le  gars,  balourd,  les  deux  mains  sur  sa  houe,  ânonne 
Ses  demandes,  tremblant  et  pâle  de  souci, 
Dans  l'attente  du  mot  qui  doit  présager  si 
Sa  promise  ôtera  son  fichu  de  cretonne. 

La  fille  se  détourne  et  rougit  de  plaisir; 
Elle  sent  en  son  sein  se  gonfler  le  désir 
De  tendre  ses  bras  forts  â  l'œuvre  de  nature. 

Mais,  bien  que  son  amour  fasse  un  nouveau  progrès, 
Sachanf  comment  finit  la  galante  aventure, 
Elle  reprend  le  col  de  la  cruche  de  grès. 


BERGÈRE    WATTEAU 

Elle  monte  à  Cythère  et  relevant  sa  jupe 
De  satin,  inclinant  son  toquet  de  velours, 
La  bergère  Watteau  raille  le  vain  secours 
De  l'amoureux  tardif  qu'un  fol  espoir  occupe. 

Des  gants,  un  éventail,  les  touffes  d'une  huppe, 
Des  rubans  à  poser,  l'éclat  de  ses  atours 
Émeuvent  plus  son  cœur  que  le  tendre  discours 
Chanté  par  le  galant  dont  elle  a  fait  sa  dupe. 

Qu'importe  le  malheur  lointain  !  A  son  désir 

Tout  eède;  coqueler  est  l'unique  plaisir 

Digne  de  retrousser  les  deux  coins  de  sa  bouche 

Mais  si  des  grands  périls  sous  le  fatal  marteau 
L'heure  sonnait  encor,  elle  aurait  une  mouche 
Au  menton,  pour  narguer  les  aides  du  bourreau. 


POUR    LE    PLAISIR 

Pour  le  plaisir  de  parler  à  mi-voix 
De  ta  beauté  qui  captive  mon  âme, 
Je  marcherais,  et  durant  de  longs  mois. 
Dans  des  sentiers,  où  ton  regard  de  femme, 
Où  ton  regard  de  femme,  hélas  !  n'ira  jamais, 
N'ira  jamais. 

Pour  le  plaisir  d'entendre  près  du  cœur 
Si  captivé,  la  divine  parole, 
Je  braverais  d'un  sourire  vainqueur 
Le  gouffre  amer,  où  ta  candeur  d'idole, 
Où  ta  candeur  d'idole,  hélas  !  n'ira  jamais,  - 
N'ira  jamais. 


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AT W««««  ^^<'s  P^usdan»  Le  Cm-Cri  :  N«   69,  Los    Prunes,   d'Alphonse    Daudet^  -,  N»  70^    Le 

(ferselllais,  de  Jean  Behnard.  -  N- 71,  Billet  «le    faire  part,   de  Jacques   Normand  ;    Jeux   dl 
Um, .  u'      -     N»    72,     Ballade    de     la    Demoiselle    chauve:    Duo    téléphonique; 
streonflêxes,  de  Mag-Nab.  -  X'  73,  Influenzé  par   sa    Belle-Mère,  de 

Berthadt.  —  X°  75,  !" 


Raiser 

de    Jean 
Ballade    ries    Accents 

—    X°  74,  Pop"** 


Breto 

Connu 


itologuss  et  Poésie»  par  \    -     Le  Bpleen,  d<   Gharlefe  Lkroy.  —  N*  90,  Lettre  d'un  Mobil 

a  -  N    M,  l'n  Cas  pressant,  de  C.  Tri  bla  ;  Paul  Verlaine;  de  Yves  Lerez; 

icnt  on  se  détait  d'un    Cadavre   encombrant,  do   Raoul   Oger.  —   N*   'X\  Les  Pâtés    de  subies,  ( 

v     >iiim<  I.«»  SotiltiM'  dt»  Ooruoillo.  i\e  Tlu'ophilo  (ïvrrnii. 


•  vsd  ;  Le  Sonller  de  Corneille,  de  Théophile  Gautier. 


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Pour  le  plaisir  de  voir  en  notre  nuit 
S'éclairer  tôt  le  noir  de  mon  nuage, 
Je  gravirais,  froidement  el  sans  bruit, 
L'Alpe  géante,  où  ton  si  doux  visage, 

Où  ton  si  doux  visage,  hélas  !  n'ira  jamais, 
N^ira  jamais. 
Pour  le  plaisir  de  sentir  mou  Iront  pur, 
Un  soir  de  mai,  touché  par  ta  mam  lente, 
J'affronterais,  et  les  yeux  dans  l'azur, 
L'enfer  des  sens,  où  ma  belle  indolente, 

Où  ma  belle  indolente,  hélas  !  n'ira  jamais, 
N'ira  jamais 


LES    FRERES    D'ICARE 

Monter,  monter  cneor,  ne  plus  sentir  la  terre, 
Fuir  le  marais  fangeux  de  son  destin  charnel, 
Voler  immensément  dans  les  plaines  du  ciel, 
Ou  mourir  à  l'instant  d'une  mort  volontaire  ; 

Avoir  en  son  labeur  cet  orgueil  solitaire, 
De  l'ouvrier  que  trouble  un  problème  éternel, 
Sur  le  pistil  des  fleurs  ne  cueillir  que  le  miel 
Afin  de  mieux  songer  au  fabuleux  mystère. 

C'est  de  beaucoup  d'enfants  le  souhait  ignoré. 
Ils  ont  soif  de  lumière,  et  plus  d'un  a  pleuré 
De  sentir  à  son  pied  le  cuir  d'une  sandale. 

Trop  tôt  leur  corps  blêmit  dans  la  nuit  du  tombeau  ; 
Pour  n'avoir  pas  suivi  les  conseils  de  Dédale, 
Ils  ont  brûlé  leur  aile  à  l'immortel  flambeau. 

LA    MER 

Nous  n'avons  pas  d'image  assez  grande  pour  peindre, 

Sous  des  couleurs  donnant  le  soupçon  du  réel, 

Ta  froide  majesté  de  gouffre  universel, 

Ta  largeur  d'océan  qu'on  ne  saurait  étreindre. 

Devant  loi,  notre  esprit  a  peine. à  se  contraindre; 
Les  plus  fnrts  sont  saisis  de  cet  effroi  mortel. 
Qui  rend  le  discours  vain  et  l'adieu  solennel; 
La  calme  indifférence  est  impossible  a  feindre. 

Aussi  crédule  encor  qu'un  pieux  pèlerin. 
C'est  en  signant  son  front  que  le  hardi  marin 
Ose  affronter,  la  nuit,  la  houle  de  tes  ondes. 

Effarés,  nous  craignons  la  masse  de  ion  fol, 

Ta    ombre  immensité  nous  arrache  un  sanglot. 
Et  tu  n'es  qu'une  goutte  en  l'infini  des   mondes! 

Henry  de  Braisne. 

Nous  recommandons  à  nos  lecteurs  le  N°  6i  de  la  Plume, 
consacré  à  la  Chanson  Moderne,  avec  notre  excellent  confrère 
et  ami,  Marcel  Bailliol,  comme  rédacteur-chef.  Citons  les 
chansons  de  Bruant,  Jony,  Auriol,  Marcel  Legay,  Trimouillat, 
Baillioi,  Xanrof,  Paul  Delmet,  MontOja,  Duroeher.  Les  articles 
de  Montorgueil,  Léon  Deschamps,  Roussel,  et  les  dessins 
d'Albert  René,  Steinlen  et  Gautier.  Prix  du  N",  50  centimes. 


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101,  Les  Aïeules,  fl     l  rançoi     Ooi'pée.  X"  102,  La  Majorité  de 
Idnltéi  <•  :  -  N*  104,   La    \«><-«'  à    Popinard,  de    Ri 

■     ,  Souliers  rides,  Ma   Tante   Éuphrasle,  S     107,   Le 

r«-(ii«-  Paoncette,  Lehot.  —   N"   109,  Ou    c'est    tout 

Les  seize  a  us  de  Bébé,  S    111,  Monsieur  le  Maire,  d< 


4e  année 


Samedis 


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DIX  Centimes 


LÉON  L.  BERTHAUT 


L'HERITIER  D'AVANT 

Monologue  en  prose 


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FRANÇOIS  COPPÉE  -  Au  Bord  de  la   Marne 


PARIS 


RÉDACTION  &  ADMINISTRATION     \ 

11,  rue  d'Hautes  ille  ! 

RENÉ  GODFROY,  ÉDITEUR  I 


DEPOT  GENERAL 

S,  rue  d-u.  Croissant 
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N°  169 


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Danelebul  d<  nnaîlre  sa  publication  et  à  litre  do    Primo    Le  Cri-Cri  expédie  franco 

domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  15  cent    en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R.Godfroy 
tear.lt,  rue  d'Hautoville,  à  Paris. 

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L'HÉRITIER     D'AVANT 


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i!  Se-  présente  en  vêtements  de  deuil,  le  mouchoir  à    la  main-, 

Ah  !  il  c'avait  pas  besoin  de  me  faire  son  héritier  pour 
être  pleure  de  son  meilleur  ami  !..  Pauvre  Charles  !..  si  jeune 
:e.  avec  lam  de  vertus  !...  Ah  !  si  vous  l'aviez  connu  à 
fond,  comme  moi...  Le  brave  cœur  !  et  doux  !  jamais  un  mot 
plus  haut  que  l'autre  !..  toujours  prêt  à  faire  vos  courses,  à 
régler  pour  vous  mille  affaires  ennuyeuses!.*..  Et  instruit  il 
fallait  voir  !  histoire,  géographie,  mathématiques,  littérature, 
linguistique,  il  était  terré  sur  tout...  On  se  faisait  prier  à  sou- 
per afin  de  l'entendre...  En  voyage,  c'était  un  bonheur  inesti- 
mable de  remmener  :  son  érudition  et  sa  merveilleuse  aptitude 
pour  les  langues  faisaient  de  lui  le  meilleur  eicérone  qu'on 
Ut  souhaiter,  aussi  n'en  ai-je  jamais  eu  d'autre  que  lui  en 
.;nc,  en  Italie, en  Russie. 

(  //  sanglote. 

Pauvre  Charles  !  Pauvre  Charles  !  non  jamais  on  ne  trou- 
vera son  pareil,  pendant  sa  longue  carrière  de  médecin,  nul 
n'a  pu  lui  taire  accepter  un  centime  ! 

( //  s'essuie  les  yeux  et  se  mouche.) 

Jamais  je  ne  guérirai  de  cette  plaie  là,  jamais  !  Pauvre 
Charles  !Ah  !  comme  il  méritait  bien  1  estime  de  no6  concitoyens  : 
avant  lui,  pas  de  Conservatoire!  eh  bien,  il  en  a  fondé  un.. — 
l'orchestre  du  théâtre  n'était  qu'un  mythe  :  il  en  a  fait  quelque 
chose..  —  le  bureau  de  bienfaisance  était  pauvre  !  il  l'a  enri- 
ehi,  —  les  rues  étaient  mal  pavées;  il  les  a  refaites,  établi  des 
trottoirs  de  bois  et  percé  dos  boulevards.  —  Enfin,  rien  ne  se 
faisait  qu'avec  lui,  par  lui,  grâce  à  lui  !...  Pauvre  Charles  ! 

(Il  se  reprend  à  sangloter.) 

Oui,  on  l'aimait  bien,  surtout  les  dames  !  C'était  un  si  beau 

on  !  mais  il  n'usait  de  ses  avantages  physiques  et  intellec- 
tuels que  dans  le  bien  de  tous,  avec  une  sagesse  exquise,  une 
délicatesse  innée  ! 

Oh  !  sa  délicatesse!  Ainsi,  tenez,  le  mois  dernier,  comme 
je  lui  laissais  à  entendre  que  je  serais  heureux  d'avoir  de  lui 
quelque  souvenir  avant  sa  mort,  mais  que  je  ne  voulais  point 
frustrer  sa  famille,  pour  me  faire  comprendre  qu'il  m'insti- 
tuait son  légataire  universel,  n'eut-il  pas  cette  phrase  inoublia- 
ble :  «  Va  mon  cher  ami,  je  ferai  en  sorte  que  tu  n'aies  pas  à 
"   regretter  ma  mort  ?  » 

Brusquement  il  met  le  mouchoir  dans  sa  poche  cl  se  détourne 
virement,  comme  four  chercher  son  chapeau.) 

A  propos  quelle  heure  est-il  ?  (//  regarde  à  sa.  montre)  Sa- 
pristi !  dix  heures  et  demie  !  il  v  a  3  |  d'heure  que  l'on  m'at- 
tend pour  ouvrir  le  testament  :  j'ai  averti  le  notaire  des  inten- 
tions de  feu  mon  cousin  Charles  !.... 

//  va  pour  sortir;  a    ce  moment,  comme    il  ouvre  la  porte,  il 
lehors  un  pli  que  lui  tend  un  domestique.  Il  revient  pour 
i an  dînant,  il  lit  : 

Monsieur  Tripotard,  notaire....  ah,  ah!  le  notaire!  (sou- 
rire béat)  c'est  la  bonne  nouvelle. 

11  lit  : 

«  Mon  cher  monsieur  Boursicotier. 

«  Suivant  les  obligations  imposées  par  la  Loi  clans  les  cir- 
"  constances  que  vous  savez,  nous  venons  d'ouvrir  le  testa- 
«  ment  de  M.  Charles  Farceur. 


Le  sonnet,   d  Lou      Bogi       Là'Bas,  d'Alberl 
Le  11  mehoir,                                   Le  Cigare  «l«-  Bébé,  Rlngols,  deLéoi 

CRI-CRI  1      LVB.IL  X'.M'.m.  Les  Templiers,  d'Alpin  EtladeroJyèi 

Plaidoyer  pour  an  Auvergnat,  <:a    m'esl 

Mon    Nu  Iclde.  019. 


Monologues  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Ci:i  :  N»  50,  Plaidoyer  Auticonju«jal,   do   Carolus_dTLvRHANS.  —       °  51. 
Le  Jouet   Allemand, 
Normand.  —  X»  54,  Le 
Lapin,  d'Eugène  Cha\  i 
Coppée.  —  X»  58,  Sur  le  Pont,  de  Félix  Cu.n.ux. 


ries  parus  aans  i^v.  l.ki-i_.i;i   :  .\"  ■>'<,    riuiunjcr    im.utiwu^u<|ui,    m      uaïui^a    «  uuu». ......  -.     --. 

J,  d'Henri  Piquet.  —  N«  •"..',  Ou  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N»  53,  Le  Fou  Rire,  deJacques 
Trombone,  de  Charles  Leroy.  —  N"  55,  Les  Pierrots,  de  Mélàndrl  —  N«  56,  Victime  d'un 
ette.—  N«  57,  Onue  Jaolie   Hlstoare,  de    Charles   Leroy  ;  Le  Vieux   Soulier,  de  François 


~ 


g  >  S  3 


«  J'ai  le  regret  de  vous  apprendre  que  —  contrairement  à 
«  vos  prévisions  (hein  !)...  M.  Charles  Farceur  institue  pour  lé- 
«  gataire  universel   M.  Dubalai  son  portier.   » 

«  Recevez,  cher  Monsieur,  mes  consolations  les  plus  sin- 
«  cères. 

Va  te  faire.,  fiche,  avec  tes  consolations!  Elles  sonnent 
faux  comme  l'or  du  machabée  ! 

Quel  hypocrite,  ce  Charles  !...  Eh  bien  —  vous  le  croirez 
si  cela  vous  dit  —  je  m'en  étais  toujours  douté. 

Par  exemple,  le  jour  où  il  me  promit  sa  fortune,  il  y  avait 
je  ne  sais  quoi  du  renard  dans  sa  physionomie  de  ramolli 
quand  il  prononça  les  mots  «  je  lerai  en  sorte  que  tu  n'aies 
pas  à  regretter  ma  mort.   » 

J'te  crois,  espèce  de  pingre  ! 

Il  n*a  pas  mal  fait  de  glisser  la  rampe,  le  vieux  chien  !  tons 
les  dimanches  il  m 'arrivait  à  l'heure  du  pot-au-feu.  Sous  pré- 
texte de  goûter  la  soupe,  il  buvait  la  moitié  du  bouillon,  au 
moins  deux  litres  !  S'il  y  avait  des  gâteaux,  il  les  flairait  cons- 
tamment en  sorte  que  l'on  n'osait  plus  y  toucher,  car  il  avait  si 
mauvaise  haleine  !...  Oh  !  ce  qu'il  tuait  les  mouches  !....  Alors 
il  mangeait  tout  !  Une  tactique  ! 

Ce  que  je  vous  en  dis,  vous  savez,  ce  n'est  pas  par  intérêt, 
oh  non  !  mais  cela  fait  mal,  en  vérité,  de  voir  un  vieux  grippe- 
sous  comme  ça  déménager  sans  rien  laisser  aux  amis. 

Non,  ce  'n'est  pas  moi  qui  le  blâmerai  d'avoir  avalé  sa 
gaffe  !  moi,  son  ami  ?...  mais  s'il  était  vivant  encore,  volontiers 
je  lui  graisserais  les  bottes  pour  lui  aider  à  défiler  la  parade. 

Et  puis...  faire  le  malin  comme  ça,  histoire  de  vous  nar- 
guer... la  vieille  bête  !  Il  eût  mieux  fait  d'avaler  sa  langue 
auparavant  ! 

C'est  une  chose  que  je  ne  puis  lui  pardonner. 

Avant  qu'il  eut  descendu  la  garde,  je  l'aimais  comme  un 
frère.  Il  m'aurait  dit  :  «  Tu  siis,  Onésime,  je  donne  tout  au 
pipelet.  »  Je  n'aurais  trouvé  rien  à  dire;  j'aurais  même  fait  le 
possible  pour  l'empêcher  de  casser  sa  pipe. 

Mais  puisque  c'est  ainsi,  bonsoir  à  la  compagnie!  il  peut 
se  faire  habiller  en  sapins  ce  n'est  pas  moi  qui  le  conduirai 
ad  patres. 

Comme  j'étais  bête  de  ne  pas  deviner  l'amertume  cachée 
sous  cette  parole  doucereuse  !  ces  emportements  que  je  prenais 
pour  un  excès  d'enthousiasme,  c'était  la  brutalité  d'un  ancien 
soudard  qui  se  taisait  jour  malgré  lui..  Détraqué,  le  vieux  tam- 
bour!... on  sera  plus  tranquille. 

Et  cet  empressement  à  courir  la  ville  pour  vous  ?  manière 
comme  une  autre  de  faire  sauter  l'anse  du  panier  !  Ces  obsé- 
quiosités pour  vous  remplacer  dans  une  démarche  quelconque? 
moyen  de  connaître  vos  affaires  et  de  vous  supplanter  '.....Plus 
de  dîners,  mon  bonhomme,  on  a  perdu  le  goût  du  pain  ! 

A  propos  de  dîners,  puisque  dîners  il  y  avait,  quel  bavar- 
dage !  quelle  gourmandise  !...  Il  fallait  aussi  qu'il  se  mêlât  de 
tout,  de  la  robe  de  sa  voisine,  des  affaires  du  monsieur  d'en 
face,  il  vous  brouillait  avec  tout  le  monde...  Vieille  perruche, 
glissée  du  perchoir  ! 

Notez  qu'il  prétendait  tout  savoir  et  qu'il    ne  savait    rien! 
un  jour  il  mettait  Trafalgar  en  Turquie,  et  Waterloo  en    1715. 
Confondre  Bonaparte  avec  Louis  XIV,  misère  ! 

Et  dire  qu'il  se  posait  en  déclamateur  de  grande  marque  ! 
C'était  à  lui  crier  de  /aire  couic,  tant  il  nous  énervait  ! 


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iHbwo/opwe*  et  Poésies  parus  dans  Le  Cri-Cri:  N°  ,1;).  Les  Prunes.  d'Alphonse  Daudet.  —  N»  70,  Le  Baiser 
Marsr illais,  de  Jean  Bernard.  —  N»  71,  Billet  de  «aire  part,  de  Jacques  Normand;  Jeux  d'Enfants,  de  Jean 
Rameu  —  N"  72,  Ballade  de  la  Demoiselle  chauve:  Duo  téléphonique:  Ballade  des  Accents 
ïirconflèxes,  de  Mac-Xae.   —  N*  73,  Influenzé  par    sa    Belle-Mère,   de    Marie-Louise    Néron.  —   N°  74,  Poeœ** 

Nationaux    ds  Léoc-L.  Bert::aut.  —  X°  75,  Boniment  de  Somuambule,  de  Félix  Gapipat  \. 


\    89,  Le  Spleen,  I        iv.  —  N'  90,  Lettre  d'un  Mobile 

Bl.,.l0i..                                           \          i  ••  <    .-  ..........  ...t  Paul  Verlaine;  de  Yvks  Lkrez;  —  N'  98, 

CouimiMit  on  se  défait  d'no    Cadavre   encombrant,    !•■    Raoul   0  N*  93,    Les  Pâtés    do  sables 
Le  Soulier  de  Corneille,        i       -     '     <■>' 

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Je  me  rappellerai  toujours  le  voyage  qu'il  voulut  faireavec 
moi  en  Italie,  is  les  voitures,  l'hôtel,  et  quand  il  s'agis- 

sait de  parler  aux  marchands  de  bonshommes  en  plâtre,  per- 
sonne! Monsieur  disparaissait...]  C'est  alors  qu'tn-peWo,  je  lui 
ai  souhaité  plus  d'une  fois  de  manquer  à  l'appel. 

Ah!  il  était  propre,  le  monsieur:  ses  visites  gratuites, deux 
au  plus  par  semaine,  c'était  pour  la  galerie,  en  vue  du  ruban 
rouge  !  L'intrigantl  II  cumulait  tout  !  C'était  une  indignité  !  Il 
n'y  avait  de  places  que  pour  lui!  Lui  partout,  lui  toujours, 
toujours  lui  ! 

aumônes]  politique!  il  ambitionnait  un  siège  à  la 
Chambre,  tout  le  momie  savait  eela...  il  n'y  a  eu  que  moi  de 
trompe  jusqu'alors  ! 

Fallait-il  que  je  lusse  aveugle  de  D'y  pas  voir  mieux  que  çal 

-  trottoirs  nouveaux,  un  moyen  de  donner  de  !a    valeur 

\      là  ce  qu'on  appelait  un  honnête  homme  ! 
San-  compter  ce  que  je  ne  veux  pas  dire  :  ainsi  entre  nous, 
(oh  I  ne  le  répétez  à  personne)   pendant   l'Exposition,  il  vivait 
rois  danseuses  japonaises  ! 
Il /ail  mine  Je  s'en  aller.  ) 

enani  un  yen  et  avec  mystère  : 
On  prétend  qu'il  buvait,  e'est  ce  qui  l'aura  fait  dégeler  ! 
Un  yen  plus  loin,  sur  le  même  ton  : 
J<  crois  bien  qu'il  volait...  Il  a  bien  fait  de  fuir. 

sortant,  très  bas  et  gravement  : 
Crétin  va  !  Léon  L.  Bekthaut. 


AU    BORD    DE    LA    MARNE 

a  te  à  Joinville.  On  tire  le  pétard. 
Les  cinq  canots,  deux  en  avant,  trois  en  retard, 
Partent,  et  de  soleil  la  rivière  est  criblée. 
Sur  la  berge,  là-bas,  la  foule  est  assemblée, 
Et  la  gendarmerie  est  en  pantalon  blanc. 
—  Et  l'on  prévoit,  ce  soir,  les  rameurs  s'attablant 
Au  cabaret,  les  chants  des  joyeuses  équipes, 
Les  nocturnes  bosquets  constellés  par  les  pipes, 
Et  le-  papillons  noirs  qui,  dans  l'air  échauffé, 
Se  brûlent  au  cognac  ilambant  sur  le  café. 

François  Coppée. 


Four  paraître  I<-   10  Décembre   18ÎH 

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CHANSONS  ZUTISTES 


A  LOURCINE  —  LA   BLOUSE  A  THIVRIER 
LE  MAIRE  DE  TOULON 


PARIS 


RÉDACTION  &  ADMINISTRATION     j 

-ii,  rue  d'Hautes Ule 

RENÉ  GODFROY,  ÉDITEUR 


DEPOT  GÉNÉRAL 

S,  rue  d/u.  Croissant 
LIBRAIRIE   J.    STRAUSS 


Abonnements  :  France,  Fr.  5.  —  Étranger.  Fr.  8 
No  170 


Le  succès  très  manifeste  de  L.i  Plume,  avec  son  numéro  exceptionnel  consacré  à  1. 
Chanson  Moderne  et  dont  Marcel  Bailliot  a  compose  consciencieusement  l'anthologie,  nou 
a    enua<_ics,    pour   suivre   l'actualité,  à   taire    ce   numéro   de   la   Chanson  Zutistc. 

Jamais  le  jeune  chansonnier,  qui  est  notre  ami  et  collaborateur,  ne  fut  mieux  inspiré. 


Us- 


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A  LOURCINE 


les  de  M.  BAILLOT.  Musique  Je  LE  BAYOX 


mm^ésœ*. 


i 

Vrai  que  malheur  !  la  vi'  qu'on  mène, 
On  s'éreinte,  on  s'donne  d'ia  peine, 
Et  l'on  finit  dans  la  débine 
A  Lourcine. 

II 

Ma  mèr'  qu'était  un'blanchisseuse 
De  son  vivant  fut  pas  heureuse 
Mais  elle  avait  pris  d'ia  vaccine 

A  Lourcine. 
III 
Moi,  ça  m'a  pris  voilà  trois  mois 
J'étais  alors  avec  François 
Mant'nant  on  m'fourr'  d'ia  vaseline 

A  Lourcine. 


-■ .  ^ 


IV 

Ça  peut  durer  dix  "ans,  vingt  ans 
Ça  peut  durer  mêm'  soixante  ans 
C'est  c'que  m'a  dit  ma  voisine 
A  Lourcine. 

V 

Adieu  la  noce,  adieu  l'printemps 
J'suis  pt'êt  là  pour  ben  longtemps 
J'verrai  fleurir  l'aubépine 
A  Lourcine. 


VI 

O  mes  pauv'  sœurs,  les  pauv'  catins 
Toujours  soucieus'  des  lendemains 
Sans  cesse  faut  qu'on  turbine 
Pour  Lourcine. 

VII 

Ça  prouve  assez  que  sur  la  terre, 
Qu'on  soit  d'ia  haute  ou  prolétaire, 
Y  a  pas  d'roses  sans  épine 
A  Lourcine. 


Créée  par  l'auteur  aux  Soirées  de  LA  PLUME. 


LA  BLOUSE  A  THIVRIER 


Paroles   de   Marcel 


I 


BAILLIOT   ■ 
A  Marcel 


—    Musique    de   L. 
Legay. 


PIERRAT 


IV 


bis 


bis 


Thivrier  vient  de  Montluçon 
Et  c'est  un  fort  joli  garçon; 
Aussi  dans  chaq'  quartier 
On  s'a  mis  à  crier  '. 
As-tu  vu  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse, 
As-tu  vu  la  blouse  du  parti  overrier? 
As-tu  vu  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse 
As-tu  vu  la  blouse,  la  blouse  à  Thivrier? 

II 

Ça  c'est  un  honnête  citoyen 
Qui  va  travailler  pour  not'  bien 
Si  d'mande  la  main  d'  ma  sœur 
J'y  donne  avec  bonheur. 
Elle  aura  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse, 
Elle  aura  la  blouse  du  parti  overrier; 
Elle  aura  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse 
Elle  aura  la  blouse,  la  blouse  à  Thivrier? 

III 
Le  bourgeois  n'a  qu'à  bien  s' tenir  (  ,  • 
C'est  nous  les  hommes  de  l'av'nir  (     ÎS 
Ceux  qu'aiment  à  fricoter 
Oseront  plus  s'y  frotter. 
On  craindra  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse, 
On  craindra  la  blouse  du  parti  overrier; 
On  craindra  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse 
On  craindra  la  blouse,  la  blouse  à  Thivrier. 


bis 


bis 


Déroulède  a  la  redingote, 

M'sieur  Freppel  a  la  calotte; 

Thivrier,  nom  de  nom, 

A  la  blouse  et  l'bàton. 

La  Chambre  a  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse, 

La  Chambre  a  la  blouse  du  parti  overrier; 

La  Chambre  a  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse 

LaChambreala blouse, la  blouseà Thivrier. 

V 
Thivrier  qu'avait  de  l'astuce 
Un  soir  veut  voirlesMontagn'Russ 
Monsieur,  vous  faites  erreur, 
Lui  dit  le  contrôleur. 
On  refusa  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse 
On  refusa  la  blouse  du  parti  overrier; 
On  refusa  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse 
On  refusa  la  blouse,  la  blouse  à  Thivrier. 

VI 

Quandfauara  s'fout'un  coup  d'torchon  j  ,  • 
Expulser  V  Prussien  cochon,  ( 

Autour  de  Thivrier 

Nous  irons  batailler. 
On  verra  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse, 
On  verra  la  blouse  du  parti  overrier; 
On  verra  la  blouse,  la  blouse,  la  blouse 
On  verra  la  blouse,  la  blouse  à  Thivrier. 
Créée  par  Frejol,  de  LA  CIGALE. 


LE  MAIRE  DE  TOULON 


Air  :  Le  Roi  d'Yvetot 


1 
11  et  ail  un  mair1  «.le  Toulon 
Dont  j'vais  vous  dire  l'histoire, 
11  était  forl  joli  garçon, 
Et  Psail  un  peu  sa  poire, 
Mais  pour  1  administration. 
11  avail  peu  ^dispositions 

Dit-on* 
Oh,  oh,  oh,  oh,  ah.  ah.  ah,  ah, 
Quel  joyeux  maire  c'était  la 
.  la. 

II 
Il  n'agrandit  point  ses  bureaux 
Fut  un  êch'vin  commode 
Kt  comme  les  frères  de  Citeaux 

Prit  le  plaisir  pour  eode 

On  sait  que  lorsqu'on  l'enferma 

tre  qui  l'interna 
Pleura. 
Oh,  oh,  oh,  oh,  ah,  ah,  ah,  ah. 
!  joyeux  maire  c'était  là 
La.  la. 

III 

Il  allait  d'ia  blonde  à  la  brune 

Qu'il  aimait  pareillement 

Et  bien  souvent  au  clair  de  lune 

On  le  vit  roucoulant 

Puis  le  soir,  pour  se  distraire 

Il  disait  à  la  de  Jonquières 

De  S  vers 
Oh,  oh,  oh,  oh,  ah,  ah,  ah,  ah. 
Quel  joveux  maire  c'était  la. 

L  ;.  la. 


IV 


Aux  tilles  de  ses  administrés 

Comme  il  avait  su  plaire, 

Les  enfants  pouvaient  en  secret 

Le  dénommer  leur  père, 

Mais  à  ce  jeu  on  risque  tout 

Il  esi  maintenant  sous  les  verrouk 

Four  roux. 
Oh,  oh,  oh,  oh,  ah,  ah,  ah,  ah 
Quel  joveux  maire  celait  là 

La,  la. 

V 

Il  n'avait  de  L,roût  onéreux. 

Que  pour  les  p'tiles  fafames, 

C'est  qu'a  Toulon,  les  hommes  fougueux 

Sont  bien  souvent  bigames, 

Et  pour  un  mômç  qu'il  a  perdu 

Combien  dlmaris  a-t-il  rendus 

Cocus. 
Oh,  oh,  oh,  oh,  ah,  ah,  ah,  ah 
Quel  joveux  maire  c'était  la. 

La,  la. 

VI 

Tout  n'est  pas  clair  dans  cette  affaire 

De  c'vaillant  magistrat 

On  prétend  que  la  justice  flaire 

Que  qu'ehose  d'indélicat. 

Les  jours  de  fête  en  attendant 

Le  peuple  plaint,  tout  en  buvant 

L'amant. 
Oh,  oh,  oh,  oh,  ah,  ah,  ah,  ah 
Quel  joyeux  maire  c'était  là 

La,  la. 


AVIS  IMPORTANT 


nIo  but  défaire  connaître  sa  publication  et  à  titre  de  Prime,  Le  Cri-Crc  expédie  franco  a 
domici  1*1  \  Numéros  assortis  contre  45  cent,  en  timbres-poste  fi -ançais  adressés  à  M.  R.Godfroy 
directeur.  11,  rue d'Hauteviiïe, à  Pahis. 


Pour  paraître  le  ÎO  Décembre    1891 

remier  {Numéro  (Numéro   exceptionnel   de    Noël)   de 


PARIS-PIANO 

verture  Originale,  or  et  couleurs  : 
DIVERTISSEMEMT    MILITAIRE,  ozjivre  inédite 

de  M.  Emile  Pessard Prix,  7.50 

Couverture  Couleurs,  édition  grand  luxe. 

XID   DE   ROSES,  m  tzurka  inédite  de  M.  Frantz 

Hitz Prix,  6fr. 

Couverture  trais  Couleurs,  édition  grand  luxe. 

■  1    Artistique    :  Portraits   de    Célébrités 
Contemporaines. 

1   littéraire  :  Reloue  de  la   Musique,  du 

Théâtre,  de  la  Mode,    et    des  Livres,   etc. 


Prix  du  Numéro 
complet 

FARMAIO 

*   1  H. 


ille.  I' 


4e  année 


Samedis 


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DIX  Centimes 


UNE  SOIRÉE, 

MARC    ANFOSSI 

Coquelin 

Cadet 

monologue  dit  par  M. 

VERRES    A  BOIRE 

LE  PAYSAN  DE  LA  VALLÉE 

D'OSSAU 

SONNET  D'HIVER 

PRIS  SUR  LE  VIF  —  GRISAILLE 

PARIS 


RÉDACTION  &.  ADMINISTRATION      j 

11,  i"u.e  d-'Ha-U-te-ff  j.lle 
RENÉ  GODFROY,  ÉDITEUR  | 


DEPOT  GÉNÉRAL 

S,  rue  d/u.  Croissant 
LIBRAIRIE   J.    STRAUSS 


Abonnements  :  France,   Fr.  5.  —  Étranger.  Fr.  8 


N°  17 


AVIS  IMPORTANT 

Dans  le  bul  défaire  connaître  sa  publication  et  à  litre  de  Prime,  Le  Cri-Cri  expédie  franco  i 
domicile  DIX  Numéros  assortis  contre  15  cent,  en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R.Godfrot 
directeur,  11.  rue d'Hauteville, à  Paris, 


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UNE    SOIRÉE 


Monologue  dit  par  Coqublin  cadet 
Je  viens  d'une  soirée,  dans  le  monde..,  Si  on  m'y  repince, 
je  veux  être  vivisection  né  !  QueMe  soirée!  D'abord,  presque 
personne...  Un  seul  ministre,  el  toutes  les  dames  en  sueur.  Ils 
appellent  ça  une  soirée,  les  misérables  !  Hue  chaleur  qui  faisait 
larmoyer  les  bougies  Sur  les  glaces  au  citron.  Tue  chaleur  telle, 
que  le  nègre  en  imitation  qu'ils  avaient  loué  pour  la  nuit,  détei- 
gnait sur  son  gilet  blanc  ! 

lue  chaleur  qui  jetait  un  froid  !... 

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Après  tout,  jamais  bien  pu  répandre  le  bruit  qu'un  nihiliste 

bourré  de  dynamite  venait  de  demander  à  la  maîtresse  de  la 

maison    la  faveur  d'une    rédowa,    mais   une    fausse  boute  m'a 

retenu  auprès  d'une  jeune  dame,    femme  d'un    financier    ruiné, 

brune  comme  l'intérieur  de  votre  cave  quand  votre  bougie 
S'éteint,  Nous  entamons  une  conversai  ion  palpitante  d'intérêt 
sur  le  cours  des  Nord.  J'étincelais  sous  l'éclat  de  deux  yeux  faits 
au  moule,  lorsqu'un  domestique  tout  doré  me  tape  sur  l'épaule.., 
C'était  Lacoature,  un  avocat  raté,  qui  refoulé  de  feuille  en 
Feuille  dans  la  déconfiture,  eu  est.  réduit  à  faire  des 
extras  chez  les  bourgeois  pschutts  les  jours  où  l'on  y  perpètre 
des  soirées.  La  jolie  dame  s'efface  comme  avec  une  gomme...  et 
moi,  j'en  prends  une  sur  le  plateau  de  Lacouture  et  je  pince 
mon  fumiste  au  collet  en  lui  disant  : 

—  Malheureux  !  si  tu  me  lapes  encore  sur  l'omoplate,  tu  es 
mort  !... 

Quelle  soirée  1  Ils  appellent  ça  une  soirée,   les  anarchistes! 

* 
*  # 

Pas  de  buffet  !  Mon  royaume  pour  des  sandwichs,  même 
sans  jambon.  Je  me  heurte  au  ministre.  Un  homme  très  bien 
conservé,  ma  foi  !...  El  pourtant,  il  y  avait  déjà  huit  jours  qu'il 
était  dans  l'exercice  de  ses  fonctions.  Le  ministre  de  huit  jours, 
mais  [raifl  encore,  salue  un  jeune  blond  frisé  qui  donne  le  bras 
à  un  prince  de  la  science  ;  —  un  médecin  aliéniste,  au  sourire 
ti es  sardonique,  —  plus  sardonique  même  encore  que  cela  ! 

l'af.  voici  le  maître  de  la  maison  qui  se  jette  comme  un 
obus  -ni'  h'  blond  frisé. 

—  Cher  Coquembois,  demandez  au  docteur  d'examiner 
avec  soin  ma  belle-mère...  Je  crois  qu'elle  a  des  dispositions... 
D'abord,  elle  adore  Wagner... 

Quelle  soirée!  —  Avec  ça,  un  bruit  sourd  au-dessus  de  nos 
têtes...  comme  un  train  de  ceinture  -wv  la  route  de  Versailles... 
J'ai  cru  d'abord  que  c'était  la  Justice  Céleste  qui  préparait  un 
bon  petit  orage  pour  la  sortie...  Eb  bien  !  je  blasphémais  !... 

Comme  dans  nue  féerie  du  Châtelet,  voilà  que,   patatra!  — 

un  bruit~épouvantable  se  fait  entendre.  —  C'était  le  plancher 
du  dessus  qui  s'effondrait.  [Mais  il  s'est  effondré  si  convena- 
blement,-i  gentiment,  —  un  vrai  plancher  inspiré,  —  que  tous 
les  danseurs  d'en  haut  [car  ce  bruit  que  j'entendais  était  un  gros 
bal  rie  gens  arrivés),  tous  h"-  danseurs  d'en  haut  se  -ont  trouvés 


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WJM   '  Le  Bonnet, 

Le  Cigare  de  Bétx 

r'~      CRI-CRI  1      \\i:i:    1889.  Les  Templiers, 

PI  i;  loyer  poar   mi  Aavergaat,         i 
M. m  Suicide, 


Là-Bas,  d'Àlberï 
i  Itlnyols,! 

i  i  i.i  derntèi 
Ca    m'est 


Monolog  ves  et  Poésies  parus  dans  Le  Cbi-Cri  :  N«  50,  Plaidoyer  Anticonjuyal,  do  Carolus  dUABBANS.  —  N°  51 
Le  Jouet  Allemand,  d'Henri  Piquet.  —  X»  62,  On  Dansera,  de  Jacques  Normand.  —  N°  53,  Le  Fou  Rire,  de  Jacques 
Normand.  —  X«  54,  Le  Trombone,  île  Charles  Leroy.  —  No  55,  Les  Pierrots,  de  Méi.andri.  —  N»  56,  Victime  d'un 
Lapin,  d'Eugène  Chavette.  —  N»  57,  Ouue  Jaolie  Histoare,  de  Charles  Leroy  ;  Le  Vieux  Soulier,  de  François 
Coppée.  —  No  58,  Sur  le  Pont,  de  Félix  Gaupaux. 


à  notre  niveau  et  mêlés  à  nos  jeux  sans  s'être  fait    la  moindre 
égratignure. 

On  a  procédé  de  suite  aux  présentations,  et  l'on  s'est  enfin 
amusé  comme  des  fous...  C'est  le  docteur  aliéniste  qui  était 
content  !... 


VERRES  A  BOIRE 

Le  premier  est  de  cristal  pur. 
Jeanne  y  trempa  ses  lèvres  roses. 
S'il  parlait,  il  dirait  des  choses... 
(Ça  vous  ferait   rougir,  bien  sûr!) 
De  Jeanne,  les  grands  yeux  d'azur 
Ont   subi   des  métamorphoses... 
Le  premier  est  de  cristal  pur, 
Jeanne  y  trempa  ses  lèvres  roses. 

Le  deuxième  était  fin,  —    si  fin 
Qu'on    l'aurait  cru   de  mousseline; 
D'Anna  la  bouche  purpurine 
Y  sabla  Beaune   et   Chambertin. 
La  fillette  frêle  et  mutine 
Doit    être   bien   loin,  j'imagine... 
Le   deuxième  était  fin,  —   si  fin 
Qu'on  l'aurait  cru  de  mousseline. 

Le  troisième,  c'est  le  dernier; 
Je  m'en  sers  à  l'heure  présente. 
Sa  forme  est  loin   d'être  élégante  : 
Il   est  lourd,    rond,  mastoc,   sans  pied  * 
Mais  j'y  bois    du   bleu    qui   me  gante, 
Ef    la  noie  est  ma   seule   amante.., 
Le   troisième,  c'est  le   dernier, 
Je  m'en  sers  à  l'heure  présente.. 


LE  PAYSAN   DE  LA  VALLEE  D'OSSAU 

En  Béarn,  à  Pau,  chaque  année,  les  députés  des  trois  ordres 
tenaient  jadis  les  Etats  pour  régler  l'impôt. 

Un  jour,  dans  une  de  leurs  assemblées,  un  seigneur  de  créa- 
tion nouvelle  était  assis  auprès  d'un  gros  pastour,  député  de 
la  vallée  d'Ossau. 

Pour  se  moquer  du  berger,  qui  veut  prendre  la  parole,  le 
jeun©   fat  l'interpelle  : 

—  Monsieur  le  député,  quand  vous  voulez,  le  soir,  descendre 
la  montagne,  comment  sifflez-vous  le  troupeau  pour  le  réunir! 

Après  s'être  fait  un  peu  prier,  l'Ossalin  se  décide  à  moduler 
un  léger  sifflement,  doux  comme  le  bruit  du  zéphir  dans 
les  ramures... 

—  Oui...  mais  vous  devez  siffler  avec  beaucoup  plus  de  force  i 

—  Certes,  mon  beau  mirliflor,  lorsque  le  troupeau  est  dans 
quelque  embarras  ou  qu'il  se  trouve  fort  loin. ..Mais  nous  sif- 
flons doucement,  doucement,  quand  les  bêtes,  Monsieur, 
sont  tout  près  de  nous. 


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\logues  et  Poésies  parus  dans    Le  Cri-Cri:  N«   69,   Les    Prunes.    d'Alphonse   Daodet.  —   X»  70,    Le    liaiscp 
Marseillais,  de  Jean  Bernard.  —  N»  71,  Billet  de   faire  part,    de  Jacques   Normand;    Jeux   d'Enfants, 
Rameu.     —     N°     72,      Ballade    de    'la    Demoiselle    chauve:    Duo    téléphonique;    Ballade    des    Accents 
circonflexes,  de  MaoNab.   —  N*  ï'-'.  Infliicii7e  par    «a    B?  Ile-Mère,  de   Marie-Louise    Néron.  —   N"  74,  Poé  ••»«'« 
Nationaux    dî  Lécr-L.  Berthaut.  —  N°  70,  Boniment  de  Somnambule,  de  Fvlix.  Gapepaux. 


i  .-  Spleen,    le  Charles  Leroy.  —  N"  90,  Le 
lin  C  w  :<"-^-»'i|.  \  ;  Paul  Verlaine,  de  |\"\ 

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Coiuin.Mit  t»i>  >e  défait  «l'un    Cadavn-   encombrant,  Raoul  0  \     D3,    Les    Pâtés    de  cables,   di 

ftMÇMS  N   jvmvsp  :  Le  Soulier  de  Corneille.    1 

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SONNET   D'HIVER 

Alors  q*€  vient  l'hiver,  que  les  teuilles  jaunies 

.m  vent  glacial  voient  en  tourbillons  : 
Que.  dans  les  profondeurs  des  rusUQUlâS  sillons, 
La  taupe  de  velours  creuse  ses  galeries] 
Quand  l'avare  Phœbus  encoure  ses  rayons, 
El  que  les  s,  stupides  malad 

Mitrailleuses  des  nez,  implacables  furies, 
pauvres  enfubis  fauchent  lés  bataillons, 
:tit  veau,  l'artiste,  ou  l'amoureux  tremblant, 
L'ouvrier,  le  rêveur,  le  petit  commerçant, 
Tous  pleurent  le  dépari  de  l'aimable  hirondelle... 
Puis,  ce  devoir  rempli,  l'âme  hélasl  sans  soleil, 
Des  Heurs  el  des  oiseaux  attendant  le  réveil, 
Ils  endossent,  pensifs,  leurs  filets  de  flanelle. 


PRIS  SUR   LE  VIF 

guichet  du  cheniin  de  fer,   gare  Montparnasse. 

un  paysan,  ri  /<'  buraliste.  —  Une  troisième,  retour,  pour 
Viroflay. 

la  BoaALisTB.    -  Un  franc  quatre-vingts  centimes. 

LE  PAYSANS,  —  Vous  voulez,  plaisanter.  Ça  serait,  [dus  cher 
que  l'aller. 

LA  BORALI8TK.    —    C'est   1 1 1 1  aller  et   retour  ([lie  je  VOUS  donne. 

le  paysan.  —  Je  ne  ven\  qu'un  retour  seulement.. 
la  Bit;  m.isii:.  —  Si  vous  vous  fichez  de  moi,  il  l';iul  le  dire, 
le  paysan.  —  Pas  du  tout.  Voici  :  .1  ;i  i ,  d  e  va  ut   la  gare,  Gros- 
poiroti  qui  m'emmène  en  tape-cul.  Seulement,  comme  je  pas- 
sions par  ici,  j'ons  voulu  m'assurer  d'un  retour,  pensant  <[u'y 
t'étions  moins  cher  à  Paris  qu'à  Viroflay. 

GRISAILLE 

Dans  la  cour  gnsaillée  où  la   neige  salie 

Au  vert  sombre  el  mesquin  du  lierre  s'allie, 

Le  cheval,  un  bai  brun,  aux  mouvements  ardents, 

Piaffe,  impatient,  ayant  l'écume  aux  dents, 

Et  le  coupé  luisant  avance  et  puis  reeule. 

Sur  le  trottoir,  devant  l'écurie,  un  hercule 

Passe  ses  gants  et  met  son  tube  goudronné, 

Tandis  que  le  «monsieur  de  tout  ça»  l'homme  né, 

Sifflant,  très  maladif,  un  air  d' 'Ftérodiade , 

Se  dispose  à  porter  sa  carte  à  l'Ambassade. 

Enoente  chez  tous  les  libraires,  Mds  de  musique  et  de  journaux 
Le  grand  sure»'»»  <lu  jour 
Ijc   Premier  ^Numéro  (3¥uméro   exceptionnel  ds  fNoël)  do 

PARIS-PIANO 

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1.  Emile  Pessard Prix,  7.50 

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SID    DE    ROSES,  mazurka  inédite    le  M.   I'r.wiz 

Il   :/ Prix,  6 fr. 

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SupplEment   Artcstiqui    :  Portraits   Je    Célébrités 

Contemporaines. 
Supplément  L  Revue   le  la   Musiqu 

.  et    les  Livres,  cic 


Prix  du  Numéro 
complet 

PARIS-PIANO 

4    FR. 


Irnp.  du   '')-<-'  -■  —  1.  1  m  l'ii  ni-'i  i   f  >>'  )  -i  n  )  :  P..  fi'. m  U' 


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Ldnltèrel 


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Le*  seize  aaa  <!<•  Bébé,  d 


N    101.  Les  Aïenles,  '  '"'■  La  Majorité  <!# 

il     l..i   Noce  à    Poplnard,  <\ 
106,    Ma    Tante    Kuphraslo,  1  '  ' 

Petite  Paoucette,  N"    ">''.  °"    ,''"1    ,oU 

N    lll,  Monsieur  le  Maire, 


4e  année 


Samedis 


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DIX  Centimes 


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GUY  DE  MAUPASSANT 


LA  CHANSON  DU  RAYON  DE  LUNE 

FRANÇOIS  COPPÉE 

LA   SŒUR  NOVICE 
LA  FAMILLE  DU  MENUISIER 


PARIS 


REDACTION  &  ADMINISTRATION 

îi,  rue  d.'Ha.u.-tevjLlle 
RENÉ  GODFROY,  ÉDITEUR 


DÉPÔT  GÉNÉRAL 

S,  rue  du  Croissant 
LIBRAIRIE  J.    STRAUSS 


Abonnements  :  France,  Fr.  5.  —  Étranger.  Fr.  8 
No  172 


AVIS  IMPORTANT 

Dans  le  but  défaire  connaître  sa  publication  ei  à  litre  de  Primo,  Le  Cn-Cn  expédie  franco  à 
domicile  DIX  Nuaérosjassortis  contre  15  cent  en  timbres-poste  français  adressés  à  M.  R.Godfrot 
directeur,  il,  rue li'Hauteviile.  à  Paris. 


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LA  CHANSON  DU    RAYON   DE  LUNE 

1   vit:    POUR    UNI     NOI  VELJ  B 


Sais-tu  oui  je  suis?  —  Le  Rayon  de  Lune. 
Sais- m  d'oiî  je  viens  ?  —  Regarde  là-haul. 
Ma   mère  est  brillante,  et  la  nuit  est  brune. 
.le  rampe  sous  l'arbre  et  glisse  sur  l'eau; 
Je  n'étends  sur  l'herbe  el  cours  sur  la  «.lune  ; 
Je  grimpe  au  mur  noir,  au  tronc  du  bouleau, 
Comme  un  maraudeur  qui  cherche  fortune, 
Je  n'ai  jamais  froid;  je  n'ai  jamais  chaud. 

Je  suis  si  petit  que  je  passe 

Où  nul  autre  ne  passerait. 

Aux  vitres  je  colle  ma  face, 

El  j'ai  surpris  plus  d'un  secret 

Je  me  couche  de  place  en  place; 

El  les  bêtes  de  la  forêt, 

Les  amoureux  au  pied  distrait, 

Pour  mieux  s'aimer  suivent  ma  trace. 

Puis  quand  je  me  perds  dans  l'espace, 

Je  laisse  au  cœur  un  long  regret. 

Rossignol  et  fauvette 
Pour  moi  chantent  au  faite 
Des  ormes  ou  des  pins. 
J'aime  à  mettre  ma  tête 
Au  terrier  des  lapins  ; 
Lors,  quittant  sa  retraite 
Avec  des  bonds  soudains, 
Chacun  part  et  se  jette 
A  travers  les  chemins. 

Au  fond  des  creux  ravins 
Je  réveille  les  daims 
Et  la  biche  inquiète. 
Elle  évente,  muette, 
Le  Chasseur  qui  la  guette 
La  mort  entre  les  mains, 
Ou  les  appels  lointains 
Du  grand  cerf  qui  s'apprête 
Aux  amours  clandestins. 

Ma  mère  soulève 
Les  flots  écumeux  ; 
Alors  je  me  lève, 
Et  sur  chaque  grève 
J'agite  mes  feux. 
Puis  j'endors  la  sève 
Par  le  bois  ombreux  ; 
Et  ma  clarté  brève, 
Dans  le  chemin  creux 
Parfois  semble  un  glaive 
Au  passant  peureux. 
Je  donne  le  rêve 
Aux  esprits  joyeux, 
Un  instant  de  trêve 
Aux  cœurs  malheureux. 


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Supplément  Artistique  :  Portraits  de  Célébrités  Contemporaines.  —  Carnot,  leTz 
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Sais-tu  qui  je  suis  ?  —  Le  rayon  de  Lune 
Et  sais-tu  pourquoi  je  viens  de  là-haut? 
Sous  les  arbres  noirs  la  nuit  était  brune  ; 
Tu  pouvais  te  perdre  et  glisser  dans  l'eau, 
Errer  par  les  bois,  vaguer  sur  la  dune, 
Te  henrter,  dans  l'ombre,  au  tronc  du  bouleau 
Je  veux  te  montrer  la  route  opportune  ; 
Et  voilà  pourquoi  je  viens  de  là-haut. 

Guy  de  Maupassant. 

LA  SŒUR  NOVICE 

Lorsque  tout  douloureux  regret  fut  mort  en  elle 
Et  qu'elle  eut  bien  perdu  tout  espoir  décevant, 
Résignée,  elle  alla  chercher  dans  un  couvent 
Le  calme  qui  prépare  à  la  vie  éternelle. 

Le  chapelet  battant  la  jupe  de  flanelle, 
Et  pâle,  elle  venait  se  promener  souvent 
Dans  le  jardin  sans  fleurs,  bien  abrité  du  vent, 
Avec  ses  plants  de  choux  et  sa  vigne  en  tonnelle. 

Pourtant  elle  cueillit  un  jour,  dans  ce  jardin, 
Une  fleur  exhalant  un  souvenir  mondain, 
Qui  poussait  là  malgré  la  sainte  obédience  ; 

Elle  la  respira  longtemps,  puis,  vers  le  soir, 
Saintement,  ayant  mis  en  paix  sa  conscience, 
Mourut,  comme  s'éteint  l'âme  d'un  encensoir. 

François  Coppée. 


LA  FAMILLE  DU   MENUISIER 


Le  marchand  de  cercueils  vient  de  trousser  ses  manches. 
Et  rabote  en  sifflant,  les  pieds  dans  les  copeaux. 
L'année  est  bonne  ;  il  n'a  pas  le  moindre  repos 
Et  même  il  ne  boit  plus  son  gain  tous  les  dimanches. 

Tout  en  jouant  parmi  les  longues  bières  blanches, 
Ses  enfants,  deux  blondins  tout  roses  et  dispos, 
Quand  passe  un  corbillard  lui  tirent  leurs  chapeaux, 
El  bénissent  la  mort  qui  fait  vendre  des  planches. 

La  mère,  supputant  de  combien  s'accroîtra 
Son  épargne,  s'il  vient  un  nouveau  choléra, 
Tricote,  en  souriant,  au  seuil  de  la  boutique  ; 

Et  ce  groupe  joyeux,  dans  l'or  d'un  soir  d'été, 
Offre  un  tableau  de  paix  naïve  et  domestique, 
De  bien-être  honorable  et  de  bonne  santé. 

François  Coppée. 


téraire  :  Revue  de  la  Musique  et  du  Théâtre,  de  la  Mode,  des  Livres,  etc,  et  un 
niral  Gervais,  la  Reine  Victoria,  l'Empereur  Guillaume  II,  le  Prince  de  Galles,  les 
aiguière,  Mme  Melba,  Catulle  Mendès,  Coquelin  aîné,  Massenet,  Clovis  Hugues' 
Dulard,  le  Duc  d'Orléans,  Lafargue,  etc,    etc.. 


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PARIS-PIANO  Principaux  collaborateurs  :    MM.  Emile  Pessard, 

PARIS-PIANO  Gabriel-Marie,  Jules  Bordier,  A.  Luigini,    Frants 

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PARIS-PIANO,    11,    rue  d'Hautcvillc,   Paris. 


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4e  année 


Tous  les  Samedis 


Thé  à 


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PETIT  NOËL 

Poésie  dite  par  Mme  THÉNARD,  de  la  Comédie-Française 

PAUL  HAREL  :   LA  ROBE 
MARC  ANFOSSI  :  LE  DEUX  NOVEMBRE 


PARIS 


REDACTION  <fc  ADMINISTRATION 

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RENÉ  GODFROY,  ÉDITEUR 


DEPOT  GÉNÉRAL 

S,  rue  du  Croissant 

LIBRAIRIE   J.    STRAUSS 


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No  173 


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domicile  DIX  !\uni«-ro.»  assortis  contre  15  cent  on  timbres-poste  françaisadressés  à  M.  R.Ciodfrc 
directeur,  il.  rue d'Hauleville, à  Paris.  • 


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PETIT     NOËL 

Aux  Pauvres 
Le  ciel  est  gris,  La  neige  tourbillonne 
Couvrant  le  sol  partout  d'un  blanc  manteau, 
Le  pauvre  a  froid,  faut-il  qu'on  l'abandonne  't 
Petit  Noël,  porte  lui  ton  cadeau! 

Va  le  trouver  dans  sa  triste  chaumière, 
Le  malheureux  a  besoin  de  secoursl 

Que  pour  lui  soit  ta  visite  première, 
Petit  Noël  donne,  donne  toujours  ! 

Pitié,  pitié  pour  cette  pauvre  mère 

A  qui  l'enfant  demande  «.les  joujoux, 
Elle  n'a  rien,  pitié  pour  s,«  misère] 
Petit  Noël,  porte  lui  des  gros  sous. 

Le  riche  a  tout,  bonbons,  polichinelle 
El  Us  plaisirs,  et  la  félicité  ! 
Sois  indulgent  à  la  voix  qui  l'appelle, 
Petit  Noël,  un  peu  d'égalité  1 

L'égalité  quelle  sublime  chose, 
Quel  rêve  enfin  et  quel  noble  tableau  ! 
Si  l'on  pouvait  ce  serait  grandiose 
Petit  Noël,  l'Égalité  c'est  beau! 

L'hiver  esl  long,  pendant  quelques  semaines 
Si  lu  voulais  le  pauvre  aurait  du  pain 
Rt  grâce  à  toi  désormais  plus  de  peine, 
Petit  NoCl  c'est  si  mauvais  la  faim  ! 

Altérv  ii  Durant 

LA    ROBE 

Fillettte,  quel  orage  éclate  sur  ta  tête  ? 

Ton  pauvre  petit  nid  tremble  sous  la  tempête, 

Servantes  et  mamans  entourent  ton  berceau, 

Quel  tapage!  N'as-tu  poini  peur,  mon  doux  oiseaux? 

Thérèse  n'a  pas  peur.  Songe/  donc  :  elle  êtrenne 

Une  robe  !  O  ma  fille,  6  ma  petite  reine,  ' 

Comme  on  va  tout-à-l'hcure  en  bas  te  saluer  ! 

L'ne  robe!  On  entend  caqueter,  remuer... 

Bruit  des  voix,  bruit  des  pas,  froissement  des  étoffes, 

Cris  d'admiration,  compliments,  apostrophes. 

Que  c'est  joli  !  C'est  bien  !  C'est  mal  !  N'y  touche/  pasl 

Nous  autres,  tout  pensifs,  nous  écoutons  d'en  bas, 

Interrogeant  des  veux  le  plafond  insondable. 

Ce  caquet  féminin  nous  parait  formidable. 

Une  robe,  ô  splendeur,  mystère,  accoutrements] 

pères  n'ont  point  part  à  ces  événements 
Pour  habiller  l'idole  est-ce  qu'on  les  consulte? 
Leur  rôle  est  bien  plus  simple  :  ils  font  les  frais  du  culte. 
ndrai  mon  idole  au  bas  de  l'escalier. 

—  Eh  !  Thén      - 

—  Papa,  j'ai  mon  petit  soulier. 

—  Bien,  ma  fille. 

—  Monsieur,  Thérèse  a  du  salpêtre 
Dans  les  veines;  tenez,  la  voilà  qui  s'empêtre 


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PARIS-PIANO,  A    exceptionnel,  un  franc,  contient  un  Sup/démi 
Supplément  Artistique  :  Portraits  de  Célébrités  Contemporaines. —  Carnol, 
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Nid  de  Roses,  Mazurka  inédite  de  Frantz  Hitz,  fr.  6. 


Dans  sa  jupe. 

—  Tais-toi,  femme  à  l'esprit  grognon. 

—  Eh  !  Thérèse  ? 

—  Bonjour,  petit  papa  mignon. 

—  Viens,  ma  fille  !  Voilà  l'enfant  qu'on  me  dérobe  ! 

—  La  voici  !  La  voici  !  Regardez  :  Quelle  robe  ! 
Brocatelle  et  velours,  elle  sied  à  ravir. 

Vous  la  trouvez  jolie? 

A  n'oser  s'en  servir. 

—  Admirez  donc  un  peu  ce  fin  col  de  batiste 

—  Délicieux... 

—  Vraiment,  l'ouvrière  est  artiste. 

—  C'est  un  déshabillé  tout-à-fait  réussi. 

—  La  robe  est  ravissante  ! 

—  Et  la  iillette  aussi. 

—  Moi,  j'aime  son  maintien. 

—  Moi  j'admire  sa  grâce 

—  Laissez-la  marcher  seule  ! 

—  Apportez  une  glace  l 

—  Avec  de  pareils  cris  tous  les  voisins  viendront. 

—  Par  ma  foi,  je  plains  bien  les  gens  qui  la  verront  ! 

—  Madame,  autour  de  nous  tout  le  quartier  s'amasse? 
A  ce  propos,  Thérèse  a  fait  une  grimace, 

Elle  a  tournr  les  yeux  vers  les  hauts  potagers, 
D'où  la  vapeur  s'élève  en  panaches  légers 
Et  pendant  qu'autour  d'elle  en  tumulte  on  s'attroupe 
Elle  dit  simplement  : 

Je  voudrais  bien  ma  soupe. 
Paul   Harel 


RIMESJNJ^RRIERE 

LE     DEUX     NOVEMBRE 

Paris,  père  d'étranges  choses, 
A  le  culte  des  décédés.. 
Couronnes,  fleurs,  perles  et  roses 
Comme  des  torrents  débordés, 
De  présents  et  de  dons  funèbres 
Viennent  couvrir  les  pauvres  corps.. 
La  lumière  rit  aux  ténèbres  : 
Saluons..  C'est  le  jour  des  Morts. 

Les  chevaux,  harassés  et  mornes, 
Sur  le  pavé  gras  et  glissant 
Fournissent  des  courses  sans  bornes 
S'ébrouant,  bavant,  hennissant 
Leur  destinée  est  triste  et  sombre.. 
Ecrasés  de  malheureux  sorts 
Ils  n'ont  même  pas  un  jour  d'ombre 
Qu'on  nommerait  le  jour  des  mors.. 

Chaque  semaine,  dans  l'Afrique, 

Comporte  trois  jours  solennels  : 

Le  dimanche  est  au  catholique; 

Le  samedi,  les  Israëls 

Se  baladent  en  matamores.. 

Les  arabes,  lesBen-Sadi, 

Les  Mammoudh,  —  ont  le  vendredi  : 

Qui  pour  eux  est  le  jour  des  Maîtres... 

Marc  Anfôssi. 


Revue  de  la  Musique  et  du  Théâtre,  de  la  Mode,  des  Livres,  etc,  et  un 
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Mme  Melba,  Catulle  Mendès,  Coquelin  aîné,  Massenet,  Clovis  Hugues 
le  Duc  d'Orléans,  Lafargue,  etc,  etc.. 


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4e  année 


Tous  les  Samedis 


DIX  Centimes 


TONY  D'ULMÈS 


CHEZ  LES  IMMORTELS 

Monologue  en  prose 


MARIUS    DILLARD   :      RONDEL    D'AUTOMNE 


PARIS 


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No  174 


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directeur,  il.  rue  d'Hauteville,  6  Paris. 


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CHEZ  LES  IMMORTELS 

Une  très  jeune  fille  physionomie  mutine,  gestes  gamins 

Avez-vous  jamais  assisté  à  une  séance  de  L'Académie  ?  Non  ? 
i  cétonnement.  ...  eh  bieo  !  Se  penchant  et  bits.}  Je  vous  en 
félicite  !...  Vous  dites,  madame,  que  nous  pourriez  vous  procurer 
des  billets  ?  Gardez-vous  en  bien  !...  Mais  vous  grillez  d'envie 
»lc  savoir  ce  qui  se  passe  derrière  ces  quatre  murs  Bolennëls  '.'... 
C'esl  bieo  facile,  je  vais  vous  le  dire  en  deux  mois,  Ce  qu'on 
voit  ?  Des  vieux.  Ce  qu'on  dit  ?  On  digère...  Ce  c'est  pas  sérieux? 
Très  sérieux...  je  le  sais  mieux  que  personne,  étanl  nièce  d'un 
oncle  immortel  el  d'un  tante  qui  l'esî  aux  trois  quarts.  Vous  le 
connaissez  bien,  mon  oncle,  l'illustre  M.  Durand  ?  Non  ! 
Personne  ici  ne  le  connaît  !...  Il  est  très  connu,  cependant.  Il  a 
obtenu  la  chaise  curule...  qu'est-ce  que  je  dis  ?...  le  fauteuil 
académique  par  ses  très  remarquables  el  très  remarqués  travaux 
sur  l'histoire  de  Ramsès...  Ramsès,  était  un  roi  qui  vivail  du 
temps  des  anciens...  vous  savez  bien'.'  Je  pourrais  vous  réciter 
le  volume  en  sou  entier...  si  vous  me  le  demandiez.  C'esl,  ma 
tantequi  l'a  compose,  je  l'ai  copié  et  mon  oncle  nous  a  fait. 
l'honneur  de  le  signer... 

Mais  pour  revenir  aux  séances  académiques,  celle  à  laquelle, 
j'ai  assiste  était  une  séance  extraordinaire:  Mon  oncle,  devait 
prononcer  un  discours...  Nous  n'allions  que  pour  l'entendre,  ma 
taule  el  moi,  el  pour  lui  faire  de  la  claque.  Ça  avait  été  convenu 
d'avance.  .l'avais  promis  à  mon  oncle  de  faire  un  tapage  de  tous 
les  diables...  moyennant  quoi  il  me  payerait  un  chapeau  neuf. 
Je  suis  pratique,  moi  ! 

.l'y  ai  donc  pénétré  dans  ce  sanctus  sanctorum,  et  aux  places 
d'honneur,  s'il  vous  plaît!...  Kh  bien!  C'est  beaucoup  moins 
Imposant  que  je  me  le  figurais  !  C'est  rond,  il  y  a  des  gradins 
tout  autour,  mon  Dieu  !  ça  ressemble  à  un  cirque.  D'uu  côté,  le 
public.  De  l'autre  les  cages...  pardon,  les  Académiciens.  Le 
public,  rien  que  des  dames.  Les  Académiciens,  rien  que  des 
messieurs,  (avec  enthousiasme).  Ça  pourrait  être  amusaut!  (Avec 
regret.)  Ça  ne  l'est  pas  —  parce  que,  pour  être  académicien,  il 
faut  être  chenu,  blanchi,  voûté,  affaissé  et  détérioré. 

Ce  qui  manque  au  coup'  d'oeil,  à  mon  avis,  c'est  la  mise  au 
point.  Tout  cela  est  fait  en  vue  de  siècles  futurs  —  Futura  Secula. 
La  gloire,  c'est  beau  de  loin,  regardée  au  télescope,  mais  de 
près,  là,  là,  que  c'est  laid,  que  c'est  donc  laid!...  Cependant  parmi 
ces  bonzes,  quelques-uns  sont  assez  intacts.  Ces  gens  qui  vi- 
vent en  bocal,  il  y  en  a  qui  se  ratatinent,  comme  les  prunes  et 
d'autres  qui  se  conservent  comme  les  cornichons.  Mon  oncle  est 
bien  conservé.  Aussi  quandil  est  montéenchaire,ça  aétéunton- 
nerre  d'applaudissements  —  à  l'Académie,  on  dit  un  chœur 
d'applaudissements,  parce  que  le  mot  est  plus  harmonieux.  Mon 
oncle  qui  n'est  pas  un  peu  vantard  et  très  classique  doit  se  com- 
parer à  Dérnosthène  ou  bien  à  Cicéron.  Il  enfle  sa  voix,  fait  des 
veux  blancs  et  récite  très  correctement  son  discours  qui  est 
l'œuvre  de  ma  tante  et  dont  il  nous  a  régalées  huit  jours  durant. 
Ce  qu'il  a  la  tête  dure,  mou  oncle  ! 

Ma  tante  tire  -on  mouchoir  et  commence  à  sangloter  à  fen- 
dre l'âme.  Pauvre  femme!  ça  lui  fait  un  effet!  C'est  comme  si 
elle  entendait  sa  prose  égrenée  par  un  phonographe,  et  un  pho- 
nographe qui  aurait  la  voix  démon  oncle,  se  figure-ton  ça!... 
Moi,  je  ne  peux  voir  pleurer  Bans  avoir  envie  de  rire...  c'est  pas 


►°  P  .S- 


PARIS-PIANO,  N"  exceptionnel,  un  franc,  contient  un  Supplante 
Supplément  Artistique  :  Portraits  de  Célébrités  Contemporaines.  —  Carnot,  le  Tza 
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ma  faute!  Et  me  voilà  partie,  ah!  ah  !  ah!.,  dans  mon  mouchoir 
aussi,  car  ici,  l'on  ne  se  permet  qu'une  gaité  docte  et  silencieuse 
—  docta  et  siïens. 

Mon  oncle  dévide  toujours  son  discours;  il  ne  parle  que  de 
son  «  modeste  savoir  —  lui,  petit  parmi  les  grands  —  humble 
parmi  les  illustres  —  inconnu  parmi  les  célèbres  »  et  patati  et 
patata  et  eœteriet  cœtera.  Ce  qu'il  se  fait  mousser!...  Enfin,  san- 
glot final,  péroraison,  chœur  d'applaudissements,  je  fais  gigoter 
mes  pieds  pour  gagner  honnêtement  mon  chapeau,  mon  oncle 
salue  et  descend  de  son  piédestal  où  le  remplace  M.  Lévy. 

Il  est  gentil,  M.  Lévy,..  pour  un  vieux.  Il  ressemble  à  un 
gros  petit  lézard  court  sur  pattes  avec  une  queue  qui  frétille  et 
des  yeux  qui  vous  ont  un  air  de  ricaner  en  dessous;  il  me  plait 
tout-à-fait.,,  d'autant  plus  qu'il  a  écrit  un  livre  très  leste  qui  est 
d'un  drôle,  oh  !  mais  d'un  drôle.  Je  l'ai  lu  sans  le  lire...  par  mè- 
garde...  Qu'est-ce  qu'il  va  bien  pouvoir  dire,  ce  brave  M.  Lévy! 
Je  tends  avidement  l'oreille.  Il  tousse,  éternue,  se  mouche  et  lit 
d'une  voix  lugubre  le  titre  de  son  discours  :  «  Les  funérailles  à 
tous  les  âges  ».  Et  d'un  air  froidement  méchant,  comme  pour 
nous  dire  :  Vous  en  voulez  du  sérieux,  du  congélatoire,  de  l'aca- 
démique, eh,  bien!  tenez,  en  voilà,  en  voilà  et  voilà  encore  »! 
Il  nous  défile  une  ribambelle  de  funérailles;  les  Grecs  et  les  Ro- 
mains et  les  Egyptiens  et  les  Antédiluviens,  tout  y  passe!...  On 
les  croirait  payé  pour  faire  de  la  réclame  à  la  compagnie  des 
Pompes  funèbres.  Il  faut  pourtant  lui  rendre  cette  justice,  c'est 
que  si  ça  n'amuse  pas  le  public,  ça  n'a  pas  l'air  de  l'amuser  non 
plus,  sa  tartine  fumisto-académico-funéraire.  Il  baille,  ouvre 
une  bouche  comme  un  four...  crématoire,  mâchonne  ses  mots. 
«  Les...  mains  brûlaient  leurs  morts.  Les  cendres...  taient... 
cueillies  dans  des  urnes  »,  et  puis,  une,  deux,  trois,  faut  en  finir  ! 
le  voilà  parti,  il  galope,  presto,  prestissimo  (récitant  très  vite  et 
d'un  ton  uniforme)  :  «  Et  pour  conclure  cet  aperçu  des  funérail- 
les chez  les  anciens,  chez  les  modernes,  chez  les  peuples  sauva- 
ges et  chez  les  peuples  civilisés,  en  Orient  et  en  Occident  chez 
les  païens  et  chez  les  chrétiens,  je  ferai  remarquer  que  le  soin 
d'ensevelir  les  morts  est  un  des  plus  saints  devoirs  de  l'homme 
et  un  devoir  auquel  nul,  même  parmi  les  plus  mauvais,  n'a 
songé  à  se  dérober.  »  Amen!  Ouf  !  merci  !  J'en  ai  chaud  ! 

Passons  au  suivant,  (Déclamant.)  C'était  une  noble  tête  de 
vieillard. ..  Il  s'appelle  Loiseau  et  il  fait  de  l'œil  aux  dames.  J'en- 
tends mal  ce  qu'il  dit,  mais  ce  doit  être  galant  car  ces  dames  se 
récrient,  se  pâment,  s'extasient  :  «  bravo,  bravo.  Ah!  charmant, 
délicieux!  Ça  le  monte,  le  vieux,  ça  l'emballe,  il  se  lance,  fait 
des  comparaisons  mythologiques,  cite  les  Parques,  c'est  conve- 
ment  les  Grâces,  çal'est  moins,  et  Vénus,  ça  ne  l'est  plus.  C'est 
un  enthousiasme  dans  la  salle!  Moi  j'ai  envie  de  lui  lancer  mon 
bouquet  de  corsage  —  seulement,  ces  gens-là  n'apprécient  que 
les  fïeurs...  de  rhétorique.  M.  Loiseau  sort  de  la  chaire  comme 
un  vieillard  en  sort... 

Le  programme  arrive  à  sa  fin.  La  séance  est  levée.  On 
déambule  des  gradins.  Tout  le  monde  descend  !  Pas  besoin  de  le 
dire,  allez!  Tout  le  monde  a  envie  de  dormir,  mais  personne  n'a 
envie  de  dormir  ici,  car  alors  il  y  en  aurait  pour  l'éternité,  in 
secula  seculorum..,  Dehors,  on  nous  réserve  un  petit  divertisse- 
ment final  ;  un  tableau  alllégorique  :  «  La  force  courbée  devant 
l'intelligence  »,  un  peloton  de  soldats,  en  rang  d'oignons,  les 
mains  à  la  couture  de  la  culotte  et,  devant  chaque  académicien 
qui  passe  :  «  Portez  armes  !  présentez  armes  !  »  corne  un  lieu- 


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ttéraire  :  Revue  de  la  Musique  et  du  Théâtre,  de  la  Mode,  des  Livres,  etc,    et   un 
mirai  Gervais,  la  Reine  Victoria,  l'Empereur  Guillaume  II,  le  Prince  de  Galles,  les 
'aiguière,   Mme  Melba,   Catulle  Mendès,    Coquelin    aîné,   Massenet,    Clovis   Hugues- 
Boulard,  le  Duc  d'Orléans,  Lafargue,  etc,  etc.. 


tenant.  Ah  !  c'est  une  belle  chose  <iut>  d'être  académicien!  Et 
voilà,  c'est  tout  : 

imment,  vous  baillez  déjà...  pour  des  mois.  mrba"i  Que 
loi-  pourdes faits,  facta  '  Alors,  croyez-moi,  messieurs  ç^U 

et  mesdames,  n'allez  jamais  à  L'Académie  ! 

Ton*  d'ULMÈS. 


i 


RONDEL    D'AUTOMNE  <ô 

A    R<  >B1  R  i     DB    i   \    \  il  I  i  HERV1  .  ^ 

.11  beaux  jour-  !  Voici  ['automne 

Qui  non-  ramène  les  autans  ;  «^ 

eu  le  rire  vlu  Printemps  o 

lu  l'Eté  oui  brûle  c\  ra\ onne'.  ^3 

I..i  feuille  tombe  ci  tourbillonne  a 

Sur  les  rive-  des  clairs  étangs;  < 

•urs  !  Voici  l'Automne,  t. 

Qui  nous  ramène  les  autans.  g 

Le  vent  lugubre  ci  monotone  <u 

.m  ciel  le-  brouillards  flottants,  q* 

ana  la  'oici  je  n'entends  -o 

Que  son  murmure  qui  bourdonne:  "B 

Adieu    beaux  jours  !  Yoiei  l'Automne.  «c 

Marius  Dillard 

i                                         i    do  thi  âtre  d  'Avignon,  -S 


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COU    LISSE 


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dii  par   Félix  GALIPAUX,  du  Palais-Ro>al 


Je  tus,  l'été  dernier,  au  lin  l'oiul  du  Valais. 

Tel  qu'on  nie  voil  ici,  moi,  là-bas,  je  valais 

Mon  pesant  d,'or.  La  veine  -     et  certes  c'en  lui  une!  — 

M'aurai)  permis  d'j  faire  en  peu  de  temps  fortune; 

Il  m'eût  suffi  pour  ça  d'être  un  Barnum  adroit 

Sachant    en  I  nie  accroire  au  publie  Je  l'endroit. 

Au  pays  des  goitreux,  j'étais  un  phénomène 

Cent  lois  supérieur  à  tous  ceux  qu'on  promène 

Journellement,  de  foire  en  (oire,  aux  quatre  coins 

Du  monde.  Ainsi,  les  veaux  à  trois  tètes...  au  moins, 

Les  hercules,  les  nains  el  les  femmes  col  isses 

—  .Amusement  des  grands,  tranquillité  des  gosses   — 

N'étaient  auprès  de  moi  que  du  vil  bric-à-brac; 

Je   les  éclipsais  tous,  grâce  mon  cou  sans sac 

Vous  trouverez  pour  sûr,  mon  mente  bien  mince. 
Celai  •  peu,  j'en  conviens,  mais  dans  celte  province, 
("/eut  été  bien  asse/  pour  gruger  les  badauds. 

Nous  sommes  au  mois  d'août.  Je  gravis,  sac  au  dos, 
Alpenslock  à  la  main,  une  sente  pierreuse, 
Ensoleillée  en  diable,  affreusement  scabreuse. 

haque  pas  exige  un  énergique  effort. 
Les  rayons  du  soleil  fondent  sur  moi  si  (ort, 
Que,  moi,  je  fonds  sous  eux  d'une  étrange  manière  ; 
La  sueur  de  mon  front  arrose  la  poussièie; 
Je  m'éponge  à  grands  coups  tous  lesquiuze  ou  vingt  pas. 
Au^si,  tout  ruisselant,  je  ne  lanterne  pas 
Pour  agir  à  ma  guise  et  pour  me  mettre  à  l'aise: 
J'enlève  sur-le-champ  el  ma  jaquette  anglaise, 

ion  raide  faux  col  et  mon  gilet  de  drap. 
Et...  ça  se  borne  ici.  Mais  —  on  le  comprendra  — 
-  lis  déjà  bien  mieux,  en  manches  de  chemise. 
D'ailleurs,  m 'alléger  pins  ne  serait  pas  de  mise; 
Encor  qu'en  pays  libre  et  quelque  peu  désert, 
Je  conserve  l'objet  que  le  roi  Dagobert 
Dut  remettre  à  l'endroit  —  au  dire  de  l'histoire  — 
Vêtu  donc  simplement  de  mon...  obligatoire, 

Je  marche  avec  entrain,  réparé,  rafraîchi 

De  loin  en  loin,  je  croise  un  crétin  avachi. 

Il  pouffe  à  mon  aspect  d'un   rire  épais  et  bêle; 

Sa  bouche,  à  ce  jeu-la,  fait  le  tour  de  sa  tète. 

Le  pauvret,  que  j'amuse  au  plus  haut  point,  c'est  clair. 

Déambule  son  goitre  et  lui  fait  prendre  l'air. 

Plus  je  vais,  plus  j'en  vois,  de  ces  être  difformes 


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Qui  nouveaux  pélicans,  ont  des  gorges  énormes. 
Sur  l'heure,  j'en  conclus  que  je  ne  suis  pas  loin 
D'un  lieu  civilisé....  Tant  mieux!  j'ai  grand  besoin 
De  me  réconforter  dans  quelque  auberge  antique  : 
Je  me  contenterai  d'un  déjeuner  rustique 
Mais  sain  — Ici,  j'espère,  on  ne  connaît  pas  l'art 
D'empoisonner  son  hôte  !  —  Une  omelette  au  lard, 
Une  humble  soupe  aux   choux,  voila  ce  que  je  rêve. 
Mon  estomac  le    veut,   mes  jambes  vont  sans  trêve 
Tout  à  coup,  j'aperçois,  tout  prés,  au  fond  d'un  creux, 
Un  village....  A  ma  vue,  aussitôt    cent  goitreux 
Accourent  stupéfaits  sur  le  pas  de  leur  porte  ; 
Les  enfants,  en  riant,  dès  lors  me  lont  escorte 
Jusqu'au  Loffis  du  Bœuf  où  je  m'arrête  enfin 
Dans  l'espoir  d'y  trouver  de  quoi  calmer  ma  faim. 
Alors,  en  un  clin  d'oeil,  toute  la  populace 
De   ces  crétins  en  herbe  envahit  la  grand'place, 
Se  pressant,  s'écrasant  afin  de  m'enlrevoir 
A  travers  les  carreaux  crasseux  de  ce  «  buvoir.  » 
Je  les  entends  fort  bien  s'esclafïer  sans  relâche; 
Sans  m'en  mettre  en  souci,  je  m'acharne  à  ma  tâche  : 
J'engloutis  un  repas  d'une  simplicité 
Remarquablement  grande  et  d'une   propreté 
Eminemment  petite...  Enfin,  quoi!  c'est  dans  l'ordre. 

Les  jeunes,  au  dehors,  ne  cessant  de  se  tordre, 
L'hôtelier,  furieux,  va  mettre  le  holà. 

—  «  Dites  voir,  grogne-t-il,  ce  que  vous  faites  là  ?  » 
Goguenard,  l'un  des  grands  crie  au  vieux  rabat-joie  : 

—  «  On  veut  voir  le  mossieu  qu'à  le  cou  comme  une  oie! 

—  «  Chut  !  fait  le  gargotier.  C'est  mal,  très  mal, mes  gars, 
«  De  se  gausser  ainsi  d'un  chrétien  qui  n'a  pas 

ft  Tous  ses  membres!  craignez  que  le  ciel  vous  punisse 
«  En  vous  faisant,  à  vous,  le  cou  tout  aussi  lisse, 
«  Tout  aussi  mal  bâti  que.  Ta  ce  malheureux  !...  » 

Devant  l'air  menaçant  du  doyen  des  goitreux, 

—  Maissans  avoir  compris  — la  jeunesse  recule 
Epouvantée. 

Alors  —  honteux  du  ridicule 
De  ma  position  —  je  remets  aussitôt, 
Au  hasard,  mon  gilet,  mon  col,  mon  paletot, 
Puis,  malgré  le  soleil  tropical  qui  nous  grille, 
Tout  au  tour  de  ma  gorge  en  hâte  j'entortille 
Un  chàle,  en  maudissant  à  part  moi  le  destin 
De  m'avoir  pas  ctoté  d'un  goitre  de  crétin! 


AVIS  AUX  LECTEURS 

A  partir  du  n°  176,  Le  Cri  Cri  paraîtra  le  1er  et  le  15  de 
chaque  mois,  se  composera  de  8  pages  grand  format  :  Littérature, 
musique,  portraits,  mode,  finances,  théâtre,  etc.,  et  sera  du  prix 
de  20 cent,  l'exemplaire. 


Revue  de  la  Musique  et  du  Théâtre,  de  la  Mode,  des   Livres,   etc,    et   un 
irai  Gervais,  la  Reine  Victoria,  l'Empereur  Guillaume  II,  le   Prince  de  Galles,   Je 
guière,    Mme   Melba,    Catulle  Mendès,    Goquelin    aîné,    Massenet,    Clovis    Hugu  s 
Dulard,  le  Duc  d'Orléans,  Isfargue,  ele,   etc.. 


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